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  • Le diamant d’Anvers contre tous

    Le diamant d’Anvers contre tous

    Manuella Merckx fronce les sourcils. La directrice opérationnelle du Diamond Office, le bureau de contrôle des importations et des exportations de diamants, sis à Anvers, aurait dû être avertie de notre arrivée par les vigiles, à l’entrée de l’immeuble du 22 Hoveniersstraat. « Ce n’est pas la procédure », s’agace cette Belge à la poignée de main ferme.

    Cet office de contrôle est installé dans les étages de l’Antwerp World Diamond Center (AWDC), l’équivalent de la chambre de commerce et d’industrie des diamantaires d’Anvers, en plein cœur du Diamond Square Mile, quartier sécurisé de la ville portuaire où patrouillent militaires et policiers, 24 heures sur 24.

    A lui seul, le Diamond Office est censé symboliser la droiture et la transparence que revendiquent les marchands de diamants de la place. Tous les jours, des milliers de pierres brutes et taillées entrent et sortent de cet immeuble moderne. Sous le regard de fonctionnaires et du bureau des douanes, dix-sept experts assermentés par l’Etat belge contrôlent le contenu des paquets sous scellés en provenance ou à destination de l’étranger, en dehors de l’Union européenne.

    Le geste est adroit, rapide, presque mécanique. D’un coup de cutter, l’expert tranche les sacs plastiques zippés qui contiennent les sachets de diamants. Puis il verse le contenu de chacun dans le plateau métallique d’une balance électronique pour en vérifier le poids, exprimé en carats (un carat équivaut à 0,2 gramme). D’un œil, il compare le poids annoncé sur la facture à celui qui apparaît sur l’écran de pesée. De l’autre, à l’aide de sa loupe, il contrôle la classification du diamant établie par le bureau de contrôle de l’AWDC. Objectif : vérifier la valeur du lot, qui détermine le montant de la TVA et son prix en dollars. La monnaie américaine demeure la devise officielle du secteur.

    En cette matinée d’octobre, quelques secondes auront suffi à cet expert assermenté pour faire…

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  • Sanctions américaines contre l’Iran : huit pays finalement autorisés à importer du pétrole

    Sanctions américaines contre l’Iran : huit pays finalement autorisés à importer du pétrole

    Les Etats-Unis ont confirmé vendredi 2 novembre qu’ils rétabliraient lundi toutes « les sanctions levées dans le cadre de l’accord sur le nucléaire iranien » signé en 2015, dont Donald Trump a retiré son pays. Ces mesures vont notamment viser les secteurs de l’énergie, bancaire, de la construction navale et du transport maritime, a précisé le chef de la diplomatie américaine, Mike Pompeo.

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    Huit pays bénéficieront toutefois de dérogations et seront autorisés temporairement à continuer d’importer du pétrole iranien, « mais uniquement car ils ont fait preuve d’efforts importants pour ramener leurs importations de brut vers zéro » et « ont coopéré » avec les Etats-Unis « sur de nombreux autres fronts », a expliqué M. Pompeo. Deux d’entre eux se sont engagés à couper totalement leurs importations à l’avenir, les six autres continueront à acheter du pétrole iranien, mais beaucoup moins qu’avant les sanctions.

    M. Pompeo n’a pas nommé les pays qui auront droit à des exemptions. Il a seulement précisé que ces pays ne faisaient pas partie de l’Union européenne.

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    La Turquie exemptée

    « Nous savons que la Turquie fait partie des pays bénéficiant d’une exemption », a déclaré vendredi le ministre turc de l’énergie, Fatih Dönmez, cité par l’agence étatique Anatolie. « Mais nous n’avons pas encore reçu les détails », a-t-il ajouté, se disant « satisfait » de cette mesure.

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    Pour prouver la fermeté du gouvernement républicain, le secrétaire d’Etat a affirmé que la précédente administration démocrate de Barack Obama avait octroyé des dérogations à 20 pays. En tout, 700 personnes ou entités vont être ajoutées à la liste noire américaine, a précisé pour sa part le secrétaire au Trésor, Steven Mnuchin : 400 qui en avaient été retirées après l’accord de 2015, et 300 supplémentaires. Il a aussi dit que les Etats-Unis souhaitaient couper les institutions financières iraniennes frappées par des sanctions, dont la liste sera également publiée lundi, du circuit bancaire international Swift, hormis pour les « transactions humanitaires ».

