Category: Afrique

  • Élections générales en RDC : la contestation grandit

    Élections générales en RDC : la contestation grandit

    C’est ce mardi 15 janvier 2019 que la Cour constitutionnelle va démarrer à Kinshasa l’examen des différents recours portant sur l’élection présidentielle du 30 décembre dernier. Plusieurs candidats malheureux  des élections législatives et provinciales ont déposé des recours en annulation ou en contestation de ces résultats. C’est donc pour éviter une crise post-électorale que plusieurs institutions sous régionales, la Communauté de développement d’Afrique australe (SADC) et la Conférence internationale sur la région des Grands lacs (CIRGL) ont demandé tour à tour à la Céni de recompter les voix.

    Selon Edgar Lungu, le président en exercice de la SADC, un “recomptage de voix permettrait de rassurer à la fois les vainqueurs et les perdants”. Une position qu’a aussi adoptée Denis Sassou Nguesso, le président du Congo voisin, et par ailleurs président en exercice de la CIRGL.

    Cette avalanche de pression est pourtant saluée par le candidat de la coalition Lamuka (ndlr, Réveillez-vous en langue linguala), Martin Fayulu.

    Cependant, sans la remettre en question, l’analyste politique et économique congolais, Al Kitenge estime que cette posture n’est pas réaliste :

    “Je ne crois pas que ça soit réaliste quand vous regardez les difficultés logistiques qu’il y a dans le pays. Si on doit refaire cet exercice, il faut compter éventuellement un mois pour être en mesure de faire les choses dans l’ordre, ce que la Céni n’a pas été capable de faire. Est-ce que le processus a été  transparent dès le début? La réponse est non. Pourquoi, voulez-vous qu’il soit transparent de manière spectaculaire à la fin?”

     

    Compilation des bulletins non achevée

    En plus de deux candidats malheureux à l’élection présidentielle du 30 décembre 2018 (Martin Fayulu et Théodore Ngoy), plusieurs candidats aux scrutins législatifs nationaux et provinciaux dénoncent de nombreuses irrégularités. Si la Céni a publié avant l’échéance prévue les résultats de ces élections, certains candidats de l’opposition, bien qu’élus, ont regretté que les compilations des bulletins de vote n’étaient pas achevées au moment de la publication des résultats provisoires.

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    Juvénal Munubo Mubi (UNC) : “La Céni a envoyé les résultats par clés USB”

    “La Céni a relevé les résultats sur la base des clés USB des machines à voter. Donc c’était une sorte de transmission électronique des résultats. La transmission électronique des résultats, si c’est ce qui a été appliqué, on devrait en faire part aux parties prenantes comme le dit la loi électorale”, a soutenu Juvénal Munubo Mubi, réélu à Walikale dans le Nord-Kivu, pour le compte de l’UNC, l’Union pour la nation congolaise de Vital Kamerhe.

     

    Le pouvoir accuse l’opposition

    Du côté Parti du peuple pour la reconstruction et la démocratie du président sortant Joseph Kabila, c’est un autre son de cloche. François Nzekuye, député réélu du territoire de Rutshuru du PPRD, accuse les candidats de l’opposition d’avoir été en accointance avec certains groupes armés.

    “C’est plutôt nous qui devons dénoncer les irrégularités à Rutshuru (ndlr un des territoires du Nord-Kivu). Parce que la moitié du territoire est occupé par des groupes armés qui ont empêché aux candidats de la majorité d’accéder à ces parties du territoire pour y battre campagne. Et ils ont imposé à la population de ne voter que pour les candidats de l’opposition”, a-t-il expliqué à la DW.

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    François Nzekuye : “les groupes armés nous ont empêché de battre campagne”

     

    Les religieux montent au créneau

    Restée discrète jusqu’à présent, l’Église du Christ au Congo affirmé ce lundi prendre acte des résultats contestés de l’élection présidentielle du 30 décembre en RDC.

    La principale force protestante du pays, et qui a déployé 10.000 observateurs électoraux le jour du scrutin, demande aux juridictions compétentes de “dire le droit” sur les différents contentieux électoraux en vue, dit-elle, de garantir la paix sociale.

    Avant elle, l’influente Église catholique qui avait déployé 40.000 observateurs avait aussi mis en doute les résultats que la Céni a publiés.

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  • Richard Grenell, l’ambassadeur pas comme les autres

    Richard Grenell, l’ambassadeur pas comme les autres

    Et ce lundi le Handelsblatt publie l’intégralité de la lettre. Elle débute ainsi : “Comme vous le savez, les Etats-Unis sont ferment opposés au gazoduc Nord Stream 2”. Le diplomate fait savoir son “inquiétude quant au comportement agressif de la Russie, notamment l’utilisation par Moscou des ressources énergétiques comme levier politique et économique.” 

    Il parle de la sécurité pour l’Ukraine, par où le gaz passe actuellement et qui, sans gazoduc, serait à la merci de Moscou. “Nous insistons sur le fait que les entreprises qui opèrent dans le domaine des pipelines pour l’exportation d’énergie russe s’engagent dans des activités qui comportent un risque significatif de sanctions.”  L’ambassadeur ajoute qu’il en va de la réputation des entreprises allemandes.

    “Lex Grenell”, la loi Grenell, commente la Süddeutsche Zeitung. “Richard Grenell aime se comporter comme un homme politique. Le rôle du diplomate ne lui suffit pas”. 
    Le journal rappelle les débuts fracassants de cet ambassadeur pas comme les autres. L’envoyé de Trump avait donné une interview au site d’extrême droite nationaliste Breitbart News l’été dernier pour y déclarer qu’il soutiendrait des conservateurs en Europe qui se soulèvent contre les élites. 
    De la “Postdiplomatie” avait à l´époque titré Die Zeit en appelant le gouvernement à montrer à l’ambassadeur américain “quelles étaient les limites à ne pas dépasser”.

