Category: Culture & Art

  • Comment Tshisekedi est devenu président du Congo (1/2): la revanche d’Etienne?

    Comment Tshisekedi est devenu président du Congo (1/2): la revanche d’Etienne?

    -La République démocratique du Congo connaît la première transition pacifique de son histoire à la tête de l’Etat. Malgré les accusations de fraudes électorales, le nouveau chef de l’Etat congolais, Félix Tshisekedi, a été reconnu par l’ensemble de la communauté internationale et fait depuis des annonces très remarquées. Le Congo vit une situation inédite, la création d’une bien étrange coalition entre le parti de l’opposant historique Etienne Tshisekedi et le régime de son rival, le sortant Joseph Kabila. Retour sur ce revirement de l’histoire.

    « Moi, Etienne Tshisekedi wa Mulumba, élu président de la République démocratique du Congo… » Son traditionnel béret vissé sur la tête, le patriarche de l’opposition congolaise ne doute pas de sa victoire lorsqu’il prête serment le 23 décembre 2011, devant ses partisans et la presse internationale, dans sa résidence de Limete, encerclée par des forces de sécurité acquises à son rival, Joseph Kabila. Cette victoire, il n’est pas le seul à la défendre. Il y a aussi l’incontournable cardinal Laurent Monsengwo qui, à l’instar d’Etienne Tshisekedi, a marqué l’histoire politique et démocratique de son pays depuis 30 ans. La Commission nationale électorale indépendante (Céni) a donné le sortant élu avec 48,95% des suffrages contre 32,33% à Etienne Tshisekedi, président de l’UDPS, parti d’opposition historique. Le Cardinal Monsengwo ose dénoncer des résultats qui « ne sont conformes ni à la vérité ni à la justice ».

    A l’époque, l’Eglise catholique n’a pas encore opté pour une compilation citoyenne des résultats. « En 2011, nous étions comme tous les observateurs internationaux, nous avions travaillé sur base d’un échantillon », confie Monseigneur Fridolin Ambongo, vice-président de la Conférence épiscopale du Congo (Cenco) et actuel archevêque de Kinshasa. En ce mois de décembre 2011, Laurent Monsengwo va pourtant plus loin que son partenaire, le centre Carter. Un soir, au cours d’un entretien téléphonique accordé à la RTBF, le cardinal lâche le nom du vainqueur de la présidentielle : « C’est monsieur Tshisekedi qui a eu le plus de voix. »

    Dans cette même interview, le plus haut dignitaire de l’Eglise catholique au Congo recommande à l’opposant historique de déposer un recours auprès de la Cour suprême, qui sert à l’époque de juge du contentieux électoral. Pour Etienne Tshisekedi, cette Cour n’est qu’une « institution privée de M. Kabila » dont il ne souhaite pas reconnaître « une certaine légitimité ». Mais le patriarche de l’opposition n’a surtout pas les procès-verbaux de résultats nécessaires pour étayer son recours et préfère contester les résultats par la rue.

    Tirer les leçons de 2011

    Face aux premières accusations de fraude, le sortant Joseph Kabila, costume bleu sans cravate, chemise rayée, défend sa victoire en anglais le 12 décembre 2011 : « La crédibilité des élections ne peut pas être mise en doute ». Au cours de cet entretien, le chef de l’Etat congolais reconnaît des « erreurs comme dans toutes les élections en Afrique ». Des manifestations de protestation, pour l’essentiel dans la capitale, sont réprimées dans le sang. Entre le 26 novembre et le 25 décembre 2011, l’ONU a documenté au moins 33 civils tués, 16 autres portés disparus et des dizaines de blessés et de militants arrêtés à Kinshasa.

    « C’était un massacre, j’ai moi-même fait l’objet d’une arrestation le jour des élections », commente Me Jacquemain Shabani, secrétaire général de l’UDPS, le parti d’Etienne Tshisekedi, en 2011. Malgré la présence de plusieurs missions d’observations électorales étrangères et d’une Mission de maintien de la paix de l’ONU (Monusco), la communauté internationale ne soutiendra que du bout des lèvres ce combat pour la vérité des urnes, trop pressée de voir un retour au calme dans la bouillonnante capitale congolaise.

    Cet échec de 2011 va entraîner une révolution dans la stratégie du parti d’opposition historique en prévision des prochaines échéances que l’UDPS se voyait déjà remporter. Les options levées marquent les actions du parti d’Etienne Tshisekedi jusqu’à l’accession de son fils Félix à la tête de l’Etat. « En 2011, on a mené notre combat par rapport à la crédibilité des scrutins, ça nous a fait perdre du temps dans la préparation des élections », rappelle Me Shabani. Devenu patron de la centrale électorale de l’UDPS pour les élections de 2018, l’avocat se refuse à commettre deux fois les mêmes erreurs dues au manque d’expérience électorale. En trente années de lutte, pour la première fois en 2011, l’UDPS avait accepté de participer à un scrutin.

    « Celui qui gagne est celui qui a les procès-verbaux »

    En 2018, quand les autres leaders de l’opposition menacent de boycotter les scrutins si la Commission électorale utilise la « machine à voter », l’UDPS rompt les rangs et se retrouve sous le feu des critiques. « Nous étions convaincus que ça allait nuire à la mobilisation des troupes sur le terrain, c’est pour ça qu’on a abandonné le slogan de la machine à triche  », justifie encore aujourd’hui ce haut cadre du parti désormais présidentiel, sans compter que la politique de la chaise vide ne paie jamais auprès des bailleurs de fonds.

