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  • « Les femmes ont gagné en visibilité »

    « Les femmes ont gagné en visibilité »

    Françoise Thébaud est historienne, professeure émérite de l’université d’Avignon. Spécialiste des femmes et du genre, ­cofondatrice de la revue Clio, elle a coordonné le tome V d’Histoire des femmes en Occident. Le XXe siècle (Plon, 1992). Elle est l’auteure, notamment, des Femmes au temps de la guerre de 14 (Payot, 2013).

    La première guerre mondiale a-t-elle ouvert la voie à l’égalité des droits hommes-femmes ?

    C’est l’objet d’un débat. Il est vrai que de nombreux pays ont accordé le droit de vote aux femmes au lendemain de la guerre. C’est le cas notamment du Royaume-Uni dès le 6 février 1918, à une nuance près : les femmes britanniques ne peuvent voter qu’à partir de 30 ans, par crainte d’un déséquilibre du corps électoral, étant donné que des centaines de milliers d’hommes sont morts sur le front. Cette mesure entend récompenser l’engagement au service de leur patrie de celles qui furent un des piliers de l’effort de guerre et qui remplacèrent leurs congénères masculins dans les champs et les usines.

    L’Allemagne, l’Autriche, la Hongrie, les Etats-Unis ou le Canada suivent le même chemin. Cependant, il faut relativiser l’influence de la guerre. D’abord parce que les Pays-Bas, pays pourtant non belligérant, ont eux aussi accordé le droit de vote aux femmes en 1919. Ensuite, parce que cette revendication était déjà portée avant guerre par un mouvement suffragiste puissant, organisé à l’échelle nationale et internationale. Elle est d’ailleurs satisfaite en Nouvelle-Zélande, à la fin du XIXsiècle, puis en Australie, en Finlande et en Norvège.

    Même en France, pays qui n’octroie le droit de vote aux femmes qu’en 1944, de nombreux députés appartiennent à un groupe parlementaire en faveur des droits des femmes avant 1914. Les féministes qui s’étaient battues pour sa création pensaient que les Françaises voteraient aux municipales de 1916… qui ne se sont pas tenues !

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  • Affaire Khashoggi : toujours aucune trace du corps du journaliste saoudien un mois après son assassinat

    Affaire Khashoggi : toujours aucune trace du corps du journaliste saoudien un mois après son assassinat

    Les autorités turques maintiennent la pression sur l’Arabie saoudite, de plus en plus exhortée à faire la lumière sur le meurtre du journaliste saoudien Jamal Khashoggi dans l’enceinte du consulat de son pays, le 2 octobre à Istanbul. Jeudi 1er novembre, Abdulhamit Gül, le ministre turc de la justice, a demandé à Riyad de répondre aux questions qui restent en suspens : où est le corps et qui est le commanditaire de l’assassinat ?

    Ces questions avaient été posées quelques jours plus tôt au procureur saoudien Saoud Ben Abdallah Al-Muajab, arrivé en Turquie à la tête d’une délégation, dimanche 28 octobre, pour des discussions avec Irfan Fidan, le procureur général d’Istanbul.

    Alors que ces pourparlers avaient lieu, des camions de la police scientifique exploraient les canalisations de la rue du consulat, au cœur du quartier d’affaires de Levent, dans la partie européenne d’Istanbul, à la recherche d’éventuelles traces du corps. Un mois après le meurtre du journaliste de renom, contributeur du Washington Post, la police turque est toujours à la recherche du moindre indice.

    Les discussions entre procureurs ne se sont pas bien passées. Excédée par le mutisme de Saoud Ben Abdallah Al-Muajab, la partie turque a refusé ses requêtes, en particulier l’accès aux procès-verbaux des interrogatoires de 45 employés du consulat réalisés par la police turque, ainsi que la remise du téléphone portable du journaliste.

