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  • Allemagne : les trois années qui ont affaibli Angela Merkel

    Allemagne : les trois années qui ont affaibli Angela Merkel

    Angela Merkel, 64 ans, dont treize au pouvoir en Allemagne, a longtemps paru indétrônable. Mais des crises à répétition au sein de sa coalition et les critiques contre sa politique migratoire ont fini par fragiliser irrémédiablement la chancelière allemande.

    Elle en a tiré de premières conséquences, lundi 29 octobre, au lendemain d’un énième revers électoral dans la région de Hesse, en annonçant qu’elle quitterait la tête de l’Etat à l’issue de son mandat de chancelière, en 2021, et qu’elle se retirerait de la vie politique.

    Quelques heures plus tôt, la plus ancienne dirigeante européenne en exercice avait annoncé à ses troupes qu’elle quitterait en décembre la présidence du parti conservateur, l’Union chrétienne-démocrate d’Allemagne (CDU). Un premier pas vers la fin de sa carrière politique. Retour sur les trois années qui ont isolé politiquement la chancelière allemande.

    • Automne 2015 : Merkel accueille près de 900 000 demandeurs d’asile

    C’est à l’automne 2015 que tout a basculé. A la tête de l’Allemagne depuis dix ans, Angela Merkel décide d’ouvrir son pays à 890 000 demandeurs d’asile fuyant la guerre en Syrie ou la pauvreté. Malgré les inquiétudes de l’opinion, elle promet de les intégrer et de les protéger. « Wir schaffen das » (nous y arriverons), assure-t-elle au plus fort de la crise des réfugiés.

    Lire l’analyse :   Angela Merkel a du mal à faire oublier son « Wir schaffen das »

    Cette décision historique, prise sans avoir véritablement consulté ses partenaires européens, divise autant au sein de l’Union européenne que les Allemands eux-mêmes. Fin 2015, celle qui fut un temps dépeinte en nazie en Grèce pour son inflexibilité financière face à Athènes, est ironiquement surnommée « Mère Angela », en référence à mère Teresa, par le magazine Der Spiegel.

    • Septembre 2016 : battue dans sa circonscription par l’extrême droite

    Sa politique d’ouverture lui vaut d’être qualifiée « chancelière du monde libre » par le Time en décembre 2015. Un an plus tard, après le séisme Donald Trump, Angela Merkel apparaît à certains observateurs comme un antidote à la montée des populismes. Mais la crise migratoire inquiète, la peur de l’islamisme et des attentats djihadistes s’installent, et l’électorat conservateur allemand se détourne en partie vers l’extrême droite.

    Le 4 septembre 2016, lors d’élections régionales du Mecklembourg-Poméranie-Occidentale, le parti anti-immigration Alternative pour l’Allemagne (AfD) devance la CDU de la chancelière allemande dans son fief électoral. La claque est brutale pour Mme Merkel. Cette année-là, l’Allemagne accueillera 280 000 demandeurs d’asile.

    Lire aussi :   Claque électorale pour Angela Merkel dans sa région

    • Septembre 2017 : l’AfD fait son entrée au Bundestag

    Le 24 septembre 2017, c’est un tabou de l’après-guerre qui tombe. Avec 94 élus, la formation d’extrême droite fait une entrée historique au Parlement à la faveur des élections législatives.

    La percée de l’AfD a été permise par l’effondrement des deux grands partis traditionnels. La CDU (conservateurs) et le SPD (sociaux-démocrates) ne totalisent à eux deux que 399 sièges au Bundestag, soit 56 % du Parlement. Il faut remonter à 1949, où ils ne détenaient que 67 % des sièges (avec 277 députés sur 410), pour retrouver un score aussi faible.

    En 2017, le nombre de demandeurs d’asile en Allemagne est passé à 180 000, soit 100 000 de moins qu’en 2016. Mais Angela Merkel continue de voir une partie de ses électeurs se tourner vers des formations hostiles à sa politique d’immigration, l’extrême droite et les Libéraux du FDP.

    Notre décryptage :   Ce qu’il faut retenir de l’entrée de l’extrême droite au Parlement allemand

    • Mars 2018 : une coalition créée dans la douleur, et qui reste fragile

    C’est dans la douleur qu’Angela Merkel parvient finalement à entamer un quatrième mandat de chancelière, en mars 2018… près de six mois après les élections législatives. Après d’interminables tractations pour former un gouvernement de « grande coalition », elle trouve un accord entre son camp conservateur (CDU-CSU) et les sociaux-démocrates du SPD.

    Mais la recette du compromis permanent concoctée sous l’égide de la chancelière a fini par lasser les électeurs dans un monde politique allemand atomisé et électrisé par l’irruption du discours antimigrant porté par l’extrême droite . En conflit répété sur la politique d’asile avec son ministre de l’intérieur et patron de la droite bavaroise, Horst Seehofer, Mme Merkel voit son étoile pâlir.

    A deux reprises déjà, la « Grosse Koalition » CDU-CSU-SPD a failli éclater en raison de divergences sur l’immigration et la proximité présumée de l’ex-chef des services de renseignement Hans-Georg Maassen avec l’extrême droite.

    Lire aussi :   Horst Seehofer, ennemi de l’intérieur pour Angela Merkel

    La chancelière lutte aujourd’hui pour le maintien de sa coalition avec le Parti social-démocrate, mais celle-ci apparaît au bord de l’implosion à la suite des échecs électoraux des deux partis en Hesse et en Bavière. Un départ du SPD de la coalition signerait la fin du gouvernement actuel et probablement celle de la carrière politique d’Angela Merkel.

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  • En Algérie, une opposition résignée à l’idée d’un cinquième mandat de Bouteflika

    En Algérie, une opposition résignée à l’idée d’un cinquième mandat de Bouteflika

    L’annonce de la candidature du chef de l’Etat, non encore confirmée par l’intéressé, a suscité des réactions fatalistes dans la classe politique.

