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  • Midterms 2018 : avant le vote aux Etats-Unis, les réseaux sociaux se disent « prêts » à contrer la désinformation

    Branle-bas de combat : à quelques heures de l’ouverture des bureaux de vote aux Etats-Unis, pour les élections de mi-mandat, les principaux réseaux sociaux ont tenu à montrer qu’ils étaient bien mieux préparés à lutter contre les tentatives de désinformation qu’ils ne l’étaient en 2016, lors de l’élection présidentielle. Contexte :   Comment les plates-formes du Web s’organisent pour éviter un « hack » des élections A la veille du vote, Facebook a ainsi annoncé la fermeture de 30 comptes Facebook et de 85 comptes Instagram, soupçonnés par les autorités américaines de faire partie d’une « campagne d’influence étrangère ». Twitter, de son côté, a affirmé au New York Times être « plus préparé que jamais » à lutter contre la désinformation ; et a annoncé, la semaine avant le vote, avoir procédé à la suppression de milliers de comptes suspects. Des rumeurs et des « infox » liées à l’élection Dans le détail, ces annonces de dernière minute ressemblent davantage à une opération de communication qu’à une intervention décisive. Les pages fermées par Facebook étaient majoritairement en français et en russe, selon le communiqué de l’entreprise : or, logiquement, l’écrasante majorité des contenus cherchant à influer sur l’élection américaine devraient être écrits en anglais. Les comptes Instagram fermés parlaient pour certains de politique, mais, pour d’autres, étaient consacrés à la vie de célébrités. Quant à la « préparation » de Twitter, elle n’a pas empêché, ces derniers jours, de très nombreux messages diffusant de fausses informations de circuler sur le réseau. La presse américaine et de nombreux internautes se sont ainsi fait l’écho de messages, semblant émaner de comptes soutenant les démocrates, qui indiquaient une fausse date pour le vote. Twitter s’est cependant montré plus réactif qu’il y a deux ans, mais avec plus ou moins de subtilité. Le réseau social a ainsi supprimé par exemple un message de la personnalité de la droite de la droite Ann Coulter, qui conseillait aux républicains de voter le 6 novembre, jour de l’élection, et aux démocrates de voter le 7. « Même Twitter se rend compte que les gauchistes sont des idiots qui peuvent se laisser avoir par une blague », a-t-elle ironisé. Des candidats musulmans ou d’origine étrangère ont été l’objet de campagnes de dénigrement Dans les semaines précédant le vote, plusieurs rumeurs ont largement circulé sur les réseaux sociaux, dont certaines étaient clairement reliées à la droite de la droite américaine. Certains candidats musulmans ou d’origine étrangère ont été l’objet de campagnes de dénigrement ciblées. Plus généralement, des théories du complot, parfois alimentées ou propagées par Donald Trump lui-même, tentent de convaincre les Américains qu’une fraude électorale massive se prépare, ce qu’aucun élément concret ne vient attester. D’autres rumeurs évoquent des piratages ou des manipulations des machines à voter. Une partie importante de ces messages reprend les tactiques vues à l’œuvre lors de l’élection présidentielle américaine de 2016. Plus que de chercher à convaincre les indécis, les campagnes de désinformation de l’époque avaient surtout incité certaines parties de l’électorat à s’abstenir. Les Africains-Américains, qui votent démocrate à une écrasante majorité, avaient ainsi été spécifiquement visés par d’importantes campagnes en ligne tentant de les convaincre qu’il était préférable de ne pas voter plutôt que de voter pour Hillary Clinton. Lors des élections de mi-mandat de 2018, des procédés similaires ont eu lieu : un photomontage largement diffusé tentait de faire croire que la police aux frontières américaine contrôlait les personnes se présentant aux bureaux de vote. Une manière à la fois de décourager les immigrés de se rendre aux urnes, et de laisser supposer qu’il y avait un risque réel de fraude électorale. Nouvelles techniques de désinformation L’ampleur précise et, surtout, l’impact de ces messages restent toutefois difficiles à déterminer. Google, dont la plateforme YouTube a été largement utilisée ces dernières années pour diffuser des théories du complot, a affirmé la semaine dernière avoir détecté un volume « étonnamment faible » de tentatives coordonnées de désinformation sur les campagnes électorales. Depuis 2016, les grands réseaux sociaux ont pris de nombreuses mesures pour tenter de limiter la désinformation sur leurs plateformes : renforcement des outils de modération, règles plus contraignantes sur la publicité politique, suppression de millions de comptes identifiés comme suspects… Les premières études sur ces mesures tendent à montrer que leur impact a été réel. Mais les créateurs et diffuseurs de ces messages se sont aussi adaptés, recourant à des techniques plus subtiles pour faire passer leurs messages. Plusieurs études récentes notent également que