    Le procureur du royaume avait à peine quitté Istanbul, mercredi, que le parquet turc déplorait le « manque de résultats » de sa visite. « Obligé » de rendre ses conclusions publiques, le parquet a fait savoir que le journaliste avait été « assassiné par strangulation de façon préméditée, immédiatement après avoir pénétré à l’intérieur du consulat », et que son corps avait ensuite été démembré, sorti du consulat et escamoté.

    Pas d’extradition des suspects saoudiens

    De l’aveu…

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  • L’écrivain hongkongais Jin Yong est mort

    L’écrivain hongkongais Jin Yong est mort

    Surnommé « le grand justicier Jin » par ses lecteurs, le plus célèbre écrivain hongkongais, Louis Cha, connu dans tout le monde chinois sous son nom de plume Jin Yong, est mort le 30 octobre à Hongkong à l’âge de 94 ans, entouré par ses proches.

    Ses wuxia (romans d’arts martiaux) ont des adeptes et des fans aux quatre coins du monde chinois et ont été adaptés, au fil des décennies, en bandes dessinées, en films, en pièces de théâtre, en séries télévisées et, depuis une vingtaine d’années, en jeux vidéo qui dominent désormais le marché.

    Le wuxia (littéralement « chevalier itinérant ») est un genre littéraire chinois ancien très populaire, vague équivalent du roman de cape et d’épée. Et Jin Yong a sublimé le genre. Bien documentés historiquement et extrêmement divertissants, ses romans mettent en scène des héros de la Chine ancienne, maîtrisant le kung-fu, le sabre ou l’arbalète de manière quasi surhumaine, évoluant dans des intrigues mêlant politique impériale, rébellions, trahisons, banditisme, rivalités claniques, amours interdites ou impossibles et vengeances ancestrales.

    L’écrivain chinois le plus lu

    Mais ses héros sont d’autant plus fascinants que ce sont des êtres complexes, imparfaits, en quête de maîtrise intérieure, parfois décevants. Potentiellement subversifs, ses romans ont longtemps été interdits en Chine. Ils se sont néanmoins vendus à plus de 100 millions d’exemplaires, ce qui fait de lui l’écrivain le plus lu et le plus connu du monde chinois. Plusieurs de ses best-sellers ont été publiés en français par les éditions You Feng.

    Né le 10 mars 1924 dans la province chinoise du Zhejiang (au sud de Shanghaï) dans une famille bourgeoise et intellectuelle, Louis Cha fut notamment initié aux romans d’Alexandre Dumas père, de Victor Hugo, de Shakespeare et de Walter Scott. Il est arrivé à Hongkong dans les années 1940, avec sa famille qui fuyait la guerre et la révolution communiste.

    Entre 1955 et…

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  • Brésil : militaire, juge anticorruption, astronaute… les futurs ministres du gouvernement Bolsonaro

    Brésil : militaire, juge anticorruption, astronaute… les futurs ministres du gouvernement Bolsonaro

    Quatre jours après son élection à la tête du Brésil, le président d’extrême droite a commencé à dévoiler son futur gouvernement.

    Publié aujourd’hui à 17h56, mis à jour à 18h46

    Lecture 3 min.

    S’il ne doit prendre ses fonctions que le 1er janvier 2019, le président élu du Brésil commence à plancher sur son futur gouvernement d’extrême droite. Quatre jours après son élection à la tête du plus grand pays d’Amérique du Sud, Jair Bolsonaro a déjà annoncé, jeudi 1er novembre, les noms de cinq ministres qui composeront son gouvernement.

    • Onyx Lorenzoni comme chef de gouvernement

    C’est avec lui que Jair Bolsonaro compte compenser le manque d’expérience d’autres ministres dans les méandres tumultueux de la politique brésilienne. Le député Onyx Lorenzoni devrait devenir le chef d’un gouvernement resserré d’une quinzaine de ministres, contre une trentaine actuellement. Cela implique la fusion de plusieurs ministères, dont celle très polémique de l’agriculture et de l’environnement.