    Hormis un commentaire, très décrié sur les réseaux sociaux, d’Ali Benouari, ancien ministre du trésor installé en Suisse, fustigeant un « peuple qui se laisse guider comme un mouton vers l’abattoir », la classe politique algérienne n’a guère réagi à la déclaration du secrétaire général du Front de libération nationale (FLN), Djamel Ould-Abbès, qui a affirmé, dimanche 28 octobre 2018, que le président Abdelaziz Bouteflika, 81 ans et malade, serait le candidat du parti pour l’élection présidentielle d’avril 2019.

    Même si, en général, elle ne doute guère de « l’envie » du président Bouteflika et de son entourage « d’aller » au cinquième mandat, cette classe politique préfère attendre une annonce formelle de l’intéressé, tant il est compliqué de décrypter ce qui se passe au sein du pouvoir avec la vague d’incarcérations de généraux et l’épisode du débarquement du président de l’Assemblée nationale la semaine passée.

    Aucun candidat sérieux ne s’est déclaré

    L’annonce de Djamel Ould-Abbès n’a rien de nouveau. Celui-ci s’était déjà engagé en avril à « transmettre au président de la République les souhaits et le désir des militants de le voir poursuivre son œuvre ». Les partis dits de « l’allégeance », le FLN et le Rassemblement national démocratique (RND) notamment, ainsi que le patronat (Forum des chefs d’entreprise) et l’ex-syndicat unique (UGTA) ont multiplié les appels au chef de l’Etat. La campagne « pour la continuité » s’est intensifiée au cours des derniers mois.

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    Pour beaucoup d’observateurs, la cause est entendue. Au point qu’à six mois de l’élection présidentielle, aucun autre candidat sérieux ne s’est déclaré. L’expérience d’Ali Benflis, ancien chef de gouvernement qui a joué à deux reprises – malgré lui sans doute – le rôle de « lièvre » de Bouteflika reste très dissuasive.

    La perspective d’un cinquième mandat est si forte qu’elle a poussé le général à la retraite Rachid Benyelles à publier, le 18 octobre, dans les colonnes du Quotidien d’Oran une nouvelle « Lettre à ceux qui détiennent le pouvoir ». Estimant que l’Algérie est devenue « l’homme malade de l’Afrique », l’ancien général a exhorté « ceux qui détiennent le pouvoir […] de se démarquer par rapport au projet absolument insensé de reconduire un grand malade octogénaire pour un cinquième mandat ». Sa supplique a cependant peu de chances d’être entendue par les hauts dirigeants de l’armée, à qui le message est d’évidence adressé.

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    D’autant que l’absence physique du président Bouteflika est palliée par des cérémonies surréalistes organisées autour de ses portraits. Tendance relevée dès avril par le HuffPost Algérie qui constatait que ce « nouvel exercice de l’allégeance au portrait du président Abdelaziz Bouteflika [qui] n’est énoncé par aucun protocole […] commence en réalité à prendre les allures d’un culte rituel ».

    « Nous ne sommes pas tenus de participer à leur cirque »

    La résistance à un cinquième mandat ne vient pour l’instant que d’un mouvement, non agréé, Mouwatana (« citoyenneté »), qui tente difficilement de faire entendre sa voix. Le jeune groupe, rassemblant des militants politiques et des membres de la société civile, veut « hâter » la fin du régime et « préparer les conditions d’une transition pacifique ». Il a lancé, le 26 mai, un appel solennel au président Bouteflika à renoncer à un cinquième mandat.

    Affaiblis et sans marge dans un jeu politique verrouillé, les partis d’opposition classiques attendent, eux, avec résignation et fatalisme que le président affiche ses intentions. Pour l’heure, face à la multiplication des prises de parole des partis de « l’allégeance », ils refusent de s’emballer. « Djamel Ould-Abbès a fait une déclaration du FLN, nous ne sommes pas tenus de réagir et de participer à leur cirque. On attendra qu’il [se déclare] lui-même », nous a indiqué un député de l’opposition en relevant que le mois d’avril 2019 est « encore loin ».

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    Le dispositif de reconduction du président Bouteflika, en poste depuis avril 1999, est bien en place. La seule incertitude planant sur ce possible cinquième mandat est l’état de santé du chef de l’Etat. Le site Tout sur l’Algérie (TSA) le rappelle : « Si la volonté d’Abdelaziz Bouteflika et de son entourage de rester aux affaires pour cinq années de plus est presque une lapalissade, l’évolution de l’état de santé du président demeure la grande inconnue qui échappe à tout le monde, à commencer par ceux qui, depuis sept mois, rivalisent de formules et de rhétorique pour le supplier de ne pas quitter le navire. »

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  • Election de Bolsonaro : malgré le vote obligatoire, un Brésilien sur cinq s’est abstenu

    Election de Bolsonaro : malgré le vote obligatoire, un Brésilien sur cinq s’est abstenu

    Alors que le vote est obligatoire au Brésil, plus d’un électeur sur cinq (21,3 %) ne s’est pas déplacé, dimanche 28 octobre, pour voter à l’élection présidentielle, qui a conduit à la victoire du candidat de l’extrême droite Jair Bolsonaro face au candidat de gauche Fernando Haddad.

    Si ce taux d’abstention n’est pas exceptionnel – il s’est établi, lors des six dernières élections entre 16,8 % en 2006 et 21,5 % en 1998 –, il reste haut et interroge sur la mise en œuvre concrète de l’obligation du vote.

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    Vote obligatoire, avec des exceptions

    Instauré en 1932, le vote obligatoire a été renforcé en 1988 dans la nouvelle Constitution brésilienne, encore en vigueur actuellement. Concrètement, la Constitution oblige tout citoyen brésilien, entre 18 et 70 ans, à voter pour l’ensemble des élections, quelle qu’en soit l’échelle (locale ou nationale). Les expatriés brésiliens ne bénéficient d’aucune dispense pour les élections nationales.

    En revanche, les Brésiliens ayant entre 16 et 18 ans (le vote au Brésil étant permis à partir de 16 ans), ainsi que ceux âgés de plus de 70 ans, les soldats et les illettrés, quel que soit leur âge, n’ont, eux, aucune obligation de vote.

