Tag: Nouvelles Africaines

  • Sénégal: vers la réduction du mandat du président Macky Sall?

    Sénégal: vers la réduction du mandat du président Macky Sall?

    Le président sénégalais Macky Sall - AFP
    Le président sénégalais Macky Sall –
    AFP

    -Au Sénégal, le président Macky Sall avait abordé la question de la révision de la Constitution lors de ces vœux le 31 décembre, et notamment la réduction de son mandat en cours de sept à cinq ans. Le débat politique est permanent sur cette question et ce projet de révision a été diffusé ce dimanche soir. L’objectif affiché par le chef de l’Etat est de renforcer la démocratie sénégalaise. Au total, ce sont quinze mesures qui sont proposées.

    Bien évidemment, l’article le plus important de ce projet de révision concerne la durée du mandat en cours du chef de l’Etat. Passer de sept à cinq ans était une des promesses phares du candidat Macky Sall. Voilà désormais la proposition de l’article 27 remanié : « La durée du mandat du président est de cinq ans. Cette disposition s’applique au mandat en cours. Nul ne peut exercer plus de deux mandats consécutifs ». A l’image de la disposition prise par la transition au Burkina, il est ajouté : « Cet article ne peut faire l’objet de révision ». En cas de validation, l’élection du chef de l’Etat au suffrage universel direct avec la majorité absolue ne pourra pas non plus être révisée. Le chef de l’état devra également avoir moins de 75 ans le jour du scrutin.

    Contrôle du gouvernement

    Autre point revu, la volonté d’un contrôle de l’action gouvernementale par l’Assemblée nationale. Ce sont les projets d’articles 81, 85 et 86 de la Constitution. En cas de validation, il est prévu que les ministres pourront être entendus à tout moment par l’Assemblée nationale. Concernant les propositions sur les droits et les devoirs des citoyens, c’est l’article 25 et le droit à un environnement sain, l’obligation de s’acquitter de ses obligations fiscales y sont notamment clairement définis.

    Un référendum ?

    Ce projet de révision doit désormais être soumis au Conseil constitutionnel. La validation ou non engagera la suite du processus qui pourrait aboutir à un référendum.

    (RFI)

  • Video:Le président de l’Assemblée nationale ivoirienne visé par un mandat d’arrêt burkinabè

    Video:Le président de l’Assemblée nationale ivoirienne visé par un mandat d’arrêt burkinabè

    Selon une source judiciaire, la justice burkinabè a émis vendredi un mandat d’arrêt contre Guillaume Soro, président de l’Assemblée nationale ivoirienne, soupçonné d’avoir voulu soutenir la tentative de putsch de septembre dernier au Burkina Faso.

    Un mandat d’arrêt a été lancé par la justice militaire du Burkina Faso contre le président de l’Assemblée nationale ivoirienne Guillaume Soro, ancien chef de la rébellion ivoirienne, dans le cadre du coup d’État raté du 17 septembre au Burkina Faso, a affirmé, vendredi 15 janvier, une source judiciaire à l’AFP.

    “Nous avons été informés via les réseaux sociaux qu’un mandat d’arrêt contre le président de l’Assemblée nationale ivoirienne aurait été envoyé. La notification par les réseaux sociaux n’a pas de valeur juridique”, a toutefois ironisé Moussa Touré, un conseiller de Guillaume Soro.

    Qualifiant le mandat “d’improbable”, ce dernier a ajouté qu’il n’avait pas “connaissance que le président de l’Assemblée ivoirienne ait été inculpé (…), inculpation qui aurait donné lieu à un mandat”.

    “Si ce mandat était avéré, ce serait un acte hostile contre la Côte d’Ivoire et il ne resterait pas sans réponse”, a-t-il prévenu.

    Des enregistrements téléphoniques attribués à Djibrill Bassolé, qui fût ministre des Affaires étrangères burkinabè sous le régime du président déchu Blaise Compaoré, et à Guillaume Soro, ont été évoqués dans la presse en novembre.