les messages visant clairement à désinformer le public passent de plus en plus par des groupes fermés ou semi-ouverts, comme les groupes Facebook ou WhatsApp, ce qui rend leur détection et leur suivi plus difficile. C’est notamment un problème auquel ont été confrontées les autorités brésiliennes lors de la récente campagne pour l’élection présidentielle. Lire :   « Infox » au Brésil : comment les fausses informations ont inondé WhatsApp Notre sélection d’articles sur les midterms 2018 Retrouvez les contenus de référence du Monde sur les midterms 2018. Enjeux, majorités, scrutins… : tout savoir sur les élections de mi-mandat.Trump, Cour suprême, santé : ce qui motive les électeurs américains.La campagne des démocrates : le parti tente de mobiliser les électeurs en se concentrant sur des sujets de la vie quotidienne, comme l’assurance-santé.L’héritage Obama en question : « Personne chez les démocrates ne veut admettre qu’Obama n’a pas forcément été un bon président ».Trump électrise les électeurs républicains : Le président multiplie les déplacements pour présidentialiser les élections du 6 novembre.« Gerrymandering » : le « charcutage électoral », pèse sur l’élection américaine.Elections de mi-mandat : un nombre record de candidates.Midterms : les candidatures LGBT + en réponse aux attaques de l’administration Trump.Les nouveaux visages : Deb Haaland, Martha McSally, Amy McGrath, Beto O’Rourke, et Alexandria Ocasio-Cortez.Le vote des latinos : à Las Vegas, les syndicalistes de l’hôtellerie s’efforcent de mobiliser les Hispaniques contre la politique migratoire de Donald Trump.Noirs, Amérindiens, Latino-Américains : des citoyens privés de droit de vote aux Etats-Unis.Marijuana, droit de vote, santé, avortement : les Américains appelés aux urnes pour 155 référendums.Vidéo : qui va l’emporter aux élections américaines ?
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  • Midterms 2018 : les Américains aux urnes pour un scrutin à l’issue incertaine

    Les Américains sont appelés aux urnes, mardi 6 novembre, pour désigner leurs représentants au Congrès. Deux ans après la présidentielle de 2016 qui avait propulsé Donald Trump à la Maison Blanche, le scrutin va prendre des allures de référendum pour ou contre le président américain, dans un pays profondément divisé. En jeu : les 435 sièges de la Chambre des représentants, 35 au Sénat, ainsi que les postes de gouverneurs dans une trentaine d’Etats, de la Floride à l’Alaska. Les premiers bureaux de vote viennent d’ouvrir. Ils fermeront entre 18 et 21 heures (Etat de New York, Iowa, Dakota du Nord). Signe du grand intérêt suscité par ces élections : déjà plus de 36 millions de bulletins avaient été déposés le 5 novembre dans les Etats permettant le vote anticipé ou par procuration. Ce chiffre est nettement supérieur aux quelque 22 millions enregistrés avant le jour du vote lors d’un rendez-vous comparable en 2014. Midterms 2018 :   place des femmes, violence, immigration… les moments forts de la campagne Incertitude réelle L’impact de ces scrutins pourrait être monumental : en plus de cent cinquante ans, le parti du président n’a que très rarement échappé à un vote sanction, et les républicains redoutent de perdre le contrôle du Congrès. Mais l’incertitude est réelle et les enquêtes sont trop serrées dans une vingtaine de circonscriptions pour pouvoir dire avec certitude qui, des républicains ou des démocrates, sera le vainqueur. Les sondeurs, échaudés par la « surprise » Trump en 2016 se gardent bien d’être trop définitifs dans leurs analyses. Le dernier billet de Nate Silver, le patron du site FiveThirtyEight, résume bien cette extrême prudence : « Les démocrates ne sont pas certains de prendre la Chambre, mais ils sont assez clairement les favoris. » Pour reprendre le contrôle de la Chambre des représentants, les démocrates doivent gagner 23 sièges supplémentaires et la victoire est à leur portée même si une trentaine de scrutins sont très serrés, selon les sondeurs ;Les républicains devraient, en revanche, conserver le contrôle du Sénat : ils y disposent d’une courte majorité (51-49), mais la carte électorale de la Chambre haute est beaucoup plus défavorable aux démocrates car ils doivent défendre 26 sièges – et six d’entre eux sont menacés – contre seulement neuf pour les républicains. Comprendre :   Comment le « gerrymandering », ou « charcutage électoral », pèse sur l’élection américaine Les électeurs républicains mobilisés La bonne santé de l’économie américaine, qui connaît une situation de plein emploi et une croissance qui pourrait dépasser 3 % cette année, n’a pas été jugée comme un thème suffisamment fédérateur pour endiguer ce qui, un temps, a pu apparaître comme une vague bleue démocrate qui pourrait emporter la Chambre des représentants. Donald Trump a fait campagne jusqu’au bout, enchaînant les rassemblements « Make America Great Again », délivrant un message anxiogène sur l’immigration et en critiquant les élites représentées par une presse