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Par Raymond LUAULA
Grossière et ordurière plaisanterie. Etienne Tshisekedi a été annoncé pour mort jeudi soir, 10 décembre. La nouvelle a circulé à la vitesse du son. De Kinshasa à Ngandajika, de Kasaji à Dongo, de Matadi à Bafwasenda, de Kikwit à Lubao, de Rutshuru à Kasongo…les Congolais avaient retenu leur souffle. Heureusement que l’exercice n’a pas été de longue durée. La nouvelle a été démentie, mais la rumeur était bien partie. Drôle de rumeur lancée curieusement le jour où, à Kinshasa, Alexis Mutanda, secrétaire général de l’Udps, annonçait le début des manifestations commémoratives du 77e anniversaire d’Etienne Tshisekedi dont une messe d’action de grâce qui sera célébrée le dimanche 13 décembre à la paroisse Saint Joseph de Matonge à Kinshasa-Kalamu !
Donné pour mort par une folle rumeur, Etienne Tshisekedi wa Mulumba est bien vivant et n’est pas hospitalisé. Le chef historique de l’opposition à la dictature d’hier et celle d’aujourd’hui poursuit de manière satisfaisante sa convalescence, n’en déplaise à ceux qui ne peuvent lui vouloir que le mal et la mort.
D’où souffle le vent ? Assaillis par nombreux coups de téléphone des Congolais surpris d’apprendre que le leader de l’Udps aurait trépassé, Congoone a frappé à la bonne porte en contactant la famille d’Etienne Tshisekedi. Sa lecture des faits est que le canular est un coup politico-médiatique monté par le pouvoir de Kinshasa en vue de présenter le leader de l’Udps comme un homme physiquement et politiquement fini. Après avoir laminé l’opposition intérieure, Kabila redouterait le retour du chef de l’Udps au pays.
Ceux qui savent lire entre les lignes noteront que les photos publiées à la suite de la rencontre Etienne Tshisekedi-Oscar Kashala à Bruxelles la semaine dernière ont servi comme « objet du scandale ». Voilà qui relance la question du droit à l’image de l’homme politique et de l’opportunité de sa diffusion. Ilunga Kasambayi dit Frère Cami du Magazine Mission Africaine aborde avec autorité la problématique en tournant presque le couteau dans la plaie quand il pose la question de savoir si les membres de la famille d’Etienne Tshisekedi étaient suffisamment informés de l’utilisation qui allait être faite des photos publiées par Cheik Fita. Professionnel de la communication, Ilunga Kasambayi se demande si on avait pris le soin de prendre lesdites photos dans des angles favorables au politique ou c’est simplement la recherche du scoop qui avait prévalu. Il ne s’arrête pas en si bon chemin et va au-delà de l’émotion pour s’interroger sur le besoin auquel répondait la publication de ces photos et sur l’identité de celui qui a tiré profit de leur publication. C’est tout juste si Ilunga Kasambayi se retient pour ne pas accuser le régime des Kabila de se réjouir de voir s’écrouler l’espoir de son opposition.
La lucide lecture des événements par le patron de Mission Africaine est partagée par Omer Nkamba de la DPR qui, le jour même de la publication des photos « objet du scandale », déclarait à la rédaction de Congoone que lesdites photos n’étaient pas prises dans un angle favorable au président national de l’Udps. Eh oui, la photo c’est un art qui a ses exigences et ce n’est pas pour rien qu’il y a tout un cours consacré à la photo dans les écoles de journalisme. Soit !
Véritable consultation populaire. François Tshipamba Mpuila, représentant de l’UDPS en Belgique, a une autre lecture de la rumeur propagée sur la mort d’Etienne Tshisekedi. Pour le docteur Mpuila, la mort annoncée de Tshisekedi est une véritable consultation populaire. Car, elle a provoqué une vive émotion, une angoisse et un désarroi dans l’être, les cœurs et les esprits de la majorité des Congolais qui viennent de démontrer par leurs réactions à cette fausse nouvelle qu’Etienne Tshisekedi est le véritable père de la nation congolaise qui détient la légitimité historique, juridique et politique, et représente l’espoir et la chance du Congo. Mpuila Tshipamba en profite pour lancer un appel à la raison à tous les Udpsiens qu’il invite à faire bloc autour de leur leader dans l’unité jusqu’à la victoire finale à l’issue des élections.