    >> À lire sur France 24 : “Putsch au Burkina Faso : l’enregistrement qui agite le Web ivoirien et burkinabè”

    Guillaume Soro et Djibrill Bassolé, actuellement emprisonné et qui fut un homme clé du régime Compaoré tombé en 2014, ont tous deux nié depuis avoir eu cette conversation, dénonçant une “manipulation”.

    Dans un enregistrement d’une quinzaine de minutes, les deux interlocuteurs envisagent la possibilité de soutenir le putsch alors en cours et mené par le général Gilbert Diendéré, ancien bras droit de Compaoré et chef de Régiment de sécurité présidentielle (RSP), l’unité putschiste.

    Guillaume Soro s’estime victime d’une “campagne de dénigrement”

    Les deux interlocuteurs évoquent aussi la possibilité de “frapper” dans le nord du Burkina pour faire “paniquer” l’armée régulière qui se préparait à donner l’assaut contre la base du RSP.

    En décembre, le commissaire du gouvernement (procureur militaire) du Burkina, le lieutenant-colonel Norbert Koudougou, avait indiqué que les enregistrements avaient été versés au dossier, soulignant qu’”un expert” serait chargé d’authentifier ou de discréditer ces écoutes.

    Début décembre, lors d’une interview à la radio privée Savane FM de Ouagadougou, le Premier ministre en exercice Isaac Zida avait affirmé que les écoutes téléphoniques étaient “authentiques”.

    Le 16 septembre, des soldats du RSP avaient pris en otage le président Michel Kafando et le gouvernement avant de proclamer le coup d’État le lendemain. La mobilisation des citoyens et de l’armée loyaliste avait toutefois conduit à l’échec du putsch une semaine plus tard.

    Djibrill Bassolé a été interpellé à son domicile le 29 septembre. Il a notamment été inculpé de “haute trahison”, “attentat à la sûreté de l’État” et “collusion avec des forces étrangères pour déstabiliser la sécurité intérieure”.

    Guillaume Soro, qui a également fait l’objet en décembre d’un mandat d’amener français dans le cadre de la plainte d’un fils de l’ancien président Gbagbo, s’était défendu mi-décembre devant l’Assemblée nationale affirmant que ces écoutes étaient des “chimères” et qu’il était “victime d’une des pires campagnes de dénigrement et de calomnie”.

    “La spirale, l’emballement et l’affolement médiatique sans précédent contre ma personne méritent des clarifications après le passage de cette tempête inouïe”, avait-t-il dit aux députés.

    Avec AFP

  • Bilan, revendication : ce qu’on sait sur l’attaque terroriste de Ouagadougou

    Bilan, revendication : ce qu’on sait sur l’attaque terroriste de Ouagadougou

    BURKINA ATTACKS-Au moins 29 personnes, de nationalités différentes, sont mortes dans l’attaque jihadiste survenue dans la nuit de vendredi à samedi à Ouagadougou. Au moins quatre jihadistes ont été tués.

     Le bilan : au moins 29 morts

    Au moins 29 personnes ont été tuées et une trentaine blessées dans une attaque jihadiste contre un hôtel et un restaurant de Ouagadougou, la capitale du Burkina Faso, selon un nouveau bilan donné samedi 16 janvier au soir par le ministère de la Sécurité burkinabè.

    La plupart des tués sont des Blancs, a indiqué une source proche du parquet, selon laquelle au moins cinq Burkinabè figurent aussi parmi les victimes. Ces dernières seraient de 18 nationalités différentes, d’après une source sécuritaire burkinabè.

    Parmi les nationalités étrangères, on compte pour le moment un Américain, deux Français, deux Suisses, et six Canadiens.

