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  • Analyse et Décryptage de l’actualité: FARDC a un sérieux problème systémique et non de l’individu

    Analyse et Décryptage de l’actualité: FARDC a un sérieux problème systémique et non de l’individu

    Le président de la République a tenté de pallier ces faiblesses en procédant à des remaniements au sein de l’armée. Bien qu’il ait apporté des changements significatifs, la situation actuelle démontre que le problème ne se limite pas aux individus, qu’il ne s’agit pas seulement des généraux ou des colonels, mais d’une faille systémique plus profonde.

    En dépit des réformes mises en place, l’armée congolaise demeure fragilisée par sa composition hétérogène, conséquence de l’intégration d’anciens membres repentis de groupes armés.

  • Affaire Kamerhe: Un tête-à-tête F. Tshisekedi – J. Kabila a Nsele

    Affaire Kamerhe: Un tête-à-tête F. Tshisekedi – J. Kabila a Nsele

    -Ce mardi 21 avril, sur le coup de 17 heures, l’ancien président Joseph Kabila est arrivé à la N’sele pour une rencontre en tête-à-tête avec Félix Tshisekedi.

    L’ancien président est entré seul dans la propriété, ses gardes du corps sont en effet demeurés devant l’entrée. Félix Tshisekedi, lui, est flanqué de son conseiller à la sécurité François Beya, ancien proche collaborateur de Joseph Kabila. Au programme : le dossier Kamerhe. Un dossier qui commence à susciter beaucoup de tensions et l’ouverture de contre-feu qui peuvent nuire aux deux familles politiques.

    « Il faut parvenir à éteindre progressivement cette affaire », nous expliquait le week-end dernier un proche du nouveau pouvoir, qui poursuivait : « toute cette agitation est mauvaise car elle donne des envies à beaucoup de régler leurs comptes avec leurs adversaires et ce peut être un cercle vicieux qui pourrait alimenter des fantasmes. Même s’il ne s’agit que d’histoires, d’accusations qui se révéleront en fin de compte gratuites et infondées, dans un climat comme celui que l’on connaît aujourd’hui, c’est très dangereux. Tout le monde est suspect. Il faut calmer le jeu et seuls Kabila et Tshisekedi peuvent le faire ».

  • Vital Kamerhe reste en prison et d’autres auditions en vue

    Vital Kamerhe reste en prison et d’autres auditions en vue

    -La justice a décidé de maintenir en détention le directeur de cabinet du président Felix Tshisekedi Vital Kamerhe, et restera au moins 15 jours de plus derrière les barreaux.

    Il a été placé en détention préventive jeudi dernier pour des soupçons de détournements des fonds alloués au programme d’urgence du président au pouvoir depuis janvier 2019.

    Le tribunal estime que M. Kamerhe est superviseur des travaux des 100 jours et soutient qu’il a aussi piloté les opérations des marchés publics de gré à gré, lesquels, affirme le tribunal, ont conduit au détournement de fonds publics.

    Selon le parquet, dont les arguments sont développés dans l’ordonnance, le chef du cabinet de Felix Ts ahisekedi aurait notamment octroyé un marché de livraison des maisons préfabriquées à Samibo Congo Sarl, une société que l’accusation juge « fictive ».Cette société avait obtenu ce marché d’un montant de 57 millions de dollars dont 47 millions avaient été débloqués en liquide et n’ont jamais servi à l’achat de maisons.

    Autre dossier selon l’accusation : un achat controversé de produits pharmaceutiques pour dix millions de dollars.  Le marché avait été octroyé à Trade Plus, une entreprise qui avait reçu 10 millions de dollars pour la fourniture des médicaments.

    Le scandale est que cette société n’est pas du domaine et ne tient qu’une quincaillerie. Elle avait fourni des produits, en grande partie périmés, mais le ministre de la Santé, Eteni Longondo, les avaient curieusement déclarés conformes.

    Dans ce dossier, Vital Kamerhe soutient qu’il n’est en rien responsable et balaye d’un revers de la main d’autres accusations. Selon lui, tous ces marchés publics ont été hérités du dernier gouvernement du régime de Joseph Kabila.

    Il soutient aussi qu’aucun marché de gré à gré ne porte sa signature. Autre argument du chef de cabinet : il affirme qu’il n’est pas de sa responsabilité de suivre l’affectation des fonds payés par la banque centrale dans les comptes desdites entreprises.