    Pour cette deuxième expérience électorale, Me Jacquemain Shabani dit également avoir misé sur un réseau des témoins formés dans 22 des 26 provinces du pays, à l’exception des deux des provinces des anciens Katanga et Equateur. « En 2011, on n’avait pas 3% des procès-verbaux de résultats, on se disait élu. En 2018, avant la proclamation des résultats, on avait des PV pour trois millions de suffrages », commente fièrement Me Shabani, avant d’ajouter : « Ça, même l’Eglise catholique peut vous le dire ». L’ancien secrétaire général de l’UDPS insiste : « Celui qui gagne, c’est celui qui a les PV et personne d’autre ». Même si au final, malgré les contestations et les recours, la Commission électorale n’a pas publié de résultats détaillés et que la Cour constitutionnelle s’est refusée à consulter les procès-verbaux.

    « N’eût été l’Eglise et la volonté du peuple »

    En se remémorant le jour des élections, l’archevêque de Kinshasa ne cache pas sa fierté de voir « ce peuple » patienter des heures, « sans s’énerver » pour mettre son bulletin dans l’urne, malgré les menaces et entraves, les problèmes logistiques ou même les interdictions. L’image sans doute la plus patente de cette détermination à voter, c’est Beni et Butembo, ces deux localités du Nord-Kivu, menacées par Ebola et des groupes armés, privées d’élections par la Commission électorale, où des milliers de Congolais ont choisi de mettre un bulletin papier dans une urne citoyenne plutôt que de brûler les bureaux de la Céni. « Même d’obtenir ces élections, ce n’était pas gagner. Ça a coûté cher en vies humaines », rappelle Monseigneur Ambongo.

    Longtemps président de la Commission justice et paix, Fridolin Ambongo voit dans cet engagement des électeurs le résultat d’années de formations citoyennes et électorales dispensées par la Cenco : « Depuis 2013, nous avons investi dans la formation du peuple et nous avons formé des dizaines de millions de Congolais, toutes religions confondues. » Ces formations ont porté aussi bien sur des articles clefs de la Constitution, comme l’article 220 qui limite le nombre de mandats et l’article 64 qui prône la résistance pacifique, que sur le dialogue, l’enrôlement, l’importance de participer aux élections et de manifester pacifiquement.

    Ce sont parmi ces millions de Congolais que les évêques du Congo vont puiser leurs 40 000 observateurs et les participants aux marches des laïcs chrétiens de décembre 2017 à février 2018 qui revendiquaient l’ouverture de l’espace politique et l’organisation des élections. « N’eût été l’Eglise, la communauté internationale et la mobilisation du peuple, ce serait Joseph Kabila ou son dauphin Emmanuel Ramazani Shadary qui serait aujourd’hui au pouvoir », assure le vice-président de la Conférence épiscopale.

    L’improbable querelle des résultats

    En 2018, l’Eglise catholique et l’UDPS étaient sans nul doute mieux armés qu’en 2011 pour exposer une défaite de la coalition au pouvoir. Pendant la campagne, l’essentiel des dénonciations de fraudes et d’irrégularités sont le fait des observateurs de l’un ou des témoins de l’autre. Pourtant, sept ans après l’échec d’Etienne Tshisekedi, les deux principaux détracteurs de Joseph Kabila ne sont plus alliés. Et pour cause, pour les évêques du Congo, le vainqueur de la présidentielle ne s’appelle pas Félix Tshisekedi, mais Martin Fayulu, très bref candidat unique, désigné à l’issue de trois jours d’âpres discussions à Genève en novembre 2018 entre les principaux leaders de l’opposition réunis dans une nouvelle coalition Lamuka, parmi lesquels figurent l’ancien vice-président Jean-Pierre Bemba ou l’ex-gouverneur du Katanga, Moise Katumbi.

    Deux rencontres de conciliation ont lieu entre les experts de l’UDPS et ceux de l’Eglise Catholique. Le patron de la centrale électorale de Félix Tshisekedi en fait partie. « Les experts de la Cenco ne nous ont pas partagé leurs résultats et ils n’avaient pas les procès-verbaux », assure Me Jacquemain Shabani. Face au trois millions de voix de l’UDPS, les évêques du Congo disent pourtant disposer de trois niveaux de contrôle des résultats, un échantillon représentatif de près de 11% comme en 2011, mais les tendances sont confirmées cette fois par une compilation citoyenne à hauteur de 42% et de 71% des suffrages. Tous leurs échantillons donnent Martin Fayulu vainqueur et de loin, devant Felix Tshisekedi et Emmanuel Ramazani Shadary. « En 2011 encore, l’écart entre les deux candidats n’était pas énorme, mais ici, nous sommes devant un cas flagrant », assure Monseigneur Fridolin Ambongo.

    Contrairement aux élections de 2011, dans le sillon de l’Eglise catholique et pour quelques jours au moins, les chancelleries occidentales comme africaines se sont mises à publiquement douter des résultats, y compris après l’annonce par la Commission électorale de la victoire de l’opposant Félix Tshisekedi. Mais pour l’entourage du nouveau président congolais, la Conférence épiscopale a depuis été « complètement décrédibilisée pour ses sympathies envers Lamuka ». Pour preuve, après avoir boudé l’investiture du nouveau chef de l’Etat congolais, la plupart de ces pays ont félicité Félix Tshisekedi, n’hésitant pas pour certains comme les Etats-Unis à contredire leur message initial.