    Les corps de trois jihadistes ont été identifiés, tous des hommes, a précisé dans la soirée Simon Compaoré. Une source sécuritaire avait auparavant évoqué la présence d’au moins quatre jihadistes, dont deux femmes. Le ministre de la Sécurité intérieure a précisé que les assaillants étaient “très jeunes” – “le plus âgé ne doit pas avoir plus de 26 ans” – et qu’ils étaient arrivés à bord de véhicules immatriculés au Niger.

    – L’opération est terminée

    La fin de l’assaut a été annoncée en fin de matinée, après une douzaine d’heures d’opérations.

    Les opérations de ratissage se poursuivaient dimanche à Ouagadougou à la recherche d’éventuels jihadistes, tandis que les enquêteurs travaillaient toujours sur les lieux.

    – Le président Kaboré appelle le peuple au “courage”

    Le président Roch Marc Christian Kaboré a appelé le peuple burkinabè au “courage”, à la “vigilance”, et un deuil national de 72 heures sera observé à partir de dimanche.

    Un total de 126 personnes, dont 33 blessées, ont été libérées au cours des opérations, selon le ministre de l’Intérieur Simon Compaoré. Parmi les rescapés figure le ministre du Travail Clément Sawadogo, présent dans l’hôtel Splendid au moment de l’attaque.

    – Une attaque revendiquée par Aqmi et attribuée à Al-Mourabitoune

    L’attaque a été revendiquée dans la nuit par le groupe jihadiste Al-Qaïda au Maghreb Islamique (Aqmi), qui l’a attribuée au groupe Al-Mourabitoune du chef jihadiste Mokhtar Belmokhtar, selon SITE, une organisation américaine qui surveille les sites internet islamistes.

     Les réactions

    Paris et Washington, deux alliés clés du Burkina Faso, ont condamné l’attaque samedi, ainsi que l’Union européenne et le Royaume-Uni.

    Des forces spéciales françaises sont stationnées dans la banlieue de Ouagadougou dans le cadre de la lutte anti-jihadiste dans le Sahel. Washington dispose également de 75 militaires dans le pays, et a indiqué apporter un soutien aux forces françaises dans l’opération.

    La Commission de la Communauté Economique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (Cédéao) a affirmé “sa détermination à lutter sans relâche contre toute forme de terrorisme dans la région”, selon un communiqué.

    “Nous considérons comme dirigée contre chacun de nos pays et contre l’ensemble de notre Communauté, l’attaque terroriste de Ouagadougou”, a déclaré le président en exercice de l’organisation régionale, le chef d’Etat Sénégalais Macky Sall, se disant prêt à prendre “toutes les mesures que requiert la situation”.

    Avec AFP

  • Trafic de passeports diplomatiques en Guinée : De hauts cadres arrétés

    Trafic de passeports diplomatiques en Guinée : De hauts cadres arrétés

    passeport guinee-Alpha Condé aurait été informé par l’ambassadeur de Guinée à Abuja que les autorités consulaires du Mexique avaient rejeté une requête de visa pour cinq passeports diplomatiques guinéens. Les mexicains avaient douté car, quelques semaines auparavant, ils avaient reçu les mêmes demandes, alors qu’il n’avait aucune raison pour qu’il y ait un intérêt soudain des guinéens pour le Mexique.

    Informé, l’ambassadeur de Guinée à Abuja a confirmé qu’il s’agissait d’une supercherie et que les notes verbales étaient fausses et les passeports diplomatiques aussi. Il garda par devers lui toutes les preuves de l’arnaque en attendant l’arrivée de son patron pour le sommet de la CEDEAO.

    Dès son retour à Conakry, Alpha Condé, très en colère, a ordonné l’arrestation des signataires de la note verbale  Lamine Touré ( ex-ambassadeur de la Guinée au Japon), son adjoint Bah Ibrahima Presse et l’épouse  de celui-ci qui travaille dans la cellule de visa du ministère des affaires étrangères.

    Selon d’autres informations, le véritable faussaire dans cette affaire serait un certain Aboubacar John, premier secrétaire de l’ambassade de Guinée au Nigeria et qui fait office de consul de Guinée à Lagos.

