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  • France-Afrique : un an aprĂšs sa crĂ©ation, il reste encore ” beaucoup de travail ” au CPA d’Emmanuel Macron

    France-Afrique : un an aprĂšs sa crĂ©ation, il reste encore ” beaucoup de travail ” au CPA d’Emmanuel Macron

    Le Conseil prĂ©sidentiel pour l’Afrique (CPA) d’Emmanuel Macron a cĂ©lĂ©brĂ© vendredi 30 novembre son premier anniversaire Ă  Paris. Au menu : discours, tables rondes et dĂ©bats sur la “nouvelle relation” que le prĂ©sident français entend tisser avec les pays africains.

    Jules-Armand Aniambossou le reconnaĂźt lui-mĂȘme : « Nous ne sommes pas des pros de la communication ». LassĂ© que le Conseil prĂ©sidentiel pour l’Afrique (CPA) soit rĂ©guliĂšrement qualifiĂ© par la presse de « coquille vide », de « cĂ©nacle de courtisans » ou de « satellites de Jupiter », son coordinateur et ses membres avaient mis les petits plats dans les grands pour cĂ©lĂ©brer la premiĂšre annĂ©e d’existence de cette institution inĂ©dite, sorte de think tank dĂ©diĂ© Ă  la politique africaine d’Emmanuel Macron.

    Un an aprĂšs une premiĂšre confĂ©rence de presse de prĂ©sentation intimiste dans les sous-sols d’un hĂŽtel parisien, dĂ©but dĂ©cembre 2017, le CPA dressait ce vendredi 20 novembre un premier bilan de son action dans les locaux de l’Agence française de dĂ©veloppement (AFD), Ă  Paris. Avec les animateurs de RFI Claudy Siar et Juan Gomez en chefs d’orchestre, discours, tables-rondes et dĂ©bats se sont succĂ©dĂ©s sur la « nouvelle relation » qu’Emmanuel Macron souhaite nouer avec les pays africains.

    Parmi les personnalitĂ©s externes au CPA, RĂ©my Rioux, directeur gĂ©nĂ©ral de l’AFD, Sira Sylla et HervĂ© Berville, dĂ©putĂ©s de la RĂ©publique en marche (LREM), ou encore Pierre de GaĂ©tan Njikam, adjoint au maire de Bordeaux Alain JuppĂ©.

    Interpellations « sans filtres »

    Dans la salle, des jeunes français et africains, qui n’ont pas hĂ©sitĂ© Ă  interpeller les diffĂ©rents intervenants sur des sujets aussi diverses que l’attribution de visas aux Africains dĂ©sireux de se rendre en France, la rĂ©cente hausse des frais d’inscription pour les Ă©tudiants Ă©trangers dans les universitĂ©s françaises, ou encore l’avenir du partenariat entre Paris et les pays africains. Le tout « sans filtres » ou presque, comme le souhaitaient les organisateurs.

    Au centre de discussions parfois animĂ©es, les diffĂ©rents engagements pris par Emmanuel Macron dans son discours Ă  l’universitĂ© de Ouagadougou, le 29 novembre 2017, dont la plupart ont Ă©tĂ© recommandĂ©s par les membres du CPA. Jules-Armand Aniambossou, camarade de promotion de Macron Ă  l’ENA, a ainsi insistĂ© sur le fait que plusieurs d’entre eux Ă©taient en train de se rĂ©aliser, comme la restitution d’Ɠuvres africaines Ă  leur pays d’origine ou la saison des cultures africaines en France en 2020.

    Comme l’a assurĂ© Elisabeth Gomis, journaliste et rĂ©alisatrice membre du CPA, ses neuf membres bĂ©nĂ©voles, tous issus de la sociĂ©tĂ© civile, n’hĂ©sitent pas Ă  parler « cash » au prĂ©sident pour tenter d’orienter ses dĂ©cisions. Objectif : en finir avec les travers de la « Françafrique » et donner un nouveau visage aux relations tumultueuses entre la France et les pays du continent. DĂ©sormais dotĂ© d’un secrĂ©tariat permanent et de locaux au siĂšge de l’AFD, le CPA a encore, de l’aveu mĂȘme d’Elisabeth Gomis, « beaucoup de travail » Ă  fournir pour y parvenir.

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  • Burundi : Nkurunziza absent du sommet de l’EAC, la rencontre finalement reportĂ©e au 27 dĂ©cembre

    Burundi : Nkurunziza absent du sommet de l’EAC, la rencontre finalement reportĂ©e au 27 dĂ©cembre

    Le prĂ©sident Pierre Nkurunziza n’ayant pas fait le dĂ©placement Ă  Arusha, les chefs d’État de la CommunautĂ© des États d’Afrique de l’Est prĂ©sents en Tanzanie le 30 novembre pour le 20e sommet de l’EAC ont dĂ» reporter la rĂ©union qui devait notamment aborder la crise burundaise.

    Le discret bras de fer entre Pierre Nkurunziza et la CommunautĂ© des États d’Afrique de l’Est (EAC) a livrĂ© un verdict tardif. Alors que le 20e sommet des chefs d’État de l’EAC devait s’ouvrir le vendredi 30 novembre, les dĂ©lĂ©gations prĂ©sentes ont, face Ă  l’absence d’une reprĂ©sentation burundaise, dĂ©cidĂ© Ă  l’issue d’un vote par consensus de reporter la rencontre au 27 dĂ©cembre.

