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  • RDC : le chemin de l’incertitude

    RDC : le chemin de l’incertitude

    Kabila-main4-En 2006, les Congolais écoutaient avec émotion le discours d’investiture de Joseph Kabila, premier président issu d’élections jugées crédibles en RDC.

    L’ex-Zaïre revenait enfin à la vie après une guerre civile qui avait fauché la vie de millions de Congolais, jeté la plupart d’entre eux sur le chemin de l’errance et plongé le pays dans une misère indescriptible.

    Dans le même élan, un processus démocratique consensuel né des accords de Sun-City prenait forme. Les Congolais commençaient à se remettre au travail pour rebâtir un vaste pays saccagé par les guerres civiles post-indépendance, la barbarie du régime Mobutu et les atrocités des rébellions dites de libération qui ravagèrent le pays, de 1996 à 2002.

    L’espoir fut hélas de courte durée. Le président Joseph Kabila qui bénéficiait d’une large adhésion populaire à son programme dit des « Cinq chantiers » n’est pas parvenu à traduire dans la réalité les immenses attentes liées à la bonne gouvernance, à la construction d’infrastructures et à l’amélioration des conditions de vie de ses compatriotes.

    En panne de légitimité

    Confrontée à la désillusion populaire, la majorité au pouvoir a vite pris conscience qu’elle ne pourrait plus se maintenir à travers un jeu démocratique franc et ouvert. Elle a levé l’option d’entamer lentement mais sûrement le périlleux périple de la mise en tombeau de la jeune démocratie.

    Acte premier : modifier les règles électorales en allant d’un scrutin présidentiel à deux tours à celui à tour unique, à la veille de la présidentielle de 2011. La coalition au pouvoir espérait ainsi voir son champion rempiler face à une opposition qui ne réussissait pas à former un bloc uni.

    Grâce à une machine électorale bien huilée par les fraudes massives décriées par tous les observateurs nationaux comme étrangers, Kabila s’offre alors non sans peine un second mandat à la tête du pays. Mandat qui peine à convaincre tant la corruption se généralise, le délabrement des infrastructures se poursuit et pire, l’insécurité endémique dans l’est du pays s’aggrave. En panne de légitimité, toute l’action gouvernementale est plongée dans une inanition fatidique.

    Acte deux : asphyxier le cycle électoral, restreindre l’espace démocratique public et jouer la politique du pourrissement sécuritaire. À commencer par la non-organisation des élections locales et provinciales longtemps prévues et sensées faire évoluer la démocratie à la base, en passant par la recrudescence des intimidations des opposants et l’accaparement de l’espace médiatique national, Kabila et les siens semblent avoir tracé leur voie.

    On ne fait pas d’élections dans un pays en guerre

    L’est du Congo est encore écumé par des hordes de combattants locaux et étrangers qui opèrent en toute impunité, pillent les ressources naturelles, violent les femmes, incendient des villages, massacrent quotidiennement les populations sans qu’aucune réaction conséquente du pouvoir ne soit palpable. Rien sauf des discours du genre : « On ne fait pas d’élections dans un pays en guerre ».

    Vers un nouvel ordre constitutionnel ?

    Acte trois : embrigader la classe politique dans une logique de consensus pour le partage du pouvoir et, sans l’avouer, d’un nouvel ordre constitutionnel. Histoire aussi de remettre les compteurs à zéro. À travers les « concertations nationales » dont la suite est connue de tous et le futur « dialogue national ».

    Sept partis de la majorité ont ouvertement demandé à Kabila de respecter la Constitution et de ne pas engager la nation sur une voie suicidaire. Et – c’est une première dans le pays -, l’ensemble de l’opposition politique vient de signer une déclaration commune rejetant toute manœuvre qui s’écartarait des dispositions de la Constitution en vigueur. Enfin plus significatif, la très influente Église catholique et de nombreuses organisations de la société civile projettent des « actions d’envergure » pour contraindre le pouvoir à ouvrir l’arène politique et à organiser la présidentielle dans les délais constitutionnels.

    La majorité des Congolais ont pleinement conscience que le régime au pouvoir tient à s’y maintenir par tous les moyens, la Constitution ne donnant aucune chance à Kabila pour se représenter en 2016. Une détermination jusqu’au-boutiste  qui fait pointer le spectre du retour à la dictature « ventrocentrique » et iconoclaste comme le pays l’a connue pendant les 32 ans du règne de Mobutu. Le peuple congolais se laissera-t-il mener à l’abattoir par un groupe d’individus aveuglés par leurs intérêts égoïstes ? L’histoire nous le dira.

