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-La justice militaire congolaise s’intéresse de près au cas John Numbi. Depuis plusieurs semaines, le nom de l’ancien chef de la police revient souvent dans les rapports sur les miliciens du Katanga, dans le sud de la RDC. Et Kinshasa s’est enfin décidé à enquêter…
Les langues se délient peu à peu à Kinshasa. Jusqu’ici, seuls le rapport – encore confidentiel – du groupe d’experts onusiens sur la RDC et un communiqué de presse de la société civile du Katanga avaient cité le nom de John Numbi, ancien chef de la police congolaise, comme “un des pourvoyeurs” des miliciens indépendantistes Kata Katanga. Aujourd’hui, c’est officiel : John Numbi est dans le viseur de la justice militaire congolaise. “Une perquisition a eu lieu hier [le 20 décembre] dans un chantier qui se trouve être sa propriété : on y a trouvé 18 individus encore non identifiés et une lance-roquette”, affirme Lambert Mende, porte-parole du gouvernement congolais.
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De là à établir une connexion entre les miliciens du Katanga et le général John Numbi ? L’heure est encore à la prudence. “L’enquête se poursuit”, avance Lambert Mende. Depuis le 11 janvier, Kinshasa a dépêché sur place, à Lubumbashi, Richard Muyej, le ministre en charge de l’Intérieur et de la Sécurité. Objectif : tirer les choses au clair. “Je ne rentrerai que lorsque toute la lumière sera faite autour de cette affaire”, confie Richard Muyej.
John Numbi, “pourvoyeur” des milices du Katanga ?
Que cherche-t-on exactement ? Les réponses à une double interrogation : John Numbi a-t-il été en connivence avec les assaillants du 30 décembre ? Est-il le “pourvoyeur” des miliciens indépendantistes Kata Katanga ? Pour l’heure, Richard Muyej se refuse de donner une réponse définitive : “Au regard des informations à ma possession, je ne peux confirmer un lien quelconque entre John Numbi et les miliciens.” Le ministre semble même remettre en cause les accusations des experts de l’ONU sur le “soutien” de John Numbi. “Ils n’ont pas fait leur travail comme il faut”, tacle-t-il.
Visiblement, la (nouvelle) affaire Numbi divise. Pour certains soutiens de l’ancien chef de la police, qui se comptent également dans la sphère du pouvoir à Kinshasa et à Lubumbashi, les autorités veulent tout simplement “noyer” leur champion. “Face au regain des violences dans le pays, et particulièrement au Katanga, il faut que quelqu’un paye le prix et c’est John Numbi qui a été choisi pour porter le chapeau. Un peu comme dans l’affaire de l’assassinat de Floribert Chebeya“, accuse un membre de l’entourage du général Numbi.
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“Mais pourquoi son nom revient-il à chaque fois qu’on aborde la question des miliciens katangais ?”, interroge un élu local qui a requis l’anonymat “pour des raisons sécuritaires”, précise-t-il. “Le climat dans le Katanga est lugubre : les gens ont peur”, renchérit-il. Les miliciens sécessionnistes ont multiplié ces derniers jours des attaques dans les villages situés dans le “triangle de la mort”, entre les territoires de Manono, Mitwaba et Pweto. “Plus de 30 000 personnes vivant dans cette région (…) se seraient déplacées vers d’autres localités et vers des camps de pêche”, selon le Programme alimentaire mondial (PAM). Lubumbashi, la capitale provinciale, retient son souffle. “Tout peut arriver à tout moment”, lâche le député.
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