    D’autres auditions devraient aussi avoir lieu dans le cadre de l’instruction du dossier et d’autres personnalités en vue pourraient être appelés en audition durant ce laps de temps.

    Le détenu conteste enfin que plusieurs personnalités chargées de la supervision des travaux, parmi lesquelles le gouverneur de la banque centrale du Congo (BCC) et des ministres encore en fonction ne sont nullement inquiétés. Le tribunal n’a donc pas entendu ses arguments. La détention dans la prison de Makala se poursuivra encore pendant au moins 15 jours.

  • Liberté provisoire de Vital Kamerhe en suspens – Il a a repondre aux multiples dossiers

    Liberté provisoire de Vital Kamerhe en suspens – Il a a repondre aux multiples dossiers

    -Vital Kamerhe saura ce samedi 11 avril s’il peut quitter la prison de Makala. Le directeur du cabinet du président Tshisekedi a été écroué jeudi, soupçonné par la justice congolaise de fautes graves de gestion et de détournements de fonds dans le cadre du « programme des 100 jours ». Le tribunal de Kinshasa – Matete va statuer ce samedi après-midi sur sa mise en liberté provisoire ou non en attendant d’éventuelles confrontations qui sont de moins en moins à l’ordre du jour.

    Après l’arrestation de Vital Kamerhe, du côté de l’accusation comme de la défense, on assurait qu’il serait très vite confronté à ses contradicteurs. Mais finalement vendredi, le procureur a préféré poursuivre les auditions. Il a notamment entendu un responsable du secrétariat général de la santé sur une affaire d’achats de produits pharmaceutiques. Un des multiples dossiers sur lesquels le directeur de cabinet aura à répondre.

    En attendant, il fallait régulariser sa détention. Une audience s’est tenu en prison. Son avocat Me John Kaboto, plaide pour une liberté provisoire. « Les indices de culpabilité qui pourrait peser sur sa personne ne sont pas établis. Il a fourni beaucoup de pièces très convaincantes et nous avons trouvé qu’il était bon qu’on lui accorde la liberté provisoire, pour que monsieur Kamerhe continue à coopérer et collaborer avec la justice. »

    Pour cette audition supplémentaire, Vital Kamerhe a eu recours aux comptables susceptibles de prouver ses dires.

    Quant aux confrontations, l’accusation se rétracte : elles ne devraient plus avoir lieu avant la semaine prochaine. Ce délai serait, de source judiciaire, pour recueillir de nouvelles dépositions et documents de nature à éclairer les agissements du directeur de cabinet du président.

    Dans ce contexte, la campagne « Le Congo n’est pas à vendre » interpelle les autorités politiques comme judiciaires. Elle rappelle que plusieurs autres scandales ont entaché, y compris ces derniers mois, l’Etat congolais. L’affaire des 128 millions de la Gécamines, des 15 millions des produits pétroliers pour ne citer que celles-là sous l’époque Tshisekedi. Mais pour ce collectif d’ONG congolaises et internationales, il faut aussi s’intéresser au passé, pour que les millions détournés sous le régime de Joseph Kabila soient restitués au trésor public.

  • Qui est Vital Kamerhe!

    Qui est Vital Kamerhe!

    -Vital Kamerhe est sur le devant politique de la scène en République démocratique du Congo depuis la chute de Mobutu. L’homme du Sud-Kivu (Bukavu) avait occupé plusieurs fonctions dans divers cabinets ministériels au milieu des années 90 mais sa carrière politique démarrera vraiment avec l’entrée à Kinshasa de Mzee Laurent Désiré Kabila en 1997.

    Depuis, son idylle avec le clan Kabila n’a cessé de fluctuer. En 2006, c’est lui va porter la campagne électorale du jeune Joseph Kabila. Son sens de la formule, sa capacité à s’exprimer dans les cinq langues nationales, placent ce hâbleur au-devant de la scène.
    Kabila installé au pouvoir, Vital Kamerhe reçoit le perchoir de l’Assemblée nationale. L’homme est ambitieux. Un courtisan qui a le don pour se fâcher avec ses “amis” politiques. “Un vrai petit Mazarin”, dit de lui un de ses anciens condisciples du parti de Kabila. “Capable de servir les uns et les autres pour se servir lui-même. Mais ça ne dure jamais longtemps”.