    Mupenzi Mumbere ( Jeune Afrique)

  • Le Sénégal et son président Macky Sall appelés, comme sous-traitants de l’empire, à la rescousse de Paul Kagamé et du Rwanda en RD-Congo

    Le Sénégal et son président Macky Sall appelés, comme sous-traitants de l’empire, à la rescousse de Paul Kagamé et du Rwanda en RD-Congo

    Interview de M. Tshiyoyo Mufoncol sur la liberation de la RD Congo!-Jamais un sans deux, dit-on. Et même deux sans trois, comme certains oseront l’affirmer. C’est juste pour affirmer que l’histoire en RD-Congo, et celle de RD-Congo, se reproduit et ce, au rythme du renouvellement des générations, qui se succèdent, mais en réalité sans tirer aucun enseignement utile et du passé, et du présent congolais et de l’environnement aux alentours.

    En 1997, l’Empire, parrain de Mobutu, recrute Paul Kagamé et son Rwanda à la fois pour mettre en scène le départ programmé de Mobutu et occuper la RD-Congo. Pour ce sale boulot, le mercenaire Paul Kagamé par son occupation de la RD-Congo se fera honorablement rémunérer par ses maîtres. L’élite pro-rwandaise et proche de Kagamé, exécutants de la CIA, investissent le Congo-Kinshasa. Depuis, ils y règnent en maîtres. Ils y font, et ce à leur tour, exécuter le sale boulot aux Nègres congolais locaux, à qui ils bombardent le titre de ministre, de député, de gouverneur et même de général d’armée. C’est simple. Des Congolais ne demandent pas mieux. Et pendant ce temps, Kagamé et ses acolytes humilient ce peuple qu’ils dominent.

    Cet état de choses arrachera la phrase suivante à Denis Sassou Nguesso : « Quand le paralytique assis au pied du manguier joue avec des feuilles vertes, c’est qu’il y a quelqu’un dans l’arbre qui les lui a jetées. Sinon, il ne joue qu’avec des feuilles mortes ! [Et comme lui Sassou croyait encore à la puissance d’une France bien que décadente, il ajoutera qu’] il suffirait à Paris de dire à ses « amis » les protecteurs de Kagamé- les États-Unis, la Grande-Bretagne et Israël – de calmer un peu leur protégé…] (Péan, 2010 : 531).

    Encouragé et soutenu, Kagamé règne en maître en RD-Congo. La cohabitation entre les pro-Kagamé et les Congolais est un casus belli, impossible sauf dans le cadre de relation du dominant à dominés dans laquelle des congolais, complaisants et exécutants, détiennent la liberté d’une parole contrôlée. La preuve par dix est là : personne d’entre eux n’ose parler de Paul Kagamé pendant que tout le monde tire sur un cadavre : « Joseph Kabila ». Ce tableau est connu de l’Occident. Et ce dernier tente de reprendre la main. Il essaye, bon gré mal gré, de « faire partir » son monstre « Joseph Kabila » qu’il juge défaillant. Alors dans l’attente d’un élève en préparation, et difficilement trouvable ce temps qui court, l’Occident a presque abusé et usé de tous ses pions congolais sur l’échiquier.

    Cependant, il se pose une question. Comment continuer à faire intervenir Paul Kagamé, qui géopolitiquement est voisin direct de la RD-Congo, dans la gestion des Grands Lacs quand on sait que des Congolais ne supportent plus longtemps une autre humiliation. D’où le choix stratégique d’un autre pion en Afrique. Macky Sall, ce jeune homme montant et nouveau recru. Par contre, le Sénégal est géographiquement éloigné de la RD-Congo. Macky Sall et le Sénégal auront besoin d’un support, notamment le Rwanda et Paul Kagamé dont Macky Sall n’a jamais dénoncé les crimes en RD-Congo. C’est également le cas de tous ces Congolais qui s’abritent sous son parapluie. Macky Sall s’attaque à « Joseph Kabila », le cheval de Troie de Paul Kagamé sans avoir osé affronter Paul Kagamé et le Rwanda. Comme le Mobutu et Compaoré hier, ce nouvel agent de l’Occident en Afrique est appelé à la rescousse de Paul Kagamé sans toutefois bousculer sa position.

    Et pour ce qui est du Sénégal, je signale en passant que ce pays demeure l’unique ou le rare pays du continent nègre qui n’a jamais été déstabilisé. N’est-ce pas que son élite, en commençant par Senghor, a toujours été obéissante. À ce titre, domptable.