    Parlementaire depuis plus de vingt ans, d’abord à l’assemblée d’Etat de Rio Grande do Sul (1995-2002) puis à la Chambre nationale des députés, l’homme de 64 ans est l’éminence grise de la campagne de Bolsonaro. Membre du parti de droite DEM, il s’est illustré ces dernières années à la Chambre pour avoir été rapporteur d’un projet de loi anticorruption.

    • Le juge anticorruption Sergio Moro ministre de la justice

    Figure emblématique de la lutte anticorruption au Brésil, le juge Sergio Moro a annoncé jeudi avoir accepté la proposition de Jair Bolsonaro de devenir son ministre de la justice. « La perspective de mettre en œuvre de fortes mesures contre la corruption et le crime organisé (…) m’a amené à prendre cette décision », a expliqué le magistrat de 46 ans, après avoir rencontré le président élu jeudi matin à son domicile de Rio de Janeiro.

    L’homme est à la tête de l’opération « Lava Jato » (lavage express) qui, depuis 2014, a dénoué un tentaculaire système de pots-de-vin impliquant le monde des affaires et de la politique. Le juge Moro s’est notamment illustré en condamnant en première instance l’ex-président de gauche Lula, qui purge une peine de douze ans et un mois de prison depuis avril pour corruption passive et blanchiment.

    Lire son portrait : Au Brésil, les ambiguïtés du juge anticorruption Sergio Moro avec l’extrême droite

    Le juge Moro a déjà laissé entendre qu’il suspendrait, de fait, ses activités au sein l’opération « Lava Jato » d’ici à sa prise de fonctions, « pour éviter les controverses inutiles ». Mais en acceptant l’invitation du président élu, le magistrat donne du grain à moudre à ses détracteurs, qui mettent régulièrement en doute son impartialité. La gauche l’accuse notamment de s’être acharné contre Lula, condamné « sans preuve », selon ses avocats.

    • L’ultra-libéral Paulo Guedes à la tête d’un superministère de l’économie

    ­Il est considéré comme le meilleur avocat de Jair Bolsonaro. Celui qui a su convaincre la bourgeoisie et les milieux d’affaires d’offrir leur voix au candidat se revendiquant « antisystème ». Paulo Guedes, gourou ultra-libéral du président d’extrême droite, a été nommé à la tête d’un superministère de l’économie, qui réunira les ministères actuels des finances, de la planification, de l’industrie et du commerce extérieur.

    Né à Rio de Janeiro, formé en économie à l’université fédérale du Minas Gerais (sud-est), titulaire d’un master de la Fondation Getulio Vargas et d’un doctorat de l’université de Chicago, Paulo Roberto Nunes Guedes, 69 ans, fréquente les arcanes du pouvoir depuis des décennies.

    Lire son portrait : Paulo Guedes, l’économiste ultralibéral qui inspire Jair Bolsonaro

    Défenseur acharné de l’Etat minimum – c’est-à-dire d’un gouvernement confiné à l’exercice de ses fonctions régaliennes –, il est l’auteur de la partie économique du programme de Jair Bolsonaro. Un plan qui ­promet « emplois » et « revenus », « privatisations » et « concessions ». La méthode, radicale, vise à vendre la quasi-totalité des entreprises publiques afin de récolter, selon ses estimations, entre 700 et 1 000 milliards de reais (entre 164 et 234 milliards d’euros).

    • Augusto Heleno, un général à la défense

    Jair Bolsonaro voue une grande admiration à ce général qui a été son instructeur à l’académie militaire, dans les années 1970. Général quatre étoiles, sans doute le plus respecté de ses pairs, Augusto Heleno assumera le rôle de ministre de la défense.

    Celui qui fut commandant de la mission des Nations unies pour la paix en Haïti de 2004 à 2005, où les troupes ont été suspectées d’agressions sexuelles, a défendu, mercredi, l’idée du recours à des snipers des forces de sécurité pour endiguer la criminalité armée dans les favelas, où règnent les bandes de narcotrafiquants lourdement armés.

