-Le Lobby de l’Église catholique aurait-il finalement eu raison du lobby rwandais aux USA ? Cela en a l’air quand on la voit au four et au moulin à Kinshasa en train de tout remuer. Tenter de tout contrôler et régenter. On peut bien se poser toutes ces questions sans s’opposer à la démarche de l’Eglise si seulement si, politiquement parlant, son intention initiale, en tant congolais, parce que son leadership est congolais, elle tente de ravir la direction du Congo et aux politiques congolais, les zouaves au service de Paul Kagamé et à ce dernier à qui l’Occident avait jusque-là confié, en remplacement de Mobutu, la gestion des Grands Lacs et par ricochet celle du Congo.
Pour les Congolais qui savent à peine lire l’Histoire, ils ne regardent plus que ce que certains d’entre eux appellent déjà les accords « défunts » de la CENCO. Alors que le véritable combat semble être ailleurs. Il opposerait une église catholique congolaise contre Paul Kagamé. Je voudrais y croire bien que cela serait encore de l’ordre de l’invraisemblable. Monsengwo contre Paul Kagamé pour le contrôle de la RD-Congo.
À Cuba, lors de l’invasion de la Baie des cochons en avril 1961, qui a été préparée par les USA, les Américains envoyèrent des prêtres catholiques en première ligne pour attaquer Cuba. C’est ce que José Buajasan Baragui, l’un des compagnons de Fidel Castro, déclare dans la vidéo que vous trouverez à l’adresse suivante //youtube.com/watch?v=HvuAEjpfqh8, (à partir de la minute 02 :02 à 02 :32). Il y déclare notamment que : « Ici à Cuba, toutes les organisations contre-révolutionnaires étaient dirigées par des éléments de l’Église Catholique. Durant l’invasion de Giron (Baie des cochons), trois prêtres sont venus en première ligne : Ismaël de Lubo, Laceras et le jésuite Thomas Macho. C’étaient des croisés qui venaient libérer Cuba du communisme ».
Voilà qui nous fait dire que, compte tenu des liens séculaires qui unissent les deux alliés de tout le temps, à savoir l’Eglise Catholique, comme institution, et les USA, ces derniers auraient finalement fait le choix de confier la gestion et le contrôle du Congo-Kinshasa à l’Eglise Catholique du Congo dont le président actuel est Marcel Utembi. Serait-il une situation définitive ou Paul Kagamé et Museveni vont devoir répliquer ? La situation du Congo est floue parce que ce que l’Église catholique fait est un coup d’État contre des institutions auxquelles elle avait elle-même donné son quitus. Un coup d’État ou l’Eglise catholique romaine de Kinshasa tente de ramasser un pouvoir-os qui selon son propre calendrier est décédé. Le pouvoir-os est dans la rue. Les maîtres du Congo auraient-ils souhaité faire gouverner le Congo par son allié de tout le temps, par la religion qui pourrait à la longue ramollir un peuple qui ne supporte plus sa domination et humiliation. On a des sentiments mitigés parce qu’on ne serait toujours pas sorti de l’auberge. Sauf que le peuple du Congo serait passé de la soumission du second degré à la celle du premier degré. La première, à savoir la soumission au second degré, consistait à se plier sous l’autorité d’un intermédiaire africain, le Rwanda, qui s’interposait entre le maitre, c’est-à-dire le véritable patron du Congo et le peuple du Congo. Tandis que la soumission au premier degré est la domination du Congolais par un « Kapita » médaillé congolais, qui, lui, reçoit directement des instructions du maître dont il serait le double ou la copie sur le terrain Congo
Et si l’Eglise Catholique Romaine congolaise y parvenait, ce serait alors à quel prix ? Comment l’Eglise aurait-elle négocié la gestion des représentants du Rwanda au Congo-Kinshasa ? Devront-ils se maintenir à la tête du pays ou ils vont, comme ils aiment se faire appeler congolais, faire comme tous les autres, c’est-à-dire se mettre au rang et cesser de revendiquer et d’humilier par des armes le peuple congolais bon chrétien et catholique qui les a accueillis à bras ouvert au Congo ? Tout ce qui se dit dans ce texte est loin d’être une affirmation : j’en fais un papier pour m’interroger à haute voix. Et si ce n’est pas le cas, attirer à la fois l’attention et de l’Eglise Catholique et de Paul Kagamé pour qu’un conflit puisse éclater et pousser le Congo à la bataille finale. .
Mon propos de ce jour ne devrait s’interpréter comme un quelconque soutien ou adhésion au cinéma dit accords de la CENCO. Je tente de comprendre le jeu politique de l’Eglise Catholique qui en devenant Calife au Congo gouverne la canaille politique congolaise. Voilà ce qui m’intéresse. Ce qui voudrait que désormais pour faire la politique il faudra passer par l’Église. La religion et l’Eglise comme actrice politique majeure et de premier rang au Congo. Des politiques ayant échoué, l’Eglise reprend son règne comme au bon vieux temps de Léopold II.
Que conclure ? Avec la soumission au premier degré, on peut encore espérer, à force de sacrifice et de travail, affronter directement le maître un jour. Mais avant d’y arriver, il faudra d’abord se libérer de l’emprise de la religion. Puisque le contrôle des masses par la religion est encore plus inquiétant que par la politique. Une fois que les consciences sont habitées, les hommes deviennent incapables de dissocier le séculier et l’intemporel. Surtout quand notre passé avec la même religion invite à la vigilance. La religion vient-elle attendrir un peuple qui par sa colère exprimée ne tolère plus sa supporte plus son état d’esclavage. N’était-ce pas avec elle que le colonialisme a eu raison de notre résistance du moment qu’elle nous demandait de tendre la seconde joue pour mériter du royaume des cieux ? Le maître serait-il à genoux ? Est-ce la raison pour laquelle il tente de nouveau par la religion d’arracher notre allégeance, celle d’un peuple qui a grandi, qui est devenu adulte et mûr et qui, par Likambo ya mbele, a décidé de s’autogouverner ? Nous autres, nous sommes prêts pour la bataille.
« La liberté, soutient José Marti, est le droit des peuples à agir librement, de penser et de parler sans hypocrisie ». Moi, j’ai dit mon mot.
Likambo ya mabele, ezali likambo ya makila
Mufoncol Tshiyoyo
Le Président National du Rassemblement pour l’Alternative Politique en RDC. R.A.P-en sigle Mouvement Politico-militaire, mufoncol_tshiyoyo@yahoo.com,
004745007236, Facebook : Mufoncol Tshiyoyo
-En RDC, le nom de Raphaël Soriano Katebe Katoto est associé au mot « fortune », même s’il est difficile aujourd’hui d’en évaluer la hauteur. Une de ses entreprises, Inprode Angola, a récemment signé trois contrats pour la construction de 595 000 maisons en Angola, laissant imaginer un investissement et des gains faramineux qui pourraient en découler. Pas toujours très connu, ce puissant homme d’affaires s’invite de temps en temps dans l’arène politique, où il connaît et est connu de chaque notable du microcosme politique congolais.
Raphaël Soriano Katebe Katoto est considéré comme l’un des hommes d’affaires congolais les plus prospères et les plus riches. Mais le concerné se refuse à toute évaluation de sa fortune. « Il faut poser la question à mon comptable, moi je ne sais pas vous le dire. On me donne juste une carte de crédit avec laquelle je fais mes dépenses », se contente-t-il de dire avec humour. Le businessman congolais, né d’un père italien (Soriano étant le nom de son père), a bâti l’essentiel de sa fortune en RDC, entre 1969 et 1996, année au cours de laquelle il s’est exilé en Belgique. Il est l’aîné d’une fratrie de neuf enfants, au nombre desquels figure un certain Moïse Katumbi, ancien gouverneur du Katanga et candidat déclaré à la prochaine élection présidentielle en RDC. Raphaël Soriano est ainsi considéré comme le mentor de son jeune frère, à qui il a notamment cédé les rênes du club de football « Tout-puissant Mazembe » (qui vien de ganger le coupe africaine des Conférations), qu’il a dirigé pendant trente ans, avec plusieurs titres nationaux et continentaux à la clé, dont la coupe d’Afrique des vainqueurs de coupe. « Aujourd’hui l’équipe est encore mieux qu’avant. Quand j’ai quitté le pays, j’ai cédé l’équipe à mon petit frère Moïse Katumbi en a fait une équipe professionnelle alors qu’à mon époque l’équipe était dans la catégorie amateur », fait-il savoir.