    Dispenses et sanctions

    Au-delà de ces exceptions, il reste possible pour les électeurs de s’abstenir, s’ils parviennent à le justifier auprès du tribunal régional électoral (TRE) dans un délai de soixante jours. Le taux d’abstention connu au lendemain des élections mélange des abstentionnistes volontaires et des abstentionnistes qui ont eu une réelle impossibilité de se déplacer.

    Si le TRE juge leur excuse invalide, ou s’ils n’ont pas fait cette démarche de justification à temps, ils peuvent être assujettis à deux types de sanctions, l’une monétaire, l’autre administrative.

    D’une amende de deux euros au retrait de carte électorale

    La sanction monétaire est la plus légère : les abstentionnistes doivent généralement payer une amende équivalant à deux euros. La sanction administrative est, elle, très lourde. Si une personne n’a pas voté à trois élections consécutives (chacun des tours d’une élection compte pour un) et qu’elle n’a pas pu justifier son absence, elle se voit retirer sa carte électorale. Or, sans carte électorale, les Brésiliens ne peuvent pas passer d’examen pour devenir fonctionnaires, recevoir d’argent de l’Etat, obtenir un passeport ou encore un crédit dans une banque étatique.

    Il est donc possible pour les Brésiliens de « manquer » une élection. Mais ils doivent veiller à ne pas en faire une habitude, sous peine de sanctions administratives importantes. Selon un sondage publié par l’institut de sondages Datafolha en 2014, 57 % des citoyens obligés de voter ne se déplaceraient pas si le vote n’était pas obligatoire (contre entre 16 et 21 % des électeurs, selon les chiffres d’abstention lors des élections de ces vingt dernières années).

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    Registre obsolète

    En 2014, le journal Estado de São Paulo avançait une autre raison pour expliquer l’abstention malgré le caractère obligatoire du vote. Cette année-là, les Brésiliens étaient également appelés à voter pour leur chef d’Etat. A São Paulo, environ 20 % des électeurs ne s’étaient pas déplacés. Après avoir effectué une étude statistique, le journal avait affirmé qu’une partie de l’abstention pourrait être expliquée par le manque de mise à jour des listes d’électeurs, celles-ci comportant encore… des personnes décédées.

    Le journal avait noté que dans les villes où les listes électorales avaient été complètement mises à jour – cette dernière imposant aux votants inscrits de présenter leurs empreintes digitales à la cour électorale –, le taux d’abstention était plus bas. Les électeurs décédés avaient ainsi été retirés des listes électorales… et donc du décompte des abstentionnistes.

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  • Election au Brésil : « C’est une jeune démocratie, la présidence Bolsonaro pourrait être un test »

    Election au Brésil : « C’est une jeune démocratie, la présidence Bolsonaro pourrait être un test »

    Avec Jair Bolsonaro, les Brésiliens ont choisi pour président, dimanche 28 octobre, un nostalgique de la dictature militaire, adepte des provocations racistes, misogynes et homophobes. Partisan de la libéralisation des armes, autoproclamé anti-système, le candidat d’extrême droite a tiré profit du sentiment d’insécurité et de l’écœurement des Brésiliens envers leurs élites politiques.

    Claire Gatinois, correspondante du « Monde » au Brésil, a répondu à vos questions et décrypté la situation au lendemain du scrutin.

    Lucas : Bonjour, sur quels thèmes Jair Bolsonaro a-t-il gagné ?

    Claire Gatinois : Bonjour. Le discours sur la sécurité a été déterminant ainsi que celui sur les « valeurs » de la famille. Mais c’est surtout en fustigeant la gauche, le Parti des travailleurs taxé de « communiste » et en se présentant comme le remède à la corruption que Bolsonaro a séduit les foules.

    Didier Lejeune : Que dire de l’influence de l’armée pour l’élection, et surtout après ?

    Elle a eu une influence primordiale. Jair Bolsonaro s’est entouré de généraux. Ce sont eux qui l’auraient incité à axer son discours sur les valeurs familiales et la sécurité. L’après-élection reste un mystère : le général Mourao, désormais vice-président, dit que Jair Bolsonaro et lui ne sont plus des militaires mais des citoyens. A suivre…

    Cosette : Que va t-il arriver aux opposants de Bolsonaro ?

    Une partie du pays est effrayée, d’autant qu’il a récusé toute responsabilité dans les agressions commises par certains de ses partisans durant la campagne. Les plus inquiets sont les militants du mouvement des sans-terre, que Bolsonaro compte qualifier de « terroristes ». Il faut espérer que les institutions joueront leur rôle.

    Zed : Quel est son plan d’action pour le rétablissement de l’ordre et de la sécurité, notamment dans les favelas abandonnées par le gouvernement précédent ?

    Pour les favelas en particulier, il n’a pas de message. Jair Bolsonaro compte investir dans les forces armées et mettre plus de cohérence entre les différentes polices. Mais son principal message est la fermeté. Il entend supprimer les aménagements de peines, amnistier les crimes de policiers, et autoriser plus largement la détention d’armes à feu.

    Ce dernier point est l’une des priorités du gouvernement. le président de la Chambre des députés actuel, Rodrigo Maia, envisage déjà de la mettre à l’agenda du Congrès. Mais cet assouplissement sera probablement moins large que prévu, n’autorisant le port d’armes qu’à quelques professions, comme les agriculteurs qui se plaignent d’être sans défense dans des campagnes isolées.

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    JeanElsass : Quelle politique économique et sociale va-t-il conduire ?

    Jair Bolsonaro admet régulièrement qu’il n’y connaît rien en économie. Il a confié le dossier à son conseiller Paulo Guedes, un financier libéral qui entend lancer un vaste chantier de privatisations, réformer les retraites et réduire les dépenses de l’Etat. Son objectif est de ramener le déficit public à zéro en un an. Sur le social, Jair Bolsonaro, après avoir critiqué la « bolsa familia », une sorte de RMI, a promis qu’il maintiendrait l’équivalent d’un tel programme.

