Tag: Nouvelles Africaines

  • Président Ouattara: “je n’enverrai plus d’Ivoiriens à la CPI”

    Président Ouattara: “je n’enverrai plus d’Ivoiriens à la CPI”

    gbagbo-ouatara-Le président Alassane Ouattara a affirmé jeudi qu’il “n’enverrait plus d’Ivoiriens” à la Cour pénale internationale (CPI), estimant que son pays avait désormais une “justice opérationnelle”.

    C’était à l’issue d’une rencontre à Paris avec le président François Hollande.

    L’adversaire de M. Ouattara lors de la présidentielle de 2010, Laurent Gbagbo, et le chef de milice Charles Blé Goudé comparaissent actuellement devant la CPI pour leur rôle présumé dans la crise post électorale qui avait fait plus de 3.000 morts en 5 mois. Mais aucun membre du camp Ouattara n’a encore été inquiété par la Cour.

    “Nous attendons la manifestation de la vérité. Nombreux sont ceux en Côte d’Ivoire qui estiment que justice doit être rendue. Le plus tôt sera le mieux”, a déclaré à la presse le président Ouattara, à propos du procès en cours à La Haye.

    Alors que les partisans de Laurent Gbagbo estiment que la CPI tarde à enquêter sur les auteurs des violences au sein du camp d’Alassane Ouattara et dénoncent une “justice des vainqueurs”, le président ivoirien a rejeté l’accusation.

    “Je ne sais pas ce que veut dire +justice des vainqueurs+, la justice est la même pour tous”, a-t-il assuré.

    Mais désormais, les procès se tiendront devant la justice ivoirienne, a souligné le chef de l’Etat. “Je n’enverrai plus d’Ivoiriens à la CPI”, a-t-il insisté.

    “La CPI a joué le rôle qu’il fallait. A la sortie de la crise électorale, nous n’avions pas de justice, le pays était totalement en lambeaux (…) maintenant nous avons une justice qui est opérationnelle et qui a commencé à juger tout le monde sans exception. Ces procès commenceront très rapidement et je souhaite que ça aille plus vite que la CPI”, a-t-il lancé.

    Alassane Ouattara avait déjà refusé de livrer à la CPI Simone Gbagbo, épouse de Laurent, malgré plusieurs requêtes de la Cour. Jugée en mars 2015 à Abidjan, l’ancienne Première dame a écopé de 20 ans de prison.

    Des membres de l’opposition accusent Alassane Ouattara de ne pas avoir livré Simone Gbagbo afin de pouvoir refuser par la suite l’extradition à La Haye de ses partisans.

    La procureure de la CPI, Fatou Bensouda, avait assuré la semaine dernière devant les juges de Laurent Gbagbo que ses services enquêtaient “sur les deux côtés du conflit (…) cela prend du temps et nous demandons de la patience”.

    La Côte d’Ivoire n’envisage pas de se retirer de la CPI, a souligné M. Ouattara. Dimanche, les dirigeants africains réunis au siège de l’Union africaine à Addis Abeba ont soutenu l’idée d’un retrait commun de la CPI, lui reprochant de “s’acharner” sur l’Afrique.

    “Ce qu’il faudrait c’est que l’Union africaine mette en place une Cour africaine qui puisse juger les Africains en Afrique”, a estimé le président ivoirien.

    Avec AFP

  • Charles Blé Goudé à la CPI: «Aucune goutte de sang ne crie contre moi»

    Charles Blé Goudé à la CPI: «Aucune goutte de sang ne crie contre moi»

    ble goude-Le procès de l’ex-président ivoirien Laurent Gbagbo et de son co-accusé Charles Blé Goudé pour crimes contre l’humanité pour leur rôle dans les violences post-électorales de 2010-2011 s’est poursuivi mardi à La Haye. Accusé par la procureure de la CPI d’être responsable de certains des pires crimes commis durant la crise et d’avoir attisé la division, l’ancien chef des Jeunes patriotes a clôturé les déclarations d’ouverture. Il a au contraire été présenté par ses avocats comme un « homme de paix » et s’est lui-même défendu d’être un chef de milice.

    Costume bleu, chemise blanche, lunettes fines, l’ancien chef des Jeunes patriotes parle avec assurance. Charles Blé Goudé marque parfois des pauses pour mieux ménager ses effets. Se risque de temps en temps à une pointe d’ironie. Et prend la peine de traduire en anglais certaines de ses expressions, puis d’expliquer : « Il semble que la traduction a souvent des problèmes avec mes proverbes. »

    Au cours de son intervention de près d’une heure, Charles Blé Goudé, qui n’a visiblement rien perdu de ses qualités de tribun, nie avoir jamais voulu la guerre. « Entre prendre les armes et faire de la politique, j’ai choisi mon camp », estime-t-il.