    Au sein de la coalition pro-Kabila, on avance une explication plus simple à la désignation d’un opposant plutôt que l’autre. « Martin Fayulu n’avait pas les procès-verbaux, personne chez nous ne souhaitait d’un retour aux affaires de Bemba et de Katumbi, l’affaire était pliée », assure un haut cadre du FCC. Ce dernier vante plutôt les talents de négociateur de Vital Kamerhe, ancien directeur de campagne de Joseph Kabila et de Félix Tshisekedi qui « connaissait le jeu ». Selon cette source bien placée dans la coalition pro-Kabila, c’est Vital Kamerhe qui est venu voir « le chef » avec un argument de poids, les trois millions de voix qui « enterraient Shadary ». Et le désormais nouveau directeur de cabinet à la présidence a su « faire accepter à son candidat les garanties exigées » par le sortant Joseph Kabila.

    Avdc RFI

  • Le Fespaco souffle ses 50 bougies

    Le Fespaco souffle ses 50 bougies

    Mémoire et avenir des cinémas africains, c’est le thème officiel du Fespaco 2019. Parmi les œuvres cinématographiques en compétition, figure le film évènement Rafiki de la Kenyane Wanuri Kahiu, projeté lors du dernier festival de Cannes en France.

    Fatwa  du Tunisien Mahmoud ben Mahmoud, qui a décroché le Tanit d’or au festival de Carthage en octobre 2018, est également annoncé comme un prétendant sérieux à l’Etalon d’Or.

    Ces thèmes s’adaptent aux réalités africaines, estime Demba Sissoko, journaliste culturel et spécialiste du cinéma africain.

    “Globalement, ce sont les thèmes portant sur l’histoire, l’identité, l’émigration qui seront à l’honneur lors de ce FESPACO. Des thématiques variées qui touchent les enjeux sociaux, politiques, culturels et économiques auxquels le continent et les différents pays font face”, explique le journaliste.

    Hommage aux pionniers du cinéma africain

    Les festivaliers pourront aussi assister à la projection de vieux films africains qui ont été restaurés.

    Souleymane Ouédraogo, directeur général de l’Institut de l’image et du son (ISIS).

    “Il y a un programme dédié au cinquantenaire qui est un hommage à rendre aux pionniers du cinéma africain. En cela, la fédération panafricaine des cinéastes s’est associée à la délégation générale du Fespaco au sein d’un comité d’organisation pour proposer une rétrospective de films anciens qui ont été restauré grâce au soutien de la fondation du célèbre réalisateur américain Martin Scorsese aux Etats Unis”, indique M. Ouédraogo,

    Après l’Egypte et le Maghreb en 2015, la Côte d´Ivoire et l’Afrique de l’Ouest en 2017, c’est  le Rwanda qui sera l’invité d’honneur de cette 26e édition du festival panafricain du cinéma et de la télévision de Ouagadougou.

    Avec DW

  • ” Envoyé spécial ” sur le cacao en Côte d’Ivoire : l’émission n’a pas été censurée en Afrique

    ” Envoyé spécial ” sur le cacao en Côte d’Ivoire : l’émission n’a pas été censurée en Afrique

    L’interruption jeudi de la diffusion de l’émission « Envoyé Spécial » sur le travail des enfants dans les plantations de cacao en Côte d’Ivoire a provoqué un tollé. Beaucoup ont crié à la censure mais Premières Lignes, la société de production, a déclaré être responsable de la non-diffusion de cette enquête pour « protéger des sources ».

    Personne n’était au courant. Même pas Élise Lucet, la présentatrice de l’émission, et Paul Moreira l’auteur de l’enquête. Jeudi 10 janvier, la diffusion sur France 2 d’un reportage d’ «Envoyé spécial » sur le travail des enfants dans les plantations de cacao en Côte d’Ivoire a été « brutalement » interrompue dans certains pays africains.

    L’interruption de cette enquête intitulée « Cacao : des enfants pris au piège » a vite été relayée sur les réseaux sociaux et a créé la polémique. Beaucoup ont de suite crié à  la « censure » et pointé du doigt les autorités locales mais aussi Canal + Afrique, propriétaire du bouquet sur lequel est diffusé France 2 en Afrique.


    >>> À LIRE : Prime Group, un mystérieux repreneur potentiel pour Saf Cacao


    Elise Lucet, l’animatrice de l’émission, après avoir longtemps refusé d’ « imaginer qu’il s’agisse d’une censure » a fini par expliquer que « c’est la société de production qui a réalisé l’enquête qui a demandé la non diffusion en Afrique de ce sujet sans en informer  Envoyé Spécial pour protéger localement certains intervenants.»

    « Excès de zèle »

    Même explication du côté de la société de production qui affirme que « pour protéger des sources, un excès de zèle a été commis. Il a été demandé de ne pas diffuser l’enquête en Afrique. Ni Envoyé Spécial ni l’auteur Paul Moreira n’étaient au courant de cette erreur désormais corrigée ».

    Après le tollé suscité sur les réseaux sociaux, Premières Lignes, la société de production, a présenté « ses excuses aux téléspectateurs africains » en assurant que l’enquête sera bien visible en Afrique sur TV5 Monde le 28 janvier lors de la rediffusion prévue d’Envoyé Spécial sur le territoire africain.

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  • Burundi : des ONG ferment leurs portes refusant de franchir ” la ligne rouge ” du fichage ethnique

    Burundi : des ONG ferment leurs portes refusant de franchir ” la ligne rouge ” du fichage ethnique

    L’ONG française Handicap International a annoncé le 7 janvier la fermeture de son programme au Burundi, disant refuser de se conformer au fichage ethnique imposé par la nouvelle loi burundaise. D’autres organisations, toujours en négociations avec les autorités burundaises, pourraient également se retirer du pays.