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    La violence est un fléau pour les 208 millions de Brésiliens : elle a fait, l’an dernier, le nombre record de 63 880 morts. Au Brésil, la police a déjà la gâchette facile et ne rend guère de comptes non plus, comme le déplore Amnesty International : elle a tué l’an dernier 5 144 personnes lors d’opérations.

    • L’astronaute Marcos Pontes aux sciences

    Premier Brésilien à être allé dans l’espace, il est considéré comme un héros national. Marcos Pontes, pilote de chasse et astronaute de 55 ans, a accepté mercredi de devenir le futur ministre des sciences et de la technologie brésilien. En 2006, il a voyagé à bord de la fusée Soyouz, avant de rejoindre la Station spatiale internationale (ISS) pour une semaine.

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  • L’auteur de l’attentat antisémite de Pittsburgh plaide non coupable

    L’auteur de l’attentat antisémite de Pittsburgh plaide non coupable

    Robert Bowers, l’homme soupçonné d’avoir tué onze personnes par balle, samedi 27 octobre, dans une synagogue à Pittsburgh (Pennsylvanie), a plaidé non coupable jeudi des 44 chefs d’accusation qui le vise, selon l’agence américaine Associated Press. Accusé notamment de violence par armes à feu, violation des droits civiques et crime de haine, il encourt la peine de mort pour avoir commis des assassinats aggravés de la qualification d’acte antisémite.

    Il est arrivé dans la salle d’audience en marchant menotté, lui qui avait comparu une première fois lundi en chaise roulante, après avoir été touché par des tirs policiers lors de son arrestation. Son avocat a demandé en son nom un procès d’assises public.

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    Il voulait « tuer des juifs »

    Selon les autorités américaines, M. Bowers avait fait irruption dans la synagogue Tree of Life en plein office du shabbat samedi matin, armé de trois pistolets et d’un fusil d’assaut semi-automatique. Cet homme de 46 ans, qui vivait seul dans un appartement à une quinzaine de kilomètres de la synagogue, a affirmé après son arrestation vouloir « tuer des juifs ». Il avait posté avant l’attaque de nombreux messages antisémites sur le réseau social Gab, très prisé de l’extrême droite.

    Ses actes « sont aussi diaboliques qu’incompréhensibles et complètement répugnants au regard des valeurs de notre nation », a déclaré jeudi le ministre américain de la justice Jeff Sessions, dans le communiqué annonçant l’acte d’accusation.

    « C’est pour cela que cette affaire est importante non seulement pour les victimes et leurs proches mais aussi pour la ville de Pittsburgh et tout le pays. »

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  • « Bolsonaro a su jouer la carte de la psychologie de masse »

    « Bolsonaro a su jouer la carte de la psychologie de masse »

    Tribune. Lors de cette campagne électorale marquée par des violences, fort d’un soutien populaire, Jair Bolsonaro n’a pas condamné ouvertement les excès de ses électeurs. Comptant sur l’emprisonnement de son rival, Lula da Silva, privé de toute possibilité de donner des entretiens aux médias, le candidat de l’extrême droite a su jouer la carte de la « psychologie de masse » en faisant allusion, entre autres, au danger communiste, en plein ordre international post-guerre froide.

    L’un des aspects très importants de sa campagne, a été l’usage des nouvelles technologies (notamment l’application WhatsApp) qui lui a permis de diffuser son message et des informations aussi bien vraies que fausses.

    La « banalisation du mal » dans une société profondément inégalitaire et habituée à la violence a certainement constitué un facteur-clé dans l’émergence de l’extrême droite et le soutien accordé à la promesse de Bolsonaro de libéraliser le port d’armes. Même si les causes de l’insécurité publique sont loin d’être sans contradictions, une bonne part de la société brésilienne semble avoir accepté la simplification qu’en a donnée Bolsonaro. Se présentant comme le candidat anti-système par excellence, il s’est gardé de mettre en évidence ses vingt-sept années d’expérience au Parlement.

