Category: Afrique

  • Un groupe japonais condamné pour l’exploitation de Coréens pendant la guerre

    Un groupe japonais condamné pour l’exploitation de Coréens pendant la guerre

    « Un défi au droit international. » C’est ainsi que le ministre japonais des affaires étrangères, Taro Kono, a qualifié, dimanche 4 novembre, la confirmation par la Cour suprême sud-coréenne de la condamnation du groupe japonais Nippon Steel & Sumitomo Metal (NSSM) à dédommager quatre travailleurs sud-coréens employés dans ses usines pendant la seconde guerre mondiale.

    Depuis l’annonce du verdict, le 30 octobre, Tokyo ne décolère pas. Le premier ministre, Shinzo Abe, a dit maintenir « toutes les options ouvertes, notamment la saisie de la Cour internationale de justice ». NSSM, peut-être sous pression gouvernementale, ne semble pas prêt à payer.

    Du point de vue nippon – accentué par le positionnement révisionniste du gouvernement –, la question de ces travailleurs a été résolue par la signature du traité de 1965, qui rétablissait les relations diplomatiques. Il incluait un volet sur les contentieux liés à la colonisation de la péninsule entre 1910 et 1945 et la coopération économique bilatérale, précisant que toutes les réclamations étaient « complètement et définitivement réglées ».

    Le Japon rappelle également – Séoul l’avait reconnu en 2005 – avoir versé 500 millions de dollars (439 millions d’euros) d’assistance. Une partie de cette somme devait servir au dédommagement des travailleurs du temps de la guerre. Elle a été affectée au développement économique.

    « Acte inhumain »

    A l’inverse, la Cour suprême sud-coréenne considère que les plaintes des travailleurs ne tombent pas sous le coup de l’accord de 1965, parce qu’ils ont été mobilisés pendant « l’occupation illégale » de la péninsule et que le recrutement par l’entreprise japonaise était un « acte inhumain » lié à l’effort de guerre. De ce fait, les plaignants ne cherchent pas à récupérer des salaires non payés, mais réclament « un dédommagement de l’entreprise japonaise, en tant que victimes de travail forcé ».

    Dans…

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  • Madagascar: des électeurs méfiants à l’égard des trois principaux candidats

    Des affiches électorales placardées sur un arrêt de bus à Antananarivo, le 2 novembre 2018. © MARCO LONGARI / AFP

    Par
    RFI

    Publié le 05-11-2018
    Modifié le 05-11-2018 à 10:56

    Ce lundi 5 novembre est le dernier jour de campagne avant l’élection présidentielle de mercredi. Plusieurs candidats ont tenu leur dernier meeting ce week-end. Notamment les trois poids lourds de la politique malgache, les ex-présidents Marc Ravalomanana, Andry Rajoelina et Hery Rajaonarimampianina. Mais s’ils dominent la campagne, les médias, les affichages dans la rue, ils ne convainquent pas tout le monde pour autant.

    Devant le meeting politique d’un des trois principaux candidats, des taxis attendent. Parmi eux, Har, 35 ans, est au volant d’une 4L – qui a plus de 30 ans et est rouillée de toute part. Il travaille quasiment tous les jours, pour gagner environ huit euros par jour. C’est bien plus que la majorité des gens, admet-il, mais son niveau de vie n’a cessé de baisser.
    Il est catégorique : il ne votera pas pour l’un de ces trois candidats. « Ils ont tous les trois dirigé le pays et ils ont échoué. Voilà pourquoi je ne les aime pas. Madagascar a besoin de quelqu’un de nouveau, d’un nouveau visage. Depuis que le trois se sont succédé, ma vie est devenue de plus en plus dure. »
    Un peu plus loin Garijo, comptable et tout aussi méfiant. Ces trois, dit-il, n’ont rien fait pour le pays, et ne pensent qu’à eux. « Ces trois candidats ne me sont plus guère favorables pour notre pays, parce qu’ils étaient déjà là et notre pays est toujours comme ça… Nous sommes toujours pauvres. Mieux vaut ne pas élire les trois. Mieux vaut un autre candidat. Si c’est un de ces trois candidats qui est élu, il y aura du grabuge. »
    Du grabuge, ajoute-t-il, car si l’un d’eux est élu, « les deux autres ne l’accepteront pas et le pays sera à nouveau en crise ». Un sentiment partagé par de nombreux Malgaches.
    ► Présidentielle à Madagascar : sept ex-présidents et Premiers ministres candidats