qu’il qualifie de mensongère et partisane. En outre, la confirmation à la Cour suprême du juge conservateur Brett Kavanaugh, accusé d’abus sexuels lorsqu’il était lycéen, a provoqué un réveil de l’électorat évangélique, attaché aux questions liées à la famille et à la religion. Les démocrates en manque de leadeurs Les démocrates ont fait campagne sur la défense du système de santé. Mais ils parient aussi sur le rejet de Donald Trump, qu’ils sont nombreux à qualifier ouvertement de menteur et de catalyseur des violences racistes et antisémites récentes. Faute de figure démocrate emblématique, l’ancien président Barack Obama est sorti de la réserve qu’il observait depuis son départ de la Maison Blanche et est venu faire campagne pour son parti, appelant avant tout les Américains à voter pour ce qu’il a qualifié d’élections les plus importantes de leur vie. Inquiétudes sur la manipulation du scrutin A la veille du scrutin, les agences de renseignement ont mis en garde les Américains contre les acteurs étrangers, « la Russie en particulier », qui continuent d’essayer d’influencer l’opinion publique. Et Facebook a annoncé avoir bloqué environ 30 comptes, ainsi que 85 comptes sur le réseau de partage de photos Instagram qu’il détient, qui pourraient être liés à des entités étrangères et servir à des ingérences dans les élections américaines. Notre sélection d’articles sur les midterms 2018 Retrouvez les contenus de référence du Monde sur les midterms 2018. Enjeux, majorités, scrutins… : tout savoir sur les élections de mi-mandat.Trump, Cour suprême, santé : ce qui motive les électeurs américains.La campagne des démocrates : le parti tente de mobiliser les électeurs en se concentrant sur des sujets de la vie quotidienne, comme l’assurance-santé.L’héritage Obama en question : « Personne chez les démocrates ne veut admettre qu’Obama n’a pas forcément été un bon président ».Trump électrise les électeurs républicains : Le président multiplie les déplacements pour présidentialiser les élections du 6 novembre.« Gerrymandering » : le « charcutage électoral », pèse sur l’élection américaine.Elections de mi-mandat : un nombre record de candidates.Midterms : les candidatures LGBT + en réponse aux attaques de l’administration Trump.Les nouveaux visages : Deb Haaland, Martha McSally, Amy McGrath, Beto O’Rourke, et Alexandria Ocasio-Cortez.Le vote des latinos : à Las Vegas, les syndicalistes de l’hôtellerie s’efforcent de mobiliser les Hispaniques contre la politique migratoire de Donald Trump.Noirs, Amérindiens, Latino-Américains : des citoyens privés de droit de vote aux Etats-Unis.Marijuana, droit de vote, santé, avortement : les Américains appelés aux urnes pour 155 référendums.Vidéo : qui va l’emporter aux élections américaines ?
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  • Ligue 1 : Guingamp limoge son entraîneur Antoine Kombouaré

    Antoine Kombouaré, qui était l’entraîneur du club de football En Avant Guingamp depuis le printemps 2016, a été remercié mardi 6 novembre. Son contrat avait été prolongé en août, jusqu’en 2020. Il paie le début de saison calamiteux de l’équipe (une petite victoire en douze rencontres), classée à la dernière place du championnat de France, la Ligue 1. Après une nouvelle défaite, contre Nantes (0-5) le week-end dernier, Antoine Kombouaré avait parlé d’un « coup d’arrêt », mais avait assuré : « on est prêts, ne vous inquiétez pas, on est prêts à se battre jusqu’au bout et à faire que samedi prochain il y ait un tout autre résultat contre Lyon. » « On n’a pas l’habitude de tourner le dos aux personnes quand on est dans la difficulté, avait, pour sa part, assuré le président du club, Bertrand Desplat sur beIN Sports. Au contraire, je suis plutôt quelqu’un qui apporte beaucoup de confiance et beaucoup de soutien aux personnes qui en ont besoin ». Quatre entraîneurs de Ligue 1 déjà remerciés Ce « soutien » aura été de courte durée. Pour affronter Lyon, samedi 10 novembre, les commandes de l’équipe seront confiées à Sylvain Didot, entraîneur de l’équipe réserve, et Vincent Rautureau, directeur du centre de formation. La direction du club a annoncé qu’elle leur confiait la direction de l’équipe première. Il faut remonter à 2007 pour trouver trace d’un entraîneur remercié en cours de saison à Guingamp. Depuis le début de la saison 2018-2019, quatre clubs de Ligue 1 ont déjà remercié leurs entraîneurs : Bordeaux (Gustavo Poyet remplacé par Ricardo), Nantes (Miguel Cardoso remplacé par Vahid Halilhodzic), Monaco (Leonardo Jardim remplacé par Thierry Henry) et donc Guingamp. Ces changements ont été bénéfgiques pour certains de ces clubs : Nantes, notamment, qui était englué à la 19e place du classement, est remonté à la dixième. Lire aussi :   Ligue 1 : la métamorphose de Nantes, « japonisée » par Vahid Halilhodzic A Monaco, en revanche, l’arrivée de Thierry Henry n’a pas encore produit d’effets. L’équipe monégasque est 19e de la Ligue 1, et affiche une seule victoire depuis le début de saison, toutes compétitions confondues. Lire aussi :   Ligue 1 : Monaco en grand danger, Lyon et Bordeaux un peu perdus
