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  • Les deux Congo et l’opération « Mbata ya bakolo » : le tandem Sassou-Kabila serait-il en train de réussir son coup ?

    Les deux Congo et l’opération « Mbata ya bakolo » : le tandem Sassou-Kabila serait-il en train de réussir son coup ?

    kabila-Sassou-Depuis plusieurs semaines, le monde social et politique congolais est hanté par l’opération inhumaine baptisée « Mbata ya bakolo » en français « La gifle des grands ». Opération dont un climat de tensions, de haines et de terreur est orchestré et imposé aux congolais habitant les deux rives du fleuve Congo.

    Loin de revenir sur tous les rebondissements que cette opération a connus, le Noyau politique du MCCD, la Voix du Peuple Libre, a cherché à comprendre d’une part « le sens de cette opération » dans une période dont deux hommes ayant la corde au cou grâce aux exigences constitutionnelles soutenues par la première puissance économique et militaire du monde, pourraient être conduits à quitter le pouvoir au grand bonheur du peuple congolais tout entier; et d’autre part « le comportement des opposants du Congo Brazzaville » qui, dans un élan incompréhensible de solidarité se seraient engagés d’organiser des manifestations ensemble avec des combattants du Congo Kinshasa.

    Denis Sassou Nguesso et son homologue Joseph Kabila ont tous deux, montré ces derniers mois une très grande proximité et une grande complicité, telles deux femmes enceintes ayant les mêmes soucis et préoccupations : être en bonne santé durant les mois de grossesse et accoucher d’un joli bébé, dans de bonnes conditions.

    L’on n’a donc pas besoin d’avoir une agrégation en psychologie et stratégies politiques pour comprendre que l’opération inhumaine « Mbata ya bakolo » est un montage odieux des deux dictateurs aux abois, dont la seule porte de sortie est de créer un climat d’insécurité dans les deux capitales politiques les plus rapprochées au monde. Il faut donc attirer des esprits faibles et immatures dans cette mascarade, afin de montrer à l’opinion nationale et internationale, l’irresponsabilité, l’amateurisme et l’immaturité des opposants congolais.

    Comment donc comprendre que des opposants congolais qui se disent avoir des projets alternatifs pour le pays, pouvaient-ils faire de cette opération concertée entre les deux pouvoirs des deux rives, un thème de revendications pour exiger le départ de Sassou Nguesso ou la convocation des Etats généraux de la nation, tout en manifestant, avec des combattants de la RDC devant l’ambassade du Congo à Paris ?

    Les opposants et combattants du Congo2 ont-ils cherché à savoir ce que signifie en réalité cette expression ignoble : « Mbata ya Bakolo » ? Lesquels se passent-ils pour des grands qui oseraient gifler leurs petits ?

    Ont-ils analysé et observé qu’aucun pouvoir au monde, fusse-t-il dictatorial, ne peut rester silencieux aux menaces dont font l’objet ses compatriotes dans un pays étranger ? Ont-ils analysé le comportement du pouvoir de Kinshasa dont la seule réponse à cette opération est l’annonce d’une correspondance de Joseph Kabila au dictateur Denis Sassou Nguesso et conduisant ainsi des populations de l’autre rive du Congo à s’en prendre aux congolais résidants à Kinshasa ?

    Ont-ils cherché à savoir quel est le sort de nombreux de nos compatriotes « réfugiés » vivant à Kinshasa et qui représentent un  gros souci pour le dictateur Denis Sassou Nguesso ? L’on s’est précipité à ne montrer que des images contradictoires des étudiants congolais menacés à Kinshasa. Qui a pensé filmer et diffuser des images de nos frères réfugiés vivant à Kinshasa depuis des années et ayant dit « Non » en 1999 à Denis Sassou Nguesso, refusant ainsi d’être massacrés comme les 353 de nos jeunes disparus du beach.

    Les opposants congolais ont-ils noté que nombreux de nos frères combattants de la RDC avaient été approchés il y a quelques mois, par les services de Denis Sassou Nguesso pour participer à la mascarade d’assises de Kinshasa, lesquelles avaient permis au général d’armées en quête de reconnaissance et de notoriété, de jouer un spectacle de médiateur ? Ce travail de sabotage du dictateur congolais a conduit à l’émiettement des forces combattantes de nos frères de la RDC, dont le mouvement qui à ses débuts jouissait de la considération et du respect de nombreux africains et d’hommes de paix, s’est transformé en un dinosaure à plusieurs tentacules pouvant avaler ou engloutir ses propres enfants ou frères. L’on pourra se souvenir des spectacles de bagarres entre combattants, dans les rues de Bruxelles ou de Paris.

    Plusieurs combattants ont été jetés dans les bras de l’ennemi par des combattants « taupes » et certains pourrissent encore dans les geôles invivables de Kinshasa.

    Malgré l’agitation et le mensonge du divisionnaire Denis Sassou Nguesso, qui ne cesse d’opposer les congolais les uns contre les autres, les combattants « pour » la liberté ne se sont jamais livrés à des bagarres entre eux. L’on a toujours fait montre de maturité. Certains qui vont souvent recevoir le complexé homme des masses à l’aéroport disent clairement le faire pour ruiner cet homme inhumain et irresponsable; car selon eux, et à juste titre, cet argent appartient au peuple congolais.

    Loin de soutenir et dénonçant avec « fermeté » l’opération inhumaine du tandem Sassou-Kabila, contre le peuple congolais tout entier, le Noyau politique du MCCD, la Voix du Peuple Libre, interpelle la conscience de chacun des opposants congolais et les invite à plus de maturité et d’intelligence politique.

    Courir dans un élan amateur derrière des actions non muries, telle la multiplicité d’envois des emails contradictoires sur le contenu de la fameuse manifestation du 30 avril 2014 devant l’ambassade du Congo à Paris, c’est faire montre d’une grande légèreté et  d’un grand amateurisme.

    Vrais opposants, l’on devra chercher à comprendre la nature et le sens de cette opération qui selon nos sources, n’est qu’une parmi de nombreuses qui auraient lieu d’ici que l’on s’approche de 2015 et de 2016.

    Soyons unis, responsables, dignes et patriotes tout en étant solidaires de tous les peuples opprimés, victimes de l’inhumanité des égoïstes et assoiffés de pouvoir tels Denis Sassou Nguesso et ses homologues.

    MCCD : La Voix du Peuple Libre  

  • Kapend, Diomi Ndongala, Lumbala… Amnistiables ou pas ?

    Kapend, Diomi Ndongala, Lumbala… Amnistiables ou pas ?

     

    Les insignes de la justice militaire en RDC. Les insignes de la justice militaire en RDC. © Flickr/Osisa

    À la faveur de la politique de “cohésion nationale” en RDC, une loi d’amnistie a été promulguée par le président congolais, Joseph Kabila, le 11 février. Mais tous les détenus et prisonniers politiques ne sont – a priori – pas concernés. Zoom sur ces “gros poissons” dont les dossiers posent problème.

    Un “flou” juridique : c’est ce que dénoncent les ONG qui suivent l’application de la loi d’amnistie promulguée le 11 février par le président congolais Joseph Kabila. Déjà, il a fallu attendre plus de deux mois pour en voir, le 19 avril, la liste de 50 premiers bénéficiaires. Ce n’est qu’une “première vague”, assure-t-on à Kinshasa pour calmer ceux qui s’inquiétaient sur leur sort.

    Mais sur quels critères ces premiers amnistiés, parmi lesquels une dizaine d’ex-rebelles du Mouvement du 23-Mars (M23), ont-ils été choisis ? Les autorités congolaises répondent en renvoyant aux dispositions de l’arrêté pris par la ministre de la Justice, Wiwine Mumba, paraphrasant le texte de la loi : “Pour bénéficier des effets de l’amnistie, tout Congolais auteur, co-auteur ou complice de faits insurrectionnels et de faits de guerre [doit signer] personnellement un engagement écrit”.

    Une copie de l’acte d’engagement préétabli par le ministère de la Justice.

    “Sur le terrain, beaucoup de détenus et de prisonniers politiques ont signé le formulaire d’engagement mais aucun gros poisson n’est sorti de la prison”, tance Emmanuel Adu Cole, un de responsables de la Fondation Bill Clinton pour la paix (FBCP) à Kinshasa. “L’application de la mesure d’amnistie se fait de manière sélective et suspecte”, ajoute-t-il, dénonçant des “manœuvres” des autorités congolaises pour “maintenir en détention certains détenus et prisonniers politiques dont la libération sans condition a été pourtant recommandée lors des concertations nationales”, ces assises qui ont réuni à Kinshasa du 7 septembre au 5 octobre 2013 les délégués de la majorité, ceux de l’opposition et les membres de la société civile.

    Parmi les principaux accusés qui risquent de bénéficier – ou pas – de l’amnistie, plusieurs noms sont avancés par nos sources. Les voici :

    • Eddy Kapend et les autres condamnés pour l’assassinat de Kabila père : non amnistiables

    “C’est la volonté du législateur”, commente Lambert Mende, le porte-parole du gouvernement congolais. “La loi d’amnistie ne couvre que les infractions commises entre le 18 février 2006, date de la promulgation de l’actuelle Constitution du pays, et le 20 décembre 2012, date de la fin de l’ultimatum lancé aux groupes armés”, rappelle le ministre. Or les faits reprochés à Eddy Kapend, aide du camp de Laurent-Désiré Kabila, et à sa bande remontent au 16 janvier 2001, le jour de l’assassinat de l’ancien président dans son bureau de travail, au Palais de marbre à Kinshasa.

    Eddy Kapend, condamné à la peine capitale, et les autres co-accusés resteront donc en prison. Même si, le jour du prononcé de son verdict, le juge – démis de ses fonctions depuis – avait déclaré que le procès n’était pas terminé et que de nouvelles enquêtes devaient s’ouvrir. “Le pouvoir ne pouvait pas amnistier ces condamnés parce qu’il n’a pas intérêt aujourd’hui à voir les secrets de l’assassinat de Laurent-Désiré Kabila être étalés sur la place publique”, estime pour sa part Dismas Kitenge, président du Groupe Lotus, une ONG de droits humains affilié à la Fédération internationale des ligues des droits de l’Homme (FIDH).

    • Eugène Diomi Ndongala : non amnistiable

    Le cas Diomi Ndongala ne passe pas non plus. L’opposant congolais a été condamné fin mars à dix ans de prison ferme pour viol. Un de crimes exclus du champ d’application de loi d’amnistie. Ses partisans et les ONG, dénonçant un “procès politique”, ne cessent pourtant d’exiger sa libération, mais les autorités congolaises restent de marbre. “Même les concertateurs [entendez les délégués aux concertations nationales, NDLR] avaient recommandé au chef de l’État de le libérer”, commente Freddy Kita, le secrétaire général de la Démocratie chrétienne (DC, parti de Diomi), qui ne voit dans ce refus du pouvoir qu’une “volonté de faire taire les opposants politiques”.