    « Moi, j’ai peur de la guerre »

    « J’entends par-ci par-là, M. le Président : “Blé Goudé, le chef des milices pro-Gbagbo”. Alors, au lieu de me fâcher, j’ai décidé de faire des recherches, explique-t-il. Au sens juridique, une milice désigne un groupe de personnes armées ayant militairement pris part à un conflit. Notez bien le vocable et le substrat “militairement”. Pour vous dire que jamais je n’ai dirigé un groupe de personnes armées, comme jamais je n’ai militairement pris part à un conflit. Parce qu’aussi simple que cela puisse paraître : je ne suis pas un adepte de la lutte armée. Le Cojep [mouvement créé par Blé Goudé, ndlr] n’est pas une milice, comme ne l’est pas l’Alliance des jeunes patriotes. Pendant que le procureur m’accuse d’être un extrémiste qui appelle au meurtre, d’autres me qualifient de “faiblard” qui a peur de la guerre. Oui, je le dis sans honte : moi, j’ai peur de la guerre », assure celui qui était pourtant surnommé « le général de la rue », poursuivant : « Parce qu’à un homme normal, la guerre devrait faire peur. »

     

    Avant lui, ses avocats avaient préparé le terrain pour expliquer qu’en tant que « pacifiste dans l’âme », il avait sillonné son pays pour lancer des « appels à la retenue ». Charles Blé Goudé ne pouvait donc pas selon ses défenseurs avoir participé à un quelconque « plan commun » meurtrier établi selon l’accusation par Laurent Gbagbo et son « cercle restreint ».

    Charlés Blé Goudé marque d’ailleurs sa distance avec le parti de l’ex-président Gbagbo : « Je ne suis ni militant ni membre du Front populaire ivoirien ». Pas plus que le bras séculier de Laurent Gbagbo. Sans se désolidariser totalement de son ancien mentor dont il estime qu’il n’a « pas sa place en prison ».

    Une vision caricaturale de la Côte d’Ivoire

    Accusé par la procureure d’avoir pendant la crise attisé la division avec des discours de haine et d’avoir lancé des attaques contre des pans entiers de la population assimilés à des partisans d’Alassane Ouattara sur des critères ethniques ou religieux, le chef des Jeunes patriotes s’en défend. Et accuse à son tour la procureure de fonder son argumentaire sur une vision fausse et caricaturale de la Côte d’Ivoire.

    De quoi on parle dans cette cour ? La Côte d’Ivoire qui vous est présentée par le procureur et par la représentante des victimes n’est pas celle qui m’a vu naître.
    Charles Blé Goudé

    Blaise Compaoré le « déstabilisateur »

    Reprenant à son compte la thèse présentée la veille par les avocats de Laurent Gbagbo qui ont accusé Alassane Ouattara d’avoir recruté des mercenaires en Côte d’Ivoire pour prendre le pouvoir « par la force », Charles Blé Goudé a de nouveau pointé le rôle « déstabilisateur » de l’ex-président ivoirien Blaise Compaoré, non seulement sur la Côte d’Ivoire mais sur l’ensemble de la sous-région.

    Blaise Compaoré n’est pas que le déstabilisateur de la Côte d’Ivoire, il déstabilise toute la sous-région.
    RFI
  • Idriss Déby Itno prend la tête de l’Union africaine pour un an

    Idriss Déby Itno prend la tête de l’Union africaine pour un an

    Idriss- Magabe-Le président tchadien succède au Zimbabwéen Robert Mugabe, très applaudi par la salle après son discours lors du sommet de l’Union africaine.

    Le président tchadien Idriss Déby Itno, en pointe dans la lutte contre les groupes jihadistes en Afrique sub-saharienne, a été désigné nouveau président en exercice de l’ Union africaine, samedi 30 janvier à Addis Abeba.

    Idriss Déby Itno, qui occupera la présidence tournante de l’organisation continentale pendant un an, succède au zimbabwéen Robert Mugabe, plus ancien chef d’Etat africain en exercice.

    C’est le président Mugabe qui a annoncé la nomination de M. Deby, désigné par ses pairs, au terme d’un long discours prononcé quelques semaines après de nouvelles rumeurs sur son état de santé.