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  • Après les « Football Leaks », le fair-play financier en question

    Analyse. « Il faut sauver le football. » C’est en ces termes alarmistes que Michel Platini justifiait, en janvier 2012, dans un entretien au Monde, la mise en place du fair-play financier, la réforme phare de son mandat à la tête de l’Union des associations européennes de football (UEFA). En apparence, le principe de ce mécanisme régulateur était simple : empêcher les clubs du Vieux Continent de dépenser plus qu’ils ne gagnent, sous peine de sanctions. A l’époque, le président de l’UEFA soulignait les dettes (8,4 milliards d’euros) et déficits abyssaux (1,6 milliard de pertes) cumulés par les équipes européennes pour convaincre du bien-fondé de sa démarche. « Je ne peux pas laisser le foot européen courir à la faillite. Nous serons l’agence de notation des clubs, expliquait alors l’ex-numéro 10 des Bleus. Le but est de les aider, pas de les enfoncer. » Sur le plan financier, l’objectif de l’UEFA a été globalement atteint (600 millions d’euros de bénéfices enregistrés par les clubs en 2017), grâce à l’obligation faite aux équipes de ne pas franchir la barre des 30 millions d’euros de déficit sur trois ans. Une trentaine de formations ont d’ailleurs été sanctionnées depuis 2012. Mais le fair-play financier n’a ni permis d’éviter la concentration des richesses ni contribué à réduire les écarts de revenus entre les équipes. Pas plus qu’il n’a servi à enrayer la spirale inflationniste sur le marché des transferts, comme en atteste le recrutement record (222 millions d’euros) du Brésilien Neymar par le Paris-Saint-Germain, en août 2017. Et il est aujourd’hui remis en question par les « Football Leaks », cette série d’enquêtes réalisées à partir de « plus de 70 millions de documents » par le consortium European Investigative Collaborations (ECI), dont fait partie Mediapart. Accord à l’amiable Le 2 novembre, le site d’investigation a révélé que le Qatar, propriétaire…
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  • Au PSG, la défense appelle Mbappé et Neymar à la barre

    Sur le terrain, aussi, le Paris-Saint-Germain doit se défendre. Fragilisé par les dernières révélations des « Football Leaks » dans Mediapart au sujet du fair-play financier, le club devait déjà jouer sa survie en Ligue des champions, mardi 6 novembre à Naples, lors de la 4e journée. Le tyran domestique de la Ligue 1 vit un début de campagne européenne poussif avec une défaite à Liverpool (3-2, le 18 septembre) et un nul heureux contre Naples au Parc des Princes (2-2, le 24 octobre). Ces matchs ont mis en évidence certains défauts. A commencer par des lacunes dans le travail défensif : la non-implication de Kylian Mbappé et Neymar a tout particulièrement été pointée du doigt. Quand, à l’été 2017, les dirigeants parisiens font sauter la banque – et le fair-play financier avec – pour s’attacher les services des deux attaquants, ils savent que les deux recrues n’ont pas une folle passion pour les travaux de l’ombre. En championnat de France, le duo n’a pas besoin de pousser le zèle très loin. Mais la double confrontation face à Liverpool et Naples est venue rappeler que défendre à neuf n’est pas l’idée du siècle en Ligue des champions. « Contre Liverpool, Neymar et Mbappé sont restés à attendre le ballon devant, à jouer “la carotte”. Quand Mbappé perd le ballon devant sa surface sur le troisième but sans se replacer, vous avez de quoi vous énerver si vous êtes son coéquipier », avance Eric Rabésandratana, ancien défenseur du PSG entre 1997 et 2001. Le consultant pour France Bleu Paris n’est pas le seul à pointer cette faiblesse. Légende du Liverpool des années 1980-1990, John Barnes a taillé un costume sur mesure aux duettistes parisiens pour le site Talksport : « J’ai été déçu par Neymar et Mbappé. J’ai trouvé qu’ils étaient fainéants, qu’ils n’aidaient pas du tout leur équipe. » Simple perfidie anglaise ? Pas seulement. Même les coéquipiers des deux artistes commencent à envoyer des messages plus si subliminaux. A l’image d’un Marco Verratti, le souffle encore court après le match aller contre Naples à trop avoir tenté de colmater les brèches laissées par ses camarades. « Quand on parle de défendre, cela concerne les onze joueurs qu’il y a sur le terrain », pointait l’Italien. Un travail de replacement A force, la question mérite d’être posée : Neymar et Mbappé seraient-ils exemptés des basses besognes ? Quand il entraînait encore le PSG, Unai Emery l’avait laissé entendre au sujet du Brésilien. Après tout, ceux dont le talent permet de gagner des rencontres disposent souvent d’un statut particulier dans une équipe. A Barcelone, Lionel Messi a toujours couru et défendu avec parcimonie. Lors d’une rencontre de Ligue des champions en 2014, l’Argentin avait ainsi parcouru 6,8 km en quatre-vingt-treize