    Polarisation croissante

    Le nouveau président du Brésil répond parfaitement aux indicateurs d’un comportement de type autoritaire tels que définis par Steven Levitsky et Daniel Ziblatt (How Democracies Die, 2018, non traduit) : le refus des règles du jeu démocratique, le dénie de la légitimité des adversaires politiques, l’intolérance et la non-condamnation de la violence, ainsi que la prédisposition à réduire les libertés civiles et politiques des minorités, de l’opposition et des médias.

    Dans une société où la polarisation est croissante, où les conflits distributifs coexistent avec des privilèges ; où la lutte contre la corruption…

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  • Arménie : des élections législatives anticipées en décembre

    Arménie : des élections législatives anticipées en décembre

    Le Parlement d’Arménie a été dissous jeudi 1er novembre, faute d’avoir réussi à désigner un premier ministre, ouvrant la voie à des élections législatives anticipées en décembre dans cette ex-République soviétique du Caucase, secouée par un mouvement populaire au début de l’année.

    La dissolution intervient à la suite d’une manœuvre politique du premier ministre par intérim, Nikol Pachinian, qui avait annoncé sa démission plut tôt en octobre afin de pouvoir convoquer des élections législatives anticipées. Selon lui, celles-ci doivent avoir lieu le 9 décembre.

    Nikol Pachinian est arrivé au pouvoir en mai, après de massives manifestations antigouvernementales. Malgré son élection, il ne contrôlait pas le Parlement, encore largement acquis au Parti républicain de l’ex-président Serge Sarkissian. C’est pourquoi il souhaite organiser des élections anticipées.

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  • Les parades de Halloween à travers le monde

    Les parades de Halloween à travers le monde

    Portfolio

    Le Monde.fr avec AFP, AP et Reuters |


    • Mis à jour le

    Fantômes, sorcières, monstres, vampires et zombies étaient de sortie ces derniers jours. Les apparitions ont culminé hier avec la célébration de la fête d’origine celtique marquant la veille de la Toussaint. Très populaire dans les pays anglo-saxons et en Irlande, elle a donné l’occasion également à de nombreux artistes amateurs d’amuser ou de provoquer l’effroi dans d’autres pays du monde.

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  • Sans nouvelles de leurs disparus, les Irob craignent d’être lésés par la paix entre l’Ethiopie et l’Erythrée

    Sans nouvelles de leurs disparus, les Irob craignent d’être lésés par la paix entre l’Ethiopie et l’Erythrée

    Ethiopie-Erythrée, une réconciliation en marche (3/3). Depuis la réouverture de la frontière, la communauté demande des comptes aux deux Etats sur le sort de 93 de ses membres.

    Le meurtre a provoqué une onde de choc dans les villages autour d’Endalgeda, à la frontière entre l’Ethiopie et l’Erythrée. Mi-octobre, un habitant a tué un homme qu’il accusait d’être impliqué dans la disparition de son père, vingt ans plus tôt. « Les gens deviennent très émotifs ici », confie, inquiet, un prêtre originaire du territoire Irob, rare bastion du catholicisme éthiopien, une religion pratiquée par moins de 1 % de la population.

    L’ambiance est tendue chez les Irob, une communauté d’environ 33 000 personnes disséminées dans des villages nichés au bas de montagnes rocailleuses, aux confins septentrionaux de l’Ethiopie. Depuis la réouverture de la frontière avec l’Erythrée, le 11 septembre, ses membres demandent des comptes aux deux Etats : où sont passées les 93 personnes – presque uniquement des hommes – qui ont disparu à l’aube de la sanglante guerre de 1998-2000 et dont ils n’ont plus jamais eu de nouvelles ?