    “Quelle que soit l’aide que vous me demandez, je serai là, jusqu’à ce que Dieu me dise de venir. A ce moment-là, je partirai rejoindre les autres. Mais tant que je serai en vie, je serai toujours combatif”, a ainsi déclaré Robert Mugabe, 91 ans, avant d’aller se rasseoir sous les applaudissements nourris de la salle plénière, le poing droit levé.

    Acteur incontournable d’Afrique centrale

    Chef de l’Etat tchadien depuis 1990, M. Déby est devenu un acteur incontournable en Afrique centrale, à la tête d’une armée aguerrie et désormais bien équipée.

    Face à la menace des islamistes nigérians de Boko Haram, il fait intervenir ses troupes au Nigeria voisin début 2015 pour y libérer des localités occupées par les islamistes et initier une riposte militaire régionale contre Boko Haram face à l’inertie de l’armée nigériane.

    N’Djamena a été en retour frappée par plusieurs attentats-suicides meurtriers revendiqués par Boko Haram.

    “La montée du terrorisme dans le monde et particulièrement en Afrique impose que nous unissions nos forces. La solidarité face à ce phénomène ne doit pas se résumer à des mots”, a déclaré M. Déby à la tribune de l’UA.

    Né en 1952, M. Déby a accédé au pouvoir par les armes en 1990 en renversant son ancien mentor, le président Hissène Habré.

    Critiqué par l’opposition

    Le chef de guerre délaisse alors son treillis pour la politique et ouvre le pays au multipartisme. Elu en 1996 et réélu depuis, il est régulièrement critiqué par une opposition qui lui reproche des fraudes électorales, des violations des droits de l’homme et, malgré son entrée en 2003 dans le club des pays producteurs de pétrole, l’extrême pauvreté des Tchadiens.

    Traditionnellement allié de la France, l’ancienne puissance coloniale, le Tchad avait aussi envoyé ses troupes combattre les islamistes dans le nord du Mali en 2013 au moment de l’intervention militaire française Serval.

    Et c’est à N’Djamena qu’est basée l’opération militaire française Barkhane qui lutte contre les jihadistes dans le Sahel.

    M. Déby devrait être désigné le 6 février candidat par son parti à la prochaine élection présidentielle prévue le 10 avril.

    Avec AFP

  • Laurent Gbagbo, un procès crucial pour la Cour pénale internationale

    Laurent Gbagbo, un procès crucial pour la Cour pénale internationale

    GBAGBO-CPI-L’un fut président de la Côte d’Ivoire et l’autre rêve d’entrer à son tour dans l’Histoire. Laurent Gbagbo et Charles Blé Goudé s’assiéront côte à côte, jeudi 28 janvier, dans le box des accusés de la Cour pénale internationale (CPI). L’ex-chef d’Etat ivoirien et son éphémère ministre de la jeunesse y répondront de crimes contre l’humanité commis lors des violences qui ont enflammé la Côte d’Ivoire après la présidentielle de novembre 2010, faisant, selon l’ONU, plus de 3 000 morts en cinq mois.

    Selon l’accusation, les deux hommes auraient planifié, organisé et coordonné « un plan commun » pour permettre à Laurent Gbagbo de conserver le pouvoir « par tous les moyens, y compris en commettant des crimes ». Entre le 27 novembre 2010 et le 12 avril 2011, les forces armées ivoiriennes, appuyées par des milices et des mercenaires, auraient visé les partisans d’Alassane Ouattara, déclaré vainqueur d’une élection présidentielle controversée, attaquant, tuant, blessant, violant et persécutant des centaines de civils. Laurent Gbagbo aurait activé les forces armées dans cet objectif.

    Quant au « général de la rue », doté d’un indéniable charisme dont il use jusque dans le box des accusés, il aurait mobilisé la jeunesse, ciblé l’ennemi, lancé les mots d’ordre. Contre les deux accusés, le substitut du procureur, Eric MacDonald, entend appeler plus de cent témoins à la barre. Ils déposeront notamment sur les cinq faits retenus par l’accusation : la répression d’une marche vers la Radio-Télévision ivoirienne, d’une manifestation dans le quartier populaire d’Abobo, puis son bombardement, et des tueries commises à Yopougon. Plusieurs témoins déposeront sous pseudonyme. Pour les juges, « la société ivoirienne est encore polarisée », et Laurent Gbagbo compte « beaucoup de partisans », ce qui, estiment-ils, pourrait « augmenter les risques sur les témoins ».