    • Le groupe “Imperium” : amnistiable

    Ces 12 détenus seraient, eux, à la porte de sortie de la prison militaire de Ndolo où ils croupissent depuis le 17 avril 2013. Selon les sources proches du dossier, ils auraient été notifiés de leur éventuelle amnistie. Présentés comme des “proches de Diomi Ndongala” – on y trouve une attachée de presse de l’opposant – ils sont accusés d’avoir voulu intenter à la vie du chef de l’État et à celle de son Premier ministre.

    Au départ, ils étaient au nombre de 13, mais l’un d’eux est décédé en détention. À la tête de ce “mouvement insurrectionnel” qui serait dénommé “Imperium”, on retrouve encore Diomi Ndongala, selon des sources judiciaires congolaises. L’opposant aurait mis en place ce groupe pour attaquer le cortège présidentiel, prendre le pouvoir par la force et le remettre à Étienne Tshisekedi. Ce que les accusés ont toujours nié.

    • Firmin Yangambi : amnistiable

    Condamné à 20 ans de prison en appel, Me Firmin Yangambi, président de l’ONG “Paix sur terre”, espère bénéficier aussi de l’amnistie, après avoir été déçu de n’avoir pas été gracié directement par le chef de l’État. Avec ses co-accusés, il a été reconnu fin juillet 2013 coupable de “détention illégale d’armes de guerre”, non sans avoir épuisé toutes les voies de recours. Un fait insurrectionnel qui remonte à 2009, période couverte par la loi d’amnistie.

    Détenu depuis 2009 après son arrestation à Kisangani, ville située au nord-est de la RDC, Firmin Yangambi a déjà purgé cinq ans de sa condamnation. S’il a toujours contesté les faits qui lui sont reprochés, des sources proches du dossier indiquent que le défenseur des droits de l’Homme a accepté depuis le mois de mars d’accomplir toutes les formalités préalables à l’amnistie. “Mais ni son nom, ni a fortiori ceux de ses co-accusés, n’ont été repris sur la liste de 50 premiers bénéficiaires de l’amnistie”, regrette un proche de Yangambi qui espère que le pouvoir n’usera pas de manière injuste de son “pouvoir discrétionnaire” pour “retarder la libération” de celui compte un jour briguer la magistrature suprême en RDC. Il avait déjà annoncé sa candidature à la présidentielle de 2006, avant de se rétracter…

    • Le pasteur Fernando Kutino : amnistiable

    Responsable de l’église Armée de la victoire, le pasteur Fernando Kutino a été condamné en octobre 2008 à dix ans de prison pour détention illégale d’armes et tentative d’assassinat. Théoriquement, il pourrait bénéficier de la loi d’amnistie. La rumeur de sa libération a enflammé à plusieurs reprises les réseaux sociaux et les rues de Kinshasa. Réputé proche de Jean-Pierre Bemba, le candidat malheureux à la présidentielle de 2006 détenu à La Haye, Fernando Kutino est interné depuis août 2013 dans un centre hospitalier de la capitale à la suite d’un accident vasculaire cérébral.

    • Mushiki, Muhindo, Lumbala… : non amnistiables ?

    Plus le temps passe, plus la liste des personnes qui craignent de ne pas bénéficier de la loi d’amnistie s’allonge. Après Willy Mishiki, représentant des miliciens maï-maï de Walikale, dans le Nord-Kivu, arrêté à Kinshasa lorsqu’il était venu “représenter les groupes armés aux concertations nationales, ou le député Nzangi Muhindo, condamné à trois ans de prison pour des propos outrageants envers le chef de l’État, c’est au tour de Roger Lumbala de s’inquiéter de son sort. Cet élu de Miabi (Kasaï oriental), dont le mandat de député a été invalidé, qui avait rallié début 2013 la rébellion du M23, se trouverait sur la liste des personnes non amnistiables, selon Kinshasa.

    Photo : Firmin Yangambi (CC/Radio Okapi)
    

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    Par Trésor Kibangula

  • 24 avril 1990 – 24 avril 2014: Comme le Mpr, l’Udps risque de sombrer…

    24 avril 1990 – 24 avril 2014: Comme le Mpr, l’Udps risque de sombrer…

    Logo_UDPS Voici 24 ans, jour pour jour, que le maréchal prenait acte de l’échec de son projet de société fondé sur le Monopartisme incarné par le Mpr dit Parti Etat. Le discours de libéralisation de l’activité politique (alias processus démocratique) prononcé à cet effet est continuellement interprété à l’Udps comme la victoire de Tshisekedi sur Mobutu et sa dictature. Seulement voilà : près d’un quart de siècle après, force est de constater que le lider maximo n’a pas su conduire son parti vers les horizons mérités. Bien au contraire, pour avoir personnifié son combat, Etienne Tshisekedi réalise à ses dépens que l’absence – sur le terrain politique – de Mobutu Sese Seko lui prive du stimulus nécessaire pour poursuivre son combat fondé aujourd’hui sur des méthodes devenues obsolètes. Ainsi, à l’instar du Mpr fait privé récupéré dans un premier temps par le tandem Nzuzi wa Mbombo-Vunduwa avant de disparaître, l’Udps en voie de récupération par Félix Antoine Tshisekedi pourrait ne pas survivre à celui qui passe pour son géniteur sans pour autant l’être…

     

     

                Car la vérité est que l’Udps – au départ courant politique au sein du Mpr Parti-Etat avant de s’autodéterminer et de se constituer en 1982 en parti politique à part entière – n’a pas pour fondateur initial Etienne Tshisekedi. Les historiens citent plutôt Joseph Ngalula et    

    Anaclet Makanda Mpinga Shambuyi.

                Dans tous les cas, la célébrissime Lettre des 13 Parlementaires intitulée ” Lettre ouverte au Citoyen Mobutu Sese Seko” porte 13 signatures dont, cités par ordre alphabétique,  Gabriel Biringanine Mugaruga,  Charles Dia Oken-a-Mbel,  François Lusanga Ngiele,  Paul-Gabriel Kapita Shabangi,  Walter Isidore Kanana Tshiongo a Minanga,  Célestin Kasala Kalamba ka Buadi,  Antoine Gabriel Kyungu wa ku Mwanza,  Protais Lumbu Maloba Ndoba,  Anaclet Makanda Mpinga Shambuyi,  Symphorien Mbombo Lona,  Joseph Ngalula Mpanda Njila,  Edmond Ngoyi Mukendi Muya Mpandi et  Étienne Tshisekedi wa Mulumba. L’honneur à reconnaître au lider maximo est d’avoir fait partie du comité de rédaction aux côtés d’Anaclet Makanda Mpinga Shambuyi et de Joseph Ngalula Mpanda Njila.

                En d’autres termes, l’Udps – au départ – fut effectivement un patrimoine national avec des co-fondateurs représentant presque toutes les 9 provinces d’alors.

                Hélas, au fil des années, ce parti a été réduit à une coterie, particulièrement sous la transition “Mobutu-Tshisekedi” entre 1990 et 1997.

                Depuis, toutes les tentatives de “re-nationalisation” ont du mal à se concrétiser. Au demeurant, le processus de remplacement d’Etienne Tshisekedi par son fils Félix Antoine Tshisekedi en est la confirmation.

     

    Trois observations…

     

                La preuve, la structure ” Présidence” la livre elle-même au travers du communiqué – comme d’habitude non référencié – du Secrétariat National aux Relations Extérieures rendu public de Bruxelles le 24 avril 2014 avec comme instruction ou recommandation ” Pour diffusion immédiate”.

                Intitulé ” Il y a 20 ans, le dictateur Mobutu : ‘Comprenez mon émotion‘”, il fait état de la conférence de presse de ce jeudi 24 avril 2014 à 11h00 au siège de l’Udps, à Kinshasa/Limete, avec pour co-animateurs Bruno Mavungu et Félix Antoine Tshisekedi.

                “Cet événement s’inscrit dans la série des manifestations prévues par le parti pour célébrer les 20 ans de sa victoire sur l’une des dictatures les plus inhumaines de l’histoire universelle, incarnée par Mobutu qui, s’affaissant politiquement, avait déclaré, larmes aux yeux ” Comprenez mon émotion”, alors qu’il annonçait solennellement la fin du Mouvement Populaire de la Révolution MPR/Parti-Etat et la reconnaissance officielle de l’UDPS comme force incontournable au pays, précurseur du multipartisme en RDC“, lit-on dans le deuxième paragraphe.

                Le troisième est ainsi formulé : “Face aux fins limiers de la presse congolaise et internationale, Bruno Mavungu s’étendra sur les enjeux socio-politiques, allant de la fraude électorale au complot constitutionnel en passant par l’amnistie et l’insécurisation volontaire du peuple congolais par le régime d’imposture. Félix Antoine Tshisekedi pourrait parler de son marathon diplomatique pour rallier l’occident au concept ‘gagnant-gagnant’ avec la RDC, considérant ‘le Peuple d’abord’“.

                La signature reste la même : “pour info : Eddy Lukuna“.

                Il est question d’annonce d’une feuille de route au cours de cette conférence.

                La première observation à faire est que l’Udps dit célébrer les 20 ans de l’avènement du 24 avril 1990 alors qu’en cette année 2014, il s’agit plutôt du 24ème anniversaire ! Il n’y a rien d’anodin dans l’omission. La vérité est que Félix et son collaborateur Eddy ignorent la date exacte de la prestation.

                La deuxième observation est le conditionnel mis quant à l’intervention de Félix. Alors qu’au premier paragraphe du communiqué il est bien dit que le secrétaire national sera aux côtés du secrétaire général Mavungu “pour répondre aux questions touchant la diplomatie de l’UDPS“, au troisième l’usage du conditionnel laisse supposer qu’il abordera les mêmes sujets sociopolitiques.  

                La troisième observation est que pour un événement de si grande portée politique et diplomatique, les organisateurs ignorent superbement Etienne Tshisekedi pendant que les analystes non avertis vont s’amuser à établir un lien entre la dictature de Mobutu et le régime d’imposture non autrement identifié.

                Ainsi, d’un côté, Joseph Kabila est ménagé pendant que de l’autre, une croix est mise sur le lider maximo.

