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  • Sénégal : carton jaune pour Macky Sall

    Sénégal : carton jaune pour Macky Sall

    Le président sénégalais Macky Sall - AFP
    Le président sénégalais Macky Sall –
    AFP

    -Réduction de la durée du mandat présidentiel, pouvoir d’achat, couverture sociale… Le président sénégalais, Macky Sall, élu il y a plus de deux ans, n’a pas encore tenu ses nombreuses promesses sur le terrain. Un bilan mitigé sanctionné lors des élections locales du 29 juin.

    Dans les rues sans âge de la Médina, les voitures roulent au pas, et slaloment entre les moutons omniprésents… Le linge sèche, suspendu à des cordes tendues au-dessus des trottoirs, où des nuées d’artisans travaillent à ciel ouvert. Dans ce vestige du Dakar populaire, niché à un jet de pierre des hôtels, banques et immeubles d’affaires du quartier du Plateau, Seydou Guèye, le ministre-secrétaire général du gouvernement et porte-parole de l’Alliance pour la République (APR, parti présidentiel), a été sèchement battu lors des élections locales du 29 juin par le candidat de Taxawu Dakar, la liste du socialiste Khalifa Sall, maire de Dakar depuis 2009.

    C’est dans ce quartier centenaire que vit Djily Bagdad, 35 ans, rappeur et activiste membre de Y’en a marre, le mouvement citoyen né en janvier 2011, fer de lance de la mobilisation anti-Wade qui aboutira à l’élection de Macky Sall, en mars 2012. “Les gens ont voté pour Khalifa car il a une vision pour Dakar et il la met en oeuvre sans se préoccuper de savoir s’il sera réélu ou pas.” Selon le militant, c’est ce qui distingue le maire de la capitale du clan présidentiel. “La seule chose qui préoccupe l’entourage de Macky Sall, c’est de se maintenir au pouvoir en 2017. Leur principale ambition, c’est de grossir les rangs de l’APR en vue de la prochaine présidentielle.”

    >> À lire aussi : de Benno Bokk Yakaar au chacun pour soi

    Au soir de sa victoire, le nouveau président avait rendu un hommage appuyé aux “y’en-a-marristes”. Mais pour ces derniers, le départ de Wade n’était qu’une étape. “On l’avait prévenu qu’on resterait une épée de Damoclès et qu’on jugerait son bilan sur pièces”, rappelle Djily. Pour son camarade Cheikh Diarra, 34 ans, les changements tant espérés se font attendre et la Mackymania de 2012 apparaît comme un lointain souvenir. “Certaines dérives qu’on dénonçait sous Wade se reproduisent avec Macky. Quand nous avons manifesté contre le mur érigé sur la Corniche pour construire l’ambassade de Turquie, certains leaders de Y’en a marre ont été arrêtés sans ménagement. Je ne reconnais plus ces gens qui ont marché à nos côtés.”

    À l’instar de nombreux Sénégalais, Cheikh et Djily ne sont pas devenus hostiles à Macky Sall. Mais la “rupture” qu’ils espéraient demeure, à leurs yeux, inexistante. “Au début de son mandat, on a entendu de belles promesses, rappelle Djily : la diminution du train de vie de l’État, la lutte contre la corruption, la réduction de la durée du mandat présidentiel à cinq ans, la baisse du prix de l’essence, dont Macky s’étonnait qu’elle soit plus chère au Sénégal qu’au Mali…” Deux ans et demi plus tard, les deux militants constatent que la politique politicienne a repris ses droits. “Ils ont diminué le nombre de ministres tout en nommant je ne sais combien de ministres-conseillers en marge du gouvernement !” ironise Djily.

    Fatigués de Wade et de son gouvernement

    Depuis plusieurs mois déjà, une expression ironique fait florès dans les milieux populaires sénégalais pour traduire cette déception : Rewmi daffa Macky (d’après Rewmi daffa metti, “le pays est fatigué, le pays va mal”). “Le bilan est négatif, explique Meddoune, un menuisier de 48 ans. Le travail est de plus en plus rare, l’électricité coûte cher, on subit la concurrence des meubles importés, et tout ce que l’État nous propose, ce sont des taxes.” Aissatou Cissé, 34 ans, n’a pas perçu d’amélioration non plus. “Avant, le restaurant qui m’emploie faisait le plein du lundi au dimanche. Aujourd’hui, les clients se font plus rares.” Une opinion entendue maintes fois chez les commerçants, selon lesquels “l’argent ne circule plus”.

    Quand on lui demande si les mesures sociales mises en avant par le gouvernement ont eu un impact sur sa vie quotidienne, Aissatou relativise leur portée. “Des familles déjà installées ont profité d’une baisse de loyer, c’est vrai, mais pour compenser cette décision, les agences et les propriétaires ont gonflé les prix pour les nouveaux arrivants. Il aurait fallu réglementer le niveau des loyers en fonction de la surface et du quartier.”


    Alibeta, Cheikh et Djily, des militants du mouvement Y’en a marre. © Sylvain Cherkaoui pour J.A.

    Maman d’une petite fille de 4 ans, a-t-elle bénéficié de la couverture maladie universelle (CMU), censée assurer la gratuité des soins aux enfants de moins de 5 ans ? “Tout reste à ma charge. Dernièrement, j’ai encore dû payer ses lunettes de ma poche.” En 2012, la jeune femme avait soutenu Macky Sall. “On était fatigués de Wade et de son gouvernement, ils étaient trop arrogants.” Mais le 29 juin, comme la majorité des habitants de la Médina, elle a voté pour Bamba Fall, le candidat de Khalifa Sall.

    Et de citer, en vrac, les mesures adoptées par la mairie de Dakar en faveur des écoliers (distribution de lait, d’un petit déjeuner ou d’uniformes, bourses scolaires pour les familles en difficulté…), le pavage des rues et la densification de l’éclairage public qui ont permis de sécuriser des zones devenues infréquentables à la nuit tombée… Sans parler d’une action qui a marqué de nombreux Dakarois : “Khalifa a osé faire déguerpir les marchands ambulants qui encombraient les rues du Plateau, alors que même les présidents de la République avaient reculé !”

    Pour autant, les déçus du “mackysme” ne jettent pas le bébé avec l’eau du bain. “Macky essaie de restaurer des valeurs, et un certain civisme”, estime l’artiste Alibeta, venu rendre visite à ses amis “y’en-a-marristes” dans son ancien quartier. “J’aimais bien Mimi Touré [Aminata], elle semblait sincère, assure Cheikh. Mais ils ont fini par en faire une politicienne.”