    Selon nos sources, c’est ce diplomate qui aurait monté des faux documents pour des fins lucratives. Le diplomate guinéen, activement recherché par la police, serait en fuite et ne serait pas à sa première forfaiture.  En effet, on nous informe que sous la transition,  John avait été arrêté par le ministre  des affaires étrangères d’alors Alexandre Cécé Loua pour imitation de signature.

    Source : Guinéenews

  • Le Nigeria n’a pas besoin d’un prêt du FMI, selon Christine Lagarde

    Le Nigeria n’a pas besoin d’un prêt du FMI, selon Christine Lagarde

    FMI-CHRISTINE-La directrice du Fonds monétaire international visite la première économie du continent depuis lundi. Premier exportateur de pétrole d’Afrique, le Nigeria a vu ses revenus diminuer drastiquement depuis l’année dernière puisque les cours de l’or noir ont perdu près de 60% de leur valeur. Mais pas de quoi susciter une demande d’aide auprès du FMI, a déclaré mardi Christine Lagarde.

    Le pétrole, c’est près de 15% du Produit intérieur brut (PIB) du Nigeria et les trois quarts de ses recettes budgétaires. Alors forcément, quand les prix de l’or noir piquent du nez, les finances de l’Etat fondent.

    Pour faire face à la diminution de ses devises étrangères, le Nigeria a dû dévaluer sa monnaie. Aujourd’hui, le taux d’inflation du pays frôle les 10%.

    Une économie de plus en plus diversifiée

    Pas de quoi affoler le FMI pour autant. Bien que le Nigeria soit très dépendant de l’or noir, il a su ces dernières années diversifier son économie. Aujourd’hui le secteur des services, dopé par les télécommunications, représente plus de la moitié du PIB du pays. Le Nigeria dénombre 140 millions de lignes mobiles contre 400 000 en 2001. Le secteur bancaire, la création musicale et le cinéma, avec Nollywood, tirent aussi la croissance.

    L’industrie se développe également, mais souffre encore de faibles infrastructures du pays. Un secteur dans lequel compte investir le gouvernement qui a décidé cette année une augmentation de 20% des dépenses publiques pour stimuler la croissance.

    RFI

  • Rwanda : Washington déçu par la décision de Paul Kagame de se représenter

    Rwanda : Washington déçu par la décision de Paul Kagame de se représenter

    kagame-obama-Les Etats-Unis se sont dit samedi “profondément déçus” par la décision du président rwandais sortant Paul Kagame de briguer un troisième mandat et de potentiellement diriger le pays jusqu’en 2034.

    Washington et l’Union Européenne ont exprimé à plusieurs reprises leur profonde inquiétude et ont appelé M. Kagame à quitter le pouvoir en 2017.

    « Avec cette décision, le président Kagame rate une occasion historique de renforcer et consolider les institutions démocratiques que le peuple rwandais s’est échiné à bâtir depuis plus de 20 ans », a déclaré samedi le porte-parole du département d’Etat américain, John Kirby, dans un communiqué.

    M. Kagame, 58 ans, avait annoncé jeudi soir qu’il se représenterait à la présidentielle en 2017, comme l’y autorise la nouvelle constitution approuvée massivement (98,4% des votants) par ses concitoyens lors d’un référendum le 18 décembre.

    M. Kagame est l’homme fort du pays depuis juillet 1994: à l’époque, sa rébellion du FPR avait chassé de Kigali les extrémistes hutu et mis fin au génocide qu’ils avaient déclenché trois mois auparavant (800.000 morts, essentiellement membres de la minorité tutsi).

    Ce Tutsi anglophone est crédité de la stabilité du Rwanda, qu’il a remis sur pieds avec un programme volontariste de développement économique.

    Mais celui qui, en 2010, avait laissé entendre que ce serait un échec pour lui s’il ne trouvait personne pour le remplacer avant la fin de son mandat actuel, est depuis accusé de verser de plus en plus dans une dérive autocratique.

