Tag: Analyse

  • Pourquoi les Africains sont-ils huit fois plus nombreux aujourd’hui qu’il y a 100 ans ?

    Pourquoi les Africains sont-ils huit fois plus nombreux aujourd’hui qu’il y a 100 ans ?

    afrique-La démographie africaine a connu une énorme croissance en un siècle, passant de 130 millions d’individus en 1900 à plus de 1,1 milliard aujourd’hui. Quelles sont les raisons d’un tel boom démographique ? Les historiens ne sont pas unanimes sur la question : il existerait en effet plusieurs causes possibles à ce phénomène.

    Certains spécialistes l’expliquent par les interventions coloniales qui auraient amélioré le secteur de la santé en réduisant les famines et de surcroit le taux de mortalité. Pour d’autres, la période coloniale a favorisé les opportunités économiques des jeunes hommes africains, ce qui leur a permis de se marier plus tôt et donc, de fonder une famille plus rapidement. Une autre hypothèse est que les familles auraient été poussées par les colons à augmenter le nombre de têtes dans leur famille afin de créer de la main d’oeuvre.

    Selon Shane Doyle, maître de conférence à l’Université de Leeds en Angleterre et auteur du livre “Before HIV, Sexuality, Fertility and Mortality in East Africa, 1900-1980”, le boom démographique viendrait aussi d’un changement de moeurs. À l’époque, les mentalités commençaient à changer et les enfants hors mariage étaient de mieux en mieux acceptés.

    Déjà en 1920, les épidémies principales connues en Afrique ont été contrôlées grâce à l’instauration des pratiques de vaccination et d’installations sanitaires.

    L’entre-deux-guerres a vu l’apparition de nouveaux médicaments sur le marché, notamment les antibiotiques contre les infections sexuellement transmissibles. La diminution de la famine et l’augmentation des naissances médicalisées ont aussi joué un rôle.

    Bien qu’elle soit efficace concernant ses traitements, la médecine coloniale l’était bien moins lorsqu’il s’agissait de changer les comportements via ses programmes d’éducation à long terme. Cette lacune s’est surtout ressentie lors de la propagation du virus VIH en Afrique au début des années 1980. Le virus, ainsi qu’un déclin de la fertilité, ont ralenti la croissance démographique du continent. En 1989, le taux de VIH dans les zones les plus touchées d’Afrique, comme le Botswana, a atteint environ 37 %.

    Aujourd’hui, l’augmentation de l’âge moyen du premier rapport sexuel et l’utilisation croissante des préservatifs ont permis d’enrayer cette augmentation vertigineuse, même si celle-ci reste forte. Certains historiens parlent de surpopulation des villes suite à l’exode rural et annoncent le retour des graves crises alimentaires qui avaient décimé l’Afrique de 1960 à 2000.

    (Le Vif)

  • A Kinshasa, l’atmosphère politique est aussi délétère que celle des fosses de Maluku

    A Kinshasa, l’atmosphère politique est aussi délétère que celle des fosses de Maluku

    Colette Braeckman
    Colette Braeckman

    -La découverte de la fosse commune de Maluku, où 421 personnes ont été inhumées de nuit dans la nuit du 19 au 20 mars dernier a produit au Congo un double choc, psychologique et politique et les explications officielles n’ont pas dissipé le malaise.
    Rappelons que, selon les autorités provinciales de Kinshasa, les corps emballés dans des housses de plastique étaient ceux d’indigents et d’enfants morts nés, abandonnés dans plusieurs hôpitaux de la ville (Saint Joseph, Mont Ngaliéma) et rassemblés à la morgue de l’hôpital général (ex-Mama Yemo). La capacité de la morgue ne dépassant pas 300 places, décision fut prise de procéder à un enterrement collectif des dépouilles que nul n’avait jusque là réclamé.
    Ce lundi, le gouvernorat de la ville de Kinshasa prévoit d’ailleurs d’organiser à l’hôpital général une séance d’information afin d’expliquer le processus d’enfouissement des corps et de montrer que depuis l’opération de mars dernier, la morgue compte déjà une centaine de nouveaux cadavres non réclamés. Un travailleur social de Kinshasa, joint par téléphone, refuse de politiser le dossier : « le fait que, dans cette ville de dix millions d’habitants, des indigents puissent mourir sans que leur corps soient réclamé est un effet de la misère généralisée : les deuils coûtent cher, la solidarité familiale diminue. Quant aux corps des enfants morts nés, l’usage voudrait que les fœtus soient incinérés, comme le placenta. Mais les hôpitaux de la ville ne possèdent plus d’incinérateur, seuls les musulmans ont encore les moyens de brûler les corps… Et si l’enfouissement a eu lieu au milieu de la nuit, c’est pour une raison très simple, éviter la chaleur du soleil».
    Cette confirmation de la misère qui règne à Kinshasa ne surprendra que ceux qui se contentent de saluer les chiffres d’une croissance à deux chiffres, sans se préoccuper du fait que la population ne voit pas-encore- les retombées d’un progrès économique qui ne s’accompagne pas de développement social…
    Pour Kalev Mutomb, chef de l’ANR (Agence nationale de renseignements) que l’opposition accuse d’avoir « vidé ses cachots » et dissimulé dans l’inhumation collective de Maluku les corps de manifestants disparus en janvier, ces accusations « méchantes » n’ont aucun sens et son témoignage, en un sens, confirme la misère sociale qui règne dans la capitale: « chaque matin, on ramasse des corps dans les caniveaux, on les amène à la morgue centrale puis le permis d’inhumer est délivré et un procès verbal est rédigé. Dans le cas précis de Maluku, ce sont les autorités provinciales qui ont signalé que dans le cimetière Fula Fula, il y avait encore de la place, ailleurs c’était complet… Le transfert des corps a été réalisé par des fossoyeurs dépendant de la municipalité sans qu’aucun agent de la police ou des services de renseignements ne se trouve à bord… De toutes manières, la Monusco, comme le Procureur général de la République ont été chargés de mener une enquête. »
    Qu’il s’agisse du gouverneur de Kinshasa ou des autorités provinciales, tous les officiels assurent qu’il n’y a aucun lien entre les victimes des manifestations de janvier et les corps enfouis à Maluku, mais sans réussir à convaincre l’opinion : beaucoup de familles n’ont pas récupéré les corps des étudiants portés disparus en janvier, les chiffres des victimes demeurent contradictoires, le nombre d’indigents ensevelis dans l’anonymat paraît démesuré. Selon un représentant de la société civile, la brutalité de l’opération, présentée comme « routinière », « la quatrième en moins d’un an… »a provoqué un véritable « choc psychologique » au sein d’une population qui demeure traumatisée par les atrocités commises durant les guerres à l’Est du pays, qui refuse de croire que des morts puissent être traités avec un tel manque de respect et que,pour des raisons souvent économiques, les rituels du deuil ne puissent plus être observés.
    Pour Ida Sawyer, de Human Rights Watch, «le gouvernement doit mener une enquête crédible pour faire la lumière sur cette affaire, notamment sur l’identité des personnes enterrées et donc exhumer les corps… » La Belgique insiste également sur une enquête «crédible et indépendante » et est prête à libérer des fonds à cet effet.
    Si l’affaire des fosses communes de Maluku suscite un tel malaise, c’est aussi parce qu’en plus du malaise social, elle s’ inscrit dans un climat politique délétère : l’opposition multiplie les interpellations sur le sujet mais surtout la majorité présidentielle elle même est divisée.
    A moins de deux ans des prochaines élections tout ses passe comme si la bataille de l’ «après Kabila » avait déjà commencé, et plusieurs « hommes forts » à la tête de courants différents, se positionnent : le premier Ministre Matata Mponyo, le Ministre de l’ Intérieur Evariste Boshab (qui a promis une enquête sur Maluku), le président de l’Assemblée Aubin Minaku, (qui avait renoncé à changer la loi électorale), sans oublier les chefs de l’armée et les responsables des services de renseignements, comme Pierre Lumbi (opposé au changement de la Constitution) ou Kalev Mutomb, auxquels les politiques, soucieux de leur avenir, -avec ou sans Kabila- aimeraient faire porter le chapeau des disfonctionnements actuels. A ces considérations politiciennes se mêlent des enjeux ethniques ou régionaux (le très puissant Evariste Boshab est un Kasaïen, Kalev Mutomb est Katangais mais opposé au gouverneur Moïse Katumbi…)..
    Ces ambitions et ces rivalités autorisant bien des coups bas, l’atmosphère politique risque de devenir aussi délétère que celle des fosses de Maluku…

    (Colette Braeckman)

  • Elections et inhumation collective: L’Udps récupère la blague “Mungul Diaka” !

    Elections et inhumation collective: L’Udps récupère la blague “Mungul Diaka” !

    Logo_UDPS-“Bakombaka esika ya matanga te !“. Traduction littérale : ” On ne balaie pas au lieu mortuaire !“. Mungul Diaka, le seul et l’unique opposant à avoir eu le courage inouï de remplacer Etienne Tshisekedi en octobre 1991, avait légué aux Zaïrois cette blague de mauvais goût pour justifier son incapacité de rendre propre la capitale. Il avait, en fait, estimé le Zaïre en deuil et l’environnement non indiqué pour engager des réformes devant restaurer l’Autorité de l’Etat. Ironie du sort : 24 ans après, voilà l’Udps, par la voix du secrétaire général Bruno Mavungu, se déclarer non intéressée par le processus électoral au motif de pleurer ses combattants qui se trouveraient parmi les indigents, les foetus et les mort-nés ensevelis dans la fosse commune de Maluku. Ainsi, le parti est non partant pour les élections provinciales alors que le dépôt des candidatures débute ce mercredi 15 avril 2015. Une façon de s’auto-exclure du processus électoral. A l’Udps, l’auto-exclusion commence toujours par ce jeu-là…

                Mise en ligne à 9h51, la dépêche du site www.radiookapi.net date du 12 avril 2015. Il en ressort que ” La Commission électorale nationale indépendante (Ceni) confirme l’ouverture des Bureaux de réception et traitement des candidatures (BRTC) au 15 avril prochain à travers le pays. Elle a fait cette annonce dans sa décision, rendue publique le samedi 11 avril au cours d’une Assemblée plénière tenue à Kinshasa. Installés dans les antennes de la Ceni à travers le pays, les Bureaux de réception et traitement des candidatures seront opérationnels du 15 avril au 5 mai prochain“.