    Présente depuis 1992 sur le territoire burundais, Handicap International (HI) a annoncé la fin de ses activités dans un communiqué publié le 7 janvier. Les raisons invoquées sont claires : « l’obligation d’établir la composition ethnique de son personnel et de communiquer ces informations aux autorités constitue une ligne rouge » que Handicap International ne souhaite pas franchir.

    Le 27 septembre, le président Pierre Nkurunziza avait annoncé la suspension pour trois mois – à compter d’octobre – de toutes les ONG étrangères (ONGE), qui avaient jusqu’au 31 décembre pour se conformer à la nouvelle loi burundaise, adoptée en janvier 2017, qui inclut notamment un strict contrôle de leurs finances et des frais administratifs. Mais le point le plus clivant se situe dans l’article 18 de ladite loi, qui prévoit que « le recrutement du personnel local doit se faire dans le respect des équilibres ethniques disposés dans la Constitution ».

    Ultimatum

    Les ONG étrangères sont donc poussées par le gouvernement à appliquer le principe des quotas ethniques, à savoir l’emploi de 60% au plus de Hutu et de 40% au plus de Tutsi. Présent dans la Constitution du 18 mars 2005, instaurée au sortir de la guerre civile, ces quotas étaient également appliqués au Parlement, au gouvernement ou encore dans l’administration, et avaient été étendus à d’autres domaines comme la magistrature et les sociétés publiques lors du référendum constitutionnel controversé du 17 mai 2018. Depuis 2015, beaucoup d’observateurs accusent Pierre Nkurunziza d’attiser les tensions ethniques au Burundi, comme avec la réouverture fin novembre du dossier concernant l’assassinat du premier président hutu démocratiquement élu, Melchior Ndadaye.


    >>> À LIRE – Burundi – Pierre Buyoya : « Je suis considéré comme l’ennemi numéro 1 du régime Nkurunziza »


    À partir de l’ultimatum du président en septembre dernier, les ONG devaient fournir au ministère de l’Intérieur, en charge du renouvellement de leur accréditation, une convention de partenariat avec le ministère des Relations extérieures, un protocole d’accord avec le ministère de la Justice, un engagement à respecter les lois bancaires et la loi sur les ONGE et, surtout, un plan d’action pour mettre en place des mesures de recrutement visant à atteindre ces quotas pour leur personnel.

    D’autres ONG avant Handicap International ont refusé de se conformer à ces dispositions. Les Belges d’Avocats Sans Frontières ont annoncé la fermeture de leur bureau dès le 17 décembre, estimant que les prérequis du gouvernement pour aboutir à la levée de la suspension était « contraire au fondement même de notre organisation et à ses valeurs ». RCN Justice & Démocratie, présente depuis dix-huit ans au Burundi et active notamment dans la formation de magistrats, a également annoncé la clôture de son programme à Bujumbura dans une lettre adressée au ministre des Affaires étrangères, le 5 janvier.

    « Nous avons présenté une autre alternative au gouvernement qui consistait à s’ouvrir à tous les groupes sous-représentés, sans mentionner d’ethnies. On nous a répondu qu’il fallait mettre en place un plan d’application de ces quotas, ce qui consistait à demander aux employés leur ethnie. C’est une ligne rouge que nous ne pouvions pas franchir », explique à Jeune Afrique Malik Ayari, qui dirigeait le programme de RCN Justice & Démocratie au Burundi. D’autres organisations pourraient suivre le pas dans les prochains jours.

    « Nous n’avons pas le choix »

    Médecins sans frontières (MSF) compte parmi les ONG en attente du renouvellement de leur autorisation. « MSF n’a pas reçu de confirmation de son réenregistrement au Burundi. Nous continuons toutefois l’offre de soins médicaux gratuits à Bujumbura et poursuivons les discussions avec les autorités afin de garantir la continuation de nos activités médicales dans le pays », a précisé l’ONG sur Twitter.

    Selon une source humanitaire dont l’ONG n’est toujours pas autorisée à poursuivre ses activités au Burundi, « des négociations sont en cours avec les autorités burundaises. » « Une trentaine d’ONG pourraient suivre et fermer définitivement leur bureau. Nous craignons que ça aille jusque-là mais nous n’avons pas le choix », ajoute cette source. Très peu d’ONG contactées par Jeune Afrique ont souhaité s’exprimer sur le sujet.

    De leur côté, les autorités n’ont pas l’intention de négocier et avaient à ce titre précisé que les ONG qui ne se plieraient pas à ces règles seraient « définitivement radiées ». « Le Burundi a besoin des ONG si et seulement si ces dernières s’engagent constamment à respecter la loi. Toutes les ONG sont libres de rester ou partir. D’autres ONG respectueuses de la législation en vigueur vont certainement combler « le vide » que Handicap International laisse », a commenté auprès de Jeune Afrique Jean-Claude Karerwa, le porte-parole de la présidence.

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  • Côte d’Ivoire : un avis de recherche lancé contre Alain Lobognon, un député proche de Guillaume Soro

    Côte d’Ivoire : un avis de recherche lancé contre Alain Lobognon, un député proche de Guillaume Soro

    L’avis de recherche a été émis le 11 janvier dans le cadre d’une enquête pour divulgation de fausses nouvelles. Alain Lobognon a affirmé la veille que Richard Adou, le procureur de la République, avait ordonné l’arrestation de Jacques Ehouo, inculpé par la police économique.