    Sur le front économique aussi ce n’est pas la première fois que les Etats-Unis “se permettent” ce genre de manœuvres, explique la Süddeutsche Zeitung. “Quand ils ne pouvaient pas convaincre les acteurs politiques européens de ne pas faire d’affaires avec l’Iran, ils ont également menacé les entreprises européennes de sanctions.” Pour le quotidien, certes “le projet Nord Stream 2 fait débat parce qu’il devrait augmenter la dépendance de l’Allemagne vis-à-vis du gaz russe mais les décisions reviennent aux gouvernements européens et allemands et non pas à Washington et encore moins à leurs ambassadeurs.”

     

    Cellule d’extrême droite au sein de la police allemande

    De la lettre d’intimidation politique de l’ambassadeur américain, on passe à la lettre de menaces de mort qu’a reçue en Allemagne une avocate allemande d’origine turque qui avait notamment défendu une victime du groupe terroriste d’extrême droite allemand NSU. 
    Elle s’appelle Seda Basai Yildiz. Signé NSU 2.0 du nom de ce groupe, le langage est on ne peut plus crû. On y menace “d’arracher la tête à sa fille”, de s’occuper “comme il se doit de son équipe de mangeurs de döner kebab”.

    L’avocate avait déjà été la destinataire d’une lettre signée NSU 2.0 en décembre. L’enquête avait alors mené vers un commissariat de Francfort et cinq policiers d’extrême droite, suspendus depuis.

    Depuis, la police tente de réagir pour redorer son blason, explique le Tagesspiegel de Berlin. “Les policiers de Francfort ne sont pas des nazis” peut-on lire dans une lettre, encore une, signée par des fonctionnaires de police appelant à éviter les “préjugés et les généralisations”. “Les coupables veulent m’intimider, mais je n’abandonnerai pas“, a déclaré l’avocate à la Süddeustche Zeitung.

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  • Theresa May joue son va-tout sur le Brexit

    Theresa May joue son va-tout sur le Brexit

    Ne pas voter pour l’accord pour l’accord sur le Brexit porterait “un coup fatal” à la confiance du peuple britannique et à la démocratie parce que ce sont les Britanniques qui ont décidé, par référendum, de quitter l’Union européenne : voilà l’argument massue brandi par Theresa May pour finir de convaincre les députés de voter, mardi 15 janvier, en faveur de l’accord négocié avec Bruxelles.

    Le gouvernement britannique s’est engagé à publier une lettre de l’Union européenne qui contient toutes les “assurances” données par Bruxelles sur l’accord du Brexit. Mais l’UE prévient d’ores et déjà qu’il ne sera pas possible de modifier l’accord négocié.
    Pour rappel, le Royaume-Uni est censé sortir le 29 mars à minuit de l’Union européenne.

    Sandrine Blanchard a demandé à Philippe Marlière pourquoi Theresa May a si peur que les députés rejettent son accord.

    Philippe Marlière est professeur de sciences politiques au University College London. Ecoutez sa réponse en cliquant sur la photo ci-dessus.

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  • Le Zimbabwe veut relancer sa propre devise

    Le Zimbabwe veut relancer sa propre devise

    Le Zimbabwe veut reprendre la main sur sa monnaie. Depuis dix ans, à cause de l’inflation, il n’y a plus de devise nationale. Les échanges se font en dollars américains. Mais cela n’a pas suffi à relancer l’économie. Les nuages s’accumulent et la nouvelle administration n’arrive à pas regagner la confiance des marchés. Seule solution selon les autorités : revenir au dollar zimbabwéen.

    Il y a dix ans, l’argent ne valait plus rien au Zimbabwe. Un billet de banque de 100 000 milliards de dollars zimbabwéens, bout de papier à quinze chiffres, ne payait même pas un ticket de bus.

    De dévaluation en dévaluation, le gouvernement a dû trancher. La monnaie nationale a été abandonnée et le dollar américain est devenu la devise de référence. Mais dans les rues d’Harare, on trouve aussi des yuan chinois, des yen japonais, des roupies indiennes ou des rands sud-africains.

    Mais malgré ces solutions de secours, la confiance n’est pas revenue. Les investisseurs ne croient toujours pas en l’économie zimbabwéenne. Ils ne veulent pas laisser leur capital au Zimbabwe.

    Petit à petit, les dollars américains, qui devaient relancer la machine, se sont faits de plus en plus rares. Aujourd’hui, l’inflation et les pénuries sont de retour. Les prix du carburant et des médicaments recommencent à grimper.

    Comment s’en sortir ? Les autorités font un pari risqué : revenir à la monnaie locale d’ici à la fin de l’année en espérant calmer le jeu. Et retrouver un peu de sérénité financière.

     

  • Elections en RDC: les grandes lignes des résultats provisoires

    Elections en RDC: les grandes lignes des résultats provisoires

    En RDC, le processus électoral est toujours aussi contesté. La coalition Lamuka qui a soutenu l’opposant Martin Fayulu à la présidentielle, a déposé ses recours dans la matinée de ce samedi 12 janvier, pour la présidentielle. Martin Fayulu, arrivé deuxième, revendique 61% des sièges. La Commission électorale (Céni) a fini, dans la nuit de vendredi à ce samedi,  par donner les résultats des élections législatives. Le président proclamé, Felix Tshisekedi, aurait moins d’une cinquantaine de sièges, Lamuka aurait moins d’une centaine sièges et le Front commun pour le Congo (FCC), coalition au pouvoir, revendique, elle, une majorité absolue.