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  • A Dakar, Paris veut battre le rappel pour le financement du G5 Sahel

    A Dakar, Paris veut battre le rappel pour le financement du G5 Sahel

    Moins d’un quart du financement de la force conjointe est pourvu alors que la situation dans la bande saharo-sahélienne empire.

    Moins d’un quart des quelque 400 millions d’euros promis pour équiper la force conjointe du G5 Sahel (Mali, Mauritanie, Niger, Tchad et Burkina Faso) ont effectivement été déboursés, a regretté dimanche soir 4 octobre la ministre française des armées Florence Parly, qui compte rappeler les pays donateurs à leurs engagements lors du Forum sur la paix et la sécurité en Afrique, qui s’ouvre ce lundi à Dakar.

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    « La force conjointe du G5 Sahel ne doit pas être un supplétif de l’opération Barkhane »

    Pour lutter contre les groupes djihadistes qui se jouent des frontières dans la bande saharo-sahélienne, ce groupe de cinq pays a réactivé en 2017 son projet de force conjointe, initialement lancée en 2015 avec l’appui de la France. Mais les 414 millions d’euros promis lors d’une conférence internationale en février afin d’équiper cette force de près de 5 000 hommes qui manque cruellement de moyens arrivent au compte-gouttes.

    Quelque 500 participants

    Les engagements « pour l’instant, se matérialisent très lentement », à hauteur de seulement « 10 à 25 % des fonds », a déploré Florence Parly devant la presse, dans l’avion qui la menait vers la capitale sénégalaise.

    L’Arabie saoudite, l’un des plus gros contributeurs avec 100 millions d’euros promis, n’a notamment toujours pas livré les équipements prévus. « L’enjeu » du Forum de Dakar, « c’est d’abord de maintenir la priorité sur les opérations de la force conjointe du G5 Sahel » qui « n’est pas équipée comme elle doit l’être », a insisté la ministre française.

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    Au Sahel, bilan contrasté pour l’opération française « Barkhane »

    La cinquième édition de ce forum international, lancé après le sommet Afrique-France de 2013, accueillera pendant deux jours quelque 500 participants – responsables politiques, chercheurs, représentants d’institutions internationales ou d’organisations non gouvernementales. Il doit s’ouvrir ce lundi matin par le président sénégalais Macky Sall et le ministre français des affaires étrangères, Jean-Yves Le Drian, y est attendu mardi.

    Opérations conjointes

    Florence Parly a parallèlement appelé les pays du G5 Sahel à reprendre leurs opérations conjointes, suspendues depuis juillet en raison de la saison des pluies. « La saison des pluies est en train de se terminer, donc il est important de relancer ces opérations. Certaines sont déjà planifiées », a déclaré la ministre française.

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    Le Burkina Faso, nouveau maillon faible dans la lutte antidjihadiste

    La force conjointe du G5 Sahel a mené six opérations depuis la fin 2017, qui n’ont pas donné lieu à des affrontements avec les groupes djihadistes. Interrogée sur la détérioration de la situation sécuritaire au Burkina Faso, frappé ces derniers mois par de multiples attaques, Florence Parly a reconnu qu’elle suscitait « beaucoup d’inquiétude ». « On prend très au sérieux cette situation », qui a conduit les autorités burkinabées à solliciter à deux reprises en octobre l’intervention de la force française « Barkhane » déployée au Sahel, a rappelé la ministre. La France et le Burkina « travaillent en ce moment à formaliser un cadre » de collaboration entre les deux pays, a-t-elle ajouté.