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    « Tout le monde est malheureux, déçu », poursuit le prêtre. La communauté irob est en pleine période de deuil. Pendant une semaine, des familles ont organisé les « secondes funérailles » de trente adolescents qui avaient rejoint après la guerre les rebelles tigréens, opposés au régime d’Addis-Abeba, et franchi la frontière. Une fois de l’autre côté, ils avaient été formés par les militaires érythréens, et certains avaient dû, contre leur volonté, tenir la ligne de front en s’opposant à leur propre peuple. Ils sont morts et enterrés en Erythrée.

    Une quarantaine de prisonniers libérés

    Cette annonce a crispé la communauté irob. Et l’absence de nouvelles des pères et des maris qui auraient, selon les habitants, été kidnappés il y a vingt ans par des militaires érythréens avec l’aide d’espions éthiopiens n’a fait qu’aggraver la situation. Les familles avaient pourtant retrouvé l’espoir après la réouverture de la frontière. Mais plus d’un mois et demi plus tard, toujours rien. Un comité de 14 aînés a été formé pour réclamer justice et exiger des informations sur le sort des disparus.

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    Selon le chef du district d’Irob, Niguse Hagos, la libération récente d’une quarantaine de prisonniers érythréens détenus en Ethiopie pendant vingt ans a constitué un pas en avant. Si l’Erythrée faisait de même, certains époux rentreraient-ils à Alitena, Endalgeda ou ailleurs ? Car ces disparitions touchent aussi d’autres localités frontalières comme Zalambessa, où 50 personnes seraient concernées.

    Ces hommes disparus n’étaient ni des militaires ni des acteurs politiques mais des gens ordinaires qui ont fait les frais d’une guerre sanglante. « C’était un simple commerçant », rappelle Abrahet Niguse à propos de son époux. Le cliché en noir et blanc de ce beau jeune homme à la coupe afro est accroché au-dessus du lit de sa modeste maison, dans le village d’Alitena. Elle pense qu’il a été enlevé parce qu’il avait ravitaillé des soldats éthiopiens.

    Les Irob souhaiteraient tourner enfin la page d’une guerre particulièrement traumatisante pour la communauté, l’armée érythréenne ayant occupé la zone pendant les deux années de ce conflit qui a fait entre 70 000 et 100 000 morts. Les habitants d’Alitena ont été expulsés par la force et dispersés de part et d’autre de la frontière, les villages ont été pillés, le bétail tué, les ruches saccagées. Seule la première église catholique d’Ethiopie, édifiée en 1837, a été épargnée.

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    C’est dans ce lieu de culte que les familles des disparus viennent aujourd’hui prier pour le retour de leurs proches. « Je demande à Dieu de garder l’espoir, confie Desta Tekele, dont l’époux a également disparu. J’espère que mon mari va revenir. » Elle n’a jamais eu de nouvelles de lui. Les recherches de la Croix-Rouge éthiopienne, la seule à enquêter, n’ont porté aucun fruit. « Si on nous disait qu’il est mort, ce serait une bonne nouvelle parce qu’au moins je saurais qu’il n’existe plus, lâche Abrahet, qui pourrait alors organiser des funérailles et faire enfin son deuil. Aujourd’hui, je ne sais pas s’il est vivant, je suis fatiguée. »

    « Nous ne pouvons pas être divisés »

    Pour l’heure, les Irob estiment que leurs revendications sont ignorées, alors qu’une autre question sensible risque d’affecter la communauté. En juin, sous l’impulsion de son nouveau premier ministre, Abiy Ahmed, l’Ethiopie a décidé d’accepter les conclusions de la commission internationale indépendante qui avait été chargée de délimiter le tracé de la frontière après la guerre. Celle-ci avait déterminé en 2002 que certaines localités éthiopiennes appartenaient en fait à l’Erythrée, à commencer par Badme, la ville symbole où le conflit avait commencé, et des villages irob comme Endalgeda. Depuis seize ans, Addis-Abeba refusait d’appliquer cette décision et continuait de contrôler militairement ces localités.