    Le Front commun pour le Congo, coalition qui rassemble les partis pro-Kabila, a revendiqué entre 250 et 300 députés. Ce serait un peu moins qu’en 2011. Cependant, il est extrêmement difficile de faire la filiation de tous les regroupements politiques et les candidats et c’est aussi l’une des particularités de l’ère Kabila. Les partis s’effacent derrière des regroupements, reconfigurables à souhait après les élections et c’est ce qui explique que le décompte soit difficile à faire.

    Dans le détail, le PPRD, parti présidentiel, devrait perdre quelques sièges par rapport aux précédentes élections. C’est donc grâce à ses alliés que le FCC revendique, aujourd’hui, la majorité absolue.

    Evidemment, dans les rangs de l’opposition, de la société civile, comme chez les observateurs, on s’étonne de ce score très élevé. La coalition qui détient le moins de voix à la présidentielle (4 millions pour son candidat Emmanuel Ramazani Shadary) raflerait 70 % des sièges ou même plus.

    Quant aux coalitions de l’opposition, Cach et Lamuka, elles se retrouvent largement minoritaires tout en ayant recueilli plus de de 70 % des suffrages à la présidentielle. En effet, selon le premier décompte de Cach, la coalition de Félix Tshisekedi, l’UDPS, a au moins 31 députés et pour l’UNC et alliés de Vital Kamerhe, 18 députés. On se dit déjà prêt à introduire des recours. La coalition Lamuka qui revendique 61 % des voix à la présidentielle pour Martin Fayulu, pourrait ainsi devenir la deuxième force politique à l’Assemblée, tout en totalisant moins d’une centaine de sièges.

    Recours et négociations

    Joint par RFI, Thotho Mabiku, l’un des conseillers de Félix Tshisekedi, commente ces résultats. « C’est un peu un sentiment de déception. Nous trouvons que c’est vraiment très peu de députés pour notre coalition mais pour nous, le plus important, pour le moment, c’est que nous avons l’alternance, un nouveau président élu », a-t-il déclaré.

    A la question de savoir s’ils vont avoir un contrôle effectif des institutions quand ils n’ont la majorité nulle part – à moins de rentrer dans la majorité, c’est-à-dire au sein du FCC – et qu’ils n’auront pas le Premier ministre qui contresigne l’essentiel des décisions du président, Thotho Mabiku répond que « la stratégie, nous laissons cela au président de la République ». « Nous croyons que les jours qui viennent seront très déterminants », souligne-t-il avant d’ajouter qu’ils ne rejettent pas les résultats.

    « Nous prenons d’abord acte de ce qu’il y a mais les recours ne manqueront pas parce qu’il y a des coins où nous estimons que nous aurions pu gagner. Or, les résultats que nous voyons sont autres », précise Thotho Mabiku, conseiller de Felix Tshisekedi.

    Ainsi, du côté de Cach, on réfléchit déjà à une stratégie qui passera nécessairement par la case Cour de justice mais aussi par des négociations notamment avec le FCC. En effet, avec 49 sièges à l’Assemblée, Cach ne peut pas revendiquer la primature et ne peut donc former un gouvernement.

    Le FCC va-t-il leur accorder certains ministères ? Ce que propose, aujourd’hui, le docteur Kodjo Ndukuma, du FCC, à Cach, c’est d’intégrer une nouvelle majorité au pouvoir ou bien d’entrer dans une phase de cohabition. Cach, de son côté, pense qu’avec son poste de président, Felix Tshisekedi aura une influence sur les autres institutions.

    « Une vaste blague »

    Martin Fayulu de son côté, avec la Dynamique de l’opposition, sa coalition, n’était même pas sûr, ce samedi matin, d’avoir un groupe parlementaire. Lamuka est encore en train de faire les comptes mais ils auraient moins d’une centaine de députés, ce qui en ferait, si les résultats se confirment, la deuxième forme politique à l’Assemblée. C’est notamment la plateforme électorale de Moïse Katumbi qui obtient le plus de sièges. C’est aussi celle qui présentait le plus de candidats de toute l’opposition.

    « C’est de la vaste blague. Monsieur Kabila s’est donné les deux tiers de l’Assemblée nationale parce qu’il pense, demain, avec sa coalition bidon, changer la Constitution. Et vous comprenez, comme je le disais, tout est cousu de fil blanc. Monsieur Kabila pense avoir trouvé quelqu’un qui va pérenniser son pouvoir. Le peuple congolais ne le laissera jamais faire cela. C’est pour cela que nous demandons le recomptage de toutes les voix sur toutes les élections, sur les trois élections : présidentielle, législatives nationales et législatives provinciales. Il faut recompter les voix. Et si monsieur Kabila et ses acolytes pensent liquider le Congo, nous, on ne le laissera pas », a déclaré, sur RFI, Martin Fayulu.

    Implications institutionnelles

    La victoire annoncée du FCC aux législatives pourrait avoir également des implications institutionnelles. C’est ce que redoutent les opposants à Joseph Kabila car les députés de la majorité pourront réformer la Constitution. Mais il faut attendre que tous ces résultats soient confirmés.

    Il y a des périodes de recours qui s’ouvrent et qui pourront durer plus de deux mois. A partir de là, quand les assemblées seront figées et si ces tendances se confirment, le FCC devrait avoir la majorité des sénateurs. Ce qui pourrait offrir à Joseph Kabila la possibilité de venir président du Sénat, c’est-à-dire deuxième personnage de l’Etat et qui, éventuellement, s’il arrivait quelque chose au président – s’il était par exemple empêché – pourrait prendre la tête des institutions.