    « Délais trop court »

    C’est lĂ  l’épilogue d’une sĂ©rie d’échanges entre le prĂ©sident burundais, qui demandait le report du sommet, et son homologue ougandais Yoweri Museveni, actuel prĂ©sident de l’EAC. Dans une lettre datĂ©e du 24 novembre, Pierre Nkurunziza estimait ne pas avoir Ă©tĂ© prĂ©venu suffisamment tĂŽt de l’organisation du sommet d’Arusha. « L’invitation [au sommet], bien que signĂ©e le 30 octobre, n’est arrivĂ©e Ă  l’ambassade du Burundi Ă  Kampala que le 19 novembre (
) et sur mon bureau le 21 novembre, ce qui nous laisse Ă  peine une semaine pour ĂȘtre prĂȘt pour le sommet », Ă©crivait-il, expliquant que le rĂšglement de l’organisation exigeait un dĂ©lais de quatre semaines. « Nous considĂ©rons que ce dĂ©lais est trop court pour permettre une prĂ©paration sĂ©rieuse pour un sommet », poursuivait la correspondance du prĂ©sident burundais.

    RĂ©ponse immĂ©diate de Yoweri Museveni. Dans une lettre datĂ©e du 25 novembre, le prĂ©sident ougandais notifiait son homologue du refus de sa requĂȘte, assurant que « le Burundi Ă©tait au courant de l’agenda de l’EAC ». Il a notamment rappelĂ© qu’une dĂ©lĂ©gation burundaise Ă©tait prĂ©sente Ă  la rĂ©union des secrĂ©tariats permanents des membres de l’EAC organisĂ©e les 24-25 octobre 2018, et lors de laquelle avait Ă©tĂ© Ă©voquĂ© la date et l’agenda du sommet. Évoquant des « sujets sĂ©rieux » auxquels les États membres doivent adresser « une rĂ©ponse rapide », le prĂ©sident en exercice de l’EAC a appelĂ© son homologue Ă  ne pas rendre l’organisation « otage du rĂšglement ».

    Le dialogue inter-burundais dans l’impasse

    Les chefs d’État de la CommunautĂ© des États d’Afrique de l’Est devaient, entre autres sujets, aborder la question de la crise burundaise. Benjamin Mkapa, ancien prĂ©sident de la Tanzanie et facilitateur du dialogue inter-burundais depuis dĂ©cembre 2015, Ă©tait Ă©galement prĂ©sent Ă  Arusha pour le sommet afin d’y prĂ©senter son rapport. Remis prĂ©alablement au prĂ©sident Museveni, mĂ©diateur en charge de la crise burundaise, ce document prĂ©sente le bilan de trois ans d’une mission qui s’est soldĂ©e le 29 octobre dernier – Ă  l’issue du cinquiĂšme round de nĂ©gociations boycottĂ© par Bujumbura -, par un ultime Ă©chec.

    « Nkurunziza a sans doute voulu Ă©viter d’ĂȘtre sous le feu des projecteurs avec l’échec du dialogue et la pression des diffĂ©rents acteurs de la rĂ©gion pour qu’il respecte son engagement en vue des Ă©lections de 2020 », estime une source diplomatique prĂ©sente Ă  Arusha. « L’EAC devra Ă  l’issue du sommet statuer sur la suite Ă  donner au dossier burundais, soit le reprendre directement en main, soit un abandon du dossier », ajoute un diplomate de l’EAC. Le gouvernement burundais n’a pas souhaitĂ© rĂ©pondre Ă  nos sollicitations.

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  • AlgĂ©rie : les encouragements de Bouteflika, la mise en garde d’Ouyahia

    AlgĂ©rie : les encouragements de Bouteflika, la mise en garde d’Ouyahia

    Deux hommes se sont succĂ©dĂ© au pupitre mercredi 28 novembre : le secrĂ©taire gĂ©nĂ©ral de la prĂ©sidence, Habba El Okbi, s’exprimant au nom du prĂ©sident Abdelaziz Bouteflika, et le Premier ministre Ahmed Ouyahia. Deux discours adressĂ©s aux walis, mais parfois Ă©loignĂ©s dans le contenu. DĂ©cryptage.

    Lors de la rencontre entre le gouvernement et les walis (prĂ©fets), qui s’est tenue mercredi 28 novembre, le prĂ©sident Abdelaziz Bouteflika a adressĂ© un message, prononcĂ© par le secrĂ©taire gĂ©nĂ©ral de la prĂ©sidence, Habba El Okbi. Son Premier ministre (PM), Ahmed Ouyahia, s’est lui aussi exprimĂ© Ă  cette occasion.

    Le premier discours emploie un ton presque « guerrier ». Le prĂ©sident commence son texte par une allusion aux Ă©vĂ©nements de la Toussaint rouge, en novembre 1954, pĂ©riode marquant le dĂ©but de la lutte contre le colonisateur français, pour se terminer par un hommage aux « martyrs ». Entre les deux, il dresse un bilan positif de son passage au pouvoir, tout en appelant Ă  plusieurs reprises son auditoire – mais aussi l’ensemble des AlgĂ©riens – Ă  lutter contre des ennemis communs qu’il appelle « les aventuristes » ou encore « les cellules dormantes ». Le mot « peuple » revient Ă  onze occurrences dans le texte.


    >>> À LIRE – [Tribune] AlgĂ©rie : Bouteflika au lance-flammes


    Quant Ă  Ahmed Ouyahia, il a optĂ© pour l’injonction. S’adressant directement aux walis, le Premier ministre leur a donnĂ© quatre recommandations : la prise en considĂ©ration de la situation Ă©conomique du pays dans la prise de dĂ©cision, l’accĂ©lĂ©ration du dĂ©veloppement hors hydrocarbures, la gestion du dĂ©fi de la croissance dĂ©mographique et l’amĂ©lioration du service public.

