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  • Le Congo reste inquiet après la victoire sur le M23

    Le Congo reste inquiet après la victoire sur le M23

    fardc rumangabo-À la suite d’une offensive lancée le 25 octobre par les forces gouvernementales dans le Nord Kivu, le mouvement armé a déposé les armes mardi 5 novembre. Une défaite saluée par les autorités de Kinshasa et la population de Goma mais qui ne marque pas encore le rétablissent de l’ordre et de la sécurité dans le Nord Kivu. C’est officiel. Le Mouvement du 23 Mars (M23), le groupe armé né d’une mutinerie en avril 2012 (1) qui contrôlait une partie de la province du Nord Kivu en République démocratique du Congo (RDC) a déposé les armes mardi 5 novembre. La direction du mouvement « a décidé à dater de ce jour de mettre un terme à sa rébellion et de poursuivre, par des moyens purement politiques, la recherche des solutions aux causes profondes qui ont présidé à sa création », a annoncé Bertrand Bisimwa, le chef de sa branche politique. Tous les chefs militaires « sont priés de préparer les hommes des troupes au processus de désarmement, démobilisation et réinsertion sociale dont les modalités sont à convenir avec le gouvernement. »

    Quelques heures plus tôt, les derniers soldats du M23 venaient d’être chassés par l’armée congolaise, soutenue par la brigade d’intervention de la Mission des Nations unies pour la Stabilisation de la RDC (Monusco) des deux derniers bastions qu’ils tenaient encore. Lambert Mende, porte-parole du gouvernement congolais, s’est félicité de « la victoire totale de la RDC ».
    soulagement à Goma

    La nouvelle a vite circulé dans la principale ville du nord Kivu, Goma : « C’est le soulagement. La population vivait depuis des mois sous sa menace. Le premier effet s’est ressenti au marché : le prix des denrées alimentaires a baissé puisque le M23 n’est plus en mesure de taxer les véhicules qui les transportent. C’est une bonne nouvelle pour les familles », témoigne Taylor Toeka Kakala de la Caritas Goma.

    Lancée il y a une dizaine de jours, la reconquête de l’est du nord Kivu n’a pas traîné. En août, avec l’appui de la Monusco, l’armée avait déjà réussi à chasser le M23 du nord de Goma. « Cette victoire a plusieurs causes, analyse Cyril Musela, chercheur associé à l’Institut français des relations internationales (Ifri) et professeur à Goma. Après la prise de la ville l’année dernière par le M23, l’armée congolaise a été remodelée dans la région. Nouveau général, nouveaux cadres… les chefs compromis dans affaires douteuses ont été remplacés. Son état d’esprit a changé. À cela s’ajoutent la création de la brigade d’intervention de la Monusco et son engagement militaire auprès de l’armée congolaise. Son soutien a été capital ».
    le M23 a perdu ses soutiens étrangers

    Dans le même temps, les rebelles se sont affaiblis. « Les chefs du M23 se sont divisés. Et lorsque l’armée congolaise et la Monusco ont montré leur détermination, de nombreux combattants ont déserté, en particulier parmi les enfants-soldats », ajoute Cyril Musela.

    Enfin, le M23 a perdu ses soutiens étrangers. L’Ouganda et le Rwanda, accusés par les Nations unies de soutenir les rebelles, ont fait l’objet d’intenses pressions diplomatiques, « en premier lieu des États-Unis, qui ont toujours été des alliés proches du Rwanda », explique Cyril Musela. « Barack Obama a personnellement appelé le président Paul Kagamé au moment de l’offensive conjointe de l’armée et de l’ONU. Le président rwandais n’avait pas le choix. Mais a-t-il renoncé pour autant à jouer un rôle dans cette région ? Tout le monde en doute ». L’Ouganda et le Rwanda sont soupçonnés d’instrumentaliser des mouvements comme le M23 pour mettre la main sur des exploitations minières du nord Kivu, en particulier celles qui extraient le coltan (un minerai indispensable pour la production des téléphones et ordinateurs portables).
    Nous sommes loin de la paix

    « Si la population est soulagée, elle n’est pas pour autant euphorique, car nous craignons la constitution comme dans le passé d’un nouveau mouvement rebelle façonné par le Rwanda », lance Taylor Toeka Kakala. « Nous sommes loin de la paix. Vingt-six mouvements armés restent dans la région et les retombées économiques pour la population de l’exploitation des mines du Kivu sont loin d’être visibles », poursuit Cyril Musela.

    En attendant, Lambert Mende a assuré que l’armée congolaise allait désormais s’attaquer à autre mouvement armé, les FDLR. « Il y a urgence sur le plan humanitaire, s’alarme Taylor. Au 30 septembre, on comptabilisait 1 224 000 déplacés dans le nord Kivu, soit 500 000 de plus que l’année dernière à la même date : tous ont fui les exactions de ces milices. »

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    Les autres groupes armés de l’Est de la RDC

    Les Forces démocratiques de libération du Rwanda (FDLR) : Les FDLR sont constituées de rebelles hutus rwandais réfugiés en RDC après le génocide perpétré en 1994 au Rwanda. Fortes de 1 500 à 2 000 hommes, elles veulent renverser le régime de Paul Kagamé à Kigali. Leur commandement a été décimé mais le Rwanda accuse Kinshasa de les soutenir.

    Les milices Maï-Maï : elles regroupent une vingtaine de sous-groupes, dont la taille varie de quelques dizaines à environ 1 500 hommes. Elles ont été formées à l’origine pour contrer les interventions armées du Rwanda dans l’Est depuis 1994. L’armée de RDC a plusieurs fois été accusée de s’appuyer sur certaines d’entre elles pour combattre le M23.

    Les Forces démocratiques alliées (ADF) : initialement groupe armé d’opposition au président ougandais Yoweri Museveni, ce groupe, aujourd’hui uniquement composé de combattants musulmans, affronte épisodiquement depuis près d’une décennie l’armée congolaise au nord de Goma. Il compte de quelques centaines à 1 300 combattants.

    Le Front national de libération (FNL) : groupe rebelle burundais qui a repris les armes contre le régime de Bujumbura après des élections boycottées par l’opposition en 2010. Une partie utilise le Sud-Kivu comme base de repli et fait de temps en temps l’objet de campagnes de répression conjointes des armées congolaise et burundaise

    LAURENT LARCHER- Avec La Croix

  • « COHESION NATIONALE » EN RD-CONGO, MAIS AUTOUR DE QUI … ?

    « COHESION NATIONALE » EN RD-CONGO, MAIS AUTOUR DE QUI … ?

    CONCERT.PHOTOSDans l’opposition contre la représentation du régime d’occupation installée à Kinshasa ainsi qu’à l’intérieur même de cette représentation émerge tout d’un coup un nouveau slogan, il s’agit de  la « cohésion nationale », qui confine au second plan la déstabilisation de la RD-Congo dont la guerre imposée à l’Est dans le Kivu est le sommet de l’iceberg. Cette formule redoutée  apparait comme une autoflagellation de la victime qui non seulement semble découvrir  le manque d’unité en son sein, mais également en attribue la cause principale, qui serait à l’origine des maux dont souffre en premier lieu le Congo-Kinshasa alors que son geste disculpe inopportunément les requins qui sont restés attirer par le sang tout frais de la victime qui saigne abondamment et encore.

    Ainsi, ces Congolais dont une inspiration divine semble tout d’un coup illuminer homologuent la thèse jusque-là entonnée d’une affaire, d’un conflit ou d’une guerre congolo-congolaise. Mais c’est depuis un temps assez long que régulièrement je me demande si un problème « congolo-congolais » existe réellement. Et s’il existait, quel serait son effet direct ou indirect sur le fondement de la guerre de prédation que subit le Congo. Et des faits qui battent en brèche cette propagande habilement entretenue défilent devant l’histoire : –  Les Congolais n’ont pas causé le départ et la chute de Mobutu. Ils l’ont par contre subi. Qui chasse Mobutu de pouvoir  et pourquoi? Qui arme et place l’AFDL au pouvoir en RD-Congo ? Et pour quels intérêts ? Qui peut nous citer une seule ethnie congolaise, une seule alors, qui aurait pris des armes et qui serait en conflit ethnique ou armé soit contre une autre ethnie congolaise soit contres des Tutsi d’après une forme de discours que véhiculent toujours une certaine presse et la bande  à Paul Kagamé et leurs thuriféraires. La liste n’est pas exhaustive. Par contre, j’ai ouïe dire dans des colloques universitaires auxquels j’ai personnellement été convié à prendre part, et qui étaient animés par une catégorie d’occidentaux qui se faisaient passés pour « experts » en RD-Congo, que le Congo-Kinshasa était un pays assez vaste et que les Congolais en étaient moins capables de régenter tout seul –  Alors, je me demande comment des Congolais qui n’ont été associés ni directement ni  indirectement à la conception de la guerre de prédation qui violente leur pays peuvent en mettre fin quand et ce bien même qu’ils seraient réunis sous ce que la Kabilie et son opposition nomment  « cohésion nationale »?