    De la moralisation de la vie publique aux ambitieux projets de développement (Plan Sénégal émergent, Pôle de développement de la Casamance), en passant par la restauration de l’image du pays à l’extérieur après les excès du wadisme finissant, nul ne conteste à Macky Sall un certain volontarisme depuis son élection. Mais dans une capitale où le coût de la vie a explosé sur fond de stagnation des salaires (formels ou informels) et d’absence de protection sociale digne de ce nom, la popularité d’un politique se mesure à l’aune d’améliorations tangibles et rapides, non à celle de chantiers ambitieux qui porteront leurs fruits dans dix ans. “On attend de Macky Sall qu’il améliore notre quotidien, c’est ce message qui lui a été adressé lors de ces locales”, analyse Djily Bagdad.

    Or, à la Médina comme ailleurs dans la capitale, les derniers changements constatés n’ont rien de réjouissant. Sur les marchés, le poisson est devenu inabordable pour les familles modestes et la viande a augmenté. Les coupures de courant ont repris à la pire période (au début de la saison chaude et du ramadan) et celles de l’eau deviennent de plus en plus fréquentes. Et à l’université, les étudiants attendent depuis la rentrée que leur bourse soit versée… “Tous ces professionnels de la politique qui se chamaillent pour obtenir un poste sacrifient l’intérêt du pays. L’histoire récente m’a montré que je ne pouvais pas leur faire confiance”, juge, fataliste, Djily Bagdad.

     
    © Sylvain Cherkaoui pour J.A.

    Khalifa Sall : le cinquième président du Sénégal ?

    Une défiance que la traque aux biens mal acquis, croisade ultramédiatisée du nouveau régime contre les ténors de l’ère Wade, ne semble pas atténuer. “Que Karim Wade soit en prison ou pas, on s’en moque, lance Aissatou Cissé. Les gens sont fatigués de la Crei [Cour de répression de l’enrichissement illicite], ils préfèrent avoir de quoi manger.” En 2017, si la réduction de la durée du mandat présidentiel est finalement adoptée et que son candidat fétiche se présente, Aissatou espère voir Khalifa Sall devenir le cinquième président du Sénégal.

    Avant de rejoindre la réunion hebdomadaire de Y’en a marre aux Parcelles-Assainies, Djily Bagdad exprime un ultime regret : “Nous faisions des campagnes de sensibilisation citoyenne dans les écoles jusqu’à ce que le ministère de l’Éducation nous l’interdise. Le régime nous traite désormais comme des trouble-fête.” Avant de donner à Macky Sall ce conseil d’ami : “Monsieur le président, si vous voulez un second mandat, travaillez comme si celui-ci devait être le dernier.”

    Jeune Afrique

  • English: The FDLR dialogues in Rome while Rwanda protests

    English: The FDLR dialogues in Rome while Rwanda protests

    On the 26th of June, the Rwandan rebels of the FDLR sent a delegation to Rome to engage in further negotiations regarding the disarmament process initiated by the rebel group a few months ago. Several important personalities attended the meeting. Rwanda, however, did not appreciate the initiative.

    kobler et rebellesThe meeting was held at the invitation of Saint’ Egidio, a religious community that already served as an intermediary for the FDLR in 2005. The negotiations also involved UN representatives in the sub-region, namely the head of MONUSCO, Martin Kobler and Mary Robinson, special Envoy of the UN Secretary General for the Great Lakes, and Frank De Coninck, Belgium envoy for the region. The disarmament of the FDLR is criticized by Kigali. The current Rwandan government has refused any communication with those they describe as genocidaires. The new unarmed movement of the FDLR, however, insists on having negotiations as, from now on, it only wants to engage itself politically.

    The event was facilitated by Herve Ladsous, the UN UnderSecretary General responsible for the operations of peacekeeping. Earlier, Ladsous had demanded a temporary lift of the travel ban of Acting President of the FDLR, Victor Byiringiro, in order for him to attend the meeting in Rome. Byiringiro was under UN sanctions since 2010 as head of an armed group accused of destabilizing Eastern DRC. Ladsous’ request was rejected and the UN Sanctions Committee upheld its decision following Rwanda’s protests.

    In the process of these negotiations, each represented actor will naturally have to defend his interests. The objective of the FDLR is to seek international support for inter-Rwandan dialogue, including all opposition parties and refugees scattered around the world; while the United Nations seeks to accelerate the disarmament of the FDLR which has not made ​​much progress – so far only 188 rebels have surrendered their weapons.

    It is in this context that the RPF regime, that incessantly fights the political inclusion of its opponents, sent a letter of protest to the UN Security Council on the 26th of June. In its writing, the regime threatened to withdraw from the Addis Ababa framework agreement which, was signed by eleven regional countries on the 24th of February 2013. Falling under the auspices of the African Union and the UN, the framework agreement provides for peacemaking in Eastern Congo. The Rwandan government has accused senior UN officials of wanting to rehabilitate the FDLR, a group they still associate with the 1994 genocide and to whom Kigali has categorically refused to talk. Moreover, those who support this dialogue are now treated as FDLR’s allies by Kigali.

     

    Pacifique Habimana

    Translated by Jane Nishimwe

    Jambonews.net

  • Boko Haram : plus de 60 femmes et jeunes filles enlevées dans le nord-est du Nigeria

    Boko Haram : plus de 60 femmes et jeunes filles enlevées dans le nord-est du Nigeria

    boko haram fighters-Deux mois après le kidnapping de plus de 200 lycéennes par le groupe islamiste Boko Haram, une milice locale a annoncé mardi l’enlèvement d’une soixantaine de femmes et de jeunes filles, toujours dans le nord-est du Nigeria. Au moins 30 personnes ont été également tuées ces sept derniers jours, selon les mêmes sources.

    Mis à jour le 24 juin 2014 à 12h11.

    Ces sept derniers jours, Boko Haram a tué au moins 30 personnes et enlevé plus de 60 femmes et jeunes filles dans une série d’attaques menées dans le nord-est du Nigeria. Selon des responsables locaux et les témoignages des habitants qui ont rapporté, le 24 juin, ces faits, le groupe islamiste a ciblé, cette fois-ci, le village de Kummabza, dans l’État de Borno.

    Pour l’heure, l’armée n’a pas encore confirmé ces nouveaux kidnappings. Le quartier général de la défense nationale nigériane a affirmé lundi soir sur Twitter qu’il cherchait “à confirmer les nombreuses informations faisant état d’enlèvements de jeunes filles dans le Borno”. Des enlèvements qui interviennent deux mois après celui – très médiatisé – de plus de 200 lycéennes à Chibok, dans le nord-est du pays.

    (Avec AFP)

  • Crimes rituels : au Congo Brazza, la cata “kata-kata”

    Crimes rituels : au Congo Brazza, la cata “kata-kata”

    CRIME-Au Congo, les crimes rituels sont connus sous le nom de kata-kata (“trancher”, en lingala). Le phénomène est répandu, mais la justice peine à traduire les coupables en justice.