Des débuts précoces dans les affaires
Raphaël Soriano Katebe Katoto a été professeur de mathématiques pendant deux ans, avant de débuter dans les affaires à l’âge de 20 ans. Il débute dans le secteur de la pêche en faisant de la production industrielle locale dans les lacs Tanganyika et Moero ainsi que dans l’axe Luapula. Le jeune businessman devient rapidement le grand fournisseur de la Gécamines, l’entreprise minière étatique qui avait besoin de protéines animales pour son personnel. « Par mois, je fournissais à la Gécamines plus de 500 tonnes de poissons et plus de 250 tonnes de viande », se rappelle-t-il. Les établissements Katebe Katoto, qu’il a créés et qu’il dirige, se développent et intègrent le volet transport dans les activités du groupe jusque-là consacrées à la pêche et à l’élevage. La société de Raphaël Soriano Katebe Katoto devient ainsi le plus grand transporteur des minerais de la Gécamines. « Je transportais presque 80% des minerais de la Gécamines dont le Cuivre, le Zinc et le Cobalt en provenance du Katanga jusqu’au port de Dar-es-Salam, sur une distance longue de 5000km soit 2500km à l’aller et 2500 km au retour. Je transportais 5000 tonnes de minerais par mois », déclare l’homme d’affaires congolais dont l’entreprise employait alors 3400 personnes. En 1996, la RDC est en proie à la rébellion de l’Alliance des forces démocratiques pour la libération du Congo (AFDL) de Laurent-Désiré Kabila, qui prendra le pouvoir en 1997. Raphaël Soriano Katebe Katoto, qui ne se sent pas en phase avec les pratiques du nouveau régime a préféré quitter la RDC en 1996 pour s’installer en Belgique.
Promoteur immobilier
Dans son pays d’adoption, le businessman s’est reconverti dans la promotion immobilière. « Quand j’ai quitté le Congo, j’ai créé ma société comme promoteur immobilier. J’ai des contrats de construction de maisons, d’appartements, de villas, de buildings. Je fais également de la promotion d’investissement », fait savoir l’homme d’affaires. Ce dernier a notamment créé la société Inprode Angola LDA / Investissements, Promotion et Développement, une société de droits angolais, ayant son siège à Luanda. L’entreprise de Raphaël Soriano Katebe Katoto a ainsi récemment signé trois contrats juteux de construction de 595.000 maisons sociales, avec les organes de l’Etat angolais pour une période de 20 ans. Le premier contrat a été signé avec « Forças Armadas Angolanas » pour la construction de 100.000 maisons sociales et infrastructures, dans toutes les provinces angolaises. Le deuxième contrat a été conclu avec « Consorcio Comandante LOY – S.A. » pour construire 490.000 maisons sociales avec infrastructures, dans toutes les provinces de l’Angola. Le dernier contrat, pour sa part, a été signé entre Inprode Angola et « Cofre de Previdencie do Pessoal da policia Nacional » pour la construction de 5.000 maisons avec infrastructures.
-L’ONU a dénoncé vendredi les “restrictions” imposées par les autorités de la République démocratique du Congo (RDC) à son travail d’enquête sur les violences ayant fait des dizaines de morts lors des manifestations de l’opposition en septembre à Kinshasa.
Les enquêtes et accès à l’information sur les violences et violations des droits de l’homme perpétrées lors de ces manifestations “ont été entravés par plusieurs restrictions”, dénonce le Bureau conjoint des Nations unies aux droits de l’homme (BCNUDH) en RDC dans son rapport préliminaire publié vendredi.
“Les équipes du BCNUDH se sont notamment vues refuser, sur instruction de hauts fonctionnaires, l’accès à certains centres de détention ainsi qu’à des registres officiels de certaines morgues et hôpitaux publics depuis le 21 septembre 2016”, ajoute le document.
“Le refus d’accès a donc considérablement entravé le travail du BCNUDH” qui a “documenté plus de 422 victimes de violations des droits de l’homme par des agents étatiques”, indique le BCNUDH, soulignant que le nombre de “violations des droits de l’homme pourrait être beaucoup plus important”.
Dans ce rapport, le BCNUDH dénonce en outre “un usage disproportionné et excessif de la force, y compris létale, par les autorités congolaises en réponse aux manifestations organisées par les membres de l’opposition”.
Les autorités congolaises n’étaient pas joignables vendredi pour réagir à ces allégations.
La RDC traverse une crise politique depuis la réélection contestée de Joseph Kabila en 2011 à l’issue d’un scrutin marqué par des fraudes massives. Celle-ci est exacerbée par l’incapacité des autorités – volontaire, selon les détracteurs du chef de l’État – à organiser l’élection présidentielle avant la fin de l’année.
Les 19 et 20 septembre, au moins 53 personnes – 49 civils et 4 policiers – ont été tuées, selon l’ONU, lors d’une manifestation à l’appel d’une large coalition d’opposition, le “Rassemblement”, constitué autour de l’opposant historique Étienne Tshisekedi à trois mois de la fin du mandat de M. Kabila pour lui signifier son “préavis” et exiger son départ le 20 décembre.
Les autorités et la coalition d’opposition se renvoient mutuellement la responsabilité de ces violences.
Mardi à Kinshasa, la majorité au pouvoir et une frange minoritaire de l’opposition ont signé un accord reportant à avril 2018 la présidentielle censée avoir lieu cette année. Cet accord a immédiatement été rejeté par le “Rassemblement”.
-Les Tutsis du Nord et du Sud Kivu, communément appelés Banyarwanda ou Banyamulenge, ont été les fers de lance de toutes les guerres menées au Congo depuis un vingt ans.
Au Congo nul n’a oublié que, -leur origine congolaise étant mise en cause- les jeunes hommes s’engagèrent en masse, en 1996, dans les rangs de l’AFDL(Alliance des forces démocratiques pour la libération du Congo) et, aux côtés de soldats rwandais et ougandais, réussirent à s’emparer de Kinshasa en mai 1997. Une année plus tard, les Tutsis congolais repartaient en guerre, poussés par le Rwanda. Par la suite, en dépit des accords de paix de Sun City (2002) qui ouvrirent la voie à la réunification du Congo, les mêmes combattants tutsis de l’Est alimentèrent plusieurs rébellions, toujours téléguidées depuis Kigali, celle du CNDP de Laurent Nkunda et, plus récemment, celle du M23, finalement mise en échec par l’armée congolaise épaulée par les forces des Nations Unies.
A part quelques politiciens et quelques généraux qui reçurent postes et promotions pour sceller les accords de paix conclus avec Kinshasa, les Tutsis congolais, dans leur grande majorité, estiment que ces guerres successives téléguidées par Kigali ne leur ont rien rapporté : les Banyamulenge du Sud Kivu, en froid avec Kigali, ont été intégrés au sein de l’armée congolaise tandis que les Banyarwanda du Nord Kivu et de l’Ituri ont du fuir en masse vers l’Ouganda et le Rwanda. Aujourd’hui, leurs parents restés sur les collines du Masisi ou de l’Ituri éprouvent le plus grand mal à défendre leurs terres convoitées par des groupes armés hutus qui n’hésitent pas à perpétrer des massacres à l’arme blanche.