    Curieuse : Quelles seront les conséquences de son élection sur l’environnement ?

    Désastreuses à priori. Jair Bolsonaro est allié à la « bancada ruralista », le lobby des grands propriétaires terriens, cultivateurs de soja, de maïs et de canne à sucre. Il compte fusionner les ministères de l’agriculture et de l’environnement, et mettre le holà sur les actions de l’Ibama, l’Agence de protection de l’environnement. Enfin, son propos disant qu’une fois élu, « les Indiens [n’auraient] plus un centimètre carré de terre » fait froid dans le dos.

    SImanovici : Sur quelle majorité pourra-t-il s’appuyer au Congrès ?

    C’est le point le plus complexe de l’équation du prochain gouvernement. Le parti de Bolsonaro, le Parti social libéral, est en position de force mais il a face à lui le PT, qui va mener l’opposition. Bolsonaro devra donc chercher des alliés au sein de la kyrielle de petits partis. Une gageure, pour un homme qui ne semble ni diplomate ni négociateur.

    Grayson : Quelles conséquences ce virage politique pourrait avoir sur les relations avec la France, l’Europe, le Monde ?

    Jair Bolsonaro est un nationaliste, mais son conseiller économique le pousse au libéralisme et à l’ouverture internationale. Aux Etats-Unis, les relations promettent d’être bonnes avec Donald Trump, qui l’a félicité.

    Futur Expat : Comment est accueillie l’élection par les expatriés ?

    Ils sont mitigés. Certains sont affolés, d’autres satisfaits comme les milieux d’affaires brésiliens. Ces derniers sont persuadés que Bolsonaro pourra redresser l’économie et minimisent le danger qu’il représente, pensant qu’il sera neutralisé par son entourage et le Congrès. Il n’y a pour l’heure aucune restriction prévue en termes d’immigration. Bolsonaro, contrairement à l’extrême droite européenne, n’a pas un discours xénophobe.

    Clément : Comment expliquer le vote pour Bolsonaro de la classe moyenne ?

    Les classes les plus pauvres, souvent de confession évangélique, ont été touchées par le discours sur la famille, les valeurs. Les classes moyennes qui vivent dans des villes périphériques touchées par l’insécurité ont apprécié sa position de fermeté contre le crime. Ces classes moyennes ont aussi nourri une rancœur vis-à-vis de la gauche au moment de la crise de 2015, tout comme la petite bourgeoisie. Le thème de la « corruption » qui frappe le PT a permis de galvaniser ce ressentiment.

    Lire aussi :   Election au Brésil : Bolsonaro ou la revanche du « Brésilien moyen »

    Cosette : Doit-on s’attendre une diaspora brésilienne ? Notamment des minorités LGBT ?

    Certains Brésiliens parlent de départ mais il s’agit essentiellement des classes aisées qui l’ont envisagé avant même l’élection, du fait de la crise et de l’insécurité. La communauté LGBT est angoissée mais il est trop tôt pour savoir si cela se traduira par un exil.

    Jair Bolsonaro a tenté dimanche soir de calmer les inquiétudes à ce sujet en affirmant qu’il gouvernerait pour tous les Brésiliens. Il semble aussi délicat de revenir sur le mariage homosexuel, qui a été autorisé par la Cour suprême s’appuyant sur la Constitution de 1988.

    Jenny : La démocratie est-elle solide au Brésil ? Si Bolsonaro commet des dérives, la Cour suprême peut-elle les empêcher ?

    Le Brésil est une jeune démocratie, cette présidence pourrait être un test. Les attaques de l’un des fils de Jair Bolsonaro, assurant qu’il pourrait fermer la Cour suprême avec « un soldat et un caporal », ont fait frémir. La Cour suprême a réagi et Bolsonaro a rappelé son fils à l’ordre.

    Sysy : Peut-on imaginer que l’explosion de l’endettement public et la dégradation de l’économie sont dues au Mondial de football en 2014 et aux JO deux ans après ?

    L’endettement est le résultat de plusieurs facteurs. Les dépenses des grandes cérémonies en sont un, mais il y a aussi la crise liée la chute des prix des matières premières, le gaspillage des moyens de l’Etat, la corruption et le régime des retraites qui doit faire face au vieillissement de la population.

    Vivacapito : Quel impact a eu l’agression au couteau de M. Bolsonaro, pendant la campagne, sur son élection ?

    Il a été victimisé et a été épargné par ses adversaires. Surtout, elle lui a offert un prétexte pour se dispenser de débats télévisés. Au final la campagne a très peu parlé de son programme. Un programme flou, dont la partie économique est très impopulaire.

    Lire l’éditorial :   Brésil : inquiétant retour du passé

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  • Une femme se fait exploser dans le centre-ville de Tunis

    Une femme se fait exploser dans le centre-ville de Tunis

    L’attentat, le premier dans le cœur de la capitale tunisienne depuis novembre 2015, a fait entre cinq et neuf blessés, selon les sources.

    Une femme est morte en se faisant exploser, lundi 29 octobre, en début d’après-midi, dans le centre de Tunis, dans un geste qui présente les caractéristiques d’un attentat – le premier dans le cœur de la capitale depuis novembre 2015. Selon une source gouvernementale contactée par Le Monde, l’explosion a blessé « entre cinq et six personnes », « tous des policiers » – le ministère de l’intérieur, cité par l’Agence France-Presse, fait état de neuf blessés.

    La femme s’était « approchée d’un groupe de policiers qui stationnaient à proximité du théâtre municipal », a ajouté la source du Monde, précisant qu’« aucun » des blessés n’avait apparemment été « gravement atteint ». « Il est encore trop tôt pour parler d’acte terroriste, a poursuivi cette source, mais il clair que la femme visait les policiers. »

    Le dernier attentat en date à Tunis remontait au 24 novembre 2015 lorsqu’un djihadiste s’était lui aussi fait exploser devant un bus de la garde présidentielle, causant la mort de douze policiers. L’organisation de l’Etat islamique (EI) avait revendiqué le lendemain l’attaque.