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  • « Midterms » : le bilan de Trump à l’épreuve des urnes

    « Midterms » : le bilan de Trump à l’épreuve des urnes

    Donald Trump a raison de dire que son nom, sans y apparaître en toutes lettres, figure sur les bulletins de vote des élections de mi-mandat du 6 novembre, qui doivent renouveler 35 sièges de sénateurs et la totalité de ceux de la Chambre des représentants. Cette échéance s’est en effet transformée, de par sa propre volonté, encore plus que par le passé, en un référendum sur un bilan flatteur pour ce qui est de l’économie et sur un style non conventionnel qui lui vaut au contraire des accusations récurrentes de « diviseur en chef ». Lors de la présidentielle de 2016, il avait pu bénéficier de deux atouts : la nouveauté et la répulsion inspirée par son adversaire démocrate, Hillary Clinton.

    Les passions politiques qu’il a alimentées depuis son arrivée à la Maison Blanche ont au moins une vertu. Tout indique que la participation à ces élections sera l’une des plus élevées de ces dernières années. Cette hausse tient autant à la discipline traditionnelle des électeurs républicains qu’à une forte mobilisation démocrate.

    Une mobilisation illustrée tout au long de l’année par un nombre élevé de candidats et notamment de candidates, y compris dans des circonscriptions républicaines jugées imprenables ; par des versements record de dons individuels ; et enfin par des intentions de vote restées pendant toute la campagne nettement supérieures à celles exprimées au profit des républicains.

    Le précédent de 2016

    Cet écart au niveau national n’est cependant pas la garantie d’une « vague bleue » démocrate, espérée avant l’été. Dans beaucoup de circonscriptions, qui décideront de la majorité à la Chambre des représentants, la lutte apparaît serrée, tout comme dans la poignée d’Etats qui sont le théâtre d’élections sénatoriales particulièrement disputées.

    Le précédent de la présidentielle de 2016 invite également à la prudence. Le résultat final avait bien été conforme aux intentions de vote mesurées par les principaux instituts de…

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  • Le prince Charles en tournée en Afrique pour préparer l’ère post-Brexit

    Le prince Charles en tournée en Afrique pour préparer l’ère post-Brexit

    La visite du fils de la reine Elizabeth II en Gambie, au Ghana et au Nigeria vise à préserver les liens du Royaume-Uni avec ces pays membres du Commonwealth.

    Prendre le thé avec le roi du peuple ghanéen des Asante, c’est aussi du travail pour le prince de Galles, en tournée en Afrique de l’Ouest dans un contexte de sortie du Royaume-Uni de l’Union européenne (UE). Londres cherche un accord avec Bruxelles avant le 29 mars 2019 et la maison de Windsor doit participer à la préparation de l’ère post-Brexit.

    Héritier d’un trône occupé par sa mère, la reine Elizabeth II, depuis presque aussi longtemps qu’il est en vie, le prince Charles, qui aura 70 ans ce mois-ci, n’a officiellement aucune prérogative politique ni diplomatique. Mais sa tournée africaine et les déplacements des autres membres de la famille royale sont surveillés de près au moment où le royaume est en plein Brexit.

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    Les ambitions retrouvées du Royaume-Uni en Afrique

    Charles et son épouse, Camilla, ont entamé mercredi 31 octobre leur tournée en Gambie, au Ghana et au Nigeria, alors que leur fils cadet, Harry, et sa nouvelle épouse, Meghan, reviennent tout juste d’Australie, de Nouvelle-Zélande, des îles Fidji et de Tonga. Peu de temps après le référendum sur le maintien dans l’UE en 2016, le fils aîné, William, avait quant à lui effectué une tournée au Canada, dans un effort apparent de ne pas couper le Royaume-Uni de la scène internationale.