De l’autre côté de la frontière, la situation n’est pas meilleure : au fil des années, près de 100.000 Tutsis du Congo ont été amenés à se réfugier au Rwanda et en Ouganda et ils se présentent aujourd’hui comme les « oubliés du Kivu ». En effet, désireux peut –être de préserver cette armée de réserve, Kigali n’a pas veillé à intégrer ces « cousins » congolais dans une société rwandaise en pleine mutation. Selon les chiffres du HCR, 94.700 réfugiés congolais se trouvent toujours dans cinq camps installés au Rwanda et dans trois camps en Ouganda.
Depuis deux décennies, ils y vivent dans des conditions précaires, les jeunes n’ayant pas accès à l’éducation au-delà de 14 ans.
Selon nos informations, la révolte gronde non seulement parmi les adultes qui estiment avoir été sacrifiés mais aussi parmi les jeunes qui, manquant de perspectives dans un Rwanda surpeuplé, rêvent de retourner sur les vertes collines du Masisi dans le Nord Kivu ou l’Ituri. Alors que des milliers de jeunes gens sont acceptés comme réfugiés par les Américains et envoyés dans le Minnesota, une alliance est née entre les diverses communautés de l’Est du Congo, appelée « umoja wa majamaa » ce qui signifie « familles unies ». Recrutant dans les camps de réfugiés en Ouganda et surtout au Rwanda, cette alliance s’est dotée d’un volet militaire et aurait pris contact avec d’autres forces en présence. Quatre mille jeunes gens auraient été recrutés, dont d’anciens rebelles du M23. Selon nos interlocuteurs, cette force nouvelle serait prête à se porter au secours des populations civiles du Nord Kivu attaquées par les groupes armés hutus, disposée aussi à se battre pour forcer le retour des réfugiés tutsis et la récupération des terres…Fait nouveau, ces combattants issus des camps de réfugiés opéreraient de manière autonome, sans être des supplétifs de l’armée rwandaise. Reste à savoir où ils trouveront les armes nécessaires et comment ils s’affranchiront de la tutelle et de la surveillance que Kigali exerce depuis vingt ans sur les cousins du Congo…
COLETTE BRAECKMANHumo
-Affaire ‘‘Koffi Olomide’’- De la révélation de la Mafia d’État à la tradition d’impunité
Le Gouvernement de Kinshasa doit s’expliquer
‘‘Ce que les Français détestent, ce ne sont pas les inégalités, ce sont les inégalités autres que celles octroyées par l’État’’ Jean-François Revel
Par Joël Asher Lévy-Cohen *
Tout a commencé par un geste banal. La Mégastar congolaise, Koffi Olomide, connue pour ses incartades et exactions, assène un violent coup de pied au ventre d’une de ses danseuses du nom de ‘‘Paméla’’. Ce scandale ahurissant se déroule à la sortie de l’Aéroport Jomo Kenyatta de Nairobi au Kenya où l’Enfant terrible de la Rumba Rock doit se produire devant un public, à vrai dire, conquis d’avance. Il y a lieu de relever que cette scène d’agression physique se déroule devant les forces de sécurité et de défense du Kenya et les autorités aéroportuaires complètement ‘‘médusées’’. Ce qui constitue, incontestablement, indubitablement, réellement, [une suprême insulte] pour le Pays d’accueil.
Filmé par des chasseurs d’images, cet acte agressif diffusé sur les réseaux sociaux devient en quelques heures un phénomène somme toute viral. Cela est d’autant plus vrai qu’il suscite, avec une célérité vertigineuse, ire foudroyante et vive indignation. Aussi suscite-t-il un concert de protestations, de réprobations à l’échelle planétaire.
Sentant la patate chaude, Koffi Olomide, en bon félin, décide de monter au créneau. Comme à l’accoutumée, il crie au complot journalistico-médiatique. Il tente par tous les artifices possibles de se faire passer pour une soi-disant victime innocente vouée aux gémonies de l’opinion publique, au lynchage des réseaux sociaux. Pour ce faire, la Mégastar congolaise fait très rapidement monter aux barricades, des soutiens peu crédibles dont sa fameuse protégée ‘‘Cindy le Cœur’’.
Suprême insulte, Koffi Olomide fait même intervenir, dans un document audiovisuel concocté à la va-vite, la pauvre victime Pamela. D’ailleurs, celle-ci déjà fort intimidée et fort traumatisée par son geste brutal ne peut que participer à une telle opération de Marketing. Cette mise en scène aux allures d’arnaque de l’opinion publique et de mascarade est montée de toutes pièces dans le strict dessein de justifier a posteriori cet odieux acte d’agression physique que nul ne peut, vraiment, tolérer sous quelque motif que ce soit.
Devant le concert de protestations nationales et internationales provoquées par le geste ‘‘répréhensible’’ de Koffi Olomide, les autorités politiques, administratives et judiciaires kényanes qui ne peuvent pas rester insensibles, décident de sévir. Celles-ci interviennent par voie d’urgence. À ce moment, elles n’ont réellement pas d’autre choix ou d’autre marge de manœuvre puisqu’elles sont pressées par la très influente militante féministe ‘‘Joyce Lay’’ et les organismes de défense des droits des femmes.
Triste épilogue, la Mégastar congolaise est finalement interpellée, détenue dans les locaux de la police judiciaire puis expulsée manu militari vers Kinshasa, la capitale administrative de la République démocratique du Congo. À cet égard, son passeport trafiqué pour avoir été établi sous un faux nom est, immédiatement, confisqué par l’Office des Migrations du Kenya, selon la version livrée aux médias nationaux par le tonitruant député national Zacharie Bababaswe Wishiya. Il convient de mentionner que ce ‘‘Représentant du Peuple’’ dont les inimitiés avec l’artiste-musicien sont un secret de polichinelle, a relayé à Kinshasa la plainte judiciaire du Gouvernement de Nairobi.
Cette sale et regrettable Affaire ‘‘Koffi Olomide’’ pose moult questions sur lesquelles le Gouvernement de Kinshasa se doit d’apporter très rapidement des clarifications et, par voie de conséquence, des réponses somme toute satisfaisantes, édifiantes pour la Collectivité publique. Il est un fait établi que, en République démocratique du Congo, la problématique de la ‘‘violence physique et morale’’ faite aux femmes est endémique. Pour ainsi dire, elle est pratiquement enracinée dans les mœurs, dans la vie sociale et culturelle du pays. C’est, par essence, une question de société, un enjeu culturel et social.
À vrai dire, cette situation fort déplorable est liée à des traditions phallocratiques et rétrogrades. En clair, ces cultures ‘‘passéistes’’ façonnent, modèlent journellement le comportement ‘‘asocial’’ de l’Homo congolensis. Elles l’enferment dans une morale empreinte de violence. Par conséquent, quelles mesures concrètes prennent-elles les autorités politiques, administratives et judiciaires pour endiguer ce phénomène de violence faite à la femme ?
Il est de notoriété publique que le chef de l’État de la République démocratique du Congo, [Joseph Kabila Kabange], est un batteur attitré de femmes. En effet, il a cette triste réputation d’agresser violemment la première dame ‘‘Olive Lembe di Sita’’ dont il se sert, en fait, de punching-ball. À maintes reprises, cette femme éplorée a été envoyée d’urgence à l’étranger (Belgique et Afrique du Sud) en vue d’y subir des chirurgies réparatrices. Celles-ci ayant pour objet de corriger ses yeux tuméfiés par la violence inouïe des coups reçus de la part d’un individu, sans aucun doute, réputé ‘‘se shooter à l’héroïne’’, à ses heures perdues.