minutes. Seul José Manuel Pinto faisait moins bien avec 5,3 km, mais avec la bonne excuse de son poste de gardien. Ancien lieutenant de Messi, Neymar rechignait (un peu) moins à la tâche en Espagne. A Paris, son statut protégé l’inciterait plutôt à modérer ses efforts. Le cas Mbappé est différent. Avec cette franchise désarmante proche de l’effronterie, le Français avouait dans un entretien à L’Equipe le 15 juin « partir de loin » au niveau défensif. « Dans les équipes de jeunes, on a toujours fait les tâches défensives pour moi. J’étais la “star numéro 1” . On disait aux autres joueurs : “Tu reviens pour Kylian”, “tu la donnes à Kylian”. Mais quand tu arrives au PSG, il y a une star, déjà. Et, maintenant, c’est à moi de me fondre dans le collectif pour le servir. » Depuis, le prodige de Bondy est devenu champion du monde et un prétendant au Ballon d’or. De là à penser qu’il s’inspire de la pâle copie défensive de son voisin brésilien… « Vous pouvez dispenser deux joueurs du travail défensif, mais il faut que les autres l’acceptent et se battent comme des chiens pour compenser dans ce cas. Ce qui me paraît compliqué avec des garçons comme Rabiot et Di Maria, qui ne sont pas non plus des gros travailleurs », estime Rabésandratana, pour qui il s’agit d’abord de savoir ce qu’on demande aux deux attaquants. Lire aussi :   La nouvelle stature de Kylian Mbappé « Pas ce goût naturel pour défendre » « A la différence d’un Cavani, Mbappé et Neymar n’ont pas ce goût naturel pour défendre, poursuit l’ancien joueur. C’est compliqué de changer profondément de nature, mais sur un match c’est possible. Ce qu’on leur demande, c’est d’abord le travail de replacement. A la perte du ballon, ils doivent se retrouver face au ballon, et l’adversaire, être dans leur zone. » Comme cela a été le cas contre Lille, vendredi en championnat (victoire 2-1). Si Kylian Mbappé et Neymar ont peu défendu tant le PSG a confisqué le ballon, ils ont participé à l’effort collectif et à ce pressing haut pour étouffer l’adversaire dès la perte du ballon. « On a fermé les espaces. On a contrôlé complètement les contre-attaques », a apprécié leur entraîneur, Thomas Tuchel. Le « on » de l’Allemand impliquait ses deux créateurs appelés à enfiler le bleu de chauffe dans le vétuste mais bouillant stade San Paolo. En cas de défaite, le dossier parisien risque de devenir indéfendable pour espérer entrevoir les huitièmes de finale. Lire aussi :   Ligue des champions : au PSG, le discours change, les ambitions restent
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  • « Football Leaks » : le salut est dans la fuite

    Chronique. Désolé pour messieurs Terry et Bostock, mais ce John-là est sans doute le plus utile de l’histoire du football. « John », un pseudo, est l’homme qui se cache derrière les « Football Leaks », ces dizaines de millions de documents qui donnent lieu à une série de révélations sur les pratiques du football professionnel depuis trois ans. Hormis le journaliste du Spiegel qui est en contact avec lui, personne ne sait comment John et ses amis ont obtenu ces teraoctets d’e-mails et contrats. On a bien une idée, et d’autres y ont pensé avant nous pour tenter de discréditer John, dont on sait uniquement qu’il est portugais, polyglotte et vit caché : mais non, assure-t-il, « nous n’avons jamais piraté personne, nous ne sommes pas des hackeurs. Nous avons seulement un bon réseau de sources. » Une explication assez peu crédible compte tenu de la quantité et de la sensibilité des documents publiés, et du fait que l’UEFA et la FIFA se sont plaints récemment d’avoir été la cible de tentatives de piratage informatique. Mais peu importe, au fond, d’où viennent les fuites, parce qu’elles sont salvatrices. Elles constituent un mince espoir de mettre au pas un système qui opère dans une opacité et une tranquillité absolues, malgré la place considérable qu’il prend dans l’espace public. « Il est temps, enfin, de nettoyer le football, dit à l’EIC, ici sur Mediapart, celui qui se considère comme un lanceur d’alerte. Les fans doivent comprendre qu’à chaque fois qu’ils achètent un billet, un maillot ou un abonnement à une chaîne de télévision, ils alimentent un système extrêmement corrompu qui n’agit que pour lui-même. » « TPO » et « AUT » Sur son petit site personnel, « John » a d’abord publié des contrats de joueurs et accords de transferts, qui révélaient les commissions plantureuses prélevées par des agents et les ravages de la TPO (Third Party Ownership). Puis il a fourni ses données à l’European Investigative Collaborations (EIC), qui en a extrait une série de révélations portant notamment sur la passion des acteurs du football pour les paradis fiscaux. La dernière vague de révélations, depuis ce week-end et qui va se prolonger tout le mois, met pour l’instant au jour la faiblesse des gouvernants du football et la farce de « l’indépendance » de certaines commissions chargées de le réguler. En 2016, une série de fuites orchestrée par les Fancy Bears, dont