    Alain Lobognon n’a pas tardé à réagir à l’avis de recherche lancé par le procureur de la République le vendredi 11 janvier. Richard Adou a en effet annoncé avoir ouvert une procédure de flagrant délit des faits de divulgation de fausses nouvelles et incitation à la violence. « J’ai donc instruit la section de recherche de la gendarmerie nationale, à l’effet de rechercher et d’appréhender l’intéressé ».

    Le député proche de Guillaume Soro a immédiatement répondu qu’il allait se « présenter devant la brigade de gendarmerie pour prouver que je ne suis nullement responsable des faits qui me sont reprochés. Il s’agit de faire respecter la Constitution ». « Nous sommes tous des prisonniers en sursis. Le procureur de la République vient de me donner raison. J’irai sans contrainte. Les Ivoiriens doivent savoir que la défense des libertés citoyennes est un combat continu que j’ai débuté en 1994. Je n’ai pas peur », a poursuivi l’ancien ministre de la Jeunesse et des Sports.

    Arrestation de Jacques Ehouo

    Le procureur reproche à ce proche du président de l’Assemblée nationale d’avoir annoncé le 9 janvier sur les réseaux sociaux que le parquet avait émis un mandat d’arrêt contre Jacques Ehouo, lui aussi député. « Le procureur a ordonné l’arrestation de notre collègue », avait-il notamment affirmé. Une information immédiatement démentie par Richard Adou.


    >>> À LIRE – Côte d’Ivoire : le vainqueur de l’élection municipale du Plateau, Jacques Ehouo, inculpé


    Convoqué par la police économique, le vainqueur de l’élection municipale du Plateau a finalement été inculpé le 10 janvier dans la soirée, sans mandat de dépôt, pour détournement, blanchiment, faux et usage de faux.

    Bien qu’Alain Lobognon soit protégé par son immunité parlementaire, le procureur estime qu’il peut être appréhendé pour avoir commis un flagrant délit.

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  • Tunisie – Comité Belaïd-Brahmi : ” Nous dévoilerons d’autres éléments si nécessaire “

    Tunisie – Comité Belaïd-Brahmi : ” Nous dévoilerons d’autres éléments si nécessaire “

    Le comité de défense de Chokri Belaïd et Mohamed Brahmi, les deux leaders de la gauche tunisienne assassinés en 2013, a tenu une nouvelle conférence de presse jeudi 10 janvier, accusant le procureur Béchir Akremi d’entrave à la justice. Interview.

    À vouloir faire toute la lumière sur les assassinats politiques, le comité de défense a mis au jour une présumée officine occulte opérant pour le compte du parti Ennahdha et ses collusions avec la justice. Dans une conférence de presse tenue le 10 janvier, les avocats de ce groupe ont présenté les derniers résultats des enquêtes en cours, accusant nommément Béchir Akremi, ancien magistrat instructeur de l’affaire Belaïd et actuel procureur général de la République, d’entrave à la justice. Une offensive inédite. Membre actif du comité et ami de Chokri Belaïd, l’avocat d’affaires Nizar Snoussi revient sur les dernières révélations.


    >>> À LIRE – Tunisie : ces robes noires qui veulent faire la lumière sur les assassinats de Chokri Belaïd et Mohamed Brahmi


    Jeune Afrique : Les dossiers des assassinats de Chokri Belaïd et Mohamed Brahmi sont désormais en lien avec l’affaire de l’appareil sécuritaire secret d’Ennahdha. Quels sont les derniers développements ?

    Nizar Snoussi : Mustapha Kheder, élément central de l’appareil sécuritaire secret d’Ennahdha dont nous avons prouvé les agissements, est désormais poursuivi pour meurtre et pour 22 autres chefs d’inculpation. Le juge d’instruction du bureau 12 enquêtant dans l’affaire Brahmi s’est basé sur les documents qu’il avait mis sous scellés après leur découverte au ministère de l’Intérieur, dans ce qui était désigné comme chambre noire, dont le ministre avait pourtant nié l’existence devant le Parlement.

    Ils lui ont fourni la matière pour établir des liens entre Kheder et l’assassinat de Mohamed Brahmi, mais aussi avec le groupe terroriste Ansar al-Charia et Ennahdha, ainsi que certains éléments de l’Intérieur. Kheder était aussi en rapport avec Ameur El Baalzi, qui a jeté en mer les revolvers utilisés pour les assassinats de Belaïd et Brahmi, et Mohamed Tahar El Ayachi, l’oncle de Boubaker El Hakim, qui a abattu Brahmi. Autant de faits qui ont abouti à son inculpation. Ce juge a aussi constaté d’autres crimes en dehors de l’affaire Brahmi, mais il revient au parquet de poursuivre ou pas.

    Vous dénoncez une manipulation de la justice par le procureur de la République. L’accusation est grave…

    À un moment donné, les choses doivent être dites. Le procureur de la République a contourné la loi, qui prévoit l’ouverture automatique d’une instruction en cas de crime. Il a préféré lancer une enquête préliminaire, qui peut être classée sans suite et qu’il pouvait contrôler à chaque étape, plutôt que de voir une instruction lui échapper, au vu de l’indépendance des magistrats instructeurs. C’est d’ailleurs dans le cadre d’une enquête préliminaire concernant cette organisation secrète que le comité a été entendu par la section de la brigade de la garde nationale en charge du terrorisme.