    « Diplomatie douce »

    Les pays choisis ne le sont pas au hasard et reflètent étroitement l’agenda politique et économique de Londres, selon les observateurs. « Le lieu est choisi sur la demande du Foreign Office », a expliqué à l’AFP Penny Junor, auteur de nombreuses biographies du prince. Tous les mouvements de la famille royale sont soigneusement chorégraphiés, que ce soit chez eux ou à l’étranger. Les photos doivent refléter le prestige et le faste, mais toujours avec dignité et modestie.

    Le prince Charles, qui est le plus haut représentant de sa mère, âgée de 92 ans, a des obligations diplomatiques vis-à-vis des présidents des trois pays ouest-africains où il se rend. Il y aura des cérémonies en amont des célébrations du 11-Novembre, en hommage aux soldats des anciennes colonies de la Couronne tués au cours des deux guerres mondiales. Le Ghana a également organisé un « Durbar », journée traditionnelle spectaculaire, à Kumasi, la deuxième ville du pays, pour célébrer les liens culturels au sein du Commonwealth, que Charles dirigera un jour.

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    Qu’est-ce que le Commonwealth ?

    Mais la politique n’est jamais très loin et il est difficile de ne pas faire le rapprochement avec le Brexit et l’agenda international britannique en ces temps agités. Le roi ghanéen l’a lui-même remarqué, reconnaissant que « pour que notre histoire commune ait du sens et renforcer les liens qui nous unissent, nous devons avoir le courage de développer mutuellement nos économies, particulièrement dans le contexte du Brexit ».

    Pour Elizabeth Donnelly, du think tank Chatham House, la tournée actuelle de Charles est « la continuité de la diplomatie douce » déjà amorcée par la visite de la première ministre, Theresa May, en Afrique du Sud, au Nigeria et au Kenya il y a quelques mois. Stimuler les échanges commerciaux avec les 52 autres pays du Commonwealth est un moyen de compenser les pertes du Royaume-Uni entraînées par le départ de l’UE, son plus grand partenaire commercial.

    Croissance rapide

    La Gambie, le Ghana et le Nigeria sont membres du Commonwealth, tout comme les pays visités par le prince Harry ou lors du voyage de William au Canada. Le Commonwealth est un marché très important, avec 2,4 milliards d’habitants répartis sur les cinq continents. Dix-neuf de ces pays se trouvent en Afrique, où la première ministre souhaite que le Royaume-Uni soit le plus grand investisseur étranger du G7 d’ici à 2022.

    Au Ghana, Londres a investi 2 milliards de livres (environ 2,3 milliards d’euros) au cours des vingt dernières années. Au Nigeria aussi, pays le plus peuplé d’Afrique avec 180 millions d’habitants et qui compte une diaspora importante au Royaume-Uni, Londres souhaite accroître les échanges commerciaux et soutenir la création d’emplois.

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    En visite en Afrique, Angela Merkel veut « combattre l’émigration illégale »

    Isaac Arthur, analyste économique basé à Accra, estime que cela correspond également à la politique du président ghanéen, Nana Akufo-Addo, qui veut dynamiser « le commerce et non l’aide ». « Les relations du Royaume-Uni avec le Ghana ont été cantonnées à l’aide au développement pendant de nombreuses années, souligne M. Arthur. Mais cette fois, les deux pays veulent renforcer leurs relations bilatérales, en particulier en ce qui concerne le commerce. ».

    « Je pense que cela va dans la bonne direction », commente l’analyste, notamment dans un contexte de croissance rapide – le Ghana devrait connaître une croissance supérieure à 8 %. Le petit pays d’Afrique de l’Ouest attire d’ailleurs les convoitises : la chancelière allemande, Angela Merkel, et le président français, Emmanuel Macron, se sont tous deux rendus à Accra cette année. Mais dans un pays où les traditions sont encore fortes, boire le thé chez le roi des Asante « peut faire la différence », souligne Elizabeth Donnelly.