    Une réponse à Crisis Group ?

    Dans son dernier rapport sur l’AlgĂ©rie, le think tank amĂ©ricain n’y est pas allĂ© de main morte. IntitulĂ© « Surmonter la paralysie Ă©conomique de l’AlgĂ©rie », le compte-rendu estime que les difficultĂ©s de l’économie sont profondĂ©ment liĂ©es Ă  l’immobilisme politique. Pour « libĂ©rer le pays de sa dĂ©pendance aux hydrocarbures », « le gouvernement devrait faire un effort de transparence sur l’état des finances publiques et amĂ©liorer les perspectives pour les jeunes », estime Crisis Group.

    Le mot « développement » a été prononcé 14 fois par le président et 16 fois par le Premier ministre

    Une critique que le gouvernement algĂ©rien semble avoir pris Ă  cƓur. Preuve en est, le mot « dĂ©veloppement », prononcĂ© 14 fois par le prĂ©sident et 16 fois par le Premier ministre. « Ce que nous avons accompli [
], frĂšres et amis y voient un exemple de dĂ©veloppement social intĂ©grĂ© ayant rĂ©habilitĂ© l’homme en le plaçant au cƓur de l’approche de dĂ©veloppement », affirme de son cĂŽtĂ© Abdelaziz Bouteflika. Une rhĂ©torique Ă  l’opposĂ© du constat Ă©tabli par Crisis Group.


    >>> À LIRE – AlgĂ©rie : « Le pays s’achemine petit Ă  petit vers la pente du Venezuela »


    « Si certains rĂ©duisent les enjeux du prĂ©sent et de l’avenir au changement et Ă  la succession des responsables et des personnes, et entreprennent pour des raisons obscures de propager cette idĂ©e [
], vous savez que l’enjeu est beaucoup plus grand », affirme le prĂ©sident. Ce dernier rĂ©pond ainsi Ă  la « paralysie politique » mise avancĂ©e dans le rapport, mais aussi Ă©voquĂ©e par bon nombre de ses opposants, qui appellent Ă  son dĂ©part Ă  la fin de son mandat.

    Un PM moins optimiste que son président

    « Les deux derniĂšres dĂ©cennies de la vie de notre pays n’ont pas Ă©tĂ© faciles, et nombreux sont ceux parmi vous Ă  avoir eu l’honneur de m’accompagner dans ce processus Ă  diffĂ©rents niveaux de responsabilitĂ©. Vous avez Ă©tĂ© Ă  la hauteur. Vous avez consenti des sacrifices et rĂ©ussi de grandes rĂ©alisations », Ă©crit le prĂ©sident dans son discours, dressant un bilan positif de ses vingt ans de prĂ©sidence.

    L’expression « deux derniĂšres dĂ©cennies » est employĂ©e Ă  trois reprises. Elle est suivie Ă  chaque fois de l’énumĂ©ration des rĂ©alisations positives accomplies par le rĂ©gime, notamment « l’amĂ©lioration de l’ensemble des indicateurs fondamentaux de dĂ©veloppement ».

    Le Premier ministre, qui n’emploie pas une seule fois le terme « stabilité », semble plus frileux que le prĂ©sident

    Sur cette question, le Premier ministre, qui n’emploie pas une seule fois le terme « stabilité », semble plus frileux que le prĂ©sident. La complexitĂ© de la situation Ă©conomique est rappelĂ©e Ă  plusieurs reprises. S’appuyant sur des chiffres et des donnĂ©es empiriques, absents du discours du prĂ©sident, tels que la volatilitĂ© du prix du pĂ©trole, le taux de l’emprunt algĂ©rien, le taux d’inflation, il rappelle la fragilitĂ© de l’économie algĂ©rienne, tout en affirmant que celle-ci « n’est pas une catastrophe, comme le prĂ©tendent certains ».

    Concernant les perspectives, le prĂ©sident Bouteflika veut rassurer en donnant de la cohĂ©rence. « Ce que nous avons accompli jusqu’à prĂ©sent n’est qu’une Ă©tape dans un long processus », Ă©crit-il. « L’AlgĂ©rie a de grandes potentialitĂ©s Ă  mettre en valeur, avec un peu de patience et beaucoup plus de travail », relativise de son cĂŽtĂ© Ouyahia. Si le ton de la recommandation est claire chez Ouyahia, il est moins prononcĂ© chez Bouteflika. Les deux fixent pourtant les mĂȘmes objectifs pour l’avenir : l’affranchissement de la rente pĂ©troliĂšre, suivie du dĂ©veloppement humain et de la gĂ©nĂ©ralisation de ses bĂ©nĂ©fices, ainsi que la modernisation de l’administration.

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  • AlgĂ©rie : les encouragements de Bouteflika, la mise en garde d’Ouyahia

    AlgĂ©rie : les encouragements de Bouteflika, la mise en garde d’Ouyahia

    Deux hommes se sont succĂ©dĂ© au pupitre mercredi 28 novembre : le secrĂ©taire gĂ©nĂ©ral de la prĂ©sidence, Habba El Okbi, s’exprimant au nom du prĂ©sident Abdelaziz Bouteflika, et le Premier ministre Ahmed Ouyahia. Deux discours adressĂ©s aux walis, mais parfois Ă©loignĂ©s dans le contenu. DĂ©cryptage.

    Lors de la rencontre entre le gouvernement et les walis (prĂ©fets), qui s’est tenue mercredi 28 novembre, le prĂ©sident Abdelaziz Bouteflika a adressĂ© un message, prononcĂ© par le secrĂ©taire gĂ©nĂ©ral de la prĂ©sidence, Habba El Okbi. Son Premier ministre (PM), Ahmed Ouyahia, s’est lui aussi exprimĂ© Ă  cette occasion.

