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  • RDC-Rwanda : les meilleurs ennemis

    RDC-Rwanda : les meilleurs ennemis

    Kabila-kagame 1-Les derniers affrontements à la frontière entre la RDC et le Rwanda sont instrumentalisés par les deux régimes pour s’accrocher au pouvoir.

    Qui croire ? Après chaque accrochage entre la République démocratique du Congo et le Rwanda, le scénario est le même : chaque camp affirme avoir été attaqué par l’autre et se renvoie la responsabilité des violences. Pourtant, mercredi 11 et jeudi 12 juin, des tirs à l’arme lourde ont bien été échangés à la frontière entre les deux pays, à une vingtaine de kilomètres au nord-est de Goma (Nord-Kivu). Ce regain de tension est le plus grave depuis octobre 2013 et la défaite des rebelles du M23. L’incertitude plane également sur le bilan humain des affrontements. Alors que Kinshasa reconnait avoir perdu un seul de ses hommes, Kigali exhibait 5 corps, présentés comme des soldats des FARDC, l’armée régulière congolaise. Citée par l’AFP, une source militaire occidentale confirmait les 5 morts côté congolais, alors que le porte-parole du gouvernement, Lambert Mende tentait d’expliquer que les Rwandais avait « récupéré des cadavres dans des hôpitaux, juste pour justifier leur thèse ». Sur les circonstances des accrochages, là encore le flou est total. Côté congolais, on déclare qu’un caporal des forces armées congolaises a été enlevé par des soldats rwandais. Les militaires congolais auraient alors riposté, et Il y a eu échange de tirs. Autre son de cloche à Kigali, où l’on affirme que des soldats congolais seraient venus au Rwanda « à deux reprises et auraient ouvert le feu ». Les forces rwandaises auraient alors choisi de riposter.
    Relations exécrables

    Qui dit vrai ? Nous ne sauront vraisemblablement jamais la vérité. Même si une équipe du Mécanisme conjoint de vérification (JVM), composée de Rwandais, de Congolais et de pays de la région a débuté une enquête, jamais cette instance n’a permis par le passé de désigner une quelconque responsabilité dans les affrontements rwando-congolais. Cette fois encore, on laissera Kigali et Kinshasa s’accuser mutuellement de tous les maux de la région. Il faut dire que les relations entre la RDC et le Rwanda sont exécrables depuis maintenant 20 ans et la fin du génocide rwandais. Les conséquences du conflit rwandais se sont transportées au Congo voisin dès 1994.
    Collusion entre les FDLR et l’armée congolaise

    Depuis l’arrêt du génocide au Rwanda et l’arrivée du FPR de Paul Kagame au pouvoir, Kigali accuse la RDC d’abriter avec une certaine complaisance les rebelles hutus des FDLR. Cette rébellion s’est installée dans l’Est du Congo avec la ferme intention de reprendre le pouvoir à Kigali et d’y déloger Paul Kagame. Avec le temps, les FDLR se sont noyés dans le magma des rébellions congolaises et ont été utilisés comme supplétifs par l’armée congolaise contre les groupes rebelles à majorité tutsie téléguidée par Kigali. La collusion entre l’armée régulière et les FDLR a été dénoncée à plusieurs reprises par le Rwanda d’abord, puis par le rapport des experts de l’ONU. Il y a quelques semaines, le gouvernement congolais a annoncé à grands renforts de communication la reddition et le désarmement de groupes FDLR au Nord et au Sud-Kivu. Mais l’opération n’a permis de démobiliser qu’une petite centaine de miliciens. « De la poudre au yeux » selon Kigali. Pour les autorités congolaises, il n’y a pas de hasard de calendrier. Le Rwanda cherche par ces « provocations » à la frontière, à « casser le processus de reddition des FDLR, en créant de l’insécurité pour conserver une raison d’intervenir dans la zone ». La présence des FDLR au Congo constitue donc le coeur des reproches de Kigali.

    Des rébellions téléguidées par Kigali

    A Kinshasa, on a une toute autre vision du voisin rwandais. Pour les Congolais, le Rwanda est à l’origine de deux « invasions » du territoire national. Une première en 1996 pour appuyer la rébellion congolaise de l’AFDL de Laurent-Désiré Kabila, faire tomber Mobutu et traquer les génocidaires réfugiés au Congo. Le Rwanda traverse une seconde fois la frontière en 1998 pour tenter de faire chuter Kabila, entré en délicatesse avec le pouvoir de Kigali. Depuis la création de l’AFDL, soutenue par le Rwanda, toutes les autres rébellions qui ont secoué l’Est du pays ont été téléguidées par Kigali. Le RCD, le CNDP de Laurent Nkunda et le M23 de Bosco Ntaganda et Sultani Makenga ont tous reçu un soutien en hommes, matériels et logistiques du régime rwandais. Le même rapport d’experts de l’ONU qui accusait Kinshasa de faire alliance avec les FDLR affirmait dans le même temps que Kigali pilotait les rébellions congolaises à distance. Mais en 2009, les deux meilleurs ennemis se sont alliés pour se débarrasser d’un rebelle qui devenait de plus en plus encombrant, Laurent Nkunda, et pour tenter de mettre fin aux FDLR. Une alliance de circonstance qui sera de courte durée.
    Deux présidents qui veulent s’accrocher au pouvoir

    L’inimitié entre le Rwanda et la RDC convient pourtant assez bien aux deux régimes en place à Kigali et Kinshasa. Chacun se servant de l’autre comme un bien utile épouvantail. Le Rwanda, qui souhaite maintenir à distance les FDLR de ses frontières, n’a pas intérêt à voir le Congo se débarrasser de ces potentiels ennemis. Kigali a toujours refusé de voir revenir sur ses terres certains responsables du génocide de 1994 (ils ne sont d’ailleurs plus très nombreux au sein des FDLR actuels). Paul Kagame ne souhaite pas non plus négocier avec les rebelles hutus et les verrait bien rester « parqués » dans les Kivus. A Kinshasa, le Rwandais est l’homme que l’on aime haïr… la figure de l’ennemi. Un petit pays qui déstabilise le grand Congo depuis 20 ans. Le régime de Joseph Kabila, affaiblit par les élections contestée de novembre 2011, s’est « reconstruit » avec l’apparition de la rébellion du M23 (accusée d’être soutenu par le Rwanda) en mai 2012 et s’est finalement renforcé après sa victoire sur les rebelles en novembre 2013. Dans les circonstances actuelles, l’ennemi rwandais permet à Joseph Kabila de rassembler la population autour d’un objectif commun, faisant ainsi oublier une situation économique désastreuse et les futurs « tripatouillages » constitutionnels que craint l’opposition congolaise – voir notre article. De chaque côté de la frontière, on resserre les rangs autour du régime en place faisant ainsi un peu oublier les problèmes intérieurs et les volontés des deux présidents, Joseph Kabila et Paul Kagame, de s’accrocher encore un peu au pouvoir.

    Christophe RIGAUD

    Afrikarabia
  • Afrique. Comment briser les chaines de la domination étrangère

    Afrique. Comment briser les chaines de la domination étrangère

    Continent -Afrique
    Continent -Afrique

    Lorsqu’on veut connaître le(s) détenteur(s) du véritable pouvoir dans un pays, il est une question préliminaire qu’il faudrait se poser :

    Qui contrôle l’argent (entendu comme entité qui comprend entre autres composantes : la monnaie, et le système bancaire) ?

    1ere partie : au commencement était le lavage systématique de cerveau

    A cette question, l’on devrait ajouter les deux autres :

    1. Qui contrôle le sous-sol et le sol ?

    2. Qui contrôle l’information ?

    Dans tous les pays africains, et par extension dans tout le monde noir, la réponse à ces questions est simple : les Occidentaux pour l’essentiel, bien que, depuis quelques temps, les Asiatiques essayent de se positionner avec force.

    Lorsque tout un continent, l’Afrique, qui regorge de la majorité des ressources naturelles énergétiques et minières de la planète, et qui par conséquent est le seul continent à pouvoir être indépendant de tous les autres, se retrouve paradoxalement dans la situation où ses habitants sont les gens les plus pauvres et les plus dépendants de la planète, il est dans l’ordre du normal de se poser des questions, et ce faisant, il est essentiel :

    1. de réexaminer le processus par lequel nous sommes tombés dans ce piège
    2. de comprendre les mécanismes qui nous maintiennent dans ce prédicat
    3. de proposer des solutions pratiques pour la mise en place de véritables structures et politiques de libération qui seules nous ferons sortir de cette situation.

    La question fondamentale qui soutend toutes celles-ci-dessus mentionnées est de savoir qui contrôle la pensée des africains car du contrôle de cette pensée procède toutes les autres formes d’asservissement ; en effet, celui qui contrôle le processus de réflexion, contrôle l’homme.

    Le premier thème que nous allons donc examiner est celui du processus de la mise en place de la mentalité d’esclave (ou de la mentalité de colonisé). Bien qu’il ait eu plusieurs méthodes à travers les âges, les unes plus physiquement brutales que les autres, le meilleur modèle qui nous est offert se retrouve dans le discours de Willie Lynch, le père du lynchage.

    Le discours de Willie Lynch sur la fabrication d’un esclave

    Ce discours a été prononcé par Willie Lynch en 1712 en Virginie. Willie Lynch était un propriétaire d’esclaves d’origine Britannique, qui a été invité par d’autres propriétaires d’esclaves afin qu’il leur enseigne ses méthodes de contrôle. Le mot « lynchage » se réfère à lui.

    Salutations,

    Messieurs, je vous salue ici aujourd’hui sur les berges du fleuve James, en ce jour de notre seigneur de l’année 1712. D’abord, je dois vous remercier chers Messieurs de la Virginie, de m’avoir invité. Je suis ici pour vous aider à résoudre certains problèmes que vous rencontrez avec vos esclaves. J’ai reçu votre invitation dans ma modeste plantation des Indes occidentales, où j’ai expérimenté de nouvelles méthodes, bien que très anciennes pour contrôler les esclaves. La Rome ancienne vous envierait si vous mettiez en pratique mon nouveau programme.

    Au moment où nous naviguions le long du fleuve James, qui porte le nom de notre illustre roi, dont nous chérissons la version de la Bible, j’ai pu constater que vos problèmes ne sont pas isolés. Alors que Rome utilisait abondamment des cordes et du bois pour crucifier les gens sur le long des routes, vous ici utilisez occasionnellement les arbres, et les cordes. J’ai moi-même vu il y a quelques kilomètres de cela, un esclave qui pendait à un arbre. Non seulement vous perdez des ressources utiles en les pendant, mais en plus vous avez des grèves, et certains de vos esclaves réussissent à s’enfuir. Vos plantes sont souvent laissées trop longtemps dans les champs, ce qui vous empêche de maximiser le profit ; ajoutez à cela des incendies, et la destruction de vos bêtes.

    Messieurs, vous connaissez votre problème, je n’ai pas besoin d’élaborer. Je ne suis pas ici pour énumérer vos problèmes, je suis ici pour vous introduire de nouvelles méthodes pour les résoudre. J’ai dans mon sac, une méthode dont l’efficacité est prouvée dans le contrôle des esclaves noirs. Je garantie à chacun de vous que, bien appliquée, elle contrôlera les esclaves pour au moins 300 ans. Ma méthode est simple. Chaque membre de votre famille peut l’utiliser, ainsi que les gardiens de vos plantations.

    J’ai noté un certain nombre de différences parmi les esclaves, et j’ai utilisé ces différences en les agrandissant. J’utilise la peur, la méfiance, et l’envie pour des fins de contrôle. Ces méthodes ont bien marché dans ma modeste plantation et à travers tout le Sud. Retenez cette simple liste des différences et réfléchissez-en. En tête de ma liste est « l’âge » seulement parce que ce mot commence par la lettre a. Ensuite il y a la « couleur » ou la physionomie. Il y a également : l’intelligence, le physique, le sexe, la taille des plantations, le statut dans la plantation, l’attitude des propriétaires, le lieu d’habitation des esclaves, la texture de ses cheveux, la taille. Maintenant que vous avez une liste des différences, je dois vous donner un aperçu des actions à entreprendre. Mais avant cela, je dois vous assurer que la méfiance est plus forte que la confiance, que l’envie est plus forte que l’adulation, le respect, ou l’admiration.

    Apres avoir subi cet endoctrinement, l’esclave noir va lui-même se charger de l’alimenter et de le propager pendant des centaines d’années voire des milliers. N’oubliez pas, vous devez opposer les vieux aux jeunes, les clairs-de-peau aux sombres-de-peau. Utilisez les femmes contre les hommes et les hommes contre les femmes. Vous devez également avoir des serviteurs blancs et des gardiens qui n’ont pas confiance en les Noirs. Mais par-dessus tout, vous devez réaliser qu’il est d’une nécessité absolue que vos esclaves n’aient confiance qu’en vous, et qu’ils ne dépendent que de vous. Qu’ils ne doivent aimer, respecter et n’avoir confiance qu’en vous. Messieurs, ces instruments sont la clé du contrôle. Utilisez-les, faites en sorte que vos femmes et vos enfants les utilisent, ne manquez jamais une occasion de les mettre en pratique. Si vous utilisez intensément ces instruments pendant un an, les esclaves eux-mêmes vont reproduire à perpétuité le manque de confiance entre-eux. Merci messieurs.

    Comme on peut le constater, la situation dans laquelle se retrouve l’Afrique aujourd’hui n’est ni le fait du hasard ni celui de la fatalité, et encore moins celui d’un concours naturel de circonstances malheureuses. Le problème de l’Afrique est le résultat d’une stratégie calculée, intelligemment conçue et mise en place pour l’asservir. Les mêmes méthodes sont encore utilisées aujourd’hui et il n’y a rien d’étonnant à voir les occidentaux expliquer tous nos conflits en termes de conflits ethniques, et/ou conflits religieux ; l’exploitation des différences continue.

    Bien que l’objectif ultime de cet article soit de proposer des voies de sortie de la domination que nous subissons depuis plusieurs siècles, nous allons remettre cette tâche pour plus tard, pour d’abord circonscrire dans une deuxième partie, les structures et méthodes mises en place par les dominants, et surtout d’établir les responsabilités des uns et des autres dans la perpétuation de notre impuissance. C’est le passage obligé si nous sommes vraiment sérieux dans notre tentative à apporter des solutions adéquates à nos problèmes.