     

    Méthode Mingistu au sein du Derg

     

                Au-delà de ces observations, une chose est sûre : l’Udps a raté tous ses grands rendez-vous avec l’histoire : 24 avril 1990, Cns, 17 mai 1997, Dialogue intercongolais, référendum et élections de 2005-2006 et, dernièrement, élections de 2011.

                C’est à croire que la disparation consommée d’abord du Mpr Parti-Etat, ensuite du Mpr fait privé, a ôté à ce parti sa raison d’être.

                Il faut avouer que la chasse aux sorcières ouverte en interne et en externe pour rester maître du jeu (force incontournable au pays) a eu plutôt un effet boomerang. Pour rappel, en interne, Tshisekedi père – comme inspiré par la méthode Mingistu au sein du Derg éthiopien –  a réussi à “écraser” bon nombre des 13 Parlementaires :  Lusanga Ngiele, Kyungu wa Kumwanza, Lumbu Maloba Ndoba, Ngalula Mpanda Njila et autres Ngoyi Mukendi Muya Mpandi, avant d’éliminer les Katompa, Mpika, Lihau, Kibassa, Birindwa, Mbwankiem, Beltchika et, plus tard, les Gisanga et Mukendi. En externe, il a frappé les Iléo, Nguz, Kengo, Thambwe Mwamba, Mungul Diaka, Kamitatu Massamba et même Bomboko Lokumba.

                Pire, dès 1991, il a commencé à malmener les Occidentaux : de Melissa l’américaine à Claes le belge en passant par Emma Bonino l’unioniste européenne, tout le monde a en eu pour son compte.

                Résultat : la vengeance étant un plat qui se mange froid, les cosignataires survivants de la Lettre des 13 Parlementaires, les cofondateurs et animateurs principaux  désabusés de l’Udps, les ex-Mobutistes passés à l’Opposition et les Occidentaux choqués ne se sont pas positionnés en faveur de celui qui passe pour leur “bourreau”.

                Et encore, le mépris ne s’est pas arrêté : Eugène Diomi, Vital Kamerhe, Roger Meece, Martin Kobler etc. allongent la liste.

                Aujourd’hui, Félix Antoine Tshisekedi – qui est en voie de succéder à son père Etienne Tshisekedi – sait qu’il hérite de ce dernier plus de problèmes que de solutions, plus d’ennuis que d’atouts.

                Il a conscience du fait qu’à l’instar du Mpr, l’Udps risque de sombrer.

                A moins de changer de méthodes et de discours qui l’ont plombée près d’un siècle…

     

    Omer Nsongo die Lema

  • AMNISTIE SELECTIVE EN RDC

    AMNISTIE SELECTIVE EN RDC

    wivine-mumba-Très attendue par la classe politique congolaise, la liste des premières amnisties a été publiée ce samedi par la ministre de la Justice, Wivine Matipa (la liste complète est téléchargeable ici). Une première liste restreinte à 50 noms, mais qui en dit déjà beaucoup sur les intentions du président Joseph Kabila, toujours en quête d’unité nationale. Parmi les premiers bénéficiaires, on retrouve sans surprise des ex-membres du M23 (15 noms sont inscrits sur la liste). Après sa défaite militaire de novembre 2013, la rébellion s’était une nouvelle fois déchirée entre partisans de la signature d’un accord et les « durs du mouvement« . On retrouve donc sur la liste des amnistiés, l’aile politique la plus compatible avec Kinshasa. Avec au premier rang : René Abandi, le chef de la délégation rebelle au dialogue de Kampala. Le « diplomate » du M23 a toujours maintenu le dialogue avec les autorités congolaises. On y trouve aussi Serge Kambasu Ngeve. En novembre 2013, le secrétaire permanent du M23 s’était opposé au président du mouvement, Bertrand Bisimwa. En cause, la terminologie du document à signer avec Kinshasa après la défaite du M23. Kambasu était prêt à signer les « conclusions » des pourparlers de Kampala avec le gouvernement congolais, alors que Bisimwa prônait la signature d’un « accord« . La nuance est subtile, mais derrière la sémantique, il fallait y voir les tensions qui régnaient alors entre les deux parrains de la rébellion : l’Ouganda et le Rwanda. Le « pragmatisme » d’Abandi et Kambasu a donc payé. Les deux « politiques » du M23 sont donc amnistiables.

    Munene et « Terminator« 

    La liste des amnistiés ne s’arrête pas là. Elle contient également d’autres mouvements insurrectionnels. Parmi eux, les membres des attaques du 27 février 2011 à Kinshasa. Ce jour là, deux groupes d’une centaine d’hommes habillés en tenue civile et venant, selon une source de l’ONU, de Brazzaville, attaquent la résidence de Gombe du président Joseph Kabila. Le bilan est lourd : 19 morts. Egalement sur la liste, des membres de l’ARP du général Faustin Munene. Opposant politique, depuis Mobutu, jusqu’à Joseph Kabila, le général Munene avait  trouvé refuge en 2010 au Congo-Brazzaville voisin. Sur la liste, sont aussi nommés quelques miliciens Enyele, qui combattent Kinshasa dans la province de l’Equateur. Plus étonnant, sur la liste des amnisties se trouvent des proches d’Honoré Ngbanda, appelé « Terminator« , lorsqu’il dirigeait d’une main de fer les services de sécurité du maréchal Mobutu. Les hommes de Ngbanda sont peu actif en RDC. Mais Honoré Ngbanda, qui anime son mouvement d’opposition depuis l’Europe, bénéficie toujours d’un excellent réseau de renseignement au sein de l ‘ANR et de l’armée congolaise.

    Des amnisties… et des arrières pensées politiques

    Dans cette première liste « fourre-tout » des 50 premiers amnistiés, Kinshasa cherche avant tout à faire un premier geste politique en direction de différents mouvements d’opposition congolais. Pour le M23, les autorités congolaises ne souhaitent pas renouveler les erreurs du passé en amnistiant ou en intégrant les responsables militaires dans l’armée. Sultani Makenga, le chef militaire du M23 n’est donc pas « éligible » pour Kinshasa, tout comme la plupart des commandants rebelles, qui ont commis des crimes de guerre. En amnistiant quelques politiques du mouvement, Kinshasa espère « dissoudre » la rébellion en coupant le politique du militaire. Cela n’empêchera sans doute pas l’ex-M23 de se reformer sous un autre nom, mais cela permet de gagner un peu de temps. Concernant, les autres mouvements insurrectionnels (Munene, Ngbanda), ceux-ci sont clairement plus « anecdotiques » et ne représentent pas un réel danger pour le régime de Joseph Kabila. Ce geste d’amnistie est donc purement symbolique et permet d’envoyer un signal positif à l’opposition politique et à la communauté internationale. L’objectif du président Kabila est avant tout de rassembler une nouvelle majorité autour de lui, en attendant la nomination d’un prochain gouvernement d’union nationale et « de large ouverture politique« . Derrière ces bonnes intentions, se cache un autre objectif, moins avouable du président Kabila : avoir la plus grande majorité possible pour changer la Constitution et pouvoir se représenter pour un troisième mandat en 2016.

    Les oubliés de l’amnistie

    Grands absents de cette première liste d’amnistie, les personnes condamnées pour l’assassinat du président Laurent-Désiré Kabila en 2001 (ils sont une trentaine). De nombreuses ONG avaient en effet demandé que l’amnistie s’applique pour ces accusés dont certains encourent la peine de mort. Autres oubliés : les prisonniers politiques, comme Eugène Diomi Ndongala ou le pasteur Fernando Kutino. Ces deux opposants s’estiment être « les détenus personnels de Joseph Kabila« . Mais les autorités congolaises avaient déjà prévenu que le cas de Diomi Ndongala ne relevait pas de l’amnistie pour faits politiques ou insurrectionnels. Diomi Ndongala est en effet accusé de viol sur mineures par Kinsahsa, ce que le leader de la Démocratie Chrétienne récuse fortement.

    En attendant, d’autres personnes peuvent continuer à demander l’amnistie pour « faits insurrectionnels, faits de guerre et infractions politiques commis entre le 1er janvier 2006 et le 20 décembre 2013« . La ministre congolaise de la Justice, Wivine  a prévenu : « beaucoup plus pourront faire l’objet d’une amnistie mais ils doivent impérativement remplir un formulaire les engageant à ne plus commettre les faits amnistiés« . Les candidats, qui doivent tous être congolais, ont 6 mois pour envoyer le formulaire de demande. Cette première liste de 50 noms constitue donc une premier « ballon d’essai » pour Kinshasa, qui espère bien faire rentrer dans les rangs ses opposants les plus déterminés.

    Christophe RIGAUD – Afrikarabia

  • CONGOLAIS« D’ORIGINE »…

    CONGOLAIS« D’ORIGINE »…

    Wina-Lokondo-Pendant longtemps, pour savoir ce qui se passe près de nous ou loin ailleurs, nous, terriens, sommes « allés » vers les médias pour trouver l’information. Aujourd’hui, l’information « vient » vers nous. Elle nous parvient à la maison, minute après minute, par nos courriels (e-mails), dans nos ordinateurs, dans nos portables. Vive Internet ! Vive la science !

    Plusieurs internautes ont probablement reçu, comme nous – dans leurs courriels – le texte contenant l’arbre généalogique de Honoré Ngbanda Nzambo-Ko-Atumba, ancien conseiller spécial du président Mobutu en matière de sécurité. Ce dernier, qui, apparemment, a le sens du détail (déformation professionnelle ? ardent besoin de convaincre ?), y décline ses noms, lieu et date de naissance. Il mentionne ses village, secteur, territoire et district « d’origine ». Il parle de son enfance, de ses amis de prime scolarité, etc. Mêmes précisions concernant ses parents et grands-parents, paternels comme maternels.

    Honoré Ngbanda est actuellement, comme de nombreux autres Congolais, aux avant-postes de la noble lutte – sur la Toile et à leur manière – contre l’inacceptable occupation armée de la partie orientale de la RDC par des forces étrangères. Honneurs patriotiques leur soient rendus, et à tous les autres compatriotes qui refusent de courber l’échine devant les ambitions hégémoniques des envahisseurs de notre pays. En particulier ceux, comme le valeureux Mamadou Ndala, qui ont versé leur sang en les affrontant physiquement.

    Par cette singulière notice biographique, le président de l’Apareco a sans doute voulu prouver sa « congolité », sa nationalité congolaise…« d’origine ». Comme en parle la loi congolaise sur la nationalité en son article 6 qui dit : « Est congolaise d’origine, toute personne appartenant aux groupes ethniques et nationalités dont les personnes et le territoire constituaient ce qui est devenu le Congo (présentement la République Démocratique du Congo) à l’indépendance ».