    Le premier discours emploie un ton presque « guerrier ». Le prĂ©sident commence son texte par une allusion aux Ă©vĂ©nements de la Toussaint rouge, en novembre 1954, pĂ©riode marquant le dĂ©but de la lutte contre le colonisateur français, pour se terminer par un hommage aux « martyrs ». Entre les deux, il dresse un bilan positif de son passage au pouvoir, tout en appelant Ă  plusieurs reprises son auditoire – mais aussi l’ensemble des AlgĂ©riens – Ă  lutter contre des ennemis communs qu’il appelle « les aventuristes » ou encore « les cellules dormantes ». Le mot « peuple » revient Ă  onze occurrences dans le texte.


    >>> À LIRE – [Tribune] AlgĂ©rie : Bouteflika au lance-flammes


    Quant Ă  Ahmed Ouyahia, il a optĂ© pour l’injonction. S’adressant directement aux walis, le Premier ministre leur a donnĂ© quatre recommandations : la prise en considĂ©ration de la situation Ă©conomique du pays dans la prise de dĂ©cision, l’accĂ©lĂ©ration du dĂ©veloppement hors hydrocarbures, la gestion du dĂ©fi de la croissance dĂ©mographique et l’amĂ©lioration du service public.

    Une réponse à Crisis Group ?

    Dans son dernier rapport sur l’AlgĂ©rie, le think tank amĂ©ricain n’y est pas allĂ© de main morte. IntitulĂ© « Surmonter la paralysie Ă©conomique de l’AlgĂ©rie », le compte-rendu estime que les difficultĂ©s de l’économie sont profondĂ©ment liĂ©es Ă  l’immobilisme politique. Pour « libĂ©rer le pays de sa dĂ©pendance aux hydrocarbures », « le gouvernement devrait faire un effort de transparence sur l’état des finances publiques et amĂ©liorer les perspectives pour les jeunes », estime Crisis Group.

    Le mot « développement » a été prononcé 14 fois par le président et 16 fois par le Premier ministre

    Une critique que le gouvernement algĂ©rien semble avoir pris Ă  cƓur. Preuve en est, le mot « dĂ©veloppement », prononcĂ© 14 fois par le prĂ©sident et 16 fois par le Premier ministre. « Ce que nous avons accompli [
], frĂšres et amis y voient un exemple de dĂ©veloppement social intĂ©grĂ© ayant rĂ©habilitĂ© l’homme en le plaçant au cƓur de l’approche de dĂ©veloppement », affirme de son cĂŽtĂ© Abdelaziz Bouteflika. Une rhĂ©torique Ă  l’opposĂ© du constat Ă©tabli par Crisis Group.


    >>> À LIRE – AlgĂ©rie : « Le pays s’achemine petit Ă  petit vers la pente du Venezuela »


    « Si certains rĂ©duisent les enjeux du prĂ©sent et de l’avenir au changement et Ă  la succession des responsables et des personnes, et entreprennent pour des raisons obscures de propager cette idĂ©e [
], vous savez que l’enjeu est beaucoup plus grand », affirme le prĂ©sident. Ce dernier rĂ©pond ainsi Ă  la « paralysie politique » mise avancĂ©e dans le rapport, mais aussi Ă©voquĂ©e par bon nombre de ses opposants, qui appellent Ă  son dĂ©part Ă  la fin de son mandat.

    Un PM moins optimiste que son président

    « Les deux derniĂšres dĂ©cennies de la vie de notre pays n’ont pas Ă©tĂ© faciles, et nombreux sont ceux parmi vous Ă  avoir eu l’honneur de m’accompagner dans ce processus Ă  diffĂ©rents niveaux de responsabilitĂ©. Vous avez Ă©tĂ© Ă  la hauteur. Vous avez consenti des sacrifices et rĂ©ussi de grandes rĂ©alisations », Ă©crit le prĂ©sident dans son discours, dressant un bilan positif de ses vingt ans de prĂ©sidence.

    L’expression « deux derniĂšres dĂ©cennies » est employĂ©e Ă  trois reprises. Elle est suivie Ă  chaque fois de l’énumĂ©ration des rĂ©alisations positives accomplies par le rĂ©gime, notamment « l’amĂ©lioration de l’ensemble des indicateurs fondamentaux de dĂ©veloppement ».

    Le Premier ministre, qui n’emploie pas une seule fois le terme « stabilité », semble plus frileux que le prĂ©sident

    Sur cette question, le Premier ministre, qui n’emploie pas une seule fois le terme « stabilité », semble plus frileux que le prĂ©sident. La complexitĂ© de la situation Ă©conomique est rappelĂ©e Ă  plusieurs reprises. S’appuyant sur des chiffres et des donnĂ©es empiriques, absents du discours du prĂ©sident, tels que la volatilitĂ© du prix du pĂ©trole, le taux de l’emprunt algĂ©rien, le taux d’inflation, il rappelle la fragilitĂ© de l’économie algĂ©rienne, tout en affirmant que celle-ci « n’est pas une catastrophe, comme le prĂ©tendent certains ».

    Concernant les perspectives, le prĂ©sident Bouteflika veut rassurer en donnant de la cohĂ©rence. « Ce que nous avons accompli jusqu’à prĂ©sent n’est qu’une Ă©tape dans un long processus », Ă©crit-il. « L’AlgĂ©rie a de grandes potentialitĂ©s Ă  mettre en valeur, avec un peu de patience et beaucoup plus de travail », relativise de son cĂŽtĂ© Ouyahia. Si le ton de la recommandation est claire chez Ouyahia, il est moins prononcĂ© chez Bouteflika. Les deux fixent pourtant les mĂȘmes objectifs pour l’avenir : l’affranchissement de la rente pĂ©troliĂšre, suivie du dĂ©veloppement humain et de la gĂ©nĂ©ralisation de ses bĂ©nĂ©fices, ainsi que la modernisation de l’administration.

