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J.-P. Mbelu
Nos échanges avec certains compatriotes sur la situation politique et sécuritaire qui prévaut dans notre pays révèlent qu’ils sombrent dans un très grand découragement. Pour eux, le pourrissement de la situation est tellement avancé qu’ils ne voient plus aucun espoir d’un bonheur collectif à partager chez nous dans un avenir tout proche. Ils ont peut-être raison.
Mais pour ceux et celles d’entre nous qui connaissent les Acteurs Pléniers de la guerre d’agression à laquelle nous résistons jusqu’à ce jour et qui participent de près ou de loin du lézardement des murs de la désinformation érigés par Kagame, ses escadrons de la mort et ses parrains, il y a lieu de croire en un autre avenir pour notre pays. Peut-être pas en des lendemains qui, tout de suite, chanteront ; mais à un début d’une autre ère, d’un autre monde.
D’Arusha et de La Haye
Tenez. Depuis deux jours, les nouvelles qui nous parviennent d’Arusha et de La Haye sont plus qu’encourageantes. A Arusha, en Tanzanie, l’acquittement d’un proche de l’ex-Président du Rwanda, Protais Zigiranyirazo, a provoqué l’effet d’une bombe chez Kagame et ses proches. Cet acquittement témoigne du rejet par la Chambre d’appel des accusations de « planification de génocide ». Pour le Bureau de l’Association des avocats de la défense, ceci est « une grande victoire de la vérité ». Pour l’un d’entre eux, Peter Erlinder, « les allégations selon lesquelles des proches de Habyarimana (décrits ou reconnus comme l’Akazu ou « maisonnée » en Kinyarwanda) complotaient pour tuer « les Tutsi et les Hutu modérés » ont été rejetées pour la seconde fois par la Cour en moins d’un an. L’acquittement ajoute à l’évidence grandissante que Kagame et le FPR ont mené, avec succès, une campagne de désinformation visant à diaboliser l’ancien gouvernement rwandais et ne pas attirer l’attention sur leurs propres crimes au Rwanda et en RD Congo ». (Nous traduisons un texte en anglais reçu du Bureau des avocats de la défense). Les 6 millions de civils morts au Congo font partie de ces crimes.
Heureuse coïncidence ! « L’acquittement de Zigiranyirazo a été annoncé le jour même où la Défense du TPIR entamait un colloque de trois jours à la Haye, lequel souligne le fait que l’ancienne Procureure, Carla Del Ponte, ait publiquement déclaré en 2003 qu’elle possédait la preuve de poursuivre le gouvernement actuel de Kigali (…). Selon Del Ponte, elle a été relevée de ses fonctions du TPIR par les Etats-Unis et le Royaume-Uni quand elle avait refusé de suivre les instructions du Département d’Etat de laisser tomber toutes les enquêtes criminelles relatives à Kagame et au FPR parce qu’ils étaient des alliés des Etats-Unis en Afrique ». Nous sommes là en face de deux Acteurs Pléniers (les E.U. et le R.U) de qui dépend, en partie, le sort des pays des Grands Lacs.
A partir des nouvelles que nous recevons de La Haye, il y a lieu de dire qu’un lueurre d’espoir pointe à l’horizon pour cette région de l’Afrique. Explicitons. La Défense du TPIR tient à son indépendance et la poursuite du dévoilement des manipulations du TPIR par les membres du Conseil de sécurité et à la mise à nu permanente de la désinformation entretenue par Kagame et le FPR. Et le premier colloque international historique des avocats de la défense est en train de remettre en question « la légalité d’un tribunal pénal des Nations Unies ». Pour le philosophe australien Hans Koehler ayant pris la parole à ce colloque, « les Tribunaux criminels ad hoc ne devraient pas être créés par le Conseil de sécurité des Nations Unis qui est un organe éminemment politique ». Ce colloque a relevé le fait qu’aucun des « victorieux » de la guerre civile rwandaise de quatre ans n’a été incriminé par le TPIR, malgré que la France et l’Espagne aient accusé plus de 40 membres du gouvernement actuel du Rwanda, y compris le Président actuel Paul Kagame, pour des crimes de guerre, crimes contre l’humanité et crimes de génocide ».
