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L’ONU recommande une « Armée pluriethnique »!


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Source: Le Potentiel

Salle-de-reunion-ONU1L’inquiétude persiste à New York, au Conseil de sécurité des Nations unies, au moment où la MONUC s’apprête à effectuer son retrait progressif de la République démocratique du Congo. Preuve ? Ces recommandations de l’ONU au gouvernement congolais d’accorder priorité à la réforme dans le secteur de sécurité. Mieux, de tout faire pour disposer d’une armée « pluriethnique (Ndlr : nationale), disciplinée et professionnelle ». Le 1er avril 2010, le Secrétaire général de l’ONU devra présenter un rapport sur les progrès réalisés particulièrement dans ce domaine avant de décider si oui ou non le mandat de la MONUC devra être prorogé d’une année à dater du 31 mai 2010.

La dernière résolution du Conseil de sécurité portant prorogation du mandat de la MONUC jusqu’au 31 Mai 2010, alors qu’expire au 31 décembre 2009 le mandat actuel, suscite une profonde réflexion. Cette résolution apparaît plus comme un « ultimatum », un sentiment de « non satisfaction », « un goût d’inachevé » après une mission de paix de dix ans en République démocratique du Congo.

Cette résolution a tout l’air d’une « décision provisoire » en attendant une autre décision plus ferme à partir du Ier avril 2010. En effet, à cette date, le secrétaire général de l’ONU devra présenter au Conseil de sécurité un rapport qui imposera « un examen stratégique de la situation en République démocratique du Congo, et des progrès réalisés par la MONUC, dans le but d’affiner les objectifs existants et de déterminer, en étroite coopération avec la RDC, les pays fournissant des effectifs militaires et Police de la MONUC, les modalités de la reconfiguration du mandat de la MONUC, en particulier, des tâches essentielles dont elle doit s’acquitter avant d’envisager un retrait progressif ».

Le Conseil de sécurité justifie sa position par ce fait que la « situation en République démocratique du Congo est toujours préoccupante et qu’elle continue à menacer la région de l’Afrique des Grands Lacs ».

UNE ARMEE PLURIETHNIQUE, DISCIPLINEE ET PROFESSIONNELLE

Dans cette résolution, le Conseil de sécurité touche au fond du problème. Il met un accent particulier sur la reforme du secteur de la sécurité et appelle le gouvernement congolais à se doter « d’une armée pluriethnique, mieux nationale, disciplinée et professionnelle ». Il demande que soient déterminées « sa taille et la composition de ses unités ».

Qui plus est, le Conseil de sécurité insiste pour que soit exclu des forces armées congolaises tout candidat qui aurait violé le droit international humanitaire et de l’homme.

Ce qui est plus intéressant dans cette résolution du Conseil de sécurité, c’est ce concept nouveau de « pluriethnique ». Il faut éviter de faire preuve de cécité et de surdité politiques pour ne pas apprécier les intentions du Conseil de sécurité des Nations Unies.

L’un des grands reproches faits aux Etats africains est de disposer des « armées à coloration tribale et régionale ». Un élément qui est à la base de l’instabilité des institutions nationales et des conflits armés en Afrique, retardant ainsi le développement des pays de ce continent noir. Faut-il rappeler les temps forts de la triste époque de la deuxième République ?

Au moment de grandes réformes dans les différents secteurs de la vie nationale, certainement que le Conseil de sécurité est tombé sur des rapports « sulfureux » pour recommander au gouvernement congolais de disposer d’une armée pluriethnique. En d’autres termes plus élégants, le Conseil de sécurité des Nations unies invite le gouvernement congolais à accélérer la réforme de l’armée pour disposer d’une « armée réellement nationale » et « intégrée » afin qu’ elle soit performante, comme le suggérait le Général Edward de l’AFRICOM, le commandement militaire des Etats-Unis en Afrique. Il n’empêche, ce concept «pluriethenique» est susceptible d’interprétations sélectives. Pourquoi seulement maintenant en faisant référence à l’éthnie?

UNE AFFAIRE DES INSTITUTIONS NATIONALES

Au fait, cette recommandation du Conseil de sécurité des Nation unies doit interpeller toutes les institutions nationales. D’ailleurs, au début de cette résolution, le Conseil de sécurité rappelle que « le devoir de sécurité, de protection des civils, incombe au Gouvernement congolais ». Que la situation demeure préoccupante au moment où la MONUC s’apprête à plier bagage, c’est que le gouvernement congolais n’est pas toujours en mesure d’accomplir ses obligations régaliennes et constitutionnelles. Que l’ONU se propose d’aller au-delà de 2010 en demeurant en RDC, c’est que les forces de sécurité congolaises ne peuvent pas encore assurer la protection des civils et de leurs biens.

Aussi, la réforme de l’armée, des services de sécurité est avant tout une affaire des institutions nationales. Elles doivent s’en approprier pour le meilleur devenir de la République démocratique du Congo.

Dans de circonstances actuelles, il revient aux institutions nationales de faire l’état des lieux de la réforme de l’ Armée, de la Police et des services de sécurité. De mieux apprécier les préoccupations des partenaires extérieurs dans ce domaine précis pour leur présenter des projets qui rencontrent leurs préoccupations afin qu’ils apportent leurs appuis, leurs expertises militaires et policières conséquentes.

Le Conseil de sécurité a appréhendé cet état de choses en insistant sur une « coopération avec la RDC, les pays fournisseurs des effectifs militaires et Police de la MONUC », sans oublier bien sûr les partenaires de la coopération bilatérale qui ont déjà posé des actes concrets.

Une armée pluriethnique n’est rien d’autre qu’une armée nationale. Existerait-il d’autres appréciations qui seraient à la base des obstacles qui freineraient le processus normal de la réforme de l’Armée ? La question reste posée.

Par Le Potenti