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Makolo Digital Tele- LAVDCONGO

Sélection albums : Joseph Haydn, Maurane, Dominique A…

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  • Joseph Haydn
    L’Ours

    Le Concert de la Loge, Julien Chauvin (violon et direction)

Aussi attractif (programme recherché mais divertissant, interprétation experte mais vivifiante) que les précédents, le troisième volume de l’intégrale des six symphonies dites « parisiennes », que Joseph Haydn a composées entre 1785 et 1786 à l’intention du Concert de la Loge olympique, démontre que L’Ours n’est pas moins élégant que La Reine ni moins remuant que La Poule, les deux pages de la série déjà enregistrées. Plus justifié à l’écoute que celui des symphonies de Haydn, le titre de la Symphonie concertante mêlée d’airs patriotiques (1794) de Jean-Baptiste Davaux tient toutes ses promesses, avec de savoureuses variations sur La Marseillaise et La Carmagnole. Quant à la Symphonie concertante (1789) de François Devienne, elle permet à Julien Chauvin de renouer avec une pratique révolue sinon révolutionnaire, en permettant (captation live) au public d’applaudir entre les divers solos. Pierre Gervasoni

1 CD Aparté.

  • Maurane
    Brel

Maurane avait fait ses débuts, à la fin des années 1970, en chantant Jacques Brel et songeait depuis plusieurs années à lui consacrer un album. Elle avait commencé à y travailler avant sa mort, le 7 mai. Ce Brel par Maurane a été finalisé par sa fille, Lou Villafranca, avec Philippe Decock, le pianiste de la chanteuse. Maurane est ici en distance très juste par rapport à la dramaturgie, la théâtralité que l’on pouvait entendre chez Brel. Tantôt presque rieuse (Vesoul, Rosa), tantôt rêveuse (Je ne sais pas, La ville s’endormait, Une île), dans une grande exactitude d’émotion lorsqu’elle aborde les thèmes les plus poignants du répertoire de Brel (La Chanson des vieux amants, Quand on a que l’amour, Ne me quitte pas). Avec piano, guitare acoustique, contrebasse, une formation de cordes pour deux thèmes, ici et là, une trompette, un bugle, des percussions… Les arrangements de Lou Villafranca et Philippe Decock constituent un précieux écrin musical à ces derniers chants de Maurane. Sylvain Siclier

1 CD Polydor/Universal Music.

  • Dominique A
    La Fragilité

Sept mois après Toute latitude, marquant un retour aux amours électroniques, Dominique A livre son deuxième album de l’année, jumeau par sa thématique (le temps, l’enfance, les paysages), puisque les textes ont été écrits au même moment. Après les brisures rythmiques, place à une veine aussi élégiaque mais plus mélodique, autour des arpèges et des boucles d’une guitare espagnole, qui se déroulent comme pour rappeler une entêtante absence, celle de Leonard Cohen, dont la mort, le 7 novembre 2016, a inspiré la magnifique chanson d’ouverture, La Poésie. Rehaussé de claviers new wave évanescents et d’une machinerie légère, ce disque en solitaire confirme, a contrario de son titre, la solidité d’une écriture dénuée d’effet de manches (Le Grand Silence des campagnes, J’avais oublié que tu m’aimais autant) et la beauté sensible et pudique d’un chant qui se laisse pourtant aller au vibrato sentimental (Comme au jour premier). L’écoute pourra être complétée par la lecture de Ma vie en morceaux (Flammarion, 222 p., 18 €), le cinquième livre publié par Dominique Ané (qui reprend son nom à l’état civil quand il écrit), récit d’épisodes de son existence à travers 26 de ses chansons, du Courage des oiseaux, ce tube générationnel underground, au Ruban, évocation des civils pendant la deuxième guerre mondiale, une des plus belles réussites de La Fragilité. Bruno Lesprit

1 CD Cinq7/Wagram.

  • Sniper
    Personnalité suspecte, vol.1

Sniper avait marqué le rap français des années 2000, avec des titres comme Gravés dans la roche ou Sans repères. La force de ce trio repose sur la combinaison de voix assez distinctes et une acuité avec sa génération. Séparé une première fois en 2007, il réussit un retour gagnant avec ce cinquième album en s’associant avec de jeunes beatmakers comme Seezy (remarqué sur les albums de Vald, il signe ici les meilleurs morceaux, Je suis, Le doigt où ça fait mal, Sablier, Ça va aller avec Soprano), William Chauvet et l’incontournable Dany Synthé. La qualité des textes va avec la sincérité, Aketo n’hésitant pas à revenir dans Je suis sur le passage à vide (« J’ai perdu confiance en moi, pointé à Pôle emploi »). Jusque-là abonné aux refrains, Blacko signe un couplet acerbe sur les nouveaux rappeurs : « MC décérébré, génération dégénérée, haine et bêtises célébrées. » Réjouissant. Stéphanie Binet

1 CD Mezoued Records/Believe.

  • Elvis Costello & The Imposters
    Look Now

Si prolifique depuis ses débuts – My Aim Is True (1977) –, Elvis Costello nous avait laissés sans nouvelles depuis 2013 et son album collaboratif avec les virtuoses R’n’B de The Roots, Wise Up Ghost. La faute à un pépin de santé, mais aussi, sans doute, à un poil d’amertume face à l’insuccès de ses dernières productions. Il faut dire que, piégé par sa soif d’embrasser tous les genres (jusqu’à la musique contemporaine) et une conscience trop démonstrative de son encyclopédisme pop, cet exceptionnel songwriter avait perdu de sa magie. Comme revigoré par ce break, l’ancien leader des Attractions (devenus les Imposters) étincelle à nouveau dans Look Know. Retrouvant lisibilité mélodique, pertinence émotionnelle et malice narrative, l’Anglais à la voix râpeuse aligne un sans-faute de 12 titres, puisant avec délice dans sa passion pour l’aristocratie de la musique populaire (deux chansons à nouveau composées avec le maître Burt Bacharach, avec qui il cosigna Painted From Memory, en 1998 ; une autre écrite, il y a vingt-cinq ans, avec Carole King) et ses souvenirs de jeunesse (le « beatlemaniaque » Under Lime, le très Stax Mr. and Mrs. Hush, de parfaites ballades vintage telles Stripping Paper ou Photographs Can Lie). Boosté par une vitalité qui permet à ce 34e album de s’approcher d’anciens sommets tels This Year’s Model, Get Happy ! ou Imperial Bedroom. Stéphane Davet

1 CD Concorde Records.

  • Salif Keita
    Un autre Blanc

Fort séduisant, cet album composé de dix nouveaux titres sera le dernier, prévient la star malienne, qui fêtera ses 70 ans en 2019. Officiellement, pour justifier cette retraite, Salif Keita parle de lassitude par rapport aux contraintes de la vie de chanteur, tout en rassurant son public – il ne décrochera pas complètement de la scène. Pour cet enregistrement, il a voulu faire les choses en grand. D’où le nombre d’invités renommés (MHD, Alpha Blondy, Angélique Kidjo, Yemi Alade, Ladysmith Black Mambazo), la liste impressionnante de musiciens et vocalistes se succédant au fil des différentes chansons (dont Paco Sery, Alune Wade, Hervé Samb, Cheick Tidiane Seck, Jean-Philippe Rykiel, Julia Sarr…). Des artistes avec qui Salif Keita a fraternisé à un moment ou l’autre de sa longue carrière (quasiment un demi-siècle). La voix est toujours magnifique et bouleversante, même si l’on aurait aimé que fût évité l’usage épisodique du vocoder et autres trucages électro. Patrick Labesse

1 CD Naïve/Believe.

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