    « Les Etats-Unis estiment que les changements de pouvoir respectant la constitution sont essentiels aux démocraties solides et que les efforts de dirigeants sortants visant à changer les règles pour se maintenir au pouvoir affaiblissent les institutions démocratiques », a ajouté M. Kirby dans son communiqué.

    « Les changements qui favorisent un individu au détriment du principe de transition démocratique nous inquiètent particulièrement », a-t-il encore dit, appelant « le gouvernement rwandais à garantir et protéger le droit de ses citoyens à exercer leur liberté d’expression, de conscience et de réunion pacifique – les caractéristiques des vraies démocraties ».

    La nouvelle Constitution continue de limiter à deux le nombre de mandats présidentiels, tout en abaissant sa durée de sept à cinq ans. Mais elle stipule aussi que la réforme n’entrera en vigueur qu’après un nouveau septennat transitoire, entre 2017 et 2024. Le président sortant est éligible pour ce septennat transitoire, de même qu’aux deux quinquennats suivants.

    Elu en 2003 et réélu en 2010 avec plus de 90% des voix à chaque fois, M. Kagame avait indiqué que sa décision de se représenter en 2017 – date limite de son dernier mandat selon la Constitution non révisée – dépendrait des résultats du référendum.

    Comme M. Kagame, plusieurs dirigeants africains ont récemment levé ou tenté de lever les limitations constitutionnelles du nombre de mandats, parfois au prix de mouvements de contestations, notamment au Burundi voisin, plongé dans une violente crise depuis plus de huit mois.

    Jeune Afrique

  • Burkina Faso: Roch Kaboré, président du changement dans la continuité

    Burkina Faso: Roch Kaboré, président du changement dans la continuité

    BURKINA-POLITICS_0-Issu d’un processus électoral exemplaire, le nouveau président du Burkina Faso a prêté serment en présence de nombreux chefs d’Etats et de gouvernements de la sous-région. Premier président élu de l’histoire du Pays des hommes intègres marquée par de nombreux coups d’Etat, Roch Marc Christian Kaboré est pourtant un ex-baron du régime Compaoré qui a été renversé suite à une insurrection générale en 2014. Populaire et consensuel, l’homme saura-t-il se renouveler pour répondre aux aspirations de la jeunesse qui a mis à terre son ancien mentor ?

    Le palais de Kosyam a désormais un nouveau locataire. Vainqueur de l’élection présidentielle du 29 novembre qu’il a remportée dès le premier tour avec un score historique de 53%, le nouveau président du Burkina Faso a la réputation d’être un homme de dialogue, consensuel et capable de s’élever au-dessus des intérêts partisans. Cela tombe bien car du président Roch Marc Christian Kaboré qui prend les rênes du pouvoir 14 mois après la puissante insurrection populaire qui a renversé l’ancien régime et a poussé à la fuite son leader Blaise Compaoré, on attend qu’il réconcilie les Burkinabè et les aide à tourner l’une des pages les plus turbulentes de leur histoire.

    Ce ne sera peut-être pas chose facile pour quelqu’un comme Roch Kaboré, 58 ans, qui est aussi marqué par le passé. Paradoxalement, l’insurrection d’octobre 2014 qui a profondément bouleversé la vie politique burkinabè, n’a pas permis de faire émerger des leaders politiques neufs, laissant le champ libre aux partis traditionnels. Aussi, le nouveau président que les Burkinabè ont élu n’a-t-il de nouveau que le nom.