il a été confirmé récemment qu’il s’agissait d’agents du renseignement russe, a concerné notamment les autorisations à usage thérapeutiques (AUT), qui permettent aux sportifs de prendre des produits interdits pour soigner des maladies. Il est apparu que certaines étaient accordées à tort et à travers, sans que l’Agence mondiale antidopage (AMA) n’ait les moyens humains de les vérifier. Il faut distinguer d’emblée ces deux fuites massives. Les motivations possiblement nobles de l’une, celles incontestablement politiques de l’autre ; leurs modalités – traitement journalistique et contradictoire dans un cas, étalage sans nuance sur la place publique dans l’autre ; et leurs conséquences pour les intéressés, dont sont dévoilés, pour les uns, les entorses à l’éthique et, pour les autres, leurs problèmes médicaux. Les gouvernements se désintéressent du sport Ceci étant précisé, ces fuites constituent donc une bonne nouvelle pour les amateurs de sport mais aussi pour les acteurs eux-mêmes. Les adversaires de Bradley Wiggins savent grâce aux Fancy Bears quel stratagème il a probablement utilisé pour maigrir et remporter le Tour de France 2012. Le responsable du système de la FIFA qui enregistre les transferts a avoué s’informer sur « Football Leaks », tant les clubs lui mentaient sur le montant des indemnités. Les enquêteurs indépendants chargés de faire respecter le fair-play financier ne seront pas malheureux que la planète sache comment ils ont été roulés dans la farine par ceux qui les payent, les dirigeants de l’UEFA. Ces révélations semblent être l’un des rares moyens d’amener un peu de transparence dans le fonctionnement des institutions sportives, dont la quasi-totalité a installé leur siège dans des pays, Suisse ou Monaco, qui font commerce de leur opacité. Les lanceurs d’alerte ne sont pas encouragés (à l’exception de l’AMA, qui a pris conscience de leur utilité à la suite du scandale du dopage russe). Les mécanismes de contrôle internes aux fédérations sportives sont rares et, lorsqu’ils existent, peuvent être contournés. Peu d’industries intéressent à la fois autant le grand public tout en bénéficiant d’une absence totale de supervision. C’est une tâche à laquelle ne souhaitent pas s’atteler les gouvernements, qui doivent estimer avoir suffisamment de problèmes sur les bras pour ne pas, en plus, briser les rêves de leurs électeurs. Quand elle l’a pu, la justice a montré avec quelle efficacité elle pouvait mettre en pièces les schémas de corruption à l’œuvre dans les institutions sportives, qu’il s’agisse de la justice américaine dans le cas de la FIFA ou française dans celui de la Fédération internationale d’athlétisme ou du CIO. Mais les cas sont rares. A ce jour, les pirates informatiques semblent les meilleurs alliés de ceux qui croient en un sport géré de manière un tant soit peu éthique – il n’est pas sûr que ce soit une bonne nouvelle.
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  • « Football Leaks » : Monaco aurait cherché à contourner les règles du fair-play financier

    Les dernières révélations du consortium European Investigative Collaborations (ECI) sur les « Football Leaks » montrent que la tentation de contourner la règle du fair-play financier, qui interdit théoriquement à un club de football engagé dans une compétition européenne de dépenser plus qu’il ne dispose de recettes, est à l’évidence très grande. Après le PSG, accusé d’avoir surévalué certains contrats de sponsoring, c’est l’AS Monaco qui est accusée d’avoir cherché, en juin 2014, à gonfler ses recettes à l’aide d’un « montage offshore », via des sociétés écrans, à Hongkong et aux îles Vierges. Selon le site Mediapart (qui fait partie de l’ECI), Monaco, qui s’était qualifié à l’issue de la saison 2013-2014 pour la Ligue des champions et avait besoin de nouvelles ressources, avait conclu un partenariat avec une agence de marketing, AIM Digital Imaging, « société offshore immatriculée à Hongkong ». Celle-ci était chargée de garantir « 140 millions d’euros de revenus pendant dix ans », si le club n’arrivait pas à dégager de telles ressources. Selon les « Football Leaks », en octobre 2014, ce contrat « atypique » aurait été complété par « un accord d’investissement avec City Concept Ventures, une société écran immatriculée aux îles Vierges britanniques », censée de son côté « investir 140 millions d’euros par an dans AIM Digital Imaging ». Mediapart affirme que City Concept Ventures serait un « faux nez » du propriétaire de Monaco, le milliardaire russe Dmitri Rybolovlev, et lui permettrait d’injecter directement de l’argent dans son propre club, en contournant les règles du fair-play financier. Lire aussi :   Football Leaks : les contrats surévalués du PSG version qatarie Dîner et accord à l’amiable Si Monaco reconnaît avoir passé un contrat avec AIM, le club assure que l’agence « devait, en fait, trouver trente millions de ressources complémentaires ». La direction du club explique également que ce contrat « s’est