    D’autre part, les experts électoraux observent qu’avec toutes ces forces politiques et avec cette répartition des sièges, si elle se confirme, le FCC pourra effectivement avoir suffisamment de sièges à l’Assemblée pour changer la Constitution et pour permettre un rééquilibrage des pouvoirs entre celui éventuellement du président et ceux du gouvernement des autres Assemblées.

     

  • ” Nombre de Tunisiens pensent que le terrorisme vient de Libye, tandis qu’en Libye on dit l’inverse “

    ” Nombre de Tunisiens pensent que le terrorisme vient de Libye, tandis qu’en Libye on dit l’inverse “

    Le chercheur tunisien Rafaa Tabib, spécialiste de la Libye, appelle les autorités de son pays à interroger le ravisseur des deux journalistes tunisiens disparus chez le voisin de l’est en 2014. Il revient pour Jeune Afrique sur les relations bilatérales et les écueils de la diplomatie tunisienne en Libye.

    Rafaa Tabib est chercheur en anthropologie politique, rattaché au CNRS, et professeur à l’université Manouba de Tunis. Il a récemment annoncé qu’un des ravisseurs des deux journalistes tunisiens, Sofiene Chourabi et Nadhir Guetari (disparus en Libye en 2014), aurait été arrêté par une milice de Misrata, et appelé les autorités tunisiennes à aller l’interroger. Une manière de questionner la diplomatie bilatérale.

    Jeune Afrique : Vous avez interpellé les autorités tunisiennes au sujet des deux journalistes tunisiens, est-ce une manière de dire qu’elles devraient faire plus ou autrement sur ce dossier ?

    Rafaa Tabib : À chaque fois que la question est évoquée, les initiatives prises sont un peu trop classiques, et malheureusement pas adaptées aux réalités du pays. Nombre d’institutions en Libye cachent des coquilles vides et ne sont que des vitrines sans prise sur la réalité. Dans cette affaire, des magistrats tunisiens ont par exemple déjà été envoyés rencontrer leurs homologues dans l’Est de la Libye, afin d’échanger des informations. Mais de quelles informations disposent les magistrats libyens, alors que la fragmentation des institutions ne permet pas de réunir des éléments plausibles et crédibles ?

    De toute façon, la justice en Libye a toujours été partiale. La société tribale impose d’autres formes de légalité, qui permettent de parvenir à des arrangements. Ajoutez-y le contexte de guerre civile : à aucun moment, la justice libyenne n’a donc été impliquée dans ce genre de dossiers. Comment peut-on espérer par ailleurs qu’un envoyé de la justice tunisienne puisse demander des informations auprès de chef tribaux et traditionnels ?

    il n’y a que les canaux dits « sociaux », c’est-à-dire traditionnels et tribaux, pour récolter des informations.

    Des observateurs appellent plus généralement la Tunisie à sortir de la « diplomatie de salon ». Alors que le contexte de transition démocratique impose une meilleure gouvernance et plus de transparence, les autorités tunisiennes peuvent-elles se permettre de faire autrement et de mobiliser des canaux parallèles ?

    Nous avons d’un côté un État jacobin centralisé qui se veut moderniste, et en face un pays miné par les milices et les structures traditionnelles. Dans ce contexte, il n’y a que les canaux dits « sociaux », c’est-à-dire traditionnels et tribaux, pour récolter des informations.

    Selon nos sources, un des ravisseurs des deux journalistes est le chef d’une assemblée d’Abjdabiya (ville du nord-est de la Libye), sorte de vitrine d’Ansar al-Charia (proche d’Al-Qaïda). La question qui se pose, c’est comment l’interroger, alors qu’il se trouve dans une prison tenue par des miliciens. Une situation compliquée par le fait que les mouvements terroristes et révolutionnaires fonctionnent souvent en vases communicants, et que nombre de combattants ont une double casquette ou changent de camp au gré des opportunités. C’est ce qu’on appelle le « jeu des labels ».

    Trouver le canal approprié reste un grand dilemme. Il y a beaucoup d’hésitations. Certains ne veulent pas agir sans cadre législatif. Des partis politiques essaient également de protéger les groupes avec lesquels ils ont de bons rapports.

    Face à ce dilemme, quelles actions les autorités tunisiennes pourraient-elles envisager dans un cas comme celui-ci ?

    Je propose, dans ce cas de figure, de trouver une structure hybride. Des représentants de la société civile tunisienne, du monde des affaires, des clans du sud tunisien qui trouvent des prolongements en Libye, des chercheurs et des officiels, pourraient créer un organe national avec une base légale pour pouvoir travailler en Libye. Aujourd’hui, les autorités tunisiennes ne traitent pas avec la Libye profonde.

    On constate une absence de volonté et un manque d’engagement au niveau du ministère des Affaires étrangères, alors même que les Tunisiens sont très nombreux en Libye. Sur le terrain, une coopération existe par contre sur le plan sécuritaire, surtout pour identifier les mouvements terroristes à la frontière. Mais le problème se pose en termes d’action diplomatique. D’autant plus que les milices peuvent être liées à la fois au politique et impliquées dans des trafics.

    On parle pour certains d’embrigadement, mais l’idéologie de Daech n’est pas un mal incurable.

    Des associations appellent les autorités tunisiennes à agir également pour les Tunisiens, adultes et enfants, détenus en Libye et soupçonnés d’activités terroristes. Quelles peuvent être leurs marges de manœuvre ?

    Il faut absolument rapatrier les enfants, qui ne sont pas responsables de leur situation. On parle pour certains d’embrigadement, mais l’idéologie de Daech n’est pas un mal incurable. Nombre de Tunisiens pensent que le terrorisme vient de Libye, tandis qu’en Libye on dit l’inverse, car nombre de chefs de groupes terroristes sont Tunisiens. Je pense que la Tunisie a encore du mal à soulever cette question, par déni. Il n’y a pas de volonté de la part de la Tunisie d’ouvrir ce dossier du terrorisme.