    Première approche avec un Tshisekedi

    De fait, l’homme tombe en disgrâce en 2009. Quelques mois plus tard, il crée son propre parti politique l’Union pour la Nation congolaise. Il se présente à la présidentielle de 2011. Durant la campagne, il va tenter un rapprochement avec Etienne Tshisekedi. “Mais le Sphynx de Limete se méfie de cet ancien allié de Kabila qui aurait conservé des liens avec son ancien patron”, explique un proche de l’ancien leader de l’opposition congolaise. Kamerhe, lui, impute “ce rendez-vous manqué” au “Vieux”. “Il y a eu des contacts”, nous expliquait Kamerhe en 2015, à Kinshasa, mais “le Vieux ne voulait pas partager le pouvoir. Je n’étais qu’un outil pour lui. On a vraiment raté un rendez-vous”, expliquait-il.
    Trois ans plus tard, Vital Kamerhe se retrouve à la table des négociations avec Tshisekedi. Mais cette fois, ce n’est plus le “Vieux” mais son fils Félix. Les deux hommes cherchent à se positionner dans la course à la présidentielle de 2016 reportée à 2018. Kamerhe ne s’est jamais débarrassé de son étiquette de proche de Kabila, ce qui lui vaut le surnom de “Kamerhéon”, l’homme qui est capable de changer de couleur au gré de la faune politique qui l’entoure. Félix Tshisekedi, lui, le “fils de”, cherche à exister. Ils rejoignent tous les deux le mouvement “Lamuka”, qui cherche à fédérer toute l’opposition congolaise pour faire obstacle à Joseph Kabila ou à son candidat. Avec des poids lourds comme Bemba ou Katumbi, le duo peut espérer l’emporter.

    Le 11 novembre 2018, Lamuka désigne Martin Fayulu comme candidat, Kamerhe et Tshisekedi l’adoubent… pour moins de 24 heures. Le lendemain, ils annoncent en effet qu’ils reprennent leur soutien « sur pression de leur base » et fondent dans la foulée le mouvement Cach (Cap pour le Changement) sous l’égide du président kényan. Le deal est ficelé. Tshisekedi est candidat à la présidence, Kamerhe prendra le meilleur accessit qu’il trouvera. Le duo peine à mener campagne. L’argent nerf de la guerre se fait rare. Le 24 janvier, après moults arrangements plus opaques les uns que les autres, Tshisekedi reçoit la présidence congolaise des mains de Kabila. Kamerhe sera son directeur de Cabinet. Il lance rapidement, sur injonction du président, le projet des travaux pour les 100 jours. Une volonté de montrer que malgré cette élection… étonnante, les choses bougent. Les projets se multiplient, les contrats – tous de gré à gré – aussi. Les critiques pleuvent. L’argent, beaucoup d’argent, est dépensé sans que les résultats soient visibles. Kamerhe est sur la sellette. Une fois encore, il agace beaucoup de monde. Des hommes d’affaires, un banquier sont arrêtés en lien avec ce projet des 100 jours. Les langues se délient. Le 8 avril Kamerhe est entendu pendant 6 heures. Son sort est scellé. Il est placé sous mandat d’arrêt provisoire et envoyé à la prison centrale de Makala pour détournement de fonds. D’autres inculpations pourraient suivre

  • Que sait-on sur ce dossier ? de la detention de V. Kamerhe par la justice Congolaise?

    Que sait-on sur ce dossier ? de la detention de V. Kamerhe par la justice Congolaise?

    -Après six heures d’audition, le directeur de cabinet de Félix Tshisekedi a été placé sous mandat d’arrêt provisoire dans le cadre du dossier relatif aux détournements de fonds dans le cadre des travaux du programme de 100 jours du chef de l’Etat.

    Vital Kamerhe, le directeur de cabinet du Presdent Félix Tshisekedi est soupçonné par la justice congolaise de malversations dans le cadre de la gestion du « programme des 100 jours » du chef de l’Etat  de la RDC. Ses partisans dénoncent une arrestation arbitraire et politique, une humiliation pour leur leader pour l’empêcher de se présenter à la prochaine présidentielle. Que sait-on sur ce dossier ?

    Vital Kamerhe faisait office d’ordonnateur des dépenses sur le programme des 100 jours du chef de l’Etat pendant ses premiers mois de mise en œuvre, avant la mise en place du gouvernement de coalition. Et pour la société civile, il n’est que légitime que la justice lui demande de répondre à des questions.