                L’information émane de Flavien Misoni, secrétaire exécutif de cette institution qui, au passage, relève la dépêche, “a indiqué que la Ceni déploie au même moment les outils de sensibilisation tels que les guides de candidats et électeur ainsi que les dépliants et affiches, illustrant les différentes étapes à suivre par le candidat le jour du scrutin“.

                Comme pour rassurer l’opinion concernée, il est fait état de la venue imminente, à Kinshasa, ” des experts en charge de l’audit interne de du fichier électoral“.

                Rapporteur de la Céni, Jean-Pierre Kalamba, a apporté des précisions utiles sur les provinciales. Notamment en ce qui concerne la répartition des sièges. Celle-ci se fait  conformément à la loi n°11/014 du 17 août 2011 encore en vigueur, car elle n’a jamais été abrogée. Cette précision est utile dans la mesure où la loi évoquée répartit les sièges en fonction des 26 provinces. Pour rappel, la représentation des sénateurs est basée sur ces provinces-là et non sur les 9 provinces actuelles. Autre précision : les provinciales qui se tiennent le 25 octobre 2015 s’inscrivent “dans la logique du cycle électoral, entamé depuis le 28 novembre 2011“. Du reste, il va falloir élire près de 780 députés provinciaux.

    Au final, elle se plaindra encore d’exclusion !

                A l’Udps, on le sait bien : le processus électoral complet comprend les locales, les municipales, les urbaines, les provinciales (desquelles sont issues les sénatoriales et l’élection des gouverneurs de province), les législatives et la présidentielle. Mieux, on sait qu’après la présidentielle et les législatives du 28 novembre 2011, les arriérés électoraux sont les provinciales, les urbaines, les municipales et les locales.

                Le calendrier électoral global publié par la Céni le 12 février 2015 prévoit les provinciales,  les municipales et locales le 25 octobre prochain. Dans les six mois.  

                Dans le cadre des élections de 2006, l’Udps s’était opposée radicalement à un calendrier commençant par le sommet à la base. Elle avait exigé celui partant de la base au sommet, arguant pour ce fait une résolution du Dialogue intercongolais. Pour des raisons qu’elle est seule à connaître, elle va accepter, dans le cadre des élections de 2011, le calendrier contraire.

                Conséquence logique : elle ne peut pas récuser les provinciales qui permettront, à terme, l’élection des sénateurs (qui représentent les provinces, selon l’article 104 de la Constitution) et des gouverneurs de province.

                Le dépôt des candidatures démarre le 15 avril pour se terminer le 5 mai2015, car avant le scrutin, il y a des préalables à remplir. A savoir la transmission des données des candidats députés provinciaux et la délibération par l’assemblée plénière de la Céni, la publication des listes provisoires des candidats députés provinciaux, les contentieux des candidatures (dépôt et traitement des recours) des candidats provinciaux, la publication des listes définitives des candidats députés provinciaux, la campagne de sensibilisation électorale sur le vote des députés provinciaux et la campagne électorale pour les députés provinciaux.

                En arguant du deuil observé (il paraît que c’est 40 jours), période au cours de laquelle le fonctionnement de l’Etat et de la Nation doit s’arrêter pour pleurer les personnes (encore non identifiées) enterrées dans la fosse commune de Maluku, l’Udps – qui n’a jamais organisé une telle cérémonie pour les victimes du massacre de l’Université de Lubumbashi, les victimes de la Marche des Chrétiens, les victimes de différentes opérations “ville ou journée morte”, les victimes de Makobola, Mwenge et Kasika, les victimes du 26 novembre 2011 (jour de clôture de la campagne électorale), voire les victimes toutes récentes de Beni – veut s’offrir une énième occasion pour remettre en cause le processus électoral relancé.

                Au final, elle se plaindra encore d’exclusion !

                C’est stratagème-maison permet au lider maximo de ne pas se mouiller et de garder surtout son statut d’éternel opposant. Le seul qui sied à son combat politique.

    Omer Nsongo die Lema

  •    L’heure est au soulèvement populaire en RD-Congo

      L’heure est au soulèvement populaire en RD-Congo

    Mufocol Tshiyoyo
    Mufocol Tshiyoyo

    -Aucun « parti politique » ne s’assigne comme mission la libération d’un peuple du joug d’une domination. Le principal objectif qui milite en faveur de sa création est la conquête et l’exercice du pouvoir. Et non le soulèvement populaire, sinon aucun parti politique n’aurait été légalisé et voire autorisé à fonctionner. Et si on rassemblait quelques éléments définitionnels ici et là, on dira aussi qu’un parti politique est une organisation de type partisane. En ce sens que des citoyens qui en rejetteraient les idées ou l’idéologie traineront les pieds quand il s’agirait de sympathiser avec lui. Ce qui laisse entendre qu’Ils n’en deviendraient jamais membres. Et nous voilà plongés dans une forme de division, subdivision et de séparatisme pendant que des moments historiques, comme c’est le cas aujourd’hui en RD-Congo, exigent et attendent du peuple son unité et son union comme le sont les éléments d’une même machine appelée à générer ensemble un produit fini. Ici, il est question d’une révolution populaire.

     

    L’état d’exception que la RD-Congo connait actuellement, celui d’occupation ainsi que de la domination étrangère et du type colonial, exige de tous ses enfants, voire leur impose le refus de clivage et de toute division à caractère partisane. C’est pourquoi je trouve que l’idée même d’appartenance à un parti politique quelconque, et je précise dans le contexte actuel de la RD-Congo, relèverait, pour ma part, d’une faute grave de lecture historique. Ce serait à la fois une confusion de nature de l’adversaire, de son adversité et aussi de la lutte que ce type d’adversaire impose aux peuples qu’il se dit dominateur.

     

    Voilà que l’on assiste, et sans surprise d’ailleurs, à une sorte de cirque dans laquelle sont engagés différentes organisations dites partis politiques en RD-Congo. Dans une distraction de posture, le « posturalisme », elles se divertissent mutuellement alors que l’adversaire, dont l’action et le projet lui exigent de demeurer aux commandes et aux aguets, n’en demande mieux. Car il est le premier à en tirer profit. Diviser et avoir la possibilité d’opposer des proies qui, en se réclamant tous de lui, se livrent à son jeu de distribution de moyens financiers, notamment argent et statuts et d’administration de rôle. Naissent alors la jalousie et une perte de temps vers la voie de l’émancipation de l’homme congolais. Et chaque partisan qui apporte aussi son soutien à son gourou renforce et entretient la désunion et bien sûr en toute naïveté.

     

    Ce dont il est question en RD-Congo, et aujourd’hui, est la révolution, le soulèvement populaire d’un peuple contre un système de « marionnettisation » de l’homme congolais. Et lequel système a longtemps sévi dans ce pays. Je ne parle, ni ne cite ici des hommes, mais qui en seraient-ils, sinon des simples conséquences qui n’influent sur le système. Nous, comme peuple, devons assumer le courage et la lucidité d’affronter le système, le fameux Dr Folamour. Cette dure et lourde tâche relève de la responsabilité du peuple. Aucun parti politique n’a jamais conduit vers une révolution dans son sens propre. Et je trouve même que des partis politiques en Afrique constituent un piège. Leur création et existence engendrent et renforcent des maux tels que le tribalisme, le clientélisme et tant d’autres. Ainsi des Luba s’aligneront derrière d’autres Luba, de Bangala derrière d’autres Bangala, ceux de Bandundu et né-kongos derrière les « leurs ». On a entendu et on entend souvent, voire on lit, parce qu’ils osent même l’écrire que quand vous touchez à tel un personnage du cirque, ce serait s’en prendre au Kivu comme si c’était la région qui gouvernait la nation. Distraction et infantilisation. On se trompe de tout….

     

    Des Congolais et la RD-Congo ont assez perdu du temps. Désormais, il y a lieu de se mettre au-devant du peuple en vue d’inventer une nouvelle forme de lutte qui soit adaptée au combat que nous livrent d’autres peuples. La logique en la matière milite en faveur de cette forme de lutte qui ouvre la voie à un soulèvement populaire. Et aucun du genre n’a jamais étés spontané. Tout soulèvement populaire produit son élite et en sera son œuvre, c’est-à-dire le fruit du travail de sélection, de trahison, d’abandon, de réflexion, d’analyse, de remise en question et de confrontation de leadership. Les élites révolutionnaires naissent et disparaissent avec le cheminement. Et le long du parcours engendre d’autres, ceux qui sauront prendre le relais et qui sauront conserver l’initiative. Et c’est autour de plus clairvoyants, parmi eux que l’ossature de la révolution se construit et s’accomplit. Alors n’hésitons pas à susciter parmi nous ce type de leadership sous la direction de laquelle se laissera conduira le peuple et qui chaque jour s’en reconnaitra. Aux méritants de parachever le reste de la tâche et de la confiance qu’ils auront méritées non par leur appartenance tribale, mais par contre par leur manière d’être, d’agir et d’oser le leadership en pensant.

     

    Quelqu’un a dit, je cite : [Il faut savoir] prendre le risque d’essayer, car essayer, c’est cela le propre de la souveraineté démocratique. [Et aussi] : le renversement d’un ordre institutionnel demande un intense travail de préparation du terrain et une densité d’interactions politiques – débats, réunions, rencontres, actions – qui, en pratique, ne se rencontrent que dans un cadre local, national – dont la première caractéristique est tout de même d’offrir une communauté linguistique, c’est-à-dire la communauté de débat politique la plus simplement accessible…», fin de citation.

     

    Je dis alors comprend qui peut. Seule la lutte instruit et donne la victoire.