    Coopération sélective

    A La Haye, Charles Blé Goudé se présente en nouveau Mandela, « pas forcément pour le parcours », reprend, dans un semblant d’humilité, son avocat, Me Simplice Seri Zokou, mais parce qu’il se sent comme l’icône sud-africaine : diabolisé. L’ambitieux politicien, qui « aspire à jouer sa partition en Côte d’Ivoire », a constitué une équipe formée de camarades de lycée pour plaider sa cause hors du prétoire. Lors de sa première audition à La Haye, il avait dû assurer ses partisans de son soutien à Laurent Gbagbo.

    Selon l’un des experts psychiatres de la Cour, il serait d’abord soucieux de« ce qu’il laissera comme trace dans l’Histoire de son pays »

    A 70 ans, l’ex-président laisse à ses avocats le soin de mener la bataille procédurale. Selon l’un des experts psychiatres de la Cour, il serait bien moins soucieux de l’issue du procès, que de « ce qu’il laissera comme trace dans l’Histoire de son pays ». Pour autant, Laurent Gbagbo n’appartient pas encore au passé. Il pèse encore en Côte d’Ivoire. Sur son parti, qui se déchire l’héritage, ou sur les candidats, qui cherchent l’adoubement du chef. Sur le pouvoir ivoirien, qui suit minutieusement toutes les étapes de l’affaire, contrant régulièrement, par des courriers à la Cour, les allégations des deux accusés.

    Les avocats de la Côte d’Ivoire, les français Jean-Pierre Mignard et Jean-Paul Benoît, ont même demandé à participer au procès, rappelant avoir eu « une coopération effective avec la Cour depuis l’ouverture de l’enquête par le procureur ». Une coopération sélective : poursuivie depuis février 2012, Simone Gbagbo n’a pas été livrée par le pouvoir ivoirien, qui assure vouloir désormais conduire devant ses propres tribunaux les procès sur les violences de 2010-2011. L’ex-première dame a déjà été condamnée dans une première affaire à vingt ans de prison. Et le président Ouattara a affirmé, au printemps 2015, qu’aucun suspect ne serait désormais livré à la Cour.

    « L’absence d’accusations contre les forces pro-Ouattara a porté atteinte à la légitimité de la Cour dans l’opinion populaire »

    Les autorités ivoiriennes assurent qu’elles peuvent juger les acteurs de la crise devant leurs propres tribunaux. Une façon d’éviter d’avoir à livrer, à l’avenir, ceux qui se sont aussi illustrés aux côtés d’Alassane Ouattara et sur lesquels la procureure, Fatou Bensouda, assure toujours enquêter. Mais faute de mandats d’arrêt à ce jour contre les partisans du chef d’Etat, la CPI est accusée de conduire une justice de vainqueurs. « L’absence d’accusations contre les forces pro-Ouattara (…) a entraîné une opinion très polarisée à propos de la CPI », estime Human Rights Watch dans un communiqué et a « porté atteinte à la légitimité de la Cour dans l’opinion populaire ».

    L’organisation de défense des droits de l’homme regrette que le procureur n’ait pas conduit dans le même temps ses enquêtes contre les deux camps et se soit ainsi lié les mains. La Cour a encore besoin de la coopération de la Côte d’Ivoire pour faire venir ses témoins contre Laurent Gbagbo et se trouve en quelque sorte prise en otage. A ce jour, le pouvoir a pu instrumentaliser la Cour à ces seules fins : écarter l’ex-chef d’Etat de la scène politique, sans permettre à celle-ci de remplir pleinement son mandat.

    Affaire d’envergure

    Pour la Cour, le procès de Laurent Gbagbo est l’occasion de conduire une affaire d’envergure. Depuis qu’elle a ouvert ses portes en 2002, c’est la première fois qu’elle juge un ancien chef d’Etat. Ambitieuse, elle a déjà visé le président soudanais, Omar Al-Bachir, contre lequel pèsent deux mandats d’arrêt, Mouammar Kadhafi, avant qu’il ne soit tué en Libye en octobre 2011, et a mis en accusation Uhuru Kenyatta, élu malgré cela président du Kenya et dont l’affaire s’est finalement soldée par un non-lieu.

    Cette fois, c’est à un « ex » que la Cour s’attaque, pour lequel l’Union africaine ne s’est pas mobilisée, comme elle l’avait fait pour le Kényan et le Soudanais. « En Afrique francophone, avoir un geste pour Gbagbo, c’est prendre des risques, estime Guy Labertit, ancien directeur Afrique du Parti socialiste et ami de l’ancien président. Les pays du Sahel pensent d’abord à leur sécurité. »Politicien ivoirien et gendre de Laurent Gbagbo, Stéphane Kipré estime que « les chefs d’Etat en service ne peuvent pas s’immiscer dans des questions qui concernent un ancien chef d’Etat ».