    Aujourd’hui, le procureur Béchir Akremi instruit des affaires qui le concernent. Il est juge et parti

    Le fait est qu’à chaque fois que nous avons entamé une démarche, le procureur de la République, Béchir Akremi, a tout fait pour la contrecarrer, comme il avait bloqué le dossier de Chokri Belaïd qu’il instruisait en 2013. Il a notamment signifié à la garde nationale qu’il fallait juste nous entendre et que la décision de poursuivre relevait du parquet. Pire, les plaintes que nous avons déposées contre lui ont été incluses dans les dossiers d’instruction en cours, si bien qu’aujourd’hui il instruit, via le parquet qu’il dirige, des affaires qui le concernent. C’est bien le cas de le dire : il est juge et parti. La situation est ubuesque, puisqu’on en arrive à ce que la justice couvre et protège les criminels, malgré toutes les preuves apportées, et qu’il en va de la sécurité du pays.

    Vous créez ainsi un précédent…

    Sans doute, mais dès le départ, le comité a montré sa détermination à aller au bout de ces affaires, et à ce que justice soit faite. Nul ne peut déroger à la loi, et encore moins perpétrer des crimes impunément. C’est aussi une manière de défendre l’indépendance de la justice, essentielle à la confiance des citoyens et à la démocratie.

    Quelle est la prochaine étape ?

    Nous allons nous adresser au Conseil supérieur de la magistrature pour exposer les problèmes que nous avons rencontrés, et nous avons d’autres éléments que nous dévoilerons si nécessaire. Nous comptons également saisir la justice française, non pas pour internationaliser ces affaires, mais parce que certains actes, en lien avec elles et que la loi française sanctionne, ont été commis sur le territoire français et incriminent des binationaux.

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  • [Chronique] Nigeria : haro sur les voleurs de slips destinés à des rituels maléfiques

    [Chronique] Nigeria : haro sur les voleurs de slips destinés à des rituels maléfiques

    Au Nigeria, les voleurs de sous-vêtements seront-ils désormais inculpés pour tentative de meurtre ? Le délit est moins anodin qu’il n’y paraît.

    C’est la police nigériane qui vient de s’emparer publiquement, et sans rire, de cette affaire de recrudescence de vols de slips et de caleçons. Cette poussée d’autorité fait suite à l’arrestation, la semaine dernière, d’un détrousseur à Akure, dans l’État d’Ondo.

    Dans un message Instagram, c’est avec un ton grave qu’une des porte-parole de la police, Dolapo Badmos, a confirmé que l’homme interpellé détenait un sac en nylon rempli de lingerie et de serviettes hygiéniques. Il aurait échappé de peu à un lynchage populaire. Ajoutant encore de la dramaturgie au scénario, la policière a précisé que les voleurs de dessous pourraient dorénavant être accusés de tentative de meurtre et non de vol, dans ce pays qui fait gonfler les statistiques des condamnations à la peine de mort.

    Les brigades du slip en action

    La fascination des déviants pour les sous-vêtements n’est pas un phénomène spécifiquement africain. Les cordes à linge du monde entier sont souvent délestées de leurs habits les plus intimes. Dans la région française de Vendée, un groupe Facebook « Mes sous-vêtements m’appartiennent » avait même été créé. Pourtant, contrairement à ce que promet la police nigériane, les fétichistes américains ou européens sont, en général, condamnés à des peines réservées aux petits délits comme le larcin ou le voyeurisme.

    Certains propriétaires des vêtements intimes seraient effectivement morts prématurément

    Destinés à des rituels maléfiques ?

    Si les « brigades du slip » sortent aujourd’hui de leurs gonds, c’est que les sous-vêtements dérobés ne sont pas simplement utilisés comme ersatz d’étreintes charnelles. Les voleurs pris la main dans le slip avouent généralement avoir utilisé les culottes pour des rituels maléfiques. Or, certains propriétaires des vêtements intimes seraient effectivement morts prématurément.

    Les enjeux apparaissent alors d’une tout autre dimension que celle de l’onanisme honteux. Ils suscitent la constitution de réseaux de cambrioleurs allant d’enfants dépouilleurs de jardins à du personnel de maison spécialisé dans la collecte des linges après rapports sexuels de leurs propriétaires.

    La préméditation d’assassinat n’est-elle pas avérée, pour peu que le manipulateur croit à la force de la magie noire ?

    Les plus cartésiens ergoteront qu’il est surréaliste de provoquer le décès d’un individu par la simple manipulation à distance de son caleçon et qu’il est donc insensé d’inculper un voleur de slip pour meurtre. Mais la préméditation d’assassinat, elle, n’est-elle pas avérée, pour peu que le manipulateur croit à la force de la magie noire ? « C’est l’intention qui compte », déclarait, il y a peu, les gens déçus par leurs cadeaux de Noël. De toute façon, la promesse de Dolapo Badmos sur les réseaux sociaux ne cadre, pour l’instant, avec aucune procédure conforme à la Constitution nigériane.

    Aux États-Unis, fin 2013, le dénommé Denver Lee St Clair avait bel et bien été assassiné par son beau-fils Brad Lee Davis qui l’avait asphyxié avec l’élastique d’un slip. Dans le doute, boycottons les sous-vêtements…

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  • Terrorisme en Tunisie : quand les autorités surveillent les comptes des associations islamistes

    Terrorisme en Tunisie : quand les autorités surveillent les comptes des associations islamistes

    Pour lever tout soupçon de financement du terrorisme, les activités des associations humanitaires islamistes – Secours islamique, Tunisia Charity… – sont passées au crible par les organismes de contrôle financier tunisiens.