    Nous pouvons néanmoins commencer par planter le décor. Le très long processus de lavage de cerveau, n’a été que cela, c’est-à-dire un lavage de cerveau ; en d’autres termes, notre mémoire historique a été évacuée de notre esprit, entrainant entre autres dans sa chute la perte de notre sociologie, de notre spiritualité, et la perte de nos méthodes de gestion de conflits et de résolution de nos problèmes, héritage que nous avons accumulé sur des millénaires.

    Nous nous retrouvons aujourd’hui dans la position d’un amnésique ou d’un petit enfant qui doit encore tout réapprendre/apprendre de ses parents. Et malheureusement pour nous Africains, nous perpétuons la dynamique que les occidentaux voulaient nous faire adopter pour nous subordonner à jamais à leurs intérêts.

    N’ayant presque plus de repères, il nous devient difficile de jeter un regard critique à tout ce qui nous est proposé ni même d’opposer une résistance significative à notre instrumentalisation et notre exploitation car nous opérons selon le modèle qu’ils nous ont prescrits sans même nous en rendre compte.

    Nous sommes donc devenus par-là, les principaux agents de notre propre asservissement, et tirons énormément de plaisir dans le suivisme : nous mangeons, buvons, parlons, et nous habillons comme eux. Nous voyons le monde comme eux ; dès qu’ils parlent du concept de développement, nous sautons dans le wagon ; ils le modifient en co-développement, nous en faisons de même. Au gré de leurs intérêts, lorsqu’ ils passent à la bonne gouvernance, à la démocratie, au réchauffement de la planète et à la lutte contre le terrorisme qui bien qu’étant des combats nobles en valeur absolue, ne sont en fait que des subterfuges pour masquer les objectifs de prédation, nous leur emboitons le pas.

    Or nous oublions que dans ce paradigme, ils occupent la position privilégiée, et en sortent les grands gagnants alors que nous en sommes les laissés-pour-compte confinés à la dernière place. Apres tout, ce sont eux qui ont établi les règles de jeu et les valeurs par lesquelles nous fonctionnons. Pire, nous comptons sur eux pour nous aider à sortir de là où nous sommes, alors qu’ils sont où ils sont justement parce que nous sommes où nous sommes ; le statu-quo leur profite.

    Malgré ce tableau négatif, tous les espoirs ne sont pas perdus. Les théoriciens du lavage de cerveau avaient eux-mêmes dès le départ compris qu’il est très difficile de maintenir le cerveau humain dans un état de déséquilibre permanent. A l’époque, ils n’ont pas trouvé une explication scientifique à ce phénomène mais aujourd’hui, avec le développement de la génétique et la découverte de la mémoire génétique, les choses sont plus claires : la plus importante composante de la mémoire n’est pas dans l’esprit. Elle se trouve dans les gènes et plus précisément dans l’ADN, ce qui nous donne l’espoir de la récupérer.

    Pour empêcher cela, de nouvelles formes de guerres ont vu le jour pour entretenir le lavage de cerveau : La destruction systématique de notre image dans leurs medias, la falsification de notre histoire, mais surtout l’invasion de notre alimentation par les Organismes Génétiquement Modifiés afin de corrompre notre patrimoine génétiques et de nous couper à jamais de notre passé.

    Nous affranchir de cette misère va nous demander des efforts qui vont au-delà de la remémoration de notre passé glorieux ; il nous faudra nous réorganiser sur le plan politique, économique et même social autour de nos valeurs, réorganisation qui devrait naturellement nous permettre de reprendre le contrôle de nos ressources humaines, naturelles et minières. En effet la construction des pyramides, ou encore le rayonnement de nos grands empires ne reposaient pas sur du néant. Cela n’a été rendu possible que dans un contexte socio-économique, et même philosophique particulier. Il est clair que l’on ne peut pas prospérer sans un minimum d’organisation sociale et sans mettre la science au service du bien-être des masses, et évidemment pas sans un contrôle sérieux de ses ressources essentielles.

    2ème partie : les mécanismes de maintien de l’ordre établi, et du désordre organisé de l’Afrique.

    Qui contôle vraiment l’Afrique ?

    Afin de bien évaluer les responsabilités des principaux acteurs qui maintiennent l’Afrique dans la situation peu enviable où elle se retrouve aujourd’hui, il est essentiel dans un premier temps de mettre sur pied un organigramme fiable de la structure mondiale de prédation.

    Mais comme l’objectif final naturel de tout africain est de proposer des voies de sortie de notre état actuel, il est aussi nécessaire dans un deuxième temps de bien comprendre le système, ce qui bien sûr sous-entend les mécanismes qui nous maintiennent enchainés. En effet, il est difficile de déconstruire de façon efficace et définitive un édifice dont on ne maitrise pas à la fois l’architecture et la mise en œuvre.

    Nous prendrons pour modèle, un organigramme avec 4 niveaux de responsabilités.

    1. Les commanditaires et sponsors c’est -à -dire ceux qui financent les opérations.
    2. Les architectes (c’est-à-dire ceux qui conçoivent, planifient, et recrutent les exécutants), les facilitateurs et les complices.
    3. Les exécutants et les organisateurs sur place.
    4. Les hommes de mains et les bras armés.

    En tenant compte du fait que les personnes des chefs d’Etat africains monopolisent le débat politique sur notre continent, nous allons modifier l’ordre de développement de notre analyse et commencer d’entrer de jeu par le niveau 3. En effet, c’est à ce niveau (des exécutants) que se retrouve la quasi-totalité de nos présidents, et même la majorité des leaders politiques de ce monde.

    Les dirigeants Africains : (des exécutants de moindre envergure)

    C’est la catégorie la plus exposée et visible car c’est elle qui traite directement avec les masses africaines ; il est dont logique que la plupart des critiques leur soit destinées. Il faut reconnaitre qu’ils le méritent dans une très grande mesure, et à plus d’un titre. La majorité d’entres-eux est arrivée au pouvoir par usurpation et souvent au prix de l’élimination des vrais nationalistes (une élimination programmée au niveau 2 de l’organigramme, les architectes). Ce qui justifie d’une certaine façon qu’il leurs soit reproché un manque de patriotisme, de vision, de force de caractère, et d’engouement au travail.

    L’on a également raison de mettre à leurs comptes la corruption et tous les maux qui vont avec, à savoir : la mauvaise répartition des richesses qui deviennent d’un côté la propriété privée d’un clan, alors que de l’autre, la misère et le désarroi deviennent la réalité existentielle de la majorité du peuple dans l’indifférence apparemment totale de la petite classe des privilégiés. Comment en effet comprendre qu’en 50 ans, l’on n’ait pas réussi à régler les problèmes de mortalité infantile, et d’eau potable, pour ne citer que ces deux, alors que le montant des détournements suffirait largement à couvrir les dépenses nécessaires à la résolution de ces deux problèmes, et de bien d’autres encore.

    Suggérer que la situation de nos pays serait exactement la même si les nationalistes étaient au pouvoir n’est pas non plus acceptable, sinon comment justifier tout le mal que les prédateurs se donnent pour justement empêcher que ces derniers accèdent au pouvoir ? N’insultons pas la mémoire de ceux qui ont préféré mourir dans le combat plutôt que de signer des accords scélérats qui donnent le contrôle de nos ressources naturelles et humaines à nos ennemis.

    Nos opposants semblent ne pas valoir mieux que nos dirigeants actuels ; pratiquement aucun d’entre eux n’ose dénoncer les accords de coopération inégaux, ou au moins en porter le débat sur la place publique. La société civile devra d’ailleurs montrer plus de vigilance à l’égard des personnes qui par ambition politique ou pourquoi pas, par opportunisme envisageraient de briguer un mandat électif, sans donner en contrepartie la garantie d’un patriotisme sans faille. Un test d’authenticité devrait désormais leur être imposé. Tout candidat devrait dorénavant se prononcer très clairement sur les questions cruciales de souveraineté.

    Malgré tout ce qu’on peut dire de nos chefs d’Etat, il serait réducteur de faire d’eux les seuls responsables de nos malheurs, en effet, ceci reviendrait à minimiser le problème, ou à ne pas bien le saisir dans sa profondeur. C’est justement l’erreur que commettent en toute bonne foi beaucoup de personnes qui négligent de monter assez haut sur l’échelle des responsabilités. Ceux qui, dans la zone franc, se donnent la peine de regarder au delà de nos dirigeants corrompus, trouvent en général un coupable tout désigné : la monnaie.

    Bien qu’il faille reconnaitre que la monnaie constitue un gros problème en vertu duquel tous les pays de la zone franc sans exception sont entièrement hors-sujet sur les questions de souveraineté, la réalité nous apprend quand même que le problème est plus sérieux que cela. A ce niveau, il nous semble approprié d’illustrer notre pensée avec un exemple concret.

    L’exemple d’un pays qui bat sa monnaie : le Ghana

    D’après les rapports du département d’Etat américain, le Ghana a connu une croissance de son PIB de 14% en 2011, et cette croissance se maintient au dessus de 7% depuis lors. D’ailleurs le FMI classe le Ghana 7e parmi les pays qui connaissent une croissance économique rapide. Le Ghana connait également une stabilité politique, et ce pays est réputé être assez bien géré, la criminalité y est faible, les salaires compétitifs, le système éducatif parmi les meilleurs en Afrique.

    Le Ghana a également sa monnaie (le cedi), et en plus l’on y a découvert d’énormes réserves de pétrole, ce qui en théorie lui offre de brillantes perspectives d’avenir. Bref coté jardin, le Ghana a tout pour réussir. Mais cela n’est vrai qu’en apparence, dès que l’on se tourne du coté cour, la réalité devient toute autre.

    Bien que ce pays émette sa propre monnaie à travers sa banque centrale (Ghanaian Central Bank), les banques intermédiaires entre cette banque centrale et le peuple Ghanéen sont pour la plupart contrôlées par un capital étranger et notamment occidental, et cela a de graves implications :

    Ce sont les étrangers qui finalement décident des secteurs dans lesquels investir et à quelle hauteur le faire, et par là déterminent le niveau et les opportunités de développement du pays.

    Les Ghanéens se plaignent d’ailleurs du faible taux d’accès au crédit. Dans le secteur agricole par exemple, ce sont les Libanais et d’autres étrangers qui bénéficient des plus grands crédits donnant du même coup le contrôle du sol aux non-ghanéens.

    La majorité des bénéfices dégagés par ces banques et les entreprises étrangères s’évapore vers d’autres cieux et n’est pas réinvesti sur place, ce qui crée une balance de paiement négative pour le gouvernement ghanéen, qui finit par ne pas avoir d’autres choix que de recourir à l’emprunt auprès des institutions internationales pour financer des projets utiles à la population.

    En clair, malgré l’apparente vitalité de son économie, le Ghana est en fait entrain de s’appauvrir et de s’endetter. Les déficits fiscaux battent des records, et l’économie est sous pression à cause de la menace d’inflation, c’est l’une raisons pour laquelle l’agence de notation Fitch a revue à la baisse la note du Ghana qui se retrouve maintenant avec un ‘B’. Les 10% que le pays perçoit sur son pétrole vont bien sûr aider, mais ne parviendront certainement pas à renverser la vapeur, tant que la configuration bancaire ne sera pas entièrement modifiée, et cela est une autre paire de manches.

    Changer la configuration du circuit bancaire et mettre en place un cadre réglementaire stricte qui serve en priorité nos intérêts ne sont pas que des problèmes Ghanéens, ce sont des problèmes Africains qu’il sera très difficile de résoudre, car dans l’ombre, Il y a des forces qui veillent, et ces dernières n’ont pas intérêt à ce que ce problème soit résolu. C’est en vertu de ce contrôle de nos banques que le mot d’ordre : « développement zéro pour l’Afrique » tient encore, et que tous les secteurs clés de nos économies échappent à notre contrôle.

    Pourquoi les banques sont-elles aussi importantes ? Nous laissons à Henri Makow le soin de répondre à cette question : « Les banquiers contrôlent les plus grandes corporations au monde, les media, les services de renseignement, les ‘Think tanks’, les fondations, et les Universités. ». Quelqu’un serait même tenté d’ajouter aussi les « terroristes ».

    Puisque les banques sont aussi importantes, l’on doit donc se poser la question de savoir à qui elles appartiennent. Tenter de répondre à cette question va nous emmener fatalement à comprendre comment le monde fonctionne réellement.

    Les maitres du monde (les commanditaires et sponsors)

    Le sénateur américain Dick Durban a dit : « les banques constituent le lobby le plus puissant à Capitol Hill (le congres americain), très franchement, Ils sont les propriétaires des lieux ». Ajoutons à cela la déclaration de Zbigniew Brzezinski « les peuples, les gouvernements et les économies de toutes les nations doivent se mettre au service des besoins des banques et des corporations multinationales. »*

    Or une poignée de grandes banques dominent l’économie du monde : les 4 grandes banques américaines : Bank of America, JP Morgan Chase, Citigroup et Wells Fargo, de concert avec d’autres grandes banques comme Goldman Sachs, et d’autres puissantes institutions européennes sont propriétaires des quatre plus puissantes compagnies pétrolières du monde à savoir Exxon Mobile, Royal Dutch/Shell, BP Amoco et Chevron Texaco. Ce n’est pas tout, les familles qui possèdent ces banques contrôlent également la réserve fédérale (banque centrale des Etats-Unis) et ses 12 branches, et à ce titre sont les propriétaires du dollar (qu’elles battent et vendent au gouvernement fédérale américain).

    En plus de tout ce qui a été précédemment cité, à travers leurs banques, ces mêmes familles contrôlent également toutes les places boursières qui comptent, et aussi des corporations comme Microsoft, Boeing, Caterpillar, General Electric, General Motors, Coca-Cola, McDonald.

    Ce sont ces familles qui ont crée la BIS (Bank of International Settlement), la plus puissante banque du monde. Elle contrôle la quasi-totalité des banques centrales privées en Occident et des pays émergents. Rien ne peut leur échapper car comme on le sait, le dollar est la principale monnaie des échanges commerciaux.

    Comprendre les intentions des vrais propriétaires de ces banques, et identifier les institutions qui leur sont associées nous permettront d’avoir une lecture plus précise des événements qui se déroulent dans le monde, et une meilleure compréhension de la structure des institutions internationales et de leur véritable raison d’être.

    Que veulent au juste les propriétaires de ces banques ? En d’autres mots que veulent les Bilderberg, les Lehmans, les Rockefellers, les Rothschilds, les warburgs pour citer quelques-unes de ces familles ? La réponse est simple : le contrôle complet et pour l’éternité de l’économie du monde.