    Comme conséquence, la bande à Paul Kagamé restera au pouvoir à Kinshasa. Elle y sera rejointe par des Sénégalais. Les deux régneront en maître en RD-Congo. Et des Congolais se contenteront à jouer les seconds rôles. En l’absence de vision, d’ambition, de grandeur en politique et d’héroïsme, ils courbent l’échine. Quelle est la nature du nouveau contrat que ces congolais s’engagent à signer avec Macky Sall en RD-Congo. C’est la même question qui m’a valu l’exil que j’ai posé en son temps à l’AFDL lors de son entrée à Kinshasa. Le coût s’élève aujourd’hui à plus de 6 000 000 de morts au Congo.

    Je ne formule aucun regret sauf que je constate la dureté de notre lutte. Congolais, nous y parviendrons le temps que cela prendra et son coût. Nous sommes, nous autres, prêts à donner notre vie pour la RD-Congo.  .

    Likambo ya mabele Likambo ya makila

    Mufoncol Tshiyoyo  

    Le Président National du Rassemblement pour l’Alternative Politique en RDC. R.A.P-en sigle Mouvement Politico-militaire,
    mufoncol_tshiyoyo@yahoo.com,
    004745007236, Facebook : Mufoncol Tshiyoyo

     

     

     

     

  • Joseph Kabila Kabange, se serait-il tiré une balle dans le pied?

    Joseph Kabila Kabange, se serait-il tiré une balle dans le pied?

    dialogue-Le chef de l’Etat, Joseph Kabila Kabange, se serait-il tiré une balle dans le pied en remettant en cause son ordonnance du 28 novembre 2015 convoquant le dialogue politique ? Le communiqué du 8 décembre 2015 de son directeur de cabinet sonne comme une capitulation. Finalement, c’est à New York que se décide le sort du dialogue. C’est du siège des Nations unies que sortirait aussi le format définitif du comité préparatoire au dialogue. Le communiqué de la présidence ne dit pas autre chose.

    Que reste-t-il encore de l’ordonnance présidentielle du 28 novembre 2015 qui fixait le cadre et le format du dialogue politique national ? En tout cas, il n’en reste plus rien. Loin des supputations autour de la mise en place du comité préparatoire au dialogue, fixé à 10 jours à dater de la signature, soit le 28 novembre 2015, le communiqué officiel du 8 décembre 2015, signée des mains du directeur de cabinet du président de la République, est venu lever un pan de voile. En effet, le communiqué a tout dévoilé. Bien plus, il a fait état de l’inapplicabilité de l’ordonnance présidentielle du 28 novembre 2015.
    Alors, quel crédit faut-il encore accorder à cette ordonnance ? Dans les cercles spécialisés, la question est sur toutes les lèvres. D’autres se la posent autrement. Le chef de l’Etat aurait-il accepté de lâcher du lest pour sauver le « dialogue national politique inclusif ?
    Si, dans les milieux proches de l’Opposition, on considère que l’ordonnance du 28 novembre 2015 n’a plus de portée réelle, au sein de la Majorité, on continue à lui accorder tout le crédit possible.