    Le président Kaboré n’est pas en effet un nouveau venu dans les allées du pouvoir au Burkina. Il est bien connu des populations pour avoir été un fidèle de l’autocrate Blaise Compaoré pendant trois décennies, occupant plusieurs fonctions importantes avant de quitter le navire tout juste dix mois avant qu’il ne coule définitivement. Un départ dicté essentiellement par opportunisme et par dépit, si l’on croit les détracteurs du nouveau président. L’homme avait en effet été progressivement écarté des instances décisionnelles du pays et du parti pour s’être opposé à la réélection anti-constitutionnelle du « Beau Blaise » en 2015, après l’avoir soutenue. C’est toute l’ambiguïté du nouvel homme fort d’Ouagadougou, issu de l’élite burkinabè qui gouverne le pays depuis l’indépendance. Renversée par la rue, puis rappelée au pouvoir par ceux-là mêmes qui l’avaient mise en cause, cette élite est condamnée à faire peau neuve pour ne pas retomber dans ses travers du passé. Des travers qui ont pour nom impunité, mal-gouvernance, corruption…

    C’est donc en proposant le changement dans la continuité que Roch Kaboré s’est fait élire à la présidence. Pendant la campagne électorale, l’homme avait mis en avant sa longue expérience de la gestion des affaires de l’Etat, faisant habilement oublier sa proximité avec le régime déchu. Tout le monde apparemment n’avait pas oublié, puisque son rival le plus sérieux Zéphirin Diabré, venu deuxième à la présidentielle avec 21,65% des suffrages, a fait un tabac avec son slogan de campagne, « C’est même pipe, même tabac, même chose », accusant son adversaire de vouloir faire du Compaoré sans Compaoré. Un avertissement qui n’a pas empêché le président élu de remporter le scrutin par un « coup KO », comme on appelle une victoire électorale dès le premier tour en Afrique de l’Ouest.

    Instinct de survie

    Fin stratège, Roch Marc Christian Kaboré a appris la politique dans le berceau. Né en 1957, ce catholique pratiquant, issu de l’ethnie majoritaire du Burkina, les Mossis, est le fils d’un ancien ministre des Finances dans le premier gouvernement voltaïque (le Burkina s’appelait encore la Haute-Volta) après la colonisation. Si les récits de son père l’ont initié très tôt aux us et coutumes de la vie politique nationale, les premiers engagements personnels du jeune Kaboré datent du milieu des années 1970 lorsqu’il débarque en France pour poursuivre ses études universitaires. Il s’implique étroitement dans l’activisme syndical estudiantin, tout en préparant à l’université de Dijon une maîtrise en sciences économiques, puis un diplôme d’études supérieures spécialisées en (DESS) en gestion.

    Séduit par les idées de la gauche radicale, le jeune homme milite, à son retour au pays en 1984, au sein du parti marxiste l’Union de lutte communiste reconstruite (ULC-R), qui avait soutenu la prise de pouvoir à Ouagadougou par Thomas Sankara. Proche du gouvernement révolutionnaire que dirige ce dernier, le futur président Kaboré se fait alors connaître en devenant à 27 ans le plus jeune directeur de la Banque internationale du Burkina (BIB). Mais après l’assassinat de Sankara, alors que les marxistes sont poursuivis par les hommes de Blaise Compaoré qui avaient pris le pouvoir, il se rallie opportunément au camp des putschistes. Il ira jusqu’à saluer publiquement la « rectification de la révolution » des nouveaux maîtres d’Ouaga, faisant ainsi preuve d’un grand instinct de survie qui n’est sans doute pas étranger au parcours exceptionnel que Roch Marc Kaboré a effectué depuis dans la vie politique burkinabè.

    La carrière politique du nouveau président débute véritablement sous le régime Compaoré. Il collectionne les fonctions ministérielles (Transport, Communication, Plan, Finances) et accède à la primature en 1994. Il sera aussi député, Président de l’Assemblée nationale pendant 10 ans, tout en assurant la présidence du Congrès pour la démocratie et le progrès (CDP), le parti-Etat de Blaise Compaoré qui rafle toutes les élections. Considéré un temps comme dauphin de son mentor tout-puissant, il est progressivement marginalisé à partir de 2010 lorsque l’entourage proche de Compaoré prend les commandes du parti et organise la vie politique de façon mono-obsessionnelle pour faire aboutir le changement constitutionnel indispensable à la réélection de son chef.