    Je continue à m’entêter de croire que l’absence d’union entre congolais justifierait la recolonisation actuelle que subit la RD-Congo. D’où, unis ou pas, toute idée de « cohésion nationale », telle que les uns et les autres la prônent, dans l’opposition comme dans la Kabilie, ne serait en mon sens d’aucune utilité,  voire d’aucune efficacité.  C’est plutôt une démission et un aveu d’échecs de la part d’une élite qui est incapable de faire une lecture conséquente de la gestion du pays qui échappe à son contrôle et ce depuis des lustres.

    Aussi longtemps que des Congolais se montreront peureux et incapables d’identifier le véritable adversaire, de mettre un visage unique dessus, et contre lesquels ils devraient réunir leurs efforts, toutes les tentatives actuelles proposées seront faussées. Certains d’entre nous-Congolais se font recruter et rémunérer comme agents de service. Qui ne sait pas que Mobutu fut un agent de la CIA et des services secrets belges. Qui ne sait pas que des Vieux comme Bomboko Lokumba ou le feu Victor Nendaka ont toujours été des agents de service qui travaillaient pour le compte de ceux qui ont toujours été leurs maitres. Qui sont ces jeunes congolais qui ont eu à rédiger la dernière constitution de la RD-Congo  élaborée en Belgique, soumise et présentée d’abord en Belgique par une catégorie des jeunes à double ou plusieurs nationalités et proches des Vieux susmentionnés. Aujourd’hui, l’Occident et les autres recrutent et renouvellent leurs cheptels bovins. Et d’autres parmi nous les prennent pour cibles et croient naïvement, qu’en les combattant, ils arriveront à leur fin. Je pose la question de la nature de la crise qui frappe le Congo. Comment changer les rapports de force pour accéder au rang d’interlocuteurs et ensuite prétendre à la gestion du pays ? Tout le reste, et comme cela se dit en anglais, « bullshit »

    Pourquoi ceux qui s’imaginent être assis aux commandes du pays attendent toujours le pourrissement de la situation pour lancer leur appel à la « cohésion nationale », pour mendier des rencontres avec ceux qui ne peuvent rien leur apporter s’ils n’acceptent au départ le fait que la Kabilie est au pouvoir et que les autres sont obligés de s’en accommoder. Drôle de cohésion nationale dans un pays en proie à la déstabilisation.

    Par contre, j’adhère à la thèse défendue par Vincent Vauclin (2013) dans  « Putsch, l’histoire ça se brusque » que « le Régime ne peut qu’être renforcé par le recours aux institutions qu’il a lui-même mis en place pour se légitimer. Ce qui signifie que non seulement il n’émanera jamais des isoloirs une quelconque menace véritable pour le Régime, mais qu’en plus tout recours aux urnes, [à la cohésion nationale sous sa forme actuelle] renforcera la position du pouvoir en lui octroyant l’onction « démocratique » sur laquelle repose l’ensemble de son autorité. […]  il ne nous reste qu’une perspective sérieuse, celle du coup de force, [le putsch]»

    Contrairement à la démarche en cours, je conçois et j’ai toujours considéré la politique en termes de rapports de force et non d’union, surtout pas dans les conditions troublantes que traverse actuellement la RD- Congo, notre pays. Je dirais un « oui » à l’union des Congolais non avant mais après la conquête et le contrôle du pouvoir par une « communauté politique » donnée ayant une vision progressiste du pouvoir. L’Union avant fonctionne comme un piège car l’adversaire repose ses convictions sur le fait que les Congolais, et c’est à son avantage, sont regroupés, et on ne saura le nier,  selon des tendances d’emprunt, c’est-à-dire à caractère tribales, et suivant les intérêts des groupes qui obéissent aux puissances qui n’ont jamais lâché le Congo. L’unité ou l’union d’un peuple relève, sauf si je me trompe, de la réalisation d’un homme politique. Elle est un acte, une construction politique et de la politique. C’est l’homme politique, et une fois au pouvoir, qui rassemble son peuple autour de valeurs et autres idéaux qu’il l’incarne ou d’une vision à laquelle celui-ci adhère. Ma lecture est loin d’être une panacée mais elle a le mérite d’être pratique et ce en rapport avec l’histoire et l’expérience politique vécue. Tout en croyant au peuple, bien que sa notion  paraisse à mon avis ambigüe, je m’inscris à l’école de ceux qui croient et soutiennent qu’il appartient au leadership de  conduire la masse vers son destin et non le contraire. Et même dans le cas de Che Guevara, l’élite cubaine a pris les armes et a conduit les cubains vers un État d’ordre opposé au capitalisme « sauvage ». La révolution française qui a faussement été présentée comme celle du peuple français est plutôt une révolution « bourgeoise » qui a su réorienter et récupérer en son compte une action de masse afin de  réaliser ses objectifs : la monarchie sous la machine inventée par le Dr Guillotin.

    À la place de « Kabila Dégage », je paraphrase quelqu’un d’autre et comme lui, je dis « Vivement le Putsch au Congo ».

    Likambo ya mabele…..

     

    Mufoncol Tshiyoyo
    GSM 004745007236, mufoncol_tshiyoyo@yahoo.com
    Président du R.A.P.-Rassemblement pour l’Alternative Politique en RDC,
    Mouvement politico-militaire

  • Quand l’ONU se réduit à signer des communiqués qui valent des feuilles de choux en RDC…

    Quand l’ONU se réduit à signer des communiqués qui valent des feuilles de choux en RDC…

    onu-L’article 4 de la Charte des Nations Unies stipule que  ne peuvent devenir membres des Nations Unies que des « États », qui non seulement sont pacifiques et acceptent « les obligations de la […] Charte,  [mais qui également], au jugement de l’Organisation, sont capables de les remplir. Et le second volet de l’article susmentionné précise que  « l’admission comme membres des Nations Unies de tout État remplissant ces conditions se fait par décision de l’Assemblée générale sur recommandation du Conseil de sécurité ». 

    Dans l’esprit de l’article susmentionné,  seuls les États sont membres des Nations Unies et à ce titre, ils sont reconnus et agissent comme acteurs et membres de la communauté internationale. Un État est un ensemble composé d’un territoire aux contours géographiques bien définis, des institutions qui le représentent et l’engagent en tant que tel ainsi que d’un peuple au nom de qui l’État en question parle. La République Démocratique du Congo remplit  ces critères qui la définissent  comme un « État ».  Et c’est seulement en cette qualité que  le Congo-Kinshasa a adhéré à la Charte des Nations Unies,  y participe comme membre à part entière et contribue financièrement à son bon fonctionnement. Il n’y a rien de comparable avec le groupuscule que l’ONU affuble honteusement du nom de M23 dans ses différents communiqués et qu’elle reconnaît en outre comme un mouvement « rebelle ». Mais où l’ONU voit-elle en Afrique un territoire qui déjà porterait  la dénomination du « M23 »,  et dont le peuple qui y habiterait serait reconnu à la fois comme membre dudit territoire et citoyens du « M23 »  pour que le Conseil de Sécurité des Nations Unies ordonnât à la République Démocratique du Congo de conclure une solution avec lui à Kampala ? Le  » M23″ réunit en son sein un « conglomérat d’aventuriers » à qui le cynisme de ses « maîtres » confère des droits et  oblige la République Démocratique du Congo non seulement à s’asseoir autour d’une même table avec lui mais également pour y débattre de la question de la souveraineté,  matière exclusive réservée aux États légalement constitués  et reconnus comme tels.

    Le chaos orchestré au Congo permet de s’interroger sur la démarche de nos  « compagnons de  lutte » d’hier, avec qui nous avons eu à affronter ensemble Mobutu,  c’est le cas du ministre des affaires étrangères Raymond Tshibanda, de celui en charge de la communication, presse et information Lambert Mende et voire de Pierre Lumbi, qui aujourd’hui assume la fonction du « conseiller spécial » du sieur « Joseph Kabila »,  et qui est aidé en cette tâche par Kabuya Lumuna Sando,  ancien directeur adjoint du cabinet du maréchal Mobutu. J’ai du mal à appréhender comment ces « débatteurs » acceptent et se soumettent devant cette ignominie qui souille la Rd-Congo en la laissant s’asseoir autour d’une même table avec « la chose »  qu’ils dénomment aussi  le M23.