     

    Peuple osons ensemble et courons ce risque. Le lendemain de la RD-Congo est à ce prix…

     

    Likambo ya mabele, likambo ya makila

     

    Mufoncol Tshiyoyo  

    Le Président National du Rassemblement pour l’Alternative Politique en RDC. R.A.P-en sigle
    Mouvement Politico-militaire,
    mufoncol_tshiyoyo@yahoo.com,
    004745007236, Facebook : Mufoncol Tshiyoyo

  • Comme Olenghankoy pour Mobutu: Kamerhe réclame l’isolement de Kabila !

    Comme Olenghankoy pour Mobutu: Kamerhe réclame l’isolement de Kabila !

    KAMERHE- KABILA-Au journal belge “Libre Belgique”, il a déclaré le 13 mars 2015 : “Sous Mobutu, l’Europe avait réagi après le massacre d’étudiants à Lubumbashi. Nous voulons des sanctions, notamment des restrictions de visa contre les principaux responsables de la répression des manifestations en janvier au Congo”. Il va renchérir dans une interview au média internaute “Congo Indépendant” en disant :  ” Les personnes à cibler sont connues. C’est le président Kabila et des membres de son entourage. Ces personnes-là doivent sentir qu’elles ne peuvent plus se permettre n’importe quoi dans le cadre du partenariat que nous avons avec l’Union européenne. Il importe également d’atteindre ces personnes au niveau du ‘portefeuille’. Ces personnes ont des comptes en banque en Europe“. Visiblement, le président de l’Unc n’a tiré aucun enseignement de l’isolement diplomatique du maréchal Mobutu, dont se vantait dans les années ’90 un certain Joseph Olenghankoy…

                 Encore une vingtaine de jours, le 24 avril 2015 pour être précis, la RDC commémore le 25ème anniversaire du processus démocratique résultant de l’annonce, par le maréchal Mobutu, de la fin du monopartisme d’Etat.

                C’est peut-être l’occasion à donner à la jeunesse congolaise de rouvrir cette page de l’Histoire de son pays. La majorité des acteurs de la classe politique et des activistes de la société civile de l’époque étant encore-là, elle doit témoigner des effets, sur la population, du gel des relations diplomatiques et de la rupture de la coopération structurelle à la suite du fameux massacre des étudiants sur le campus de Lubumbashi.

                Il est bon de rappeler que Vital Kamerhe était alors conseiller économique et financier au ministère des Mines et Energie sous Kengo II, avant d’être nommé vice-ministre de l’Industrie et Pme en 1991 sous Lunda Bululu II.

                Il connaît l’histoire de ce massacre survenu la nuit du 11 au 12 mai 1990.

                La vérité est qu’il n’y a jamais eu de carnage. C’est par les faux témoignages des personnalités comme Jean de Dieu Nguz, Etienne Tshisekedi, Joseph Ileo, abbé Digekisa, Buana Kabwe, Guillaume Ngefa et autres Paul Sapu, soutenus par la “presse rouge”, que le Zaïre fut placé sous embargo. Du jour au lendemain, tous les programmes en cours d’exécution ou projetés dans le cadre de la coopération structurelle avaient été arrêtés. Principalement ceux visant Regideso (pour l’eau), Snel (pour l’électricité), l’Office des routes, l’Onatra, la Sncc, la Rfv, la Rva et la Rvm (pour les voies et les moyens de communication) et même les Faz (pour l’armée).

                Pourtant, tout le monde savait que ce massacre avait servi de prétexte pour isoler et atteindre Mobutu. Mais, en réalité, le Zaïre s’en révéla la première et principale victime. Car il se retrouva, par exemple, sans armée véritable à l’avènement de l’Afdl et, en plus,  avec un peuple affaibli par les ravages des initiatives combinées de la crise multisectorielle aux plans politique, économique et social : prolifération des partis politiques, institutionnalisation des familles politiques, dollarisation de l’économie, utilisation de la monnaie comme arme de conquête ou de conservation du pouvoir, pillage du tissu économique et social, journée “ville morte”…

                Vingt cinq ans après, le peuple continue à en subir les affres puisque tous les gouvernements qui se succèdent au pays (de Vincent de Paul Lunda Bululu en 1990 à Augustin Matata Ponyo en 2015 sous le leadership successivement de Mobutu, de L-D Kabila et de Joseph Kabila) ne font que réparer les effets du massacre de Lubumbashi.

     

    Conditions propices au soulèvement populaire

     

                Que Vital Kamerhe – gouvernant à l’époque – en vienne à préconiser l’isolement de Joseph Kabila comme le fit un certain Joseph Olenghankoy pour Mobutu, c’est la preuve de la corruptibilité de la conscience de bien des acteurs politiques congolais.

                Pourtant, en tant que scientifique, le président de l’Unc est bien placé pour savoir ce que le peuple congolais a tiré comme dividendes dudit massacre, procéder à une évaluation exhaustive des pertes en ressources humaines, matérielles, financières etc. subies par le peuple depuis avril 1990 et même évaluer les dernières pertes en date liées à l’initiative de l’Opposition et de la Société civile alliée d’envoyer la rue occuper le Palais du peuple le 19 janvier 2015, au motif d’empêcher les “députés véreux” (sic) d’adopter le projet de loi électorale, projet qui devait être rejeté et non amendé.

                Appeler à l’isolement diplomatique du Président de la République et de ses proches (reste à savoir s’il a proposé au Parlement européen la liste des personnes concernées) prouve à suffisance qu’il veut ramener la RDC de 2015 à la situation du Zaïre de 1990, notamment en démotivant les Fardc, exactement comme l’Opposition zaïroise démotiva autrefois les Faz.

                Or, au jour d’aujourd’hui, toute initiative de décapitation de l’armée gouvernementale, pourtant en pleine opération de traque des Fdlr et des Adf-Nalu à l’Est du pays, ne peut que rendre suspecte la personne qui l’émet et jeter le doute sur ses intentions réelles.

                Autant il lui est alors facile de déclarer à “Congo Indépendant”  que “Nous sommes venus dire aux responsables de l’Union européenne que nous n’acceptons pas l’indifférence qu’ils ont affiché pendant que les ‘forces de sécurité’ tuaient des gens lors des manifestations des 19, 20, 21, 22 jusqu’au 25 janvier” et que “les petits communiqués non suivis de sanctions ne nous intéressent plus. Nous voulons voir des mesures de rétorsions en commençant par des restrictions en matière d’octroi de visa“, autant il doit savoir que ses interlocuteurs – qui ont des antennes crédibles à Kinshasa – ont conscience du fait que l’Opposition et la Société civile alliée assument la responsabilité grave d’avoir créé lors de ces dates les conditions propices au soulèvement populaire; la déclaration du 15 janvier 2015 faisant foi.

                L’enseignement à tirer est que depuis le 13 mars 2015, Kamerhe  vit plutôt son propre isolement : ni son parti, ni les Fpsua ne le soutiennent dans cette initiative.

                Depuis deux semaines, il n’ose d’ailleurs plus en parler.

                De là où il est, Louis Alphonse Koyagialo doit en avoir ressenti le choc.