    Un congrès libyen est attendu en cette rentrée. Quel rôle peut jouer la Tunisie pour aider à la stabilisation politique de son voisin ?

    La Tunisie a tout intérêt à jouer un rôle dans cette rencontre, mais on ne perçoit pas une telle volonté. C’est juste une réunion dont la date exacte n’est pas encore fixée, mais qui est décriée en Libye car elle risque de ramener une nouvelle élite autour la table des négociations, et que celle-ci souhaitera aussi récupérer sa part de pouvoir. On évoque en effet l’invitation de 170 à 300 personnalités, qui réclameront sans doute ensuite leur représentativité.

    On constate qu’à part les armes, rien ne sert en Libye. Mais beaucoup de ceux qui vivent de la rente institutionnelle, sans réelle légitimité, ne veulent pas se défaire de leurs privilèges. Le premier obstacle à la démocratie est l’élite politique. Selon moi, derrière cette dernière, toute la société libyenne avec sa complexité ne parvient pas à s’exprimer.

    Le gouvernement Sarraj, avec qui traite la Tunisie, n’a aucune emprise sur le terrain, sa légitimité est réduite.

    Les autorités tunisiennes ont aussi choisi d’inviter le Premier ministre libyen, Fayez al-Sarraj, au trentième sommet de la Ligue arabe prévu le 31 mars à Tunis. Sur le plan bilatéral, que peut-on attendre de cette visite ?

    Le gouvernement Sarraj, avec qui traite la Tunisie, n’a aucune emprise sur le terrain, sa légitimité est réduite. Certains groupes qui lui sont théoriquement affiliés- étant payés par l’État qui leur sous-traite la question sécuritaire- sont en fait des corps miliciens qui prennent un nom de brigade mais lui échappent. Il est seulement en position de signer des chèques mais la Tunisie est dans l’obligation d’accepter cet interlocuteur.

    Je conseillerais toutefois aux autorités d’inviter les autres belligérants avant la tenue de ce sommet arabe : le président du parlement, le général Haftar, et pourquoi pas d’autres clans. Cela lui permettrait de se tenir à égale distance de tous et de ne pas être partie prenante.

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  • RDC : ” Il n’y a pas d’un côté des saints et de l’autre des diables “, les vérités de Vital Kamerhe

    RDC : ” Il n’y a pas d’un côté des saints et de l’autre des diables “, les vérités de Vital Kamerhe

    Quelques heures avant la publication, dans la nuit du 9 au 10 janvier, des résultats provisoires de la présidentielle du 30 décembre dernier, Vital Kamerhe, directeur de campagne de Félix Tshisekedi, s’était confié à Jeune Afrique.

    Kinshasa, le 8 janvier, 15 heures. Nous sommes à la veille de la date annoncée pour la publication des résultats provisoires de la présidentielle en RDC. Lorsqu’il nous reçoit dans la centrale électorale du Cap pour le changement (Cach), à La Gombe, Vital Kamerhe sait déjà qu’il a misé sur le bon cheval. Mais il ne laisse rien transparaître. Ou presque. D’autant qu’il sait aussi qu’en politique, surtout au Congo, rien n’est vraiment acquis.

    Le directeur de campagne de Félix Tshisekedi reste tout de même confiant. Et nous présente les raisons officielles de sa foi en la victoire de son allié : les « chiffres ». Il s’agit de ceux compilés par la centrale électorale de Cach, retranchée dans l’une de ses résidences. Ce jour-là, le tableau projeté sur le mur de la salle affiche déjà une avance de quelque 106 874 suffrages exprimés pour Félix Tshisekedi sur son poursuivant direct, Martin Fayulu, opposant lui aussi et candidat de la coalition Lamuka [Réveille-toi, en lingala]. Mais sur un total de 2 550 184 votants seulement.

    Trésor Kibangula/JA

    L’échantillon est faible. Près de 40 millions d’électeurs étaient attendus aux urnes le 30 décembre. Vital Kamerhe ne l’ignore pas. Le but de sa manœuvre est ailleurs. Se convaincre et surtout convaincre, chiffres à l’appui, que Félix Tshisekedi « va gagner ». L’ancien président de l’Assemblée nationale cherche alors à confronter ces chiffres à ceux de la Conférence épiscopale nationale du Congo (Cenco), lesquels donneraient Martin Fayulu vainqueur de la présidentielle du 30 décembre.

    J’ai l’impression que nos amis de Lamuka et la Cenco avaient le même centre de compilation. »

    Mais les évêques catholiques ne lui communiqueront jamais leurs données. « J’ai l’impression que nos amis de Lamuka et la Cenco avaient le même centre de compilation », se désole-t-il. Kamerhe se contentera de transmettre les siennes aux ambassades de France, de Grande-Bretagne et des États-Unis. La suite, on la connait. Félix Tshisekedi a été déclaré vainqueur dans la nuit du mercredi à jeudi par la Commission électorale nationale indépendante (Ceni). Martin Fayulu, qui conteste ces résultats, a saisi la Cour constitutionnelle.