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  • Au Pakistan, des islamistes se mobilisent contre l’acquittement de la chrétienne Asia Bibi

    Au Pakistan, des islamistes se mobilisent contre l’acquittement de la chrétienne Asia Bibi

    La chrétienne Asia Bibi attend toujours la liberté. Deux jours après son acquittement par la Cour suprême pakistanaise, mercredi 31 octobre, cette mère de cinq enfants, incarcérée depuis sa condamnation à mort en 2010 pour blasphème, était gardée dans un endroit tenu secret alors que des manifestants islamistes réclamaient sa pendaison.

    Pour le troisième jour consécutif, ils bloquaient, vendredi, les principales artères de plusieurs grandes villes du pays, et ont été autorisés à pénétrer dans la « zone rouge » de la capitale Islamabad, quartier qui réunit les principales institutions de l’Etat pakistanais. La sécurité a été renforcée aux abords des lieux de culte chrétiens, des écoles ont été fermées et les réseaux de téléphonie mobile ont été suspendus dans les grandes villes.

    Depuis le durcissement du code pénal condamnant le blasphème, en 1986, sous la dictature du général Zia-ul-Haq, grand artisan de l’islamisation du Pakistan, les accusations se sont multipliées dans le pays, au risque de servir de prétexte pour régler des conflits personnels. Dans le cas d’Asia Bibi, c’est une dispute qui a mal tourné : en 2009, cette employée agricole avait bu un verre d’eau provenant d’un puits réservé en principe aux musulmans, et été dénoncée par des voisines avec lesquelles sa famille était en froid. On l’accusa d’avoir insulté le prophète. Les juges l’ont finalement acquittée mercredi au « bénéfice du doute ».

    Appel à la mutinerie

    « L’acquittement d’Asia n’est pas seulement un déni de justice, mais aussi une manière de satisfaire les demandes des opposants à la loi sur le blasphème, et des avocats de la liberté d’expression (haineuse) débridée », a posté sur les réseaux sociaux Khadim Hussain Rizvi, chef du parti radical Tehreek-e-Labaik Pakistan (TLP) à l’origine des manifestations. Son parti a appelé à une mutinerie des officiers de l’armée et à l’assassinat des juges responsables du verdict. « Nous tolérons des remarques…

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  • Chez les Indiens Quinault, le changement climatique « grignote le mode de vie des gens »

    Chez les Indiens Quinault, le changement climatique « grignote le mode de vie des gens »

    Reportage

    LE MONDE |


    • Mis à jour le

    Le village de Taholah est en première ligne face à la montée des eaux : selon une étude de l’université de Washington, la côte Pacifique sera recouverte, ici, de 30 cm d’eau en 2100. Les nations indiennes de la région ont réussi à convaincre les écologistes d’inclure le sort des déplacés du climat dans un référendum qui sera soumis aux électeurs de l’Etat de Washington, le 6 novembre, à l’occasion des élections de mi-mandat.

    Un reportage du photographe David Hanson.

    Chargement en cours…

    Taholah est exposée à la montée des eaux. En 2014, une grande inondation a brisé le « sea wall » , le mur de défense de 3 mètres de haut. Un plan d’urbanisme a donc été adopté en 2017 pour construire un autre village sur une colline à 600 mètres de là, à 40 mètres d’altitude.


    David Hanson pour Le Monde

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  • Istanbul, ville refuge pour Khashoggi et les opposants arabes en exil

    Istanbul, ville refuge pour Khashoggi et les opposants arabes en exil

    « Je n’arrive toujours pas à réaliser ce qui s’est passé. A quel moment avons-nous failli ? » Vendredi 26 octobre, lors d’une interview accordée à la chaîne Habertürk, la fiancée turque de Jamal Khashoggi, assassiné dans l’enceinte du consulat saoudien à Istanbul le 2 octobre, s’interroge. Le malaise d’Hatice Cengiz est d’autant plus grand que c’est pour pouvoir l’épouser que le journaliste s’était résolu à pousser la porte du consulat de son pays situé dans le quartier d’affaires de Levent, sur la rive européenne d’Istanbul. Elle l’a attendu cinq heures sur le trottoir d’en face avant de donner l’alerte.