    Les proches du directeur de cabinet confirment que Vital Kamerhe a été interrogé durant plus de cinq heures d’auditions sur différents dossiers. Et si le magistrat instructeur a décidé d’écrouer le directeur de cabinet, c’est à cause notamment des écarts entre des montants annoncés et payés dans le cadre de passation de marchés publics. Il y aurait aussi des fautes de gestion.

    La justice soupçonne l’existence d’un système de « rétro-commissions ». Dans la livraison des logements sociaux préfabriqués, par exemple, Vital Kamerhe est soupçonné d’avoir surfacturé. Sous Joseph Kabila, le prix de 900 logements était de quelque 26 millions de dollars. Sous la houlette du directeur de cabinet, l’administration Tshisekedi avait décidé de commander 600 logements supplémentaires pour un montant d’environ 57 Millions,  à la même société Samibo Congo Sarl du Libanais Jammal Samih.

    Cet entrepreneur n’aurait pas su justifier l’utilisation de près de la moitié des sommes versées par l’État sur son compte à la RawBank.  Cette somme avait pourtant été retirée par le Libanais, son paiement validé par la direction de la banque qui aurait assuré avoir reçu le feu vert de Vital Kamerhe.

    Dans l’audition de mercredi, il a été aussi question des sauts de mouton dont l’arrêt des travaux avait provoqué des embouteillages monstres à Kinshasa. Le patron de la société Safricas Congo, David Blattner, avait lui aussi été interpellé sur ce même dossier. A cela s’ajoute des soupçons sur un marché de produits pharmaceutiques, des infrastructures en province, notamment au Sud-Kivu et au Kasaï Central.

    Tensions politiques

    Dans l’entourage de Félix Tshisekedi, on assure qu’il n’y a pas de complot, mais une volonté de faire toute la lumière sur la gestion de ces fonds. D’autres personnalités et institutions ont eu à répondre aux questions de la justice ces derniers jours ou semaines, anciens ministres, banque centrale et même le coordonnateur du programme des 100 jours à la présidence, sans pour autant, pour l’instant en tout cas, faire l’objet d’arrestation.

    Mais dans les rangs de l’UNC, on estime que le président Tshisekedi a forcément donné son accord à l’arrestation de son directeur de cabinet. Dès lors, des proches de Vital Kamerhe s’interrogent sur la volonté réelle du chef de l’Etat de voir se maintenir la coalition présidentielle.

    Ces interrogations inquiètent dans les rangs de l’UDPS, le parti du président, où l’on souhaiterait voir simplement écartée une « personnalité devenue gênante par sa gestion », sans perdre un parti allié. Un membre du cabinet présidentiel rappelle les tensions de ces derniers mois autour de cette question, entre les « clans » Kamerhe et Tshisekedi qui rendaient l’atmosphère « invivable » au Palais de la Nation.

    « Ils ne vont pas nous faire croire que le directeur de cabinet a agi sans l’accord de son patron », rétorque un responsable de l’opposition. Dans les rangs du FCC, les avis sont partagés entre ceux qui se réjouissent de la « déchéance du traitre Kamerhe » qui avait défection avant l’élection de 2011, et ceux qui redoutent aujourd’hui « une chasse aux sorcières ».

    On réfute en tout cas tout accord entre l’ancien et le nouveau chef de l’Etat sur le sort du directeur de cabinet. Un proche de Félix Tshisekedi reconnaît l’impulsion du chef de l’Etat qui avait proposé un audit en Conseil des ministres, et l’implication du gouvernement, largement dominé par le FCC, qui avait recommandé une enquête judiciaire.

    Reste qu’au sein de la communauté diplomatique, pourtant demandeuse d’efforts en termes de lutte contre la corruption, on s’interroge sur le timing de cette procédure  qui peut créer des tensions en pleine crise de pandémie du coronavirus.

  • Apres Vital Kamerhe,Fulgence  Baramos, directeur général du Foner a Makala

    Apres Vital Kamerhe,Fulgence  Baramos, directeur général du Foner a Makala

    -Alors que la Gombe, le centre des affaires de Kinshasa est toujours confiné, que la justice est sensé fonctionner au ralenti à cause des précautions à prendre dans la lutte contre l’épidémie du Covid-19, les arrestations pleuvent dans la capitale congolaise.