    La leçon de la campagne

    De la campagne électorale, Vital Kamerhe en tire une leçon : « Les contacts avec la population comptent beaucoup, surtout pour Félix [Tshisekedi] qui n’était pas connu dans certains milieux reculés de l’Est. Il fallait que les gens le voient physiquement et qu’il leur demande leurs suffrages. »

    Dans ce domaine, « Martin [Fayulu] avait l’avantage dans les grandes villes : avec le jet privé mis à disposition, il pouvait faire Kisangani – Lubumbashi en un clin d’oeil. Mais si vous devez faire Kisangani – Lubumbashi avec un autre avion, c’est 4 heures et demi de vol. Là où il lui fallait une heure. »

    À l’arrivée, Félix Tshisekedi devance tout de même Martin Fayulu, selon les résultats provisoires. Si cela avait été l’inverse, Kamerhe jurait le 8 janvier que son camp aurait accepté le verdict des urnes et nous relatait alors une réunion qui avait eu lieu entre Monseigneur Fridolin Ambongo, nouvel archevêque de Kinshasa et Félix Thisekedi :  « ‘Pour moi, si c’est Fayulu [qui l’emporte], je le félicite tout de suite, mais nous devons parler’, avait dit Félix Tshisekedi au clergé. »

    Et Vital Kamerhe de poursuivre, relatant cette fois-ci une rencontre entre Félix Tshisekedi et Martin Fayulu : « Puis, lors d’un tête-à-tête avec Fayulu, ce dernier ne pouvait se prononcer sur rien car il avait déjà réservé par exemple le poste de Premier ministre à Jean-Pierre Bemba [un de ses principaux soutiens au sein de Lamuka, ndlr]. En fait, Fayulu n’est pas libre. »

    Deal Kabila – Cach ?

    Quid des garanties que le Cach et Félix Tshisekedi auraient données à Joseph Kabila, au pouvoir depuis près de 18 ans, et à son entourage ? « Lorsque vous voulez rétablir un État de droit, vous ne pouvez pas vous substituer à la place des juges. Quand François Hollande est élu président de la République française en 2012, avait-il promis l’enfer à Nicolas Sarkozy ? Non, au contraire. Mais cela n’a pas empêché à la justice, institution indépendante, de faire son travail », explique Vital Kamerhe.

    Du groupe d’opposants qui se trouvent à l’extérieur du pays, Moïse Katumbi est le plus rassembleur. »

    Mais « l’opposition ne doit pas non plus être considérée comme une blanchisserie », précise-t-il, appelant les uns et les autres à adopter un comportement à la hauteur de ce « rendez-vous historique ». Pour la première fois, le transfert du pouvoir s’effectue entre un président sortant vivant et son successeur déclaré vainqueur du scrutin.

    Félix Tshisekedi écoute les « conseils » de Vital Kamerhe sur les attitudes à adopter, selon ce dernier. « Mais à Lamuka, quand vous avez Ève Bazaiba [secrétaire général du parti de Bemba, ndlr], d’un côté, et Martin Fayulu, de l’autre, ce sont deux volcans en éruption, je ne sais pas qui peut conseiller l’autre. »

    Trésor Kibangula/JA

    « Du groupe d’opposants qui se trouvent à l’extérieur du pays, Moïse Katumbi est le plus rassembleur. Voici quelqu’un de l’Est qui se retrouve dans l’étau de Jean-Pierre Bemba, Adolphe Muzito, Martin Fayulu, Freddy Matungulu, tous de l’Ouest. On ne peut pas être plus nationaliste que ça ! Comme moi qui suis de l’Est et qui soutiens un Kasaïen (centre). Voilà le Congo de demain que nous voulons », souligne Kamerhe.

    « Hommages » à Kabila

    Le directeur de campagne de Félix Tshisekedi assume par ailleurs les « hommages » qu’il faudrait rendre à Joseph Kabila pour avoir accepté de se retirer du pouvoir. Malgré l’avis contraire de certains caciques du régime et de ses courtisans. À Martin Fayulu et ses soutiens, il pose en revanche une question : « Pourquoi revendiquez-vous la victoire issue des mauvaises élections, promettant d’organiser des bonnes élections d’ici deux ans ? C’est paradoxal. Il ne faut pas pisser dans l’assiette qui vous nourrit. »

    Félix a déjà dit qu’il va travailler avec tout le monde »

    « C’est à nous de prendre nos responsabilités, poursuit Vital Kamerhe. Si nous aimons le Congo, ce n’est pas uniquement comme président de la République ou Premier ministre que nous pouvons servir ce pays. » Dans l’accord de coalition conclu à Nairobi avec Félix, le poste du chef de gouvernement lui était destiné. Mais avec les résultats des législatives, largement favorables à la majorité sortante, les prévisions risquent d’être réajustées. « Que vous le vouliez ou pas, les résultats des urnes finissent toujours par vous contraindre d’être ensemble dans l’Assemblée nationale, de parler, de discuter de la manière dont il faudrait gérer le pays », fait-il remarquer.

    Dans tous les cas, « Félix a déjà dit qu’il va travailler avec tout le monde. Car il n’y a pas d’un côté des saints et de l’autre des diables, martèle Vital Kamerhe. Il suffit d’observer la scène politique congolaise : commençons par moi-même. J’étais secrétaire général du PPRD [parti de Joseph Kabila], je suis aujourd’hui dans l’opposition. Suis-je devenu pour autant saint ? Il faut me juger par rapport à mon comportement lorsque j’étais au PPRD. Étais-je un bon président de l’Assemblée nationale ? Prenons le cas de Pierre Lumbi. Il était conseiller spécial du chef de l’État en matière de sécurité. Pendant son règne, peut-on dire qu’il y avait moins de répression et que Kabila était plus tendre ? Il est dans l’opposition et directeur de campagne de Martin Fayulu ».