    « Istanbul, surtout depuis 2014, après le coup d’Etat qui a renversé l’Egyptien Morsi, est la seule capitale de la région qui tolère les opposants arabes. » Sinan Hatahet, analyste

    A 59 ans, le journaliste saoudien, critique du puissant prince héritier Mohammed Ben Salman (dit « MBS »), et exilé depuis 2017 aux Etats-Unis, comptait faire d’Istanbul sa base, rejoignant ainsi les nombreux opposants arabes qui y ont trouvé refuge ces dernières années après avoir fui les guerres ou l’oppression dans leurs pays. Celui dont la police turque cherche toujours le corps avait rendez-vous au consulat le 2 octobre afin de récupérer un document administratif attestant de son divorce d’avec sa première épouse. « Istanbul, surtout depuis 2014, après le coup d’Etat qui a renversé le président égyptien élu Mohamed Morsi, est la seule capitale de la région qui tolère les opposants arabes », explique Sinan Hatahet, un analyste proche de l’opposition syrienne, basé à Istanbul.

    Pour de nombreux ressortissants syriens, irakiens, égyptiens, yéménites et pour quelques saoudiens, une dizaine tout au plus, la ville des bords du Bosphore s’est muée en « une plateforme d’échanges pour les intellectuels arabes ». Une bonne partie de ces réfugiés sont des adeptes de l’islam politique, un courant de pensée que Jamal Khashoggi percevait…

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  • Européennes : le clip du gouvernement pour appeler au vote fait polémique

    Européennes : le clip du gouvernement pour appeler au vote fait polémique

    L’objectif affiché est d’encourager les citoyens à aller voter le 26 mai lors des élections européennes, un scrutin qui affiche d’énormes taux d’abstention (56,5 % en 2014, 59,4 % en 2009). Mais le clip diffusé par le gouvernement passe mal auprès de l’opposition, qui critique son manque de neutralité.

    « Emmanuel Macron fait sa propagande sur les frais de l’Etat, c’est un clip de propagande, mais il le fait passer pour un clip qui amènerait les citoyens à aller voter et je ne trouve pas ça très honnête », a notamment critiqué la porte-parole du parti Les Républicains, Laurence Sailliet, vendredi 2 novembre sur C News.

    Sur une musique à la tonalité angoissante, ce clip affiche notamment l’Italien Matteo Salvini et le Hongrois Viktor Orban comme repoussoirs, avec la question : « Europe : union ou division ? » En conclusion, la vidéo affiche : « En mai 2019, l’Europe changera. En votant, vous décidez comment ! »

    « Emmanuel Macron n’a qu’une stratégie aujourd’hui, c’est d’opposer les progressistes aux populistes, comme il le dit, parce que lui-même n’a aucune stratégie concrète au niveau européen », a accusé la porte-parole des Républicains.

    « Présentation nauséabonde de l’immigration »

    La droite n’est pas la seule à s’insurger contre cette vidéo. « Les clips du gouvernement sont des clips de campagne LRM maquillés, sur fonds publics », a estimé de son côté Génération.s, le parti de l’ex-PS Benoît Hamon, qui précise, dans un communiqué, que le CSA et la Commission des comptes de campagne seront saisis. Mehdi Ouraoui, de Génération.s, fustige le « contenu totalement orienté, notamment la présentation nauséabonde qui est faite de l’immigration “à maîtriser ou à subir” [qui] n’a aucun rapport avec une incitation à la citoyenneté ».

    Pour le socialiste Rachid Temal, « ce clip-là, c’est la reprise texto des propos de M. Macron et il essaie de nous faire croire qu’il n’y aurait qu’une option, la sienne ».

    Mme Sailliet a également critiqué l’entretien d’Emmanuel Macron publié mercredi par Ouest France, dans lequel le président de la République dresse un parallèle entre la situation actuelle en Europe et les années 1930. « Emmanuel Macron attise les peurs, c’est tout ce qu’il sait faire. Vous savez à qui il me fait penser ? A Marine Le Pen, c’est la même stratégie, c’est-à-dire qu’on attise les peurs parce qu’on n’a pas de solution », a-t-elle dénoncé.

    Deux jours après la parution du clip, Matteo Salvini l’avait commenté sur Twitter : « Le gouvernement français publie, avec l’argent des contribuables, un clip officiel pour les Européennes en m’utilisant comme un épouvantail. Macron et ses amis doivent avoir très peur. En 2019, un printemps des peuples qui va les balayer les attend. »

    Lire aussi :   « Avant les européennes, l’exécutif entend pratiquer activement la politique de “la preuve” »

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  • Une ONG dénonce une « régression patente des droits humains » au Maroc

    Une ONG dénonce une « régression patente des droits humains » au Maroc

    L’Association marocaine des droits de l’homme pointe dans un rapport la hausse du nombre de « détenus politiques ».