     

    Je n’arrive non plus à m’expliquer l’attitude qu’adoptent  Mary Robinson,  – désignée comme « envoyée spéciale du Secrétaire général pour la Région des Grands Lacs », et qui de surcroit est avocate de formation et fut la première dame irlandaise à assumer la fonction du « président d’Irlande » -,  et son collègue allemand Martin Kobler, –  qui est le Chef de la MONUSCO,  et comme Mary Robinson est également titulaire d’un diplôme en droit et ancien chef de cabinet de l’ancien ministre allemand des Affaires Etrangères Joschka Fischer,-  se réduisent les deux à signer des communiqués quand les Nations Unies, c’est-à-dire l’ensemble de cinq États qui composent le Conseil de Sécurité des Nations Unies, à savoir les USA, la Grande Bretagne, la France, la Chine et la Russie, des États qui possèdent chacun des armes nucléaires et détiennent un droit de véto en son sein, et les autres 197  États que compte l’ONU sont attaqués par un moins que rien qu’il soit le M23 ou le Rwanda. Je pense qu’il faille être adepte de la magie pour tenter d’expliciter ce type d’équation  aux enfants et aux autres jeunes qui s’intéressent aux maths et se montrent désirés d’apprendre quelque chose autour du principe de l’équilibre des puissances ou encore de la notion du rapport des forces. Tout cela dépasse l’entendement et la raison. Mais qui est celui de sensé qui peut acheter et ce à moindre frais toutes ces insignifiances

    Ce n’est pas encore demain que nous adopterons tous l’attitude de trois singes du temple de Nikko : Mizaru,  (l’aveugle),  Kikazaru (le sourd) et Iwazaru (le muet). Ne rien voir, ne rien entendre et ne rien dire devant des mensonges grossiers, des crimes abominables perpétrés sur le sol congolais et  la déshumanisation de  son homme. L’erreur de l’élite et de la masse congolaise, est de toujours croire que le Congo-Kinshasa peut encore être « démocratisé » alors que le pays est en feu de partout. Des loups sont dans la bergerie. Comment reconstruire une maison alors que le feu l’emporte. Si on ne sait éteindre le feu à temps, on l’aide à brûler pour y reconstruire un nouvel espoir.

    Si le M23 peut tranquillement attaquer et inquiéter l’ONU, que peuvent faire un peuple uni et décidé et un État, qui selon Max Weber,  détient seul le monopole de la violence. Le MPLA D’Eduardo dos Santos et l’Angola ont eu à donner 72 heures aux contingents de l’ONU de quitter l’Angola après leur lutte d’indépendance.

    « Quand on refuse à un homme de mener la vie dans laquelle il croit, il n’a pas d’autre choix que de devenir un hors-la-loi », (Mandela, 1995 : 270)

    Likambo ya mabele, likambo ya makila

     

    Mufoncol Tshiyoyo

    GSM 004745007236, mufoncol_tshiyoyo@yahoo.com

    Président du R.A.P. -Rassemblement pour l’Alternative Politique en RDC,
    Mouvement politico-militaire

  • Kampala : Une question de crédibilité

    Lumabala- Kampala-Il est maintenant évident que les pourparlers de Kampala entre le gouvernement congolais et le M23 s’acheminent vers un inéluctable échec. Même si un document était signé dans la capitale ougandaise, la situation sur le terrain ne risque pas d’évoluer vers une perspective de paix. On s’achemine même vers la reprise des hostilités. Les « agresseurs du Congo » auront donc, une fois de plus, réussi à se servir des négociations pour gagner du temps et se renforcer en vue de relancer cette interminable guerre de massacre. Dès lors, la question de la crédibilité des personnalités, ayant milité en faveur de la relance de ces pourparlers, se pose avec gravité. Ces pourparlers étaient, dès le départ, un patent stratagème de l’Ouganda et du Rwanda destiné à permettre au M23, alors militairement malmené, de gagner du temps. Suivant la stratégie du talk and fight, dont Museveni (Ouganda) et Kagamé (Rwanda) sont des adeptes notoires, le M23 devait en profiter pour se renforcer. Se renforcer militairement avec le soutien venu du Rwanda, politiquement en faisant durer les pourparlers et financièrement en engrangeant les revenus tirés du trafic des « minerais de sang » (500 millions de dollars de trafic d’or). La guerre peut maintenant être relancée.

    Dès lors, c’est avec incrédulité qu’on entend de hauts responsables de l’ONU, des Etats-Unis et du gouvernement congolais se plaindre comme s’ils ne se doutaient pas que Kampala n’était qu’une vaste fumisterie.

    Ainsi le représentant spécial de l’Onu en RDC, Martin Kobler, et le commandant des forces de la Monusco, le général Dos Santos Cruz, s’emploient à dénoncer le renforcement militaire du M23. Même son de cloche du gouvernement américain qui promet des sanctions contre le Rwanda accusé de recrutement d’enfants soldats. Réaction identique de Mary Robinson, l’envoyée spéciale de l’ONU dans la région. Reste que ces réactions ne suffisent pas à dissiper les doutes sur la crédibilité de leurs auteurs. Méritent-ils vraiment d’être pris au sérieux ? À de tels niveaux de responsabilité, sur des dossiers internationaux, ces « hauts responsables » ne pouvaient pas ne pas savoir que les pourparlers de Kampala étaient, dès le départ, un simple jeu de dupes. Ils auront, en tout cas, réussi à paralyser une opération de l’armée congolaise et la brigade d’intervention de l’ONU qui, en août dernier, étaient en situation de mettre un point final aux aventures du M23. Les Congolais peuvent maintenant dresser la liste des personnalités dont la parole, à l’avenir, devrait inspirer de la méfiance.

    L’occasion de rappeler les raisons pour lesquelles les pourparlers de Kampala n’auraient jamais dû avoir lieu, tellement ils remplissaient toutes les conditions pour ne jamais aboutir. En effet, pour qu’une négociation politique ait une chance d’aboutir, il faut que plusieurs conditions soient réunies : les parties à la négociation doivent être les véritables protagonistes du conflit. Ils doivent consentir à négocier de bonne foi. L’autre condition est que la négociation doit porter sur des revendications acceptables. Ces conditions n’ont jamais été réunies.

    L’absence des « véritables protagonistes »

    Le M23 est, de notoriété publique, une création du Rwanda et de l’Ouganda. Ses revendications sont changeantes, ce qui aurait dû pousser les artisans des pourparlers de Kampala à exiger plutôt des négociations directes entre les présidents Museveni, Kagamé et Joseph Kabila, sous l’autorité d’un « garant » capable de faire respecter les engagements des uns et des autres. L’absence des présidents Museveni et Kagamé, les parrains directs du M23[1], à la table des négociations de Kampala, augurait de leur échec. Mais les deux hommes ne sont pas restés passifs pour autant. Ils ont acquis la sinistre réputation d’être d’indécrottables roublards depuis qu’ils mènent des guerres à répétition dans la région (guerre d’Ouganda/1980-1986, guerre du Rwanda/1990-1994, Première Guerre du Congo/1996-1997, Deuxième Guerre du Congo/1998-2003, guerre du Kivu/2003-à nos jours, Guerre du Soudan,…).

    Pour eux, les négociations ne servent pas à régler un conflit. Elles servent à gagner du temps. Pendant les négociations, ils se renforcent militairement, politiquement et financièrement. C’est la fameuse stratégie du talk and fight (feindre de négocier, le seul enjeu étant de l’emporter militairement). Le principal adepte de cette stratégie n’est autre qu’un certain Yoweri Museveni, l’un des deux parrains du M23.

    Dès lors, le renforcement en cours du M23 était quelque chose de tout à fait prévisible. Ce qui n’était pas prévisible, en revanche, c’est l’attitude des personnalités comme Mary Robinson, Martin Kobler, les dirigeants congolais et même les Américains. Ils ne pouvaient pas ne pas savoir que les pourparlers de Kampala n’étaient qu’un simple leurre.

    Les Américains et les multinationales

    Toujours au sujet des « véritables protagonistes » du conflit, on peut remonter plus loin. L’Ouganda et le Rwanda sont deux pays trop « pauvres » pour financer 17 ans de guerre contre le Congo. En tant que principaux alliés militaires des Etats-Unis (première puissance militaire du monde), Kampala et Kigali doivent leurs moyens militaires à l’alliance avec le Pentagone depuis que le Zaïre de Mobutu a « perdu ses lettres de noblesse » auprès de l’Oncle Sam, dès la fin de la Guerre froide.

    L’alliance Washington-Kampala-Kigali-Londres est si forte que Rwandais et Ougandais sont engagés dans plusieurs missions militaires dans le monde, dirigées ou financées[2] principalement par les Etats-Unis. Les missions vont de la formation des unités dans les deux pays, par des instructeurs américains, au déploiement des troupes que ce soit au Darfour, en Somalie, en Haïti, voire, officieusement[3], en Afghanistan, en Irak et dans l’Est du Congo[4]. Selon l’ONG américaine Human Rights Watch, plusieurs combattants du M23 ont servi dans le cadre de ces missions, notamment au Darfour et en Somalie[5].