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  • CĂŽte d’Ivoire : l’empoissonnement prĂ©sumĂ© de Gaston OuassĂ©nan KonĂ© alimente la psychose

    CĂŽte d’Ivoire : l’empoissonnement prĂ©sumĂ© de Gaston OuassĂ©nan KonĂ© alimente la psychose

    Le gĂ©nĂ©ral Ă  la retraite Gaston OuassĂ©nan KonĂ©, 79 ans, vice-prĂ©sident du PDCI et proche d’Henri Konan BĂ©diĂ©, affirme avoir Ă©tĂ© victime d’un empoisonnement. Si les circonstances restent encore floues, l’affaire provoque la psychose dans les rangs des opposants.

    « Les gens ne veulent pas qu’on le dise, mais j’ai Ă©tĂ© empoisonné ». Jusque-lĂ , Gaston OuassĂ©nan KonĂ©, et le Parti dĂ©mocratique de CĂŽte d’Ivoire (PDCI), dont il est vice-prĂ©sident, entretenait le flou sur le mal dont il a Ă©tĂ© frappĂ©, qui a nĂ©cessitĂ© une Ă©vacuation sanitaire en France, dĂ©but octobre.

    ObsĂšques Ă  Korhogo

    Mercredi 28 novembre, quelques jours aprĂšs son retour au pays, l’ex-ministre de la SĂ©curitĂ© de BĂ©diĂ© a affirmĂ© Ă  un groupe de cadres du PDCI qu’il recevait chez lui avoir Ă©tĂ© victime d’un empoisonnement, sans toutefois donner de prĂ©cisions quant Ă  la nature du poison. Et moins encore sur les circonstances de l’empoisonnement prĂ©sumĂ©.

    Les faits remonteraient au samedi 22 septembre. Ce jour-là, le général représente son vieil ami Bédié aux obsÚques de Ténéna Victor Yéo, ancien maire de Korhogo (Nord), ville natale du Premier ministre Amadou Gon Coulibaly. Tout le gotha natif du Nord, du Rassemblement des houphouëtistes pour la démocratie et la paix (RHDP, mouvance présidentielle) est présent.

    AprĂšs la levĂ©e du corps, qui avait eu lieu la veille sur le parvis de la cathĂ©drale Saint-Jean-Baptiste-de-Korhogo, une veillĂ©e funĂšbre suivie de l’inhumation et d’une collation ont lieu Ă  Lavononkaha, le village du dĂ©funt, situĂ© Ă  31 km de Korhogo. Ce serait Ă  l’une de ces Ă©tapes que Gaston OuassĂ©nan KonĂ© aurait Ă©tĂ© empoisonnĂ©. L’affaire n’a Ă©tĂ© Ă©bruitĂ©e dans la presse qu’en octobre, aprĂšs des rumeurs persistantes.

    Rumeurs et psychoses

    Et « l’affaire OuassĂ©nan » n’est pas la seule Ă  avoir alimentĂ© ces rumeurs. Une autre continue de circuler, portant cette fois sur une supposĂ©e tentative d’empoisonnement d’Henri Konan BĂ©diĂ©, alors qu’il se trouvait Ă  son domicile de Daoukro (centre). Le coupable dĂ©signĂ© serait, en fonction des versions, une familiĂšre ou un cuisinier
 « Faux ! », dĂ©ment fermement une proche de l’ancien chef d’État.

    Autre leader politique, autre rumeur. Mais confirmĂ©e, cette fois : Guillaume Soro, prĂ©sident de l’AssemblĂ©e nationale, en rupture de ban avec son parti, le Rassemblement des rĂ©publicains (RDR d’Alassane Ouattara), se montre de plus en plus prudent en public. « Il ne mange presque plus en dehors de son cadre familial », confie mĂȘme l’un de ses proches.


    >>> À LIRE – Cîte d’Ivoire : Soro, toujours sur le qui-vive


    Cette psychose est telle que certains proches d’opposants rĂ©cemment disparus se mettent Ă  douter. MoĂŻse Lida Kouassi, baron du Front populaire ivoirien (FPI, de Laurent Gbagbo) avait ainsi rĂ©clamĂ© une autopsie, aprĂšs la mort brutale, le 21 octobre 2018, de Marcel Gossio, ex-directeur gĂ©nĂ©ral du Port autonome d’Abidjan. Un ponte du FPI Ă©galement proche de Pascal Affi N’Guessan, prĂ©sident du FPI.

    Mais il semble que la psychose n’est pas que dans le seul camp de l’opposition. Certains barons du pouvoir ont, eux aussi, limitĂ© leurs dĂ©jeuners en public. Le vice-prĂ©sident Daniel Kablan Duncan, par exemple, a pris l’habitude lors des assemblĂ©es publiques de ne boire que de l’eau stockĂ©e dans son vĂ©hicule, que lui sert son aide de camp dans son propre verre


    Tandis que la psychose enfle sur les rĂ©seaux sociaux, de nombreux internautes demandent qu’une enquĂȘte soit menĂ©e pour Ă©lucider le prĂ©sumĂ© empoisonnement de OuassĂ©nan. Le concernĂ©, quant Ă  lui, n’a pas encore dĂ©voilĂ© ses intentions quant-Ă  un Ă©ventuel dĂ©pĂŽt de plainte.

