Le dollar américain circule librement et est même devenu la monnaie la plus utilisée dans les transactions commerciales sur toute l’étendue de la République. Les prix des biens dans les magasins sont affichés en dollar. Les paiements des biens et services s’effectuent en dollar 90 pour cents des dépôts bancaires sont en dollar, et les cambistes sont partout sur les rues pour faire du change essentiellement du dollar et de l’euro contre la monnaie nationale. Le marché parallèle de change se trouve sur la rue, devant l’entrée principale de l’Ambassade des Etats Unis d’Amérique dans ce pays. Les clients sur ce marché sont multiples et incluent les nationaux, les trafiquants, les officiels, les diplomates et les fonctionnaires internationaux. Le bradage de la monnaie nationale se passe au vu et au su de tout le monde.
NOEL K. TSHIANI : La fin de la dollarisation de l’économie ne se décrète pas du jour au lendemain par une baguette magique. Si cet avis est partagé, il ne reste pas moins vrai qu’il faut que le Congo ait un plan clair avec un horizon temporel raisonnable pour mettre fin à la dollarisation afin de ne pas laisser perdurer la situation actuelle indéfiniment. C’est à ce prix que le pays reprendrait le contrôle non seulement de sa monnaie, de son système financier et aussi de son économie. Il est bien entendu que dans cet horizon temporel raisonnable et réaliste, il faut que la République Démocratique du Congo continue à renforcer sa crédibilité à travers une gestion macroéconomique rigoureuse notamment en maintenant un niveau d’inflation faible, régulier et prévisible, ce qui n’est pas évident lorsqu’on ne contrôle pas entièrement la masse monétaire circulant dans le pays. La question de la qualité, du degré et de la pérennité de la stabilisation macroéconomique est ainsi posée. Sans verser dans la théorie, une loi sur la reforme du système de paiement au Congo s’impose. Une telle loi devrait couvrir les moyens de paiements conformes aux dispositions constitutionnelles en vigueur, la monnaie acceptable pour les transactions dans le pays, les sanctions et amendes des récidivités, et surtout le délai raisonnable et réaliste pour le passage d’un système de dollarisation à celui où une monnaie nationale crédible devient effective conformément à la constitution du pays. La fin de la dollarisation doit être précédée et accompagnée d’une longue campagne de communication pour que la population comprenne le bien-fondé de la démarche et s’approprie le processus. Il faudra donc faire un bon mélange des règles de dollarisation basées sur le marché et la persuasion, et une certaine dose de règlementation. La seule bonne volonté ne suffit.