    Disgrâce et nouveaux défis

    Sa disgrâce a été une chance pour Roch Kaboré qui a su la transformer en un formidable tremplin politique, créant son propre parti, le Mouvement du peuple pour le progrès (MPP), en collaboration avec deux autres caciques du régime Compaoré, Salif Diallo et Simon Compaoré. Hommes de réseaux, le trio a mobilisé soutiens et ressources et a utilisé les mêmes méthodes qu’ils avaient expérimentées dans le CDP dont ils furent les principaux architectes dans les années 1990 et 2000, pour asseoir la popularité de leur nouvelle formation.

    Le MPP est devenu une formidable machine à gagner les élections et a assuré la victoire de son poulain Roch Marc Christian Kaboré à la présidentielle de novembre 2015. Cette victoire est d’autant plus éclatante qu’elle a réussi à rassembler au-delà des clivages politiques (ancien régime et ses opposants) et socoio-géographiques (villages et villes) habituels. « Moins de deux ans après la création du MPP, nous nous retrouvons dans la position d’être le premier parti du Burkina Faso », s’est félicité le nouveau président, avant de rappeler que ce parti a été implanté « sur toute l’étendue du territoire national ». Suivie par l’Afrique toute entière, cette victoire a été saluée dans le monde entier comme un exemple de la démocratie en marche. Ami de la famille Kaboré, le chef de l’Etat de la Côte d’Ivoire Alassane Ouattara, fut l’un des premiers leaders internationaux à appeler le président élu pour le féliciter.

    Malheureusement pour le MPP, les résultats des législatifs ont été moins glorieux, avec une plus grande atomisation du score qu’à la présidentielle. Avec 55 élus sur 127 sièges mis en concurrence, le parti présidentiel n’a pas réussi à obtenir la majorité absolue escomptée, obligeant sa direction à négocier avec les petits partis proches de sa sensibilité social-démocrate pour former une coalition pour gouverner le pays. C’est chose faite, si l’on croit Me Bénéwendé Sankara, le leader charismatique du parti sankariste UNIR, qui a confié à RFI qu’ « une majorité présidentielle composée de 55 députés MPP et de 14 députés des partis alliés dont le nôtre, soutiendra l’action du gouvernement au Parlement ».

    Cette entente cordiale n’en révèle pas moins, comme l’écrit le chercheur Daniel Eizenga du Groupe de recherche sur le Sahel, les limites de la stratégie du MPP : « La politique burkinabè sera désormais plus compétitive. L’ère de Blaise Compaoré avec un Etat-parti dominant est derrière nous. Même si les principaux acteurs de la vie politique demeurent les mêmes, leurs stratégies pour gouverner sont appelées à évoluer. »

    « Plus rien ne sera comme avant », répète à son tour Guy Hervé Kam, porte-parole de l’organisation de la société civile du Burkina Le Balai citoyen. « Les Burkinabè veulent plus de démocratie, plus de justice, fin de l’impunité et des inégalités sociales », déclare-t-il. Rappelant les promesses du candidat Roch Kaboré, il explique que les attentes sont immenses dans tous ces domaines. « La société civile attend le nouveau gouvernement au tournant, affirme-t-il. Nous espérons que dans les six mois qui suivent l’installation du nouveau président, le dossier de la nouvelle Constitution soit sur les rails. De même, pour le dossier sur le chômage des jeunes et last but not least le dossier de l’extradition de l’ancien président Compaoré pour qu’il soit interrogé par les tribunaux burkinabè. » « Notre système est tout à fait apte à le juger », souligne-t-il.