    D’octobre 2011 à mai 2013, une série de meurtres avec prélèvement d’organes génitaux et de sang a secoué la ville de Ouesso, dans le nord du Congo. Visant des femmes se rendant seules dans leurs plantations, ils ont fait une douzaine de victimes, jusqu’à l’arrestation de six suspects, dont le maire de la commune, détenu aujourd’hui à la maison d’arrêt de Brazzaville.

    Au Congo, les crimes rituels sont connus sous le nom de kata-kata (“trancher”, en lingala). À la fin des années 1980, déjà, des rumeurs sur des enlèvements d’enfants avaient rythmé le quotidien des Brazzavillois. Entre 2005 et 2011, la capitale avait recensé une série de meurtres avec mutilation. Et en 2011, les images d’une femme enceinte tuée et mutilée avaient provoqué une telle psychose que des écoles avaient demandé aux parents de récupérer personnellement leurs enfants à la sortie des cours. Les voitures aux vitres teintées avaient été interdites. Et un homme soupçonné de trafic d’ossements humains avait été lynché par une foule en colère dans le 1er arrondissement.

    Si, dans d’autres pays africains, les crimes rituels visent les albinos, les jumeaux ou les handicapés, au Congo ils ciblent généralement des femmes.

    Le phénomène kata-kata connaît une recrudescence à l’approche de chaque élection. Si, dans d’autres pays africains, les crimes rituels visent les albinos, les jumeaux ou les handicapés, au Congo ils ciblent généralement des femmes. Certains cas ont attiré l’attention de la justice, mais les enquêtes sont souvent dans l’impasse. En octobre 2013, l’Association pour les droits de l’homme dans l’univers carcéral (Adhuc) a exhorté le ministère public à poursuivre la procédure judiciaire contre les auteurs et complices présumés dans le cadre de l’affaire de Ouesso et à prendre des mesures pour empêcher son éventuelle délocalisation.

    JEUNE AFRIQUE

  • Gbagbo à la CPI : retour sur plus de deux ans de bataille judiciaire

    Gbagbo à la CPI : retour sur plus de deux ans de bataille judiciaire

    laurent-gbagbo-La Côte d’Ivoire saura au plus tard vendredi si les charges retenues contre l’ancien président Laurent Gbagbo, emprisonné à la Haye depuis novembre 2011, sont confirmées. Retour sur les principaux événements qui ont rythmé une bataille judiciaire de plus de deux ans.

    C’est l’histoire d’un procès qui aura déchiré la Côte d’Ivoire avant même d’avoir été confirmé. Le procès politique de l’histoire diront certains. Celui en tout cas d’un homme qui a cristallisé autour de sa personne haine ou adoration, et dont le parcours est indissociable des crises successives de son pays.

    Vendredi 13 juin au plus tard, la Cour pénale internationale (CPI) doit donc dire si, oui ou non, elle considère que les accusations développées par la procureure Fatou Bensouda et par son prédécesseur Luis Moreno Campo contre Laurent Gbagbo sont suffisamment étayées pour que ce dernier soit jugé.

    L’accusation reproche à l’ancien président ivoirien d’avoir engagé sa responsabilité pénale individuelle, en tant que coauteur indirect au sens de l’article 25-3-a du Statut de de Rome, pour quatre chefs de crimes contre l’humanité (meurtres, viols et autres violences sexuelles, persécution et autres actes inhumains) qui auraient été perpétrés lors des violences postélectorales entre le 16 décembre 2010 et le 12 avril 2011.

    Que décidera la CPI ? Les deux camps auront jusqu’au bout affiché leur confiance. La réponse de la CPI fera date dans l’histoire de la Côte d’Ivoire. Elle mettra fin au premier et peut-être dernier acte d’une bataille judiciaire débutée le jour de l’arrestation de Gbagbo, un certain 11 avril 2011 à Abidjan…

     

  • Circoncision: procès de médecins

    Circoncision: procès de médecins

     
    Circoncision

    300 initiés sont décédés au cours des cinq dernières années.

    Cette semaine, le parquet sud-africain a annoncé que 23 personnes allaient être poursuivies, suite à la mort il y a un an d’au moins 30 jeunes garçons dans la province du Mpumalanga.

    Ceux-ci se sont retrouvés entre les mains de guérisseurs peu regardants sur les règles d’hygiène, et n’ont pas survécu au rite de la circoncision.

    En Afrique du Sud, lorsque l’hiver austral arrive, c’est la saison des rites d’initiation qui démarre.

    Chaque année, de nombreux jeunes hommes fidèles à leurs traditions partent, généralement en brousse, pour apprendre à devenir des hommes et être circoncis. Certains meurent pendant l’opération, d’autres sont mutilés et doivent être émasculés.

    Les autorités ont décidé de mettre un terme à ces tragédies et veulent réguler ces initiations. Il s’agit aussi d’arrêter les guérisseurs traditionnels qui ne respectent pas les règles d’hygiène. Lors des différents procès, quatre médecins et 19 guérisseurs pratiquant la circoncision vont comparaître, accusés de meurtre, d’agression et de violation de la loi sur la protection de l’enfance.

    Les chiffres officiels indiquent qu’environ 300 initiés sont décédés au cours des cinq dernières années, et 2.000 d’entre eux souffrent de blessures graves, émasculés à la suite d’une infection. Mais ces chiffres ne prennent pas en compte les jeunes hommes blessés qui finissent par se suicider, car ils ne seront jamais des “hommes”.

    Selon la législation sud-africaine, la circoncision dans le cadre de ces rites d’initiation ne peut être pratiquée que sur un jeune homme âgé de plus de 16 ans et dans des circonstances appropriées.

    rites initiation

    Chaque année, des jeunes fidèles à leurs traditions partent apprendre à devenir des hommes.

     

    Les rites d’initiation sont courants chez les Xhosas, les Sothos, les Ndébélés et d’autres ethnies sud-africaines. Les autorités de Pretoria estiment qu’il est important de maintenir la tradition, tout en souhaitant éviter de telles tragédies.

    Le gouvernement tente bien d’inculquer des règles sanitaires et de sécurité depuis plusieurs années. Il y a des écoles d’initiation, certifiées par le gouvernement. Malheureusement, la pression sociale qu’imposent les traditions est telle que beaucoup choisissent de se rendre dans des écoles illégales.

    Beaucoup de sud-africains espèrent que les procès à venir serviront d’exemple.

    BBC

  • BURKINA-FASO : l’opposition dit NON à la modification de la constitution et au 3e mandat de Blaise Compaoré

    BURKINA-FASO : l’opposition dit NON à la modification de la constitution et au 3e mandat de Blaise Compaoré

     

    Burkina-Opposition

    Des dizaines de milliers de Burkinabè ont manifesté samedi à Ouagadougou contre le projet de réforme constitutionnelle du président Blaise Compaoré, qui souhaite faire abroger la limitation du nombre de mandats présidentiels.