    Les populations congolaises, victimes quasi-directes de cette alliance géostratégique des Etats-Unis, vont encore, peut-être, devoir endurer des années de souffrance, à moins qu’il ne se produise un brusque retournement dans les relations entre Washington, Kampala et Kigali. Peu probable… Le Rwanda siège au Conseil de sécurité de l’ONU avec l’appui « indécent » des Etats-Unis. A New York, les diplomates rwandais ont même réussi l’exploit de bloquer des projets de Résolution du Conseil de sécurité de l’ONU. C’est dire à quel point la souffrance des populations congolaises est désespérément inaudible.

    Le Rwanda et l’Ouganda se ressourcent également grâce au trafic des « minerais de sang » au profit des multinationales, information toujours confirmée par les experts de l’ONU et par les données des exportations des minerais par les deux pays dépourvus de gisements conséquents. Le conflit est alimenté par le pillage des ressources du Congo au profit des multinationales, de l’électronique notamment.

    Un processus de paix se déroulant entre « délégués » du gouvernement congolais[6] et « délégués » du M23, passant sous silence le rôle des présidents Kagamé, Museveni et Kabila ; le poids des multinationales et le « jeu trouble » de la coopération militaire entre Américains, Kagamé et Museveni ; un « processus de paix » comme celui-là est, de toute évidence, une entreprise vouée à l’échec, les véritables acteurs du conflit étant absents.
    PNG – 975.7 koKagamé, Museveni, Kabila : le jeu de dupes
    Revendications insoutenables et agendas cachés

    L’autre condition pour qu’une négociation ait une chance d’aboutir est qu’elle puisse porter sur des revendications « acceptables ». Les revendications du M23 et de ses parrains, l’Ouganda et le Rwanda, ne font plus mystère. Les membres du mouvement veulent être amnistiés et intégrer l’armée nationale congolaise où ils devraient conserver dans leurs unités un statut « privilégié », aux côtés des « soldats congolais ». En gros, une armée dans l’armée. La consécration d’une sorte d’apartheid privilégiant les « rwandophones » au détriment de « tous les autres » membres de l’armée congolaise. Ils veulent, par ailleurs, ne jamais servir en dehors des provinces adossées au Rwanda et à l’Ouganda.

    C’est la porte ouverte aux revendications de même nature par les autres soldats. Viendront naturellement, dans la foulée, l’effondrement de l’armée, la partition du Congo et l’annexion du Kivu, une vieille obsession de Museveni et Kagamé… On a flairé l’astuce, et les pourparlers piétinent. Aucun Congolais responsable ne peut s’engager sur des choses aussi graves.

    Agendas cachés

    Le gouvernement congolais a déjà concédé à des revendications du genre (sous la pression des Etats-Unis) avant de se raviser. C’était, justement, l’esprit des fameux accords du 23 mars 2009 dont se prévaut le M23. Dans la foulée de ces accords, le Congo s’était retrouvé sur son territoire national avec des bataillons de l’armée rwandaise qui opéraient sous uniforme de l’armée congolaise. Non pas pour lutter contre les FDLR, comme on pouvait l’imaginer, mais plutôt pour consolider l’occupation du territoire congolais et sécuriser le trafic des minerais en transit pour le Rwanda.

    Après avoir été mis en cause pour ces actes indiscutablement de haute trahison, dissimulant le plan de balkanisation du Congo, Joseph Kabila et son gouvernement sont maintenant trop affaiblis pour se permettre d’orchestrer un autre « coup fourré » dans le dos des Congolais. Au Kivu, par exemple, la crédibilité du Président Kabila s’est considérablement érodée. En témoignent les violentes manifestations de Goma contre lui en juillet dernier suite à une rumeur. Ainsi les revendications du M23 pourraient ne jamais être signées par un dirigeant congolais responsable, les conséquences sur la population étant annoncées pour être catastrophiques.

    Quant aux revendications du Rwanda et de l’Ouganda, elles se heurtent à une hostilité encore plus forte, puisqu’il s’agit de l’avenir-même du Congo en tant que nation. En effet, Kampala et Kigali nourrissent des ambitions territoriales sur l’Est du Congo, ce à quoi la population s’est toujours fermement opposée. Les guerres à répétition, les campagnes de massacres et de viols destinées à chasser les Congolais de leurs terres, sont en train de tourner progressivement en scandale international avant que les dirigeants des deux pays n’aient pu réaliser leurs prétentions territoriales de longue date[7].

    Les pourparlers de Kampala, menés sur fond de revendications de cette nature, ne pouvaient finir autrement que dans des impasses. Ce qui est étonnant, est que tout ceci était connu dès le départ. De respectables personnalités se sont tout de même employées à envoyer les Congolais à Kampala en promettant à la population que ces pourparlers aboutiraient au règlement du conflit…

    Un mystère.

    Boniface MUSAVULI

  • L’Angola affirme sa position de leadership dans les Grands Lacs par son déploiement militaire au Congo-Brazzaville,

    L’Angola affirme sa position de leadership dans les Grands Lacs par son déploiement militaire au Congo-Brazzaville,

                                                « Peu de gens sont faits pour l’indépendance, c’est le privilège des puissants », Friedrich Nietzche.

    Interview de M. Tshiyoyo Mufoncol sur la liberation de la RD Congo!-Les Grands Lacs étaient orphelins  de leadership depuis la chute et la fuite du maréchal Mobutu.  Ce dernier fut, et ce pendant un temps assez long, le maître « incontesté » de l’Afrique Centrale pour le besoin de ses parrains américains et belges.  Défenestré par une alliance hétéroclite, son départ créa un vide, et je dirais même orchestré, parce que soumis aux normes de la  théorie  de la stratégie du choc de Naomi Klein. La déstabilisation de la RD-Congo  et la désolation qui s’en suit opèrent comme un mode de gestion et de contrôle de la RD-Congo qui à la longue auraient  permis  de faire avaler aux Congolais de la RDC le venin de sa désintégration comme un tout. Par usure et fatigue….

    Il était plus que temps pour que cette vacance de leadership au niveau de l’Afrique Centrale, qui coûte tant des vies humaines au Congo-Kinshasa, soit comblée. Car les hommes que les Anglo-Saxons ont souverainement désignés non seulement pour leur besoin de la sous-traitance mais également  pour assumer le rôle des pays phares et leaders dans les Grands Lacs ont, et aujourd’hui il faut l’avouer, lamentablement échoué.   Ni Museveni,  ni Kagamé, les deux  tombeurs de Mobutu, comme nègres de services, ne sont jamais parvenus à dominer et voire à s’imposer face à Eduardo Dos Santos et à l’Angola, y compris à Sassou, et ce, nonobstant le parapluie militaire anglo-saxon.

    Et aujourd’hui avec le déploiement de « puissance » de l’Angola dans le sud du Congo-Brazzaville, un message fort de l’Angola,  qui était, à mon avis, longtemps attendu de sa part, clarifie un peu le  jeu de l’équilibre des puissances dans la région des Grands lacs.

    En effet, l’Angola a officiellement  quitté Brazzaville que ces forces  militaires ont toujours « contrôlé » et ce depuis qu’elles réinstallèrent Sassou II au pouvoir en octobre 1997. Et à  ce propos, François-Xavier Verschave écrit dans « Noir Silence, Qui arrêtera la Françafrique ? » : «  Derrière quelques milliers de soldats et miliciens Cobra, […] ce sont des forces étrangères qui ont emporté la décision : des contingents angolais et tchadiens, des résidus de l’armée de Mobutu [Dragons, etc.], des militaires et miliciens rwandais, [Et tout cela] avec une intense bienveillance française. […] Le 30 juin 1998, Jacques Chirac déclare à Luanda : « Je me réjouis de l’intervention de l’Angola au Congo-Brazzaville… » (Verschave, 2000 :15-16). C’est une façon pour nous de dire que ce qui actuellement se déroule dans le sud de Brazzaville avec l’Angola ne pourrait à la limite surprendre  que quelques rares personnes, je dirais des moins avertis.  L’Angola est présent à Brazzaville pour ne pas dire qu’il a toujours été là.

    Mais sans nous aventurer  autour des mobiles derrière la  manifestation de force de l’Angola dans le sud de Brazzaville, le geste angolais pris individuellement corrige la faute de vision et de lecture anglo-saxonne sur les choix imposé et de Museveni et de Paul Kagamé, les deux  soi-disant « panafricanistes » made in USA ont failli et démontré leur limite.