    Tous les Compatriotes de Honoré Ngbanda doivent-ils également se soumettre à cet exercice rédactionnel ? En plus du C.V. (curriculum vitae), les Congolais seraient-ils désormais invités à exhiber leur arbre généalogique pour obtenir un emploi ? Est-ce une simple fierté d’exprimer l’appartenance – et dès lors normale – à un espace socio-géographique ? Ou une obligation de preuve à donner afin de se conformer au discriminatoire et exclusif article 24 de la même loi sur la nationalité ? Qui stipule : « La personne qui a acquis la nationalité congolaise, jouit de tous les droits et est tenue à toutes les obligations attachées à la nationalité congolaise d’acquisition. Toutefois, les lois particulières peuvent exclure de l’exercice de certaines fonctions publiques les personnes bénéficiaires de la nationalité congolaise d’acquisition ». Quelles seraient ces fonctions et, surtout, pourquoi les en excluerait-on ?

    Le discours identaire, celui sur les « origines », est de plus en plus présent dans l’arène politique congolaise. On l’entend par-ci par-là et il n’est pas toujours innocemment tenu. L’éloge de l’identité – celui de la particularité d’un groupe, de son lointain passé, de son terroir et de sa vieille langue, des mêmes lointains ancêtres – est rarement sans risque car, mal fait, il entretient négativement les différences (« natif » et « arrivant », « eux » et « nous », et pis, «eux » contre « nous »), engendre in fine (sans que cela se dise clairement) le rejet de « l’autre », l’intolérance (tribale, ethnique, religieuse, raciale, etc.) et a souvent été à la base des massacres que connaît l’histoire de l’Humanité. Citons précisément ici le pogrom rwandais, il y a vingt ans passés, les années de guerre en Côte d’Ivoire consécutives au triste discours sur « l’ivoirité » ou encore – sous nos yeux, en direct -, les tueries en cours en Centrafique. Il y a ainsi lieu de faire très attention au recours au discours identitaire, et surtout à son instrumentalisation en politique, de s’interdire d’agiter, sans raison, des épouvantails.

    Le fils du pays, dont les aïeux et bisaïeuls sont nés dans le même village, est, pense-t-on, censé aimer « plus » sa terre que l’étranger. Et que trahir la nation ne peut, de ce fait, n’être que le propre de « l’arrivant ». De ce point de vue, la fidélité à celle-ci n’est pas constatée par des actes, mais présumée acquise par la simple appartenance à la tribu, appartenance reflétée notamment par la consonance du nom. L’article 24 précité serait-il ainsi le paravent officiel à la traîtrise que contiendrait l’ADN du Congolais venu « d’ailleurs », le non « originaire » ? L’histoire de la RDC – émaillée des faits, bien nombreux, de pillages et de trahisons du pays par de prétendus Congolais de « souche » – contredit cette stigmatisation légale du Congolais de nationalité « d’acquisition », condamné à demeurer un citoyen de seconde zone n’ayant pas voix à tous les chapitres.

    Les Congolais sont appelés à assumer la mondialisation et ses conséquences. Ils y sont entrés, et davantage, depuis 1960. Ils émigrent chez « les autres » et vont continuer à y aller. Et ces derniers entreront davantage chez eux. Au Congo comme ailleurs, personne ne pourra arrêter ces mouvements migratoires, séculaires, qui n’ont pas que des effets négatifs. L’apport en savoir humain et en transfert de tehnologie n’ont-ils pas contribué au développement et à la grandeur des nations qui se sont ouvertes aux autres ?

    Le père de Barack Obama était allé étudier aux Etats-Unis. Il y a laissé un fils qui aujourd’hui est à la tête de ce pays, la première puissance de notre planète. Barack Obama a des frères et des sœurs consanguins au Kenya portant le même patronyme que lui. Le nom Obama ne vient pas, à ce que l’on sache, des peuples primitifs de l’Amérique. Les Etats-Unis n’ont pas pour autant disparu de la terre et ne s’en portent pas si mal malgré les origines biologiques et la peau basanée de leur actuel président. Le premier ministre belge, Elio Di Rupo, docteur en science chimique, est né en Belgique mais des parents italiens, venus d’Italie. Il est pourtant actuellement un des politiciens préférés des Belges. Manuel Valls, le tout récent premier ministre français, est né Espagnol et à Barcelone, de parents Espagnols. Il a obtenu sa naturalisation comme français à l’âge de 20 ans. Rama Yade est née au Sénégal. Devenue française, elle avait été nommée secrétaire d’Etat dans le gouvernement de « son » pays, la France, dirigé par Nicolas Sarkozy dont le père est d’origine hongroise.

    Gisèle Mandaila a été vice-ministre belge et est actuellement députée bruxelloise. Bertin Mampaka est sénateur belge. Les deux sont nés Congolais et en RDC, de parents Congolais. Ils y ont leurs grandes familles et s’y rendent souvent. Cécile Kienge a dernièrement été ministre dans le gouvernement italien. Elle est également née en RDC où elle aurait, dit-on, 37 frères et sœurs. Elle est arrivée adulte en Italie.

    Il n’est pas toujours bien indiqué de se citer en exemple du fait de l’arrière-goût de prétention ou de narcissisme qui peut accompagner la démarche. Pour illustrer davantage le présent sujet, le rédacteur de ces lignes s’autorise une exceptionnelle entorse à cette règle de savoir-vivre. Il est Congolais, né à Mbandaka. Son certificat de nationalité porte le numéro OO13314, son passeport le n°OB0136891, sa carte d’électeur le n°10022482055. Mais sa fille ainée, née également à Mbandaka, est devenue Belge à l’âge adulte, de libre choix. Détentrice d’un master en gestion, et après un passage à Fortis Banque, elle a été engagée par Bpost Bank comme conseillère financière. Elle a répondu à une offre publique d’emploi et elle a été retenue après une compétition où ont concouru plusieurs dizaines d’autres candidats belges, blancs de peau. Elle travaille avec son nom de naissance. Ses « origines » congolaises seraient-elles pour autant un danger pour la Belgique ? Ses recruteurs ont-ils commis un acte de trahison à la nation belge en engageant une Noire venue d’Afrique ?

    La nationalité n’a ainsi rien avoir avec les origines. C’est une notion juridique, une relation de droit entre « un » Etat et « un » individu, faite des droits et des obligations réciproques entre les deux. Les ascendants et les descendants de l’« individu » n’ont absolument rien avoir dans cette relation. Le binôme n’existe et ne se définit que par lui-même. C’est une donnée des Etats modernes. La conception ethnique de la nationalité – surannée – est aujourd’hui celle des partis « nationalistes », ceux de l’extrême droite, qui font du rejet de « l’étranger », de la lutte contre l’immigration leur cheval de bataille. On les étiquette partis racistes, xénophobes. Existerait-il aussi des politiciens et des partis « d’extrême droite » en RDC ?

    Les « étrangers » ont beaucoup fait au Congo, et parfois plus que les Congolais « d’origine ». Et ils méritent la reconnaissance de notre nation, cet agrégat d’ethnies à qui, faut-il le rappeler, ils ont donné sa forme actuelle. En effet, le Congo, en tant qu’Etat reconnu mondialement, a été créé par la volonté et l’entregent diplomatique d’un « étranger », le roi Léopold II en 1885. Ses sujets belges qui en ont hérité en 1908 avaient continué à le mettre en valeur. Ils avaient développé et bien tenu l’économie du pays (avec l’apport indirect des Américains, des Anglais, des Français, des Portugais, des Grecs,…) pendant toute la prériode coloniale. Et il n’est pas un mauvais exercice de comparer ce qui a été réalisé comme infrastructures socio-économiques en 52 ans de « domination coloniale » (1908-1960) avec ce que les « nationalistes » Congolais « d’origine » ont accompli de 1960 à ce jour, en 53 ans « d’indépendance ».

    Depuis 1960, combien d’ « originaires » Congolais ont-ils créé d’entreprises payant des taxes et des impôts à l’Etat et offrant du travail à leurs concitoyens ? A quel pourcentage l’entreprenariat congolais contribue-t-il à la création de la richesse nationale ? Malgré les brutales expropriations (zaïrianisation) de 1974 et les successifs pillages de masse des années 1990, beaucoup d’étrangers sont restés au Congo et ont continué à y investir, prouvant ainsi – au-delà des intérêts économiques – leur attachement à notre pays. Citons ici deux exemples plus connus de grands entrepreneurs et pourvoyeurs d’emplois dans le pays, celui de Georges Forrest, né à Lubumbashi en 1940, et celui de William Damseaux, arrivé enfant au Congo en 1934. Les Libanais et les Indo-Pakistanais investissent davantage en RDC et, apparemment, plus que les Congolais (en termes de volume de capitaux) et avec des réalisations visibles et créatrices d’emplois. La majorité des grands immeubles qui sortent aujourd’hui de la terre comme des champignons à Kinshasa – contribuant à la « révolution de la modernité » – leur appartiendraient, dit-on.

    Ces « étrangers » méritent, disons-nous, notre gratitude. Le président de la Fec (Fédération des entreprises du Congo), Albert Yuma – qui sait que la reconnaissance (une des valeurs chrétiennes) manifestée à autrui pour un avantage reçu de lui grandit les hommes et les nations qui l’expriment – a fait honneur à notre pays en adressant, il en fallait, ces mots à l’endroit de William Damseaux lors de ses vœux de nouvel an aux membres de la Fec, le 28 janvier 2013 : «(…) C’est le moment maintenant pour moi de rendre hommage, mais alors un hommage vibrant, à l’homme qui symbolise à lui tout seul la Fec, la réussite dans les affaires dans le respect de l’éthique, et une contribution exemplaire au développement du pays. Cet homme qui est à la Fec depuis sa création en 1960, cet homme pour qui la RDC est son seul et vrai pays, cet homme qui a mérité 100 fois sa nationalité congolaise, cet homme qui a gardé la Fec debout au moment de la turbulence de l’arrivée de l’Afdl à Kinshasa, cet homme que je vous demande d’applaudir debout, mesdames, messieurs, cet homme, c’est William Damseaux, dirigeant de l’Orgaman. William, comme nous avons eu à te le dire, tu ne quitteras jamais le Comité de Direction et le Conseil d’Administration de la Fec tant que Dieu te gardera en vie. La RDC et la Fec ont besoin d’un modèle comme toi devant eux ».