Pourquoi, dans ce cas extrêmement précis, le procureur général de la République (PGR) ‘‘Flory Kabange Numbi’’ n’ouvre point une information judiciaire à l’encontre des agissements brutaux du président de la République ? Pourtant, ce Magistrat n’a vraiment point hésité à poursuivre devant les instances judiciaires l’artiste-musicien Koffi Olomide sous prétexte de protéger la femme congolaise. Il revient sûrement au Ministre de la Justice et Garde des Sceaux Alexis Thambwe Mwamba d’éclairer les lanternes de l’opinion publique sur les raisons majeures pour lesquelles la Justice traîne, sans doute, la patte dans ce dossier délicat.
Par ailleurs, le député national Zacharie Bababaswe Wishiya porte à la connaissance du grand public que le ‘‘passeport’’ utilisé par l’artiste-musicien Koffi Olomide pour voyager au Kenya serait, en réalité, un vrai-faux. En effet, la star congolaise aurait emprunté une fausse identité pour pouvoir voyager en raison des restrictions qui pèsent lourdement sur lui. Entendez, certes, par là la menace d’exécution du mandat d’Interpol pour nombre de crimes commis en France (viols sur personnes mineures, séquestration d’individus, maltraitance de ses danseuses et barbarie). Croit-on vraiment rêver ?
Cette Affaire ‘‘Koffi Olomide’’ n’est pas, réellement, sans rappeler une autre Affaire fort célèbre en France, ‘‘Yves Chalier’’. Il s’agit d’un fonctionnaire de l’État français, qui plus est directeur de cabinet de l’ex-ministre socialiste de la coopération et du développement ‘‘Christian Nucci’’. Le directeur de la Direction de la surveillance du territoire (DST) sur instruction du ministre de l’intérieur Charles Pasqua lui délivra, sous le gouvernement Chirac de 1986, un vrai passeport mais établi sous une fausse identité (Yves Navarro) dans le dessein de s’exiler au Brésil et de se soustraire à la justice française. En effet, celle-ci enquêtait sur le scandale de corruption et d’abus de biens sociaux relativement à l’organisation du ‘‘Sommet de la Francophonie’’ à Bujumbura (capitale politique et administrative du Burundi) en 1984. Cette réunion des États et Gouvernements de la planète ayant pour partage la langue française fut, d’ailleurs, tenue sous la présidence socialiste de François Marie Adrien Mitterrand.
Il est communément établi que ce sont des espions des États ou des Gouvernements qui voyagent sous des identités dissimulées. Toutefois, celles-ci sont couvertes par des passeports ‘‘réguliers’’. Il appartient au Gouvernement de Kinshasa de répondre sans tarder à cette question lancinante de savoir si l’artiste-musicien Koffi Olomide agit à titre d’espion au profit de l’État congolais. S’il n’est pas effectivement espion du Gouvernement ou de l’État, pourquoi alors lui avoir délivré un passeport avec un faux nom ? D’une part.
D’autre part, la Mégastar congolaise Koffi Olomide est, en vérité, l’objet d’un mandat d’arrêt délivré – en bonne et due forme – par l’Organisme de coopération judiciaire et policière internationale basée à Lyon, et connu sous le nom d’Interpol. Ce mandat fait suite à une plainte judiciaire déposée en France pour des cas avérés de viols, de séquestration d’individus délibérément privés de leurs libertés (mouvements) et de barbarie. D’où la question de savoir si ce fameux vrai-faux passeport dont bénéficie, généreusement, cet artiste-musicien de renommée internationale, est motivé par la volonté de l’État congolais de ne point l’extrader en France. S’il en est vraiment ainsi, cela signifie que la République démocratique du Congo se dérobe à ses obligations internationales.
Si la réponse est toutefois non, pourquoi cet État couvre-t-il systématiquement et automatiquement des crimes commis par Koffi Olomide et pour lesquels la Mégastar est évidemment recherchée ? Il sied de noter que cet artiste-musicien est, d’ailleurs, réputé louanger dans la plupart de ses chansons les dignitaires du régime de Joseph Kabila ? S’agit-il, en fait, d’une forme déguisée de corruption morale pour bénéficier d’une quelconque immunité judiciaire ? Il appartiendrait donc au Gouvernement de Kinshasa dominé sensiblement par la paire ‘‘Joseph Kabila Kabange’’ et ‘‘Augustin Matata Ponyo Mapon’’ d’apporter, sans tarder, des éclaircissements à cet égard.
Aussi reviendrait-il au Ministre des Affaires étrangères Raymond Tshibanda Ntunga Mulongo d’apporter toutes précisions utiles en vue d’éclairer l’opinion publique. En effet, celle-ci a naturellement le droit de savoir l’identité de la personne qui a établi le vrai-faux passeport de Koffi Olomide. Elle a le droit de connaître les circonstances, les motivations pour lesquelles cette attribution fantaisiste a été rendue évidente.
Cette Affaire épouvantable impliquant directement Koffi Olomide n’a pas encore fini de livrer tous ses secrets préjudiciables à l’État congolais. Elle va de rebondissement en rebondissement que l’on peut qualifier de rocambolesque. Le dernier en date est la visite rendue par la danseuse ‘‘Pamela’’, quoi que sérieusement agressée par Koffi Olomide, à la première dame ‘‘Olive Lembe di Sita’’ afin d’intercéder auprès de son mari ‘‘Joseph Kabila Kabange’’ dans le strict dessein d’accorder une mesure de grâce présidentielle à l’agresseur.
Il est un fait que la première dame du pays peut ouvrir sa porte spécialement pour des cas relevant essentiellement des activités caritatives, humanitaires ou sociales dans lesquelles elle est directement impliquée ou des projets auxquels elle est certes associée. Force est d’admettre que ces actions font, d’ailleurs, partie intégrante des entreprises de l’épouse du président. Elles sont fortement encouragées par l’État et la Nation pour soigner, par association, l’image du couple présidentiel, par ricochet le prestige de la fonction présidentielle. Y compris l’image du pays.
Ceci revient à dire que la première dame ‘‘Olive Lembe di Sita’’ qui n’a, à vrai dire, aucune fonction officielle, ne peut en aucun cas être sollicitée afin d’interférer dans l’exercice de la fonction présidentielle.
Devant cet impair de plus qui démontre, certes, que la République démocratique du Congo fonctionne à l’image d’une république bananière, le procureur général de la République se doit d’interpeller immédiatement ‘‘Pamela’’ pour connaître l’identité de toutes personnes qui l’ont directement poussée à solliciter la première dame afin de s’immiscer dans l’exercice de la fonction présidentielle. Cela est d’autant plus vrai que la grâce est, par essence, une prérogative ‘‘régalienne’’. Il appartient au seul chef de l’État. Il n’a pas à partager cette attribution lui reconnue par la Constitution avec quiconque, fût-elle son épouse légitime voire même putative.
Pourquoi cette interpellation de la fameuse ‘‘Pamela’’ par le procureur général de la République (PGR) Flory Kabange Numbi ? En effet, il se peut que certaines mesures de grâce présidentielles aient été accordées à des individus sous l’influence directe de la première dame. Or, celle-ci ne fait assurément pas partie de l’appareil politique de l’État ni du cabinet du chef de l’État. ‘‘Être première dame du pays ne signifie pas être conseiller politique ou juridique du président de la République voire patron direct du chef de l’État à qui elle doit intimer des ordres comme bon lui semble’’.
Il se peut également qu’il s’agisse d’un système bien établi, donc bien huilé. Il se peut qu’il s’agisse d’un système qui échappe complètement au contrôle réel de l’État. Il se peut qu’il s’agisse d’un système vénal impliquant bien des acteurs véreux qui se font rétribuer grassement.
À ce niveau, le Gouvernement doit inéluctablement s’expliquer devant la Nation. Il se doit, par conséquent, d’éclairer l’opinion publique. Il doit rassurer complètement les Citoyens qu’il y a un véritable État en République démocratique du Congo, lequel fonctionne de manière responsable.