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  • « La volonté chinoise de censurer les opinions critiques en Afrique a de quoi inquiéter »

    « La volonté chinoise de censurer les opinions critiques en Afrique a de quoi inquiéter »

    Investissements dans les médias, opérations séduction, pressions : pour contrôler son image, Pékin manie le chaud et le froid, décrypte notre chroniqueur.

    Chronique. « J’ai écrit mon éditorial sur la répression des musulmans ouïgours dans la province chinoise du Xinjiang. Quelques heures après la sortie de l’édition papier contenant mon article, j’ai appris que celui-ci ne serait pas mis en ligne. Le lendemain, ma chronique hebdomadaire était supprimée. » Azad Essa est le premier journaliste en Afrique à subir de plein fouet la censure imposée par la Chine aux médias.

    Sa chronique, « Au bout du monde », était publiée chaque semaine depuis septembre 2016 dans des titres appartenant à Independent Media, le deuxième plus grand groupe d’information sud-africain. Une entreprise contrôlée à 20 % par le Fonds de développement Chine-Afrique (CAD Fund) et la société de diffusion China International Television Corporation (CITVC).

    « Dans une démocratie comme l’Afrique du Sud, il n’est pas acceptable que la ligne éditoriale d’un média dépende de la nationalité de ses investisseurs, dénonce Cédric Alviani, directeur du bureau Asie de l’Est de Reporters sans frontières (RSF). Cet exemple reflète l’influence croissante exercée par Pékin hors de ses frontières et qui vise à imposer un nouvel ordre médiatique mondial, dont l’éthique journalistique et le droit des citoyens à l’information seraient exclus. »

    « Nous ne sommes pas des marionnettes »

    L’affaire concerne cette fois un journaliste, mais elle n’est pas le seul exemple de cette volonté de contrôler son image. Le 29 septembre, un professeur de droit, Patrick Loch Otieno Lumumba, s’est ainsi vu refuser l’entrée en Zambie, un pays extrêmement dépendant des prêts chinois. Le Kényan, dont les positions très critiques sont connues, était invité à s’exprimer lors d’une conférence sur l’influence de la Chine en Afrique, mais il a été bloqué à l’aéroport et renvoyé à Nairobi « pour raisons de sécurité ».

    En Namibie, à l’approche du sommet Chine-Afrique de septembre, l’ambassadeur Zhang Yiming a demandé publiquement au président Hage Geingob de manifester plus d’enthousiasme vis-à-vis de Pékin et d’affirmer un « soutien politique fort » dans son discours lors de cet événement diplomatique. « Vous ne devriez pas nous dire ce que nous devons faire, lui a répondu le chef d’Etat. Nous ne sommes pas des marionnettes. »

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    En Afrique du Sud encore, l’universitaire Anthony Ross s’est vu refuser un visa pour la Chine, ses cours étant jugés trop critiques : « On m’a dit que je m’attachais trop aux problèmes de Taïwan, du Tibet, du Xinjiang et à la Révolution culturelle. » Le consulat aurait affirmé au directeur du Centre d’études chinoises de l’université de Stellenbosch qu’il ne pourrait plus se rendre dans le pays tant que ses cours ne mettraient pas davantage en lumière les succès de la « Nouvelle Chine ». Pour Anthony Ross, l’empire du Milieu demande de plus en plus aux Africains de le représenter d’« une certaine manière ».

    Cette propagande est plus ou moins douce. Elle peut prendre la forme d’investissements – et l’on sait que Pékin a les poches profondes. Le groupe chinois StarTimes, qui distribue déjà ses programmes sur les réseaux câblés du continent, est par exemple devenu récemment l’actionnaire majoritaire du fournisseur sud-africain d’accès satellite TopTV. Au Sénégal, le quotidien national Le Soleil distribue gratuitement le magazine Chinafrique du groupe d’Etat Beijing Review. Et même en Europe, selon une enquête de Bloomberg News, la Chine aurait investi ces dix dernières années près de 3 milliards de dollars (2,4 milliards d’euros) en prises de participations dans divers médias.

    La chaîne CGTN Africa a installé ses studios au Kenya et inonde le continent depuis 2012 de ses informations largement inspirées de la propagande des médias officiels chinois. Sans compter l’agence de presse Chine nouvelle (Xinhua), forte de 7 000 employés dans le monde, qui s’appuie sur deux bureaux régionaux implantés au Caire et à Nairobi, et sur des correspondants dans tous les pays d’Afrique. Ses dépêches sont proposées gratuitement aux médias du continent, offrant ainsi une autre voix que celle des grandes agences occidentales.

    Cours de mandarin et de marxisme

    La pluralité des médias et des opinions est une bonne chose pour l’Afrique, et l’on comprend que la Chine ne s’estime pas forcément bien servie par la presse occidentale. Mais cette volonté un peu trop pressante de censurer les opinions critiques a de quoi inquiéter.

    Pour quelqu’un qui vit en Chine, les médias d’Etat sont d’une triste uniformité. Le chef de l’Etat fait quotidiennement les gros titres, le manque d’esprit critique est criant. Les grandes chaînes d’information ne sont visibles que dans certains hôtels, et sur Internet la censure bloque aussi bien les sites du New York Times, de Radio France internationale (RFI) ou encore du Monde que des moteurs de recherche comme Google.

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    « La Chine s’appuie sur l’Afrique pour construire une muraille face aux pays occidentaux »

    Plus insidieux, peut-être, ces « groupes d’étude » organisés par le ministère chinois des affaires étrangères. Lancés en 2015, ils proposent des voyages en Chine tous frais payés, sous l’étiquette de « formations », à un millier de journalistes africains chaque année. De retour récemment d’un reportage dans la ville de Yiwu, au sud de Shanghaï, j’ai ainsi croisé par hasard dans l’avion qui me ramenait à Pékin un groupe de vingt Zimbabwéens achevant un séjour d’un mois dans le pays. Une journaliste (qui préfère ne pas donner son nom) m’en a détaillé le programme : visite des zones économiques spéciales de Yiwu puis des télévisions locales et, surtout, exposé sur la puissance économique chinoise, apprentissage du mandarin et cours de marxisme. Pas un seul jour de repos dans ce cursus d’un mois, mais une enveloppe de 400 dollars remise à chaque participant pour ses frais alors que l’hébergement, le transport et la nourriture étaient pris en charge.