    Laurent Gbagbo, devant la CPI, à La Haye, en février 2013.
    Laurent Gbagbo, devant la CPI, à La Haye, en février 2013. CRÉDITS : MICHAEL KOOREN/AFP

    Quoi qu’il en soit, Laurent Gbagbo vient allonger la liste des ex-chefs d’Etat poursuivis pour crimes contre l’humanité. Avant lui, le Serbe Slobodan Milosevic, le Libérien Charles Taylor et le Tchadien Hissène Habré ont eux aussi fait face à des juges internationaux pour des crimes de masse. Le premier est décédé en prison avant le verdict, le second a été condamné à cinquante ans de prison, qu’il purge aujourd’hui au Rwanda. Le troisième est toujours en procès à Dakar. Ce dernier est le seul jugé avec l’aval de l’Union africaine.

    Pour retrouver une crédibilité écornée au fil des ans, la Cour devra aussi s’emparer de l’Histoire. Comme si elle craignait d’affaiblir sa thèse, mais au risque de présenter un récit biaisé, l’accusation n’a pas inclus dans son mémoire d’avant procès le récit des confrontations entre les forces régulières et les rebelles, malgré les demandes des juges. Ces derniers avaient aussi invité le procureur à enquêter sur les crimes commis depuis 2002, début de la crise ivoirienne issue de la partition durable du pays. La défense entend bien compléter le récit de l’accusation, et il appartiendra aux juges d’établir la réalité.

    Mais, par le passé, dans des affaires visant des miliciens de l’est de la République démocratique du Congo, la Cour avait ramené à de simples conflits ethniques la course régionale au pillage des richesses congolaises. Dans ce « puzzle de 5 000 pièces » à conviction, ainsi que le décrit la défense, les juges seront donc aussi attendus sur l’Histoire. En attendant, ils vont devoir gagner la bataille du temps. Le procès devrait durer plusieurs années.

    (Le Monde Afrique)

     

  • Congo: Denis Sassou-Nguesso investi candidat à la présidentielle

    Congo: Denis Sassou-Nguesso investi candidat à la présidentielle

    sassou-Sans surprise, le Parti congolais du travail (PCT), au pouvoir, a désigné ce lundi le président Denis Sassou-Nguesso comme son candidat à la présidentielle anticipée du 20 mars. Ce choix a été fait à l’unanimité, selon le comité d’investiture qui a tenu son conclave pendant deux jours.

    Comme en 1992, 2002 et 2009, le président Sassou-Nguesso sera le candidat du Parti congolais du travail (PCT) à la prochaine présidentielle. Il briguera donc un troisième mandat le 20 mars prochain, comme le lui permet la nouvelle Consitution entrée en vigueur en novembre.

    « C’est le meilleur choix », a déclaré Pierre Ngolo, secrétaire-général du PCT qui a présidé les travaux du comité d’investiture. « Nous avons fait le bon choix, le meilleur choix qui dans les pays à tradition boursière, ferait s’envoler les bourses, parce que les citoyens sont conscients, les investisseurs rassurés et l’économie sûre d’être dynamisée », a-t-il déclaré.

    Denis Sassou-Nguesso est présenté comme l’homme de la situation par Alain Moka et Jean-Pierre Manoukou-Kouba, membres du bureau politique du PCT. « Vous savez que la conjoncture internationale est très délicate. Il y a du vent, il y a de la tempête. Il faut quelqu’un d’avéré pour pouvoir tenir le bateau et l’amener à bon port, et c’est Denis Sassou-Nguesso », a déclaré Alain Moka.

    « Il a tout ce qu’il faut pour rassurer, surtout en ces temps tumultueux », a pour sa part estimé Jean-Pierre Manoukou-Kouba.

    Pour son parti, c’est « un acte de loyauté et de responsabilité. Le chef de l’Etat incarne le rassemblement, la paix et l’unité nationale ».