    L’Association marocaine des droits de l’homme (AMDH) a dénoncé, jeudi 1er novembre, une « régression patente des droits humains » au Maroc, en déplorant l’« augmentation considérable du nombre de détenus politiques ».

    Dans son rapport couvrant l’année 2017 et une partie de 2018, la plus importante ONG de défense des droits humains du royaume fustige la « répression qui a touché de nombreux mouvements sociaux, particulièrement le Hirak du Rif », dans le nord du Maroc.

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    Les mouvements de protestation sociale se sont multipliés ces deux dernières années dans des zones déshéritées du pays. Le plus important, appelé Hirak, a agité en 2016-2017 la région historiquement frondeuse du Rif. Ses meneurs ont été arrêtés et condamnés en juin à des peines allant jusqu’à vingt ans de prison.

    « Approche sécuritaire »

    Selon le rapport, le nombre total de détenus et de personnes poursuivies en raison de « leurs opinions critiques » ou de « leurs activités au sein des mouvements de protestation », entre autres dans le Rif, a « dépassé 1 020 ». Evoquant une « augmentation considérable du nombre de détenus politiques », le président de l’AMDH, Ahmed El Haij, a précisé que ce chiffre incluait des militants qui ont entre-temps été innocentés. Face à une « crise sociale, l’Etat a choisi d’adopter une approche sécuritaire », a-t-il regretté.

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    Dans un discours prononcé en juillet 2017, le roi du Maroc, Mohammed VI, s’était félicité que les forces de l’ordre aient « préservé la sécurité et la stabilité » dans le Rif, en réfutant les « allégations » de ceux qui parlent « d’approche sécuritaire ». Les autorités marocaines ont affirmé que la protestation dans cette région avait fait plus de 600 blessés parmi les forces de l’ordre et causé 7 millions de dirhams (environ 640 000 euros) de dégâts.

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    Dans son rapport, l’AMDH déplore par ailleurs le « faible engagement » de l’Etat dans la lutte contre la torture, et s’inquiète d’une « recrudescence des violations systématiques du droit d’organisation, de création d’associations et de manifestation pacifique ». Le document dénonce enfin une pratique de la « diffamation qui s’est généralisée » contre les « opposants, activistes et journalistes indépendants », ainsi qu’un « acharnement systématique contre les défenseurs des droits humains », y compris l’AMDH.

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  • Jusqu’à vingt-cinq ans de prison requis contre les dirigeants indépendantistes catalans

    Jusqu’à vingt-cinq ans de prison requis contre les dirigeants indépendantistes catalans

    L’ancien vice-président de Catalogne, Oriol Junqueras, risque vingt-cinq ans de prison. C’est ce qu’a requis le parquet, vendredi 2 novembre, contre l’indépendantiste de gauche, pour « rébellion aggravée avec détournement de fonds publics », un an après le référendum sur l’indépendance organisé par les élus catalans. Dix-huit dirigeants régionaux attendent d’être jugés par le tribunal suprême espagnol pour leur rôle dans la tentative de sécession d’octobre 2017.

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    Le procureur général a requis également dix-sept ans d’emprisonnement contre l’ex-présidente du parlement régional Carme Forcadell et les dirigeants d’association indépendantiste Jordi Sanchez et Jordi Cuixart. Déjà en détention provisoire, ils sont accusés de rébellion, mais sans malversation. En Espagne, les réquisitions provisoires du parquet sont rendues avant le renvoi devant un tribunal.

    Pour sa part, l’avocat de l’Etat espagnol (Abogacia general de Estado), qui dépend du ministère de la justice, a requis des peines maximales de 12 ans de prison et écarté le délit de « rébellion » au profit de celui de « sédition », qui n’implique pas de soulèvement violent.

    Une « violence » dénoncée par le parquet

    Selon le ministère public, « le plan sécessionniste [des dirigeants catalans] envisageait l’utilisation de tous les moyens nécessaires pour atteindre leur objectif, y compris puisqu’ils avaient la certitude que l’Etat n’allait pas accepter la situation la violence nécessaire pour s’assurer du résultat criminel visé. »

    L’usage de la violence pendant le processus indépendantiste en Catalogne est, cependant, contesté en Espagne, bien au-delà du camp indépendantiste, par un large éventail de témoins, ainsi que d’éminents juristes.