    La capitulation
    C’est donc sans surprise que le directeur de cabinet du chef de l’Etat, loin de la remettre en cause, a tenté de rassurer l’opinion, en relevant que « le comité préparatoire du dialogue politique national inclusif est en voie de constitution sur pied de l’article 2 de l’ordonnance précitée », c’est-à-dire celle du 28 novembre 2015.
    Le directeur de cabinet du chef de l’Etat a feint d’ignorer que la même ordonnance limitait à 10 jours, à dater du 28 novembre 2015, la mise en place de ce comité préparatoire. Ce qui, autrement, signifiait qu’en dépassant ce délai, l’ordonnance convoquant le dialogue tombait de manière tacite en désuétude. Le directeur de cabinet du chef de l’Etat s’en est d’ailleurs souvenu en précisant, dans son communiqué du 8 décembre 2015, que « les consultations menées actuellement par l’ambassadeur Saïd Djinnit, envoyé spécial du secrétaire général des Nations unies pour les Grands Lacs, avec la classe politique et sociale en vue de la désignation du facilitateur, participe également à cette démarche constitutive dudit comité ».
    Le cabinet du chef de l’Etat a trouvé la parade pour contourner le délai butoir posé à l’article 2 de l’ordonnance du 28 novembre 2015. Il l’a certes échappé bel. Mais, le raccourci est lourd de conséquences. Un message politique qui se dégage est un aveu d’incapacité. L’on compte pour mettre en place le comité préparatoire, sur le travail de Saïd Djinnit qui déterminera l’avenir du dialogue national. Tout risque d’échapper à Joseph Kabila. L’acceptera-t-il ? Et s’il fait une concession de taille. N’empêche qu’en le suggérant, le cabinet du chef de l’Etat jette à la poubelle l’ordonnance du 28 novembre 2015. Par conséquent, il décharge le chef de l’Etat de toute initiative liée au dialogue politique, aussi bien dans la mise en place du comité préparatoire que dans la fixation de son ordre du jour et de la conduite des travaux.
    L’UDPS joue et gagne
    Pour le moment, c’est l’UDPS qui mène la danse et au marquoir, le parti d’Etienne Tshisekedi en sort gagnant. Car, dans le communiqué du 1er décembre 2015, signé par Etienne Tshisekedi, l’UDPS avait superbement ignoré Joseph Kabila pour tout ce qui se rapporte au dialogue, ne se fiant qu’à Ban Ki-moon, secrétaire général des Nations unies. Sans remettre en cause sa participation au dialogue, l’UDPS informait en même temps qu’elle n’adhérait qu’à un dialogue piloté par les instances des Nations unies dans les limites prévues dans l’accord-cadre d’Addis-Abeba du 24 février 2013. Nulle part, l’UDPS n’a fait allusion à l’ordonnance du 28 novembre 2015. D’une certaine manière, l’UDPS la considérait comme un incident de parcours que le secrétaire général des Nations unies se devait se corriger pour garantir la tenue de ce dialogue politique.
    Vu sous cet angle, l’ordonnance du chef de l’Etat a perdu tout son éclat. Le communiqué du chef de l’Etat l’a en plus assommé, lui enlevant toute sa substance. A tout prendre, le chef de l’Etat est en voie de perdre le contrôle du dialogue. C’est le moins que l’on puisse dire. En se mettant dans l’incapacité de mettre en œuvre son ordonnance du 28 novembre 2015 par la mise en place dans le délai de 10 jours d’un comité préparatoire au dialogue, Kabila a désacralisé le dialogue national. Comme l’a voulu et finalement obtenu l’UDPS, c’est aux Nations unies que reviendra le pouvoir de mettre en place le comité préparatoire et, sans doute, fixer l’ordre du jour du dialogue. Or sur ce point précis, on sait que les Nations unies et d’autres partenaires signataires de l’accord-cadre d’Addis-Abeba ont d’ores et déjà fixé le cadre du dialogue. Les résolutions du Conseil de sécurité sont en elles-mêmes tout un agenda pour le dialogue politique.
    En effet, si tous acceptent l’option d’un dialogue, ils se disent astreints à respecter les délais constitutionnels dans l’organisation des élections prévues en 2016.

    Les jours à venir réservent bien d’autres surprises.

     Le Potentiel
  • FELIX TSHISEKEDI – MOISE KATUMBI : DIALOGUE  A PARIS

    FELIX TSHISEKEDI – MOISE KATUMBI : DIALOGUE A PARIS

    katumbi-tshisekedi-Félix Tshisekedi, chargé des relations extérieures de l’UDPS qu’accompagnait Samy Badibanga, a rencontré jeudi 10 décembre 2015 à Paris, Moïse Katumbi, ancien Gouverneur de l’ex-Katanga passé récemment dans l’opposition. Selon les comptes rendus faits de cette rencontre, les deux personnes auraient échangé sur les stratégies à mettre en place pour obtenir une alternance politique aux élections de 2016. Ils ont partagé leur détermination à ce que l’élection présidentielle se tienne dans les délais constitutionnels.

    Toujours selon des journalistes présents à cet entretien, Tshisekedi fils et Katumbi ont affirmé leur rejet du dialogue national pour les élections apaisées. Les deux hommes ont également évoqué la possibilité de soutenir un candidat commun de l’opposition lors de l’élection présidentielle.

    Bien d’observateurs s’interrogent sur ce subit rapprochement entre l’UDPS, parti de l’opposition, et Moïse Katumbi qui vient de quitter la majorité. Il n’y a pas longtemps, en effet, l’UDPS se méfiait de Katumbi et du G7, estimant qu’il s’agissait d’une sorte de cheval de Troie du pouvoir envoyé au sein de l’opposition pour la torpiller. De tous les temps, d’ailleurs, Katumbi n’a jamais été en odeur de sainteté du côté de la 10ème rue/Limete.