Devant ce qu’il convient de qualifier de trafic d’influence de type maffieux au cœur de l’État congolais, il revient aux Parlementaires de la République démocratique du Congo de se saisir rapidement de ce dossier brûlant. Il leur revient de diligenter une enquête publique pour déterminer avec exactitude le principal ordonnateur de cette Mafia. Aussi leur revient-il de déterminer toutes ses ramifications souterraines.
–Au Congo-Kinshasa, une habitude s’installe de voir tout le monde s’affairer chaque fois que le système qui domine le pays, et qui a prévu en son sein un semblant de rotation, arrive à une « échéance » donnée. C’est le cas aujourd’hui où le microscope « politique » congolais s’agite, il se montre inquiet à l’approche de ce qui se raconte autour de la fin de l’année 2016. Et le refrain de la musique entonnée se résume en deux expressions : « Yebela » et « Wumela ». Cela nous renvoie un peu à un certain 5 décembre 1990. L’expiration de ce que fut considéré comme un « mandat » constitutionnel du régime de Mobutu. Car l’Union Sacrée de l’époque, USORAL, avait annoncé et prévue des manifestations. Elle avait demandé au peuple de faire du bruit, qui avec son sifflet, qui avec sa marmite, qui avec son tambour, qui avec son klaxon de voiture, qui avec sa voix, etc.
Le peuple devrait et a sifflé pour marquer le départ de Mobutu. Nous étions le 5 décembre 1990. Mais le matin du 6 décembre 1990, nonobstant le bruit des casseroles et d’autres sifflets, Mobutu était toujours là. Il y est même resté jusqu’à l’entrée de l’AFDL (à savoir le Rwanda, les Kadogo, Laurent Désiré Kabila et autres) en 1997. Rappeler l’histoire et interroger le passé, et ce dans un sens comme dans un autre, invite plus les consciences à se poser des questions utiles dont les réponses serviront à la jeunesse du Congo-Kinshasa afin qu’elle décide librement de la nature de l’action à entreprendre.
1990- 2016, 20 années plus tard, et Mobutu n’est plus là, nous nous retrouvons encore à un autre mois de décembre, et bien que comparaison ne soit pas raison, le même monde tient à savoir si oui ou non, il y aura, à l’intérieur d’un système dont les fissures se comptent en nombre croissant, jeu des chaises musicales. Et à ce sujet, chacun y va de son ton sauf que personne ne remarque le silence calculé de Paul Kagamé du Rwanda, à qui les Anglo-Saxons ont pourtant confié la gestion des Grands-Lacs. Même fonction presque que celle assumée en son temps par Mobutu. Des congolais qui s’intéressent au phénomène « après 2016 » racontent à qui voudrait les entendre que cette -fois « les Américains ont décidé ». Il paraîtrait même que « les Anglais en auraient marre ». Et les Belges, chez qui ce beau monde court, auraient choisi leur homme.
Quid du silence de Paul Kagamé sur la même question ? Comment le comprendre ? Comment l’inclure à une analyse objective et qui pourrait servir à moyen et à long terme ? Paul Kagamé ira-t-il jusqu’à se faire hara-kiri, à sacrifier son cheval de Troie alors que l’homme, dès l’entrée de l’AFDL à sa prise de contrôle de Kinshasa, lui a rendu des loyaux services ? Il lui est reste fidèle. Et c’est d’abord pour Kagamé que cet homme est placé à Kinshasa. En outre, il nous semble que ce peuple se trahit rarement. Nous les avons vus à l’œuvre après Kisangani. Museveni et Paul Kagamé, qui sont conscients d’être instrumentalisés, ont refusé d’étaler leur faiblesse, leur division devant l’homme anglo-saxon. Et ce n’est pas aujourd’hui qu’ils le feront, qu’ils vont chercher à s’affaiblir. C’est pourquoi, ils tentent de gagner du temps au Congo-Kinshasa.
Dans tout cela, la question n’a jamais été Paul Kagamé, mais celle de savoir comment nous jouons quand nous savons que ceux qui s’affichent comme des « Pharisiens » bottent en touche, disent à peine un mot quand il s’agit de Paul Kagamé. Ils parlent tous de tout, mais sauf de lui.
Déjà, nous entendons des voix qui s’élèvent pour dire que Paul Kagamé aurait raison de se taire. Que cette question ne le concernerait pas au motif que l’homme n’est pas congolais. Et le juridisme congolais polluera le débat avec son dada : le respect de la constitution. Mais de quelle constitution parle-t-on lorsqu’on sait qu’elle n’a pas su empêcher l’assassinat de Laurent Désiré Kabila en 2001, ni stopper l’accession de « Joseph Kabila » comme « Cheval de Troie de Paul Kagamé à Kinshasa. ? Sassou en sait quelque chose. Il l’a dit à Pierre Péan et ce dernier l’a repris dans son livre « Carnages, Les guerres secrètes des grandes puissances en Afrique » (2010, Fayard, p. 531).
C’est anormal que Paul Kagamé puisse se taire sur une question d’une importance aussi capitale que celle de « l’après 2016 » au Congo-Kinshasa, alors que, par le passé le plus récent, le mercenaire Paul Kagamé s’est toujours montré bavard sur la question du Congo-Kinshasa. Le Rwanda, voisin du Congo-Kinshasa, ne pourrait survivre comme entité étatique et économique, sans que son mercenariat au Congo-Kinshasa ne soit nourri par la domination et la mise sous tutelle de ce pays. Ses lendemains s’obscurcissent sans l’omniprésence à la tête du Congo-Kinshasa d’un cheval de Troie sous les ordres de Paul Kagamé et à ses goûts. Penser le contraire serait une ignorance manifeste des enjeux dans la région des Grands Lacs. On se tromperait de lecture en manquant de questionner la nature de l’adversité et de l’identité du véritable adversaire dans les marigots congolais.
La question politique dans les Grands Lacs est ethnicisée à fond pour répondre à un besoin de stratégie idéologique consistant à faire croire que « dans ce monde nouveau, les conflits les plus étendus, les plus importants et les plus dangereux n’auront pas lieu entre classes sociales, entre riches et pauvres, [mais] entre peuples appartenant à des différentes entités culturelles. Les guerres tribales et les conflits ethniques feront rage à l’intérieur même de ces civilisations » (Huntington : 1997, 23). Peu de congolais le comprennent.
« J’ai commencé à comprendre les Anglais, [a déclaré l’actrice et chanteuse Marianne Faithfull en 1946], le jour où j’ai enfin réalisé qu’ils disent exactement le contraire de ce qu’ils pensent ». Si le peuple du Congo-Kinshasa ne choisit pas seul sa voie, rien ne se construira après 2016.
Jeunesse du Congo-Kinshasa, la nation a besoin de nous.
Likamboyamabele, likamboyamakila.
Mufoncol Tshiyoyo
Le Président National du Rassemblement pour l’Alternative Politique en RDC. R.A.P-en sigle Mouvement Politico-militaire, mufoncol_tshiyoyo@yahoo.com,
004745007236, Facebook : Mufoncol Tshiyoyo
-En assassinant Lumumba en 1961, la Belgique, l’Angleterre et les USA prévenaient les Congolais que la RD-Congo n’était pas un pays indépendant, que cette terre ne leur appartenait pas…
Sous la direction de Thomas Giefer, le documentaire intitulé « Politicalassassination » aborde la question de l’assassinat de Lumumba. Dans cette vidéo, et juste au commencement du film, quatresujets,dont trois Belges et un Américain, s’y expriment.