    Les impératifs d’ouverture au monde, l’apport considérable des « étrangers » (individus comme organismes internationaux) à notre économie ainsi que leur appui à nos institutions tant publiques que privées – particulièrement les douze dernières années – nous obligent à ce devoir de gratitude et devraient également nous appeler à tempérer notre « nationalisme » et, même, à bannir ce mot du vocabulaire politique congolais. Son archaïsme et sa dangerosité nous y obligent par ailleurs. Patriotisme oui, nationalisme non. Parce que le premier prône une conception moderne et citoyenne de la communauté politique (l’Etat), laquelle entretient des relations strictement juridiques (droits et devoirs) avec ses membres, tandis que le second a, lui, une conception hitlero-maurrassienne et passéiste de l’Etat faisant référence à la nation en termes de la race, de l’ethnie, de la religion, des « origines », de l’histoire,… D’où son rejet par les partis et les acteurs politiques démocrates, particulièrement en Occident où, depuis les monstruosités produites (notamment le génocide des Juifs) par l’idéologie du parti national-socialiste du IIIème Reich, on regarde avec des yeux écarquillés toute personne qui se dit « nationaliste ». Mais en RDC, on continue curieusement et fièrement à se prévaloir de ce nom !

    Etre Congolais « d’origine » ne veut plus rien dire en ce 21ème siècle. Il y a dès lors lieu d’extirper cet ethnicisme anachronique de la loi congolaise sur la nationalité. Car si l’on accepte qu’il y ait des Belges, des Français, des Américains, des Anglais, des Canadiens d’origine congolaise, il faut bien que l’on accepte – question de cohérence – qu’il y ait aussi des Congolais d’origines belge, française, américaine, anglaise, canadienne, angolaise, soudanaise, rwandaise, etc. Et qu’ils jouissent des mêmes droits – de tous les droits, sans exception – que tous les autres Congolais. Et que tous, bien sûr, ne se mettent pas à servir les intérêts d’autres pays au détriment de ceux de la RDC. La traîtrise d’un citoyen se constate sur base des faits et non pas sur base des a priori portant sur son origine géographique ou de naissance. Les nations modernes et civilisées se veulent intégrantes et protectrices, et non discriminantes. Reposons les questions : les Congolais « non originaires » seraient-ils tous de potentiels traîtres à la nation ? Les Congolais « d’origine » n’ont-ils jamais trahi le Congo ? Ont-ils toujours fait du bien à leur pays et à leurs compatriotes ?

                                                          Wina LOKONDO

  • Extradition de Lumbala : une épine sous Kigali et Kampala

    Extradition de Lumbala : une épine sous Kigali et Kampala

    roger-Recherché par la justice congolaise, Roger Lumbala, cadre de l’ex-Mouvement du 23 mars (M23),  se trouverait présentement à Kigali qu’il a rejoint le vendredi 11 avril à partir de Kampala (Ouganda). Kinshasa appelle aujourd’hui ses deux voisins à le livrer pour répondre de ses crimes. Cette affaire risque de constituer une épine sous les pieds de Kigali et Kampala ou donner lieu à une brouille entre les trois voisins.
    Le M23 défait, c’est aujourd’hui Roger Lumbala, l’un de ses cadres, qui se trouve au centre des préoccupations de Kinshasa. Le petit indice qui a éveillé l’attention de Kinshasa est ce déplacement, presqu’inattendu, de Kigali (Rwanda) effectué depuis le vendredi 11 avril 2014 par Lumbala au départ de Kampala (Ouganda).

    Kinshasa, qui se fonde sur les informations relayées dans les médias, a aussitôt redéployé l’épée de Damoclès qui reste toujours suspendu sur la tête de Roger Lumbala. Poursuivi par la justice congolaise pour de nombreux crimes commis sur le sol congolais, Kinshasa réclame mordicus la tête du député déchu Lumbala. Il exige, à cet effet, la pleine coopération de ses deux voisins, au regard, rappelle-t-il des engagements librement souscrits dans le cadre de l’accord-cadre d’Addis-Abeba.

    Hier lundi devant la presse, Lambert Mende, porte-parole du gouvernement congolais, s’est longuement attardé sur cette question, estimant que « le gouvernement de la RDC engage ses partenaires ougandais et rwandais à respecter les obligations qu’ils ont librement contractées en signant l’accord-cadre d’Addis-Abeba ».

    Pourquoi s’agite-t-on alors à Kinshasa ? Le porte-parole du gouvernement a pris le temps de recadrer. Il note qu’« en des temps ordinaires et pour n’importe quel autre citoyen congolais, cela n’aurait constitué qu’un fait des plus banals, la libre circulation des personnes faisant partie des droits garantis par la Constitution ». Cependant, poursuit-il, « il se fait que ces temps-ci sont perturbés et surtout que monsieur Lumbala fait l’objet de plusieurs mandats d’arrêt de la justice congolaise. Le dernier en date de ces mandats porte sur des crimes déclarés non amnistiables sur lesquels ce compatriote doit être entendu par la justice de son pays ». Il dit aussi avoir préalablement informé Kampala et Kigali de « l’existence de ce mandat de justice en même temps que tous les autres pays membres de la CIRGL ».

    Par ailleurs, Kinshasa s’étonne que Kampala ait pu permettre à Roger Lumbala de faire le déplacement de Kigali. Il en est de même pour Kigali qui a curieusement accueilli à bras ouverts quelqu’un qui s’est volontairement soustrait à la justice de son pays. « C’est pourquoi, dit Lambert Mende, nous sommes fort préoccupés de savoir que M. Lumbala a pu, malgré tout, séjourner en Ouganda et quitter ce pays pour se rendre à Kigali où, selon toute vraisemblance, il séjournerait encore ».

    Un saut dans le vide
    Kinshasa a-t-il les chances de faire aboutir sa démarche ? Ce n’est pas évident. Dans tous les cas, la démarche de Kinshasa est normale sur le plan de la forme. Il y a des choses qu’il reproche à Roger Lumbala. Mais c’est dans l’application de cette demande d’extradition que tout se complique. Du fait de l’absence de volonté de coopération de la part de Kampala qui a accordé son hospitalité à Lumbala en qualité de délégué du M23. Et dire que pendant toute la tenue des pourparlers directs entre la RDC et le M23, Kinshasa n’avait nullement soulevé l’exception du cas Lumbala. Surtout que, par moment, Roger Lumbala s’est présenté comme chef de la délégation du M23 dans la capitale ougandaise.

    Que se serait-il donc passé entre-temps pour que Kinshasa se ressaisisse subitement du cas Lumbala ?  Devant la presse, Mende a tenté d’effleurer le problème, sans pour autant y aller en profondeur. C’est notamment lorsqu’il rappelle qu’en temps normal, la présence de Lumbala à Kigali n’aurait soulevé aucune inquiétude, le droit de déplacement étant reconnu à tout Congolais. Or en reconnaissant que « ces temps-ci sont perturbés », l’on pressent que Kinshasa est au courant d’un coup fourré qui se préparerait contre lui entre Kigali et Kampala. 

    Quid ? Kampala a récemment manifesté son intention de coopérer pleinement autant avec la justice congolaise qu’internationale pour livrer les fugitifs du M23 présents sur son sol. Une démarche unilatérale que Kinshasa a prise avec des pincettes, pour la bonne et simple raison que l’on ne sait pas cerner la sincérité de l’Ouganda.

    Le cas Lumbala risque de brouiller une fois de plus les rapports souvent tendus entre les deux voisins.  En décidant de renvoyer Roger Lumbala à Kigali, Kampala a juste cherché à se débarrasser d’un colis gênant, sachant Kigali ne pourra jamais livrer Lumbala à la justice congolaise. Il n’existe pas entre les deux capitales des accords d’extradition. Raison pour laquelle les Nkunda, Mutebusi et autres ont trouvé refuge à Kigali et sont rassurés de ne jamais être livrés à la justice congolaise. Roger Lumbala fera-t-il exception ? Difficile à dire.

    Pour l’instant, seul le Rwanda connaît les raisons profondes de son refus de coopérer avec la RDC. L’Ouganda est sur ses traces. Preuve qu’il existe un deal entre Kigali et Kampala, au détriment de Kinshasa. Le jeu diplomatique dans les Grands Lacs est basé sur l’hypocrisie et les faux fuyants où naïveté et crédulité font bon ménage.

    Le Potentiel

  • L’absence d’un leadership politique à Kinshasa menace la RD-Congo….

    L’absence d’un leadership politique à Kinshasa menace la RD-Congo….

    Carte géographique du Congo-(rdc)
    Carte géographique du Congo-(rdc)

    On me dira, par ses partisans,  que la question de leadership ne se pose dès lors que  le Vieux est là, c’est-à-dire Tshisekedi. Pour moi, Tshisekedi  avec son combat et sa nature,  la nature de sa lutte, est plus un symbole national, je dirais un « Mythe national » au lieu qu’un leader qui lui doit conquérir le pouvoir et le gérer. Comme Mythe, le Vieux a cessé d’appartenir i à sa famille biologique, à ses enfants et à maman Marthe. Non plus, il n’appartient à son parti politique d’origine l’UDPS.  Et chercher à  s’approprier un mythe, comme tout le monde le fait, est à mes yeux une faute out une erreur de goût.

     

    Le 13 avril 1992, Mandela annonce sa séparation avec Winnie en ces termes : « je suis persuadé que la vie de ma femme a été plus difficile que la mienne. [….] Elle avait épousé un homme qui devait la quitter, […] cet homme était devenu un mythe ; puis ce mythe revenu chez lui et s’était révélé n’être qu’un homme. […] mes enfants m’ont dit : “Nous pensions que nous avions un père  et qu’un jour il reviendrait. Mais à notre grande consternation notre père est revenu et il nous a laissés parce qu’il était devenu le père de la Nation » (Mandela, 1995 :619-620).

     

    Dès lors, on ne peut rien attendre de lui sauf que le mythe on s’en sert par des volontés individuelles qui sont acteurs d’histoire, en vue de mobiliser des masses, de bâtir des nations et de construire des identités nationales. Chaque peuple se fabrique ses mythes pour des objectifs bien précis. Attendre du  mythe  qu’il agisse ou fasse quelque chose,  et dans le type de combat, de libération que mène le peuple  du Congo, relève d’une naïveté grave en politique. Le Mythe, il n’est question ni de l’aimer, ni de ne pas l’aimer. Pour ce qui est du sentiment et du zèle, il faudra l’abandonner à  la masse qui veut et cherche à être séduite mais des volontés individuelles  écrivent, elles, et contribuent à l’écriture de l’histoire. On recourt au mythe comme une arme parce qu’il doit désengager,  provoquer et déstabiliser les positions des adversaires pour qui un peuple qui  entretient son mythe devient dangereux comme il nourrit la mémoire collective.