    La présence angolaise n’est pas seulement signalée à Brazzaville. Depuis la chute de Mobutu, les forces angolaises sont aussi présentes  au Congo-Kinshasa, même si publiquement elles ne se manifestent et avec détails. Sa présence militaire au Congo-Kinshasa ressemble fort malheureusement à un soutien bien que « mitigé » aux forces Tutsi et rwandaises  qui essayent mais jusque-là en vain de contrôler la RDC. Et faute de mieux, et surtout en l’absence d’un leadership congolais autonome et efficace,  l’Angola ne pourrait agir  valablement.

    Les Grands Lacs souffrent sérieusement d’un manque d’un leadership en son sein, à même d’asseoir et d’imposer sa vison.  L’Angola apparaît comme une puissance militaire et économique de la région.  Avec l’extraction de 1,9 million de barils par jour, l’Angola tire 85% de ses revenus de l’or noir. Lesquels  compensent la chute des productions irakiennes depuis la déstabilisation de l’Irak.  La plupart des  angolais, et en particulier son élite qui aujourd’hui commande aux destinées de l’Angola,  ont vécu en RD-Congo dans le moment sombre de l’histoire de l’Angola.  Beaucoup  d’entre ont eu à grandir et étudier avec des collègues et des jeunes angolais dans nos écoles secondaires. Et entre nos deux peuples, il n’y a presque jamais eu d’animosité ou de tendance de domination ou de suprématie comme c’est le cas avec les Tutsi du Rwanda et Museveni de l’Ouganda qui essayent d’humilier les Congolais.  Tout sauf cette humiliation que notre peuple rejette et ressent, et ce avec raison,  comme un casus belli.

    L’Angola a plus qu’intérêt à s’imposer dans les Grands lacs pour faire taire définitivement les ambitions du Rwanda et de l’Ouganda. Et pour ce faire, les Congolais que nous sommes  devons impérativement, maintenant et ici, pas attendre 2016, chasser, et ce par un coup d’état militaire, « Joseph Kabila » et sa canaille au pouvoir à Kinshasa. Le coup d’État est possible et ne demande de commencer par l’Est du Congo. Il est de l’intérêt de l’Angola d’accompagner les Congolais et le Congo dans ce projet gigantesque dont le but est de redorer les blasons ternis de l’Afrique Centrale.  En signant récemment deux accords avec l’Angola et l’Afrique du Sud, « Joseph Kabila » a une peur manifeste de l’Angola dont il  se méfie et fait  surveiller par l’Afrique du Sud, le plus grand soutien de Paul Kagamé. Et qui dit Paul Kagamé dit « Joseph Kabila ».

    À l’heure où sonne l’ère multipolaire qui est en balbutiement, des États Africains, et dignes de ce nom, devraient non seulement inclure dans leurs stratégies de survie la notion d’exigence d’équilibre des puissances, mais également de savoir  ne rien attendre et d’apprendre à opérer pour s’adapter par la suite.

    Robert Cooper dans « la Fracture des Nations, Ordre et Chaos au XXIe Siècle » informe que « ce ne sont pas les empires mais les petits pays qui se révèlent être une force dynamique dans le monde. Les empires ne sont pas taillés pour promouvoir le changement », (Cooper, 2004 : 24)

     

    Likambo ya mabele, likambo ya makila

    Mufoncol Tshiyoyo

    GSM 004745007236
    Président du R.A.P.-Rassemblement pour l’Alternative Politique en RDC,
    Mouvement politico-militaire

     

     

  • La révision constitutionnelle,  un vrai- faux  débat,  un marché de dupes….

    La révision constitutionnelle, un vrai- faux débat, un marché de dupes….

    Tshiyoyo Mufoncol-Le « fils de l’Autre » et ses thuriféraires,  tel que le pauvre  Aubain Minaku qui s’est trouvé  un nouveau  dada, celui  de rebattre les oreilles aux Congolais sur le « départ » ou pas de son mentor  « Joseph Kabila » , et ce après les élections prochaines,  ont presque réussi  à flouer tout le monde sur la question de la révision constitutionnelle,  à laquelle s’oppose la masse congolaise et une partie de son élite pour qui  le seul espoir demeure aujourd’hui l’attente de 2016, c’est-à –dire de la fin du mandat  qu’ils concèdent,  et ce faute de mieux, à leur « Joseph national ».

    En s’opposant, et de la manière qu’ils prennent,  à la révision constitutionnelle annoncée de la Kabilie,   et même si c’est pour des raisons fondées,  les Congolais tombent dans le piège qui consiste à reconnaitre des vertus républicaines à un soudard, qui non seulement  accède au pouvoir par un hold-up et qui en plus n’a jamais  respecté la constitution à laquelle ils lui prêtent l’intention régalienne de réviser.  Et sans le savoir, leur critique bien que justifiée, aide plutôt à lui confectionner un habit sur mesure  d’un  respectueux de la constitution.

    Déjà en 2011, le fils de l’Autre, « Joseph Kabila », a  forcé, et sans gêne,  la modification de la constitution par le changement apporté au niveau du mode électoral de la présidence  prévu à deux tours et qu’il a ramené de son chef  à un seul tour.  L’homme s’est également octroyé le privilège monarchique de révoquer, et ce  à son bon vouloir,  les gouverneurs. Et l’’histoire démontre que depuis son parachutage  au pouvoir,  « Joseph Kabila » n’a fait que violenter la constitution. Et dire de cet homme-là qu’il tente réviser la constitution, c’est lui faire un honneur qu’il ne mérite guère.  C’est également attribuer  une image au Congo d’une illusion d’exercice démocratique du pouvoir. En fait, la masse et ceux de ses « opposants » qui mobilisent autour de cette fiction  font le lit de leur turpitude.

    Aubain Minaku et sa bande se lavent les mains quand ils jurent de ne jamais vouloir réviser la constitution,  lorsqu’ils affirment  main droite sur le cœur que la Kabilie ne touchera  point au fameux article 220. Mais ils ont raison  car leur funeste concertation nationale est parvenue à contourner ce piège. « Joseph Kabila »  et les siens n’en ont plus besoin parce que les Concertations Nationales ont obtenu, et ce à moindre frais, que les élections à venir ne se tiennent qu’après le recensement de la population.  Qui s’opposerait au recensement dans la situation actuelle du Congo? Mais personne !  Le piège à déjouer se situait au niveau de quand il fallait organiser ledit recensement. Admettons que la Kabilie puisse la tenir  à partir de 2015. Et ce une année avant la fin prévu du mandat.  Comment l’achever à un temps record lorsque le Congo compte 2 345 000 km2.  De la durée, qui en parle et autres difficultés y afférentes ?  Les concertations nationales et ceux qui y ont pris part ont décidé de commencer par les élections locales, régionales  suivies par le législatif et terminer par les présidentielles. Bonjour 2018, voire 2020, Vive le règne prolonger de « Joseph Kabila » pour cause de cécité de quelques apprentis sorciers.

    En effet, « Joseph Kabila » sera toujours –là.  Mais Bapangi na munu… qui se souvient que TOPESAKI  5 ans na Mobutu, Tobakisaki 7 ans na Mobutu, po na kosukisa to motombelaki 100 ans, SESE SEKO…. Mais qui est le dindon de la farce dans cette histoire ?

    Non, non,… mais non, chers compatriotes Congolaises et Congolais. En 1997, nous avons dit alors que personne ne nous croyait, le feu Bosange Yama du journal L’Alarme y a laissé sa peau en publiant nos écrits, que Laurent Désiré Kabila n’avait nullement besoin que le peuple congolais lui accordât du temps. Car nous étions, et nous le sommes encore aujourd’hui que toute forme d’aventure gouvernementale du type de la Kabilie, et nous prenons l’histoire à témoin, ne s’effondra que par la force, la violence. Mais qu’elle se fixe d’elle-même  un délai et le respecte, IMPOSSIBLE.  Ou on la combat ou on la subit ! C’est soit l’un, soit l’autre. L’excuse du provisoire  n’est jamais en réalité qu’une ruse du führer pour se faire accepter et gagner du temps.

    Nous comprenons et partageons les interrogations de ceux qui se posent des questions soit autour de la faisabilité de l’action en cours soit autour de l’aspect militaire envisagé de notre combat. Avec eux, et ce à partir de la nature de leur type de  questionnement, nous notons la différence et l’opposition de lecture de la question de la lutte armée. Quand ils en abordent,  leurs pensées tournent vers l’unique du type de combat que leur intelligence peut saisir , celui de  l’AFDL mais ils oublient  d’intégrer dans leur analyse le fait que l’AFDL non seulement émanait d’une volonté extérieure mais également était une création extérieure qui à la fois regroupait les forces actuelles qui déstabilisent le Congo et en dépendait pour sa survie. Pour le rest , nous disons que c’est discutable.