    Les autres anciens conseillers du gouvernement de Carles Puigdemont, exilé en Belgique, risquent, pour leur part, sept ans ou seize ans d’emprisonnement. Au-delà des indépendantistes poursuivis pour rébellion ou détournement de fonds publics en raison des dépenses engagées pour organiser le référendum interdit du 1er octobre 2017, six autres seront jugés pour « désobéissance grave » et encourent une amende.

    La date du procès n’a pas été encore fixée, mais son ouverture est attendue début 2019.

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  • En Iran, la mort d’une rivière

    En Iran, la mort d’une rivière

    L’Iran s’enfonce dans la crise. La valeur du rial, la monnaie nationale, a été divisée par trois, voire quatre, depuis le début de l’année : les prix s’envolent au hasard. Téhéran subit de plein fouet le retour des sanctions américaines depuis que Washington s’est retiré, en mai, de l’accord international sur le programme nucléaire iranien. La mise en place de la deuxième vague est attendue pour le 5 novembre.

    A Ispahan la rivière est à sec. Le désert s’élargit à vue d’œil. La République islamique gère mal ses ressources en eau. Elle a laissé les cultures se multiplier, et les agriculteurs puiser l’eau de la rivière à l’excès. Les aciéries d’Ispahan et de Yazd sont elles aussi gourmandes. Résultat, la rivière Zayandeh Rud, naturellement permanente, disparaît. D’ici à trente ans, l’Iran pourrait ressembler à un désert inhabitable.

    Cette situation s’apparente à un lent suicide, mais qu’y faire ? L’Etat peut difficilement annoncer aux paysans que la majorité d’entre eux sont voués à disparaître ou à changer de métier. Avec le retour des sanctions, la transition écologique figure très loin derrière les priorités.

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  • Bernard Bajolet : « En Syrie, un signal fort des Occidentaux aurait été nécessaire »

    Bernard Bajolet : « En Syrie, un signal fort des Occidentaux aurait été nécessaire »

    Le revirement américain sur les frappes, en 2013, a fait basculer le conflit syrien, rappelle l’ex-patron de la DGSE. L’opposition en a conclu qu’elle était lâchée, la Russie est entrée en scène et le djihadisme s’est intensifié.

    Propos recueillis par Nathalie Guibert et Marc Semo Publié aujourd’hui à 12h47, mis à jour à 13h30

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    Avant de devenir coordinateur national du renseignement sous la présidence de Nicolas Sarkozy et de prendre la tête de la direction générale de la sécurité extérieure (DGSE) sous celle de François Hollande, Bernard Bajolet, 69 ans, fut ambassadeur en Jordanie, Bosnie, Irak, Algérie, Afghanistan. Dans Le soleil ne se lève plus à l’est (Plon, 464 p., 21,90 euros), le diplomate livre une analyse plutôt pessimiste des principaux conflits du Moyen-Orient.

    Vous estimez le régime de Bachar Al-Assad en Syrie « irréformable ». Pourquoi ?

    Le régime n’est pas réformable parce qu’il est dans une logique communautaire. C’est une minorité qui gouverne la Syrie. Peu après son arrivée au pouvoir, Bachar Al-Assad avait montré quelques velléités d’ouverture auxquelles il a dû renoncer sous la pression de ses proches et de la communauté alaouite. Celle-ci reste traumatisée par son histoire et des siècles d’oppression. Avant même la guerre civile en Syrie, j’avais du mal à croire à une évolution non violente d’un régime qui veut se maintenir à tout prix au pouvoir. Il faut se rappeler le précédent de la révolte de Hama en 1982, écrasée dans le sang – des milliers de morts – par le père, Hafez Al-Assad. Bachar, le fils, a voulu faire la même chose. Mais le monde a changé. Il n’est plus possible de massacrer à huis clos.

    Une solution politique inclusive est-elle malgré tout possible en Syrie ?

    On peut difficilement imaginer un système en Syrie où cohabiteraient au prorata de leur poids dans la population sunnites et alaouites, et encore moins après ces années de guerre. Si la rébellion sunnite avait pris le pouvoir, les alaouites auraient été écrasés. En 2012, il y avait une réelle préoccupation dans la communauté internationale pour éviter un « Srebrenica » alaouite. Grâce à ses parrains russe et iranien, le régime a finalement gagné et, désormais en position de force, il refuse tout compromis. Au mieux peut-on espérer un habillage, dont la forme la plus élaborée serait un départ du pouvoir de Bachar Al-Assad. Vladimir Poutine assure en privé ne pas tenir spécialement à la personne de Bachar, mais il veut maintenir le régime en place. Une personnalité à même de le remplacer n’est toutefois pas encore apparue.

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