    Et comment comptent-ils pérenniser leur hégémonie ? En recrutant des hommes de mains de haut profils, en s’associant, créant et finançant d’autres institutions puissantes et en contrôlant de grands groupes médiatiques, d’ailleurs aux Etats-Unis, 6 grands groupes contrôlent la quasi-totalité des medias. Time Warner, Walt Disney, Viacom, CBS corporation, et NBC Universal sont leurs propriétés. Sans oublier les ONGs (y compris les organisations des droits de l’homme) et les fondations les plus importantes.

    Les hommes de mains (planificateurs et recruteurs)

    Parmi les personnalités de hauts profils qui sont au service de ces familles, l’on peut citer l’ancien président des Etats-Unis Georges H. Bush, l’ancien conseiller à la Sécurité national américaine Zbigniew Brzezinski (mentor du Président Obama), le milliardaire George Soros, et bien entendu les anciens Secrétaires d’Etat Georges Schultz et Henri Kissinger. D’ailleurs, en rapport avec problème Ivoirien, l’ancien membre du Congrès Américain Cynthia McKinney rapporte qu’elle a reçu un coup de fil d’Alassane Ouattara que son staff a identifié comme provenant du bateau d’Henri Kissinger…

    Mais pour que le système puisse bien fonctionner, il faut non seulement mettre en place une logistique puissante, mais aussi s’attacher les services des complices au dessus de tout soupçon.

    Les complices et les institutions du pillage

    Au nombre des institutions auxquelles ces familles se sont soit associées, soit ont sponsorisé la création, l’on retrouve :

    Le Vatican qui a des actions qui s’élèvent à des milliards de dollars dans les multinationales comme Shell, General Motors, General Electric, et a massivement investi chez les Rothschilds.

    Christian Coalisions dont Georges W. Bush fut Président d’honneur. Ils ne sont pas étrangers à la prolifération des églises dites du réveil en Afrique.

    Des sectes et sociétés secrètes comme le club de Rome, Illuminati, the Chatham House, the Pilgrims Society, the Club of the Isles et surtout le Committee 300 qui d’après le Dr. John Coleman est la plus puissante société secrète au monde et qui compte parmi ses membres la Reine de Grande Bretagne, et presque toutes les têtes couronnées d’Europe.

    Le très puissant CFR (Council of Foreign Relations) qui d’après G. Edward Griffin est plus puissant que le gouvernement américain. C’est d’ailleurs de ce conseil que sont issus non seulement ceux qui dans tous les gouvernements américains occupent les postes les plus importants, mais aussi la quasi-totalité des présidents de la banque mondiale.

    La Trilateral Commission qui est organisé de la même manière que le CFR, à la différence que l’adhésion à ce groupe est étendue à l’Europe de l’Ouest et au Japon.

    The Round Table Groups qui contrôle les Universités d’élite, la presse, et les institutions internationales comme les Nation Unies, le FMI, la banque Mondiale, et la banque centrale Européenne, sans oublier l’OMC et la dernière trouvaille, la CPI.

    Les très familières officines de recrutement de l’élite africaine que sont Rose-Croix et Franc-maçonnerie viennent compléter le tableau.

    Une fois le décor planté, l’on peut commencer à comprendre comment la scène se joue en Afrique, et à en tirer des conséquences. Il convient tout de même de préciser que ces groupes opèrent avec des règles très strictes, l’une d’entre-elles étant la répartition des zone d’influences, c’est d’ailleurs la violation de ces règles qui a souvent été la source de grand conflits.

    La mécanique en Afrique (le déploiement de la machine)

    D’aucun diront et à juste titre que l’Afrique n’est pas la seule cible, et se poseront par la suite la question de savoir pourquoi nous sommes ceux qui semblent le plus en souffrir. La réponse à cette question a plusieurs volets.

    Premièrement, il faut déjà remarquer que l’Afrique est le continent qui regorge le plus de matières premières, et à ce titre, sera toujours au cœur de toutes les convoitises. Deuxièmement, que les maitres du monde se sont déjà frottés aux prolétaires européens, et savent très bien que ces derniers ne badinent pas avec leur bien être matériel, et que par conséquent, trop les acculer peut troubler l’ordre public dont ils ont besoin pour la bonne marche de leurs affaires, et même devenir mortel : des têtes de plusieurs familles royales ont été coupées pour avoir poussé leurs peuples à bout. Troisièmement, l’africain de part sa culture est comme prédisposé à la chose spirituelle, ce qui le rend vulnérable au langage religieux. Ajouter à cela le lavage de cerveau historique qu’il a subit en plus du matraquage médiatique et éducatif quotidien, l’africain observe une indolence et une passivité incroyable face à ses vrais ennemis, mais une violence extrême face à ses propres frères.

    En Afrique les scenarios sont bien connus ; l’on recrute aux travers des officines bien rôdées des pions que l’on installe au pouvoir et dont la mission consiste entre autres choses à brader toutes les matières premières et les terres arables.

    Les prédateurs prennent alors le contrôle des banques, et si d’aventure il venait à l’esprit d’un sous-fifre l’idée saugrenue d’opposer la moindre résistance à leur voracité insatiable, ils vont immédiatement lui créer des problèmes de trésorerie. Le rebelle est donc poussé de force dans les bras des bailleurs de fonds, qui exigent des privatisations qui ciblent des secteurs productifs et des compagnies rentables. Le têtu n’a en général pas beaucoup de choix, car sans privatisation point d’argent, et connaissant le désordre que cela peut générer, il finit par se plier.

    D’ailleurs, les pays très appréciés des prédateurs internationaux sont ceux qui pour la plupart maintiennent un « climat favorable aux affaires », ce qui signifie surtout que ceux-ci bradent les sociétés d’état rentables par voie de privatisation et les font avaler dans le processus par les grandes firmes qui appartiennent à ces mêmes prédateurs, une vieille recette que nos dirigeants connaissent pourtant.

    Pour de vrais récalcitrants, l’on fabrique une rébellion que l’on arme jusqu’aux dents, l’ONU que ces maitres du monde ont infiltré et maitrisent, se charge de la légitimer et entérine une intervention militaire et le « rebelle, antidémocrate, et bourreau de son propre peuple » est balayé ou alors coffré à la CPI.

    Comme résultat, les prédateurs contrôlent au moins 80% de nos économies. Il est donc logiquement impossible de penser qu’un groupe qui se taille la part de lion de nos économies puisse être ignoré lorsqu’on cherche la source de notre misère, ce d’autant plus que ce groupe ne réinvesti surplace qu’une très infime partie des gros bénéfices dégagés.

    A la vue de l’ampleur du problème, l’on aurait tendance à se découragé et à penser qu’il n’y aurait pas de solution, que l’adversaire est trop fort. C’est vrai que l’adversaire est puissant, et c’est la raison pour laquelle il faudrait déjà s’accorder sur le fait qu’il n’y aura pas de solution facile, et qu’une bonne connaissance de l’organisation du monde est nécessaire.

    Mais l’histoire nous apprend que des empires en apparence inébranlables ont fini par tomber, à l’instar de l’empire romain qui a reçu son coup de grâce des mains des barbares, et l’ironie de l’histoire voudrait que ces derniers aient réussi ce coup de maitre parce qu’ils étaient des illettrés et ne sont donc pas tombés dans le piège de la propagande romaine qui exigeait que l’on sache au moins lire.

    Paul Daniel Bekima

  • Huit élections en 26 mois seulement: Le piège du calendrier global est la nouvelle Transition…

    Huit élections en 26 mois seulement: Le piège du calendrier global est la nouvelle Transition…

     

    Urnes de la CENI
    Urnes de la CENI

    Ils ont coupé la poire en deux en croyant mettre d’accord Pro et Anti-calendrier Malu-Malu. Sitôt le point de presse terminé le mardi 3 juin 2014, ils sont rentrés chacun chez lui, fier de la mission accomplie. Leurs noms et fonctions par rapport à la région des Grands-Lacs : Mary Robinson, envoyée spéciale du Secrétaire général de l’Onu, Boubacar Diarra, envoyé spécial de l’Union africaine, Koen Vervaeke, envoyé spécial de l’Union européenne et Russ Feingold, envoyé spécial des Etats-Unis. Au cours de ces dernières 72 heures, c’est la jubilation dans le camp des Anti, convaincu d’avoir écrasé la Majorité et son autorité morale ! Une sorte de prélude au Mundial du Brésil. Pourtant, les “initiés” savent, eux, ce qu’ils ont gagné en réalité des empoignades : juste l’assurance d’une nouvelle Transition pour en énième partage du pouvoir. Car, en 26 mois qui nous séparent du délai constitutionnel pour la tenue de la présidentielle, tout le monde sait qu’il est techniquement impossible d’organiser les élections locales, municipales, urbaines, provinciales (avec en sus les sénatoriales et les “gouvernorales”), législatives et  présidentielle ! Moralité : est pris qui croyait prendre, ou plutôt sont pris qui croyaient prendre…

     

     

                Apollinaire Malu-Malu vraiment peut se frotter les mains, pour autant que les “soupçons” de l’Opposition lui attribuant l’intention de prolonger le mandat du Président Joseph Kabila se révèlent fondés. Car, à dater du 30 juin 2014, il faut compter 29 mois (seulement) pour atteindre le cap (fatidique ?) du 20 décembre 2016 pour les uns, du 19 décembre 2016 à minuit pour les autres.

                Or, le respect strict des prescrits de la Constitution impose la convocation du scrutin présidentiel 90 jours avant la fin du mandat du président en fonction. L’article 73 dispose, en effet, que ” Le scrutin pour l’élection du Président de la République est convoqué par la Commission électorale nationale indépendante, quatre-vingt dix jours avant l’expiration du mandat du Président en exercice“.

                Concrètement parlant, il faut déduire des 29 mois restants les trois mois constituant les quatre-vingt dix jours. Ainsi, toutes les étapes du processus électoral doivent se jouer dans un mouchoir de poche : 26 mois pleins. Et encore, en comptant à partir du 30 juin 2014, une date qu’aucun esprit rationnel ne prendrait en compte. Ceci d’un.

                De deux, le préalable du recensement administratif ne peut plus être contourné. Vital Kamerhe aura eu le mot juste en considérant que c’est un non sens d’en tenir compte pour la présidentielle et les législatives à venir sans l’appliquer aux urbaines, municipales et locales déjà programmées.

                Or, tous les experts s’accordent au moins sur ce point-là : ce n’est pas en une année, qu’il sera possible de réaliser ce recensement.

                Pour rappel, l’Udps avait boycotté en 2005 le processus référendaire et électoral au motif de non application d’une résolution du Dialogue intercongolais imposant le recensement général de la population avant toute élection; ce qui ne l’empêchera pas de ne pas en tenir compte en 2011.

                Bref, le Congo se trouve dans la quadrature du cercle consistant, d’une part, à organiser un recensement qui prendra au minimum deux ans (2014 à 2016) et, d’autre part, à organiser 8 types d’élections ne devant pas dépasser 2016.

     

    La grosse charge revient au Gouvernement

     

                Comme relevé cependant dans “LES BALISES DE NDL” mises en ligne ce jeudi 5 juin 2014 autour de midi, le vrai problème qui se pose est celui du financement. Rappel y est fait des financements du principal bailleur électoral en RDC, en l’occurrence ceux de l’Union européenne. Si en 2006, l’Union s’était engagée pour 500 millions de dollars Us, en 2011 elle s’est limitée à 67 millions, et encore pour le processus allant jusqu’à 2013.

                Certes, au cours du point de presse du mardi 3 juin 2014, la communauté internationale, par la voix de Mary Robinson et de Koen Verveake, a fait des promesses. On a déjà le calendrier pour les élections locales, nous voulons vraiment avoir un calendrier global pour les élections jusqu’au mois de décembre 2016“, a dit la première, relayée par le second qui a estimé qu’”ll faut nous voyions très clairement comment les différentes élections, locales, provinciales, législatives et présidentielle seront engagées, et comme ça nous, en tant que partenaire, on peut travailler ensemble avec la Céni“.

                Mais, personne cependant n’est dupe ou plutôt personne n’est censée l’être, surtout côté RDC quand on sait que les Etats-Unis, par la voix autorisée du secrétaire d’Etat John Kerry, ont annoncé juste 30 millions Usd et que ça va se limiter là. Ceci de un.

                De deux, ce serait un miracle que de voir l’Union européenne et les Etats membres faire égal ou mieux qu’en 2006.

                Finalement, toute la grosse charge revient au Gouvernement congolais qui a dû débourser 400 millions de USD pour financer la présidentielle et les législatives du 28 novembre 2011.

                En d’autres termes encore, c’est à la RDC, et à la RDC seule – et encore sous le leadership de Joseph Kabila – de trouver des moyens pour organiser les huit échéances électorales recommandées par les envoyés spéciaux.

     

    Un Kabila bien en poste après 2016

     

                D’Etienne Tshisekedi à Samy Badibangi en passant par Léon Kengo, Vital Kamerhe, Martin Fayulu, Félix Antoine Tshisekedi et autres les frères Joseph Olenghankoy et Emery Okundji, tout ce beau monde en est conscient : Gouvernement Matata ou Gouvernement de cohésion nationale, la RDC devra trouver l’enveloppe du défi susceptible de dépasser le milliard de dollars américains.

                Par voie de conséquence, ils connaissent, eux, le chemin à suivre : celui d’une nouvelle Transition inexorable avec, en toile de fond, le partage du pouvoir inéluctable.

                En d’autres mots, Joseph Kabila a toutes les chances de rester aux affaires après 2016 ! N’en déplaise à ceux qui ont une lecture erronée des évidences.

                Déjà, signe avant-coureur : la délégation de l’Udps aux rounds de la Monusco a oublié de révéler aux combattants ce dont il a été question lors de l’audience accordée à l’Opposition par les envoyés spéciaux. Elle n’a pas soulevé la question de l’impérium. Elle ne l’a même pas fait au cours de la rencontre organisée après à l’ambassade des Etats-Unis.

                L’image peut alors choquer d’aucuns, mais on croit se (re)trouver au palais du Pharaon où le serpent de Moïse avait avalé tous les serpents des pro-Pharaon. Comme qui dirait :  le serpent de Kabila fait d’une bouchée tous les serpents de l’Opposition plurielle.

                Le réveil risque d’être dur surtout pour celle-ci, car l’ultime bataille pour elle est de survivre au 2016 avec un Joseph Kabila bien en poste.