    Omer Nsongo die Lema 

  • LE DECOUPAGE TERRITORIAL DU KATANGA EN 4 : CONDITIONS DE SA REUSSITE AU DELA D’UN SCEPTICISME AFFICHE

    LE DECOUPAGE TERRITORIAL DU KATANGA EN 4 : CONDITIONS DE SA REUSSITE AU DELA D’UN SCEPTICISME AFFICHE

    Nouvelle carte RDC-I. PRELIMINAIRES
    Comme un fleuve irrigué par de nombreux affluents, voilà plus de neuf ans  que l’on entend des voix s’élever pour ou contre le « découpage territorial », rappelant l’époque de la tour de Babel  avec son cortège de divisions et d’incompréhensions. Cette cacophonie s’est intensifiée depuis la récente  promulgation de la loi de programmation n° 15/004 du 28 février 2015 déterminant les modalités d’installation de nouvelle s provinces.
    En effet, à la faveur de la révision constitutionnelle sanctionnée par la loi n°11/002 du 20 janvier 2011, l’article 226 de la Constitution fut modifié dans le sens de la suppression du délai constitutionnel initial, laissant au législateur le soin d’adopter une loi de programmation déterminant les modalités d’installation de ces nouvelles provinces.
    Ladite loi de programmation – tant attendu – a pour objet la mise en application  de la volonté du peuple congolais. Elle fixe un nouveau calendrier d’installation des provinces qui est conçu en deux phases : la première concerne la Ville de Kinshasa et les quatre provinces actuelles non démembrées ; la seconde, dont la durée ne peut excéder cent vingt jours à dater de la mise en place des commissions, concerne les autres provinces dont le Haut- Lomami, le Haut- Katanga, le Lualaba et le Tanganyika issues de la province du  Katanga.
    Cette loi définit également les actions à entreprendre en vue de la mise en place effective de ces provinces, parmi lesquelles la désignation des membres de la commission, par le décret du Premier Ministre, chargés d’effectuer des tâches spécifiques notamment,  d’établissement de l’actif et du passif des anciennes provinces.
    En optant pour la « décentralisation », la République Démocratique du Congo (RDC) n’innove pas. Plusieurs pays africains l’ont opté à la suite des crises économiques, sociales et/ou politiques qu’ils ont connu. La décentralisation est souvent perçue comme la panacée pour relever toute une série de défis en matière de développement: reconstruire l’État, combattre la corruption, restaurer la confiance dans le gouvernement, promouvoir des formes de gouvernance plus participatives et lutter contre la pauvreté. En pratique, les choses sont loin d’être aussi simples si, pour d’aucuns, la décentralisation est intrinsèquement une bonne chose à laquelle il convient d’avoir recours en toutes circonstances, il existe cependant un courant de scepticisme important et la RDC ne fait pas exception.
    C’est pourquoi il sied de réfléchir sur les conditions de sa réussite !
    II. AU DELA DES PESANTEURS ET SCEPTICISME AFFICHES
    Depuis que la décentralisation fut introduite dans la Constitution, sa matérialisation en RDC n’a cessée de  rencontrer des pesanteurs qui font que l’urgence de l’application de cette politique fut diversement appréciée. Pour nous en convaincre, nous faisons recours à la situation de la province du Katanga. En effet, au terme de l’article 2 de la Constitution, la RDC compte 25 provinces et la ville de Kinshasa, contre 10 provinces et la capitale actuellement. En clair, il sera procédé au découpage territorial. À ce sujet, le Katanga qui éclate en quatre provinces : le Haut- Lomami, le Haut- Katanga, le Lualaba et le Tanganika. Mais l’on a assisté au chapelet des pétitions et des contre-pétitions sur le découpage ou non du Katanga, lettres ouvertes et prises de position confuses. Tous les coups furent permis.  Certains opérateurs politiques soutenant mordicus le processus compte tenu de leur attachement à de sentiments tribaux et/ou ethniques. Par contre ceux qui sont en défaveur de la décision craignent de perdre certains avantages.
    Au-delà de toutes ces positions, contre-positions, peurs et cauchemars sur le découpage territorial au Katanga, il est impérieux que les antagonistes aient présent à l’esprit que la RDC est un « Etat uni et Indivisible» et la décentralisation, d’essence constitutionnelle soit-elle, n’est pas synonyme de fédéralisme, encore moins de confédéralisme. La ligne de démarcation mérite d’être rapidement tracée…
    Ainsi, nous soutenons qu’il ne s’agit plus de décider si le découpage  territorial  est une option, ou de ne pas la voir franchir l’étape du stade initial, mais plutôt de savoir comment le mettre en œuvre dans la pratique pour qu’il puisse réaliser les objectifs qu’il s’est fixés en assurant à la fois la stabilité, l’efficacité de l’Etat ainsi que les libertés démocratiques créatrices d’idées et de progrès. Ainsi, la RDC a pris un tournant décisif dans le mode de gouvernance de ses provinces puisque les principes de l’Etat central fortement décentralisé ont été précisés comme fil conducteur pour le fonctionnement des institutions.
    L’on doit effacer les peurs d’être chassés dans telle ou telle autre contrée ou d’aller obligatoirement résider ou travailler uniquement dans sa province dite d’origine car, tout congolais a le droit de s’établir partout ou il veut et personne ne pourra le lui en priver sans violer la Constitution et les droits fondamentaux. Pour ce faire, ayons tout simplement à l’esprit l’idée que  la décentralisation est juridiquement un mode d’organisation des pouvoirs publics. C’est le transfert de certaines compétences de l’Etat à des collectivités territoriales, autonomes financièrement et juridiquement du pouvoir central. Mais en réalité, elle est aussi l’affaire de chaque citoyen car elle modifie profondément ses relations avec les pouvoirs publics. TOCQUEVILLE affirmait par exemple que la centralisation administrative n’était propre « qu’à énerver les peuples » car elle tendait « à diminuer parmi eux l’esprit de cité ».
    En RDC, les mutations institutionnelles et socio-politiques attendues doivent être comprises comme un élargissement de la démocratie participative pour stimuler la responsabilisation des acteurs à la base. Dans ce sens, la décentralisation offre non seulement des espoirs d’un renforcement de la démocratie et de la bonne gouvernance locale mais aussi des promesses d’une plus grande efficacité et efficience dans l’offre de services adaptés aux besoins locaux et un cadre adapté pour atteindre les objectifs du millénaire pour le développement. Toutefois, la décentralisation n’apportera une plus grande efficience dans l’offre des services, une meilleure gouvernance locale et ne contribuera à la réduction de la pauvreté et à la consolidation de la paix sociale seulement si certaines conditions sont remplies.
    III. QUELQUES CONDITIONS POUR UN DECOUPAGE TERRITORIAL REUSSI AU KATANGA ET EN RDC
    3.1. Le respect et la compréhension des textes légaux qui organisent le découpage territorial  par le peuple et ses élus
    La culture démocratique veut qu’après la promulgation de la loi de programmation qui détermine, en application de l’article 226 de la Constitution les modalités d’installation de nouvelles Provinces en RDC et pour le cas d’espèces, qui détermine les quatre provinces qui sont issues de la province du Katanga telles que énumérées à l’article 2 de la Constitution, les frondeurs doivent s’incliner et se mettre au pas. Il leur aussi appartient le droit de mener d’autres démarches légales pour que leurs desideratas soient entendus pour un remembrement ou pour un autre démembrement possible. Cela doit cependant se faire dans  le strict respect des normes.
    L’on entend donc par modalités d’installation de nouvelles Provinces, l’ensemble des opérations à effectuer dans chaque Province selon le calendrier d’installation des nouvelles provinces .
    A ce sujet, l’on doit retenir que l’installation de nouvelles Provinces et de la Ville de Kinshasa se déroule en deux phases dont la première phase concerne les Provinces du Kongo Central, du Maniema, du Nord-Kivu, du Sud-Kivu et la Ville de Kinshasa.  La deuxième phase concerne les Provinces du Bas-Uelé, de l’Equateur, du Haut-Katanga, du Haut-Lomami, du Haut-Uélé, de l’Ituri, du Kasaï, du Kasaï Central, du Kasaï Oriental, du Kwango, du Kwilu, du Lomami, du Lualaba, de Maï-Ndombe, de la Mongala, du Nord-Ubangi, du Sankuru, du Sud-Ubangi, du Tanganyika, de la Tshopo et de la Tshuapa. [ Article 3]
    L’installation des nouvelles provinces issues du Katanga se fait dans les quinze jours suivant la promulgation loi  et pour les besoins de leurs installations, sur proposition du Ministre ayant l’intérieur  dans ses attributions, un Décret délibéré en Conseil des Ministres met en place une Commission par Province à démembrer, ici le Katanga qui comprendra aussi des sous-commissions en vue d’effectuer les opérations relatives à l’installation.
    Composée d’au plus quinze membres à raison de trois membres par sous-commission, la Commission a pour tâches de  :
    – établir l’état des lieux de la Province ;
    – dresser l’actif et le passif de la Province ;
    – repartir, entre les nouvelles Provinces, le patrimoine ainsi que les ressources humaines et financières.
    Il sied donc d’insister sur le respect par l’exécutif national de mettre en place cette commission et que le travail débute sans oublier  l’audit afin de contrer les dissipations et autres manipulations financières et  dissimulations des deniers par les dirigeants sortant !
    3.2. L’avenir du  découpage territorial quand les députés provinciaux demeurent encore acteurs voire actifs
    Dans les trente jours de sa constitution, la Commission présente son rapport des travaux à l’Assemblée provinciale existante qui en prend acte.
    La présentation du rapport par la Commission et sa prise d’acte par l’Assemblée provinciale existante enclenchent le processus d’éclatement de la Province.
    Il sied de nous poser la question de la légitimité et du sérieux des députes provinciaux qui doivent prendre acte du rapport de la commission afin d’enclencher le processus si l’on sait que la plupart desdits députés sont des godillots comme bien élaboré dans notre livre intitulé « Le parlement provincial pour quoi faire ? » . N’est-ce pas laisser cette charge entre les mains de ceux qui ne partagent pas voire ne portent pas la voix du peuple depuis leurs élections par hasard en 2006 ? Pour le cas du Katanga, comment cette institution – Assemblée provinciale – peut-elle enfin se prendre au sérieux et ne pas demeurer sous le dictat de son « speaker » ennemi du découpage territorial quand ses intérêts sont menacés oubliant que le fédéralisme tant prôné n’est pas loin de ce qui se trouve sur le gâteau ?
    Au regard de la loi de programmation, le quinzième jour suivant la présentation du rapport par la Commission et sa prise d’acte par l’Assemblée provinciale existante, chaque Assemblée provinciale de la nouvelle Province se réunit de plein droit en session extraordinaire en vue de :
    1. l’installation du Bureau provisoire dirigé par le doyen d’âge assisté de deux membres les moins âgés ;
    2. la validation des pouvoirs qui vaut pour le reste du mandat à courir.;
    3. l’élaboration et l’adoption du Règlement intérieur ;
    4. l’élection et l’installation du Bureau définitif ;
    5. l’élection du Gouverneur et du Vice-gouverneur de Province, conformément à l’article 168 de la Loi électorale.
    La séance d’ouverture est présidée par le fonctionnaire ayant le grade le plus élevé dans l’administration publique de la nouvelle Province.