    Qu’est-ce qui a donc pu rapprocher deux pôles diamétralement opposés et que rien d’objectif ne saurait les unir ? La question est d’autant plus intriguante que l’entretien de Paris a aussi tourné autour de la possibilité d’une candidature unique de l’opposition pour la présidentielle. On sait que l’UDPS n’a jamais transigé sur ce sujet, maintenant, contre vents et marrées, Etienne Tshisekedi comme seul candidat pour elle. Or, même s’il ne s’y est pas encore prononcé officiellement, bien de sources avancent que Moïse Katubi rêverait d’une candidature au même poste.

    Autre point d’interrogation : qu’est-ce qui peut rapprocher un Katumbi, qui est diamétralement opposé au dialogue, à l’UDPS qui s’est inscrite dans sa logique ? Cette question est aussi intéressante au regard de cette sorte de cacophonie au sein de l’UDPS d’où émanent des voix discordantes autour du dialogue, même si, officiellement, le parti tshisekediste y est engagé moyennant certaines conditions dont une médiation internationale. Félix Tshisekedi aurait-il roulé Moïse Katumbi en claironnant avec lui le refus du dialogue ?

    Enfin de compte, que représente politiquement Moïse Katumbi sur l’échiquier national pour que l’UDPS s’en rapproche ? Sans l’intention de nuire à sa personne, nous savons qu’en dehors du TP Mazembe, Katumbi n’a pas d’assise sociologique majeure pouvant faire de lui une force politique. De plus, à ce jour, Katumbi évolue en solo, se rapprochant de temps en temps de certains partis et regroupements politique comme l’UNAFEC de Kyungu Wa Kumwanza et le G7.K des rapprochements essentiellement opportunistes, car on ne les observe qu’à l’occasion de certains événements d’actualité qu’il exploite pour exprimer ses opinions.

    En un mot comme en mille, l’on constate que Katumbi et l’UDPS ont trop de points de divergences qui, tout à fait objectivement, ne peuvent pas permettre leur rapprochement. On assisterait donc à un dialogue des dupes entre le jour et la nuit. Katumbi charrie trop d’agendas cachés autour de lui pour prétendre défendre une cause donnée. A la limite on dirait qu’il n’a pas d’étoffe qui justifierait son utilité dans les tournants politiques que la RDC amorce.

    De son côté, Félix Tshisekedi pase pour un personnage à double visage. D’un côté, il est présenté, ou se fait présenter, comme un véritable fer de lance de l’UDPS, tandis que de l’autre il évolue en solo pour promouvoir ses ambitions personnelles en se servant du nom de son père et de la notoriété de l’UDPS. Sinon, on ne comprendrait pas pourquoi il s’est entiché de Samy Badibanga avec qui lui et l’UDPS étaient en froid depuis le sortir des élections de 2011.

    On se souvient, en effet, que Badibanga, aujourd’hui président du groupe parlement UDPS à l’Assemblée Nationale, avait été déclaré exclu du parti pour avoir refusé d’obtempérer au mot d’ordre de Tshisekedi qui avait demandé à tous les élus de son parti de ne pas siéger à l’Assemblée Nationale.

    Dans les deux cas, l’UDPS et Katumbi se seraient livré à un jeu de poker menteur que seul le proche avenir démontrera.

    Pascal Debré Mpoko

  • RDC: selon l’OIF, le délai constitutionnel peut être tenu

    RDC: selon l’OIF, le délai constitutionnel peut être tenu

    sonia-L’envoyé spécial pour les Grands Lacs de l’Organisation internationale de la francophonie (OIF) était en visite à Kinshasa ces derniers jours. L’occasion de rencontrer les acteurs politiques et de faire le point sur le processus électoral. L’OIF y apporte sa contribution puisqu’elle a fait un audit du fichier électoral, étape très importante, mais aussi sur fond de polémique. L’opposition craint que la majorité se serve de la révision du fichier pour permettre un glissement de calendrier. Qu’en dit le représentant de la secrétaire générale de l’OIF pour les Grands Lacs ? L’ex-président de la Confédération helvétique, Pascal Couchepin, est l’invité de Sonia Rolley.

    Quel bilan faites-vous de ces quelques jours de visite en République démocratique du Congo ?