     

    Les partisans de « Joseph Kabila » affirmeront en toute innocence également que « Joseph Kabila » incarne le leadership du côté de ceux qui s’imaginent appartenir au camp de pouvoir.  « Joseph Kabila »  avec des années passées à la tête de ce qui parait être le pouvoir est plus un « parrain » qui lui-même est parrainé, Avec la fortune amassée et le possibilité de nommer ses thuriféraires à des postes de commandement , une clientèle politique et économique s’est créée autour de lui et non pour ses idées , il n’en a pas,  non pour sa stature, c’est un homme effacé. Il ne fait un pas un leader. Et il ne saura l’être. D’où, je persiste et signe, et ce après moult observations, qu’il manque un leadership au Congo à même de s’émanciper des prisons environnantes et qui nait d’un combat sans merci entre plusieurs forces internes, conscientes de leur existence et agissant comme acteurs  et non comme c’est le cas aujourd’hui des personnages de fiction  pour  incarner des rôles dessinés par autrui.et pour eux.

     

    Je me demande, si réellement ces forces politiques internes existaient, pourquoi elles ont peur de s’affronter pour que de leur affrontement  naisse un leadership qui s’impose et imposable à tous. Ailleurs, des forces politiques s’affrontent et des fois avec des couteaux. Ce n’est pas le cas avec des Congolais et au Congo où tout le monde se terre derrière la masse et le peuple.   .   .

     

    Quelques jours ou mois avant 1997, à la fin des années 1993-1994,  la « classe politique » congolaise de l’époque s’amusait dans des concertations politiques pour trouver qui sera ou ne sera pas premier ministre. C’était en toute innocence et sans s’interroger du lendemain, par exemple des forces extérieures qui elles restent aux aguets depuis 1960 et contrôlent la RD-Congo. Avertie de la maladie de Mobutu et de sa mort prévue, la classe politique congolaise s’est montrée incapable d’anticiper l’histoire et voire de surprendre les acteurs externes. Ces derniers ont fini dans leur combat contre le Congo d’imposer la « tutsisation » du pouvoir à Kinshasa. Tout le monde était surpris et les mobutistes qui étaient chassés du pouvoir et l’opposition contre les Mobutistes,  pour qui seul Mobutu était considéré comme le principal et l’unique adversaire, était également chassé du pouvoir. L’Occident a préféré faire gérer le Congo par Paul Kagamé et son cheval de Troie.

     

    L’histoire a horreur du vide. Et elle risque de se répéter mais encore une fois au détriment de la nation congolaise.  Le peuple du Congo a eu à regarder, à écouter ici et là. Les marchands ue mirage lui ont vendu une certaine idée de la démocratie alors qu’il s’offrait pour le sacrifice. Et d’autres, au nom de la même démocratie,  ont conduit le peuple du Congo aux élections et ce avec promesse d’en finir avec le cas de “Joseph kabila”. Ils l’ont fait en 2006 comme en 2011.  De nouveau, les mêmes  refont surface et ré-entonnent la  même mélodie Malu Malu ici, referendum, constitution, élections. Mais c’est quoi toute cette histoire? Personne ne se rend compte que le peuple en a marre et assez. Que chacun fasse alors ce qu’il comprend. Quant à nous, nous affirmons haut et fort qu’un sentier ne se forme qu’à force d’y marcher dessus”

    Mufoncol Tshiyoyo  

    Président National du Rassemblement pour l’Alternative Politique en RDC. R.A.P-en sigle
    Mouvement Politico-militaire,
    mufoncol_tshiyoyo@yahoo.com,
    004745007236004745007236, Facebook : Mufoncol Tshiyoyo

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  • Étienne Tshisekedi : La trajectoire vers la présidence

    Étienne Tshisekedi : La trajectoire vers la présidence

    Quand le destin d’un homme public coïncide avec la condition et le statut  de son peuple…

    Tshisekedi-De nos jours, s’il existe un acteur politique de la République démocratique du Congo, qui se passe de toute présentation, c’est bel et bien le Dr Étienne Tshisekedi wa Mulumba. Cela est d’autant plus vrai que son nom évoque, à n’en pas douter, la lutte pour le changement politique et démocratique. En d’autres termes, celui-ci incarne, à vrai dire, la résistance pacifique contre la dictature, quelle qu’elle soit, fût-elle militaire ou révolutionnaire. Donc, ce nom dont le magnétisme ou l’aura attire, sur le terrain, l’immense majorité de ses Concitoyens, inspire aussi ‘‘respect’’ et ‘‘considération’’ sur l’ensemble du Continent.

    À cet effet, le Grand Malien Alpha Oumar Konaré qui a eu à diriger les destinées aussi bien de son pays, la République du Mali, que de l’organisation continentale, l’Union africaine (UA), déclare sans atermoiement, sans retenue, à propos de ce grand combattant de la liberté et de la démocratie, de la justice et de la dignité : ‘‘Étienne Tshisekedi est non seulement un Grand Congolais mais surtout un Grand Africain’’. Comprenez par là, pour avoir sans nul conteste mené l’ensemble de ses Compatriotes victimes d’un régime des plus verrouillé et des plus corrompu, à imprimer patiemment le nom de la République démocratique du Congo sur le chemin étroit et périlleux de la démocratie. Tel est, en vérité, le legs de cet homme d’État à l’ensemble de ses pairs. Tel est, en réalité, l’héritage de cet homme public qui, de toute évidence, n’a absolument pas, à l’heure actuelle, réussi à conquérir les plus hautes marches du podium politique dans la mesure où moult embûches se dressent lourdement devant lui. Ceci en dépit de sa véritable stratégie qui s’appuie coûte que coûte, indéniablement, sur les revendications sociopolitiques et socioéconomiques de la population afin d’investir les rouages de l’État.

    Par ailleurs, Étienne Tshisekedi wa Mulumba n’incarne pas simplement la figure emblématique de l’opposition contre la tyrannie. Il ne symbolise pas uniquement la figure de proue d’une lutte prodémocratique au profit de ses Compatriotes. Aussi est-il, en réalité, une méthodologie de combat politique. Aussi représente-t-il une démarche tant philosophique que spirituelle. Celle-ci met, certes, en avant l’intelligence supérieure ou la créativité mentale en vue de garantir les destinées de son pays et, par voie de conséquence, de servir les intérêts primordiaux et vitaux de toute sa population. C’est à ce seul niveau que gît effectivement la pertinence de l’ouvrage paru aux Éditions l’Harmattan et intitulé ‘‘Étienne Tshisekedi, La Trajectoire vers la présidence’ [de la République démocratique du Congo NDLR].

    Ce livre est, en réalité, un essai coécrit par deux Congolais fort avertis et non moins experts des questions nationales. Il s’agit de Mwamba Tshibangu et d’Alexis Kabambi. Ces deux auteurs présentent, à vrai dire, cette particularité et cette singularité d’avoir embrassé la discipline sociologique dans leurs cursus universitaires respectifs. Dans cet ouvrage commun, ces deux observateurs du landerneau politique tentent d’expliquer, tout comme de reconstituer, ce qu’est pratiquement l’itinéraire suivi par le Dr Étienne Tshisekedi wa Mulumba pour finalement briguer le mandat présidentiel.

    Toute la question est de savoir en quoi consiste réellement cet itinéraire, d’une part. Quel en est en fait le fondement ? Cette trajectoire est-elle linéaire ou sinueuse ? Eu égard à la liberté et la dignité du peuple congolais, au combat de libération nationale du despotisme, cette trajectoire est-elle viable ? Est-elle recommandable ? Et, d’autre part, qui a vraiment tracé cette voie menant à la présidence de la République démocratique du Congo pour cet illustre personnage ? Est-ce le Dr Étienne Tshisekedi wa Mulumba lui-même ? Est-ce le Peuple congolais dont il se présente comme l’ardent défenseur ou le fidèle avocat ? Sont-ce les circonstances du combat démocratique qui a pris son envol avec la création irréversible de l’UDPS ? Sont-ce la classe politique, l’élite nationale et les autres intérêts gravitant autour du destin de la République démocratique du Congo ?

    Par ailleurs, cette trajectoire s’est-elle imposée au père de la démocratie congolaise, et ce malgré lui ? Comment et pourquoi ? En d’autres termes, Étienne Tshisekedi wa Mulumba avait-il d’autres choix ? Si oui, lesquels ? Pour connaître les réponses à ces questionnements pertinents, il convient sans tarder de lire cet ouvrage unique qui explique surtout à travers l’histoire et le cheminement politique, y compris le mûrissement idéologique, d’Étienne Tshisekedi wa Mulumba, en plein combat partisan et en pleine action politique, les grands enjeux fondamentaux de la République démocratique du Congo.

    Ce qui est sûr et certain, un homme d’État est par essence celui qui bâtit tout son destin en fonction des aspirations légitimes de ses Concitoyens. Un véritable leader est celui qui construit sa légitimité en fonction des revendications fondamentales exprimées par les membres de son groupe ou de sa communauté. Il assoit leur liberté conformément à leurs attentes sociopolitiques et socioéconomiques. Il exprime mieux que quiconque leurs préoccupations légitimes.

    Ce qui est clair, Étienne Tshisekedi a réussi à s’imposer dans la vie publique comme un vrai et grand leader national. Il l’est indubitablement dans la mesure où il est à la tête d’une frange importante et non négligeable de l’opinion nationale. Celle-ci aspire en fait à la dignité et à la justice, à la liberté et à la démocratie. La lutte quotidienne de Tshisekedi et le combat permanent de ses compatriotes se rejoignent sur ce point focal.

    Le président national de l’UDPS est, à vrai dire, un leader charismatique dans la mesure où il canalise les demandes politiques de celles et ceux qui respirent et transpirent les flétrissures sociales engendrées par le despotisme en tant que refus permanent de l’émancipation d’un peuple martyr qui a, sans nul doute, droit à la sécurité et à la prospérité. En réalité, il est un leader écouté. C’est-à-dire : un véritable poids lourd de la vie politique congolaise dans la mesure où ses déclarations et son silence, ses moindres faits et gestes intriguent. Ceux-ci sont décortiqués avec minutie par ses aficionados, tout comme par ses adversaires et les experts de la vie politique nationale.