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  • Madagascar: les attentes des électeurs dans le Sud-Est pauvre et isolé

    Comme des trophées, les habitants des villages reculés de l’Androy et l’Anosy arborent fièrement les T-shirts distribués par les rares candidats à avoir fait le déplacement dans le sud de l’île. © Sarah Tétaud/RFI

    Par
    RFI

    Publié le 05-11-2018
    Modifié le 05-11-2018 à 10:42

    Dans le Sud-Est, là où sévit la sécheresse depuis maintenant cinq ans, et où une partie de la population peine à s’alimenter, la très grande majorité des candidats n’a pas pris le temps de se déplacer. Entre Amboasary et Ambovombe, deux villes peuplées du Grand Sud, ils sont trois candidats seulement à avoir fait le déplacement. Alors qu’attend cette population isolée du futur président ?

    En arrivant par les airs, les rares candidats venus à la rencontre de la population rurale de l’Androy-Anosy ont offert des émotions fortes à ces habitants du bout du monde. Mises en scène de rockstar, discours messianiques. Le tout agrémenté de distribution d’argent ou de petits cadeaux.
    Dady et Soloazee arborent fièrement leur nouveau t-shirt. Ils habitent chacun dans un village reculé et ont parcouru des heures de marche pour aller voir « le spectacle », disent-ils, de celui pour qui ils voteront désormais.
    « Je pensais déjà voter pour Andry Rajoelina mais en plus de ça, quand je l’ai vu, il m’a donné un t-shirt ! », se félicite Dady. Soloazee, elle, glissera un bulletin de vote pour le président sortant. « Hery Rajaonarimanpianina est venu ici. Et on est allé le voir. On a reçu de l’argent : 2 000 ariarys par personne (0,50 euros) ! Et un t-shirt ! »
    Des sauveurs inconnus
    Les candidats se présentent comme les sauveurs de Madagascar. Et cela semble fonctionner. Assez cynique quand on sait qu’ils ont été les trois derniers dirigeants du pays. Une information souvent ignorée des habitants. Comme pour Fideline, par exemple. « Ah ? Non, je ne savais pas qu’Andry avait déjà dirigé le pays avant. C’est parce qu’il est venu ici la semaine dernière que je sais qui il est. »
    Et si les journées de Fideline ou Mélanie sont occupées à trouver de quoi manger, tous iront voter, dans l’espoir que le nouveau président réponde à leurs attentes.
    « Ce que j’attends de lui, c’est qu’il nous apporte de la bonté et qu’il arrête la famine », explique Fideline. « Moi ce que j’attends du président, c’est qu’il arrête les bandits et qu’il nous donne des aides, confie pour sa part Mélanie. Parce qu’ici, on ne sort jamais vraiment de notre pauvreté. » Des besoins vitaux, en somme.

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  • Liban : le départ au compte-gouttes des réfugiés syriens

    Liban : le départ au compte-gouttes des réfugiés syriens

    Le silence règne dans la cour du centre de la Sûreté générale (service sécuritaire chargé des étrangers au Liban) de Bourj Hammoud, en lisière de Beyrouth. Mines graves, corps engourdis, hommes, mais surtout femmes et enfants, attendent de bon matin l’heure du départ pour la Syrie. Leur décision est prise : ils rentrent chez eux.

    Les jeux des petits, habillés de leurs plus beaux vêtements, comme pour un jour de fête, finissent par détendre l’atmosphère. Des réfugiés échangent à propos de leur région d’origine. Des hommes de la Sûreté générale font l’appel. De petits groupes de Syriens s’avancent vers les bus affrétés par Damas, sous les yeux d’employés du Haut-Commissariat des Nations unies pour les réfugiés, venus en observateurs. On s’entraide pour monter les bagages, qui condensent plusieurs années d’exil et un avenir incertain : vêtements, matelas, électroménager, tout ce qui n’a pu être vendu est emporté. Qui sait ce que l’on pourra s’offrir en Syrie ?

    Puis revient le silence, chargé d’émotion et d’inquiétude. Des retrouvailles se préparent, à Homs, Hama, Damas, Alep. A Beyrouth, des séparations. Collés aux vitres à l’extérieur des bus, il y a ceux qui ne partiront pas. Rares sont les familles au complet qui prennent la route.