    En fin d’année, à Doha, une affiche de Qatar Charity appelait aux dons pour les Tunisiens qui « souffrent de la misère et du froid ». Cette opération de l’association caritative que préside le cheikh Hamad ben Nasser Al-Thani a suscité l’indignation générale en Tunisie. L’ONG n’en est pas moins active dans le pays depuis 2012 à travers sa filiale Tunisia Charity, qu’a conduite jusqu’en 2014 Abdelmonaim Daïmi – le frère d’Imed Daïmi, député et ancien Secrétaire général du parti du Congrès pour la République.


    >>> À LIRE – Financement du terrorisme : pourquoi la Tunisie a été « blacklistée » par le Parlement européen


    Elle a été souvent, comme d’autres associations humanitaires islamistes, pointée du doigt pour avoir reçu des financements de l’étranger et l’opacité de son fonctionnement. Un point sensible, d’autant que la Tunisie a été placée, fin 2017 par le Groupe d’action financière (GAFI), sur une liste noire des pays soupçonnés de blanchiment d’argent et de financement du terrorisme, sommée de revoir les dispositifs de contrôle en la matière.

    Les activités suspectes du Secours islamique

    Depuis, la vigilance des autorités est de mise, avec une coopération transversale plus soutenue entre les banques, la Banque Centrale de Tunisie (BCT), les ministères des Finances, de la Justice et de l’Intérieur, que gère le Comité tunisien des analyses financières (Ctaf) sous tutelle de la BCT. L’objectif est d’imposer le respect de la loi 88-2011 sur les associations et ses corollaires de 2013, mais surtout d’établir un maximum de transparence dans leurs transactions financières. Une mission pour le moins compliquée pour contrôler près de 30 000 associations – soit trois fois plus qu’en 2011 – et qui ne déclarent leurs comptes que pour 25 % d’entre elles.

    Tunisia Charity est citée dans diverses enquêtes, qui s’interrogent notamment sur la composition de ses membres. Outre Qatar Charity y figurent ainsi Human Appeal, association qui soutient les démunis en Syrie, au Soudan, en Palestine, au Pakistan et au Yémen, ainsi que le Secours Islamique, classé comme organisation terroriste par différents pays et présent en Syrie, en Égypte, en Irak et au Niger.

    Les dépenses portent sur de l’hébergement hôtelier, du transport terrestre et aérien, des locations de voiture, du ravitaillement en essence et de la nourriture

    Un tour de table qui intrigue, d’autant que dans la plupart des cas, les bénéficiaires des dons ne sont pas identifiés et qu’Abdelmonaim Daïmi est depuis 2014 directeur de la filiale tunisienne du Secours islamique, dont le siège se trouve à Zarzis (Sud). Depuis 2015, cette association aux allures de multinationale a notamment intégré à son bureau tunisien plusieurs membres de nationalité étrangère et actifs dans des zones de conflit.

    Les mouvements financiers du Secours islamique en Tunisie interpellent les contrôleurs. Des documents bancaires qui ont fuité montrent ainsi que des dépenses portent essentiellement sur de l’hébergement hôtelier, du transport terrestre et aérien, des locations de voiture, du ravitaillement en essence et de la nourriture. Le tout effectué depuis le sud tunisien, zone frontalière avec la Libye. Suffisant pour attirer l’attention des enquêteurs, qui soupçonnent l’envoi de jihadistes sur le front syrien depuis la Tunisie, via la Libye. C’est l’objet d’un dossier qui a été remis à la justice pour instruction, mais que semble ignorer la commission d’enquête parlementaire sur les réseaux d’acheminement des jeunes vers les zones de guerre.

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  • Stades, ambiance, climat… à quoi faut-il s’attendre pour la CAN 2019 en Égypte ?

    Stades, ambiance, climat… à quoi faut-il s’attendre pour la CAN 2019 en Égypte ?

    L’Égypte a été choisie mardi 8 janvier pour organiser la prochaine Coupe d’Afrique des nations, qui se déroulera du 15 juin au 13 juillet 2019. À quels infrastructures ou climat s’attendre, dans ce pays d’Afrique du Nord qui a déjà accueilli à cinq reprises la compétition ?

    La Confédération africaine de football (CAF) avait le choix entre le nord du continent, symbolisé par la candidature égyptienne, et son extrémité, portée par le recours sud-africain, déjà actionné en 2013, quand la Libye avait d’autres priorités que d’organiser la CAN.


    >>> À LIRE – CAN 2019 : l’Afrique du Sud et l’Égypte ont-elles les capacités d’organiser la compétition ?


    Le curseur s’est finalement déplacé vers l’Égypte, qui accueillera pour la cinquième fois – après 1959, 1974, 1986 et 2006 – le tournoi le plus couru d’Afrique. L’histoire rappelle qu’à l’exception de 1974, les Pharaons ont toujours fait la loi chez eux, et il n’y a aujourd’hui plus de raison de ne pas faire d’eux l’un des favoris de la prochaine édition, surtout avec un certain Mohamed Salah comme chef de file.

    Infrastructures et sécurité : « pas de soucis »

    L’Égypte a reçu l’élite du football africain quand la CAN se disputait à trois (1959), à huit (1974 et 1986) et à seize (2006). Le pays aura donc le privilège d’organiser la première phase finale à 24, dans quatre ou cinq villes, puisque les sites du Caire, d’Alexandrie, de Port-Saïd, de Suez et d’Ismaïlia sont évoqués. Au niveau de ses infrastructures, le pays dispose des stades nécessaires : certaines enceintes, dont celle de Borg Al Arab, près d’Alexandrie, sont très récentes et donc fonctionnelles.