                Elle va devoir dire que c’est dans l’intérêt de l’Etat, de la Nation, du Peuple à des combattants qui auront, eux, vendu la peau de l’ours avant de l’avoir tuée…

     

    Omer Nsongo die Lema  

  • English-The Eastern Democratic Republic of the Congo -Conflict: A long running fiasco and its lessons for regional policy makers

    English-The Eastern Democratic Republic of the Congo -Conflict: A long running fiasco and its lessons for regional policy makers

    The conflict in the East of the Democratic Republic of Congo (DRC) has severely damaged social and economic development in Kivu, a region in the DRC where the long running conflict is taking place. Nevertheless, any belief that the DRC’s eastern neighbouring countries, namely Burundi, Rwanda and Uganda, have economically benefited from the instability in the east of the DRC can evidently be challenged. It is becoming clear that the East of the DRC conflict is a big disruption to long-term economic prospects for the countries of the Great lakes region and for the Eastern African Economic Community as a whole. An account of wasted economic development opportunities for regional citizens due to this conflict remains a fiasco to incumbent regional policy makers that aspiring regional policy makers should draw lessons from.

    Kivu Region

    congo3The East of the DRC has encountered conflicts since the country gained its independence in 1960. The worse conflict hit the region in the late 1990’s and is still going on. The area affected by the conflict in the east of the DRC is the “Kivu region”. With an estimated area of 120,000 Km square of land and 12 million inhabitants. The North and South Kivu region (see map) are bigger than Burundi and Rwanda combined and the region is not as densely populated as Burundi, Rwanda and Uganda. The Kivu region is known for its highly fertile soil in the North and for having abundant deposits of valuable minerals such as Cassiterite, Gold, Coltan, Wolframite, Prochlore, diamonds, amethysts and tourmaline, dispersed throughout the North and South of the region.
    The ongoing conflict in the Kivu region is among the deterrents for the region’s social and economic development for decades. The death toll in the region as a result of the conflict is estimated at six million and counting. The region’s citizens continue to go through psychological and physical sufferings including appalling women rape and forced displacement due to frequent wars that are continuously taking place in the region. The environment is also at stake as wherever displaced people are settling, deforestation is occurring. The ongoing smuggling of timber is exacerbating the environment. The eastern DRC conflict has turned the Kivu region into a hostile environment for investment despite its abundant resources which span from minerals, land, forestry, tourism attractions and a potential two billions barrels of oil deposits that lay deep in the Lake St Albert close to the border with Uganda. While it is clear that Kivu has been losing enormously out of the ongoing instability in the region, claims that neighbouring countries of the Kivu region, namely Burundi, Rwanda and Uganda have economically gained out of that instability are unceasingly. In my view such claims can evidently be challenged. The following is a list of wasted economic opportunities for Burundi, Rwanda and Uganda’s citizens as a result of the ongoing conflict in Kivu.

    Loss of opportunity to develop trade cooperation

    The conflict in Eastern DRC has never enabled Burundi, Rwanda and Uganda to build strong and long lasting relations with the DRC. This was partly because of these countries alleged involvements in the conflict in Kivu region. Had good relationships been fostered between the DRC, Burundi, Rwanda and Uganda, a trade cooperation aiming at capitalising on the natural resources of Kivu region to promote the economic development of the entire Great Lakes region could have been ideal and worked on. This would have been achieved through engaging cooperation discussions with the DRC through the Economic Community of the Great Lakes Countries (CEPGL), a sub-regional organisation set up among other reasons to promote trades between Burundi, Democratic Republic of Congo and Rwanda in 1976. Uganda could have pulled into the CEPGL in the same way that Burundi and Rwanda joined the East African Community (EAC) in 2009. Unfortunately, due to the eastern DRC conflict and strained relationships with DRC, Burundi, Rwanda and Uganda have missed out an opportunity to exploit their geographical proximity advantage with the natural resource rich Kivu region and subsequently promote sustainable social and economic progress in their respective countries. Recently DRC introduced visa requirements on Rwandans crossing into the Congo through the Rusizi-Bukavu border. Whilst the reasons for taking such decision is still unknown, it has been reported that the decision has already taken a toll on the border communities in the area, as it has disrupted trade and education to Rwandans students who attend school in the DRC. It remains a puzzle how Burundi, Rwanda and Uganda will resolve the fractious relationship with DRC so that the desired economic cooperation with the Kivu region is established. It is in everyone’s interest after all.

    Market monopoly and loss of revenue

    The Eastern DRC conflict has enabled the smuggling of the Kivu region’s natural resources towards the world markets through Burundi, Rwanda and Uganda. However, this does not imply that these countries’ economies as a whole have benefited from the illicit trade.

    Firstly, the plundering and trading of DRC natural resources has only benefited individuals involved in such activities and not the economies of their respective countries. For instance, the business of trading the east of the DRC‘s natural resources is a monopoly, as it is open to only those with the power and the capacity to coordinate the supply chain of plundered natural resources from within a conflict zone to the world markets.

    Secondly, the revenue from trading plundered natural resources of Kivu region is not invested towards developing any of the Great lake member’s countries. In contrast, the revenue from smuggled mineral trade is reinvested towards financing further looting and trading of the minerals from the Kivu region and the rest reinvested far away from the region through blurred and illicit transactions. A recent report on illicit financial flows[1] from developing countries by the Global Financial Integrity of 2012 reveals that on average Burundi lost $74 million through illicit financial transaction between 2002 and 2011, for Rwanda the figure was $211 million and for Uganda it was $739 million. Whether or not, all or a portion of these millions of money illegally taken away from these countries came from the trade of smuggled minerals from Kivu region, cannot be confirmed. However, among the effects of illicit financial outflows relevant to Burundi, Rwanda and Uganda’s economies are a reduction of tax collection and investment inflows and worsening of poverty while the rich continue to become richer.

    Economic growth versus instability in Eastern DRC

    It is often argued that the instability in eastern DRC has benefited the economies of Burundi, Rwanda and Uganda. In my view such claim needs to be re-examined. The high economic growths that are said to have been achieved by these countries from smuggling and trading the natural resources from eastern DRC region are not inclusive. The majority of the population from these countries have not truly benefited from their country’s economic growth.

    According to the International Monetary Funds estimates, Burundi, Rwanda and Uganda economies have on average expanded remarkably from late 1990’s up until 2012. Burundi’s growth was 3%, Rwanda’s 8.5% and Uganda’s 6.6%. However, these economic growths mask high inequalities in the human development of the citizens from these countries.  The most recent human development report reveals that Rwanda and Uganda’s human development index (HDI) levels have been increasing. However, when these HDI levels are discounted for inequality in education, health and income, the levels become low, as they were in 1980s. This means that the human development for the majority of the population in these countries has not improved despite the high economic growth said to have been achieved by smuggling and trading the natural resources from eastern DRC region (see table below).

    The outstanding economic achievements made by these countries are being undermined by the conflict in the east of DRC. For instance, in 2005 the International court of Justice ordered Uganda to pay $6 – $10 billion to the Democratic Republic of Congo to compensate for five year occupation of the eastern DRC[2]. The reimbursement of this compensation is a significant unforeseen capital outflow from Uganda treasury that will have a great impact to the country’s economic development. Aid donors have also suspended and delayed payments to Rwanda in 2013 due to its alleged involvement in the DRC conflict. The International Monetary Fund has highlighted in the article IV of 2013 on Rwanda that such a delay of aid payment is a crucial challenge to Rwanda’s economic development. In fact Rwanda missed its forecasted economic growth of 6.6 percent in 2013. The country only achieved a 4.6% growth due to cuts in the country’s budgetary support by aid donors.

    Other often disregarded economic losses

    Some of the overlooked facts that affect the economic progress of the DRC’s eastern neighbouring countries as a result of the instability in the Kivu region, include the tarnished reputation and the loss of integrity of particularly Rwanda and Uganda within the international community. It is on this same international, economic and political circle that these countries rely on to promote their economic and social development. Due to their tarnished reputation, some foreign investors may abstain from investing in Rwanda and Uganda.

    The impact of continuous influx of DRC refugees into the DRC’s neighbouring countries due to the eastern of DRC conflict conflicts should also be taken into consideration. The UNHCR estimates that in 2013 there were 75,000 refugees in Rwanda and if the conflict in the DRC continues the number of refugees in the country for 2014 may rise to almost 91,000 persons. Uganda is said to be hosting over 66,000 Congolese refugees as per July 2013. By the beginning of 2014, Burundi has been anticipated to be hosting over 50,000 refugees, most coming from the DRC. This increasing number of refugee influx in these countries could put even more pressure on limited financial and land scarcity that the citizens of Burundi, Rwanda and Uganda already experience.

    Finally, the flow of human capital consisting of young men and women – in most cases children – from Burundi, Rwanda and Uganda that is recruited by different stakeholders involved in the conflict is detrimental. In March 2013 Human Rights watch reported that an estimated 20,000 Ugandan children have been abducted by the rebel Lord’s Resistance Army (LRA) – a rebel group involved in the east of DRC conflict – during the 16 years fight between the rebel group and the Ugandan government. The same source reported that in June 2012, between 200 and 300 Rwandans were recruited in Rwanda to fight alongside M23 forces, a rebel group that has also been fighting with the Congolese government army in the East of DRC. If this human capital were to be managed efficiently, it could have been a crucial asset to employ towards realising these countries ‘respective social and economic development.

    Mounting economic losses

    Further conflicts in the region will worsen the economic and social development of the Great lakes regions. These will have extra repercussions on key economic sectors of Rwanda and Uganda namely the tourism and natural resource sectors. Rwanda and Uganda’s tourism sectors are important for these countries’ economies. According to the World Bank data, international tourism receipt in Rwanda and Uganda was 35% and 24% of the total export in 2010 respectively. Further conflict will put at risk the tourism in both Rwanda and Uganda. This is because the most attractive tourism attractions for Rwanda and Uganda, namely the Volcanoes National Park of Rwanda and Mgahinga Gorilla National Park of Uganda, known to host the rare and extraordinary mountain gorillas, are located closer to their borders with DRC, where the fighting has been taking place. Enduring conflict in the east of the DRC will to some point diminish the numbers of tourists as they perceive these attractions to be located within or close to a conflict zone.

    Furthermore, Rwanda has natural gas deposits under Lake Kivu whilst Uganda has 3.5 billion deposits of oil barrels in Lake Albert. Given that these resources are located in a slight proximity of the conflict area, any outbreak of war close to these lakes could decelerate gas exploration in Rwanda and oil production in Uganda. Thus, impede future social and economic development of both countries. Lastly, evidence of alleged involvement of Rwanda in the conflict in the east of DRC will lead to further aid cuts which will then decrease the country’s economic performance affecting its credit rating level the country uses to raise capital in the international money market.

    Overall, claims that Burundi, Rwanda and Uganda’s economies have benefited from the instability in the Eastern DRC must be substantially supported with solid evidence. The aforementioned account clearly demonstrates that the instability in Eastern DRC benefited very few individuals involved in the trade of looted natural resources to the very detriment of the social and economic development of the ordinary people from the DRC, Burundi, Rwanda and Uganda.

    A hazard to the East African Community

    congo2The eastern DRC conflict showed how dangerous it could be when it extended its strain amongst the East African Community (EAC) member states. In doing so, it threatened to destroy the existing relationship of its members and subsequently put at risk the economic cooperation between the citizens of the EAC. The EAC is the regional intergovernmental organisation of the Republics of Burundi, Kenya, Rwanda, Uganda and the United Republic of Tanzania. The aims of the EAC are to widen and deepen cooperation among the partner states in, among other, political, economic and social fields for their mutual benefit. The community established a Customs Union in 2005 and Common Market Act in 2010. This means that the entire region offers a consumer base of more than 130 million people.

    Moreover, the EAC has numerous projects that if realised could bring about more economic prospects to its citizens. For instance, EAC member states plan to construct new railway lines that could see landlocked countries members of the EAC namely Burundi, Rwanda and Uganda having access to the Indian ocean via the port of either Dar Es Salaam in Tanzania or Mombasa in Kenya. However, the EAC’s good intentions for its entire members were disrupted by conflict in Eastern DRC as the conflict’s strain extended among states within the organisation. Tensions rose between Tanzania and Rwanda after Tanzania suggested Rwanda to negotiate with the FDLR, a Rwandese armed rebel group in the East of the DRC. This was followed by a war of words between Rwanda and Tanzania. Subsequently, Tanzania was isolated within the EAC. To some extent Tanzania had to officially complain to the EAC Council of Ministers for being side-lined in the bloc. The worse that could have happened is that Tanzania would have withdrawn from the EAC taking with it all the economic opportunities it could have offered to other member countries of the EAC. These include Tanzania’s consumer base of 45 millions people, commercial opportunities from trading the country’s abundant natural gas, uranium and other minerals, Tanzania’s location as a gateway to Malawi, Zambia and Mozambique markets and to the Indian Ocean, the good relationship Tanzania has with the natural rich DRC and the good reputation it has within the international community for having embraced and practicing democratic values. All these are significant advantages which other members of the EAC do not necessarily have and which they could to some extent capitalise on towards achieving the EAC’s economic and political objectives. Fortunately, Tanzania did not withdraw from the EAC for the obvious reasons that other members of EAC also have economic advantages that the country could benefit from. However, the experience remains an example of how the east of DRC conflict could be a disruption to the achievements of the EAC.

    A hindrance to the EAC’s economic prosperity

    congo4The conflict also constitutes a great risk of blocking the economic prospect of the EAC if it is not ended peacefully.  Last year, Tanzania and Kenya announced two complementary projects aiming at renovating the ports of Dar Es Salam in Tanzania and the port of Mombasa in Kenya and overhauling the transport corridors linking all EAC members ‘countries to the Indian Ocean. The subject transport corridors to be revamped are the northern and central corridors. The northern corridor development (blue line on the map) is controlled by Kenya and will link Uganda, Rwanda, Ethiopia, South Sudan and eastern DRC. Tanzania controls the development of the central corridor (red line on the map) which will link Rwanda, Burundi, Uganda and additionally the eastern part of the DRC, Zambia, Zimbabwe and Malawi. Once the development of these transport corridors has been completed and are operational, channelling imports to any member country of the EAC will be easier. Consequently, this will increase commercial activities within the EAC and attract investments, particularly to the EAC’s landlocked countries because transport from and to the Indian Ocean would have been made more accessible.

    The main challenge for the EAC is how its members will fully capitalise on the transport corridors for export purposes considering that members of the community are primarily importers.  The corridors will comparatively increase the export in the region if EAC members develop a manufacturing industry consisting of exporting processed products to the world markets. The glitch is that to develop a manufacturing industry requires the region to invest not only in transport, but also in electricity generation projects.  The EAC member countries being primarily importers do not have abundant tangible goods to export towards the world markets and make the most out of the developed transportation corridors. However, Eastern DRC has lavish minerals and timber which need to be shipped to the world markets. Once the corridors have been extended until this region, the EAC members will be able to profit of its developed transport corridors for export purposes. However, this can only be achieved if the conflict in the east of the DRC has ceased and the EAC members are willing to support the DRC in developing its mining and timber industry for the benefit of the entire Great Lakes region and the EAC.  Otherwise, the conflict in the Kivu region will remain a significant obstacle to fully capitalising on the development of the transport corridor routes for export purposes and ultimately prevent the EAC from maximising its economic prospect potential.