    Depuis l’été, les opérations de retour organisées par la Sûreté générale, en coordination avec le régime syrien, se multiplient : elles ont lieu plusieurs fois par mois. Le dernier convoi en date a traversé la frontière jeudi 1er novembre. La Sûreté générale – comme le Hezbollah, allié de Damas – a ouvert des centres d’enregistrement pour les candidats au départ.

    Au Liban, ces retours collectifs, très médiatisés, sont présentés comme un moyen de réduire progressivement le nombre de réfugiés, devenu un fardeau pour le petit pays – ils sont près de 1,5 million, selon les autorités. Mais le nombre de départs vers le territoire gouvernemental syrien reste modeste : quelques centaines de…

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  • Aux Etats-Unis, le charbon en sursis à Centralia

    Aux Etats-Unis, le charbon en sursis à Centralia

    Loin du Pacifique, à 200 km à l’intérieur des terres, Centralia déploie fièrement ses deux icônes : le volcan et la centrale. De la route 507, on arrive à saisir les deux dans la même photo. Au premier plan, en plein champs, la centrale au charbon, monumentale, avec ses trois cheminées. Au fond, le mont Rainier (1 950 m) et son chapeau conique déjà saupoudré de neige.

    La fumée de l’usine est visible des kilomètres à la ronde. Dans le ciel bleu de l’après-midi, quand le brouillard s’est dissipé et laisse éclater les couleurs d’automne, le nuage est d’un blanc immaculé. « On avait l’impression qu’on avait la centrale la plus propre du pays », relate le machiniste Bob Guenther, qui y a travaillé pendant trente-quatre ans.

    Quand ils apercevaient la fumée, depuis l’autoroute Seattle-Portland, les habitants étaient rassurés. « Ça voulait dire qu’on travaillait », dit l’ancien ouvrier. « La pollution relâchée dans l’atmosphère était très minime », insiste Ron Averill, le délégué du Farm Bureau, l’association qui représente 330 exploitations agricoles du comté.

    Le changement était inéluctable

    La fierté a cédé la place à l’anxiété. Aux termes d’un accord sans précédent avec les écologistes, les syndicats et les autorités locales, la compagnie canadienne Transalta, propriétaire de l’installation, a accepté en 2011 de fermer la centrale – le premier pollueur de l’Etat de Washington, avec quelque 10 % des émissions. Quatre-vingt-huit ouvriers vont partir en 2020 ; 110 avant 2025.

    Bob Guenther est arrivé en retard au rendez-vous au Country Cousin, un restaurant dont la spécialité est le bœuf braisé couvert de gravy (sauce) et le bloody mary au bacon. Il devait dépecer un cerf que son ami Dennis avait chassé la veille : le premier gibier de la saison. Chemise rayée, pantalon à bretelles, Bob porte une casquette à l’effigie du syndicat International Brotherhood of Electrical Workers. L’une…

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  • L’Angleterre des années 1980 au supermarché

    L’Angleterre des années 1980 au supermarché

    Des montagnes de produits qui dépassent d’un chariot, de la viande sous cellophane, des glaces, de l’épicerie… Et du plastique, du plastique, du plastique. Les couleurs sont criardes et primaires, le rouge domine. Chacun reconnaîtra au premier coup d’œil, dans les photos de Paul Reas, des scènes traditionnelles de supermarché, comme il s’en déroule quotidiennement à travers le monde. Celles-ci datent du Royaume-Uni des années 1980. « C’est le moment où nous sommes passés de la génération du “nous” à la génération du “moi”, avec une obsession pour les achats, une culture individualiste », estime aujourd’hui le photographe britannique, qui présente le 9 novembre une rétrospective au salon Paris Photo. Paul Reas ne juge pas : « Je ne prends pas de photos de gens, mais de systèmes dans lesquels se trouvent des gens. Mon travail est une critique de Thatcher et des changements qu’elle a apportés à notre société, en négatif à mon avis. »