    « L’important, c’est de changer le système »

    Et de poursuivre : « Il y avait aussi des répressions pendant que Moïse Katumbi était gouverneur du Katanga. Il ne peut en être fier, même s’il dira toujours que les ordres venaient d’en haut. C’est pourquoi nous pensons que nous pouvons travailler avec certaines personnes qui évoluent aujourd’hui au sein de la majorité. L’important, c’est de changer le système. La propension de l’homme congolais à dévier, à voler les deniers publics est tellement élevée que sans un système dissuasif – séparation des pouvoirs, institutions fortes, justice indépendante et équitable – le pays ne s’en sortira pas. »

    Entre deux maux, il faut choisir le moindre »

    Vital Kamerhe voudrait voir revenir « l’époque de Kasa-Vubu », premier président du Congo indépendant. Cet homme qui « ramenait à la caisse de l’État les frais restants de ses voyages officiels ». Il rend aussi hommage à Patrice Lumumba, qui « n’a laissé qu’une seule maison sur le Boulevard alors qu’il était Premier ministre ». Idem pour Laurent-Désiré Kabila qui ne s’était acheté, selon lui, « aucun appartement, aucune maison, aucun terrain ».

    En attendant, il n’y aura pas de « règlements de compte » à l’encontre de ceux qui ont dirigé la RDC ces 17 dernières années. Vital Kamerhe s’en explique : « Entre deux maux, il faut choisir le moindre. Pas de chasse aux sorcières pour un nouveau départ du Congo mais certaines fautes sont impardonnables, bien entendu. »

    Félix président de la République, « une réforme de l’État va toutefois être engagée pour donner plus de moyens à nos militaires, construire des casernes afin qu’ils accomplissent efficacement leur mission première de sécuriser l’intégrité de notre territoire. Il en est de même de la police. Mais nous n’enverrons personne à la potence », assure Kamerhe. « Il y aura certainement des restrictions au niveau de l’Agence nationale de renseignement (ANR). Cette dernière doit être un service d’intelligence, pas celui d’interpellation quotidienne des citoyens », déclare-t-il.

    Kamerhe en est conscient. « Le président élu ne va pas bénéficier d’un seul moment de sursis. Le peuple a soif de changement et attendra avec impatience les premières mesures dans ce sens. » Et de prévenir : « Si ces mesures n’arrivent pas, le peuple ne tardera pas à redescendre les rues de Kinshasa et des autres villes du pays. »

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  • Afrique du Sud : Cyril Ramaphosa promet des emplois pour les législatives de mai

    Afrique du Sud : Cyril Ramaphosa promet des emplois pour les législatives de mai

    Le président sud-africain Cyril Ramaphosa a lancé samedi 12 janvier son parti, le Congrès national africain (ANC), dans la course aux élections législatives de mai en promettant de lutter contre le chômage et de corriger les « erreurs » du passé.

    Devant plusieurs dizaines de milliers de partisans massés dans un stade de Durban (nord-est), parés des couleurs verte et jaune du parti, Cyril Ramaphosa a décrété la « mobilisation » en vue d’une « victoire décisive » dans quatre mois.

    Au pouvoir depuis la fin du régime de l’apartheid il y a vingt-cinq ans, le parti de Nelson Mandela fait figure de grand favori du scrutin, malgré le recul de sa popularité, ses divisions et une économie désespérément en berne.


    >>> À LIRE – Afrique du Sud : Cyril Ramaphosa, du commerce des mines à la tête de la nation arc-en-ciel


    L’ANC a vu son image sérieusement écornée sous la présidence calamiteuse de Jacob Zuma, poussé vers la sortie en février 2018 par une litanie de scandales de corruption. Son successeur à la tête du pays et du parti, Cyril Ramaphosa, a platement reconnu samedi les échecs de son camp.

    Corruption et chômage

    « Il faut reconnaître que la corruption a affaibli nos institutions », a-t-il dit dans son discours, « en tant qu’ANC, nous reconnaissons nos échecs, nous acceptons les critiques de la population et nous travaillons dur pour corriger nos erreurs ».

    Le chef de l’Etat a également concédé le bilan mitigé de son mouvement au pouvoir. « La promesse de liberté reste encore à concrétiser pour de nombreuses personnes », a-t-il dit.

    La promesse de liberté reste encore à concrétiser pour de nombreuses personnes

    Des millions de Sud-Africains souffrent du chômage et vivent dans des taudis, privés d’électricité et d’assainissement, la santé et l’éducation sont rudimentaires et la criminalité galopante. Surtout, les inégalités, notamment raciales, restent criantes.

    Une longue liste de promesses

    « Nous sommes ici pour présenter un plan destiné à répondre à nos grands défis de l’heure, le chômage, la pauvreté et l’inégalité », a dévoilé samedi 12 janvier Cyril Ramaphosa.

    Dans sa longue liste de promesses, il a annoncé son intention de doubler, à 275.000 par an, les créations d’emplois. Mesure symbolique entre toutes, le président a répété sa détermination à « accélérer la réforme foncière qui, là où c’est approprié, autorisera les expropriations sans compensation ».

    Très populaire chez les sans-terre noirs, cette mesure inquiète les milieux d’affaires et la minorité blanche.

    « Rien de très radical là-dedans », a commenté l’analyste Lukhona Mnguni, « l’ANC a revu ses ambitions à la baisse en raison de ses difficultés ».

    61% des intentions de vote, en hausse

    Victime des scandales et de l’usure du pouvoir, l’ANC a vu sa popularité fondre ces dernières années. Lors des élections locales en 2016, il a pris une claque en perdant le contrôle de plusieurs municipalités emblématiques comme Johannesburg et Pretoria.

    L’arrivée il y a un an de Cyril Ramaphosa à la tête du parti et du pays semble toutefois avoir enrayé sa chute. A petites touches, l’ancien vice-président, 66 ans, un syndicaliste proche de Mandela reconverti dans les affaires, a commencé à rompre avec l’héritage sulfureux de son prédécesseur.

