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-Les rebelles congolais du M23 ont quitté samedi Goma, ville stratégique de l’est de la République démocratique du Congo (RDC) conquise 12 jours auparavant sans résistance, ouvrant la voie à de délicates négociations avec Kinshasa, fragilisé par cette crise ouverte.
En une quinzaine d’année, l’est de la RDC, où sévissent de nombreuses milices et rébellions, a déjà été le théâtre de deux guerres régionales, impliquant jusqu’à sept pays africains, dont le Rwanda et l’Ouganda, qui cette fois encore sont accusés, malgré leurs démentis, de soutenir le M23.
Samedi, un convoi d’une quinzaine de véhicules transportant des centaines d’hommes du M23 et leur matériel militaire a quitté Goma pour prendre la direction des positions que la rébellion occupait plus au nord, avant de lancer son offensive.
Un peu plus tôt, les rebelles avaient quitté le poste-frontière principal avec le Rwanda. A la “Grande barrière” qui sépare Goma de Gisenyi la Rwandaise, des policiers congolais, qui font partie d’un contingent arrivé vendredi pour sécuriser Goma après le départ des rebelles, ont déjà pris le relais.
“Pour le moment, nous essayons juste de montrer à la population que nous sommes de retour, pour qu’elle se sente en sécurité”, explique un policier, Julien Mwami.
De son côté, Geoffrey Muheesi, un membre ougandais d’un mécanisme de vérification régional, chargé notamment d’observer le retrait de la rébellion, s’est dit samedi “totalement satisfait” du déroulement de l’opération. “Ils se retirent complètement,” a-t-il assuré.
Délicates négociations
Vendredi, des centaines de soldats du M23 avaient déjà quitté la ville de Sake, à une trentaine de kilomètres à l’ouest de Goma, et ses environs.
La rébellion du M23 a accepté cette semaine de se retirer des zones fraîchement conquises en échange de l’ouverture de négociations avec le président de RDC, Joseph Kabila.
Le M23, est composé d’ex-rebelles essentiellement tutsi congolais, qui avaient été intégrés à l’armée de RDC en 2009 à l’issue d’un accord de paix avec Kinshasa. Ils se sont mutinés il y a environ huit mois, estimant que le gouvernement n’avait jamais pleinement respecté ses engagements.
Les mutins refusent notamment toute mutation hors de leur région du Kivu afin, disent-ils, de protéger leurs familles et les membres de leur communauté qu’ils estiment en danger. Depuis leur marche sur Goma, leurs revendications se sont élargies sur le plan politique, allant jusqu’à remettre en question la légitimité du président Kabila.
Le retrait des rebelles de la capitale du Nord-Kivu, une province stratégique pour ses ressources minières, allège peut-être pour un temps, disent certains analystes, la pression sur le pouvoir de Kinshasa.
Mais les négociations qui vont s’ouvrir s’annoncent tout de même délicates pour Joseph Kabila, de l’avis de beaucoup très affaibli.
Cette semaine, le chef politique de la rébellion, Jean-Marie Runiga, a laissé entendre que l’administration de Goma resterait, au moins en partie, aux mains du M23. Aux termes de la médiation des Grands Lacs, le M23 va même pouvoir poster une centaine d’hommes à l’aéroport de Goma, qui sera ainsi contrôlé par une force multipartite composée aussi de la mission de l’ONU en RDC (Monusco), de l’armée congolaise et d’un contingent tanzanien déployé comme force neutre.
“La transition a l’air d’être gérée,” a commenté samedi l’analyste Jason Stearns sur la chaîne de télévision Al-Jazeera. “Mais bien sûr il ne s’agit que d’un retrait tactique et la guerre est loin d’être finie”.
A mesure que s’opère le retrait des rebelles de Goma, les langues se délient parmi la population, qui multiplie les accusations de pillage contre le M23. Ces pillages visaient essentiellement des biens publics. Un journaliste de l’AFP a notamment vu les rebelles quitté la ville avec 3 camions donnés aux autorités congolaises par l’Union europénne.
“Nous sommes contents qu’ils s’en aillent,” a déclaré au passage des rebelles devant l’aéroport Parfait, jeune homme de 25 ans. “Comme vous pouvez voir ils ont volé tellement de chose: des véhicules, des munitions, tout.”
Source: AFP