    The way forward

    In order to move forward one has to take advantage of the fact that the DRC is open to undertake trade and development projects with other countries worldwide. For instance, in September 2007, the DRC and China signed a cooperation agreement which has the potential to transform the DRC’s economic standing and at the same time benefit China. The deal was that China provides $9 Billion of finance for nationwide construction of roads, railways, hospitals, schools and dams as well as for mine development. In exchange DRC agreed to provide China with up to ten million tonnes of copper and hundreds of thousands of tonnes of cobalt from mines in the south-eastern province of Katanga.  The deal has raised a lot of concern and critics amongst different stakeholders in the DRC and on the international stage which led to the deal being revised. However, it remains a concrete example illustrating that the DRC wishes to build trade and development cooperation with other countries.
    Another example is an agreement that the DRC signed with South Africa in October 2013. The two countries signed a cooperation treaty to jointly develop the Inga III Dam whereby South Africa will purchase at $12 billion, 2,500 MW of the total 4,300 MW that the dam will produce once completed[3]. The project to develop the Inga III is said to be the largest hydroelectric project in the world with the potential to power half of the African continent. It is claimed that once completed, the hydropower scheme will provide cheaper and readily available energy and allow Africa’s industrial and manufacturing industry to take off.

    It is evident that the DRC would like to capitalise on its resources and build trade relations with countries that possess the capital and concrete development project ideas. Most importantly, these are countries that have courteous approaches to DRC’s sovereignty and the Congolese people. China and South Africa, being the leading economies in their respective regions, have the capital to invest in the DRC and the projects that these countries have decided to invest in are seemingly solid and positive. The most outstanding of all – that policy makers in the Great lakes and EAC should learn from and follow suit – is the approaches that China and South Africa have used to convince the Congolese to work with them.

    China and South Africa have used a soft power approach to build economic cooperation with DRC. Soft power is opposed to hard power which resorts to economic incentives and military strength. China’s soft approach with the DRC and other African countries consists of China portraying itself as sharing a similar vision on mutual economic benefits. Furthermore, through the concept of South-South cooperation and the promotion of an alternative model of partnership as a political legitimacy, China has peacefully gotten its tight grip on the natural resources of the DRC.

    South Africa’s soft power approach in building economic cooperation with the DRC was based on the ubuntu concept. After signing the crucial treaty on the Grand Inga Hydropower, the President of South Africa said: “In the spirit of ubuntu, which means “I am because we are” and which is a core principle underpinning the world of the South African government, we will continue to stand side by side with the DRC”.[4]

    Will the policy makers of the Great Lakes and the EAC learn from China and South Africa and formulate constructive approaches to capitalise on their proximity with the rich Kivu region in the East of the DRC?  Will they really be able to promote sustainable economic development in the Great lakes region and the East of African community? Or they will also be remembered for wasting economic development opportunities?

    It could be argued that it is idealistic for policy makers in the Great Lakes and EAC community to forge economic cooperation with the DRC because of the political issues in the region. But yet again, one has to wonder about the added value of politics that favour individual enrichment through conflict to the detriment of regional economic development. Perhaps this is the time for reflection and change.

    Written by Aimé Sindayigaya , edited by Jules Niyibizi

    The views expressed by the author in the above article are solely the author’s personal views and not his employer.

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    [1] A report by the UN Economic Commission for Africa (UNECA) entitled The state of governance in Africa: The Dimension of Illicit Financial flows as a Governance Challenge, classifies illicit money into three main forms 1) the proceeds of theft, bribery and other forms of corruption by government officials, 2) the proceeds of criminal activities including drug trading, racketeering, counterfeiting, contraband and terrorist financing, and 3) the proceeds of tax evasion and laundered commercial transactions.

    [2] http://www.theguardian.com/world/2005/dec/20/congo.uganda

  • Gouvernement de cohésion nationale : être ministre et mourir …

    Gouvernement de cohésion nationale : être ministre et mourir …

    ministres-La Majorité présidentielle, l’Opposition et la Société civile continuent de s’entredéchirer autour des portefeuilles ministériels à se partager au sein du très attendu gouvernement de cohésion nationale.

    A voir comment hommes et femmes, ministres en fonctions comme candidats ministrables, se débattent pour ne pas rater le train d’un exécutif qui parait comme celui de la dernière chance, c’est comme si en dehors de la fonction ministérielle, il n’y a plus d’autre alternative pour la patrie.

    « Jeune Afrique » a ainsi pleinement raison de se demander, dans une de ses livraisons s’il y a « une vie après le pouvoir ». L’interrogation renvoie à ces Africains qui alignent les mandats politiques à n’en point finir, comme s’ils étaient nés ministres et mandataires publics et devaient mourir sous ce statut. Dans un Etat « normal », les citoyens postulent pour des mandats publics dans l’unique souci de se rendre davantage utiles à leur communauté. Mais en Afrique et singulièrement en République Démocratique du Congo, la culture de l’enrichissement rapide e personnel par le biais des charges publiques prend le dessus sur celle du sacrifice, du don de soi, de l’exercice du pouvoir pour le bien collectif.
    Cela tient le plus souvent au fait qu’au moment de leur nomination, certains ministres prennent leurs fonctions sous le statut de locataires, sans voiture, sans comptes bancaires, monogames et parfois sans veste ni cravate, pour en repartir avec un parc immobilier et automobile scandaleux, millionnaire, polygame et une garde- robe pareille à une constellation des griffes de meilleurs couturiers occidentaux. Quand on a passé le plus clair de son temps à « se servir » au détriment de la multitude, à « s’installer » et « installer », à prendre des pots de vin ou à corrompre, à abuser de ses pouvoirs, à n’avoir aucune considération pour les citoyens d’en-bas, on ne peut qu’avoir peur de redevenir « monsieur tout le monde », sans pouvoirs, sans privilèges, sans garde rapprochée et sans argent. Etre ministre et mourir: telle est désormais la devise de l’écrasante majorité des Congolais. L’on comprend pourquoi les salles d’attentes des cabinets du président du Sénat, Léon Kengo wa Dondo, et du président de l’Assemblée Nationale, Aubin Minaku, ne désemplissent pas. Au Palais du peuple comme dans leurs résidences officielles, ils sont fréquentés sans relâche par des courtisans qui ne demandent qu’une chose : devenir ministres. On comprend aussi pourquoi chaque mouture des ministrables balancées dans les médias fait trembler plus d’un.
    Le feuilleton des listes des ministrables, lancé il y a sept mois, se poursuit, avec d’interminables épisodes.

    Senghor, Nyerere, Kaunda et d’autres…

    Pourtant, l’Afrique n’est pas orpheline de dirigeants ayant montré l’exemple dans la voie de la retraite politique honorable, marquée par une « carrière » de médiateurs, de technocrates, de conférenciers, d’experts, de consultants qui ont davantage renforcé leur crédibilité. Les Sénégalais Léopold Sédar Senghor et Abdou Diouf, le Tanzanien Julius Nyerere, le Zambien Kenneth Kaunda, les Béninois Mathieu Kérékou et Nicephor Soglo, le Ghanéen Jerry Rawlings, le Botswanais Ketumile Masire, le Nigeria Olusegun Obasanjo, les Sud-Africains Nelson Mandela et Thabo Mbeki, le Mozambicain Chissano, le Burundais Pierre Buyoya. . . constituent des modèles d’anthologie pour une Afrique où la peur du lendemain continue de hanter les hommes au pouvoir.
    On les voyait ou on les voit encore sillonner le continent, pour jouer la médiation dans tel conflit armé, en vue de faire taire les armes et réconcilier des frères ennemis, superviser des régimes de transition ou des processus électoraux. En RDC, on n’oubliera pas de si tôt la médiation conduite par Nelson Mandela en avril 1997, sur le bateau Outeniqua, au large de Pointe Noire, pour tenter un rapprochement entre le maréchal Mobutu et le « rebelle » Laurent-Désiré Kabila. De même, l’on garde un agréable souvenir de Ketumile Masire, l’homme qui avait permis de renouer le fil du dialogue entre le pouvoir de Kinshasa et ses mouvements armés, à partir de l’année 2001, jusqu’à l’apothéose de Sun City, à savoir la signature, en décembre 2002, de l’Accord Global et Inclusif pour la période de Transition
    (2003- 2006).

    Jusque-là, les Congolais de la RDC peinent à inscrire leurs noms au panthéon des Chefs d’Etat à la retraite, bien dans leur peau, après avoir rendu de bons et loyaux servis à leur nation, réclamés sur les fronts politiques et diplomatiques à travers le continent. Ce ne sont pourtant pas les opportunités d’une démocratie adulte et d’une alternance politique apaisée qui manquent. Kasa-Vubu avait refusé de passer la main en 1965, après avoir perdu les élections législatives et Mobutu, en 1992, au terme de la Conférence Nationale Souveraine avait fait une interminable résistance aux résolutions de ce forum. On connaît la suite.
    Kimp

    Le Phare

  • Rwanda-RDC : vers un règlement définitif de la question FDLR

    Rwanda-RDC : vers un règlement définitif de la question FDLR

    fdlr1– La dynamique devrait pousser vers l’organisation d’un dialogue franc et sincère pour une solution définitive de la problématique rwandaise.

    Après avoir annoncé leur reddition le 18 avril dernier sans trop rassuré au regard des échecs ayant caractérisé leurs premières tentatives, les Forces démocratiques de libération du Rwanda (FDLR) sont finalement passées à l’action le 30 mai en se rendant avec armes et munitions. La cérémonie symbolique a eu lieu dans la petite localité de Kateku à environ 220 km au nord de Goma en présence des représentants de la Communauté de développement d’Afrique australe (Sadc) et de l’envoyée spéciale de l’ONU pour la région des Grands lacs, Mary Robinson. Ils étaient cent cinq ex-combattants des FDLR, tous des jeunes et visiblement contents de tourner la page de leur vie antérieure, à se rendre au cours de cette cérémonie. Près d’une centaine d’armes dont douze lourdes ont été récupérées par la Sadc en présence du président ad intérim des FDLR Victor Biringiro.

    Un peu partout, on salue ce geste prémonitoire à une paix durable dans la partie est du pays longtemps livrée à la merci de ces combattants qui y sont établis depuis 1994 à la suite du génocide rwandais de triste mémoire. Ces rebelles hutus rwandais  sont accusés d’avoir participé au génocide des Tutsi qui a fait au moins 800 000 morts, selon l’ONU. La cérémonie du vendredi est perçue comme une première vague d’un processus de reddition censé être bouclé d’ici vingt-deux jours, a tenu à préciser le gouverneur du Nord-Kivu Julien Paluku. D’après ce dernier, le processus devrait concerner au total huit-cents combattants au Nord-Kivu et près de six cents au Sud-Kivu. Les combattants ainsi démobilisés, a-t-il ajouté, seront par la suite regroupés à Walikale à l’ouest de Goma avant d’être transférés dans un site de « relocalisation provisoire » à Irebu (province de l’Équateur) où ils pourront choisir de « retourner au Rwanda ou demander asile ».

    À Kinshasa, l’on se réjouit de ce dernier développement consécutif à la sommation faite aux groupes armés opérant dans l’est du pays de déposer les armes. Pour le porte-parole du gouvernement, cette opération devrait se poursuivre et dissuader le reste de troupes des FDLR réfractaires à la démobilisation à s’engager dans cette dynamique au risque de subir la pression militaire des Fardc. Pour l’heure, les combattants FDLR qui se sont rendus ont été acheminés à Kanyabayonga, plus au sud, où ils seront mis en condition avant d’amorcer la prochaine étape. Ils pourront y être rejoints par leurs familles dans les heures qui viennent. Toutefois, seulement quatre-vingt-dix-sept parmi les éléments démobilisés ont effectué le déplacement de Kanyabayonga, le reste s’étant volatilisé dans la nature au moment de l’embarquement.

    Après près de vingt années de tentatives infructueuses, l’on croit savoir que cette fois-ci sera la bonne. Cette démarche devrait, de l’avis de la direction de ce groupe armé, conduire à la pacification de l’est de la RDC tout en poussant vers « l’organisation d’un dialogue franc, sincère pour un règlement pacifique et définitif du problème rwandais ».  

    (Agence d’information de l’Afrique Centrale)

    Alain Diasso
  • Les combats perdus de l’UDPS

    Les combats perdus de l’UDPS

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    Il est des combats qui se perdent avant même qu’ils aient commencé, soit puisqu’ils ne valent pas la peine d’être menés, soit tout simplement parce qu’ils sont mal entrepris : trop tôt ou trop tard. Il y a une autre raison : quand le coût ou les dommages collatéraux qu’ils génèrent sont très élevés.

    Les combats perdus d’avance ne le sont pas au seul motif qu’ils sont difficiles. L’UDPS, “la fille ainée de l’opposition” congolaise, a mené de ces combats difficiles, à corps-à-corps avec le régime Mobutu, par exemple. Beaucoup de ses membres sont tombés sur le champ de bataille, souvent mains nus.

    Même aujourd’hui, L’UDPS fait toujours penser à des membres courageux et intrépides, prêts à se sacrifier pour leur idéal. Sans le travail sur le terrain du “parti de Limete“, on voit mal comment l’AFDL aurait pu “marcher” si facilement entre 1996 et 1997 d’Uvira à Kinshasa et être facilement accepté par les populations.

    Cela dit, il y a lieu de se demander quelle place occupera dans l’histoire du Congo la démarche menée par l’UDPS au lendemain des élections ” très controversées” de novembre 2011, laquelle visait à ” ramener l’imperium à Etienne Tshisekedi, le vrai vainqueur des présidentielles ” ? Sans en nier la légitimité ni le courage, c’est là l’exemple d’un de ces combats perdus d’avance.

    Pour trois raisons au moins, cette démarche était mort-née. D’abord, elle s’est basée sur une lecture superficielle des faits. Ensuite ceux qui l’ont menée n’ont pas été bien choisis. Enfin, quoiqu’initiée de l’intérieur, elle a fait plus de dommages à l’UDPS que ne l’ont faits ses propres ennemis.