    Le revirement annoncé par Abiy Ahmed a provoqué la colère des Irob, qui ont manifesté pour exprimer leur mécontentement de ne pas avoir été consultés. La joie de la paix retrouvée s’est heurtée à la réalité d’une délimitation territoriale controversée. La communauté risque d’être à nouveau séparée en deux par une frontière : un tiers de ses membres deviendraient érythréens. « Nous avons une culture, une langue, nous ne pouvons pas être divisés. Si la décision est appliquée, notre minorité va disparaître », déplore Niguse Hagos.

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    Nul ne sait quand ni comment les deux pays procéderont à la nouvelle démarcation. « Nous n’allons pas donner ces villages à l’Erythrée, ils sont éthiopiens », martèle un vieil habitant d’Alitena. « Je connais ma terre, et les Erythréens connaissent la leur », rappelle un résident d’Endalgeda. Des villages érythréens devraient également revenir à l’Ethiopie. Pour le père Meschena Woldu, il faut consulter les premiers concernés avant de modifier le tracé de la frontière. « Le peuple doit décider lui-même, sinon la paix ne sera pas réglée », dit-il.

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  • L’échec du lancement d’une fusée « Soyouz » a été causé par une « déformation » d’un capteur lors de l’assemblage

    L’échec du lancement d’une fusée « Soyouz » a été causé par une « déformation » d’un capteur lors de l’assemblage

    La commission d’enquête sur l’échec du lancement d’une fusée Soyouz vers la Station spatiale, le 11 octobre, a rendu ses conclusions jeudi 1er novembre. Selon elle, cet incident a été causé par une « déformation » du capteur lors de l’assemblage de la fusée au cosmodrome de Baïkonour.

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    Les responsables russes qui s’exprimaient lors d’une conférence de presse ont promis de punir les coupables de cet échec embarrassant pour le secteur spatial russe et de s’assurer de la qualification du personnel du cosmodrome, martelant que Soyouz restait le lanceur « le plus fiable » en exploitation.

    Le dysfonctionnement qui a causé l’accident est dû à « la déformation de la tige du capteur » lors de son « assemblage au cosmodrome de Baïkonour », a annoncé Oleg Skorobatov, un des responsables de cette commission formée après l’accident qui avait contraint deux spationautes à revenir sur Terre.

    Mercredi, le directeur exécutif de Roskosmos, Sergueï Krikaliov, avait expliqué qu’un dysfonctionnement du capteur, chargé de contrôler la séparation des premier et deuxième étages de la fusée, avait provoqué l’accident. « L’une des parois latérales ne s’est pas éloignée suffisamment et a frappé un bac de carburant du deuxième étage, ce qui a provoqué une explosion », avait-il déclaré, cité par les agences de presse russes.

    « Les fusées les plus fiables »

    Oleg Skorobatov a appelé jeudi à un « contrôle répété » de ces capteurs et a assuré avoir « écarté » l’hypothèse que ces problèmes puissent venir de l’usine où ils ont été fabriqués. Il a ajouté que les prochaines fusées Soyouz, devant décoller de Baïkonour et du cosmodrome français de Kourou (Guyane), où Arianespace en utilise, seront « révisées ».

    « Des propositions et des recommandations ont été élaborées pour réviser ces lanceurs », comprenant le démontage et réassemblage de certains blocs, ainsi que des vérifications des capteurs, a expliqué le responsable de Roskosmos.

    Dmitri Baranov, un responsable de l’entreprise RKK Energia qui conçoit et produit les vaisseaux spatiaux Soyouz, a, en outre, assuré que les fusées Soyouz demeurent « les fusées les plus fiables » existantes. En dépit de cet accident, et d’une série de problèmes techniques qui ont troublé l’image au secteur spatial russe, les fusées Soyouz conservent, en effet, un taux particulièrement élevé de lancements réussis. Le système de sécurité qui a permis le retour en vie des deux spationautes en octobre a, par ailleurs, parfaitement fonctionné.

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