    Pascal Couchepin : Le bilan, c’est qu’on a constaté que l’apport de l’OIF à la préparation du processus électoral est quelque chose qui est reconnu par tous. La Commission spécialiste des processus électoraux de l’OIF a réussi à définir les problèmes qui se posent pour l’établissement du fichier électoral, la base d’un scrutin correct. On a rencontré beaucoup d’acteurs de la politique et de la société civile. On constate que la prochaine étape, c’est le dialogue national auquel participera la majorité naturellement, mais seulement une partie de l’opposition. L’avis de ceux qui ne veulent pas participer est que ce dialogue est pipé, en ce sens que les résultats seraient déjà connus. Nous, nous considérons que chaque fois qu’il y a une chance de dialogue, il faut la saisir même si on peut aborder avec plus ou moins de scepticisme l’étape de la discussion.

    Est-ce que ça veut dire que vous, vous seriez favorable à un dialogue même sans facilitation, ou vous pensez qu’une facilitation internationale, vu le contexte, serait nécessaire ?

    Je crois qu’on ne peut pas prendre la place des interlocuteurs potentiels. Nous nous sommes toujours pour le dialogue parce que tant que les gens dialoguent, il y a d’autres moyens qui ne sont pas utilisés, des moyens qui sont souvent extrêmement dangereux. On l’a vu dans des pays voisins. Donc nous sommes pour le dialogue et c’est ensuite aux partenaires du dialogue de dire s’ils préfèrent recourir à un arbitre ou à un facilitateur international, ou s’ils sont près de discuter sous l’égide d’un des leurs. Je crois que la chose est ouverte et j’ai l’impression qu’aucun des groupes ne refuse un facilitateur si l’autre le désire.

    Est-ce que l’OIF serait par exemple prête à s’investir dans ce dialogue, à assurer une partie de la médiation ou de la facilitation ?

    L’OIF naturellement répondrait à une demande. Mais je crois que les premiers qui sont concernés, ce sont les Africains eux-mêmes. Ce serait plus du côté de l’Union africaine qu’il faudrait chercher un facilitateur si on souhaite un facilitateur international.

    Vous parliez du fichier électoral. C’est vrai que c’est une question qui préoccupe tous les partis, que ce soit la majorité comme l’opposition. Il y a des craintes sur le fait que la révision du fichier puisse servir à un glissement du calendrier. Que dit le rapport de l’OIF ?

    Le rapport de l’OIF dit que les conditions sont réunies pour qu’on puisse tenir le scrutin moyennant un certain nombre d’aménagements du fichier. La Commission [électorale nationale indépendante-Céni], présidée par le général Sangaré, a une approche très pragmatique. Le but n’est pas de faire quelque chose de parfait. Si on veut faire quelque chose de parfait, le glissement sera éternel. Le but, c’est que ça puisse fonctionner. Alors maintenant il faudrait que les partenaires, notamment le dialogue, décident d’accepter les propositions faites et de considérer que la question du fichier est close. Comme toujours en politique, certains vont s’abriter derrière des motivations techniques pour refuser le fond qu’ils ne veulent pas aborder. Mais ça, c’est une responsabilité qu’ils devront prendre. On dit de notre côté que rien ne se passera s’il n’y a pas d’abord une volonté politique. Le reste, c’est des problèmes techniques.

    Ça veut dire qu’aujourd’hui, selon l’OIF, ce serait possible de tenir les délais constitutionnels et d’avoir un fichier électoral acceptable ?

    A un ou deux mois près, c’est possible de tenir le délai constitutionnel, pour l’élection présidentielle en tous les cas. Le fichier est suffisant pour qu’on puisse dire qu’il s’agirait d’une consultation fondée sur des principes démocratiques normaux, les choses étant ce qu’elles sont, dans la République démocratique du Congo.

    Est-ce que vous êtes inquiet par rapport à l’environnement politique ?

    Oui, nous sommes inquiets parce que, encore une fois, les problèmes techniques peuvent être résolus. On y apporte notre contribution. Mais si la volonté politique manque, alors on peut aller vers une situation qui deviendrait peut-être même dramatique. Et ça, il faut absolument l’éviter et on ne peut pas jouer au bord de la falaise à se pousser parce que, un jour, on fait un pas de trop. Je crois qu’il est temps maintenant pour tous les acteurs de la politique congolaise de sauter sur leur ombre et d’accepter de faire des concessions pour aboutir à un processus électoral qui désignera les nouvelles autorités.

    Donc pour vous, en aucun cas, ce ne serait possible d’envisager un prolongement du mandat présidentiel de plusieurs années, comme ça a été suggéré par certains membres de la majorité ?