avéré, malgré tout, trop ambitieux et irréalisable » et « n’a jamais été exécuté et (…) n’est jamais entré dans les comptes du club ». « Il n’a donc à aucun moment pu servir à être utilisé dans le cadre du fair-play financier », ajoute l’ASM, qui dément « fermement avoir contourné le fair-play financier ». Selon les documents réunis par le consortium ECI, Monaco n’aurait, finalement, pas pu utiliser son « montage offshore » en raison d’une brouille entre Dmitri Rybolovlev et le patron d’AIM. Mais, auparavant, cela avait toutefois conduit le club à mener « une intense campagne de lobbying » auprès d’Andrea Traverso, le responsable du fair-play financier au sein de l’UEFA, notamment lors d’un « dîner au restaurant étoilé de Joël Robuchon à l’hôtel Métropole » de Monte-Carlo. Cela n’a pas empêché la chambre d’instruction de l’UEFA d’ouvrir une enquête sur les déficits du club, pour condamner Monaco en mai 2015 à trois millions d’euros d’amende ferme, assortie d’une limitation de recrutement pendant un an. Selon le consortium de journaux européens, la chambre d’instruction aurait toutefois « choisi de fermer les yeux » sur le contrat litigieux avec AIM avec « cet accord amiable particulièrement clément ». Mediapart cite un courriel adressé par Andrea Traverso à un conseiller des dirigeants monégasques : « C’est un accord très favorable comparé à ceux conclus avec d’autres clubs. Très loin de celui du PSG l’an dernier », précise le responsable du fair-play financier. Lire aussi :   « Football Leaks » : la faiblesse de l’UEFA face aux grands clubs européens
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  • Le compositeur Eric Daubresse est mort

    Le compositeur Eric Daubresse est mort lundi 29 octobre, à l’hôpital Necker, à Paris – où il était en traitement pour un cancer – quelques jours avant son 64e anniversaire. Féru d’informatique musicale, cet homme d’un naturel doux et disponible a trouvé sa voie comme assistant musical, une forme d’auxiliaire de composition, qu’il aborda en pionnier à l’Institut de recherche et de coordination acoustique/musique (Ircam), au début des années 1990. Eric Daubresse est né le 2 novembre 1954 à Arras (Pas-de-Calais), où il entreprend des études musicales, poursuivies au conservatoire de Lille. Doté d’une formation scientifique, il s’intéresse très tôt à l’électroacoustique et fréquente le centre culturel Noroit, à Arras, où il suit notamment des stages organisés par le Groupe de recherches musicales (GRM). Il rencontre à cette occasion Guy Reibel dont il intègre la classe d’électroacoustique au conservatoire de Paris en parallèle, dans le même établissement, à des études de composition avec Ivo Malec. En 1985, à sa sortie du conservatoire de Paris, il participe à la création du studio Prémis, conçu pour l’ensemble 2e2m et enseigne l’électroacoustique au conservatoire de Champigny-sur-Marne. Alain Huteau, percussionniste de 2e2m, s’associe alors à Eric Daubresse pour former le duo Spirale, à l’origine de nombreuses partitions pour percussion et électronique. Le vaste champ de la « musique mixte » (qui résulte de la confrontation des sources instrumentales et électroniques) est également exploré par Eric Daubresse au sein de l’ensemble Itinéraire. Trait d’union entre recherche et création En 1990, il fait son entrée à l’Ircam, le temple de l’informatique musicale fondé par Pierre Boulez (1925-2016). Marc Battier, alors responsable du département « Création », l’engage pour une opération ponctuelle qui débouche, deux ans plus tard, sur un poste d’assistant musical de production. A l’Ircam, il s’agit d’une première. Aucun représentant…
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  • Le prix Femina pour Philippe Lançon et son livre « Le Lambeau »

    Le prix Femina a été attribué au livre Le Lambeau de Philippe Lançon (Gallimard), lundi 5 novembre. A partir du moment où les jurées avaient placé cet ouvrage, sans aucun doute le texte le plus remarqué et célébré de l’année, dans leur dernière sélection, et sachant que le calendrier fait cette année du Femina le premier des grands prix littéraires attribués (deux jours avant le Renaudot, qui le comptait aussi parmi ses finalistes), il semblait peu probable que Le Lambeau ne soit pas le lauréat. C’est un grand texte qui se voit ainsi couronné. Un livre magistral, revenu d’entre les morts. Publié au printemps, un peu plus de trois ans après l’attentat de Charlie Hebdo, où Philippe Lançon a été défiguré, la mâchoire emportée par une balle, Le Lambeau raconte comment ­ « celui qui n’était pas tout à fait mort » doit cohabiter avec « celui qui allait devoir survivre ». Lire aussi :   Après « Charlie », le journal du deuil Un brûlant journal de deuil Tentant de maintenir un lien avec le monde des vivants, décrivant cette béance, tout en racontant son parcours médical vers la reconstruction, Lançon hisse chaque évocation intime au niveau d’une méditation universelle sur notre temps, nos aveuglements : sa plume nous en met plein