    Une mauvaise lecture des évènements du 26 novembre 2011. Si la Direction politique de l’UDPS avait procédé à une analyse à tête reposée des évènements qui eurent lieu avant et peu après l’atterrissage de l’avion du candidat Tshisekedi à l’aéroport international de Ndjili  qui était en provenance du Bas-Congo , le 26 novembre 2011 , elle aurait vu que, dès le début, ” les dés étaient pipés “.

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    Attendu à Ndjili, c’est plutôt à l’aéroport de Ndolo que son avion est forcé d’atterrir, ” sans en être informé “. Et que de choses étranges se passeront ce jour-là ! ” RadioOkapi.net en décrit quelques unes :

    Autour de 23 heures quart, les policiers munis de boucliers et gourdins s’avancent vers la Jeep d’Etienne Tshisekedi pour le forcer à rentrer chez lui après avoir dégagé le passage. C’est le début des accrochages entre la police, les militants de l’UDPS et la garde de Tshisekedi.

    Dans cette cohue, son chauffeur qui refuse de conduire est passé à tabac. Un policier prend le volant. Etienne Tshisekedi est ramené de force chez lui à Limete autour de minuit. Selon des sources de l’UDPS, une dizaine de militants de ce parti ont été tués au cours de cette journée. Ainsi prend fin la campagne électorale 2011 à Kinshasa“.

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    Quand il résume les évènements dans une déclaration impromptue à la presse tenue à l’aéroport et rapportée par Radio Okapi, on ne peut pas ne pas y lire le manque de confiance de M. Tshisekedi à l’endroit du représentant de l’Onu à Kinshasa :

    « Quand on arrive à des situations pareilles, c’est alors qu’on prend une position qui inspire confiance. Je suis agressé par la police de Kabila, je suis séquestré. La police de Kabila ne veut pas que je regagne ma maison. Et comme solution, la Monusco trouve qu’elle doit m’escorter. Ça veut dire quoi ? Elle trouve ça légal ce que Kabila fait ! ».

    Entamer une démarche en vue de contraindre les pays membres du Conseil de sécurité et d’autres à faire marche-arrière après qu’ils se soient tus (à travers la Monusco) quand le candidat de l’opposition était empêché de se mouvoir pendant un jour de campagne électorale n’était pas réaliste. “Limete” n’avait pas compris que la messe était dite et que l’alternance politique n’était pas encore à l’ordre du jour en RDC.

    L’échec cuisant de la mission entreprise plus tard pour “restaurer l’imperium” révèle si pas la cécité, du moins l’erreur des initiateurs de la démarche .

    Confier la mission au propre fils de Tshisekedi était une erreur de casting. Même s’il y a des Bush présidents de père en fils, il ne faut pas faire l’amalgame. Pour la plupart d’occidentaux, la succession politique en Afrique de père en fils est à décourager, car pas démocratique. C’est du népotisme.

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    De ce fait, quelles que soient les qualités diplomatiques dont M. Felix Tshisekedi pouvait disposer, le désigner lui (certes à bon droit, en tant que SRNE) à la tête de cette mission revenait simplement à placer un fils à la défense de son père.

    En d’autres termes, tel que cela apparaissait, on se trouvait devant une situation où une question d’ordre privé (disons familial) était indûment transformée en une question nationale. Du coup, la démarche était vidée de son vrai sens et perdait son caractère national et politique. Mieux inspirés, ils l’auraient adjoint à d’autres personnalités, et non mettre Felix Tshisekedi en première ligne.

    Même sur le plan médiatique, cela se présentait mal : Felix Tshisekedi n’était perçu que comme le fils de son père et non comme un responsable légitime de l’UDPS, par la faute du casting.

    Dommages collatéraux ” désastreux pour le parti. L’UDPS ne s’est jamais mal porté depuis: d’abord le silence, lourd et pesant pendant non pas des mois, mais des années. Certes, il y avait ici et là un débat radiotélévisé sur une chaine nationale auquel un responsable du parti participait, mais ce n’est pas cela ce que l’on savait de l’UDPS. Tout laissait croire que les résultats des élections présidentielles décevants pour “Limete” avaient mis le parti au tapis, et il n’était pas prêt de se relever.

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    Les malheurs des uns faisant le bonheur des autres, Vital Kamerhe, malgré son maigre pourcentage (7,97%) aux dernières élections, a su tirer son épingle de jeu et devient peu à peu la référence de l’opposition congolaise. C’est vers lui désormais que la presse étrangère se tourne pour avoir “l’autre point de vue” sur l’actualité chez-nous.

    Quant à l’UDPS, sans que l’on sache pourquoi, sa “visibilité” se voit seulement dans les communiqués publiés dans la presse congolaise ou sur les réseaux sociaux, à la manière des partis politiques “alimentaires“.

    Autre conséquence d’une gestion désastreuse de la crise, le discours de l’UDPS était des plus confus et démobilisateur: “l’UDPS n’est pas un parti d’opposition“, a-t-on entendu bien des fois. Dans la foulée, on a créé une plateforme politique dénommée Majorité Présidentielle Populaire.

    C’est comme s’il était question de convaincre des individus au chômage qu’ils travaillaient. Comment convaincre des membres de l’opposition, et dont le leader était en résidence surveillée, qu’ils avaient le pouvoir ? A défaut de la duplicité, ce n’est rien d’autre que de la démagogie. Peut-on omettre le fait qu’en multipliant les déclarations optimistes du genre “c’est un combat de longue haleine“, les dirigeants de l’UDPS ont donné un faux espoir aux “combattants“.

    On peut aussi ajouter que l’UDPS a, en route, perdu quelques alliés politiques fatigués d’attendre “la restauration de l’imperium” qui ne venait pas. N’ayant pas misé sur le fait que la mobilisation vécue au lendemain des élections ne pouvait s’essouffler vite, “le parti de Limete” a payé le prix d’une gestion de manière précipitée d’une crise dont les ramifications et les conséquences sont innombrables.

    L’échec de cette mission sonne aussi l’échec de l’unanimisme au sein des formations politiques. Si un tel sujet avait fait l’objet de longues discussions avant de l’entreprendre, peut-être ne l’auraient-ils pas entrepris du tout. Les universitaires et intellectuels devraient aussi traiter de sujets d’intérêt national sur leurs blogs ou au cours des émissions radio ou télé afin d’en examiner les contours, et fournir aux décideurs de la matière.

    D’après ce que l’on voit, jusqu’au jour d’aujourd’hui, l’UDPS est encore suspendu au “règlement de la question des élections frauduleuses de novembre 2011“. Mais personne n’est sûre de la date exacte de ce règlement, ni si elle sera jamais réglée un jour. Entretemps, les nouvelles échéances approchent à grands pas. Mal préparées, l’après-Tshisekedi risque de faire de l’UDPS juste un parti comme un autre, à cause des combats perdus d’avance.

  • Apollinaire Malumalu : «Les élections urbaines, municipales et locales ne concurrencent en rien les élections de 2016»

    Apollinaire Malumalu : «Les élections urbaines, municipales et locales ne concurrencent en rien les élections de 2016»

    Apollinaire Malumalu-Le président de la Commission électorale nationale indépendante (Ceni), l’abbé Apollinaire Malumalu était invité dans Parole aux auditeursmercredi 28 mai. Il a répondu aux questions des auditeurs sur le calendrier des élections urbaines, locales et municipales. Cet échéancier que la Ceni a publié lundi dernier ne fait pas l’unanimité au sein de la classe politique congolaise. Le MSR estime que c’est une occasion pour le peuple de «voter ses dirigeants de proximité». Mais une partie de l’opposition pense que calendrier vise à maintenir le président Kabila au-delà de son mandat constitutionnel, qui expire en 2016.

    Résumé des points saillants de l’intervention de l’abbé Malumalu.

    A l’instar des opposants, certains auditeurs pensent que le calendrier des élections urbaines, municipales et locales ne sera pas respecté. Ce qui ouvrirait la voie à une prolongation automatique du mandat du président Kabila. Le président de la Ceni a répondu :

    « Comme vous le savez, ces élections [urbaines, municipales et locales] se déroulent en 2015. Je ne pense pas qu’on puisse redouter du non respect du calendrier. Conformément  la loi, toutes les institutions ont été consultées avant que nous ne publions le calendrier. Il n’y a aucune institution qui n’a pas été consultée. Nous avons soumis au Premier ministre un budget pluriannuel 2013-2016 ».

    « Notre ambition, est d’organiser non pas une élection, mais l’ensemble des élections… Les élections urbaines, municipales et locales ne concurrencent en rien les élections de 2016 ».

    L’abbé Malumalu a précisé que la Ceni a tenu à organiser les élections locales en 2015, parce que selon la loi, pour la présidentielle elle doit convoquer le corps électoral 90 jours avant la fin du mandat du président de la République.

    La fin du mandat du président de la République intervient en 2016.

    Apurer les arriérés électoraux

    Pourquoi organiser les élections urbaines, municipales et locales d’abord alors que d’autres scrutins prévus dans le cycle électoral de 2011 n’ont jamais été organisés, a interrogé un autre auditeur. C’est le cas des élections des députés provinciaux, des gouverneurs et des Sénateurs élus depuis 2006 et qui sont encore en fonction.

    L’abbé Malumalu explique que les élections urbaines, municipales et localesconstituent aussi des arriérés électoraux de 2011 au même titre que les provinciales et sénatoriales :

    « Je voudrais d’abord corriger une chose. J’entends les acteurs dire que le processus de 2011 n’avait planifié que les élections provinciales et sénatoriales. Non la loi électorale modifiant celle de 2006 annonçait les élections présidentielle, législatives nationales, provinciales, urbaines, municipales et locales. Ces dernières sont au même titre que des élections sénatoriales et provinciales, des arriérées électoraux de 2011 ».

    Il reconnaît par ailleurs « un dysfonctionnement institutionnel » au niveau du Sénat, des gouverneurs de provinces et des députés provinciaux. Mais le fait que ceux qui dirigent dans les entités locales, urbaines et locales soient nommés et non élus « est encore plus grave », estime le président de la Ceni.

    La CEI (Commission électorale indépendante) avait-elle violé la constitution en 2006 en n’organisant que les législatives et la présidentielle sans organiser les élections urbaines, locales et municipales ?

    « La CEI en 2006 n’a pas violé la constitution en n’organisant pas les élections urbaines. C’est le gouvernement qui n’avait pas encore rempli les préalables pour organiser ces élections. La loi sur les entités décentralisées est sortie en 2008, la loi sur les entités déconcentrées en 2010, les décrets du Premier ministre en 2013, et les arrêtés du ministre de l’Intérieur en 2014. Maintenant que les conditions sont réunies, la Ceni ne peut pas dire qu’on ne va pas aux élections urbaines tant attendues ».

    Quels liens Malumalu entretient-il avec la Majorité présidentielle ?

    Un auditeur se dit surpris qu’à chaque décision de la Ceni, la Majorité présidentielle applaudit alors que les ténors de l’opposition rejettent presque toujours.

    L’abbé Malumalu a accompagné sa réponse d’un sourire :

    « On est dans une culture de la personnalisation. Les gens passent leur temps à parler à longueur des journées de Malumalu. La Ceni est une institution d’appui à la démocratie, elle n’a pas de lien direct avec la majorité et l’opposition. Cette décision [de la publication du calendrier] a été prise à l’unanimité. Nous sommes à 13 dans l’organe des décisions. Six membres sont de la MP, quatre de l’opposition et trois de la société civile ».

    Le président de la Ceni a souligné que son institution a respecté les propositions formulées par la Majorité présidentielle, l’opposition et la société civile, depuis qu’elle a publié sa feuille de route électorale.

    « Toutes les propositions qui ont été faites ne portaient pas seulement sur les élections urbaines, elles portaient plus sur le mode de scrutin des élections sénatoriales. Donc la Ceni a respecté ces propositions, c’est ainsi que ce calendrier [des sénatoriales, provinciales] n’est pas encore publié, elle attend que le législateur se prononce d’abord », a-t-il soutenu.

  • Hollande et la « Françafrique » : une présence militaire accrue pour renforcer la domination impérialiste

    Hollande et la « Françafrique » : une présence militaire accrue pour renforcer la domination impérialiste

    Sommet-de-Paris-hollandeEn 2012, à peine élu, Hollande proclamait qu’avec lui « le temps de la Françafrique est révolu » ainsi que celui « d’une diplomatie qui serait celle de nos intérêts économiques ». Mais en janvier 2013 il se lançait dans une intervention militaire au Mali dont le but principal, derrière le paravent de la lutte contre le terrorisme islamique, était le maintien de l’ordre dans la région du Sud Sahel pour la défense des intérêts français, en particulier ceux d’Areva au Niger. Et en décembre 2013 l’armée française intervenait en Centrafrique pour tenter de mettre en place un régime suffisamment stable du point de vue des intérêts de l’impérialisme. Cette intervention n’a rien à voir avec la protection des populations contre les exactions commises par les différentes milices, qui ont toutes été soutenues à un moment ou un autre par la France. François Hollande se sentait particulièrement fier d’agir en gendarme de l’Afrique et de voir reconnaître son rôle par ses alliés américains et européens. Sa politique a contribué à renforcer la présence militaire dans ce que la France considère sa zone d’influence en Afrique, en faisant peser le poids de sa domination plus lourdement sur les populations.

    Les interventions françaises en Afrique, bien que toutes annoncées comme devant être de courte durée, se prolongent car elles n’apportent ni stabilité, ni pacification. Dans le cas de la Centrafrique, l’intervention française n’empêche aucunement les massacres, car si les milices Séléka ont été désarmées, les autres ne l’ont pas été et continuent à tuer. La population se voit contrainte de fuir massivement vers des camps de réfugiés pour échapper aux exactions des diverses troupes armées. Quant à l’opération Serval au Mali, elle n’a pas mis fin au terrorisme ni aux menaces que celui-ci fait peser sur les populations. Loin d’avoir été éliminés, les groupes armés islamistes se sont repliés ailleurs, élargissant une nouvelle fois les zones de conflits.

    Il faut tout le cynisme des hommes politiques, de gauche comme de droite, pour prétendre que les interventions françaises ont pour objectif de protéger les populations. Elles viennent en réalité à l’appui des régimes soumis aux intérêts français et visent à défendre leur ordre politique, y compris les frontières datant de la colonisation. Elles tentent de maintenir une certaine stabilité politique. Mais le pillage économique auquel se livre l’impérialisme engendre une telle misère, un tel désespoir qu’aucune stabilité n’est possible.

    Non seulement la Françafrique n’est pas morte, mais elle s’accompagne de plus en plus, pour les populations, de guerres et de massacres.