    La session extraordinaire prend fin à l’épuisement de l’ordre du jour.
    Lorsqu’une Assemblée provinciale ne se réunit pas dans le délai sans motif valable, le Ministre ayant l’intérieur dans ses attributions la convoque en session extraordinaire. Dans ce cas, la séance d’ouverture est présidée par un délégué du Ministre de l’Intérieur.
    La durée de l’installation effective des institutions provinciales ne peut excéder cent vingt jours à dater de la mise en place des Commissions. Voilà donc qu’il est urgent que la commission soit nommée et mise en place et que le travail se fasse sans délai pour que les députés provinciaux ne se refugient derrière le défaut de commission alors qu’ils doivent cette fois-ci sortir de leurs carcans et devenir des tambourineurs justifiant leur existence par les deux attributions fondamentales qui fondent la compétence de tout parlement : adopter la loi des hommes, et contrôler l’Administration chargée de l’appliquer. Cette double justification répond à la théorie de la séparation des pouvoirs de MONTESQUIEU.  Pourtant, le Parlement provincial du Katanga a fait montre de l’amateurisme ou carrément ce qu’il convient d’appeler « l’analphabétisme parlementaire », « l’incultisme  démocratique », etc.
    Il est certes vrai qu’avec les élections passées, nous avions dans une certaine mesure salué la victoire de la démocratie. Mais, une question demeure : Avons-nous choisi des bons acteurs ? La réponse est bien connue de tous. De plus en plus, nous déplorons amèrement la crise de légitimité que les Parlements provinciaux, institutions pivots de la démocratie – traversent. Au Katanga, le gouvernement provincial dominant l’agenda; la cohabitation entre les deux institutions politiques provinciales basée sur les intérêts égoïstes et mesquins ont engendré une gouvernance provinciale peu transparente démocratiquement, et les citoyens se demandant a quand le bout du tunnel ? Serait-ce par  l’installation des nouvelles provinces ?
    De ce qui précède, l’on est en droit de se demander dans quelles mesures, l’Assemblée provinciale qui doit être le symbole de l’expression démocratique joue-t-elle encore un rôle dans le processus de décision politique de nos démocraties dans les nouvelles provinces? Ainsi, avec le lancement du processus d’installation des nouvelles provinces, il sied que les députés réfléchissent sur leur rôle. Il est temps que le Parlement provincial cherche d’apparaître de plus en plus comme une institution à même de répondre aux attentes démocratiques profondes. Sans être le lieu unique des décisions importantes, le Parlement en est bien souvent la condition nécessaire. Il ne doit plus être  « la chambre d’enregistrement » ou mieux « la caisse de résonance »  que l’on dénonce, mais un acteur incontournable dans un système global de production de la norme : lieu de négociation de la décision finale, tribune d’affrontement des idées, meilleur moyen d’assurer un débat transparent et équilibré. Par ailleurs, le Parlement devra être de plus en plus, notamment dans sa fonction de contrôle, comme un acteur à même de répondre à l’exigence croissante de compte-rendu, constituant ainsi des garanties démocratiques : les Gouvernements  provinciaux des nouvelles provinces issues du Katanga devront agir désormais sous le contrôle effectif des parlementaires.
    3.3. L’implication active des citoyens dans le processus
    Presque tous les débats voire « ébats et émois » sur le découpage en RDC sont faits en l’absence du peuple, le souverain et bénéficiaire primaire. Il est donc important que les citoyens soient au centre du processus par implication active dans le processus. En effet, pour que réussisse la décentralisation, le processus doit être inspiré par l’exigence de la population d’une redéfinition des rapports entre l’État et ses citoyens et non être l’œuvre des calculs politiciens. La population locale doit s’approprier la réforme pour veiller à ce que l’esprit de la décentralisation soit respecté, que les dispositions juridiques formelles reflètent ses préoccupations et les réalités dans lesquelles elle vit et que ces dernières soient appliquées. Pour y parvenir de façon efficace, la population doit acquérir un certain nombre de compétences et d’aptitudes, en particulier une bonne compréhension des textes relatifs à la décentralisation. Les citoyens doivent avoir une meilleure compréhension des enjeux et de la manière dont ils peuvent participer et intervenir efficacement au niveau local dans les processus de prise de décisions qui affectent leur vie et leurs moyens d’existence. Fondamentalement, la population locale doit avoir foi dans les réformes et les opportunités qu’elles offrent, être convaincue qu’elle est capable de jouer un rôle important et demander aux collectivités de lui rendre compte de la gestion des affaires locales.
    Reconnaissons cependant que la réalisation de cette condition est un défi majeur en RDC car le chapelet de la pauvreté et l’analphabétisme, freine la participation active et informée des populations locales. Là où l’information existe, elle apparaît souvent tintée des discours partisanes et de division pour faire échec à la décentralisation.
    3.4. Rendre des entités décentralisées et leurs animateurs capables et compétitifs
    Fort de l’arsenal juridique sur la décentralisation, les collectivités locales doivent assurer des services sociaux et économiques (santé, alimentation en eau, éducation, etc.) sur la base de plans de développement locaux. Elles sont censées s’acquitter de ces services dans la concertation et l’équité, en veillant à la pleine participation des communautés qui relèvent de leur autorité. L’une des raisons principales de la décentralisation est d’accroître l’efficience et l’efficacité générales en permettant aux collectivités locales de renforcer leur sensibilité, leur responsabilité à l’égard des citoyens et l’efficacité de la production et de la fourniture de services. Ainsi, le processus de décentralisation est essentiel pour que les instances locales puissent jouer un rôle actif et important en termes de gouvernance locale.
    À court terme, le succès de la décentralisation dépend largement de la mesure dans laquelle la population locale constate qu’elle apporte des avantages tangibles. Étant donnés les niveaux de pauvreté actuels, cette population, qui perçoit les principes de la gouvernance démocratique comme essentiels à l’expression de ses initiatives, veut aussi voir mises en œuvre des mesures concrètes susceptibles de résoudre ses problèmes quotidiens : Installations sanitaires et éducatives inadaptées, alimentation en eau insuffisante, manque d’opportunités en matière d’emploi, de débouchés commerciaux et d’investissement, routes impraticables voire inexistantes, etc. Si les collectivités locales ne peuvent répondre à ces questions, cela compromettra gravement leur légitimité et la possibilité d’opérer des changements structurels dans le mode de gestion des affaires locales.
    Il sera aussi essentiel de renforcer les capacités des autorités locales pour répondre aux défis de la « décentralisation- découpage » et leur permettre d’agir en adoptant une démarche participative, transparente et durable pour réussir à gagner la confiance et la reconnaissance de la population locale, et, à terme, développer et renforcer leur autonomie financière. Reconnaissons cependant, que cela ne sera pas que facile.
    3.5. Fournir un cadre institutionnel favorable qui donne l’autorité et les pouvoirs de décision au niveau local.
    Les textes légaux sur la décentralisation permettent la création des entités territoriales légalement reconnues, dotées d’un budget et d’un personnel propre, ainsi que des pouvoirs de décision sur un éventail de domaines relevant directement de leur compétence. Le principe de subsidiarité et la nécessité de faire en sorte que le transfert de responsabilités s’accompagne d’un transfert simultané de ressources sont reconnus. Toutefois, dans la pratique, cet engagement politique en faveur d’un transfert de compétences connaît des embûches en RDC qu’il faille élaguer au plus tôt. De surcroît, l’absence d’un pouvoir effectif des collectivités locales sur le contrôle de leurs ressources financières compromettra leur viabilité économique et nuira à la légitimité du processus de décentralisation aux yeux de la population locale. Il appert donc nécessaire que tous les boulons d’étranglement du processus de décentralisation soient réellement supprimés afin que renaisse la RDC de ses cendres comme le phénix. Ce n’est donc pas un problème de moyens mais de volonté et vision managériale. Quelles garanties avons-nous qu’en réduisant les provinces de onze a une, la RDC serait nantie en infrastructures et que la misère cesserait ? Aucune et l’on fausserait les prémisses !
    IV. En guise de conclusion !
    Que conclure, sauf affirmer qu’au delà des inquiétudes politiciennes plutôt que citoyennes, il ne nous reste qu’à affirmer que découpage territorial du Katanga – en quatre nouvelles provinces – réussi constituera une réforme politique mettant les élus locaux au défi de répondre aux demandes des populations.
    Il permettra de mettre en relation directe le besoin social tel qu’il est vécu par le citoyen et la décision politique qui lui répond. Il autorisera alors non seulement une réforme de l’Etat par la déconcentration de ses moyens et la réduction de son périmètre d’intervention. Un véritable processus de reconstruction de l’Etat pourrait ainsi être amorcé en s’appuyant sur les communautés de base et les entités décentralisées. Cela est d’autant vrai car, l’espace local constitue, en effet, le lieu d’ancrage de la citoyenneté, le maillon initial des liens sociaux et la base du « vouloir vivre collectif ». Pour cette raison, il est impérieux de favoriser l’émergence d’entités fortes au plus près des préoccupations des citoyens. Mais une gouvernance locale ne peut être efficace que si les relations avec les autres niveaux de pouvoir sont prises en compte, donnant lieu à des échanges, à des négociations et à des actions de coopération. Comme qui dirait l’unité dans la diversité et non dans l’adversité !
    D’ou l’importance des actions à entreprendre pour un découpage territorial réussi et la loi sous examen est explicite quand elle affirme  à son article 10 : «  …dès l’installation de nouvelles Provinces, le Gouvernement de la République initie, en concertation avec les autorités provinciales, un programme d’équipement, de réhabilitation et de construction des infrastructures nécessaires au fonctionnement de nouvelles provinces. Il prévoit, sur une période de cinq ans, un budget pluriannuel d’investissement destiné au financement des travaux prioritaires de nouvelles Provinces. Il procède annuellement à une évaluation des travaux réalisés dans le cadre du programme …. Le rapport d’évaluation de ces travaux est présenté, à chaque session budgétaire, à l’Assemblée Nationale et au Sénat… ».
    Toutefois, pour prévenir les risques d’iniquité territoriale, de dilution des responsabilités et des compétences, l’instauration d’une démocratie locale doit être assortie de politiques complémentaires (renforcement des capacités, déconcentration des services de l’Etat, aménagement du territoire…) auxquelles tous les Congolais devront contribuer.
    Au finish, retenons qu’ « il n’y a rien de plus puissant qu’une idée dont le temps est venu ». Cette observation de Victor Hugo semble pouvoir avec modestie être appliquée à cette contribution pour une découpage territorial réussi au Katanga et partant en RDC.