Le premier qui prend la parole, et qui nous intéresse, est de nationalité belge. Pour ne pas dire de « civilisation » occidentale. L’homme est à son aise quand il exhibe le reste de ce qu’il dit garder jalousement et fièrement de Lumumba, à savoir quelques dents appartenant à Lumumba. De lui, on apprend notamment ce qui suit, et je cite : « Imaginez qu’on a tué Lumumba. Et on vient vous dire de faire disparaitre son corps dans un pays qui n’est pas le vôtre », fin de citation.Le second qui s’exprime à son tour se nomme Jacques Brassine. Il est aussi belge et fonctionnaire. Pour lui, et je cite notamment: « Lumumba était dangereux pour nous,[pour les Belges et la Belgique], dans ce sens qu’il n’était pas susceptible d’être ouvert à des solutions que parfois « nous » (la Belgique), nous souhaiterions être réalisées ». Fin de citation.
Et le troisième belge de la série, et qui fait entendre sa voix dans la vidéo, se nomme le colonel Louis Marlière. Lui également, et presque dans le même sens que les deux autres, déclare notamment : « Lumumba a choisi le mauvais côté. Il était communiste. Il a choisi le camp des Russes plutôt que de l’Occident ». Last but not least, comme on le dit en anglais, vint le tour de l’Américain. Il fut agent de la CIA. Il étaiten service commandé à Kinshasa à l’époque. Pour lui aussi : « Lumumba était un danger à la fois pourle Congo et le reste du monde. En ce sens qu’il autorisait les Soviets à s’installer. Nous (les Américains) avions de bonnes raisons de penser qu’ils allaient prendre le contrôle du pays ».
Leprésent texte ne cherche pas à analyser le pourquoi de leurs propos, ni à leur accorder une certaine légitimité. Il ne cherche non plus à comprendre le comment de l’assassinat de Lumumba, ni à faire le procès de son meurtre. Mais, et à partir de raisons susmentionnées, il va tenter de démontrer que la RD-Congo n’a jamais été, et elle ne l’est toujours pas aujourd’hui, un pays indépendant alors que l’homicide de Lumumba intervenait quelques mois seulement après que les forces colonisatrices ont verbalement proclamé l’indépendance en ce jour du 30 juin 1960 de ce qui n’existait pas encore comme un État libre et souverain et qui ne le sera jamais : un État tout court.
De prime à bord, nous faisons remarquer la contradiction dans les propos du Belge qui étalait son butin de guerre, c’est-à-dire le reste de la denture de Lumumba. Car affirmer que la RD-Congo ne fut pas son pays et en même temps réussir à faire disparaitre le corps de Lumumba dans un pays qui n’était pas supposé être le sien sans y rencontrer des difficultés ou une opposition quelconque, c’est prendre des Congolais pour de grands enfants. Si non, comment expliquer son exploit dans la réalisation de son forfait ? Et j’ouvre ici une parenthèse. La denture de Lumumba dont il expose, et ce librement et avec sourire, son geste, ce geste, n’a jamais fait, à ma connaissance, l’objet de condamnation de la part, ni l’église catholique, ni d’autres institutions championnes de la morale et de l’éthique. Aucune d’entre elles n’a jamais condamné en public l’exposition de la denture de Lumumba. Et même pas le gouvernement congolais. C’est pour dire que la RD-Congo a toujours appartenu et appartient encore aujourd’hui à la Belgique qui la gèrepour le compte de son maître anglo-saxon. Je ferme la parenthèse.
C’est pareil avec les déclarations des autres qui accusèrentLumumba d’avoir choisi le mauvais camp. Et admettions que Lumumba ait posé ce choix, le crime dont il est incriminé par ceux qui étaient supposés lui apportaient la civilisation, le droit et la liberté individuelle, le respect de la constitution d’un pays et la démocratie. Que son choix fûtbon ou pas, mais ce fut quand même son choix, le choix d’un homme qui croyait être libre, selon l’entendement d’une civilisation qui le lui faisait savoir bien avant qu’il le fût, libre. Et le condamner à mort malgré tout, uniquement pour son goût à la liberté, explique aujourd’hui encore que Lumumba ne fût jamais libre, lui et le pays auquel il croyait tout bonnement appartenir.
Maisc’est quoi la souveraineté et l’indépendance d’un pays ou d’un peuple quand l’essayiste et journaliste français, Natacha Polony se pose la même question et dénonce « l’immense escroquerie [qui] consiste à nous faire croire qu’il peut exister une liberté des individus sans une souveraineté du peuple. [..] Comment les individus seraient-ils libres sans avoir la possibilité de se choisir un destin commun en tant que peuple, en tant qu’entité politique qui se forme volontairement ? Les individus supposément libres dont on nous parle ne sont que des monades solitaires réduites à leur qualité de consommateurs mais privés de leur autonomie politique, de leur citoyenneté. [Et] Parler de nation, parler de peuple, c’est en mettre en évidence la dimension politique […] Le contraire de la souveraineté, c’est l’esclavage et la soumission. Un peuple souverain est un peuple libre, tout comme un individu souverain est celui qui a pu se forger son propre jugement, et qui s’est émancipé, notamment par l’éducation et par l’école », (voir son interview dans Figaro du 16 juin 2016 : L’appel à la résistance du 18 juin n’a jamais été aussi actuel).
Voilà ce qui nous amène à affirmer qu’un peuple qui se veut se libérer du joug de son maître ne fête son indépendance, l’indépendance nationale de son pays, en présence de son ancien maitre. Il ne laisse pas non plus le service de son protocole lui accorde la première place dans la prise de la parole et ce devant et avant le discours de Kasavubu qui intervint après celui du roi Baudoin de la Belgique ce 30 juin 1960 à Kinshasa. Qui était le maître ? On ne discute pas de la date de l’indépendance d’une nation, d’un peuple en cherchant l’accord de son ancien maître, de commun accord avec lui. L’indépendance, aimait à dire Lumumba, ne s’accorde pas sur un plateau d’agent. Elle s’arrache ». Et le peuple qui le fait ignore ce que veut dire indépendance, indépendance nationale, c’estquoi être indépendant. Lumumba et son peuple demeuraient encore esclaves.
Dans « Ces fruits si doux de l’arbre à pain », un roman- testament politique, l’auteur congolais de Brazzaville, Tchicaya U’Tam’Si va dans le même sens quand il exprime sa désolation devant le fait que : « Jamais un chant dont la vogue a été vertigineuse n’est passé de mode si vite. On s’est foulé les chevilles en dansant sur l’air de ce chant venu de Léo : Independa ! Cha-cha. C’est croire que les Blancs se sont moqués de nous ! […] Les Blancs nous ont laissé leurs boys et leurs plantons pour maîtres. Nous ne nous promettions sans doute pas pour le lendemain ces coups de poing qu’ils nous flanquent tous les jours en plein estomac. La nausée et le sentiment de s’être payé à bon compte mille illusions » (Tchicaya, 1987 : 30).
Lumumba a été tué pour que plus jamais l’Occident n’entende le refrain de l’indépendance, pour que plus jamais personne, de ceux qui restent et viennent après lui ne dise à l’Occident : « Nous avons connu … ». « Ça s’annonce pis, [écrit Tchicaya U’Tam’Si] que tout ce que « nous avons connu » ! pour reprendre le mot de Lumumba, le pauvre ! Oui : « nous avons connu ! » Ah ! ce que « nous avons connu » ! …Ceux d’ici ont prêté main-forte à ses bourreaux. […] La misère du pauvre Noir ne finira-t-elle donc jamais ? Voilà ! il disait « Nous avons connu… » ! Combien d’autres le diront encore dans ce temps à venir, parce que ce n’est pas encore demain la fin », (Tchicaya, 1987 : 71).
Alors, Il y a lieu de s’interroger sur le pourquoi la RD-Congo organise des manifestations militaires et d’autres réjouissances populaires à la date du 30 juin de chaque année. Nous savons que cette question paraît saugrenue à ceux qui estiment le contrairealors qu’ils peinent à démontrer dans leur vie quotidienne et dans l’exercice de leur fonction une parcelle de liberté et une fierté d’être congolais.