    Des dizaines de milliers de personnes se sont rassemblées samedi 31 mai dans le stade du 4-Août à Ouagadougou, la capitale du Burkina Faso, pour dénoncer le projet prêté au chef de l’Etat, Blaise Compaoré, de faire abroger par référendum la limitation du nombre de mandats présidentiels.

    Les manifestants étaient venus protester contre cet éventuel référendum sur une modification de la constitution, qui permettrait à Blaise Compaoré de participer à l’élection présidentielle de 2015, après 27 ans de règne. Le rassemblement se voulait une réponse à une manifestation des partisans du président le mois dernier

    « Nous ne voulons pas d’un nombre illimité de mandats présidentiels, le Burkina Faso n’est pas un royaume où on reste au pouvoir jusqu’à la mort », a lancé à la foule le dirigeant de l’opposition Zéphirin Diabré. « C’est une République où les hommes changent mais où les institutions demeurent. »

    Blaise Compaoré, au pouvoir depuis un coup d’Etat en 1987, n’a pas officiellement annoncé le projet de mettre fin à la limitation du nombre de mandats présidentiels mais la manifestation de ses partisans le mois dernier a renforcé les craintes de l’opposition.

    Actuellement, l’article 37 de la Constitution rédigée en 2000 limite à deux le nombre de mandats présidentiels. Blaise Compaoré a obtenu en 2010 un deuxième mandat de cinq ans.

    « Nous devons dissuader le président Blaise Compaoré et ses partisans d’organiser le référendum. Mais s’ils persistent, nous entrerons dans une autre phase, nous utiliserons tous les moyens permis par la loi pour les faire échouer misérablement », a souligné Zéphirin Diabré, qui dirige un rassemblement de 36 partis d’opposition.

    L’opposition a dors et déjà annoncé une autre grande manifestation le 14 juin à Bobo Dioulasso, la deuxième ville du pays.

    Un référendum pour « départager les burkinabés »

    De leur côté, les fidèles du président burkinabè tentent de convaincre leurs concitoyens du bien fondé de cette consultation. Blaise Compaoré « pense qu’il n’y a pas d’autre solution », commente Assimi Kouanda, le secrétaire exécutif du Congrès pour la démocratie et le progrès (CDP, au pouvoir), également ministre d’Etat chargé de mission à la présidence.

    « Un référendum est le meilleur moyen démocratique pour départager les Burkinabè », pour le CDP, qui souligne qu’une révision du texte fondamental par consultation populaire « n’est pas une atteinte à la constitution ».

    Avant cela, le pouvoir doit toutefois « jauger sa cote de popularité », d’où « une campagne tous azimuts pour expliquer sa démarche », observe Abdoul Karim Ouédraogo, analyste politique. Depuis mi-avril, le président multiplie ainsi les tournées pour des « échanges avec les populations sur leurs conditions de vie », suivis de bains de foule. »Il est entré en campagne » pour le réferendum, juge cet analyste.

    Lors d’une visite mi-mai à Réo, dans l’ouest du pays, le chef de l’Etat affirmait avoir donné aux Burkinabè « la liberté de faire (leur) choix ». « Nous sommes majoritaires dans le pays » et « cette majorité va imposer (ses) choix », clamait-il.

    Source : Avec Reuters, AFP

  • Sénégal – Abdoulaye Wade : “Je ne peux pas tolérer que tout ce que j’ai fait soit détruit”

    Sénégal – Abdoulaye Wade : “Je ne peux pas tolérer que tout ce que j’ai fait soit détruit”

    Abdoulaye Wade à Dakar, le 26 avril, au domicile de son ami et ancien ministre Madické Niang. Abdoulaye Wade à Dakar, le 26 avril, au domicile de son ami et ancien ministre Madické Niang. © Youri Lenquette pour J.A.

    Ses relations avec son successeur, son rapport très décomplexé à l’argent, le sort de son fils… De retour à Dakar, l’ancien président se lâche. Et, manifestement, il est en pleine forme.

    Quand Abdoulaye Wade jurait, il y a deux ans, à l’aube de sa dernière campagne électorale, qu’il se sentait en pleine forme en dépit de son âge et qu’il était en mesure d’assumer un troisième mandat présidentiel – ce qui provoquait haussements de sourcils et ricanements de la part des observateurs étrangers -, il fallait le croire. À 87 ans, “Gorgui” (“le vieux”, en wolof) n’entend plus très bien mais se porte à merveille. Il l’a prouvé le 25 avril quand, deux heures après l’atterrissage de son avion en provenance de Casablanca, à l’issue d’un exil en France de vingt-deux mois et d’une escale marocaine de trois jours qui a tenu en haleine tout le pays, il a offert aux milliers de ses partisans qui l’attendaient devant le siège du Parti démocratique sénégalais (PDS) un discours de chef de guerre de près de trente minutes. Il était minuit passé.

    Le lendemain, il est près de 23 heures lorsqu’il met un terme à l’entretien qu’il a accordé à Jeune Afrique dans la demeure que lui prête son ami et ancien ministre Madické Niang et qui lui sert de domicile provisoire à Dakar. Il n’a pas encore dîné et sa garde rapprochée l’attend pour préparer le programme des jours suivants, mais Wade, visiblement heureux de prouver qu’il a toute sa tête en enchaînant vieilles anecdotes et grandes théories, ne semble pas pressé d’en finir.

    L’ancien président du Sénégal (2000-2012) n’a rien d’un retraité. Il y a quelques mois, il a créé son propre cabinet à Dubaï, Wade International Consulting. “Ce que j’ai fait au Sénégal, je peux le faire pour n’importe quel chef d’État : monter des projets, les financer”, argumente-t-il. Fort de la très haute idée qu’il se fait de lui-même, il se rêve aussi en faiseur de paix : ainsi, il se verrait bien médiateur en Centrafrique. “Si on me demande de réconcilier le peuple centrafricain dans ses différentes composantes ethniques et religieuses, je suis prêt à y aller. Mais il me faut le soutien de la France”, précise-t-il.

    En attendant, sa priorité est à Dakar : à la libération de son fils et de ses collaborateurs, poursuivis dans le cadre de la “traque aux biens mal acquis” menée par le président, Macky Sall ; à la bataille des élections locales qui approchent ; et “au retour de la démocratie”, qui, selon lui, n’est plus une réalité au Sénégal.

    Jeune Afrique : Pourquoi rentrer maintenant, après vingt-deux mois d’exil en France ?

