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Aucun autre président français n’incarne plus étroitement son club que Jean-Michel Aulas. En poste depuis 1987, le presque septuagénaire – en mars 2019 – reste plus que jamais seul à la barre lorsque l’Olympique lyonnais (OL) traverse des turbulences. En vieux loup de mer, celui qui a mené sept fois consécutivement Lyon au titre de champion de France dans les années 2000, applique le même plan de bataille au cœur de la tempête : défendre coûte que coûte son entraîneur, faire front face à la presse en se montrant, si nécessaire, offensif, et garder le cap vers les objectifs. Mercredi 7 novembre, le match nul concédé dans les arrêts de jeu contre Hoffenheim en Ligue des champions a été l’occasion d’éprouver une nouvelle fois son savoir-faire. Au contraire de la quasi-totalité de ses joueurs (sauf Lucas Tousart), Jean-Michel Aulas ne s’est pas dérobé quand il s’est agi de se présenter face aux journalistes après cette rencontre empreinte de désillusion. Il s’est affiché plus combatif et plus solide que son équipe, qui alors qu’elle avait mené 2-0 durant trois quarts d’heure et s’était retrouvée en supériorité numérique, avait ensuite totalement déjoué. Lire aussi : Ligue des champions : face à Hoffenheim, l’OL joue à docteur Jekyll et M. Hyde « L’entraîneur n’a rien à voir là-dedans » Le président a d’abord soutenu son entraîneur, Bruno Génésio, qui avait opté pour un changement tactique (un système en 3-5-2 ). « Je tiens à expliquer, puisque quelquefois c’est l’entraîneur qui est mis en cause, qu’il a trouvé le système parfait puisqu’on mène 2-0, on a les occasions à onze contre dix qui auraient dû permettre de l’emporter. Et puis, a posteriori, on vient tout remettre en cause parce que les autres sont revenus au score, mais l’équipe d’Hoffenheim a égalisé parce que les joueurs ont baissé un peu le pied. L’entraîneur n’a rien à voir là-dedans, ni le président. Il faut aussi pondérer. » Puis, le président lyonnais a tenté de désamorcer les critiques avant même qu’elles n’aient été formulées. Pour cela, il a pointé du doigt le rôle, selon lui, néfaste de la presse. « On a certains joueurs qui ont craqué en deuxième mi-temps sur la partie confiance. Des fois, je lis des choses qui sont injustes. Quand on interprète en sens contraire des remarques de l’entraîneur ou du président vis-à-vis des joueurs et que l’on crée des schismes, on participe au manque de confiance des joueurs », a-t-il expliqué en faisant référence aux cas Memphis Depay et Tanguy Ndombele. Lire aussi : Ligue des champions : l’OL dans le sillage de Memphis « On a besoin que tout le monde nous aide, a insisté le président lyonnais. A force d’entendre des critiques permanentes, qui ne sont pas toutes justifiées, je pense que les joueurs y sont sensibles, en tout cas beaucoup plus que le président, qui a un peu plus d’expérience. » Un président qui, lui-même, n’est plus épargné La méthode est connue et Jean-Michel Aulas a l’habitude de remobiliser son groupe en usant d’une adversité largement fantasmée et exagérée. Mais cette fois-ci, alors que des sifflets se sont fait entendre et que le virage sud du stade lyonnais a sorti une banderole en forme d’avertissement – « A défaut d’être bons, préservez notre fierté » –, il prend le risque de consommer la rupture avec une partie de son public. Longtemps intouchable dans son fief lyonnais, l’homme fort de l’OL n’est plus épargné personnellement par les critiques. On lui reproche le maintien de Bruno Génésio, l’absence d’un directeur sportif, malgré les promesses, ou encore sa communication conflictuelle. Jusqu’à présent, la situation reste sous contrôle tant que les résultats demeurent honorables. Même si le dernier titre lyonnais remonte à 2012 (une Coupe de France), Lyon est presque toujours parvenu à conserver son rang dans les trois premières places du championnat de France. Un match tournant Cette saison en Ligue 1, malgré de nombreux matchs poussifs, le club rhodanien se classe quatrième à deux points de la deuxième place, qui doit être l’objectif derrière l’intouchable PSG. Et en Ligue des champions, en dépit des occasions ratées (deux fois rejoint au score sur le fil par Hoffenheim), les huitièmes de finale sont encore accessibles. La dernière qualification de Lyon date d’ailleurs de 2012 avec une élimination face aux Chypriotes de Nicosie. « On ne va pas se taper la tête contre les murs car on est deuxième de notre groupe. Le rôle des dirigeants est de montrer qu’au bout du quatrième match, on est toujours présents et qu’il suffira de gagner l’un des deux matchs pour être sûrs d’être qualifiés, a voulu positiver Jean-Michel Aulas. Je pense qu’on est dans une situation qui n’est pas bonne au regard de la forme, mais qui nous permet de continuer à rêver à une qualification et c’est notre objectif. » L’OL a peut-être disputé hier un match tournant dans sa saison. Les joueurs et leur entraîneur auront-ils les ressources psychologiques nécessaires pour évacuer cette nouvelle déception ? A ce titre, le déplacement, samedi 10 novembre, chez la lanterne rouge de la Ligue 1 fournira quelques éléments de réponse. Tout autre résultat qu’une victoire à Guingamp enfoncerait les Lyonnais dans une spirale négative que même la vigie Jean-Michel Aulas aurait alors du mal à stopper.
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