    Si Guy Hervé Kam a été secoué par les rumeurs sur l’envoi des émissaires par le président élu à son prédécesseur pour le rassurer, il veut continuer de croire à la bonne volonté de Roch Kaboré. « C’est vraiment un homme de consensus, quelqu’un qui cherche des compromis plutôt que d’imposer sa décision. »

    Et ses défauts : « Il en a trois : son passé, son passé et, encore et toujours,  son passé », fuse la réponse.


    (1) The Washington Post, 6 décembre 2015.

    RFI

  • Washington à Kagame : “personne n’est indispensable”

    Washington à Kagame : “personne n’est indispensable”

    Paul Kagame- Coupable
    Paul Kagame- Coupable

    -L’ambassadrice américaine à l’ONU, Samantha Power, a exhorté très fermement le président rwandais à ne pas briguer un troisième mandat.

    Le Rwanda “doit donner un exemple de bonne gouvernance”, a-t-elle affirmé lors d’une conférence de presse pour présenter le programme de la présidence américaine du Conseil de sécurité en décembre. C’est “extrêmement important”, a-t-elle estimé.

    “Nous souhaitons que le président Kagame se retire à la fin de son mandat”, a-t-elle ajouté, en l’appelant à “tenir sa promesse… (de) laisser une nouvelle génération de dirigeants conduire le pays lors d’une nouvelle phase”.

    Plus généralement, Samantha Power a jugé “très inquiétante” la tendance des dirigeants africains à vouloir se maintenir au pouvoir au-delà de leurs mandats.

    Les Etats-Unis avaient condamné la semaine dernière une décision du parlement rwandais réformant la Constitution pour permettre à Paul Kagame de se présenter pour un troisième mandat.

    Un porte-parole du département d’Etat avait prévenu que les liens entre Washington et le Rwanda, un ancien allié avec qui les relations se sont tendues, pourraient être revus.

    Les sénateurs rwandais ont adopté, après les députés fin octobre, une modification de la Constitution permettant au président de se représenter en 2017 et de potentiellement diriger le pays jusqu’en 2034.

    Cette réforme doit encore être soumise à un référendum mais elle devrait être validée, compte tenu de la faiblesse de l’opposition.

    Avec AFP

  • L’Afrique du Sud renvoie 47 casques bleus déployés en RDC

    L’Afrique du Sud renvoie 47 casques bleus déployés en RDC

    south African troops-Les forces armées sud-africaines ont annoncé mercredi 18 novembre avoir renvoyé 47 casques bleus participant à la mission de l’ONU en République démocratique du Congo (Monusco) pour avoir violé les règles de leur couvre-feu en septembre.

    Le porte-parole de l’armée sud-africaine, le général Xolani Mabanga, a affirmé que les agissements de ces soldats, basés dans l’est du pays, avaient « compromis la sécurité des autres » troupes sud-africaines déployées dans la zone.

    « Nous ne savons pas où ils sont allés, avec qui ils étaient ni ce qui a pu se passer » pendant leur sortie interdite, a-t-il précisé.

    Selon M. Mabanga, ils auraient pu être kidnappés et forcés de révéler les positions des autres casques bleus ou même être tués « créant une situation d’insécurité pour notre personnel ».

    L’Afrique du Sud a déployé 1 388 soldats au sein de la brigade d’intervention de l’ONU devant maintenir la paix dans l’est de la RDC.

    La Monusco, plus grosse mission onusienne au monde, compte 20.000 soldats et policiers chargés de protéger les civils et de « neutraliser » la cinquantaine de milices congolaises ou étrangères qui continuent de sévir dans la région déchirée par les conflits armés depuis plus de 20 ans.

    En août dernier, l’ancien chef de la Monusco, Martin Kobler, a effectué une tournée de sensibilisation et d’information du personnel civil et militaire de la Monusco, leur rappelant les règles en vigueur au sein de l’organisation. Il les avait également conviés à plus de responsabilité, pour préserver l’image des Nations Unies mais aussi pour renforcer la confiance des populations civiles qu’ils sont censés protéger, conformément à leur mandat.

    (Avec l’AFP)