    Abdoulaye Wade : Il faut bien que je rentre chez moi… Lorsque j’ai été battu par Macky Sall [en mars 2012], j’ai déclaré publiquement que j’étais prêt à l’aider, mais il ne m’a jamais répondu. Alors je suis parti en France. Immédiatement après, il a lancé une chasse aux sorcières contre tous ceux qui me sont proches. Aujourd’hui, vingt-cinq de mes collaborateurs sont interdits de sortie du Sénégal. Parmi eux, certains sont en prison. Pourquoi ? Il s’est attaqué à ma femme, à mon fils… Un jour, Me Robert Bourgi a rencontré Macky Sall. Macky lui a dit : “Je sais que vous connaissez bien Wade. Dites-lui que je n’ai que du respect pour lui.” Il dit qu’il a de la considération pour moi, et après il met mon fils en prison !

    Votre fils, Karim, est soupçonné par la Cour de répression de l’enrichissement illicite (Crei) de posséder un patrimoine estimé à 117 milliards de F CFA (178 millions d’euros)…

    Foutaises ! Je note qu’au début on parlait d’un patrimoine de 694 milliards de F CFA, et qu’aujourd’hui c’est descendu à 117 milliards. La commission d’instruction a donc effacé 80 % des accusations. Mais même dans les sommes que les juges retiennent aujourd’hui – des comptes en banque imaginaires, des sociétés avec lesquelles il n’a rien à voir, des maisons qui m’appartiennent mais qui lui reviendront lorsque sa mère et moi quitteront ce monde -, presque rien n’appartient à Karim. Avec la Crei, demain, un juge peut vous dire : “Monsieur, il paraît que vous avez acheté la tour Eiffel à Paris, démontrez-moi que ce n’est pas vrai.”

    Pourquoi ne pas l’avoir dénoncé avant ?

    Parce que je ne voulais pas gêner mon successeur. Aujourd’hui, le Sénégal va mal. Vous avez vu l’accueil que j’ai reçu à mon retour ? Il y avait des millions de Sénégalais. Le président Macky Sall doit décoder cette mobilisation. Moi je l’ai fait : je représente un espoir, en raison de ce que j’ai fait pour le Sénégal, et aussi du fait qu’aujourd’hui ces gens sont désespérés. J’aurais souhaité qu’il y ait un président – je ne dis pas qui ait la même aura que moi ni qu’il obtienne les mêmes résultats -, qui, au moins, gagne le coeur des Sénégalais.

    Doit-on comprendre que vous vous présentez en ultime recours ?

    Non, c’est fini, j’ai dépassé le point de non-retour. Notez que je peux renverser Macky Sall à tout moment. Il me suffit de lancer les populations sur le palais. Mais ce n’est pas mon intention. Moi, ce que je veux, c’est que Macky comprenne qu’il fait fausse route. Je ne peux pas tolérer que tout ce que j’ai fait ici soit détruit. Il n’y a plus de démocratie aujourd’hui au Sénégal. Il faut donc la ramener, mais ce n’est pas moi qui doit le faire, c’est lui. Et la première chose à faire, c’est de libérer tous mes collaborateurs. Si Karim doit être jugé, que ce soit par la cour de la Cedeao ou en France, mais pas par la Crei, qui viole le droit à un procès équitable.

    Et si cela devait être le cas ?

    Les jeunes disent qu’ils marcheront sur le tribunal. Mais ce n’est pas moi qui les y pousserai.

    Je peux renverser Macky Sall à tout moment. Il me suffit de lancer les populations sur le Palais.

    En rentrant, votre objectif est donc de faire sortir votre fils de prison…

    Pas seulement Karim. Tous mes collaborateurs doivent être libérés. J’ai écrit deux lettres à Macky Sall, auxquelles il n’a jamais répondu. Dans la première, je lui ai dit : “Monsieur le président, on vous raconte qu’il y a des milliards, mais il n’y a pas de milliards. Vous vous engagez dans une voie sans issue.” Dans la seconde, je suis revenu plus en détail sur ce que l’on reproche à Karim. J’y explique notamment d’où viennent les 2,5 millions d’euros qu’on a trouvés sur un compte à son nom à Monaco.

    D’où viennent-ils ?

    Du roi Abdallah. C’était au début de ma présidence. J’étais allé en Arabie saoudite. Vous connaissez les pratiques africaines et arabes : quand on a un hôte, il faut lui offrir un cadeau. Le roi m’a donné 5 millions de dollars. Mais pour éviter toute confusion, j’ai donné cet argent à mon fils, qui l’a placé. Une partie de l’argent est allée sur un compte à New York, puis à Monaco.

    Pourquoi ne pas avoir reversé ce don à l’État du Sénégal ?

    Pour quelle raison aurais-je fait cela ? C’est à moi !

    Un autre “don” du roi Abdallah a mené l’un de vos proches, Aïdara Sylla, en prison au début de l’année dernière

    Je vais vous expliquer. Une fois que j’ai quitté le pouvoir, au mois de mars 2012, le roi Abdallah me fait téléphoner par celui qui sert d’interprète entre nous deux, et qui me dit : “Sa Majesté veut vous donner un cadeau.” J’y suis donc allé, et le roi m’a donné 10 millions de dollars. Sur cette somme, j’ai confié 4,5 millions d’euros à mon ami entrepreneur [Aïdara Sylla] pour qu’il règle des factures. Le problème, c’est qu’en rentrant au Sénégal il n’a pas déclaré le chèque, et on l’a envoyé en prison. Mais il n’y a aucun délit.

    Pourquoi le roi Abdallah est-il si généreux avec vous ?

    Allez le lui demander. Nous sommes très amis, mais il fait autant ou plus pour d’autres chefs d’État, sauf qu’ils ne le disent pas, eux. Je ne l’aurais pas dit s’il n’y avait eu cette affaire.


    Accueilli par le roi Abdallah d’Arabie saoudite, alors qu’il était en pèlerinage
    à La Mecque, en janvier 2006. © Seyllou Diallo/AFP

    Vous êtes-vous enrichi durant les douze années de votre présidence ?

    Absolument pas. Je l’ai dit à des députés français, je vous le redis : si j’ai un immeuble ou un compte en banque en France, qu’on le prenne. Tout ce que je possède, c’est un appartement de 41 m² avenue des Ternes [dans le 17e arrondissement de Paris] et quelques terrains et biens immobiliers au Sénégal, que je possédais bien avant de faire de la politique.

    Et votre maison de Versailles ?

    Elle appartient à ma femme. Nous en avons fait une Société civile immobilière (SCI) dont notre fille Syndiély possède 99 % des parts, de manière à ce qu’elle ne paie pas de droits de succession quand nous mourrons. J’ai fait la même chose avec ma maison du Point E à Dakar pour Karim [une maison que la Crei a retenue dans son patrimoine].

    Aimez-vous l’argent ?

    Oui, je suis un libéral.

    Karim Wade pourrait-il être un jour le président du Sénégal ?

    Il a une certaine popularité.

    Et vous savez pourquoi ?