    « Il y aurait même de quoi tout faire au Caire, où le Stade international finit d’être rénové », résume Patrice Carteron, qui connaît bien la mégapole cairote, pour y avoir entraîné le Wadi Degla SC (janvier-novembre 2016) et Al-Ahly (mai-décembre 2018). « Les équipes qui vont participer à la CAN n’ont pas de soucis à se faire quant à la qualité des infrastructures sportives : il y a des stades modernes, les pelouses sont en général de qualité et il y a assez de complexes sportifs, dont certains appartiennent à l’armée, avec de bons terrains pour s’entraîner », poursuit le technicien français.

    Tout s’était bien passé : au niveau de l’hébergement, de la qualité des structures d’entraînement, des stades, des déplacements et de la sécurité

    La dernière fois que le pays avait organisé la Coupe d’Afrique des nations ne remonte jamais qu’à 2006, dans six stades : deux au Caire, deux à Alexandrie, un à Port-Saïd et un à Ismaïlia. L’ancien gardien de la Côte d’Ivoire, Gérard Gnanhouan, en conserve un bon souvenir : « On avait joué tous nos matches au Caire, hormis la demi-finale à Alexandrie face au Nigeria (1-0). Tout s’était bien passé : au niveau de l’hébergement, de la qualité des structures d’entraînement, des stades, des déplacements au Caire et à Alexandrie et de la sécurité. À l’époque, la situation était nettement moins tendue qu’aujourd’hui, mais je me souviens que les autorités avaient mis beaucoup de moyens pour que la sécurité soit maximale. Hormis le jour de la finale, où nous avions mis plus d’une heure pour aller de notre hôtel au Stade international, tout s’était bien déroulé. »

    « Les Égyptiens ont faim de football »

    Des arguments repris par Ali Boumnijel, le gardien des Aigles de Carthage tunisiens, champions d’Afrique deux ans plus tôt. « Notre groupe jouait ses rencontres à Alexandrie et Port-Saïd, dans des contextes différents du Caire, où tout est surdimensionné. L’organisation était bonne. On sentait que ce pays a l’habitude d’accueillir des événements d’importance. Au niveau de l’ambiance, c’était assez sympa. Bon, étant donné qu’il existe un petit antagonisme entre l’Égypte et la Tunisie, les supporteurs locaux avaient une certaine tendance à encourager nos adversaires, mais il n’y avait pas de grosse hostilité. À aucun moment, je ne me suis senti en danger », explique-t-il.


    >>> À LIRE – Joueur africain de l’année : Mohamed Salah élu pour la 2e année consécutive


    En 2006, la CAN s’était disputée devant des tribunes parfois bien garnies, parfois clairsemées (715 000 spectateurs, soit 22 300 en moyenne). « L’Égypte est un grand pays de foot. Les amateurs de ce sport ont dû se contenter pendant des années des matchs de la sélection et des compétitions continentales pour aller au stade, car le championnat se déroulait encore il y a peu à huis clos. Désormais, les spectateurs sont autorisés à venir, en nombre restreint. Au niveau de la sécurité dans les stades, il y a beaucoup moins de problèmes qu’avant. Je pense que les Égyptiens ont faim de football de haut niveau, et que les stades seront bien remplis. Mais comme pour chaque CAN, le succès dépendra avant tout des résultats de la sélection locale », pronostique Patrice Carteron.

    « Jusqu’à 35 ou 40 degrés en journée »

    Le seul élément que ni la CAF ni les autorités égyptiennes ne pourront gérer est le climat. En juin et juillet, le mercure peut grimper très haut. « On peut aller jusqu’à 35 ou 40 degrés en journée », admet Carteron. La CAF a assuré que les matchs auront lieu en soirée, quand la température est plus favorable à la pratique du football.

    « Je me souviens d’un match que nous avions disputé en juin avec la Tunisie. C’était en journée et c’était presque intenable. J’espère pour les joueurs que les rencontres auront effectivement lieu en soirée », commente Ali Boumnijel. Djamel Belmadi, le sélectionneur de l’Algérie, avait déclaré fin décembre que pour des raisons climatiques, il préférait en cette saison une CAN en Afrique du Sud. Une prochaine fois peut-être…

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  • Assassinat d’Aïssatou Boiro en Guinée : le verdict marquera-t-il l’épilogue de l’affaire ?

    Assassinat d’Aïssatou Boiro en Guinée : le verdict marquera-t-il l’épilogue de l’affaire ?

    Le verdict dans le procès des assassins présumés de la directrice du Trésor public, Aïssatou Boiro, et de l’informaticien Paul Temple Cole, tués par balles en novembre 2012, sera connu le 4 février.

    Il était au premier rang à presque chacune des audiences qui se sont tenues depuis novembre 2017 dans la salle exiguë du tribunal de première instance de Dixinnn. Ibrahima Boiro, ancien ministre de l’Environnement, veut connaître la vérité sur la mort de sa femme, le 9 novembre 2012. Ce jour-là, Aïssatou Boiro, directrice du Trésor public, et l’informaticien Paul Temple Cole, ont été tués par balles aux environs de 21h, dans le quartier de Kipé, dans le nord-est de Conakry. Parmi leurs agresseurs, l’un portait un uniforme de l’armée.

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