     

    Dr. Joseph Yav
    ———————-
    – Avocat / Attorney at Law
    – Consultant
    – Professor (University of Lubumbashi:DRC)
  • « Opposition » et « Pouvoir » en RD-Congo résultent d’une fausse lecture de l’histoire de la part de l’élite

    « Opposition » et « Pouvoir » en RD-Congo résultent d’une fausse lecture de l’histoire de la part de l’élite

    Mufocol Tshiyoyo
    Mufocol Tshiyoyo

    -Quelle est l’identité de l’adversaire contre lequel l’élite congolaise devrait mobiliser le peuple dans son combat pour l’indépendance et la souveraineté de la RD-Congo ?

    Hier, « nous autres », qui nous nous définissions de l’« opposition », avons « maladroitement » répondu : « Mobutu ». Cette réponse est certes globale, en ce sens qu’elle s’applique à l’élite d’Afrique toute entière. Mais je trouve qu’elle ne justifie, à elle seule, son utilisation par l’élite congolaise.

    Aujourd’hui, notre expérience politique renseigne que Mobutu, ce par notre réponse à la question de l’identité de l’adversaire, n’a jamais été considéré pour ce qu’en réalité il fut C’est-à-dire comme un élément d’un tout. Et les autres diront d’un système. Mais attention, un système dont il ne fut, lui le recru, ni le géniteur, ni l’acteur principal, ou encore « acteur » tout court. Ce serait peut-être lui donner trop d’importance qu’il n’en avait dans ce jeu où se jouaient et se jouent encore aujourd’hui le devenir et l’histoire de « nous » comme peuples.

    Mobutu ne fut qu’un pion, je dirais plutôt un instrument « négligeable » aux yeux de ceux qui semblèrent le placer à la tête de la RD-Congo, et ce, comme « président » alors qu’il n’en fut rien de tout cela. Et si l’on devrait saisir son rôle, on aurait dit qu’il servait de fusible, et à faire sauter, ce à tout moment et surtout quand la situation l’exigeait. Non par le peuple, mais par ceux qui conservaient le contrôle de la magie du circuit électrique. Et le peuple, lui, pouvait se remuer, se révolter même, mais pas assez averti et nourri par une élite qui, elle-même, l’était moins. En combattant Mobutu, ce comme il se déploie encore aujourd’hui, son « opposition » renforçait le mythe d’un Mobutu-puissant. D’un mercenaire « Joseph Kabila, alors que son rôle n’est qu’imaginaire, il est défini par les metteurs en scène en vue de déjouer l’attention et voire de désorienter ceux qui étaient à même de comprendre et du peuple.

    Le type de « Mobutu », qui se perpétue toujours, remplissait la mission de détourner le peuple de sa réalité violée et également de recevoir des coups à la place du « Maître ». Sa présence et son maintien, aussi longtemps que personne ne s’en préoccupait, assurait la protection du maître. L’élite, trompée et lui-même mentait le peuple, plongeait ainsi dans le piège tendu de « l’adversaire identifié ». C’est alors une faute de jugement que de lui attribuer le contrôle d’un système. Et c’est toujours le cas aujourd’hui avec ce que certains congolais nomment déjà par ignorance le système de « Joseph Kabila ». Ce dernier existe à peine. Il est plus une mythologie. Et on l’a vu quand Mobutu s’incline, quand il tombe, quand il est chassé par ses « Maîtres », tout s’écroule, notamment ses nombreux conseillers, ses ministres et les siens à qui on avait attribué un faux pouvoir, tout disparaît alors qu’en Occident, chez les « Maîtres », son système perdure. Ce qui explique que l’ « adversaire identifié » reste debout, même puissant et il réussit même à relancer, et dans les mêmes conditions presque, son système. Même s’il en modifiait quelques personnages.

    Je crois que le temps est venu d’assumer des responsabilités dans l’histoire. La conception et la structuration de la classe politique en RD-Congo en opposition et en pouvoir relève non seulement d’une faute de lecture mais d’un manque de perspicacité dans la réflexion. L’Union Sacrée de l’Opposition radicale et ses composants, notamment partis politiques de l’opposition et autres faisaient le jeu, et malheureusement sans le savoir, de l’ « adversaire identifié » qui lui ne faisait que régner en « maître » de céans. Il a su toujours tirer profit de son système : « diviser pour mieux régner ». C’est décevant aujourd’hui de voir que tout le monde, même les anciens, perpétuent le même système en le reproduisant mot à mot. Le pouvoir comme l’opposition est un mensonge, un leurre.

    Le « Pouvoir », c’est-à-dire le camp de ceux qui croient être au « pouvoir », hier des Mobutistes et la « Kabilie » aujourd’hui, participe en toute naïveté à l’entretien de quelque chose d’inexistant, du néant. Mais ces gens dans leur ignorance conseillent et soutiennent une absence de réalité du pouvoir. C’est ce qui me révolte quand j’entends des gens dirent aujourd’hui qu’il faille négocier ou dialoguer. Et je me dis quelle cécité. Dialoguer ou négocier avec qui dès lors que le présupposé pouvoir attend lui-même recevoir de l’ordre de ceux qui lui donnent l’impression d’être au pouvoir. Parce qu’il est censé se conformer à leur agenda dont il se montre ignorant. Mobutu et ses conseillers défendaient hier le maintien des Hutu sur le territoire congolais, pour contenter la volonté du « Maître », mais ils ignoraient que la présence souhaitée de Hutus au Congo prétexterait le déclenchement de leur départ d’un pouvoir qu’ils n’ont jamais détenus. C’est le cas de la Kabilie aujourd’hui.

    Certes qu’il y a beaucoup à dire. Mais je voulais juste démontrer que nous étions dans l’erreur du jugement et d’appréciation, Que nous le sommes encore aujourd’hui sinon jamais des gens auraient affirmé que nous avons eu à présenter un tel aux Américains ou aux Anglais. Mais arrêtez ! Mais arrêtez cette ignorance. Les Américains à la tête d’un Occident dominé par les Anglo-Saxons ne décident pas sur le Congo, et ce, en lieu et place de Congolais eux-mêmes comme il se dit souvent. Par contre, ce sont des adversaires qui combattent les Congolais. Face à eux, et en face d’un « adversaire identifié », c’est l’union, l’unité à la fois de l’élite et de son peuple, qui est vivement recommandé et efficace. Le pouvoir et l’opposition sont un leurre, un instrument auquel recourt l’adversaire identifié pour justifier sa cause et régner.

    Il est temps de rassembler le peuple, de lui dire la vérité en face pour que ce peuple soit utile qu’il serve enfin la nation, sa lutte, sa construction, pour qu’il se mette au combat et qu’il se batte pour la RD-Congo et son devenir. Il faut faire rêver notre jeunesse et savoir en payer le véritable prix. Au nom de tous ceux qui sont morts pour que vive à jamais l’âme de cette immense terre dénommée la RD-Congo, je crois et proclame ma foi en ce combat. Et je me montre prêt pour tout.

    Quand je parle d’ « adversaire identifié », je ne dis pas, et à ce stade, « ennemi ».

    Que vive l’Union,
    Que vive l’Unité
    Que vive le peuple de la RD-Congo

    Likambo ya mabele, likambo ya makila

    Mufoncol Tshiyoyo
    Le Président National du Rassemblement pour l’Alternative Politique en RDC. R.A.P-en sigle Mouvement Politico-militaire,
    mufoncol_tshiyoyo@yahoo.com,
    004745007236, Facebook : Mufoncol Tshiyoyo

  • RDC dans le grand flou de 2015

    RDC dans le grand flou de 2015

    kin overview-Révision constitutionnelle, élections locales, glissement du calendrier électoral, M23, FDLR, massacres à répétions à Beni, économie en croissance mais sans recette… l’année 2015 est pleine de défis et d’incertitudes pour la République démocratique du Congo (RDC).
    La RDC s’engage dans l’année 2015 sans grande visibilité. Sur le plan politique, économique ou sécuritaire, l’année qui vient, continue de rimer avec instabilité. Pourtant, le président Kabila a terminé 2014 avec deux annonces importantes : la formation attendue depuis 13 mois d’un gouvernement de cohésion nationale et la confirmation de la tenue des élections locales, municipales et provinciales pour la fin 2015. Mais ces déclarations ne lèvent pas le voile sur les intentions du président congolais pour 2016, alors que la Constitution actuelle lui interdit de briguer un troisième mandat.
    Politique intérieure : navigation à vue
    Joseph Kabila s’est fait une spécialité : faire une annonce, laisser mariner plusieurs mois, puis prendre enfin sa décision… souvent à contre-temps. C’est le cas du gouvernement de cohésion nationale, une idée lancée après les Concertations nationales dès l’automne 2013, et finalement nommé en décembre 2014. Autant la désignation rapide d’une nouveau gouvernement ouvert à l’opposition aurait pu créer un électrochoc au sortir des Concertations, autant après 13 mois d’attente, l’effet escompté est réduit à néant. Le gouvernement de cohésion nationale n’offre que peu de surprises : le Premier ministre Matata Ponyo est reconduit et l’opposition ne fait qu’une timide entrée, avec pour seule « prise » importante : Thomas Luhaka, l’ancien secrétaire général du MLC de Jean-Pierre Bemba. Joseph Kabila n’a visiblement pas réussi son pari de débauchage de « gros poissons » de l’opposition (d’où le retard de son annonce). Le président congolais n’aura pas élargit sa base politique, mais aura juste renforcé le poids politique de son gouvernement avec l’arrivée remarquée d’Evariste Boshab à l’Intérieur, un poste clé en période de flottement constitutionnel.
     
    Présidentielle 2016 : Kabila fait durer le suspense
    L’interrogation qui agite la classe politique congolaise devrait continuer en 2015 : que fera Kabila en 2016 ? Pour le moment, le président n’a fait aucune déclaration sur son avenir politique d’après 2016. L’opposition craint que Joseph Kabila ne veuille modifier la Constitution qui l’interdit de se représenter pour un troisième mandat. Après la chute de Blaise Compaoré, qui lui aussi voulait modifier la Constitution pour rester dans son fauteuil, le débat est devenu très vif à Kinshasa, poussant la majorité présidentielle à calmer le jeu. Aubin Minaku, le président de l’Assemblée nationale a déclaré, fin décembre au cours de la séance d’ouverture de la session extraordinaire du Parlement, qu’il n’était pas question de réviser la Constitution, « ni d’une quelconque manipulation de la loi électorale aux fins de révision constitutionnelle ou de prolongement de nos différents mandats respectifs ». Le président Kabila n’est pas revenu sur la question lors de son message du 31 décembre, mais a confirmé la tenue d’élections locales en 2015, ainsi que le lancement d’une vaste opération de recensement de la population. C’est sur ce dernier point que l’opposition craint un « glissement du calendrier » pour 2016 qui permettrait au président Kabila de se maintenir au pouvoir sans élection, faute  d’avoir terminé à temps le recensement. La plupart des experts parlent de 2 à 3 ans pour mener à bien cette opération de comptage de la population qui n’avait pas été effectuée depuis 1984.
     