    Parce qu’il a résolu le grand problème de l’énergie. Tous mes ministres ont échoué, alors un jour [en octobre 2010] j’ai appelé Karim et je lui ai dit : “Je sais que toi tu es capable de résoudre ce problème, mais je te préviens : si tu fais un faux pas, tu tombes.” Il m’a dit : “Je prends.” Et, finalement, il n’y a plus eu de coupures d’électricité. Ce n’est pas n’importe qui qui peut faire ça.

    Je ne suis pas un dictateur, même avec mes enfants.

    Je reformule ma question : souhaitez-vous que Karim Wade soit un jour le président du Sénégal ?

    Peut-être, à un moment, me suis-je laissé tenter par cette idée. Mais au moment où je vous parle, je ne le souhaite pas. Maintenant, je n’irai pas jusqu’à lui dire de ne pas s’impliquer en politique. Je ne suis pas un dictateur, même avec mes enfants.

    Pourrait-il vous succéder à la tête du Parti démocratique sénégalais (PDS) ?

    Si les militants le décident, pourquoi pas…

    Regrettez-vous de vous être présenté en 2012 ?

    Pas du tout.

    Vous auriez pu sortir par la grande porte.

    Qu’est-ce que ça peut faire ? J’ai gagné contre Abdou Diouf, j’ai perdu contre Macky Sall, point final ! Mais vous savez, en 2012, je n’avais personne pour me remplacer, ni Karim ni personne d’autre. Conscient de mon âge, je voulais mettre en place un système pour faire élire un nouveau président dans les trois ans qui suivaient.

    Maintenant que vous n’avez plus d’ambition électorale, vous pouvez nous dire quel âge vous avez. Il y a un flou sur votre date de naissance…

    J’ai 87 ans. Mais admettons que j’en aie 90 : et après ? Je suis en bonne santé. Mon père est mort à 101 ans, il a fait la Grande Guerre. Ma grand-mère est morte à 121 ans. Dans ma famille, on connaît la longévité. Mais je suis musulman, je sais que je peux partir à tout moment. Je sais que j’ai fait tellement de bien sur la terre que j’irai au paradis.

    __________Jeune Afrique

    Propos recueillis par Rémi Carayol

  • Côte d’Ivoire : en attendant Gbagbo

    Côte d’Ivoire : en attendant Gbagbo

     
    Laurent Gbagbo sera fixé sur son sort mi-juin.
    Laurent Gbagbo sera fixé sur son sort mi-juin. © SEYLLOU DIALLO / AFP

    Dans moins d’un mois, l’ex-président ivoirien Laurent Gbagbo, emprisonné à La Haye depuis novembre 2011, saura si les charges retenues contre lui sont confirmées. Pendant ce temps, au pays, son clan s’organise.

    Alors que la Cour pénale internationale (CPI) doit se prononcer, mi-juin, sur la confirmation ou non des charges contre l’ex-président ivoirien, ses partisans veulent croire à sa libération prochaine et font flèche de tout bois. Sur les réseaux sociaux, le succès de #BringBackOurGirls (“ramenez nos filles”), le slogan de soutien aux lycéennes du Nigeria, a inspiré une version parodique, #BringBackOurGbagbo (“ramenez notre Gbagbo”). En une semaine, elle a été reprise plus de 3 000 fois sur Twitter, selon le site d’analyse de données topsy.com. Pour les pro-Gbagbo, tous les moyens sont bons, jusqu’aux détournements de mots-clics.

    Curiosité ou sympathie ? Une certitude : Gbagbo fait vendre. En Côte d’Ivoire, la “presse bleue”, favorable à l’ancien chef d’état, fait de bons chiffres, surtout lorsqu’il apparaît à la une. Dans les meetings où il intervient, à Abidjan, Michel Gbagbo attire les foules. “En allant écouter le fils, j’ai l’impression de retrouver le père”, souffle une militante. Sa mère, Jacqueline Chamois – la première épouse -, vient de créer, à Paris, l’Association des amis de Laurent Gbagbo, présidée par le professeur Raphaël Dagbo. Objectif : réhabiliter le fondateur du Front populaire ivoirien (FPI) en rappelant, à travers conférences et débats, son combat pour le multipartisme et la souveraineté de l’Afrique.

    Autre signe d’une mobilisation des troupes, dans l’ouest de la Côte d’Ivoire – le fief de Laurent Gbagbo -, l’appel au boycott lancé par le FPI contre le recensement général semble assez suivi. Le gouvernement n’a pas manqué de mettre en garde les auteurs de ce mot d’ordre contre d’éventuelles poursuites judiciaires. Le 8 mai, Pascal Affi N’Guessan, le président du FPI, et trois autres dirigeants du parti ont été longuement auditionnés par la gendarmerie ivoirienne. Le même jour, Anne Désirée Ouloto, ministre de la Solidarité, de la Famille, de la Femme et de l’Enfant, se rendait à Gagnoa pour appeler les femmes de l’Ouest à “s’impliquer davantage”. “Dans l’Ouest, le FPI n’hésite pas à aller dans les villages en disant : si vous refusez le recensement, les Blancs vont entendre vos cris et libérer Laurent Gbagbo. C’est de la manipulation !” vitupère un cadre du Rassemblement des Républicains (RDR), le parti du président Ouattara. Derrière, les autorités repassent dans les mêmes villages et expliquent : “Le boycott vous fait du tort, car il nous empêche de savoir à combien de personnes nous devons apporter l’eau et l’électricité.”

    Promesses non réalisées et non réalisables

    Trois ans après son arrestation, Laurent Gbagbo commence-t-il à récupérer les déçus d’Alassane Ouattara ? Laurent Akoun, le secrétaire général du FPI, y croit. Lui qui dénonce “les vendeurs d’illusions [du RDR] qui prétendent que la Côte d’Ivoire va bien alors que les fondamentaux s’écroulent les uns après les autres” veut rallier “le peuple qui ne supporte plus les promesses non réalisées et non réalisables”. Amadou Soumahoro, le secrétaire général par intérim du RDR, réplique : “Regardez le chemin parcouru depuis 2011. Avec un taux de croissance annuel supérieur à 8 %, la population fait vite la différence avec les dix années Gbagbo. D’ailleurs, le FPI a perdu beaucoup d’influence auprès des syndicats et des étudiants.”

    L’ex-président donne-t-il des consignes ?

    En réalité, la question clé est de savoir si l’ancien chef de l’état garde la main sur son parti. Pour son porte-parole, Justin Koné Katinan, réfugié au Ghana, et pour son conseiller spécial français, Bernard Houdin, à Paris, cela ne fait aucun doute. “Au FPI, il peut y avoir une ou deux personnes avec un agenda caché, mais l’immense majorité soutient Laurent Gbagbo, glisse le second. Chacun sait que, s’il s’écarte de ce chemin, il devient une feuille morte.” à la direction du parti, le prisonnier de la CPI conserve aussi beaucoup de fidèles, à commencer par les deux “historiques”, Laurent Akoun et Aboudramane Sangaré, le premier vice-président, qu’il a connus en prison en 1971.