Ce colloque confirme le fait que la guerre d’agression à laquelle nous résistons depuis plus d’une décennie est « une guerre secrète de la politique et de la justice internationale » comme le soutient Florence Hartmann dans son livre intitulé Paix et châtiment.
Quelles leçons pour nous ?
Nous devrions nous convaincre davantage que « lokuta eyaka na ascenseur » et que « vérité eyaka na escaliers » (dixit Koffi Olomide). La vérité qui vient par les escaliers traîne. Ses artisans sont diabolisés, appauvris et même tués. Il leur faut une dose suffisante de têtutesse. Le temps qu’elle prend à se dévoiler est souvent long. D’où (entre autres) nos auto-flagellations, nos impatiences et nos découragements.
Et pourtant, les amis de la vérité devraient opter au quotidien pour ces deux vertus : la persévérance et le courage. Persévérer c’est comme se laisser animer, dans la lutte pour le triomphe de la vérité, par une espérance contre toute espérance. Le courage est, comme dirait Alain Badiou, « la vertu de l’endurance dans l’impossible ». C’est plus que de l’héroïsme. Il dure là où il y a encouragement. Là où l’on « se courage » les unes les autres. Pourquoi ? Transformer l’impossible (par exemple les rapports de force défavorables) en impuissance demande du temps et des bras qui se relayent. Sur le temps.
Revenons à Kagame et à ses escadrons de la mort. Depuis que l’alliance entre le FPR et l’AFDL a été conclue, avec le soutien des « cosmocrates » en 1996, tous les processus initiés sous leur égide ont semé la mort et rapporté des biens matériels au réseau maffieux qu’ils ont monté. Ces processus devraient être déclarés suicidaires. Y compris les élections de 2006.
Pourquoi ? Ces processus n’ont fait qu’éparpiller les membres du réseau FPR-« cosmocrates » à travers toute la région des Grands Lacs pour cacher ses crimes et s’enrichir sans vergogne. Ces processus sont des processus criminels malgré la sauce de la démocratie à laquelle ils ont été mélangés. L’usage abusif et permanent de l’argent et de la violence tout au long de ces processus devrait nous interpeller. Comment peut-on par exemple, avoir la majorité à l’Assemblée nationale et corrompre ses propres députés pour faire passer une loi ou un vote ? La dernière expérience faite par un membre du MLC à l’Equateur en dit long. Citons F.L. de www.C-retro-actuel: « En ce qui concerne précisément la corruption des députés provinciaux, Jean-Lucien Busa a fait part de la présence à Mbandaka de la trésorière de l’AMP qui, a-t-il affirmé, aurait remis la somme de 10 mille dollars américains à chaque député provincial dont 6 mille dollars la veille de l’élection avec promesse d’en ajouter les 4 mille restant si Baende passait.
” Chaque député provincial a reçu en plus de cela, une moto et une promesse de 2 mille dollars en plus de l’émolument pendant 5 mois a dit l’honorable Busa. Toujours dans ses accusations, il a signalé le déblocage de fonds estimés selon lui à 9 millions de dollars des caisses de l’Exécutif provincial de l’Equateur pour servir à l’élection de Baende. » Et relisons les 18 principes tutsi de la colonisation de la région des Grands Lacs aux pages 93,94 et 95 du dernier livre de Charles Onana. La deuxième partie du 18ème principe traitant de la lutte contre ceux qui s’opposent au pouvoir détenu par l’un des leurs dit ceci. « Profitons de la cupidité des Hutu. Offrons-leur de l’alcool et de l’argent. Ne regardons pas ce que nous dépensons car nous avons suffisamment d’argent ». (C. ONANA, Ces tueurs tutsi. Au cœur de la tragédie congolaise, Paris, Duboiris, 2009, p. 95) Ce qui est dit pour les Hutu peut être appliqué mutatis mutandis aux Congolais naïfs et cupides.
Donc, « le petit reste », « les empêcheurs de penser en rond » et les autres « hérétiques » Congolais ont le devoir urgent d’opérer une rupture avec tous ces processus criminels (et leurs animateurs) pour refonder le Congo de Lumumba sur les valeurs de la vie et du bonheur partagé. Un devoir à accomplir dans la persévérance et le courage, les yeux tournés vers « les autres amis » de la vérité. Rupture et Refondation : deux mots-programmes !