Mais il ne suffit pas d’avoir une constitution et de la clamer haut. Il ne suffit pas d’avoir fait ses études en Belgique ou ailleurs et s’autoproclamer expertise et experts. Il ne suffit pas de se faire appeler gouvernement, sénat, chambre basse ou encore général d’une armée nationale, son armée. Et dans la foulée, nous apprenons que le Congo est doté d’une monnaie nationale avec effigie de Lumumba et autres. Et pour ces mêmes personnes, le fait que la RD-Congo ne soit pas en Afrique le seul État dans sa situation entérine son indépendance.À quoi sert toute cette science quand elle ne peut libérer un peuple et l’aider à mieux appréhender son état de misère.
Nous nous demandons comment on peut parler d’indépendance nationale quand tout nous échappe. L’assassinat de Lumumba ne fut pas l’œuvre de Congolais eux-mêmes. Il ne fut pas conçu mentalement et matériellement par une volonté interne mais il fut un diktat extérieur. Des nègres firent le sale boulot. L’accession de Mobutu au pouvoir ne fut pas conçue mentalement et matériellement par une volonté interne. Le départ de Mobutu et son remplacement par l’AFDL (L’Ouganda, le Rwanda, les Kadogos, Laurent Désiré Kabila et autres] ne furent pas conçus mentalement et matériellement par une volonté interne. L’assassinat de Laurent Désiré Kabila et la suite de tout ce qui arrive comme conséquence ne furent pas conçus mentalement et matériellement par une volonté interne. La création du MLC, du RCD, du PPRD, Sun City et autres notamment tous ces hommes dits politiques, qui sont habillés en costumes et cravates et qui font le tour du monde, ne sont pas conçus, fabriqués par une volonté interne. Un peuple est jugé par sa capacité à créer ses propres hommes politiques, ses propres partis politiques, son intelligence à organiser et à assassinerses propres hommes politiques, et ce quand l’intérêt de la nation le recommande. Mais chez nous tout échappe à un vouloir congolais, à une volonté congolaise. C’est quoi être indépendant quand il n’y a pas de volonté nationale ? Loin de nous l’idée de reprocher à qui que ce soit ses fréquentations et ses choix, mais nous nous insurgeons contre le fait de toujours engendrer des générations de soumis, de ceux qui obéissent pendant que les autres enfantent ceux qui sont appelés à demeurer nos maîtres et les maîtres de notre jeunesse.
Nous et les Autres…
On nous dit souvent que vous ne faites qu’accuser les autres. Mais non, l’Autre, avec « A » majuscule, est responsable de nos malheureux, de tout ce qui nous arrivent comme peuple en RD-Congo. Et en parlant de lui, nous aidons notre conscience, nous la cultivons à ne jamais oublier que l’Autre, avec A majuscule, est toujours présent. Et il sera toujours présent dans la vie,dans notre vie, parce que nous sommes et resterons en relation avec lui, il est là dans l’existence de la RD-Congo. Et jamais, il n’abandonnera la RD-Congo qu’il considère comme sa proie, comme son butin de guerre, comme son objet.
A Ceux qui, parmi nous, veulent ignorer l’Autre, nous disons qu’ils ne connaissent rien de la vie, de l’homme et de son existence, qu’ils ne font jamais attention à la relation qu’ils ont avec l’autre, avec autrui. La non connaissance de l’Autre et de soi, de sa relation avec lui, est un crime, qui doit être puni. Car dans la culture de l’Autre, selon son savoir et même dans la tradition de l’être humain, l’homme n’est jamais seul. Bakhtine affirme que c’est dans le regard de l’autre que j’existe. Et nous d’ajouter que je n’existe pas. Et il en sera toujours ainsi en relation avec autrui, avec l’autre. Soit on existe, soit on n’existe pas. Dans sa nature, l’autre se considère comme une lionne, comme un ours. Il se conduit comme tel, en animal sauvage. D’où, il nous est rappelé de ne jamais baisser les bras. Franz Fanonnous y invite quand il affirme que « Notre tort à nous, Africains, est d’avoir oublié que l’ennemi ne recule jamais sincèrement. Il ne comprend jamais. Il capitule, mais ne se convertit pas. Notre tort est d’avoir cru que l’ennemi avait perdu de sa combativité et de sa nocivité », (Lire. Fanon : « La mort de Lumumba : pouvions-nous faire autrement ? ». Le savoir et le répéter n’est pas seulement synonyme d’éveil de conscience mais une victoire sur l’Autre.
C’est la passion, l’amour de la patrie, de mes frères et sœurs, de la terre de nos ancêtres qui habitent en nous et animent chacun de nos mouvements. C’est pourquoi, nous en parlons et en parleront toujours, et ce tant que le souffle animera notre organisme.
Le temps est venu pour faire rêver la jeunesse de la RD-Congo. Le temps est venu pour elle d’arracher au prix de sacrifice l’indépendance de la nation.
Likamboyamabele, likamboyamakila.
Mufoncol Tshiyoyo
Le Président National du Rassemblement pour l’Alternative Politique en RDC. R.A.P-en sigle Mouvement Politico-militaire, mufoncol_tshiyoyo@yahoo.com,
004745007236, Facebook : Mufoncol Tshiyoyo
-Le journal kinois L’Avenir, proche de la Majorité présidentielle, a publié vendredi le “dossier” d’accusation du candidat à la présidentielle Moïse Katumbi, inculpé jeudi d’atteinte à la sûreté de l’Etat, mais sans en indiquer la provenance.
Voici l’essentiel de ses 66 points, publiés sur trois pages.
1. Dix “anciens militaires américains”, avec nom et n° de passeport, ont été identifiés dans l’entourage de M. Katumbi. Leurs demandes de visa les présentent comme “touriste, agriculteur, fermier, logisticien, Médecin MSF, professeur, homme d’affaires, missionnaire, membres d’ONG”. Ils ne se sont présentés ni “à l’ambassade” américaine à Kinshasa, “ni au consulat américain à Lubumbashi”.
2. Ils sont entrés au Congo à des dates différentes et avec des visas de voyage d’un mois, prolongés ensuite pour trois mois – visas qui ne leur donnent pas l’autorisation de travailler. Ils ont travaillé pour M. Katumbi comme “agents de sécurité” et ont été logés dans différentes propriétés de celui-ci.
3. Trois d’entre eux sont entrés au Congo sous couvert de la société de sécurité Jones Group International, dirigée par le général en retraite James Logan Jones, en contact avec la société congolaise de gardiennage Pomba One Security, dirigée par Corneille Franck Mwashila, ancien policier congolais. Selon le dossier, “la loi interdit l’utilisation d’éléments issus des forces armées, de la police (…)” dans une société de gardiennage, ainsi que d’”étrangers n’ayant pas séjourné au pays 5 ans durant sans interruption”. En outre, Pomba One Security fonctionnait “sans permis d’exploitation” et “sans paiement des frais requis”. Enfin, les Américains n’ont pas été accueillis, à leur arrivée à Lubumbashi, par Pomba “censée les avoir invités mais plutôt par les proches de M. Moïse Katumbi, dont son préposé au protocole”.
4. M. Mwashila serait “un des gardes du corps les plus proches de M. Moïse Katumbi” et “a déclaré sur PV n’avoir jamais eu, dans sa vie, ni contrat ni contacts avec la société Jones Group International”. Il a néanmoins travaillé “de janvier au 24 avril 2016” dans une résidence de M. Katumbi avec six des Américains “comme garde du corps”.
5. Trois des Américains ont été invités au Congo “par M. Moïse Katumbi à travers l’ONG Oeuvre sociale pour les Amis chrétiens”.