    Elections locales en danger ?
    L’incertitude plane encore sur la tenue des élections locales dont le financement et l’organisation sont loin d’être achevés. Côté finance, une ONG locale, Agir pour des Elections Transparentes et Apaisées (AETA) affirme que les autorités congolaises avaient prévu d’allouer 169 millions de dollars au processus électoral. Or, aujourd’hui, la commission électorale n’a obtenu que 30 millions. Selon l’AETA, « l’organisation des élections n’est techniquement plus possible ». Enfin, l’Aprodec, une association congolaise basée à Bruxelles, dénonce régulièrement les atermoiements de la CENI, notamment en ce qui concerne la fiabilité du fichier électoral. En 2011, de nombreuses irrégularités avaient été relevées au cours des élections présidentielle et législatives. L’Aprodec note que « l’opération de fiabilisation du fichier électoral censée prendre fin le 21 octobre 2014 est toujours en cours ». Par ailleurs, l’audit externe qui devait débuter le 1er octobre 2014 «n’a toujours pas commencé » selon l’association. Ces élections sont les plus coûteuses à mettre en place et l’opposition craint que ces scrutins « ne se déroulent pas dans de bonnes conditions » et qu’une fois de plus, les résultats « ne soient pas crédibles ».
     
    M23, FDLR, ADF-Nalu : rien n’est réglé
    Sur le plan sécuritaire, l’année 2015 s’annonce également pleine de défis. La victoire en trompe l’oeil de l’armée congolaise, soutenue par la brigade de l’ONU, sur le M23 fin 2013, n’a pas permis de ramener l’entière sécurité à l’Est du pays. Une quarantaine de groupes armés pullulent encore dans la région. Dans la zone de Beni, des tueries à répétition attribuées aux rebelles ougandais des ADF-Nalu ont endeuillé le Nord-Kivu : plus de 300 morts en deux mois. Ni l’armée congolaise, ni les casques bleus de la Monusco ne sont parvenus à assurer la sécurité des civils pendant cette période. Concernant, les anciens rebelles du M23, les amnisties sont tombées au compte-goutte et les rapatriements en RDC restent encore peu nombreux. Kinshasa et les ex-rebelles semblent jouer au chat et à la souris avec les Déclarations de Nairobi, s’accusant mutuellement de faire traîner son application. Bilan : le M23 continue de rester une menace à l’Est et son intégration politique est toujours au point mort. Autre dossier sensible : les FDLR, ces rebelles hutus rwandais qui doivent rapidement désarmer et avec lesquelles le Rwanda refuse toujours tout dialogue politique. La Monusco a donné aux FDLR jusqu’au 2 janvier 2015 pour déposer les armes avant l’emploi de la force. Pour l’heure, seule une centaine de rebelles se sont rendus. Que se passera-t-il le 3 janvier au matin ?
     
    La sécurité intérieure défaillante
    Malgré la victoire sur le M23, l’armée congolaise (FARDC) peine à assurer la sécurité sur l’intégralité du territoire. De faibles progrès ont été réalisés dans l’Est de la RDC. Mais la structure de commandement des FARDC reste toujours aussi peu efficace, secouée par des soupçons de corruption, d’exactions de ses troupes sur les populations civiles et la collusion de ses officiers avec certains groupes armés. L’armée congolaise, « mal payée et mal commandée », reste la règle. L’armée a également été ébranlée par l’assassinat du colonel Mamadou Ndala, le héros de la victoire sur le M23, et la disparition du général Lucien Bahama. On parle de règlement de comptes au sein des FARDC, sur fond de corruption. A Kinshasa, les forces de sécurité n’ont pas pu empêcher deux vagues d’attaques sur des sites stratégiques de la capitale, en décembre 2013 (plus de 100 morts) et en juillet 2014 (8 morts). Des événements inquiétants, qui montrent que la sécurité peine également a être assuré en plein coeur du pouvoir. Au Katanga, riche province minière, les rebelles sécessionnistes des Bakata Katanga, menacent régulièrement la capitale régionale, Lubumbashi et font régner la terreur dans le « triangle de la mort » autour de la ville de Pweto. Kivu, Katanga, Kinshasa : l’insécurité perdure.
     
    L’opposition éclatée, Katumbi en embuscade
    Un certain flou artistique règne au sein de l’opposition. Pour le moment, aucun parti ou leader ne semble prendre l’ascendant sur l’opposition congolaise. L’UDPS d’Etienne Tshisekedi n’arrive pas à tourner la page de son leader historique, 82 ans et malade, qui n’est plus en mesure de diriger le parti, ni de prendre la parole en public. Résultats : les seconds couteaux se déchirent autour du fils, Félix, qui est loin de faire l’unanimité dans le parti. Depuis 2011, l’UDPS n’est plus audible et s’est enfermée dans le jusqu’auboutisme et le culte d’un chef vieillissant. La dernière conférence de presse du parti à Paris, qui semble valider la possibilité d’une transition en RDC, jette encore un peu plus le trouble sur la cohérence de la stratégie du parti. Le MLC s’étiole et perd son secrétaire général, Thomas Lusaka, parti au gouvernement. Le mouvement est toujours dans l’attente d’une hypothétique libération de son chairman, emprisonné à la Cour pénale internationale depuis 2008. La CPI devrait toutefois fixer début 2015 le sort de Jean-Pierre Bemba. Seule l’UNC de Vital Kamerhe surnage dans le marigot de l’opposition. L’ancien bras droit du président congolais, peine pourtant à se débarrasser de son image « d’ancien kabiliste », ce qui l’empêche pour le moment de prendre la tête de l’opposition. L’UNC compte bien tirer profit du mauvais état de santé de l’UDPS et du MLC pour débaucher un maximum de cadres et de militants. Mais attention, un nouveau candidat sérieux a pointé son nez fin 2014, de manière plutôt inattendue : Moïse Katumbi, le très populaire gouverneur du Katanga. Riche et célèbre, Katumbi pourrait s’imposer, en nouant des alliances régionales, comme le seul concurrent sérieux face à Joseph Kabila.
     
    Economie : croissance en hausse, recettes en baisse
    Les bons chiffres de la croissance (9%) et de l’inflation (2%) ne doivent pas faire oublier, la triste réalité de l’économie congolaise : pauvreté généralisée, corruption à tous les étages et non redistribution des richesses. Le Fond monétaire international (FMI) pointe dans son dernier rapport « une forte dépendance du secteur minier » qui rend l’économie congolaise «vulnérable à la volatilité des prix des matières premières ». Le principal risque pour la RDC serait une baisse des prix du cuivre et du cobalt, « des métaux représentant environ 98% des exportations de biens et 44% du PIB nominal ». Mais la mauvaise nouvelle vient des recettes fiscales, en baisse. D’après le FMI, « la performance de la taxe sur la valeur ajoutée (TVA) demeure plus faible que prévu ». En cause selon les experts :  «l’absence de contrôles ». Le manque de recettes est également pointée par le PMI. « Il faut accélérer la mobilisation  des recettes afin de répondre aux besoins de développement de la RDC ». Les potentiels du pays sont importants, mais l’argent ne rentre pas dans les caisses du Congo. En économie, comme en politique intérieure ou dans le domaine sécuritaire, la RDC semble naviguer dans le brouillard, par faute de ce que l’on appelle par facilité, la « bonne gouvernance » et par l’absence de clarification de Joseph Kabila sur son avenir politique. Car, plutôt que de créer un gouvernement de cohésion nationale, Joseph Kabila aurait été mieux inspiré de déclarer devant le Parlement ou à la télévision ses intentions pour 2016.
    Christophe RIGAUD – Afrikarabia
  • Constitution & Cenco, paroles d’Évangile en RDC

    Constitution & Cenco, paroles d’Évangile en RDC

    eveques-Opposante historique au pouvoir, l’Église catholique reprend du service en RDC. Par deux fois cette année, elle s’est dite fermement opposée à une révision constitutionnelle en faveur de Josepg Kabila, qui menacerait l’alternance politique.

    Entre l’État congolais et l’Église catholique, les relations n’ont jamais été vraiment bonnes. Mais depuis la contestation des résultats des élections de 2011 par la Conférence épiscopale nationale du Congo (Cenco), elles sont particulièrement tendues.

    Cette année, les évêques ont à deux reprises dit leur opposition à toute tentative de “tripatouillage” de la Constitution du 18 février 2006. Une première fois, en juin, dans une déclaration solennelle publiée à l’issue de l’assemblée plénière de la Cenco, ils ont contesté l’éventualité d’une modification de l’article 220, qui permettrait au chef de l’État de briguer un troisième mandat en 2016, critiquant par ailleurs le projet de révision du mode d’élection des députés provinciaux – qui pourraient être désignés au scrutin universel indirect, et non plus direct.

    Une seconde fois, le 14 septembre, dans une lettre pastorale publiée à Rome, où ils étaient en visite, ils ont rappelé que “l’article 220 a été verrouillé par le constituant lui-même, justement pour échapper à cette modification”. Ajoutant : “Cet article pose les bases de la stabilité du pays et de l’équilibre des pouvoirs dans les institutions. Le modifier serait faire marche arrière sur le chemin de la construction de notre démocratie et compromettre gravement l’avenir harmonieux de la nation.”

    Puis ils ont demandé aux curés et catéchistes de lire leur message à tous les fidèles, et annoncé qu’ils suspendaient leur participation au Comité d’intégrité et de médiation électorale (Cime).

    La Cenco, pas dans son rôle ?

    Pour Théodore Mugalu, le chef de la Maison civile du président, les déclarations de la Cenco sont nulles et non avenues. “Il n’y a pas d’article verrouillé dans la Constitution, affirme-t-il. Si c’est le cas, qu’on montre les clés avec lesquelles on les a verrouillés ! Seul Dieu a ce pouvoir.”