    Les journalistes – dont c’était, pour la plupart, la première visite dans le pays – en sortent séduits par l’avance technologique de la deuxième puissance économique mondiale, mais ont-ils pour autant compris la Chinafrique ? Non. La jeune journaliste m’expliquait combien les Chinois avaient du mal à communiquer en anglais, à s’ouvrir à la diversité des cultures africaines et à expliquer leur politique sur le continent.

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    « Les Chinois sont encore très ignorants des cultures du continent africain et de ses diasporas »

    Alors que manque-t-il vraiment à cette Chinafrique ? Ni l’argent, ni l’ambition. Mais peut-être la volonté de partager plutôt que d’imposer sa marque. Aucun réfugié africain n’a été accueilli par l’empire du Milieu alors que même son voisin japonais, pourtant très fermé aux étrangers, en reçoit quelques dizaines chaque année. Les visas sont de plus en plus difficiles à obtenir pour les ressortissants du continent qui ne passent pas par les programmes officiels d’échanges ou par une bourse universitaire. Et les jeunes qui en ont bénéficié repartent finalement dans leur pays avec l’image d’une Chine certes généreuse mais fermée, hermétique aux influences étrangères.

    « Là-bas, on vient encore me toucher la peau pour savoir si je suis vraiment noire », me raconte cette jeune Zimbabwéenne. Voilà qui en dit long sur la distance qui sépare encore beaucoup de Chinois de l’Afrique, et qui semble se mesurer en années-lumière. Le soft power de Pékin avance certes à plein régime, mais il semble manquer son but.

    Sébastien Le Belzic est installé en Chine depuis 2007. Il dirige le site Chinafrica.info, un magazine sur la « Chinafrique » et les économies émergentes.

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  • Brésil : la foule célèbre la victoire de Bolsonaro avec l’armée

    Brésil : la foule célèbre la victoire de Bolsonaro avec l’armée

    Jair Bolsonaro a été élu président du Brésil, dimanche 28 octobre. Le candidat de l’extrême droite a obtenu plus de 55 % des voix contre Fernando Haddad, le candidat de gauche du PT (Parti des travailleurs). Des dizaines de milliers de Brésiliens en liesse ont célébré la victoire de Bolsonaro dans les rues. Sur plusieurs vidéos d’amateurs, on observe par ailleurs certains militaires célébrant la victoire avec la foule. Ancien militaire, Bolsonaro a choisi comme vice-président le général Hamilton Mourao. Il a également promis un abaissement de la majorité pénale de 18 à 17 ans et une « protection juridique » aux policiers s’ils tuent un suspect à l’aide d’une arme de service. En 2017, près de 65 000 meurtres ont été commis au Brésil, un record.

    Le Monde.fr avec Reuters

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  • « Le Brésil est une jeune démocratie, la présidence Bolsonaro pourrait être un test »

    « Le Brésil est une jeune démocratie, la présidence Bolsonaro pourrait être un test »

    Ce tchat est désormais terminé, merci pour vos questions. Retrouvez bientôt le compte rendu sur Le Monde.fr, ainsi bien sûr que tous nos articles sur la victoire de Jair Bolsonaro. Bonne fin de journée !

    C’est bientôt la fin de ce tchat, merci pour vos nombreuses questions. Une dernière intervention de Herman :

     Claire Gatinois : Cela semble délicat car le mariage gay a été autorisé suite à la suite d’une décision de la Cour suprême s’appuyant sur la constitution de 1988. 

    Claire Gatinois : L’agression au couteau a sans doute, cyniquement, profité à Jair Bolsonaro. Il a été victimisé et  a été épargné par ses adversaires. Surtout, cette agression lui a offert un prétexte pour se dispenser de débats télévisés. La campagne n’a au final que très peu parlé du contenu du programme de Jair Bolsonaro. Un programme flou dont la partie économie est très impopulaire. 

    Claire Gatinois : Bonjour, l’endettement du pays est le résultats de plusieurs facteurs. Les dépenses d’infrastructures des grandes cérémonies en sont un. Mais il y a en a d’autres : la crise liée la chute des prix des matières premières, le gaspillage quant aux dépenses de l’Etat, la corruption et le régime des retraites qui doit faire face au vieillissement de la population.

    Claire Gatinois : Il faut l’espérer. Le Brésil est une jeune démocratie, cette présidence pourrait être un test. Les attaques de l’un des fils de Jair Bolsonaro assurant qu’il pourrait fermer la Cour suprême avec “un soldat et un caporal” ont fait frémir. La Cour suprême a réagi et Bolsonaro a rappelé son fils à l’ordre.

    Claire Gatinois : Oui, Ronaldinho a été un soutien de Bolsonaro, mais on ne l’a guère vu dans la campagne. Je ne pense pas que les footballeurs aient ici eu un rôle crucial. Depuis la coupe du Monde de 2014, le Brésil a perdu une partie de sa passion pour le ballon rond.. 

    Claire Gatinois : La mesure d’assouplissement de l’”estatuto do desarmamento” est l’une des priorité du gouvernement. le président de la Chambre des députés actuel, Rodrigo Maia, envisage déjà de la mettre à l’agenda du Congrès. Mais cet assouplissement sera probablement moins large que prévu, en n’autorisant le port d’armes qu’à quelques professions, comme les agriculteurs, par exemple, qui se plaignent d’être sans défense dans des campagnes isolées. 