    « Un faux événement »

    Pour l’opposition congolaise, « c’est la chronique d’une décision déjà annoncée. Un faux événement : le PCT n’a qu’un seul chef ». Il faut dire que le suspense n’avait rien d’insoutenable. Depuis les premiers appels à une nouvelle candidature du président congolais, le scénario est écrit d’avance : un dialogue boycotté par une grande partie de l’opposition ; puis en octobre, un référendum pour faire sauter le verrou constitutionnel. Les contestations de l’opposition n’y changeront rien. Denis Sassou-Nguesso a désormais la possibilité de faire trois nouveaux mandats lui qui cumule déjà plus de 30 années à la tête du pays.

    Guy-Romain Kinfoussia, porte-parole de la principale coalition d’opposition (Frocad-IDC), n’est pas du tout surpris.

    M. Sassou-Nguesso n’a pas tordu le cou à la Constitution du 20 janvier 2002 pour laisser passer quelqu’un d’autre. (…) C’est un simulacre pour donner l’impression à tous les démocrates du monde qu’au Congo il y a une démocratie qui s’exerce.
    Guy-Romain Kinfoussia Porte-parole du Frocad-IDC

    Qui pour lui faire face ?

    Ce qui était moins attendu en revanche, c’est la décision annoncée fin décembre sur l’avancement au 20 mars du premier tour de la présidentielle qui devait initialement avoir lieu en juillet. Une manière peut-être de déstabiliser davantage l’opposition. Une manière aussi de ne pas laisser les polémiques s’installer dans le pays.

    Le président sortant est le deuxième candidat déclaré à la présidentielle anticipée après l’indépendant Joseph Kignoumbi Kia-Mboungou. Les deux principales plateformes d’opposition devraient faire connaître dans les prochains jours le ou leurs candidats à la présidentielle.

    (RFI)

  • Robert Mugabe de retour au Zimbabwe après des rumeurs sur son décès

    Robert Mugabe de retour au Zimbabwe après des rumeurs sur son décès

    Robert Mugabe-La rencontre du président zimbabwéen avec le président de la Guinée Equatoriale, samedi, a mis fin aux rumeurs qui avaient annoncé son décès.

    Le président zimbabwéen Robert Mugabe a rencontré samedi 23 janvier, pendant plusieurs heures, son homologue de la Guinée Équatoriale Teodoro Obiang Nguema, au lendemain de son retour à Harare après un mois de vacances en Asie, démentant les récentes rumeurs qui avaient annoncé son décès.

    Robert Mugabe qui aura 92 ans le mois prochain, a tenu une réunion de plus de trois heures, samedi après-midi avec M. Obiang pour des discussions bilatérales sur la paix, la sécurité et le terrorisme en Afrique, au palais présidentiel d’Harare, a constaté l’AFP.

    Cette apparition publique met fin aux rumeurs qui ont agité le Zimbabwe ces dernières semaines, annonçant que le président avait eu une crise cardiaque fatale au cours de ses vacances en Asie.

    Interrogé sur ses congés, le président zimbabwéen a refusé de répondre mais a appelé les médias à écrire davantage d’articles positifs sur le continent africain et ses leaders.

    “Nous avons le sentiment que nos journalistes devraient mieux faire leur travail qu’ils ne le font”, a-t-il lancé à la presse à la sortie de sa réunion.

    Rumeur de crise cardiaque

    “Le président Mugabe et la Première Dame Grace Mugabe sont arrivés au pays la nuit dernière (vendredi), infirmant les faux articles qui indiquaient qu’il avait eu une crise cardiaque pendant ses vacances annuelles”, écrivait samedi The Herald, le quotidien pro-gouvernemental.

    Robert Mugabe qui est le plus vieux chef d’Etat en exercice au monde, dirige le Zimbabwe depuis son indépendance en 1980.

    Malgré son grand âge, il continue de délivrer de longs discours en public. Plusieurs observateurs se sont interrogés l’an dernier sur son état de santé après une chute, devant les caméras du monde entier, sur un tapis rouge alors qu’il rentrait d’un sommet de l’Union Africaine.

    En septembre, il a lu pendant 25 minutes un discours mot pour mot identique à celui qu’il avait prononcé un mois plus tôt, manifestement sans s’en apercevoir.

    En 2011, Wikileaks avait dévoilé un télégramme diplomatique américain datant de 2008, affirmant à l’époque que le président zimbabwéen souffrait d’un cancer de la prostate et n’avait plus que cinq ans à vivre.

    Sous sa férule, le Zimbabwe s’est terriblement appauvri dans les années 2000. Des centaines de milliers, voire des millions, de ses concitoyens ont émigré en Afrique du Sud et, à la suite d’une hyper-inflation, le Zimbabwe a supprimé sa propre monnaie pour utiliser désormais le dollar américain.

    Avec AFP