    Likambo ya mabele, Likambo ya makila

     

    Mufoncol Tshiyoyo

    Président National du Rassemblement pour l’Alternative Politique en RDC
    R.A.P.-en sigle, Mouvement Politico-Militaire
    GSM 004745007236, mufoncol_tshiyoyo@yahoo.com,

  • Kampala : entre mémoire courte et agendas cachés

    Kampala : entre mémoire courte et agendas cachés

    KABILA, KAGAMA, MUSEVENI ET SASSOU-Les Congolais devraient se méfier de leurs dirigeants lorsque ces derniers apposent des signatures ça-et-là, comme ils sont à nouveau en voie de le faire à Kampala. Ces signatures se transforment rapidement en cordes de pendaison pour la population qui un jour se retrouve en proie à une guerre atroce dont elle ignore les tenants et les aboutissants. Les récents bombardements des populations civiles à Goma devraient donner lieu à une réflexion en profondeur sur les engagements que prennent les dirigeants congolais. En tout cas, pour les familles des victimes et les soldats blessés ou tués au combat, un seul mot revient à la bouche : M23.
    Une légèreté lourde de conséquences. C’est qu’un certain lundi 23 mars 2009, le gouvernement congolais s’était engagé, de façon étonnamment légère, à exécuter une série d’exigences que lui imposaient des combattants rwandais sous couvert du CNDP, l’ancêtre du M23. Des accords qui vont se transformer en cauchemar pour la population et les soldats qui tentent, depuis des mois, au prix de leurs vies, de venir à bout du M23. Pendant ce temps, les « politiciens » qui avaient orchestré ces « accords de malheur » manquent toujours d’être mis devant leurs responsabilités. Le péril pour le Congo est qu’en l’absence d’une rigoureuse surveillance citoyenne, les « politiciens » de Kinshasa sont au point de reproduire, à Kampala, la même « bêtise » que celle du 23 mars 2009. On peut déjà annoncer de nouvelles tragédies dans l’Est du Congo dans la suite des accords de Kampala à venir, tellement les indices d’un nouveau conflit crèvent les yeux.

    L’inconstance des dirigeants congolais

    Les négociations vont donc reprendre à Kampala entre les autorités congolaises, qui avaient pourtant juré qu’elles ne négocieraient pas avec le M23, et la milice soutenue par l’Ouganda et le Rwanda, selon plusieurs rapports des experts de l’ONU. Le prétexte, pour justifier le retour des dirigeants congolais à Kampala, repose essentiellement sur deux fondements : une certaine pression de la « communauté internationale » appelant à la fin du conflit et la déclaration des sept chefs d’Etat et de gouvernement des pays membres de la CIRGL (Conférence Internationale des pays des Grands-Lacs).

    Des fondements pourtant faibles comparés aux atouts sur lesquels le Congo aurait dû capitaliser, et surtout si on réfléchit aux tragédies des agressions armées qui vont nécessairement se reproduire avec en toile de fond les engagements de Kampala en perspective, tout comme le conflit actuel était clairement annoncé au lendemain de l’accord d’Addis-Abeba[1], en février dernier.

    On passe rapidement sur la question de la pression internationale. Si un responsable politique n’est pas en mesure de résister à la pression, internationale soit-elle, c’est qu’il s’est trompé de vocation.

    Dilapider ses atouts

    Mais ce qui semble assez étonnant, dans le cas des dirigeants congolais, c’est que, pour une fois, l’armée nationale est largement en position de force alors que l’« ennemi » est, pour ainsi dire, à terre. Il ne reste que quelques kilomètres à conquérir par l’armée congolaise, et les soldats sur le front n’ont jamais été aussi motivés et en situation de mettre un point final aux aventures du M23.

    On aboutit ainsi à cette observation absolument déroutante : le Congo devient le seul pays au monde dont les dirigeants vont négocier à genou[2] au moment où leurs soldats sur terrain sont en position de force. C’est à n’y rien comprendre… Sauf à considérer que les « politiciens » ne sont pas au courant des opérations sur le terrain (surréaliste !) ou qu’en réalité les négociations de Kampala dissimulent des agendas cachés.

    Dans le cas du Président Kabila, a priori, on ne comprend même pas qu’il ait pu se retrouver à Kampala. Encore moins qu’il ait apposé sa signature sur la fameuse « déclaration des Chefs d’Etat et de gouvernements ». Car ce document, anodin en apparence, est rapidement devenu l’acte juridique de référence de la CIRGL, et le principal instrument de pression sur les autorités congolaises. Il ne manquait pourtant pas d’arguments au Congo pour faire le dos rond.

    L’armée a le dessus sur le M23. Par ailleurs, les agressions avérées du Congo par l’Ouganda et le Rwanda sont des contentieux qui auraient dû être traités au préalable, sous la menace, pour Kinshasa, de porter l’affaire devant la Cour Internationale de Justice et la Cour Pénale Internationale. Le Congo de Kabila a ainsi, une fois de plus, dilapidé ses atouts, ce qui devient une telle habitude que les accusations de trahison au sommet de l’Etat sont de plus en plus difficiles à contester. Chaque fois que le pays est en position de force, le régime de Joseph Kabila se laisse aller à des manœuvres permettant à l’« ennemi » de se ressourcer et de reprendre l’avantage.

    Un mot sur la CIRGL

    La CIRGL (Conférence Internationale sur la Région des Grands Lacs) est une organisation dont les Congolais devraient apprendre à se méfier. Il s’agit, pour l’essentiel, d’un « club des chefs d’Etat et de gouvernement », et de leurs réseaux internationaux. Rien à voir avec la SADC[3], par exemple, ou la CEDEAO[4], et encore moins l’Union européenne. Si l’organisation foisonne de discours dégoulinant de bonnes intentions, il faut s’intéresser au cœur de son système. La CIRGL a pour « organe suprême » la fameuse « Conférence des chefs d’Etat et de gouvernement ». Or, cette conférence n’est en réalité qu’un habillage de solennité internationale.

    En effet, les principaux piliers de la CIRGL sont les Présidents Yoweri Museveni (Ouganda) et Paul Kagamé (Rwanda). La « nocivité » de leurs prétentions sur le Congo étant de notoriété publique (annexion du Kivu, balkanisation du Congo, pillage des ressources minières du Congo, guerres à répétition contre le Congo,…), il est pour le moins étrange que des dirigeants congolais se retrouvent dans un cadre comme celui-là. Car pour faire simple, la CIRGL est un outil dont se servent Museveni et Kagamé pour légitimer leurs interventions armées au Congo et toutes formes d’ingérence comme cette injonction cavalière de négocier avec le M23 que les Congolais peinent toujours à digérer. Surtout après avoir été bombardés et attaqués par les troupes rwandaises, dans leur propre pays.

    Cette organisation, la CIRGL, dont les textes fondamentaux ne font même pas l’objet de débats ou de vote parlementaires ou référendaires[5], on se demande au nom de quoi elle devient une « machine » à imposer des injonctions pour obliger le peuple congolais à négocier avec des criminels notoires. L’objectif inavoué pour Museveni et Kagamé est de recueillir les signatures des autorités congolaises (de gré ou de force) pour s’en servir lors du lancement d’une prochaine guerre contre le Congo, le prétexte étant, comme d’habitude, que Kinshasa n’aurait pas rempli ses engagements (exemple neutralisation des FDLR).

    Demain, le M23 renaîtra de ses cendres, ou un autre « mouvement pro-rwandais », avec pour objectif de neutraliser les FDLR, parce que le régime de Kinshasa aurait failli à ses engagements de Kampala. Peu importe la sincérité de ce mouvement, on sait déjà qu’il s’agira, pour Kampala et Kigali de rééditer les guerres à répétition qu’ils mènent au Congo depuis 1996 pour des visées qui n’ont d’ailleurs rien à voir avec les FDLR. Les guerres du Congo sont des guerres d’accession aux gisements miniers. La CIRGL, dans ses textes, parle de « gestion commune des ressources »[6]. On se demande bien quelles ressources l’Ouganda et le Rwanda apporteraient dans cette « gestion commune ». C’est le Congo qui se fait dépouiller dans l’affaire. Avec la signature de ses propres dirigeants, le Président de la République en premier.

    Des intérêts inavouables ?

    En définitive, le gouvernement congolais, sauf s’il dissimule des intérêts inavouables, n’avait objectivement aucun intérêt à se retrouver à Kampala, encore moins pour négocier avec le M23. L’armée s’en chargeait déjà. Il ne reste que deux ou trois villes à reprendre aux combattants du M23 qui battent en retraite depuis la bérézina de Kibati. Le Congo serait, dès lors, un partenaire respecté et respectable discutant d’égal à égal avec les Etats de la région.

    Plus généralement, il devient urgent d’associer le peuple congolais le plus largement possible aux négociations et aux accords comme celui du 23 mars 2009, dont se prévaut le M23, l’accord d’Addis-Abeba qui n’ont produit aucun résultat et les accords que le gouvernement s’apprête à signer à Kampala.