    Claire Gatinois : Bonjour. Il y a déjà une fracture, pas seulement entre le Nord et le Sud mais entre les plus aisés et les plus pauvres. Entre les pro-Bolsonaro et les pro-PT. L’ambiance risque de rester tendue. Dimanche soir, Jair Bolsonaro a de nouveau fait part de sa répulsion envers la gauche, le socialisme, le communisme. Et Haddad (le candidat du PT) a prévenu qu’il mènerait une opposition sans relâche.

    Claire Gatinois : Bolsonaro est un provocateur. Il a fait part à plusieurs reprises de son mépris pour les Noirs, les femmes ou la communauté LGBT. Puis s’affiche aux côtés de Noirs, de gays pour démentir ses propos. C’est un personnage étrange. 

    Claire Gatinois : Bonjour, certains Brésiliens parlent effectivement de départ. Mais il s’agit essentiellement des classes aisées qui ont envisagé de partir, avant même l’élection de Bolsonaro, mais aussi du fait de la crise et de l’insécurité (à Rio par exemple). Les communautés LGBT sont angoissés mais il est un peu tôt pour savoir si cela se traduira par un exil massif. Bolsonaro a tenté dimanche soir de calmer les inquiétudes à ce sujet affirmant qu’il gouvernerait pour tous les Brésiliens.

    Claire Gatinois : Bonjour, les classes les plus pauvres, souvent de confession évangélique, ont été touchées par le discours de Jair Bolsonaro sur la famille, les valeurs. Les classes moyennes qui vivent dans des villes de la périphérie, touchées par l’insécurité, ont apprécié son discours de fermeté envers le crime. Ces classes moyennes ont aussi nourri une rancoeur vis-à-vis du PT au moment de la crise de 2015, et réclamaient du “changement”, tout comme la petite bourgeoisie. Le thème de la “corruption” qui frappe le PT a permis de galvaniser ce ressentiment. 

    Claire Gatinois : Les expatriés sont mitigés. Certains sont affolés, d’autres sont satisfaits comme les milieux d’affaires brésiliens. Ces derniers sont persuadés que Bolsonaro pourra redresser l’économie du pays et minimisent le danger qu’il représente, pensant que Bolsonaro sera neutralisé par son entourage et le Congrès. Il n’y a a priori aucune restriction prévue en termes d’immigration. Bolsonaro, contrairement à l’extrême droite européenne, n’a pas un discours xénophobe.

    Claire Gatinois : Une partie du pays est effrayée. D’autant que Bolsonaro a récusé toute responsabilité dans les agressions de la part de militants pro-Bolsonaro durant la campagne. Mais les plus inquiets sont sans doute les militants du mouvement des sans-terre, que Bolsonaro compte qualifier de “terroristes”. Il faut maintenant espérer que les institutions joueront leur rôle. 

    Claire Gatinois : Oui. Donald Trump a d’ailleurs appelé Jair Bolsonaro dimanche pour le féliciter de sa victoire, assurant que tous deux travailleraient ensemble.

    Claire Gatinois : Bonjour, un peu tout cela à la fois, si on entend l’écologie comme la lutte contre les défenseurs de l’environnement en faveur de la “propriété privée”. Le discours sur la sécurité a été déterminant, ainsi que celui sur les “valeurs” de la famille. Mais c’est surtout en fustigeant la gauche, le Parti des travailleurs, taxé de “communiste”, et en se présentant comme le remède à la corruption que Bolsonaro a séduit les foules.

    Claire Gatinois : Lula est mêlé à diverses affaires de pots-de-vin mais il est difficile de se faire une idée de l’ampleur de sa responsabilité. La plupart des accusations reposent sur des délations, et dans le procès du “triplex”, sur les conditions dans lesquelles il a obtenu son appartement de luxe, les juges ont reconnu que la condamnation se fondait davantage sur des “convictions”que sur des preuves.

    Claire Gatinois : C’est le point le plus complexe de l’équation du prochain gouvernement. Le parti de Bolsonaro, le Parti social libéral, est en position de force mais il a face à lui le Parti des travailleurs (gauche) qui va mener l’opposition. Bolsonaro devra donc chercher des alliés au sein de la kyrielle de petits partis. Une gageure pour un homme qui ne semble ni diplomate ni négociateur.

    Claire Gatinois : Jair Bolsonaro est un nationaliste, mais son conseiller économique le pousse au libéralisme et à l’ouverture internationale. Aux Etats-Unis, les relations promettent d’être bonnes avec Trump, qui l’a félicité pour sa victoire. Pour le reste, il faut attendre de voir quelle sera la politique de Bolsonaro. Déjà, ses invectives contre la Chine pourraient refroidir les relations. 

    Claire Gatinois : L’armée a eu une influence primordiale dans cette élection. Jair Bolsonaro s’est entouré de généraux. Ce sont eux qui l’auraient incité à axer son discours sur les valeurs familiales et la sécurité. L’après reste un mystère. Le général Mourao, vice-président de Bolsonaro, dit que Bolsonaro et lui ne sont désormais plus des militaires mais des citoyens. A suivre… 

    Claire Gatinois : Jair Bolsonaro admet régulièrement qu’il n’y connait rien en économie. Il a confié le dossier à son conseiller Paulo Guedes – un financier libéral qui entend lancer un vaste chantier de privatisations, mettre en place la réforme des retraites, et réduire les dépenses de l’Etat. Son objectif est de ramener le déficit public à zéro en un an.

    Sur la politique sociale, Jair Bolsonaro, après avoir critiqué la “Bolsa familia”, sorte de RMI versé aux familles les plus humbles, a promis qu’il maintiendrait l’équivalent d’un tel programme.

    Claire Gatinois : Lula, emprisonné depuis avril, risque de croupir en prison. Une grâce présidentielle est, avec Bolsonaro, inenvisageable. Reste désormais à voir ce que donneront les derniers recours présentés par l’ancien chef d’Etat.