Cet appel sera-t-il entendu après celui pathétique lancé, il y a quelques semaines, par Corneille Mulumba, qui ne semble pas avoir ému outre mesure ceux qui, tout en se réclamant de Tshisekedi, semblent avoir planifié leurs actions en fonction de l’après Tshisekedi et qui seraient sur le point de non retour ?
L’après Tshisekedi, aux armes citoyens !
Qui a intérêt à se réjouir de la mort d’Etienne Tshisekedi ? Si c’est le régime des Kabila comme le soutient la famille du leader de l’opposition, des analystes sont d’avis que la mort de Tshisekedi devrait plutôt attrister le pouvoir de Kinshasa. Et pour cause, apôtre de la non violence, Etienne Tshisekedi est un verrou contre la lutte armée que bien de membres de l’Udps sont disposés à mener pour s’emparer du pouvoir d’Etat et appliquer leur programme politique dans l’intérêt du Congo à démocratiser et de son peuple martyrisé.
Si aujourd’hui, c’est à l’unanimité qu’à l’Udps tout le monde ne jure que par la participation aux prochaines élections, c’est parce que Etienne Tshisekedi est d’avis que l’installation d’un Etat de droit doit passer par des voies démocratiques.
Qu’on se souvienne de ce que toutes les fois que des membres de l’Udps ont mis en exergue la question de la lutte armée, Etienne Tshisekedi s’est souvent opposé seul contre tous pour rappeler que la lutte politique de l’Udps est et doit demeurer non violente. C’est ainsi que , lorsque au Dialogue intercongolais de Sun City en Afrique du Sud des cadres de l’Udps avaient réalisé que la communauté internationale avait donné sa caution pour que le pouvoir soit une chasse gardée des seuls belligérants pendant la transition, ils levèrent, en avril 2002, l’option de la lutte armée à travers une lettre signée par tous et adressée à leur président national. Comme on pouvait s’y attendre, seul contre tous, Tshisekedi s’y opposa. C’est le contraire qui aurait étonné.
C’est curieusement ce Tshisekedi là, victime des tortures et des brimades sous Mobutu et les Kabila, qui continue à mettre en exergue la nécessité d’instaurer un Etat de droit au Congo par des voies démocratiques. Mais de quels soutiens bénéficie-t-il en Occident où les valeurs qu’il défend sont considérées comme essentielles ? Même ceux qui sont dans l’Internationale Socialiste comme le Parti Socialiste belge sont devenus des alliés du pouvoir fainéant et récalcitrant de Kinshasa. C’est à se demander si en Occident on ne considère pas que la démocratie serait encore et toujours un luxe pour le Congo et son peuple.
Les Congolais auraient tort de se faire la vanité d’ériger un mur de lamentations. Ce serait oublier que ceux que le peuple congolais considère comme ses amis « aiment » le Congo pour leurs intérêts. Et ils n’ont pas tort, car entre Etats, il n’y a que les intérêts qui comptent. Les Congolais feraient mieux de le mentaliser et de l’internaliser.
Quand le verrou sautera. Pour le reste, parce que comme tous les humains, Tshisekedi passera un jour, si la donne politique n’aura pas changé et si le pouvoir étranger au service de l’étranger sera toujours aux commandes, les Udpsiens (Dieu sait s’ils sont nombreux) n’auront plus de choix, mais une solution : s’emparer du pouvoir d’Etat par tous les moyens. Et parce au Congo et presque partout en Afrique le pouvoir est encore et toujours au bout du fusil, eh bien on ne devra pas perdre son temps en cherchant à inventer la roue. Aux armes Udpsiens ! Aux armes Congolais ! On n’en est pas encore là.