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  • CĂŽte d’Ivoire : l’empoissonnement prĂ©sumĂ© de Gaston OuassĂ©nan KonĂ© alimente la psychose

    CĂŽte d’Ivoire : l’empoissonnement prĂ©sumĂ© de Gaston OuassĂ©nan KonĂ© alimente la psychose

    Le gĂ©nĂ©ral Ă  la retraite Gaston OuassĂ©nan KonĂ©, 79 ans, vice-prĂ©sident du PDCI et proche d’Henri Konan BĂ©diĂ©, affirme avoir Ă©tĂ© victime d’un empoisonnement. Si les circonstances restent encore floues, l’affaire provoque la psychose dans les rangs des opposants.

    « Les gens ne veulent pas qu’on le dise, mais j’ai Ă©tĂ© empoisonné ». Jusque-lĂ , Gaston OuassĂ©nan KonĂ©, et le Parti dĂ©mocratique de CĂŽte d’Ivoire (PDCI), dont il est vice-prĂ©sident, entretenait le flou sur le mal dont il a Ă©tĂ© frappĂ©, qui a nĂ©cessitĂ© une Ă©vacuation sanitaire en France, dĂ©but octobre.

    ObsĂšques Ă  Korhogo

    Mercredi 28 novembre, quelques jours aprĂšs son retour au pays, l’ex-ministre de la SĂ©curitĂ© de BĂ©diĂ© a affirmĂ© Ă  un groupe de cadres du PDCI qu’il recevait chez lui avoir Ă©tĂ© victime d’un empoisonnement, sans toutefois donner de prĂ©cisions quant Ă  la nature du poison. Et moins encore sur les circonstances de l’empoisonnement prĂ©sumĂ©.

    Les faits remonteraient au samedi 22 septembre. Ce jour-là, le général représente son vieil ami Bédié aux obsÚques de Ténéna Victor Yéo, ancien maire de Korhogo (Nord), ville natale du Premier ministre Amadou Gon Coulibaly. Tout le gotha natif du Nord, du Rassemblement des houphouëtistes pour la démocratie et la paix (RHDP, mouvance présidentielle) est présent.

    AprĂšs la levĂ©e du corps, qui avait eu lieu la veille sur le parvis de la cathĂ©drale Saint-Jean-Baptiste-de-Korhogo, une veillĂ©e funĂšbre suivie de l’inhumation et d’une collation ont lieu Ă  Lavononkaha, le village du dĂ©funt, situĂ© Ă  31 km de Korhogo. Ce serait Ă  l’une de ces Ă©tapes que Gaston OuassĂ©nan KonĂ© aurait Ă©tĂ© empoisonnĂ©. L’affaire n’a Ă©tĂ© Ă©bruitĂ©e dans la presse qu’en octobre, aprĂšs des rumeurs persistantes.

    Rumeurs et psychoses

    Et « l’affaire OuassĂ©nan » n’est pas la seule Ă  avoir alimentĂ© ces rumeurs. Une autre continue de circuler, portant cette fois sur une supposĂ©e tentative d’empoisonnement d’Henri Konan BĂ©diĂ©, alors qu’il se trouvait Ă  son domicile de Daoukro (centre). Le coupable dĂ©signĂ© serait, en fonction des versions, une familiĂšre ou un cuisinier
 « Faux ! », dĂ©ment fermement une proche de l’ancien chef d’État.

    Autre leader politique, autre rumeur. Mais confirmĂ©e, cette fois : Guillaume Soro, prĂ©sident de l’AssemblĂ©e nationale, en rupture de ban avec son parti, le Rassemblement des rĂ©publicains (RDR d’Alassane Ouattara), se montre de plus en plus prudent en public. « Il ne mange presque plus en dehors de son cadre familial », confie mĂȘme l’un de ses proches.


    >>> À LIRE – Cîte d’Ivoire : Soro, toujours sur le qui-vive


    Cette psychose est telle que certains proches d’opposants rĂ©cemment disparus se mettent Ă  douter. MoĂŻse Lida Kouassi, baron du Front populaire ivoirien (FPI, de Laurent Gbagbo) avait ainsi rĂ©clamĂ© une autopsie, aprĂšs la mort brutale, le 21 octobre 2018, de Marcel Gossio, ex-directeur gĂ©nĂ©ral du Port autonome d’Abidjan. Un ponte du FPI Ă©galement proche de Pascal Affi N’Guessan, prĂ©sident du FPI.

    Mais il semble que la psychose n’est pas que dans le seul camp de l’opposition. Certains barons du pouvoir ont, eux aussi, limitĂ© leurs dĂ©jeuners en public. Le vice-prĂ©sident Daniel Kablan Duncan, par exemple, a pris l’habitude lors des assemblĂ©es publiques de ne boire que de l’eau stockĂ©e dans son vĂ©hicule, que lui sert son aide de camp dans son propre verre


    Tandis que la psychose enfle sur les rĂ©seaux sociaux, de nombreux internautes demandent qu’une enquĂȘte soit menĂ©e pour Ă©lucider le prĂ©sumĂ© empoisonnement de OuassĂ©nan. Le concernĂ©, quant Ă  lui, n’a pas encore dĂ©voilĂ© ses intentions quant-Ă  un Ă©ventuel dĂ©pĂŽt de plainte.