la gueule ; son visage défait exhibe tout ce que nous ne voulons pas regarder en face ; sa lucidité est une fidélité à l’enfant qu’il fut ; ses souvenirs d’enfance ressemblent déjà à nos souvenirs de guerre. C’est ce brûlant journal de deuil que les jurées du Femina ont récompensé. Les autres romans en lice pour le Femina étaient Arcadie, d’Emmanuelle Bayamack-Tam (P.O.L), Trois enfants du tumulte, d’Yves Bichet (Mercure de France), Frère d’âme, de David Diop (Seuil), François, portrait d’un absent, de Michaël Ferrier (Gallimard), Idiotie, de Pierre Guyotat (Grasset) et Roissy, de Tiffany Tavernier (Sabine Wespieser). Pierre Guyotat a reçu un prix Femina spécial pour l’ensemble de son œuvre. Le Femina étranger a été attribué à La Neuvième Heure, d’Alice Mc Dermott (Quai Voltaire), traduit par Cécile Arnaud, et le Femina essai à Gaspard de la nuit, d’Elisabeth de Fontenay (Stock). Lire aussi :   Philippe Lançon, miraculé de « Charlie Hebdo », raconte ce qu’il a vécu depuis l’attentat
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  • Aux Puces de Saint-Ouen, colère contre la vente aux enchères en ligne de certains objets

    Au marché Paul-Bert – Serpette, la plus grande concentration d’antiquaires des puces de Saint-Ouen, une partie des 350 marchands est vent debout contre le propriétaire des lieux, Jean-Cyrille Boutmy. Motif de leur courroux, le partenariat noué « sans concertation » avec la maison de ventes Millon pour vendre aux enchères en ligne des objets confiés par certains exposants du marché. Ces derniers présenteront du 9 au 11 novembre les œuvres sur leur stand, avant de les disperser, le 12 novembre à 18 heures, par le biais du site pbs-auction.com. Les marchands qui se prêtent au jeu ne payent pas de frais vendeur. Les acheteurs devront en revanche débourser des frais de 16,5 % hors taxes. « Sur l’ensemble du marché, il y a 150 000 objets. L’idée est de vendre en ligne une petite centaine de lots. C’est de l’événementiel pour faire venir les gens », confie Jean-Cyrille Boutmy, qui souhaite tester l’opération sur quatre mois avec un programme de quatre à huit ventes. « Paul-Bert – Serpette n’a pas à devenir une succursale de Millon, rétorque le marchand Cyril Grizot, dans un courriel adressé à ses confrères. Ils veulent nous faire croire que cela va dynamiser nos ventes et nous donner plus d’importance sur la scène internationale, mais, en réalité, cela va dynamiter notre activité et nous prendre encore plus de parts de marché. » Lire aussi :   Les puces de Saint-Ouen se mettent au e-commerce L’opération « marque la fin de l’hypocrisie » Vendre aux enchères, n’est-ce d’ailleurs pas un aveu de faiblesse pour un marchand ? « C’est plutôt une opportunité », estime l’antiquaire Myriam Lallemand, qui a décidé de mettre en vente huit objets estimés entre 300 et 2 000 euros. Pour Alexandre Millon, l’opération « marque la fin de l’hypocrisie ». Et d’ajouter : « Les ventes de spécialités aux enchères sont montées à 20 % voire 50 % avec une marchandise provenant de professionnels. » Les opposants ne l’entendent pas de cette oreille. « Si nous passions notre temps à vendre aux enchères, pourquoi continuons-nous à payer des loyers de plus en plus exorbitants [entre 500 et 2 000 euros par mois] pour tenir des stands trois jours par semaine ? », lance une antiquaire qui souhaite rester anonyme. Les réfractaires redoutent enfin un détournement de leurs fichiers acheteurs. « Les clients qui vont acheter par l’intermédiaire de PBS Auction sont surtout nos clients, martèle Cyril Grizot. S’ils sont dans nos allées, c’est qu’ils ne sont pas dans les salles des ventes ou derrière un ordinateur. » Cette polémique traduit un malaise plus profond. Malgré leur indéniable attraction touristique, les puces ne font plus rêver comme avant. « Nous sommes dans un marché de moins en moins dynamique, indique le marchand Frédéric Cordin, spécialiste des armes anciennes, qui a décidé de participer à l’opération. On vivait beaucoup le vendredi et le lundi. Aujourd’hui, il n’y a plus personne ces jours-là, hormis des marchands. Les promenades aux puces se raréfient. » Les réfractaires redoutent précisément que les ventes aux enchères accélèrent ce mouvement et que les puces, vidées de leur substance, deviennent la proie des promoteurs. « Saint-Ouen va accueillir le village des Jeux olympiques en 2024, un nouvel hôpital en 2025. La ville attire beaucoup de monde, c’est facile d’accès. Combien d’appartements peut-on construire sur un terrain comme Paul-Bert – Serpette ? », s’inquiète un antiquaire. « Théorie du complot, réplique Jean-Cyrille Boutmy, qui a acheté Paul-Bert – Serpette pour environ 30 millions d’euros en 2014. Les puces sont classées pour leur ambiance. Il serait compliqué, voire impossible, de les raser, et ce n’est pas mon envie. » Précedent 1/12 Suivant Allée 1, au marché Paul Bert, à ciel ouvert. Giovanni Del Brenna/Luz pour “Le Monde” › Accéder au portfolio
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