    La Françafrique, fille naturelle de l’impérialisme

    Le terme de Françafrique est entré dans le vocabulaire politique pour définir les méthodes utilisées par les dirigeants politiques, les hommes d’affaires, les hauts gradés militaires français, différents services « spéciaux », dans cette partie du monde. Trafics en tout genre, corruption, assassinats, interventions militaires, aides aux coups d’État, jusqu’au soutien actif au génocide au Rwanda de 1994, les gouvernements français n’ont reculé devant aucune abjection. Mais ce qui se joue en Afrique n’est pas qu’une question de méthodes. La Françafrique n’est pas un dérapage lié à des hommes de l’ombre qui agissent depuis plus de cinquante ans en Afrique, même si ceux-ci sont particulièrement véreux et ressemblent bien à s’y méprendre à des malfrats. Derrière cet aspect scandaleux, il existe une réalité économique, la nécessité pour les grands groupes capitalistes de maintenir leur domination sur ce qu’ils considèrent comme leur zone d’influence. Au moment des indépendances dans les années 1960, la France était devenue un impérialisme de seconde zone. Les méthodes de la Françafrique servirent à préserver son pré carré et faire face à la concurrence des États-Unis, du Japon, voire d’autres grandes puissances comme la Chine, alors que sa puissance économique n’y suffisait pas. La nécessité de recourir à de telles méthodes est le signe d’une certaine impuissance, en même temps, celles-ci sont devenues indispensables à l’existence même du capitalisme français.

    Depuis le 19e siècle, la conquête de nouveaux marchés, et plus généralement de nouveaux territoires, est vitale pour le capitalisme de monopoles et cela entraîna les grandes puissances impérialistes dans une course pour le partage du monde. Le capitalisme parvenu dans sa phase impérialiste rendait plus âpre et plus violente la concurrence entre les grands groupes capitalistes pour trouver des débouchés, des marchés et surtout exporter leurs capitaux. L’histoire du 20e siècle n’a connu aucune trêve dans cette lutte acharnée entre impérialismes concurrents. Les différents impérialismes n’ont cessé de s’affronter par États interposés pour maintenir leurs zones d’influence ou en conquérir de nouvelles. Les deux guerres mondiales, issues de la lutte pour le repartage du monde, ont montré dans quels abîmes l’impérialisme peut plonger l’humanité. Cette concurrence continue à être une préoccupation fondamentale des grandes puissances. Entre 1945 et 1960, face aux mouvements contre l’oppression coloniale, les grandes puissances furent obligées d’accorder l’indépendance politique à leurs anciennes colonies. Mais cela ne les empêcha pas de chercher par tous les moyens à maintenir leur domination.

    Pour la France, impérialisme de second rang, la conservation de sa mainmise sur ses anciennes colonies imposait de garder un contrôle direct sur ces nouveaux États indépendants et sur leur personnel politique dirigeant. Dans ce but, tout un système politique et économique semi-colonial se forma. De Gaulle, échaudé par les années de guerre en Algérie, choisit d’octroyer une indépendance formelle aux colonies françaises en Afrique. Partout où il le put, il fabriqua de toutes pièces des États fortement liés à la métropole pour les asservir aux intérêts de l’impérialisme français. Il commença par mettre à la tête de ces États « indépendants » des hommes qui faisaient partie du sérail politique français. Houphouët-Boigny avait été plusieurs fois député et même ministre délégué en 1956 dans le gouvernement de Guy Mollet qui décida d’envoyer les rappelés en Algérie, avant de devenir président de la Côte d’Ivoire. Léopold Sédar-Senghor, marié à Ginette Éboué attachée parlementaire au cabinet du ministre de la France d’outre-mer, avait été député, avant de devenir le président du Sénégal indépendant. Et quand ces hommes politiques n’existaient pas, des anciens militaires de l’armée coloniale française firent l’affaire, comme Bokassa devenu dictateur en Centrafrique en 1965, ou Eyadéma, ancien sergent de cette armée coloniale, qui imposa sa dictature au Togo de 1967 à 2005. En plus des liens entre les hommes de l’impérialisme français et les chefs d’État africains, partout où cela lui fut possible, l’État français maintenait sa présence militaire, formait et armait les nouvelles forces militaires africaines. Par le biais du franc CFA, l’impérialisme français gardait le contrôle économique de ces anciennes colonies. L’ensemble de ce système était renforcé par des liens occultes, des relations de corruption dans les deux sens.

    Grâce à cela, l’État français décide donc directement de la politique de la majorité des États africains de ses anciennes colonies depuis leur indépendance, fait et défait leurs gouvernements en fonction de leur fidélité aux « intérêts français », c’est-à-dire de leur capacité à préserver la mainmise des groupes capitalistes français sur le pétrole ou les richesses minières. Le pouvoir français, sans discontinuité depuis de Gaulle, a soutenu des dictatures, organisé des interventions militaires pour éviter les coups d’État jugés inopportuns ou pour fomenter ceux qu’il voulait. Tout cela en contrepartie d’une liberté quasi absolue des multinationales françaises dans les pays africains de sa zone d’influence.

    Des réseaux mafieux au service de la domination française

    La Françafrique est une composante de l’État français. Dans la mesure où l’impérialisme français ne peut pas s’en passer, il en a fait un élément essentiel de la politique de ses différents gouvernements. Pour pouvoir cornaquer ces dictatures, la France s’appuie sur des réseaux constitués d’hommes de l’ombre de l’appareil d’État, de hauts fonctionnaires, d’hommes de main, de mercenaires qui assurent les liens avec des dictateurs bourreaux de leurs peuples et corrompus. Face à la concurrence des autres impérialismes, l’existence de ces réseaux et de ces mœurs est indispensable pour maintenir ces États dans sa zone d’influence. Elle a abouti à l’existence de liens étroits noués entre les dictatures ou les régimes plus ou moins autoritaires de l’ex-empire colonial et nombre de dirigeants politiques et hauts fonctionnaires de l’État français. Chacun y trouve son compte : les dictateurs d’Afrique trouvent une protection et une reconnaissance diplomatique internationale, et l’impérialisme français des commandes, des marchés et une zone d’influence. Sans parler des petites retombées pour des clans et des hommes politiques, les dirigeants africains sachant être généreux avec l’argent extorqué à leurs peuples. Nombre de dictateurs africains ont pu, avec la protection de l’armée française, piller une petite partie des richesses de leur pays, pendant que les groupes français se taillaient la part du lion. Non seulement, ils ont pu placer leurs avoirs en Europe, mais aussi les utiliser pour soudoyer les hommes politiques de tout bord. Les liens qui unissent ainsi les dirigeants des grands groupes, les hommes politiques français et les chefs d’État africains ont un maillage extrêmement serré. La consanguinité est totale.

    Ces rapports ont engendré une multitude d’affaires de corruption, de scandales financiers, de trafics en tout genre. Il serait fastidieux d’en dresser l’inventaire, tant elles sont nombreuses. Une des plus médiatiques a été l’affaire Elf qui a éclaté en 1994, car son PDG de l’époque, Loïk le Floch-Prigent, a été condamné en 2003 à de la prison ferme pour détournement d’argent et corruption. L’affaire a été jugée mais le pillage du Gabon par Elf devenu Total se poursuit toujours. Et ce scandale dure depuis la décolonisation. En effet Omar Bongo, dictateur du Gabon mis en place en 1967 par la France, a toujours laissé le trust français piller le pétrole sans même que le gouvernement gabonais puisse savoir exactement les quantités extraites par la compagnie, en échange d’un soutien sans faille à son pouvoir. Aujourd’hui, c’est son fils, Ali Bongo, qui a repris les rênes du pouvoir pour poursuivre la même politique.

    L’affaire dite des « biens mal acquis » implique plusieurs dirigeants africains, dont feu Omar Bongo, mais aussi des dirigeants du Congo-Brazzaville et de la Guinée équatoriale, qui sont accusés d’avoir accaparé des fortunes sur le dos de leur population et d’avoir placé leurs richesses en biens immobiliers somptueux en France. Dans cette affaire, outre les responsables politiques français, la Société générale est accusée d’avoir aidé, par le biais de filiales installées en Afrique, au transit de dizaines de millions d’euros, provenant de commissions perçues sur la vente de bois tropical par exemple pour le cas de la Guinée, vers les comptes personnels des familles de ces chefs d’État en Occident.

    Aujourd’hui, si Foccart, l’homme de de Gaulle qui orchestra toute cette politique durant des années, est mort, si un fils Mitterrand, Jean-Christophe, baptisé en son temps Papamadi (papa m’a dit), n’est plus à la tête de la cellule africaine de l’Élysée, d’autres ont repris le flambeau. Lors du dernier remaniement ministériel, en avril dernier, le dictateur du Congo, Denis Sassou Nguesso, celui du Tchad, Idriss Déby Itho, et celui du Niger, Mahamadou Issoufou, sont intervenus personnellement pour réclamer le maintien du ministre de la Défense Jean-Yves Le Drian. Ces réseaux s’appuient sur des généraux qui maîtrisent de très près la politique des États africains soumis aux intérêts français. Et ce n’est pas une nouveauté. En Centrafrique, par exemple, les intérêts de la France ont longtemps été représentés par le colonel Mansion. Après la chute de Bokassa, organisée par la France, il s’installa à Bangui, officiellement pour garantir la protection du nouveau président choisi par la France, en réalité pour devenir le « vice-roi de Bangui », comme certains l’ont appelé. Responsable de la garde présidentielle centrafricaine, il s’est occupé directement de pourchasser l’opposition et avait la main sur les affaires économiques. Le ministre actuel des Affaires étrangères, Laurent Fabius, s’appuie sur des hommes d’affaires, dont son fils Thomas, impliqué dans une affaire de corruption au Mali. L’annuaire des hommes de la Françafrique est épais. Des hommes politiques de droite comme Juppé, Villepin, Balkany, ont succédé à Foccart ou Pasqua. À gauche, après Mitterrand père et fils, ce sont Fabius, Le Drian ou des politiciens socialistes moins connus, comme le sénateur du Loir-et-Cher Jeanny Lorgeoux, qui s’activent pour faire vivre les réseaux. Sans oublier des inclassables comme Kouchner.

    Les réseaux de la Françafrique relient aussi des dictateurs africains à des avocats. Il y a quelques années à peine, l’avocat Robert Bourgi avait défrayé la chronique en racontant comment il transmettait des dizaines de millions d’euros provenant des dictateurs africains sur les comptes des partis politiques, en particulier pour Chirac et Villepin. Aujourd’hui, les avocats Jean-Pierre Mignard, ami de Hollande, Gilles-Jean Portejoie, qui défend actuellement le fils du dictateur du Togo, Eyadéma, ou encore Pierre-Olivier Sur, qui défend le fils de l’ancien président du Sénégal, forment un des réseaux de la Françafrique. Et il faudrait encore citer les mercenaires comme Bob Denard, ou plus récemment Paul Barril des services secrets français, toujours en vie et particulièrement actif dans les années 1990 au Rwanda.

    Les rapports opaques et mafieux entre le monde politique, financier et militaire français et les dictateurs africains n’ont pas cessé depuis cinquante ans. Mais les affaires de corruption des politiques ne sont que la partie émergée de l’iceberg. Car, finalement, les sommes impliquées dans les affaires mafieuses de la Françafrique, arrosant au passage de hauts dignitaires de l’État français ou servant à financer des campagnes électorales, ne sont que la mousse des choses, des pourboires concédés par les grands trusts afin que le système tourne. Les liens entre l’impérialisme français et ses anciennes colonies reposent sur des intérêts bien plus profonds, qui concernent la bourgeoisie française elle-même, et pas seulement ses serviteurs politiques. Tout le système fonctionne pour que les dirigeants et actionnaires de ces grandes sociétés puissent continuer à dépouiller l’Afrique, à maintenir ses peuples dans les bidonvilles de la misère, pendant que les milliards gagnés sur leurs richesses naturelles sont rapatriés.

    Les intérêts capitalistes français en Afrique

    Les richesses arrachées à l’Afrique continuent à être le socle de bien des fortunes de dynasties capitalistes françaises comme Bolloré, Bouygues, Michelin ou Pinault, de grandes entreprises du CAC 40 comme Total, Areva, Air France, Vinci et de banques comme la BNP, la Société générale ou le Crédit du Nord, sans parler des marchands d’armes. Tous poursuivent le pillage de l’Afrique en s’appuyant sur l’ordre impérialiste mis en place et surveillé de près par l’État français.

    L’exploitation des matières premières de l’Afrique reste une manne pour ces grands groupes. Au premier plan, on trouve Total, issu de la fusion entre Totalfina et Elf, créé par de Gaulle pour profiter du pétrole africain. Ses quelque dix milliards de profits annuels en moyenne n’existeraient pas sans le pétrole africain et sans liens solides avec l’État français et les dictateurs africains. Non seulement Total pompe les richesses des pays du pré carré français depuis plus de cinquante ans, mais il a étendu ses tentacules à d’autres pays comme l’Angola, le Soudan. Et cela est loin d’être fini puisque tous les experts s’entendent sur l’existence d’énormes gisements non exploités de pétrole et de gaz au Ghana, en Tanzanie, au Mozambique, en Ouganda. Le pillage de l’or noir africain et les réseaux de la « pompe-Afrique » ne sont pas près de disparaître.

    En bonne position dans ce palmarès des pilleurs, figure Areva, détenu à 87 % par l’État français. Depuis les années 1960, le Niger a été forcé de passer des accords avec la France pour l’exploitation de son uranium, indispensable à l’énergie nucléaire. L’uranium représente 70 % des exportations du Niger, mais il ne contribue que pour 5 % au budget du pays. Areva tire depuis des dizaines d’années d’énormes bénéfices de cette exploitation. Son chiffre d’affaires en 2012 s’élevait à 9,3 milliards d’euros, soit près du double du PIB du Niger.

    Et il faudrait citer aussi l’exploitation du coton en Afrique. Cette culture, imposée par l’État français dans de nombreuses colonies, a fait la fortune de différents capitalistes français, dont en son temps le roi du textile, Boussac. C’est une entreprise publique, la CFDT (Compagnie française pour le développement des fibres textiles) qui organisa dans les années 1920 le développement de cette culture et eut longtemps le monopole de la fourniture d’engrais et de semences comme celui de la commercialisation de la récolte. Malgré les indépendances, ce groupe a perduré sous différents noms jusqu’à aujourd’hui, en continuant à profiter de la culture du coton en Afrique, pour finir par être privatisé en 2010 et devenir Géocoton, au plus grand profit de ses nouveaux actionnaires.