    La gravité des conséquences qui retombent sur la population des suites de ces accords devrait dorénavant imposer au gouvernement congolais de les soumettre à de larges débats publics en vue d’une approbation parlementaire, avec possibilité pour la population, au moins, de lancer des pétitions (article 27 de la Constitution[7]) pour peser sur les décisions des politiques.

    Des vies sont en jeu.

    Boniface MUSAVULI

  • Inflation de “Sociétés civiles”

    Inflation de “Sociétés civiles”

    Interview:Dialogue Inter congolais, M23 et Diaspora par Gaspard-Hubert Lonsi Koko sur LAVDC au micro de Don Kayembe-Question à un franc symbolique : combien de “sociétés civiles” y a-t-il au Congo démocratique ? Bien malin celui qui donnera la réponse idoine à cette question. A l’image des églises ou encore des partis politiques, les “sociétés civiles ” ne se comptent plus. Il en naît au moins une chaque jour qui passe. La perspective des Concertations nationales accélère la reproduction de ces associations estampillées ” société civile “.

    Apparue sur le marché politique au début des années 90 à la faveur de l’ouverture politique, la version noble et représentative de la société civile est, de nos jours, une espèce en voie de disparition. Cette société civile qui était l’émanation du vrai mouvement associatif congolais et des forces vives du Congo profond ne tient plus le haut du pavé. Hélas! A la place, c’est une myriade d’organisations désincarnées qui occupent le devant de la scène, non pour relayer le message du pays réel, mais pour se positionner…politiquement. C’est cela le hic du problème.

    Dans ce pays où la politique est perçue comme l’antichambre à l’enrichissement facile, le lancement avec force caméras d’une structure battant pavillon ” Société civile ” est un investissement rentable. Et cette rentabilité est à très court terme. Si pas immédiate. Du moins dès qu’on accède aux responsabilités.

    Pour d’autres promoteurs de la marque ” société civile “, le créneau est dans l’univers des ONGS du lointain Occident. Là aussi, le retour sur investissement est garanti pour qui frappe à la meilleure porte.

    L’on comprend dès lors cette inflation de vocations sur le front de la ” Société civile “. Une overdose qui rend difficilement lisibles les attentes de vrais acteurs de la véritable société civile. Puisqu’ils existent ces hommes et ces femmes qui travaillent au quotidien dans nos campagnes, nos territoires, nos villes en dehors de la sphère politique.

    Ces voix-là se font de moins en moins entendre du fait du tintamarre médiatique de tous ceux qui ont fait de la Société civile juste un label pour entretenir leurs tubes digestifs. José NAWEJ

    (Forum des AS)

  • RDC: une nouvelle Commission électorale, entre espoirs et vigilance

    RDC: une nouvelle Commission électorale, entre espoirs et vigilance

    Malumalu-La nouvelle commission électorale indépendante a prêté serment, ce vendredi 14 juin, devant la cour suprême à Kinshasa. Elle est présidée par l’Abbé Malu Malu, revenu aux affaires sept ans après avoir présidé la première CENI qui avait organisé les élections présidentielles de 2006, elle avaient vu la victoire de Joseph Kabila au deuxième tour.

    C’est dans une magnifique pagaille, comme on ne sait le faire qu’ici, que le tout Kinshasa politique et diplomatique s’est frayé un chemin vers la petite salle d’audience de la Cour suprême de justice pour assister à la prestation de serment de la Commission électorale nationale indépendante. Rien que des nouvelles têtes, sauf une : l’Abbé Malu Malu qui récupère ses anciennes prérogatives de 2006.
    « Je jure sur l’honneur de respecter la Constitution et les lois de la République Démocratique du Congo », prononce-t-il, la main droite levée. L’abbé Malu Malu est controversé jusqu’au sein de sa propre Eglise catholique. Ses adversaires l’accusent d’être là au profit du camp présidentiel.
    Mais l’heure n’est pas aux polémiques. La nouvelle Céni, on veut y croire. Dans la majorité, cela va de soi. « Je fais confiance, je suis sûr et certain que nous allons améliorer notre système électoral », affirme le député Kandé Vila Kikanda.
    En charge des élections présidentielles et législatives de 2016
    Dans l’opposition, on sera vigilant. « Mon rôle sera de veiller à ce qu’on puisse exprimer la volonté réelle du peuple ; qu’il n’y ait pas de la manipulation politicienne. Nous voudrions être vraiment indépendants », insiste ainsi Gustave Omba, membre de la CENI, délégué du parti de Vital Kamerhe.
    La CENI aura à organiser au plus vite des élections provinciales et locales, et ensuite la présidentielle et les législatives de 2016
    (RFI)
  • La Dot chez les Luba du Kasaï

    La Dot chez les Luba du Kasaï

    1. 1.      La signification de la Dot

    Mpuila-1La Dot comporte la signification suivante :

    1)      L’officialisation, la légalisation, l’acceptation, la reconnaissance, la légitimation et l’intégration du lien du mariage

    Un lien, une cohabitation entre un jeune homme et une jeune fille est considéré comme une prostitution, un lien « libre », individuel, anarchique, mauvais, non intégré, non accepté dans les deux familles ni dans la société et non reconnu par les deux familles, le clan et la société ni par la loi coutumière s’il n’est pas précédé par la Dot.

    La fille est considérée comme une étrangère, une intruse, une prostituée et traitée avec mépris par la famille du jeune homme. Et le jeune homme est considéré comme un voleur, un usurpateur par la famille et le clan de la jeune fille et son clan tout entier.

    Les enfants nés d’un tel lien sont considérés comme le fruit de la prostitution et appartiennent à la famille de la jeune fille. Le jeune homme et sa famille n’ont aucun droit sur ces enfants. 

    C’est par la Dot que s’effectuent l’officialisation, la légalisation, la reconnaissance, la légitimation et l’intégration du lien du mariage au sein de deux familles concernées, du clan et de la société.

    Les enfants deviennent alors les membres de la famille de la lignée paternelle.

    2)      La solidité et la stabilité du foyer : la Dot solidifie et stabilise le mariage et elle est une source de solidarité au sein d’une famille et d’un clan :

     

    –          Celui à qui la Dot est destinée habite souvent au village ou loin : il n’est donc pas facile de rembourser la dot en cas de rupture du mariage.

     

    –          La Dot est une source de solidarité dans une famille : elle aide souvent l’un des membres de la famille de la fille à se marier : une fille qui se marie part de sa famille pour appartenir désormais à la famille de son mari. Mais elle fait entrer une autre fille dans sa famille d’origine et la fait ainsi grandir. Dans ce cas aussi, il n’est pas facile de rembourser la Dot en cas de rupture du mariage d’où la première Dot était issue.

    Dans les deux cas donc, la fille doit beaucoup réfléchir avant de s’engager dans un mariage.

    3)      La Dot scelle les liens de famille entre les mariés et entre les deux familles et les deux clans et inaugure les liens de respect mutuel.

    Une fille qui cohabite avec un homme sans que cet homme ne soit venu verser la Dot pour elle dans sa famille est une source de honte pour ses parents et elle fait l’objet de mépris et de moquerie dans toute la famille et tout le clan.

    Les enfants nés d’un lien sont méprisés et déconsidérés sont souvent l’objet de moquerie et d’injure : ils sont considérés comme le fruit de la prostitution.

    Dans ce cas aussi, une fille luba ne peut pas rompre facilement son mariage ni accepter d’affronter quotidiennement l’opprobre et vivre en concubinage avec un homme qui n’est pas venu se présenter dans sa famille et verser la Dot pour elle. Elle se place elle-même, place ses parents, sa famille et ses enfants dans une situation très inconfortable et jamais traditionnellement ni coutumièrement souhaitée.

    4)      La Dot relie les Vivants et les Ancêtres

    La Dot permet aux Ancêtres à reconnaître ce lien de mariage, à venir y habiter au milieu des époux, à en être fier, à le bénir, à en être les boucliers, à le préserver, à le sauvegarder, à le protéger, à l’accompagner de tous leurs meilleurs souhaits de bonne santé et de bonheur et à y intervenir pour faire obstacle aux mauvais esprits et aux esprits malveillants désireux de jeter un mauvais sort sur le mariage et sur les époux.

    Le mariage n’est pas dans la rubrique des contrats. Il est un don de soi, un engagement qui implique les mariés, les familles et les clans ainsi que les Ancêtres et assure la continuité, la survie et le progrès de la famille, du clan et de la tribu.