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  • [Tribune] AlgĂ©rie : Bouteflika au lance-flammes

    [Tribune] Algérie : Bouteflika au lance-flammes

    Le secrĂ©taire gĂ©nĂ©ral de la prĂ©sidence, Habba Okbi, a prononcĂ©, lors d’une rencontre tenue mercredi 28 novembre entre le gouvernement et les walis (prĂ©fets), un discours d’une tonalitĂ© et d’un contenu particuliĂšrement violents. Jamais depuis l’arrivĂ©e au pouvoir de Bouteflika en 1999, un discours prĂ©sidentiel n’a contenu une telle charge d’outrance et d’accusations.

    Alors que cinq mois sĂ©parent de la prĂ©sidentielle de 2019, alors que le chef de l’État n’a toujours pas dĂ©voilĂ© ses intentions sur son Ă©ventuelle candidature, cette missive Ă©tonne et intrigue autant qu’il inquiĂšte. Grand parleur et bon tribun avant son AVC d’avril 2013, Bouteflika avait pour habitude d’étriller adversaires et contempteurs dans ses discours, ses sorties publiques ou ses entretiens dans la presse internationale. Virulent, sarcastique ou caustique, cet orateur hors pair le faisait avec verve, panache et non sans une certaine retenue et de la hauteur.


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    Le discours qui a Ă©tĂ© prononcĂ© mercredi devant ministres et walis ne lui ressemble pas. C’est un rĂ©quisitoire contre les « cercles de prĂ©dateurs », les « cellules dormantes », les « aventuristes » qui « dissimulent les faucilles du massacre, qu’ils n’hĂ©siteront pas Ă  utiliser pour faire basculer le pays dans l’inconnu ». Outrancier et va-t-en guerre, les mots et les phrases qu’il contient sont d’une violence si inĂ©dite que certains doutent qu’il ait Ă©tĂ© Ă©crit, inspirĂ©, validĂ© ou cautionnĂ© par Bouteflika lui-mĂȘme.

    Doutes sur la paternité du discours

    Les doutes sur l’authenticitĂ© de certaines dĂ©cisions prises au nom du prĂ©sident ne datent pas d’aujourd’hui. Des responsables de l’opposition, des acteurs de la sociĂ©tĂ© civile, voire mĂȘme des amis de Bouteflika ont eu Ă  remettre en cause la paternitĂ© de certains textes, messages ou dĂ©clarations qui lui ont Ă©tĂ© attribuĂ©s. Certains sont mĂȘme allĂ©s jusqu’à soutenir que le prĂ©sident est otage de parties occultes qui dĂ©cident Ă  sa place. D’autres Ă©voquent des pouvoirs parallĂšles qui dĂ©cident et agissent Ă  son insu.

    Ce discours aurait-il pu ne pas Ă©maner du prĂ©sident de la RĂ©publique ? L’hypothĂšse n’est pas exclue

    Reclus dans sa rĂ©sidence de ZĂ©ralda, le chef de l’État vit en cercle familial restreint. Hormis ses deux frĂšres et sa sƓur, rares sont les responsables qu’il reçoit. Ce discours aurait-il pu ne pas Ă©maner de lui ? L’hypothĂšse n’est pas exclue. Les doutes et les suspicions autour du fait qu’il ne soit pas l’émanation directe du chef de l’État relancent les questionnements autour de ses capacitĂ©s rĂ©elles Ă  assumer pleinement ses fonctions. Et donc Ă  briguer un cinquiĂšme mandat, comme le souhaitent ses partisans.

    Ira, ira pas ?

    C’est de cet Ă©nigmatique cinquiĂšme mandat dont il est justement question dans cette allocution, prononcĂ©e par le SG de la prĂ©sidence. Le messager ne tranche pas sur la faisabilitĂ©. Il la suggĂšre, la sous-entend, la laisse croire. « Nouveaux dĂ©fis », « étape d’un long processus », « nouvelle aube », « nouvelles prioritĂ©s », « continuité » : les mots choisis indiquent que la question de la candidature de Bouteflika, 81 ans, Ă  un cinquiĂšme mandat, est tranchĂ©e. D’oĂč la tonalitĂ© belliqueuse, guerriĂšre, menaçante du message Ă  l’endroit de ceux qui doutent de la reconduction du vieux raĂŻs Ă  la tĂȘte de l’État, de ceux qui s’y opposent, de ceux qui veulent « freiner » cette dĂ©marche, de ceux qui manƓuvrent en coulisses pour l’empĂȘcher.


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    Pour discrĂ©diter, dĂ©courager et stigmatiser ceux qui prĂŽnent le changement et la transition, le discours prĂ©sidentiel joue sur la corde sensible de la stabilitĂ©, sur le chantage par la peur et la terreur : « c’est nous ou le chaos ». Ce n’est guĂšre nouveau. C’est sur ce thĂšme de la stabilitĂ©, sur la menace d’un basculement dans l’inconnu si Bouteflika quittait le pouvoir, que s’est articulĂ©e en 2014 la campagne pour le quatriĂšme mandat. À l’époque, le principal adversaire du candidat sortant, l’ancien Premier ministre Ali Benflis, a Ă©tĂ© accusĂ© par Bouteflika de « terrorisme » et de « menaces » contre les prĂ©fets, les autoritĂ©s et leurs progĂ©nitures. Les soutiens du chef de l’État l’avaient Ă©galement accusĂ© d’importer des armes de Libye pour entrer en rĂ©bellion en cas de dĂ©faite.

    Un aveu d’échec ?

    Bref, la formule stabilitĂ© contre chaos, qui a fait recette en 2014, refait surface cinq ans plus tard. Sauf que le disque est Ă©culĂ©, raillĂ©. En dressant un tableau obscur du pays, en agitant la menace de la dĂ©stabilisation avec des mots durs, en instaurant un climat anxiogĂšne, dĂ©lĂ©tĂšre autour de cette prĂ©sidentielle, le pouvoir confirme le constat de l’opposition, des mĂ©dias, des chancelleries occidentales et des partenaires Ă©trangers : la succession de Bouteflika n’est pas apaisĂ©e, pas ordonnĂ©e, pas tranchĂ©e et surtout porteuses de dangers.