    Pour arriver à cette conclusion de ‘‘leadership national’’ propre à Étienne Tshisekedi que d’aucuns qualifieraient sans la moindre retenue de naturel, quelle méthodologie ont-ils effectivement utilisée les deux auteurs? Est-ce la démarche purement fonctionnaliste en décryptant savamment le discours de ce dirigeant politique et l’idéologie de son parti, l’UDPS ? Est-ce la méthode analogique fondée sur la comparaison avec d’autres leaders aussi bien locaux qu’étrangers qui ont émergé de l’espace national ? Sont-ce la démarche fondamentalement perspectiviste qui requiert la variété des paramètres ou facteurs déterminants pour expliquer la réalité objective ou la méthodologie prospectiviste qui anticipe le futur irréversible de la République démocratique du Congo ?

    Pour s’assurer de la démarche méthodologique utilisée par les deux auteurs pour expliquer Étienne Tshisekedi en tant que réalité politique et idéologique, style et méthode, il vous est recommandé de lire ‘‘Étienne Tshisekedi, La Trajectoire vers la présidence’’. Quoi que enrichi de moult anecdotes qui ne laissent nullement indifférent le lecteur, le plus grand intérêt de cet ouvrage coécrit par Mwamba Tshibangu et Alexis Kabambi réside sans l’ombre de doute dans la véracité de cet aphorisme ‘‘À chaque crise un grand homme’’.

    Joël Asher Lévy-Cohen

    Journaliste indépendant

     

     

    Joël Asher Lévy Cohen est journaliste indépendant. En qualité d’analyste politique et social, il est auteur et signataire de nombreux articles, dossiers et reportages portant sur différents thèmes. Il a également rencontré et surtout interviewé, dans le cadre de sa fonction médiatique, plusieurs personnalités internationales relevant du monde politique, économique, culturel, social et humanitaire. Aussi a-t-il couvert plusieurs sommets internationaux et conventions des partis politiques. Parmi les sujets qui lui tiennent particulièrement et singulièrement à cœur, il convient de mentionner les questions de société, la démocratie, les droits humains fondamentaux, la santé et le développement, l’environnement et l’habitat, la religion, la diplomatie et la politique, les communications, la science et la technologie, la culture et les arts, la littérature et les activités sportives.

  • L’ÉGYPTE SOUS DICTATURE MILITAIRE SANGLANTE

    L’ÉGYPTE SOUS DICTATURE MILITAIRE SANGLANTE

     De la révolte à la répression fasciste

     Egypte- soladats            Comment s’effectua le déploiement de la lutte de classe de l’instance économique vers les instances politique et idéologique dans le soulèvement de la classe ouvrière égyptienne entre 2005 et 2014? La lutte de classe des ouvriers égyptiens, amorcée par des grèves sauvages illégales, mais légitimes, pour le maintien du pouvoir d’achat, contre la misère, se sont enlisée dans le marécage des combats intercapitalistes opposants la faction Moubarak et la faction post-Moubarak, toutes deux alliées de l’armée soutenues par l’impérialisme étatsunien ; et d’autres factions bourgeoises, que faute de mieux nous identifierons comme «islamistes», soutenues par l’Émirat arabe du Qatar et par le Royaume wahhabite saoudien. La classe bourgeoise dirige tout dans les sociétés capitalistes, y compris les organisations de masses du prolétariat et la mission de la petite bourgeoisie infiltrée aux postes de commande du mouvement ouvrier est de dévoyer les luttes des ouvriers. La petite bourgeoisie égyptienne, soutenue par les médias sociaux et par les ONG de proximités, est accourue sans déparer apporter sa duplicité dans la mêlée de cette échauffourée des ouvriers.

     

                Ce sont ces collabos petits-bourgeois à la solde qui répandirent le tumulte à propos d’un duel religieux archaïque entre les Frères musulmans, les djihadistes islamistes et les Salafistes momifiés affrontant les sous-fifres «socialistes», laïcs, révolutionnaires des salons et des balcons, et qui se termina par le coup d’État qui imposa les larbins de l’armée d’opérette (gestionnaire de 40% des ressources économiques du pays) puisque le peuple ne se résignait pas à élire l’homme de paille qu’on lui avait désigné.

     

                C’est la petite bourgeoisie à travers ses organisations politiques sociales-démocrates, gauchistes et islamistes, soutenues par la télé et les grands médias à la solde qui se sont acquittés de la mission de détourner le mouvement ouvrier et le mouvement populaire afin de lui confisquer la direction de sa lutte de classe qui s’était d’abord développée sur le front économique par des grèves contre la dépréciation des salaires et les congédiements ; par des manifestations contre les hausses de prix, l’érosion du pouvoir d’achat, la dégradation des conditions de vie, par des occupations contre la dégradation des services publics, le chômage, la faim et la pénurie de logements. Puis, peu à peu, la lutte s’est répandue sur le front politique par la remise en cause du pouvoir bourgeois nationaliste et compradore sur l’appareil d’État aliéné.

     

                C’est ici que la bourgeoisie est intervenue le plus violemment et le plus efficacement en proposant le mot d’ordre «Moubarak Dégage!», transformant idéologiquement et politiquement un soulèvement qui menaçait de renverser toute la superstructure d’État en une revendication pour obtenir des élections bourgeoises afin que la population choisisse son tyran parmi quelques candidats préautorisés, encadrés par l’armée des milliardaires égyptiens nationalistes et chauvins et par les capitalistes compradores.

     

                C’est la Secrétaire d’État des États-Unis qui au nom de la classe capitaliste monopoliste internationale donna son aval au limogeage de Moubarak et à son remplacement via des élections «libres» de l’intervention des ouvriers où elle n’avait aucun doute, les entreprises américaines organisatrices professionnelles de manifestations électorales bidons parviendraient à orienter le vote de la populace vers l’un ou l’autre des candidats accrédités par l’establishment. L’armée pharaonique égyptienne entérina cette manœuvre et mit tout en œuvre pour sa réalisation, réprimant à l’occasion la faction compradore toujours fidèle au Raïs déchu.

     

                C’est ainsi que les phalanges petites-bourgeoises des fronts de gauche alambiqués se sont mises en marche dans l’instance idéologique et politique (média, assemblées, manifestations, occupations, agitation électorale) afin de détourner le soulèvement ouvrier violent vers ce marigot électoraliste du crétinisme parlementaire. Tout fut mis en œuvre pour qu’en aucun temps la conscience de classe «en soi» et la lutte spontanée sur le front économique ne débouchent sur une prise de conscience de la classe «pour soi – pour elle-même» en une insurrection pour la conquête de tout le pouvoir d’État (instance politique et sphère militaire) par la classe ouvrière égyptienne.

     

                Une fois l’affaire engagée en direction d’élections bidon tout était perdu. En effet, à l’occasion d’une élection démocratique bourgeoise, ce qui est décisif c’est le contrôle de l’appareil de gouvernance (processus électoral), le contrôle de la machine de propagande et des ressources financières nécessaires pour une campagne électorale frauduleuse (des centaines de millions de dollars sont requis). Sur tous ces fronts, la classe ouvrière est démunie. Elle redevenait ainsi spectatrice de son destin politique, idéologique et économique.

     

     

    Plan d’attaque de la communauté internationale contre l’Égypte

     

                Le plan militaro-étatsunien était simple. Les meilleurs organisateurs d’élections bidon (des firmes américaines de renom) se déployèrent sur l’Égypte toute entière et menèrent tambour battant, à force d’argent, une campagne débridée en faveur de quelques candidats à leur solde. Leur ex-agent égyptien des services secrets de l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA), maître El Baradaï, faisait partie de ce lot sélect. Cependant, ces «faiseux» d’élection ne savaient pas comment ce peuple expérimenté allait voter. Les Égyptiens boudèrent cette mascarade électorale déçus d’avoir été floués dans leurs revendications pour du pain, de l’eau, du travail, des salaires suffisants, des logements salubres et des services municipaux – les véritables revendications du «Printemps arabe».

     

                Comme il était facile de le prévoir, les magouilles de l’armée de métier de la section compradore de la grande bourgeoisie égyptienne et du Secrétariat d’État américain firent long feu et aucun de leurs candidats ne perça le mur de rejet que le peuple égyptien opposa à ces brigands électoraux surfaits. Pendant ce temps les alliés des Étatsuniens, les royaumes du Qatar et d’Arabie Saoudite menaient leurs propres magouilles en sous-main. Les étatsuniens firent contre mauvaise fortune bon cœur et complotèrent avec les nouveaux maîtres «salafistes – wahhabites » du Majlis Al-Chaab.

     

                La participation aux élections bidon fut modeste – une large portion des ouvriers égyptiens ayant compris qu’on les avait floués de leur révolte et qu’ils n’avaient rien obtenu contre le sang versé par leurs camarades sur les barricades. Grâce à l’argent de l’Arabie Saoudite et du Qatar, les cliques islamistes de tout poil, demeurées sur la touche pendant le Printemps d’Égypte, recueillirent les fruits de leur résilience dans l’opposition officielle au Parlement du Caire des bouffons discrédités – l’élection fournit 75 % du vote aux divers partis islamistes.

     

                L’armée (40 % du PIB national égyptien), la grande bourgeoisie pharaonique (sections nationaliste et compradore) et le Secrétariat d’État étatsunien ne pouvaient que s’incliner et attendre, tapis dans l’antichambre, une chance de reprendre l’initiative après cette première liquidation de la «Révolution» dont héritèrent les Frères musulmans, ces représentants de l’autre faction de la bourgeoisie égyptienne dépravée.

     

    Tensions dans le camp de la communauté internationale

     

                Une explication s’impose. Les altermondialistes, les gauchistes, les pseudo socialistes, les thuriféraires experts universitaires et divers spécialistes patentés, de fait, tout ce qui grouille et grenouille à gauche de l’échiquier politique vous diront que l’Arabie Saoudite et les Émirats Arabes Unis sont les bâtards de l’impérialisme étatsunien et que les chiens qui aboient ne mordent pas la main qui les pourvoit.

     

                C’est une erreur. Le capitalisme monopoliste ne signifie jamais la disparition de la concurrence entre pays complices, mais, au contraire, l’exacerbation de la concurrence contre l’alliance ennemie, mais aussi au sein même de l’alliance amie – portée à son niveau suprême – acharnée – impérialiste. Ainsi, même si l’Arabie Saoudite et le Qatar font partie du camp Atlantique, dirigé par les États-Unis d’Amérique, cela n’empêche pas ces pays d’avoir des ambitions dans cette région à travers les Salafistes et les Wahhabites, jusqu’au point de s’opposer à leur chef de meute. D’autant plus que le parrain américain est sur son déclin et que le vieil impérialisme éventé ne parvient plus à imposer son autorité sur sa horde incontrôlée.