    Ce mercredi 8 avril, c’est donc Vital Kamerhe, le directeur de cabinet du président de la République, son alter ego dans la plateforme Cach (cap sur le Changement) qui a été arrêté et placé sous mandat d’arrêt provisoire dans l’enquête sur les travaux opérés dans le cadre du programme des 100 jours.

    Le lendemain, ce jeudi 9 avril, c’est au tour de Fulgence  Baramos, directeur général du Foner (Fonds national d’entretien routier) d’être placé sous mandat d’arrêt par le procureur général de Kinshasa/Gombe. Motif de cette arrestation : le détournement de plus de 20 millions de dollars des caisses du Foner, notamment dans des projets de réhabilitation d’axes routiers dans les Kivus et le Kasaï.

    Fulgence Baramos avait été épinglé à plusieurs reprises, notamment par nos confrères de Politico.cd pour son enrichissement personnel et les multiples biens immobiliers dont il disposait en RDC mais aussi en Aferique du Sud, au Royaume-Uni ou en France.

  • Un confinement total avorté a Kinshasa a cause de l’impréparation des Kinois

    Un confinement total avorté a Kinshasa a cause de l’impréparation des Kinois

    -Longues files, circulation grippée et marchés pris d’assaut : les plus de 11 millions d’habitants de la capitale congolaise se préparaient laborieusement, ce vendredi, à plonger dans quatre jours de confinement total alterné, décidé par le gouverneur de la ville, Gentiny Ngobila. Lequel s’est ensuite rétracté en début de soirée.

    Visage flétri, tête rasée, Hubert, la cinquantaine, fait la queue derrière une marée de fonctionnaires, près du prestigieux boulevard du 30 Juin, en plein centre-ville, pour retirer son maigre salaire avant d’effectuer les achats pour son ménage. « Hélas, je ne le ferai plus. Le salaire n’a pas encore été versé par l’État. Comment vais-je me confiner avec une femme et sept enfants ? Il vaut mieux mourir du coronavirus que de la faim, c’est triste », déplore-t-il, derrière une septuagénaire venue percevoir son salaire d’enseignante.

    Flambée du prix des denrées alimentaires

    Comme Hubert, de nombreux Kinois étaient massés devant les guichets de banques pour retirer les fonds. Mais trop peu ont été servis, plusieurs banques ayant notamment mis en place un « service minimum » en cette période de pandémie.

    D’autres, comme Clarisse, teint clair et cheveux teints, se sont rués vers les marchés pour s’approvisionner en denrées alimentaires. Conséquence : les prix ont considérablement grimpé. « Les commerçants se foutent de nous, ils profitent de cette situation pour exploser leurs chiffres d’affaires sans raison, regrette-t-elle devant une boutique le long de l’avenue Kasavubu, au marché Gambela. Le sac de la farine de maïs est passé de 46 000 francs congolais à 70 000 FC. C’est qui est étonnant, c’est que même une meurette de haricots ait connu une hausse de prix. »

    Dans des supermarchés congolais, de longues files trainaient devant les entrées au mépris des mesures d’hygiène. Gels désinfectants et papier toilette étaient particulièrement recherchés par les clients. Pour les commerçants, la situation est devenue une aubaine.

    « Nous sommes leurs vaches laitières, s’emporte Emery, qui transporte un sac de riz sur un chariot à la sortie d’un supermarché, dans l’est de Kinshasa. Le drame, c’est que l’État tolère cela après nous avoir imposé un confinement sans eau ni électricité. L’État devrait nous alléger la vie en cette période, au lieu de quoi lui et les commerçants nous pillent. »

    « Je devais aussi acheter du lait en poudre, des poissons salés et autres, mais ce n’est plus possible, peste Anicet, près du centre-ville. J’ai vidé mes poches, mais je ne suis pas en mesure de me procurer le minimum vital. Que vais-je faire pendant le confinement ? La faim va nous tuer plus que le coronavirus. »

    Jean-Claude Katende, président de l’ASADHO, une ONG congolaise de défense des droits de l’homme, affirme même que la « décision brutale » de confiner Kinshasa « n’a contribué qu’à exposer les Kinois à la contamination ».