6. Enfin, le principal des Américains cités, Darryl Lewis, a été US Marine de 1985 à 89, quand il a quitté l’armée américaine. Il a ensuite travaillé pour la société de sécurité Blackwater, pour laquelle il a effectué des “missions (…) notamment en Afghanistan, au Kosovo, en Irak, au Burundi et aux Emirats arabes unis”.
Le général Jean-Marie Michel Mokoko, candidat malheureux à la présidentielle du 20 mars remportée par le président Denis Sassou Nguesso, a été placé en garde à vue mardi à la direction générale de surveillance du territoire (DGST) à Brazzaville, a annoncé à l’AFP son avocat.
“On vient de nous notifier son arrestation à 18H45 locales (17H45 GMT). Il est gardé à vue à la DGST”, a déclaré Me Yvon Eric Ibouanga.
“Pour l’instant, nous sommes encore dans l’enquête préliminaire concernant son dossier. On se réserve (le droit, NDLR) de révéler toutes les informations”, a-t-il ajouté.
Selon des témoins, M. Mokoko a été escorté mardi à la DGST par plusieurs policiers.
Jeudi dernier, le ministre de la justice, Pierre Mabiala, avait réclamé l’accélération de la procédure contre le général Mokoko.
Ancien chef d’Etat-major des armées du Congo de 1987 à 1993, passé par l’École supérieure militaire (ESM) de Saint-Cyr en France, le général Mokoko a été jusqu’à début février représentant spécial de la présidente de la Commission de l’Union africaine (UA) en Centrafrique.
Il a démissionné début février de son poste de conseiller du président Sassou Nguesso chargé des questions de paix et de sécurité, qu’il occupait depuis 2005, pour se porter candidat à l’élection présidentielle du 20 mars, où il a recueilli moins de 14% de voix.
Le scrutin a été remporté par M. Sassou Nguesso, avec plus de 60% de suffrages, des résultats officiels qualifiés de “forfaiture” par cinq opposants, dont le général Mokoko.
Le général est mis en cause dans une vidéo tournée en 2007 le montrant discutant d’un plan visant à chasser M. Sassou Nguesso du pouvoir avec un homme dont on ne voit pas le visage et se présentant comme appartenant au service de renseignement extérieur de la France (la DGSE).
A la veille de la présidentielle, M. Mokoko a été entendu plus d’une fois dans cette affaire par la police.
Depuis l’élection, il vit en résidence surveillée dans sa maison du centre-ville de Brazzaville.
-Pour les diplomates occidentaux en poste à Kinshasa et les agents des services spéciaux étrangers, pour les chefs d’État de la région, le secrétaire général de l’ONU et tous ceux qu’intéresse au plus haut point l’avenir immédiat de cette nation majeure qu’est la RD Congo, prévoir de quoi demain sera fait est un exercice impossible.
Motif principal de cette navigation à vue, à laquelle se résument en cette année cruciale les rapports des experts en congologie : nul ne détient les clés du logiciel mental de Joseph Kabila Kabange, et personne ne sait comment ce président, âgé d’à peine 45 ans, compte modeler son propre destin. À leur décharge, aussi bien les opposants que les proches de celui que ses partisans appellent le raïs sont plongés dans la même expectative. À preuve, chaque fois qu’il m’arrive de croiser un ministre ou un conseiller de Joseph Kabila, la question qui m’est posée est la même que celle formulée par ses adversaires : « Vous, vous devez bien le savoir : qu’y a-t-il dans sa tête ? »
Sa personnalité relève d’une « énigme enveloppée d’un mystère »
Soyons honnêtes : si j’ai rencontré à cinq ou six reprises le fils du Mzee depuis son accession au pouvoir – la dernière fois, en 2015 – ce qui fait de moi, avec ma consœur Colette Braeckman, du Soir, une quasi-exception dans le domaine médiatique, j’ignore toujours ce qu’il y a « dans sa tête ».
Certes, comme tous ceux qui l’ont fréquenté et suivi depuis quinze ans, j’ai remarqué la transformation de l’apprenti timide et imprévisible en chef d’État sûr de lui, à la voix adolescente à la fois douce et métallique. Mais sa personnalité, de plus en plus indéchiffrable, relève plus que jamais de cette « énigme enveloppée d’un mystère » qui intriguait déjà un certain Jacques Chirac.
À l’époque où il se « lâchait » encore et où il accordait des interviews, Joseph Kabila confiait à J.A. qu’il avait, en une décennie à la tête du Congo, « accumulé autant de travail, de stress et d’expérience qu’un homme ordinaire en trente années d’existence ». Avant d’ajouter : « Le pouvoir use, il faut savoir s’arrêter. »
S’arrêter oui, mais quand et pour faire quoi ? Alors que tout semble indiquer l’inéluctabilité d’un « glissement » au-delà de 2016 du calendrier électoral, rendu inévitable par l’impréparation d’un scrutin à un milliard de dollars, donc le risque, sauf dialogue miracle, d’un bras de fer dans la rue, tenter de cerner la psychologie quasi jésuitique de ce fidèle de l’Église du Christ au Congo peut être d’une certaine utilité.
À cet égard, un mot s’impose : celui de précarité. Précarité de la naissance dans le maquis de Fizi-Baraka, de la jeunesse à l’ombre d’un père au comportement éruptif et souvent erratique, qui mourra assassiné, précarité d’une filiation contestée par des rumeurs aussi infondées que tenaces, précarité de la guerre, précarité de l’arrivée au pouvoir comme une balle de ping-pong sur un jet d’eau, sous la houlette des tontons abusifs du « clan des Katangais », précarité de l’exercice du pouvoir face aux complots et aux trahisons des proches.
D’où la méfiance, développée comme une coquille autoprotectrice, le mutisme médiatique, la tendance à l’illisibilité et l’usage en politique des stratégies combinatoires d’un joueur de go, où il est question d’encercler l’ennemi pour mieux l’étouffer, plutôt que de l’écraser. Joseph Kabila ne tient pas la classe politique congolaise en haute estime, n’accorde de crédit (réversible) qu’à la poignée de fidèles qui ne l’ont pas déçu, se méfie de ses pairs et encore plus de ces Occidentaux hypocrites dont les discours hostiles vont de pair avec la convoitise pour les richesses de son pays.
À Kinshasa, sa côte de popularité est équivalente à celle de François Hollande en France
Difficile d’obtenir d’un homme – qui a puisé une bonne part de ses ressources dans le fait d’avoir été longtemps sous-estimé – qu’il aille jouer les gentlemen farmer en son ranch de Kingakati sans autres garanties que les assurances d’anciens consorts mués en détracteurs, sous la menace d’adversaires qui lui promettent le tribunal et sans que les uns ni les autres aient le moindre désir de faire justice d’un bilan qui, en matière de reconstruction et de performances macroéconomiques, est le meilleur (ou le moins déficitaire) depuis la fin des années 1970.
Qu’on le veuille ou non et même si, à en croire ses opposants, sa côte de popularité – tout au moins à Kinshasa – est équivalente à celle de François Hollande en France, cet admirateur de Sankara et de Che Guevara possède encore quelques atouts déterminants.
L’armée, la police, l’ANR (services de renseignements), l’administration, un parti puissant, l’accès aux ressources financières, le levier du nationalisme au pays de Lumumba, ce n’est pas rien. Autant dire que, sauf à privilégier le rapport de force et à souhaiter le pire pour ce peuple qui a déjà tant souffert et continue de saigner sur son flanc oriental, rien ne se fera contre Kabila, si ce n’est avec Kabila.
Il faut donc que quelqu’un le rassure, ce que ni Moïse Katumbi – avec qui les ponts sont désormais rompus -, ni Vital Kamerhe (idem), ni Étienne Tshisekedi, qui n’a jamais reconnu sa légitimité, ne peuvent, ou ne souhaitent faire. C’est pourtant une nécessité raisonnable. Et c’est pour dénouer ce type de situation que la Grèce antique a inventé le dialogue.