     Claire Gatinois : Désastreuses a priori. Jair Bolsonaro est allié à la “bancada ruralista”, le lobby des grands propriétaires terriens, cultivateurs de soja, de maïs et de canne à sucre. Il compte fusionner les ministères de l’agriculture et de l’environnement. Et entend mettre le holà sur les actions de l’Ibama, l’agence de protection de l’environnement qui verbalise ceux en infraction avec la loi. Enfin, son propos disant qu’une fois élu, “les Indiens n’auraient plus un centimètre carrée de terre”, fait froid dans le dos.

    Claire Gatinois : Jair Bolsonaro compte investir dans les forces armées et mettre plus de cohérence entre les différentes polices. Mais son principal message est la fermeté. Il entend supprimer les aménagements de peines, amnistier les crimes de policiers, et autoriser plus largement la détention d’armes à feu. Pour les favelas en particulier, il n’a pas de message.

    Et la première question est posée par News :

    Claire Gatinois : Bonjour, Marine le Pen a émis des réserves sur le personnage. Le discours de Bolsonaro pour le moins provocant sur la communauté LGBT, les femmes, les Noirs, a été jugé excessif par Marine Le Pen. Certains militants en faveur de Bolsonaro, froissés, en sont même venus à qualifier Marine Le Pen de “gauchiste”.

    Brésil : inquiétant retour du passé

    Le Monde.frEditorial. Avec l’élection de Bolsonaro, nostalgique de la dictature, le Brésil s’ajoute à la liste des pays qui ont basculé dans le national-populisme.

    Bonjour à tou.te.s et bienvenue dans ce tchat consacré à la victoire de Jair Bolsonaro, le candidat d’extrême droite, à la présidentielle brésilienne.
    Claire Gatinois, la correspondante du Monde au Brésil, va vous répondre.

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  • Colis piégés aux Etats-Unis : Twitter s’excuse d’avoir laissé en ligne des menaces du suspect

    Colis piégés aux Etats-Unis : Twitter s’excuse d’avoir laissé en ligne des menaces du suspect

    « Hey Twitter, tu te souviens quand j’avais signalé ce type qui m’avait menacée après mon passage sur Fox News, et que tu m’avais répondu que tu ne trouvais pas la menace sérieuse ? Eh bien devine quoi : c’est le type qui a envoyé des bombes à de hauts politiciens ! » Ce message sarcastique a été publié sur le réseau social vendredi 26 octobre, peu après l’arrestation de Cesar Sayoc dans l’affaire des colis piégés envoyés à des personnalités anti-Trump.

    Le compte Twitter attribué au suspect,@hardrock2016, a alors fait surface, et Rochelle Ritchie, ancienne attachée de presse des démocrates à la Chambre des représentants, s’est souvenue avoir reçu quelques jours plus tôt des menaces de mort de la part de ce même compte.

    Mme Ritchie avait signalé ce message au réseau social, qui avait finalement décidé de laisser le message en ligne. « Nous avons analysé votre signalement avec attention et conclu qu’il n’y avait pas de violation de nos règles », lui avait répondu Twitter.

    Le réseau social américain a fini par reconnaître « une erreur », après l’arrestation de Cesar Sayoc. « Le tweet violait clairement nos règles et aurait dû être supprimé. Nous sommes profondément désolés pour cette erreur », a écrit Twitter le 26 octobre.

    D’autres personnalités menacées sur Twitter

    D’autant que les menaces reçues par Rochelle Ritchie n’étaient pas isolées : le compte@hardrock2016 avait envoyé des messages similaires à d’autres personnalités anti-Trump, comme l’ancien vice-président américain Joe Biden – qui avait reçu un colis piégé –, l’acteur Jim Carrey, ou encore la journaliste du New York Times Sarah Jeong, parmi d’autres. Ce compte a été supprimé par Twitter peu après l’arrestation du suspect.

    Cette affaire, comme beaucoup d’autres, illustre une nouvelle fois la difficulté qu’a Twitter à modérer son réseau social. Malgré les avalanches d’annonces ces dernières années visant à faire de cette plate-forme un espace de discussion plus « sain », Twitter a échoué à supprimer une menace de mort signalée par la personne ciblée – et n’a réagi que lorsque l’auteur de ce message a fait les gros titres. Malgré les efforts annoncés par Twitter, les messages de haine, les menaces et le harcèlement parviennent à subsister sur le réseau social.

    Lire aussi :   Twitter ajoute une nouvelle règle contre les « discours déshumanisants »

    Lire aussi :   Publicité ou responsabilité, le dilemme de Twitter

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  • Présidentielle au Brésil : une géographie très divisée sur le vote pour Bolsonaro

    Présidentielle au Brésil : une géographie très divisée sur le vote pour Bolsonaro

    Sa victoire confirme le virage à droite toute en Amérique du Sud : en remportant 55,1 % des 104,8 millions de voix en jeu, Jair Bolsonaro a été élu dimanche 28 octobre président du Brésil. Le candidat d’extrême droite se retrouve à la tête d’un pays profondément divisé politiquement, trente ans après le retour de la démocratie.

    Tout le sud et l’ouest du pays, dont le revenu par habitant est plus élevé et où la densité est plus faible, a voté en faveur du candidat d’extrême droite. C’est vrai dans les Etats de Rondonia et du Mato Grosso situés à l’ouest, principales zones de déforestation du pays.

    Récit :   Jair Bolsonaro élu président, le Brésil prend le virage de l’extrême droite

    C’est plus vrai encore dans le sud-est du pays dans les Etats de Rio de Janeiro, Sao Paulo, Espirito Santo et Minas Gerais. Ces quatre Etats produisent environ 60 % du PIB du Brésil et sont majoritairement peuplés de Blancs, qui représentent 55 % de leur population, selon le recensement de 2010, soit un peu plus de la moyenne de 47 % dans tout le pays.

    Le nord-est du pays, zone où le PIB par habitant est le plus faible et où la densité est moyenne, a, lui, plus largement voté en faveur du candidat du Parti des travailleurs, Fernando Haddad. Cette région est aussi celle qui comprend le moins de descendants de colons européens, et la plus forte proportion de descendants d’esclaves africains.

    Analyse (édition abonnés) :   Bolsonaro ou la revanche du « Brésilien moyen »

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