    Pour le mouvement citoyen Lutte pour le Changement, la mesure du gouverneur est « irresponsable ». La Lucha critique le caractère brusque de la décision, qui a été prise sans que des mesures d’accompagnement de l’économie n’aient été adoptées. Le mouvement craint que les pillages ne se développent dans cette période.

    Marche arrière pour le gouverneur de Kinshasa

    Vendredi soir, le gouverneur de Kinshasa Gentiny Ngobila a rectifié le tir, et annoncé par communiqué le report de sa mesure, vivement critiquée. Il justifie ce revirement par la spéculation des prix des biens de première nécessité, et le risque de voir se dérouler dans la capitale « des actes susceptibles de créer l’insécurité ».

    Le gouverneur ne prononce pas le mot de « pillage », que disait redouter la Lucha indignée par la mesure de confinement d’une population dont plus de la moitié vit dans la pauvreté. Vendredi dans la matinée, plusieurs sources gouvernementales affirmaient déjà qu’au plus haut niveau de l’exécutif national, cette mesure de confinement total alternée n’avait pas été entérinée.

    Il faut dire qu’à peine annoncée, cette mesure avait provoqué une levée de boucliers. Certains députés, qu’ils soient de l’opposition ou de la coalition au pouvoir, pointaient le peu de temps de préparation de la population de Kinshasa et l’absurdité du caractère intermittent du confinement.

    Du côté de les autorités de la ville, on dément tout rétropédalage. Le porte-parole du gouvernement provincial, Charles Mbuta Muntu, a annoncé la tenue d’une réunion du conseil urbain de sécurité dans les prochaines heures pour décider de l’éventualité d’une nouvelle date du début du confinement. Il promet une meilleure concertation avec l’équipe en charge de la riposte contre le Covid-19 à ce sujet.

    Pour le porte-parole du gouvernorat, rien ne justifie la « flambée exagérée » des prix observés sur les marchés de Kinshasa ces trois derniers jours car, affirme-t-il, « il n’y a pas rupture de stock ». Avec officiellement 58 cas dont cinq décès, et seulement trois cas de guérison, la RDC, qui avait enregistré son premier cas le 10 mars, est devenue le pays le plus touché d’Afrique centrale.

  • Le président Tshisekedi appelle de produire la chloroquine « en quantité industrielle » en urgence

    Le président Tshisekedi appelle de produire la chloroquine « en quantité industrielle » en urgence

    -Le président de la République démocratique du Congo Félix Tshisekedi a estimé mardi qu’il était « urgent » de produire de la chloroquine « en quantité industrielle » face au coronavirus, faisant allusion au récent communiqué d’une entreprise pharmaceutique installée en RDC. « Il est urgent en effet que soit produite une quantité industrielle de la chloroquine, qui semble avoir montré son efficacité jusqu’à ce jour dans certains pays », a déclaré le président congolais dans une allocution télévisée détaillant de nouvelles mesures face à la pandémie, dont « l’état d’urgence » et l’isolement de Kinshasa du reste du pays.

    Le président a souligné que « tous les scientifiques n’ont pas encore marqué leur unanimité », mais souhaite « réfléchir sans délai » sur « l’opportunité d’une pareille démarche ». Il a fait allusion à un récent communiqué de l’usine pharmaceutique Pharmakina, installée à Bukavu dans l’est de la RDC.

    Dans ce communiqué, Pharmakina affirme qu’elle est disposée « à fournir de la quinine aux chercheurs disposés à travailler sur cette piste de la recherche scientifique ».

    Les avis sont partagés sur l’effet contre le SARS-Cov-2, le virus qui provoque le Covid-19, de la chloroquine, un antipaludéen bon marché, et de son dérivé, l’hydroxychloroquine.

    L’Organisation mondiale de la Santé (OMS) appelle à la prudence et « condamne l’usage de médicaments sans preuve de leur efficacité ».

    En France, le ministre de la Santé Olivier Véran a indiqué lundi qu’il s’apprêtait à autoriser le traitement par hydroxychloroquine mais uniquement pour les formes graves et dans un cadre hospitalier « sur décision collégiale des médecins ».

    Mi-février, des chercheurs chinois ont affirmé avoir eu des résultats positifs avec des essais cliniques portant sur une centaine de malades du Covid-19 dans une dizaine d’hôpitaux.

    En France, une équipe a testé des patients à Marseille (sud) et obtenu des résultats qu’elle a qualifié de positifs mais sur un très petit échantillon.​

    Avec LLA