    Lambert Mende, le porte-parole du gouvernement, suggère quant à lui à la Cenco de se transformer en parti politique, estimant qu’elle n’est pas dans son rôle. Pis, alors que le pays veut “se libérer mentalement de l’emprise étrangère” sur les questions de souveraineté nationale, il remarque que, “à en juger par le lieu qu’ont choisi les évêques congolais pour signer et diffuser leur lettre épiscopale, il est évident qu’encore une fois des acteurs majeurs de l’histoire [du] pays ont voulu faire plaisir à des agents d’influence étrangers”.

    En 1972, le cardinal Malula dut s’exiler à Rome face à l’ire du Léopard, qui prit une série de mesures radicales.

    Cette bataille rangée n’est cependant pas comparable à celle qui opposa, au début des années 1970, le pouvoir au clergé, lorsque ce dernier tenta de résister à la politique du “recours à l’authenticité” de Mobutu Sese Seko (qui imposait aux Zaïrois l’abandon des prénoms et noms étrangers).

    En 1972, le cardinal Malula dut s’exiler à Rome face à l’ire du Léopard, qui prit une série de mesures radicales : confiscation du patrimoine de l’église, nationalisation des écoles catholiques et de l’université Lovanium (actuelle Université de Kinshasa), interdiction d’enseigner la religion, installation de comités du parti unique dans les grands et petits séminaires… La tension finit par retomber, notamment grâce à la visite du pape Jean-Paul II au Zaïre, en mai 1980.

    Quant à la participation active des membres du clergé en politique, on se souvient de celle de Mgr Laurent Monsengwo Pasinya, archevêque de Kisangani (aujourd’hui cardinal-archevêque de Kinshasa), dans les années 1990. Il dirigea la Conférence nationale souveraine avant d’être élu à la tête du Haut Conseil de la République, le Parlement de transition, jusqu’à l’arrivée au pouvoir de Kabila père, en 1997.

    À l’époque, dans un texte cosigné par l’un de ses homologues congolais, Mgr Emery Kabongo Kanundowi (secrétaire particulier de Jean-Paul II de 1982 à 1987, désormais chanoine de la basilique Saint-Pierre), Mgr Monsengwo avait écrit : “Ce régime est arrivé par la guerre. C’est un pis-aller.”

    Jeuneafrique

  • Discours sur l’état de la Nation:  Le Président Joseph Kabila : “Ma main a toujours été et reste tendue…”

    Discours sur l’état de la Nation:  Le Président Joseph Kabila : “Ma main a toujours été et reste tendue…”

    KABILA-La dernière prestation du genre remonte au 23 octobre 2013. C’était dans la foulée des Concertations nationales ouvertes le 7 septembre et clôturée le 8 octobre en présence d’une délégation du Conseil de sécurité de l’Onu alors en tournée dans la région des Grands-Lacs. Ce petit détail est important dans la mesure où plusieurs forces politiques et sociales n’ont attendu du discours de ce lundi 15 décembre 2014 que la position du Président Joseph Kabila par rapport au dialogue qu’elles réclament sur base de l’Accord-cadre d’Addis-Abeba et de la Résolution 2098 du Conseil de sécurité. Ils ont été servis au-delà de leurs attentes. D’autant plus que le Président de la République, qui a réaffirmé sa main tendue, a déploré ” la tendance, fort remarquée, de certains compatriotes d’en appeler systématiquement à l’étranger pour régler les différents entre Congolais, comme si dans ce pays nous n’avions pas, collectivement assez de sagesse et de maturité pour le faire nous-mêmes” ! A ces politiciens et aux partenaires extérieurs jusque-là sollicités, il a lancé ce message puissant : “le peuple congolais n’est pas n’importe… “

                  En une heure vingt et une minutes, soit de 10h09 à 11h28, tous les sujets d’actualité ont été abordés : situation sécuritaire dans le territoire de Beni, consolidation de la paix, application des recommandations des Concertations nationales (dont le rappel des missions du Gouvernement de cohésion nationale), décentralisation (au travers du déploiement des inspecteurs territoriaux nouvellement désignés et du regroupement des villages), production législative, débat politique, dialogue politique, processus électoral, questions d’ordre économique (notamment dans les secteurs minier, agricole, gazier et pétrolier et la micro-finance), questions d’ordre social (principalement la santé et l’éducation), environnement, question foncière, genre, jeunesse, sports, coopération, Monusco…

                S’il faut apprécier cette prestation par l’applaudimètre, les points saillants sont sans doute ceux qui portent sur les échéances électorales et sur le dialogue au centre d’un débat politique fort animé. “Sur le plan politique, je me réjouis de constater que la culture démocratique s’enracine chaque jour davantage, et que la pensée unique a cédé la place au débat. Un débat libre, généralement riche et nourri, souvent intense, voire vif“, a-t-il dit en y trouvant la ” preuve incontestable de la vitalité” de la démocratie congolaise.

                Seulement, il a déploré ” … certains dérapages constatés récemment, notamment le recours à la violence, qu’elle soit verbale ou physique“, allusion faite aux empoignades qui se produisent dans les assemblées parlementaires. “Quel que soit l’importance ou le caractère brûlant des sujets traités“, a-t-il poursuivi, “l’hémicycle doit demeurer le temple du dialogue et des échanges, parfois sévères, mais toujours courtois, et non se transformer en arène, lieu des confrontations sans règles ou limites“.

                Autre fait déploré :  la propension à “contester à temps et à contretemps, y compris ce que soi-même on défendait la veille, par simple souci de gains politiques“. Pour le Chef de l’Etat, cette propension – qui s’étend aux faits d’”entretenir des débats interminables sur des thèmes aux antipodes des préoccupations existentielles de nos populations; travestir sciemment les faits, et user systématiquement, comme stratégie politique, de procès d’intention, de l’injure publique, ou des atteintes à la dignité des adversaires” n’a rien d’honorant pour la politique. Au contraire, elle discrédite cette noble fonction.

     

    D’un cran au paroxysme…

     

                L’applaudimètre a monté d’un cran lorsque le Chef de l’Etat a abordé les questions sensibles du processus électoral et du dialogue.      

                Pour le premier point, a-t-il affirmé, “les élections sont, dans notre pays, devenues incontournables pour l’accès aux plus hautes charges de l’Etat à pratiquement tous les niveaux. Nous ne pouvons donc pas en faire l’économie, quelles que soient nos difficultés. Toutes les élections prévues par les lois de la République seront donc organisées, conformément aux dispositions qui seront prises par l’institution compétente pour ce faire, à savoir la CENI“.

                Aussi, a-t-il demandé au Parlement et au Gouvernement, chacun en ce qui le concerne, de doter la Céni des moyens appropriés. Au premier, l’arsenal légal pour une meilleure programmation du processus électoral. Au second, la mise à la disposition des ressources nécessaires. Exhortation à été faite au Gouvernement à apporter tout son appui à l’Office national d’identification de la population (Onip), dès lors que le résultat de son travail favorise la bonne fin dudit processus.

                Le second point concerne l’effervescence qui agite depuis 2013 la classe politique et la communauté internationale. Le Président Joseph Kabila, qui a fait constater la tendance, fort remarquée, “ de certains compatriotes d’en appeler systématiquement à l’étranger pour régler les différends entre congolais, comme si dans ce pays nous n’avions pas, collectivement, assez de sagesse et de maturité pour le faire nous-mêmes“, a estimé que “Ce comportement (…) est d’autant plus surprenant qu’il n’y a pas de crise politique en République Démocratique du Congo“. Et même si crise il y a, a-t-il ajouté, “nous avons dans ce pays une tradition de dialogue qui en permettrait la gestion“. Et de rappeler à tout le monde sa main restée toujours tendue.

                L’applaudimètre va toutefois atteindre son paroxysme lorsqu’il dira aux premiers et aux seconds : “le peuple congolais n’est pas n’importe quel peuple“. Il a martelé : “Nous sommes les descendants de Béatrice Kimpa Vita et de Simon Kimbangu, de Joseph Kasa Vubu et d’Antoine Gizenga, de Patrice-Emery Lumumba et de Laurent-Désiré Kabila. Nous sommes ce peuple, tellement jaloux de son indépendance, conquise de haute lutte, et des libertés démocratiques obtenues parfois au prix du sang, qu’il répète, sans cesse, que l’immortel serment de liberté est celui que, de génération en génération, il s’engage à léguer à la postérité“.

                Tout naturellement, aux partenaires invités à respecter la souveraineté congolaise, il a souligné la disponibilité de la RDC à recevoir des avis, des conseils et des suggestions. “Mais jamais des injonctions“.

     

    De la sécurité aux missions du Gouvernement

     

                Entre ces deux points brûlants, le discours sur l’état de la Nation s’est appesanti d’abord sur les questions sécuritaires avec, au centre, la situation de Beni Mbau, ensuite sur la gouvernance économique avant de chuter sur la Monusco.

                Le Chef de l’Etat a fait constater qu’à l’avènement de chaque accalmie susceptible d’engager les Congolais dans l’accomplissement de belles et grandes choses pour le développement national, “les forces obscures de l’intérieur et de l’extérieur guettent la moindre distraction, la moindre inattention (…) pour rallumer le feu“.

                Soulignant la détermination des Fardc ” de poursuivre le travail de restauration de la paix jusqu’à l’éradication de toutes les forces négatives, nationales et étrangères“, il a fait valoir la responsabilité, le devoir citoyen de chaque congolais de contribuer à la préservation de la paix et de la sécurité d’autant plus que  Ces crimes ne resteront pas impunis“, a-t-il averti.

                Si le premier – en l’occurrence la fin de la guerre – objectif est atteint, le second,  circonscrit dans la mobilisation des énergies pour la reconstruction et le développement, est en voie de l’être, cela par la réalisation, entre autres, des missions confiées au Gouvernement de cohésion nationale, à savoir la consolidation de la paix, l’effectivité de la restauration de l’Autorité de l’Etat, l’application des recommandations des Concertations nationales, la mise en oeuvre de la décentralisation, l’appui à l’organisation des élections, l’amélioration des conditions sociales des populations et la poursuite de la reconstruction nationale. D’où la gouvernance économique et sociale, sujet qui fait l’objet de la prochaine livraison.

     

    Omer Nsongo die Lema