    Un récent sondage de l’institut Ipsos crédite l’ANC de 61% des intentions de vote, en hausse sur les 54% – le plus bas score national de son histoire – recueillis il y a deux ans. Le départ de Jacob Zuma a toutefois laissé des traces au sein du parti. L’ex-président y dispose encore de forts soutiens, notamment dans son fief de Durban où il a été chaleureusement applaudi samedi avant le discours de Cyril Ramaphosa.

    Zuma et Ramaphosa ensemble

    Malgré la rude bataille qui les a opposés, les deux rivaux se sont affichés ensemble et tout sourire cette semaine au nom de l’unité du parti, pour le plus grand plaisir de ses sympathisants.

    « Je crois que le président (Ramaphosa) va tenir ses promesses », s’est réjoui Gift Xulu, un coach sportif de 36 ans, après le discours. « Il n’est pas là depuis longtemps mais il a déjà réussi à changer des choses, il essaie d’unir le parti ».

    Je crois que le président (Ramaphosa) va tenir ses promesses

    Malgré les difficultés de l’ANC, les deux principaux partis d’opposition ne semblent pas en mesure de lui contester la majorité absolue des sièges au Parlement.

    L’Alliance démocratique (DA, centre) et les Combattants pour la liberté économique (EFF, gauche radicale) ont bien du mal à trouver un second souffle depuis la chute de Jacob Zuma, leur bête noire pendant des années.

    « Le discours (de Cyril Ramaphosa) était plein de promesses sans lendemain dont les Sud-Africains savent qu’il ne les appliquera jamais », a dénoncé le chef de la DA, Mmusi Maimane, « seule la DA peut construire une Afrique du Sud pour tous ».

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  • RCA: des Mirage 2000 français appuient la Minusca dans sa reprise de Bambari

    RCA: des Mirage 2000 français appuient la Minusca dans sa reprise de Bambari


    Par
    RFI

    Publié le 12-01-2019
    Modifié le 12-01-2019 à 14:53

    Depuis jeudi, la mission de l’ONU en Centrafrique a lancé une opération au sol pour tenter de reprendre le contrôle de Bambari, cette ville du centre du pays qui est en proie à des attaques répétées d’un groupe rebelle, l’UPC.

    Ce samedi matin, aucune détonation n’a été entendue à Bambari. Abel Matchipata, l’ancien maire de la ville, parle d’une certaine accalmie même si la tension est encore palpable. Peu de circulation dans les rues de la ville, des magasins fermés, des habitants cloitrés chez eux. Bambari est donc à l’arrêt après deux jours d’intenses combats.

    Diverses attaques

    Jeudi, l’UPC et ses alliés avaient lancé diverses attaques dans la ville. La Minusca a alors riposté en lançant une opération au sol baptisée « Bambari sans groupes armés ». Opération qui a permis, selon la mission de l’ONU en Centrafrique, la destruction de moyens létaux et le démantèlement de barricades contrôlées par l’UPC.

    Mais de nouveaux combats ont eu lieu vendredi matin. A la demande de la Minusca, la France est intervenue en appui en début de matinée ce jour-là : deux Mirage 2000 en provenance de Ndjamena ont survolé la zone à très basse altitude et ce à trois ou quatre reprises avec pour objectif de faire fuir les rebelles.

    Depuis hier soir, les combats ont cessé. Des combats qui selon une source humanitaire auraient fait depuis jeudi 34 blessés et un mort.

    Pourparlers annoncés

    Ces événements interviennent alors que le président centrafricain devait se rendre jeudi et vendredi à Bambari pour célébrer la journée mondiale de l’alimentation.

    Faustin Archange Touadéra a annoncé mercredi que des pourparlers entre le pouvoir et les groupes rebelles auraient lieu le 24 janvier à Khartoum.

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  • Gabon: Ali Bongo nomme un nouveau Premier ministre

    Gabon: Ali Bongo nomme un nouveau Premier ministre


    Par
    RFI

    Publié le 12-01-2019
    Modifié le 12-01-2019 à 14:27

    Les Gabonais se sont réveillés, ce samedi 12 janvier, avec un nouveau Premier ministre. Il s’agit de Julien Nkoghe Békalé qui occupait jusqu’alors les fonctions de ministre du Travail et de l’Emploi, dans le gouvernement sortant. Agé de 57 ans, Julien Nkoghe Bekalé avait déjà assumé les fonctions de ministre du Pétrole durant le premier septennat d’Ali Bongo, avant d’être écarté.

    Vingt-neuf secondes, c’est la durée de la vidéo qui a annoncé la nomination de Julien Nkoghe Bekalé aux fonctions de Premier ministre. La même vidéo annonce que son prédécesseur, Emmanuel Issozé Ngondet, devient médiateur de la République, une fonction sans envergure.

    Décrets lus par le secrétaire général de la présidence

    Les deux décrets présidentiels ont été lus par le secrétaire général de la présidence de la République, Jean-Yves Teale, visiblement depuis le Maroc. Très peu de médias ont exploité ces informations car diffusées très tard dans la nuit de ce vendredi à ce samedi 12 janvier.

    Selon ses proches, le nouveau Premier ministre a aussitôt pris l’avion pour Rabat au Maroc. Il serait actuellement en concertation avec le président Ali Bongo pour composer la nouvelle équipe gouvernementale.

    Ali Bongo va-t-il suspendre sa convalescence ?

    Plusieurs sources soutiennent qu’Ali Bongo va suspendre, dans quelques heures, sa convalescence et sa rééducation au Maroc pour revenir au pays afin de recevoir le serment de son nouveau gouvernement, comme prévu par la Constitution.

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