    1. 2.      La procédure :

     

    1)      Présentation :

    a)      Rencontres discrètes entre les deux intéressés

    Le jeune homme et la jeune fille se rencontrent d’abord en toute discrétion et se parlent de leur intention de se marier. L’initiative de cette intention et des rencontres viennent du jeune homme et non l’inverse.

    b)      Informations portées au niveau des parents

     Si l’acceptation mutuelle est conclue entre eux deux, les deux en parlent à leurs familles respectives.

    c)      Prospections discrètes

    Chaque famille procède par une prospection discrète sur l’éducation et l’état civil du prétendant et de la prétendante.

    Cette prospection peut aller jusqu’à des invitations discrètes adressées par le jeune homme, en accord avec ses parents, à la jeune fille à participer à certains événements organisés dans la famille du jeune homme (fêtes d’anniversaire…). La jeune fille tient ses parents informés de ces invitations et de ces déplacements. Après ces événements, la jeune fille ne passe jamais la nuit dans la famille du jeune homme et tout le monde veille à la ramener immédiatement, pendant qu’il fait encore jour, chez ses parents ou ses tuteurs.

    Le jeune homme est aussi invité de la même façon dans la famille de la jeune fille.

    d)      Annonce officielle

    La fille annonce à ses parents ou à ses tuteurs qu’un tel jeune homme l’a abordée et lui a fait part de son intention de l’épouser ; qu’elle est d’accord et qu’elle lui a demandé de venir se présenter officiellement dans sa famille.

    Les parents annoncent à la jeune fille la date qui leur convient. Et la jeune fille transmet le message à son futur époux.

    e)      Présentation officielle du prétendant

    Le jeune homme vient, accompagné de deux ou trois de ses amis et d’un des membres de sa famille. Ils sont accueillis par le père ou le tuteur de la jeune fille. On leur sert à boire. Le beau-père leur demande alors qui ils sont et pourquoi ils sont venus.

    Le jeune homme entouré de ceux qui l’accompagnent prend la parole se présente (sa famille, ses études, son lieu de résidence) ; présente les personnes qui l’accompagnent et annonce officiellement au beau futur beau-père son intention de venir naître dans sa famille en épousant sa fille telle. La fille est dans sa chambre et ne participe ni à l’accueil ni aux premiers moments de l’entretien.

    Le beau – père demande à l’intéressé si sa famille est au courant de sa démarche ou si cette démarche individuelle.

    Si le prétendant répond oui, le beau-père appelle alors sa fille et lui demande si elle connaît les personnes venues et si elle sait pourquoi ces personnes sont venues. Il demande à sa fille si elle est d’accord. Si la fille dit oui, alors elle prend part à la suite de l’entretien ; le père appelle la belle-mère et lui parle de l’entretien ; la belle-mère entend le oui de deux intéressés ; puis elle s’efface pour aller à apprêter les mets à la cuisine.

    Le beau-père est en train d’approfondir avec les concernés le sujet, les autres sujets… Et on sert à manger.

    Le prétendant et tous ceux qui l’accompagnent restent quelque moment après le repas, puis ils annoncent leur intention de partir. C’est alors qu’ils se conviennent avec le beau-père sur le jour de la présentation officielle pour les deux familles.

    Le beau-père annonce aux intéressés qu’il leur fera part du contenu de la dot après avoir contacté les autres membres de la famille, et surtout celui à qui la dot est destinée.

    f)       Communication du contenu de la Dot

    Et dans un avenir très proche, le beau-père appelle l’intéressé, ses parents ou ses tuteurs pour une rencontre discrète afin de leur faire part du contenu de la Dot.

    Et ensemble ils se conviennent sur le jour de la Cérémonie.

    La Cérémonie de la remise de la Dot se déroule dans la famille de la belle-famille. (Au Domicile du beau-père).

    Le jour de la Cérémonie, les deux familles réunies ont leurs porte-paroles. Les présentations usuelles de deux familles sont faites et les questions habituelles d’amour et d’engagement sont posées aux deux prétendants.

    Tout ce qui vient de la belle-famille passe par le père du prétendant. Celui-ci en signe d’engagement le donne au porte-parole de la sa famille. Le porte-parole de sa famille le donne à son tour au porte-parole de la famille de la fille. Cette dernière s’avance vers son père, le lui tend et le prie humblement d’accepter. Le père avant de l’accepter s’adresse publiquement et solennellement à sa fille en lui demandant si elle est pleinement consciente de ce qui est en train de se dérouler et lui rappelle qu’à ce moment précis elle est en train de s’engager elle-même définitivement et d’engager la responsabilité et l’honneur de toute la famille, de tout le clan et tous les Ancêtres. Si la fille répond qu’elle en est consciente et qu’elle tiendra définitivement à cet engagement, alors le père accepte ce qu’elle lui tend.

     Toute l’assistance applaudit.

    1. 3.      Le contenu de la dot :

     

    1)      Une somme d’argent déterminée par le destinataire de la Dot.

     

    2)      La chèvre des Ancêtres appelée « Mbuji Wa Bakishi » : Elle est offerte aux Ancêtres de la Lignée paternelle de la fille pour que ceux-ci daignent reconnaître ce mariage, venir s’y installer le bénir, le protéger et l’accompagner de leur bienveillance et sollicitude. Cette Chèvre est mangée par le beau-père avec les autres membres de la lignée paternelle.

     

    3)      La chèvre pour la belle-mère appelée « La chèvre du sein » : c’est une chèvre offerte par le jeune marié à sa belle-mère pour avoir nourri de son sein sa fille et l’avoir fait grandir et l’avoir bien éduquée. Dans un mariage, la belle-mère est non seulement honorée, elle est même considérée comme la personne centrale et le ciment d’un mariage : elle ne peut en aucun cas être insultée par le beau-fils : « Muntu yonso kena ne Mfumuende, kadi Mfumuende M-Muku wende » (Vous pouvez vous considérer comme étant au-dessus de tout le monde et même manquer de respect envers tout le monde, mais jamais envers votre belle-mère). Un écart de langage, des propos irrespectueux, une insulte faite par le beau-fils contre la belle- mère lors de leurs disputes internes entre époux est la caractéristique extrême d’une mauvaise éducation qu’il a eue et est très souvent la signature immédiate du divorce. La belle-mère mange cette chèvre avec les autres femmes de sa famille et avec ses amies.

     

    4)      La chèvre de la virginité est exigée dans certains clans des Luba : si la fille est vierge jusqu’au mariage. C’est une chèvre destinée à honorer la fille et la belle-mère pour la bonne éducation. C’est la belle-mère qui la mange avec les femmes de sa famille et avec ses amies.

     

    5)      L’habillement de la belle-mère : de la tête jusqu’aux pieds (mouchoir de tête, pagne, souliers, bijoux, sac à main…). Souvent le beau-fils offre au-delà de ce qui est demandé pour montrer son amour et sa reconnaissance envers la belle-mère.

     

    6)      L’habillement du beau-père : chapeau, costume, chemise, cravate, souliers, montre… Souvent aussi, le beau-fils peut ajouter plus.

     

    7)      Les autres exigences venant de la personne à qui la Dot est destinée : habillements…

     

    8)      La belle-famille peut accessoirement amener les boissons, les mets…

     

    9)      Le porte-parole de la belle-famille rappelle au prétendant et à sa famille que la Dot dure toute la vie : « Ku Buku nku Diala »… La belle-famille est comparée à un champ qui entoure le foyer. Quand on a quelque chose et on mange, on y envoie ce qui reste. Chaque fois quand on a un surplus, on songe à la belle-belle, on partage avec elle, on y envoie un colis, un paquet…

     

    1. 4.      Les conséquences de la Dot

    Le mariage coutumier est scellé. Les deux mariés s’embrassent devant l’Assistance de leurs deux Familles. La fille quitte sa chaise qui était jusque-là du côté de sa famille et va s’asseoir sur une chaise aux côtés de son mari dans le camp de la belle-famille.

    La famille du jeune marié a le droit de réclamer, séance tenante, par la bouche de son porte-parole, le départ de la fille avec eux à la fin de la Cérémonie. La famille de la fille se met à négocier : elle demande à la famille du jeune marié la grâce d’accepter l’organisation de la Cérémonie religieuse – si les deux familles sont des croyants – et de rassembler les approvisionnements nécessaires (« Kupaya Muana Wa Bakaji ne Kuya kumushindikija kua Bayenda ») et de désigner les personnes qui devront accompagner la fille chez son mari.

    1. 5.      Les cas où la Dot n’est pas remboursable s’il y a le divorce :

     

    –          Si la décision du divorce vient du mari alors que sa femme n’a pas commis une faute qui exige le divorce ;

     

    –          Si le mari a commis une faute qui exige le divorce alors que sa femme a été correcte et irréprochable ;

     

    –          Si la femme a donné naissance aux enfants, sa famille ne rembourse pas la Dot en cas de divorce.

    Fait le 26 Mai 2013.

    Dr François Tshipamba Mpuila

    E-mail : tshipamba.mpuila@yahoo.fr