     

                Très peu de supposés experts et analystes occidentaux l’ont souligné, mais la guerre successorale est enclenchée dans le camp occidental et le vieux parrain-requin américain édenté a de la difficulté à conserver le contrôle sur son clan et ses affidés. De toute façon le chef de meute étatsunien a plus urgent à faire que de contenir un clan contre une autre tandis que l’impérialisme chinois ascendant sonne aux portes de la Jéricho d’Occident.

     

    En Égypte pendant ces malversations occidentales

     

                Le Frère Morsi s’installa donc au pouvoir au nom de sa confrérie et de sa section de la bourgeoisie du pays. Pendant ce temps le Sphinx militaire n’était pas démuni. Il attendait circonspect – impassible – inamovible – la revanche du prétendant au strapontin. Ce qui devait arriver arriva et l’armée ne fut pas fâchée d’alimenter le brasier des affamés urbains et ruraux et des ouvriers désœuvrés et sous-payés qui n’avaient rien gagné du sang versé dans les échauffourées. Ils revinrent Place Tahrir réclamer du pain, de l’eau, des emplois, des salaires décents, des services et des logements.

     

                Les petits bourgeois aiment à parler de la lutte pour la dignité, la justice sociale et la liberté. De quelle justice sociale, de quelle liberté et de quelle dignité recouvrée parle-t-on quand le père ne peut faire vivre sa famille et que le fils ne peut se marier et fonder une famille faute de logement et d’emploi, que la mère ne peut préparer le dîner faute d’eau dans le taudis mal famé, et que l’enfant ne peut fréquenter l’école sans souliers, et que de toute façon même diplômé le jeunot sait que le caniveau sera son écot?

     

                Tous les ouvriers et tous les employés égyptiens savent bien que le Coran ne fait pas manger et qu’une mosquée, ça ne nourrit pas. L’armée le sait aussi et elle maintenait l’agitation trop heureuse de pêcher en eau trouble. Ses hommes de main n’ont pas réussi à chaparder les premières présidentielles, mais ils comptent bien se reprendre à l’occasion d’une deuxième mascarade électorale des présidentiables.

     

                Ça bougeait au Caire et ça sautait à Alexandrie. La grogne populaire et ouvrière ne désemparait pas et remontait à l’assaut du parlement, du gouvernement, du Président insignifiant, alors que l’armée, toujours omniprésente dans la vie politique, économique, juridique et militaire du pays, plaçait ses pions, conservait le ministère de la guerre et laissait les choses se dégrader, non sans apporter sa contribution à propos de «l’islamisme outrancier» de ce Président qui représentait la faction opposée de la bourgeoisie égyptienne et occidentale.

     

                Après moult échauffourées le 3 juillet 2013, l’État-major des armées arrête le Président Morsi, s’empare du pouvoir suprême et transfert le commandement au tyran d’opérette le maréchal Sissi la casquette. Un nouveau coup d’État s’ensuivit comme les puissances impérialistes nous ont habitués à en observer dans les pays néo-colonisés, cette fois au nom de la laïcité et de la démocratie bourgeoise bafouée.

                Hier c’était pour cause de possessions d’armes de destruction massive qui ne se trouvait nullement à Bagdad, mais bien plutôt sur les porte-avions étatsuniens amarrés dans le golfe Persique. Avant-hier c’était pour stopper Al-Qaïda cet enfant de Belzébuth que la CIA a enfanté en Afghanistan. Demain ce sera pour détruire un réacteur nucléaire de l’autre côté du Golfe du pétrole que la Septième Flotte souhaite éventuellement fermer à la circulation maritime histoire d’étouffer ses concurrents pétroliers ouest-européens et gonfler le prix du carburant étatsunien.

     

                Une partie de la populace égyptienne, fourvoyée-trompée par les Frères musulmans et leur camp, s’est portée de bonne foi à la défense du Président élu légalement et déchu illégalement par un coup d’État évident, tandis que les salariés continuent de réclamer ce qu’ils ont toujours demandé – peu leur importe que ce soit Tataoui – Morsi – Sissi – El Baradai – ou un autre pion qui leur donne satisfaction, ils crient pour leur survie.

     

    La go-gauche réformiste démocratique-laïc et complice

     

                À la remorque de l’armée et de sa faction d’opposition, soi-disant démocratique – à condition que les élections bidon leurs donnent raison – voilà la go-gauche sans principes, perdue, éperdue, regroupée derrière l’armée égyptienne qui a mitraillé les ouvriers hier et qui les assassinera demain, sitôt que leur pantin aura été porté au pouvoir et qu’il ne pourra pourvoir à aucune des revendications de ce peuple malandrin.

     

                Voici les plumitifs de la go-gauche acclamant sans honte l’armée en jacquerie. L’armée fasciste de Moubarak (sans Moubarak), qu’incidemment elle a libéré de prison… Pourquoi continuer à jouer les justiciers puisque le coup fourré n’a pas marché «Autant libérer notre ex-généralissime Moubarak» se sont écriés les généraux rebellés.

     

                Revoilà la go-gauche hurlant sa loyauté à la laïcité «démocratique» et aux phalanges fascistes de cette armée de meurtriers, et à leurs mercenaires pseudo-révolutionnaires, recrutés parmi les djihadistes comme le font tous les capitalistes de cette contrée pour mener à bien la reprise en main de l’appareil d’État.

                Tous auront compris que sitôt la faction des Frères musulmans et les commettants de Mohammed Morsi écrasés les canons des fusils de l’armée, des services secrets, de la police et des mercenaires importés se sont tournés contre la rue – les ouvriers, le peuple affamé, découragé, trompé, qu’aucun chef d’État égyptien, élu ou désigné, ne pourra jamais calmer; la crise économique mondiale est hors de leur portée et ces gouvernants galopins-pantins ne songent nullement à renverser radicalement le capitalisme pour construire le socialisme.

     

                En lieu et place, ils massacrent… sous les acclamations des larbins de la go-gauche : «Le 24 mars, l’Égypte des militaires a condamné 529 partisans à mort, pour leur rôle dans les violentes émeutes de Minya, en Haute-Égypte, en août dernier. Les émeutes avaient éclaté après la violente dispersion de sit-in en soutien au président déchu Mohammed Morsi. Des centaines de ses partisans avaient été tués. Un policier était mort, un crime dont sont accusés et condamnés à mort 529 manifestants (!)».

     

    robertbibeau@hotmail.com

  • le choix de Kabila, entre rester ou partir en 2016

    le choix de Kabila, entre rester ou partir en 2016

    Joseph-Kabila-Tueur-Joseph Kabila sera-t-il le premier président de la République démocratique du Congo à couler une retraite paisible ou va-t-il chercher à s’accrocher au pouvoir à tout prix ? La question se pose avec une acuité nouvelle à Kinshasa après les récentes déclarations de son camp.

    La Majorité présidentielle (MP) a annoncé le 21 mars qu’elle envisageait “sérieusement” de modifier la Constitution par voie référendaire afin de changer le mode de scrutin des élections provinciales censées avoir lieu en 2015.

    Cette coalition autour du Parti du peuple pour la reconstruction et la démocratie (PPRD) a aussi lié la tenue de la prochaine présidentielle à l’organisation d’un recensement administratif, ce que l’opposition dénonce comme une opération destinée uniquement à retarder l’échéance électorale.

    La MP assure néanmoins qu’il ne sera “jamais question pour [M. Kabila] et sa famille politique de comploter contre la République ou la Constitution”.

    M. Kabila, âg& de 42 ans et déjà 13 ans de pouvoir, doit quitter son poste en décembre 2016: La Constitution lui interdit de briguer un nouveau mandat.

    A l’heure où d’autres présidents africains y réfléchissent (Blaise Compaoré au Burkina Faso) ou s’y essayent (Pierre Nkurunziza au Burundi), M. Kabila, comme son voisin de la République du Congo, Denis Sassou Nguesso, est fortement soupçonné de vouloir modifier la Constitution pour rester en place.

    Survenant après plusieurs déclarations équivoques de proches du chef de l’Etat, les annonces de la MP sont loin d’avoir levé les doutes de l’opposition, d’autant que certains, au sein de la majorité, font du zèle, tel ce haut cadre du PPRD, qui a lancé une initiative populaire de révision de la Constitution pour permettre à M. Kabila de “continuer son oeuvre” après 2016.

    L’intéressé se tait, et ce silence alimente toutes les théories

    “Mais il n’y a rien de concret sous ces spéculations”, car M. Kabila “ne s’est pas encore décidé” écrit Kris Berwouts, spécialiste de l’Afrique centrale, sur le site internet African Arguments.

    – Entrer dans l’Histoire ?-

     

    On est dans le domaine de l’”hypothèse”, reconnaît Samy Badibanga, chef du groupe parlementaire de l’Union pour la démocratie et le progrès social (UDPS), première formation de l’opposition.

    Néanmoins, reproche-t-il, “au lieu […] de s’assurer une sortie honorable, le pouvoir en place fait de la résistance et voudrait expérimenter des formules périlleuses”.

    Ex-meilleur allié de M. Kabila, Vital Kamerhe, président du troisième parti de l’opposition, l’Union pour la Nation congolaise (UNC), a dénoncé une volonté de “coup d’Etat constitutionnel”.

    MM. Badibanga et Kamerhe redoutent que le projet de révision de la Constitution annoncé pour changer le mode de scrutin des provinciales ne soit qu’un prétexte pour toucher plus largement à la loi fondamentale, et faire sauter les verrous qui empêchent M. Kabila de briguer un nouveau mandat.

    Il serait alors question de transformer le quinquennat présidentiel en septennat, ou de changer le mode de désignation du président, pour qu’il soit élu par les députés et non plus au suffrage universel direct.

    M. Kabila a succédé à son père Laurent-Désiré Kabila en janvier 2001, le jour où ce rebelle devenu président par la force des armes était assassiné.

    Il a remporté en 2006 les premières élections démocratiques organisées dans le pays, mais sa victoire de 2011, facilitée par une révision de la Constitution ayant ramené la présidentielle à un tour de scrutin, a été entachée de fraudes massives, dénoncées par l’opposition et la communauté internationale.

    Depuis l’indépendance du pays en 1960, aucun des trois chefs de l’Etat ayant précédé M. Kabila n’a quitté le pouvoir à l’occasion d’un passage de flambeau démocratique. Le premier, Joseph Kasa-Vubu a été déposé en 1965 par le dictateur-maréchal Mobutu Sese Seko, lui-même chassé du pouvoir 32 ans plus tard par Kabila père.

    “Qu’il quitte le pouvoir de façon digne, et Kabila entrera dans l’Histoire”, estime M. Kamerhe

    © 2014 AFP