    Il faudrait ajouter la famille Rougier, qui s’occupe de l’exploitation des bois tropicaux au Gabon, au Cameroun et au Congo entre autres. Aujourd’hui, les Rougier possèdent deux millions d’hectares de concessions forestières en Afrique et sept usines de transformation. Leurs liens avec les dictateurs, en particulier les Bongo au Gabon, leur ont permis d’imposer la fin du monopole étatique sur la commercialisation du bois, autant dire d’ouvrir la curée sur ce commerce et sur la dévastation de la forêt tropicale africaine.

    Mais l’impérialisme français ne se contente pas de piller les richesses naturelles ou agricoles du continent. Il utilise sa position dominante sur les États pour mettre leur économie en coupe réglée. Bien peu d’Africains ont accès à l’eau courante et, même dans les villes, les coupures d’eau se sont multipliées avec la privatisation des réseaux. Mais s’il en est un qui sait transformer l’eau en or, c’est Bouygues, qui détient, par des filiales, une grande partie des réseaux de distribution d’eau au Sénégal et en Côte d’Ivoire. Bouygues est aussi présent dans l’exploitation du réseau électrique ivoirien et du gaz au large d’Abidjan. À travers un consortium avec ses concurrents Bolloré et Maersk, il a construit le deuxième terminal conteneurs du port d’Abidjan. Mais il étend ses tentacules dans bien d’autres pays comme le Cameroun, le Gabon, le Congo où il a construit 450 km de lignes électriques, et cherche à pénétrer en Guinée. Toujours en Côte d’Ivoire, pour sept millions de personnes, le téléphone c’est Orange. C’est aussi le cas dans dix-huit pays, parmi lesquels l’Égypte, le Maroc, le Sénégal, le Cameroun, l’Afrique du Sud. Une grande partie du système bancaire en Côte d’Ivoire est aux mains de la Société générale, du Crédit agricole, de la BNP et du Crédit lyonnais. Carrefour s’arroge de grandes parts de la distribution au Cameroun, au Congo, en Côte d’Ivoire, au Gabon, au Ghana, au Nigeria et au Sénégal.

    Ces groupes se sont taillé des empires grâce aux privatisations imposées par le FMI et aux marchés passés avec les États africains. Mais dans ce domaine l’emprise de Bolloré, surnommé « le dernier empereur africain », est sans égale. Il a profité de l’exploitation des plantations, héritage de l’époque coloniale toujours lucratif. En 2010, le rapport financier de son groupe signalait que les résultats étaient particulièrement bons, en particulier grâce à l’excellente santé du secteur plantation. Après avoir bien exploité, entre autres, le filon du cacao et du caoutchouc, il a obtenu lors des privatisations la concession de Sitarail, la compagnie exploitant l’axe ferroviaire de Ouagadougou à Abidjan. Il a d’ailleurs fait de même au Cameroun avec la société ferroviaire Camrail. Une fois à la tête des chemins de fer, Bolloré a systématiquement développé le trafic des marchandises au détriment des voyageurs. Après les trains, il a étendu son contrôle sur les ports. Fort de ses relations avec Laurent Gbagbo, Bolloré a ainsi obtenu la concession du port d’Abidjan, puis celle du port de Douala grâce au président camerounais Paul Biya. Il possède aussi une trentaine de concessions portuaires, ferroviaires, fluviales en Afrique et la quasi-exclusivité des concessions des ports du golfe de Guinée, de Conakry en Guinée à Pointe-Noire au Congo Brazzaville. Cette mainmise sur la chaîne de transport permet au groupe Bolloré d’étendre son contrôle sur l’acheminement de nombreuses matières premières comme le bois, le cacao, le coton, l’huile de palme, le caoutchouc, le café et de nombreux minerais depuis le cœur de l’Afrique. « Qui tient les grues, tient le continent », expliquait un ancien cadre de l’entreprise en 2006. C’est pour cela qu’on peut parler d’ « empire Bolloré » en Afrique, d’une puissance économique bien plus importante que celle de n’importe quel chef d’État africain. Et un empire prospère de surcroît car, si un quart de son chiffre d’affaires est réalisé en Afrique, le continent représente 80 % de ses profits.

    Loin d’être sur le déclin, l’emprise de l’impérialisme français et le pillage systématique des populations se poursuivent. Lors du sommet France-Afrique de décembre 2013, François Hollande affirmait : « La France doit doubler ses échanges avec l’Afrique. » Joignant les actes aux paroles, il décidait la création d’une fondation franco-africaine pour développer le partenariat entre le public et le privé. L’argent public français allait donc servir à aider des groupes capitalistes français à exploiter les travailleurs africains et à piller les richesses de ce continent. Ce n’est pas une nouveauté car il existe ainsi un certain nombre d’établissements publics dont le but est de favoriser l’implantation d’entreprises à l’étranger. Parmi eux, Ubifrance, qui a su profiter du sommet économique évoqué ci-dessus pour ouvrir des bureaux au Sénégal, au Ghana, au Kenya, a longtemps été dirigé par une certaine Véronique Bédague-Hamilius, devenue un actuel bras droit de Valls à Matignon.

    Dans la même veine du rôle de l’argent public au service des groupes capitalistes, notons le développement des partenariats public privé (PPP). Le groupe Bolloré put ainsi, après la signature d’un PPP avec le gouvernement congolais, acquérir la concession du terminal à conteneurs du port autonome de Pointe-Noire, pour vingt-sept ans. Et le 10 février dernier c’est Jean-Yves Le Drian en personne qui vint visiter ce nouveau trésor de Bolloré. Eiffage aussi a su profiter des PPP, en construisant les trente kilomètres d’une autoroute Dakar-Diamniadio au Sénégal, dont les péages pour les usagers rempliront encore ses coffres. Quant à Bouygues, il construit un pont à péage à Abidjan.

    La guerre est aussi une source d’enrichissement pour les groupes impérialistes. Dans un article récent du journal Les Échos, il était question d’un contrat de 34,7 millions d’euros décroché par Thales et la société Razel-Bec (filiale du groupe Fayat, quatrième entreprise française du BTP) pour la réalisation d’infrastructures dans le cadre de la Minusma, la mission des Nations unies au Mali, qui sert de couverture à l’intervention française. L’ONU ne négociant jamais avec les entreprises privées, seulement avec les États, le gouvernement de Fillon a mis en place France expertise internationale (FEI), une structure rattachée au ministère des Affaires étrangères, pour décrocher des contrats pour les entreprises privées françaises. Et cela s’apparente à de l’aide au développement ! Cyrille Pierre, le directeur de la FEI, a été accueilli pour ses bons et loyaux services auprès des patrons par la nouvelle équipe Valls en avril 2014. Pour servir les intérêts de la bourgeoisie française, rien ne vaut des hommes d’expérience.

    L’Etat, le bras armé de l’impérialisme

    Ce sont les intérêts de ces grands groupes qui dictent la politique de l’État français en Afrique, comme toute sa politique d’ailleurs. Et ces intérêts nécessitent depuis des décennies que l’armée française intervienne en Afrique. Sans revenir sur les massacres subis par les populations en lutte pour leur indépendance à Madagascar, au Cameroun ou en Algérie, l’armée française n’a pas cessé de provoquer des conflits et des guerres. Elle a été partie prenante de la guerre au Biafra, qui a fait deux millions de morts, des multiples guerres au Congo ex-Zaïre. Elle est intervenue directement au Tchad, au Congo-Brazzaville, au Niger, en Côte d’Ivoire, en Centrafrique à plusieurs reprises, pour défendre un dictateur en place contre des révoltes, ou pour en remplacer un par un autre plus servile. Et parfois les militaires français interviennent directement pour protéger le pillage des richesses par les trusts, comme elle l’a fait pour les sites d’Areva au Niger.

    Les troupes françaises sont présentes sur place comme gendarmes de l’ordre impérialiste. L’objectif principal est de tenter de maintenir une stabilité politique dans la zone d’influence française. Mais c’est l’impérialisme lui-même qui engendre l’instabilité politique et sociale par le pillage et la misère auxquels il soumet le monde entier. C’est la domination impérialiste qui porte la grande responsabilité de la situation de violences et de conflits subie par les populations africaines.

    Au Rwanda, en 1994, les milices et les soldats qui ont assassiné 800 000 personnes en cent jours avaient été formés et armés par la France qui soutenait le régime organisateur du génocide, afin de défendre la position française contre la concurrence d’autres impérialismes. En Centrafrique, en 2012, c’est avec l’accord de la France que les milices de la Séléka ont renversé François Bozizé, jugé trop indépendant. Michel Djotodia, arrivé au pouvoir après ce coup d’État, n’était qu’un dictateur de faible envergure et ces mêmes milices qui l’avaient porté au pouvoir ont continué à mettre le pays à feu et à sang. C’est pour tenter de mettre en place un régime plus apte à défendre ses intérêts que la France est intervenue une nouvelle fois en Centrafrique. Mais cette intervention a favorisé les milices anti-balaka, adversaires de celles de Djotodia, qui massacrent désormais la population musulmane sous les yeux de l’armée française. Hollande fait des discours sur la protection des populations, mais la France est la principale coupable de la situation de misère dans laquelle vit la population centrafricaine et des massacres actuels fomentés par des troupes armées qu’elle a contribué à faire naître.

    Partout en Afrique, la présence de l’armée française engendre le chaos. Chaque intervention militaire engendre de nouveaux conflits, de nouvelles zones de tension, de nouveaux déplacements de populations et de nouveaux massacres. Sans revenir dans le détail sur l’intervention militaire au Mali, il faut rappeler que les groupes armés islamistes qui se sont développés et ont fini par occuper la moitié nord du pays, avaient été largement renforcés par la situation anarchique créée suite au renversement de Kadhafi, en Libye, par une coalition occidentale. Toute la région saharienne s’est retrouvée ébranlée par la présence massive de mercenaires dont les armes proviennent en grande partie de la France. L’intervention au Mali a repoussé les terroristes dans le Sahara. Mais, du coup, les dangers de conflits continuent à exister de la Mauritanie au Tchad en passant par le Niger.

    La domination de l’impérialisme crée le désastre sur toute la planète. Le pillage des richesses naturelles et l’oppression des populations sont poussés à un tel niveau que la population subit à travers tout le continent non seulement la misère, mais aussi des violences issues des bandes armées. Derrière tous ces conflits, derrière le développement des guerres ethniques, derrière les exactions des bandes armées, on trouve les intérêts des trusts du diamant, du pétrole, des minerais divers, ceux des bois tropicaux, etc. Et c’est pour la défense de leurs profits, c’est pour maintenir la domination de l’impérialisme, qu’un continent entier est enfoncé dans la barbarie.

    (Avec Lutte Ouvrière )

  • France – RDC : ce qu’est venu chercher Joseph Kabila à Paris

    France – RDC : ce qu’est venu chercher Joseph Kabila à Paris

    Joseph Kabila et François Hollande.
    Joseph Kabila et François Hollande. © Sipa

    Arrivé la veille à Paris, le président congolais, Joseph Kabila, a rencontré mercredi à l’Élysée son homologue français, François Hollande. Au menu des discussions : la crise centrafricaine et la coopération bilatérale. Mais pas seulement…

    Mis à jour le 22/05 à 08h30.

    Rue du Faubourg Saint-Honoré, à Paris, le 20 mai. La présence policière en dit long sur l’hôte qui vient de débarquer au Bristol. Impossible de passer devant l’hôtel sans être interpellé par les agents congolais de la “GR” (Garde républicaine), la sécurité de Joseph Kabila. Visiblement, des dispositions ont été prises pour que le séjour du président congolais se passe sans incidents majeurs, malgré les menaces des mouvements dits “combattants”, ces opposants radicaux de la diaspora, très hostiles au régime de Kinshasa.

    Une fois arrivé à l’hôtel, Joseph Kabila est monté à l’étage. Ministres, conseillers, personnel de l’ambassade de la RDC en France traînent encore dans le hall. Dans l’entourage du chef, l’ambiance est bon enfant. Tous insistent sur le fait qu’il s’agit d’une “invitation de François Hollande”. Celui-là même qui avait tenu des propos virulents contre le pouvoir de Kabila à la veille du Sommet de la Francophonie en octobre 2012 à Kinshasa. “Les choses ont changé : le président français a fini par comprendre que Kabila était différent de celui qu’on lui avait décrit à l’époque”, commente Lambert Mende, le porte-parole du gouvernement congolais, qui fait partie de la délégation.

    “Reconnaissance”

    “Désormais, c’est en partenaires que les deux hommes discutent des enjeux politiques, économiques et sécuritaires de la RDC et de la sous-région”, ajoute un conseiller de Joseph Kabila. Kinshasa a envoyé un bataillon de 850 soldats et 50 policiers en Centrafrique dans le cadre de la Misca. Une présence militaire que Paris souhaiterait voir “renforcée” après le retrait des troupes tchadiennes. “C’est une reconnaissance du véritable poids géostratégique de la RDC et de son rôle en Afrique centrale”, soutient un  diplomate congolais, “satisfait de voir enfin le pays être considéré à sa juste valeur”.

    Sur le plan politique, Joseph Kabila compte davantage mettre en avant les derniers résultats des “concertations nationales” tenues à Kinshasa.

    Mais sur le plan politique, Joseph Kabila comptait davantage mettre en avant les derniers résultats des “concertations nationales” tenues à Kinshasa, lesquelles ont réuni les représentants de la majorité, ceux de la société civile et une frange de l’opposition. Un forum présenté comme un “geste d’ouverture” censé faire oublier un régime qu’on qualifiait hier encore d’”autoritaire” à Paris.

    Priorité aux investissements

    Quid de la candidature de Kabila en 2016 ? “Ce n’est pas à l’ordre du jour”, dit-on dans l’entourage du président congolais. Le sujet dérange. En visite à Kinshasa début mai, John Kerry avait indiqué la position des États-Unis : élections crédibles en 2016, sans Kabila. Une démarche qui n’a pas été appréciée par les proches du président congolais. Ces derniers ne voudraient pas voir la France emprunter la même voie.

    “La priorité est ailleurs”, disent-ils en coeur, soulignant le “recul” des investissements français en RDC. “Paris doit se bouger pour rattrapper les Chinois”, lâche un membre de la délégation congolaise. Joseph Kabila a d’ailleurs pris les devants, en recevant tour à tour des représentants du monde des affaires de l’Hexagone (GDF Suez, Société générale, groupe Bolloré…). Avant de se rendre à l’Élysée pour en parler à son homologue français, au cours d’un entretien qui a duré 50 minutes.

    __________Jeune Afrique___________

    Par Trésor Kibangula