    Comme son téléphone est sur écoute, nous n’avons pas de contact direct avec lui, confie un dirigeant du FPI.

    L’ex-président donne-t-il des consignes ? “Comme son téléphone est sur écoute, nous n’avons pas de contact direct avec lui, confie un dirigeant du FPI. Il nous fait parvenir des messages par ceux qui vont lui rendre visite, mais il ne donne aucune directive.” Outre sa seconde épouse, Nady Bamba – la mère de son dernier fils, Koudou Ismaël -, Laurent Gbagbo reçoit beaucoup. Des membres de sa famille et des fidèles, comme Guy Labertit, l’ex-“Monsieur Afrique” du Parti socialiste français. Sans parler de ses avocats, Emmanuel Altit et Natacha Fauveau Ivanovic, du barreau de Paris, et Agathe Baroan, du barreau d’Abidjan. L’idée du boycott du recensement ivoirien viendrait-elle de La Haye ? “Non, répond le haut responsable. Nous n’avons pas besoin de le solliciter pour définir notre stratégie. De toute façon, c’est nous qui sommes sur le terrain. Comme nous ne pouvons pas connaître sa position en temps réel, nous serions tétanisés si nous devions attendre ses instructions.”

    Au-delà des “confidences” à la presse, ce que les proches de Gbagbo oublient de dire, c’est que, depuis le congrès constitutif du FPI dans une bananeraie de Dabou, en 1988, ils sont coutumiers de l’action clandestine. En octobre 2000, contre Robert Gueï qui s’accrochait au pouvoir, puis en mars-avril 2011, contre Alassane Ouattara, l’Opération des Nations unies en Côte d’Ivoire (Onuci) et la France, ils ont fait preuve d’un vrai savoir-faire dans la mise en place de réseaux parallèles et de structures clandestines, comme des studios de télévision mobiles. Le reclus de La Haye parvient-il à communiquer à l’insu de ses gardes ? En tout cas, plusieurs de ses visiteurs sont étonnés par la qualité de ses informations sur la Côte d’Ivoire, y compris sur l’entourage du président Ouattara…

    Que fera le FPI en 2015 ?

    Désormais, tout repose sur la décision, le mois prochain, des trois juges de la CPI. Si Laurent Gbagbo est libéré, nul ne doute qu’il reviendra sur la scène ivoirienne. “Le pouvoir aura du mal à rester serein”, confie un familier du palais présidentiel. “Cela scandalisera les victimes du régime Gbagbo, et une reprise de la guerre ne sera pas à exclure”, estime de son côté un responsable du RDR. En revanche, s’il reste en prison, l’homme politique risque d’être abandonné par une partie de ses troupes. “Les militants devront se faire une raison et commenceront à en parler au passé. Ils seront bien obligés de se rabattre sur quelqu’un d’autre”, glisse le dirigeant du FPI. Mais le noyau dur des fidèles n’est-il pas en mesure de bloquer tout changement de leader ? “C’est vrai, il peut y avoir des résistances au sein du parti, surtout de la part de ceux qui revendiquent l’ancrage du FPI dans leur région pour jouer les premiers rôles [sous-entendu : les Bétés du Centre-Ouest]. Mais quand on est dans une posture “Gbagbo ou rien”, on n’avance pas.”

    Que fera alors le FPI lors de la présidentielle d’octobre 2015 ? “Il est difficilement concevable que le parti ne soit pas au rendez-vous, affirme le même responsable. Le scénario le plus probable, c’est la présence d’un candidat FPI. De toute façon, la décision sera prise avant la fin de l’année.”

     

    Le 2 mai, comme tous les ans, les membres du parti se sont retrouvés à la Fête de la liberté. Aboudramane Sangaré a lancé aux militants : “Laurent Gbagbo attend son billet retour, mais celui-ci ne se paie pas cash. Il se paie par votre mobilisation sur le terrain.” Avant que Pascal Affi N’Guessan déclare : “La lutte pour la liberté, c’est principalement la lutte pour la libération du président Laurent Gbagbo et son retour en Côte d’Ivoire.” Est-ce un signe ? La fête ne se tenait pas à Abidjan ou dans l’Ouest, mais dans l’est du pays, à Bongouanou, en pays agni. Bongouanou, le fief d’Affi N’Guessan.

    Le pouvoir entre deux feux

    Le retour des exilés est depuis longtemps une priorité du président Ouattara, qui a notamment envoyé plusieurs émissaires à Accra. L’enjeu ? Donner l’apparence d’une Côte d’Ivoire normalisée, apaisée. Une priorité pour faire revenir les investisseurs. La défiance est cependant toujours palpable. Si beaucoup de cadres du FPI ont été réintégrés dans l’administration, la plupart d’entre eux sont toujours sous le coup d’une procédure judiciaire, privés d’accès à leurs comptes bancaires et à certaines de leurs maisons, occupées. Comme d’autres, l’ancien directeur du port d’Abidjan a été sanctionné par l’Union européenne : comptes gelés, interdiction de voyager. Peu de temps après son retour, la délégation européenne à Abidjan a suggéré de reconsidérer sa position. La réponse de la présidence ne s’est pas fait attendre : il en est hors de question. Vincent Duhem

    Jeune Afrique

  • English:South Africa’s 5th national elections

    English:South Africa’s 5th national elections

    election RSA-The fifth national general election in South Africa was far from mundane. The election was underlined by the significance of the country’s 20th anniversary of its political transition to a democratic dispensation. In many ways several major factors and issues underscored the pre-election period.

    The first important issue to be noted about this election was that this was the first time that the generation born after Mandela took office (or, ‘born frees’) will be voting, seemingly without the political baggage of the past. Much of the attention focused on what would influence and shape the voting attitudes of this cross section of the population who are often referred to as Mandela’s generation. The second and more poignant factor to emerge for this election was that it marked the first real test of President Zuma’s five years in power amid the controversies of corruption scandals, irregular procurement of state resources and four cabinet reshuffles that characterised his administration. The third issue, while linked to the latter point, was closely related to Mandela’s legacy, which the ruling party, the African National Congress (ANC) sought to invoke, in what some commentators interpreted, as a sympathy or loyalty vote following the passing away of the International Statesman in December 2013. Fourth was the pragmatic question of whether opposition parties would be able to consolidate their electoral footprint in the country. The official opposition party, the Democratic Alliance (DA), had pulled out all the stops to garner significant support mainly among African voters. For other smaller opposition parties, the critical issue was whether they could sustain their political relevance by improving their electoral support at the polls. This was definitely aligned to the final issue, which saw the emergence of two new political parties, namely Agang SA and the Economic Freedom Fighters (EFF). While the phenomena of new parties emerging on the eve of elections is not new, the circumstances that led to the rise of these two parties had made the electoral landscape that more intriguing.