    Lorsqu’on interroge les membres de la majorité, ils disent tous qu’il n’est pas question de modifier la Constitution. Par conséquent, la Constitution est claire, c’est deux mandats de cinq ans. On peut justement, par des moyens très pragmatiques et indirects, prolonger de fait le mandat présidentiel parce que, si les conditions techniques sont réunies, prolonger le mandat présidentiel par des prétextes techniques n’est pas respecter l’esprit de la Constitution. Il faut avancer. La crainte, c’est que peut-être certains éléments de la majorité, peut-être aussi d’ailleurs des éléments hors de la majorité, ne prennent prétexte de problèmes techniques transformés en problèmes de fond pour ne pas respecter la Constitution qui prévoit deux mandats de cinq ans.

  • Un vote peut-il être libre quand le président sortant est candidat?

    Un vote peut-il être libre quand le président sortant est candidat?

    Continent -Afrique
    Continent -Afrique

    -Une élection peut-elle être libre et transparente quand le président sortant est candidat ? Beaucoup de démocrates africains en doutent. C’est pourquoi ils se battent contre le principe du troisième mandat. Alors, à quoi bon être observateur électoral dans ce type de scrutin ? Maurice Enguéléguélé veut croire que c’est encore utile. Ce diplomate français, qui a enseigné longtemps au Cameroun, est aujourd’hui le sous-directeur Afrique de l’International IDEA, l’Institut international pour la démocratie et l’assistance électorale, un organisme intergouvernemental dirigé par l’ancien Premier ministre belge Yves Leterme. Il répond aux questions de Christophe Boisbouvier.

    La lutte de nombreux démocrates africains contre le principe du troisième mandat, est-ce que ce n’est pas le signe que de nombreux Africains n’ont plus confiance dans les processus électoraux classiques parce qu’ils estiment que c’est les fraudeurs qui gagnent ?

    Maurice Enguéléguélé : Je suis d’accord avec vous. Il y a un problème de crédibilité et de sincérité des processus électoraux qui se pose dans plusieurs pays. Et c’est là, justement, le champ, la fenêtre d’opportunité dans lequel International Idea intervient pour renforcer la crédibilité des processus électoraux, pour renforcer la participation citoyenne.

    Alors on pense évidemment au cas du Burkina Faso l’année dernière. Est-ce que ce n’est pas la preuve que tous les efforts que vous faites pour que les élections soient crédibles, ça ne suffit pas à gagner la confiance des populations ?

    Je crois que c’est la preuve que nous devons renforcer notre action pour créer des convergences politiques entre les pouvoirs et les populations dont la voix doit être de plus en plus entendue et dont les capacités à se faire entendre doivent être de plus en plus renforcées.

    Contre le troisième mandat, la rue a gagné l’an dernier à Ouagadougou. Mais contre le troisième mandat, est-ce que la rue n’est pas en train de perdre la partie cette année à Bujumbura et à Brazzaville ?

    Les faits nous font comprendre malheureusement sur ce point que la rue est en train de perdre. Le référendum au Congo-Brazzaville d’il y a quelques jours pose un problème de crédibilité. A Bujumbura, nous connaissons la situation qui persiste depuis plusieurs mois. Je crois que pour autant, nous ne devons pas désespérer. Nous devons continuer à développer une action pour produire des convergences pour arriver à ce que ce troisième mandat-là ne soit plus un problème et que l’alternance politique soit finalement quelque chose de normal.

    Et pourquoi les adversaires du troisième mandat ont-ils réussi l’an dernier au Burkina et sont-ils peut-être en train d’échouer cette année au Congo-Brazzaville et au Burundi ?

    Au Burkina Faso, nous avons eu une mobilisation très forte en faveur du respect des principes constitutionnels posés, qui voulait qu’on ne fasse pas un troisième mandat. Au Congo, il y a eu plutôt une marge d’action, une marge de manœuvre qui a été laissée au pouvoir politique pour organiser le référendum.

    Voulez-vous dire que l’opposition congolaise est moins forte que l’opposition burkinabè ?

    Je crois qu’elle a des capacités de mobilisation qui sont peut-être un peu moins importantes que celles du Burkina Faso.

    Et la société civile, est-elle différente d’un pays à l’autre ?

    Oui, il faut absolument rompre avec le mythe d’une société civile uniforme et unique pour les pays africains. Et nous International Idea, nous en sommes bien conscients, nous qui travaillons au renforcement des capacités de ces sociétés civiles là.