    L’humour des Monty Python et de Martin Parr

    Ce n’est pas une observation extérieure, détachée. Paul Reas documente ce qu’il reconnaît faire lui-même au quotidien. « Mon travail était une réaction à la tendance d’alors de s’occuper de sujets toujours plus exotiques, de photographier “les autres”, la différence. Je voulais m’occuper de ma vie de tous les jours. » Alors il regarde d’un œil ironique l’étrangeté de cette société. Une femme portant un pull constellé de petits cochons roses se penche sur des monceaux de viande sous cellophane, mettant en perspective notre curieuse relation aux animaux. Un homme, cigarette aux lèvres, choisit un papier peint décoré d’un soldat armé pour la chambre de son fils : « Imagine-t-on l’impact de ce dessin sur cet enfant ? » Paul Reas estime faire partie de cette tradition d’humour anglais, citant les Monty Python, le photographe Martin Parr (son tuteur à l’université) ou même le peintre du XVIIIe siècle, William Hogarth. « Il s’agit de satire. »

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    Maçon de formation, un métier qu’il a exercé pendant près d’une décennie, né en 1955 et élevé par sa mère seule dans une banlieue pauvre de Bradford, dans le nord de -l’Angleterre, Paul Reas a toujours tenté de s’approcher de sa réalité quotidienne, sans fard ni filtre. Il a commencé en photographiant en noir et blanc les gueules cassées des mineurs ou le chômage de masse et la pauvreté de Penrhys Estate, une cité pauvre du Pays de Galles. Pas de romantisme dans ces photos ni de sourire en coin à la Robert Doisneau.

    « En revoyant mon travail sur la durée, je m’aperçois que tous les éléments qui nous ont menés au Brexit étaient là. »

    Le photographe passe à la couleur pour sa série I Can Help (1988) sur les supermarchés et les centres commerciaux. Il obtient un accès sans difficultés, presque sans limites. « Ce ne serait plus possible aujourd’hui, tous ces magasins ont maintenant une conscience aiguë de leur image. »

    Après ce travail, qui a rencontré un grand succès, Paul Reas s’est intéressé à la façon dont la société s’est mise à revisiter, de manière romantique, les anciennes usines et les mines d’antan. Plus récemment, il a suivi dans le sud de Londres une communauté populaire progressivement chassée de son quartier à la faveur d’un réaménagement urbain. « En revoyant mon travail sur la durée, je m’aperçois que tous les éléments qui nous ont menés au Brexit étaient là. Il y a eu la désindustrialisation, le chômage de masse, la façon dont les classes populaires ont été écartées de la politique, puis les populistes et les nationalistes qui se sont engouffrés dedans… Ma propre culture populaire a été marginalisée. »

    Fables of Faubus, de Paul Reas, Gost Books, 240 p., 43 €.
    Signature du livre le 9 novembre à 17 heures à Polycopies, stand de Gost Books,
    sur le bateau Concorde Atlantique, face au 23, quai Anatole-France, Paris 7e.

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  • Thatcher au rayon des surgelés

    Thatcher au rayon des surgelés

    Portfolio

    M le magazine du Monde |

    Chacun reconnaîtra au premier coup d’œil, dans les photos du Britannique Paul Reas, des scènes traditionnelles de supermarché, comme il s’en déroule quotidiennement à travers le monde. Celles-ci datent du Royaume-Uni des années 1980, époque ou l’Angleterre a basculé dans la surconsommation et le culte du moi. Paul Reas ne juge pas. Ce n’est pas une observation extérieure, détachée. Estimant appartenir à une certaine tradition d’humour anglais, citant les Monty Python, le photographe Martin Parr (son tuteur à l’université) ou même le peintre du XVIIIe siècle William Hogarth, il regarde d’un œil ironique l’étrangeté de cette société. Une rétrospective de son travail est présentée le 9 novembre au salon Paris Photo.

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