    Formed eight months prior to the election, the EFF is led by the former ANC youth league leader, Julius Malema. Ousted from the ruling party for bringing the Party into disrepute, the former youth league head played on the sentiments of the disaffected voter who had felt economically vulnerable and marginalized from state benefits. Effectively the EFF translated such feelings into populist support for itself. Unfortunately for Agang SA, which was formed in early 2012 by Mamphele Ramphele, a former political activist and manager at the World Bank, the razzmatazz of its presence soon dissolved into a spiral of poor timing, internal strife, and a botched merger with the DA.

    The Independent Electoral Commission (IEC) had three voter registration periods that saw a total of 25,381,293 South Africans being registered to vote in this election. Of this 18,402,492 valid votes were cast, constituting a voter turnout of 73.43 per cent. IEC officials noted that they were caught by surprise by the higher voter turnout than in previous years.

    There was never any doubt that the ANC would remain in power for another five years. The more strategic question was what would be the final percentage that would see the ruling party over the finish line. Speculation was rife that the ANC may even dip below the 60 per cent mark. In the months leading to the election the ruling had lost appeal in certain sections of the electorate, especially among the youth and in some lower working class groups. Moreover there were attempts to consolidate the party’s footprint in Gauteng that was becoming a hotly contested province with the DA spending R100 million trying to secure a victory in South Africa’s economic heartland. Through its own internal polling, the ANC noted that it expected to get between 62-64 per cent of the vote, which reflected levels it had obtained in 1994.

    The official results, which were announced by the IEC on 10 May, saw the ANC win the election by 62.15 per cent. While the ANC saw this as a vindication by the electorate still having the confidence in its ability to govern the country, the result demonstrated a waning level of support for the party from the 2009 election where it registered a 65.90 per cent. Though a relative decline of 3.75 per cent, which maybe construed as a negligible drop in support, in absolute numbers, however, this represents hundreds of thousands of lost votes.

    Figure 1: South Africa: 2014 National Election Results

    cc EL

    Source: Independent Electorate Commission: http://www.elections.org.za/resultsNPE2014/

    For the DA, the party broke the 4 million mark in voter support. Increasing their levels of support to 22.23 per cent from 16.66 per cent in 2009, the DA appeared satisfied with its performance, although it missed its projection of 30 per cent by some way. The DA also remained in control of the Western Cape, managing to improve its performance to 59.38 per cent from 51 per cent in 2009. The ANC, on the other hand, which sought to recapture control of the Western Cape, only managed to improve its performance by 1.4 per cent from 2009 where it obtained 31.5 per cent to 32.9 per cent in 2014. The DA made substantial gains in Gauteng registering a 9 per cent increase its electoral footprint to record a 30.8 per cent from 21.8 per cent in 2009.

    Unfortunately for the ANC, Gauteng recorded the largest loss in voter support for the party of over 10 per cent from 64 per cent in 2009 to 53.6 per cent in 2014. Not only has this rattled the party in terms of its identity among voters in the province but it also raised significant issues of whether the party has suffered the consequences of the policies that it endorsed like the controversial e-tolls, notwithstanding social service delivery protests and the issues related to President Zuma’s use of state funds for the upgrade of his homestead in Nkandla, which were seen as undermining the Party’s electoral footprint in the province.

    Figure 2: South Africa: 2009 National Election Results

    cc PZ

    Source: Electoral institute of Southern Africa (EISA): http://www.content.eisa.org.za/old-page/south-africa-2009-national-assembly-election-results

    The biggest winner out of the election was the EFF. Despite its often-unrealistic election promises, the party had done significantly well in securing a 6.35 per cent of the vote. Most analysts predicted between 4 per cent and 6 per cent voter support for the EFF, but it seems that the newly formed party with its signature red beret attire had exceeded expectations. In Gauteng, the ANC was a casualty of the EFF’s popular support, which had garnered 10.3 per cent of the vote. In two provinces, Limpopo and North West, the EFF had unseated Congress of the People (COPE) and the DA respectively to become the official opposition. Overall the Party secured its position as third on the national results list as well as in the majority of the provinces, except in the Kwazulu Natal where it was in fourth position bearing in mind that Kwazulu Natal is an ANC stronghold. The support for the EFF can be interpreted as a ‘protest vote’ against the ANC especially by lower working class constituencies who wanted to demonstrate their frustrations against the ruling party’s inertia and disregard for their interests.

    The other significant trend to emerge from this election was the contraction of smaller political opposition parties. The Congress of the People (COPE), which emerged, as a splinter party from the ANC in 2008 following President Mbeki’s recall was the main casualty of voter dissatisfaction. COPE only managed to garner 0.67 per cent of the vote from what it had obtained in 2009 of 7.4 per cent. At the provincial level as well COPE had lost the confidence of its supporters, especially in the Northern Cape and the Eastern Cape, where the party’s votes decreased from 16.7 per cent and 13.7 per cent in 2009 to 3.6 per cent and 1.2 per cent in 2014 respectively. This loss of over 13 per cent in both provinces is indicative of the party’s implosion due to leadership struggles. It would appear that the DA and EFF had gained as a result of COPE’s poor showing at the polls.

    Another telling feature of the election was the emergence of the National Freedom Party, which broke away from the Inkatha Freedom Party (IFP) before the 2011 municipal elections. With this being its first national election, the Party demonstrated its resolve both nationally and provincially by gaining 1.57 per cent in the national ballot and 7.3 per cent within KwaZulu Natal. The NFP’s support base appears to be constituencies in rural areas and women.

    On aggregate a total of 29 political parties contested the national election with only 13 parties managing to garner enough votes to make it into the National Parliament. The challenge for the smaller political parties is to establish their relevance and identity amongst a discerning electorate, especially in view of the upcoming local government elections that will take place in 2016.

    What is clear from this 5th national election is that there is a realignment of power structures both internal to party structures as well as in the way that the electorate has responded to what were previously perceived as traditional voting constituencies. For all political parties the lessons learnt from this election is to not under-estimate the sophistication of the electorate. But more importantly, the lesson drawn from this election is that voters will use their vote to demonstrate their frustrations against inefficiencies, poor governance, unfilled promises, and lack of service delivery.

    The real challenge for the ruling party in forming its next administration is to be clear that the electorate does understand policies and cannot be hoodwinked. Furthermore, President Zuma’s administration will have to make good on the promises that have been made during the election campaign. Similarly for the DA and the EFF the real issue is how they will consolidate their support into an effective opposition voice in government. In two years time the electorate will be given the chance again to evaluate whether the government and others have lived up to their expectations and delivered on their undertakings. This time the stakes will be much higher as the local government elections in 2016 cannot be about lofty ideals and guarantees. Rather it is about the real bread and butter issues that affect people at the grassroots.

    * BROUGHT TO YOU BY PAMBAZUKA NEWS