    Vous qui avez longtemps enseigné au Cameroun, voyez-vous une différence entre l’Afrique de l’Ouest et l’Afrique centrale ?

    Fondamentale ! Je vous dirais qu’en Afrique de l’Ouest, la démocratie est complètement d’actualité. Du reste, les derniers classements internationaux classent la région Cédéao comme la première en matière de progression de gouvernance démocratique, alors que l’Afrique centrale pose beaucoup de problèmes.

    Et le Cameroun ?

    Le Cameroun est l’un des pays pour lesquels il y a des interrogations en effet.

    Est-ce que vous diriez qu’au Cameroun, la dernière élection présidentielle a été crédible ?

    Au Cameroun, nous avons eu beaucoup de problèmes de sincérité et de crédibilité des processus électoraux malgré les nombreux efforts qui sont faits et nous essayons en permanence d’améliorer les processus quand nous y intervenons.

    Alors vous essayez de rendre les scrutins plus transparents d’une fois sur l’autre, en réalité est-ce que ce n’est pas le contraire qui arrive ? Est-ce que les fraudeurs n’utilisent pas des techniques de plus en plus sophistiquées, notamment en amont, lors de la fabrication des fichiers, lors de la distribution des cartes électorales ? Et est-ce que ce n’est pas vous qui perdez du terrain d’une élection à l’autre ?

    Je crois que nous ne perdons pas de terrain parce que nous développons une action qui se déroule tout au long du processus électoral. Nous intervenons en amont, nous intervenons pendant et nous intervenons après le processus électoral. Et nous avons développé des outils de gestion et de prévention des risques qui anticipent, qui essaient d’anticiper au maximum les fraudes ou les techniques de fraudes qui peuvent être mises en place. Ce sont ces outils-là que nous mettons à disposition gratuitement des commissions électorales nationales qui le souhaitent, des organisations de la société civile qui le souhaitent, mais aussi des pouvoirs politiques qui le souhaitent.

    Vous n’avez pas le sentiment que les fraudeurs ont souvent une longueur d’avance sur vous ?

    Les fraudeurs ont toujours une longueur d’avance, mais c’est aussi aux organes de prévention des fraudes d’essayer d’anticiper, d’avoir une action proactive afin de pouvoir contrôler ces fraudeurs-là justement.

    Et cette vague de victoires du président sortant dès le premier tour comme on le voit depuis plusieurs années au Tchad, au Cameroun, et tout récemment en Guinée Conakry. Ce fameux « un coup KO », est-ce que ce n’est pas le signe qu’aujourd’hui les techniques de verrouillage électoral sont de plus en plus sophistiquées, de plus en plus puissantes ?

    Il est clair qu’aujourd’hui, il y a une primo sortante qui est très forte et que les oppositions ont beaucoup moins de moyens que ceux qui sont au pouvoir pour gagner des élections.

    La primo sortante, n’est-ce pas aussi l’Etat qui se met au service du sortant, à savoir les fonctionnaires, les administrateurs locaux, les distributeurs de cartes électorales ?

    C’est l’un des éléments sur lesquels nous travaillons justement, établir une neutralité de l’Etat par rapport aux sortants.

    Et franchement, ça marche ?

    Nous avons des exemples où ça marche, mais effectivement nous avons plus de travail que de réponses satisfaisantes pour l’instant.

    Donnez-moi un exemple où ça marche ?

    Le Cap-Vert, par exemple.

    Oui, mais n’est-ce pas une exception ?

    Non, parce que nous avons d’autres pays où ça marche également. Le Nigeria nous a donné un parfait exemple, malgré toutes les craintes que nous pouvions avoir.

    Alors en effet, il y a eu alternance au Nigeria au début de cette année ? A quoi ça tient ?

    Ça tient à trois éléments, ce que nous appelons un peu « le triangle magique » : une volonté politique de respecter les règles du jeu politique, volonté claire du sortant, des institutions fortes, une commission électorale indépendante forte et enfin une société civile active et vibrante qui a contribué à accompagner le processus politique dans un contexte qui n’est pas donné pour simple au départ.

    Quand vous dites volonté politique, ça veut dire acceptation par le sortant du principe qu’il peut perdre cette élection ?

    Exactement. Vous savez bien qu’il y a eu un accord entre le sortant de l’époque, le président Goodluck Jonathan, et le nouveau président actuel, Muhammadu Buhari, pour respecter les résultats des urnes quels qu’ils soient.

    RFI