    Le prĂ©sident de la RĂ©publique reconnaĂźt sans le reconnaĂźtre sa responsabilitĂ© dans l’impasse actuelle, juge l’ancien ministre Abdelaziz Rahabi

    C’est le vocabulaire mĂȘme choisi par ce discours prĂ©sidentiel qui le dit d’une maniĂšre claire et rĂ©pĂ©titive. Affirmer que la stabilitĂ© du pays et la pĂ©rennitĂ© de l’État peuvent ĂȘtre gravement menacĂ©es par des « aventuristes (sic) », par des « élĂ©ments dĂ©voyĂ©s », sonne comme un aveu d’échec. « Le prĂ©sident de la RĂ©publique, en prĂ©sentant l’inventaire des tares d’une gestion exclusive sans contrĂŽle populaire ou judiciaire, reconnaĂźt sans le reconnaĂźtre sa responsabilitĂ© dans l’impasse actuelle, juge l’ancien ministre Abdelaziz Rahabi. Il le fait dans des termes d’une gravitĂ© convoquĂ©e qui ne rassure ni le peuple ni les dirigeants eux mĂȘmes. »

    La leçon que l’on peut retenir de ce discours est que le rĂ©gime n’a pas de plan B, pas de candidat pour succĂ©der Ă  Bouteflika. Pire, en dehors de ce dernier, pas de salut. Qu’adviendrait-il Ă  sa disparition ? L’aventure dans l’inconnu, comme le suggĂšre le texte. Le message prĂ©sidentiel dit que les vingt derniĂšres annĂ©es n’ont pas servi Ă  prĂ©parer une transition apaisĂ©e, une succession concertĂ©e et ordonnĂ©e qui Ă©viterait au pays des lendemains incertains. En fin de rĂšgne, le chef de l’État n’a pas mis en place – si tant est qu’il le souhaite – les conditions et les mĂ©canismes d’un processus Ă©lectoral ouvert, crĂ©dible, transparent et surtout rassurant qui puisse prĂ©munir l’AlgĂ©rie de ces mĂȘmes dangers qu’il Ă©numĂšre dans son discours.

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  • [Analyse] Tunisie : Ennahdha en eaux troubles

    [Analyse] Tunisie : Ennahdha en eaux troubles

    Crispations autour de la visite de Mohamed ben Salman, confirmation de l’existence d’une « chambre noire » au ministĂšre de l’IntĂ©rieur et soupçons dans le dossier des meurtres de Chokri BelaĂŻd et Mohamed Brahmi… Ennahdha est sur les dents.

    Ennahdha est sur ses gardes. Le passage Ă  Tunis, le 27 novembre, du prince hĂ©ritier d’Arabie saoudite, Mohamed Ben Salman, a contribuĂ© Ă  crisper la formation. Le parti, qui disait avoir opĂ©rĂ© une distinction entre politique et prĂ©dication, vit comme une menace le rĂ©chauffement des relations entre la Tunisie et la maison Al Saoud, wahhabites farouches ennemis des FrĂšres musulmans.

    Le contexte international n’est plus favorable Ă  la formation depuis l’arrivĂ©e de Donald Trump Ă  la Maison Blanche. « L’islam soluble dans la dĂ©mocratie » n’est plus un argument vendeur auprĂšs des Occidentaux – et de l’Europe en particulier – depuis les attentats de Paris et de Bruxelles en 2015 et 2016.

    Ennahdha prend la mesure de son isolement progressif, d’autant que le Qatar a perdu de son influence et que son appui essentiel est la Turquie. Ce changement d’équilibre porte Ennahdha Ă  la mĂ©fiance. Le parti « craint son bannissement de la sphĂšre politique tunisienne auquel contribueraient des pressions Ă©trangĂšres », glisse un proche du mouvement conduit par Rached Ghannouchi.


    >>> À LIRE – Ennahdha – Nidaa Tounes : divorce à la tunisienne


    Depuis l’alliance concoctĂ©e avec Nidaa Tounes, parti vainqueur des Ă©lections de 2014, une sorte d’omerta avait prĂ©valu sur la pĂ©riode de la troĂŻka, lors de laquelle Ennahda avait conduit le pays en 2012 et 2013, notamment sur les affaires portant sur les assassinats des leaders de gauche nationaliste, Chokri BelaĂŻd et Mohamed Brahmi.

    Le soutien apporté par Ennahdha au chef du gouvernement Youssef Chahed a conduit, en septembre 2018, à une rupture avec Nidaa Tounes. En particulier entre le président de la République Béji Caïd Essebsi et Rached Ghannouchi.

    De vieux dossiers refont surface

    Et dans cette atmosphĂšre dĂ©lĂ©tĂšre et de grandes tensions politiques, les dossiers qu’Ennahdha croyait oubliĂ©s reviennent Ă  la surface. Le comitĂ© de dĂ©fense de Chokri BelaĂŻd et Mohamed Brahmi a produit des preuves de l’existence d’un organe sĂ©curitaire secret d’Ennahdha et de son implication dans des affaires troubles. Des Ă©lĂ©ments qui dĂ©voilent aussi l’existence d’une « chambre noire » au sein du ministĂšre de l’IntĂ©rieur. Un espace inaccessible oĂč Ă©taient dĂ©posĂ©s des dossiers sensibles. Le comitĂ© laisse par ailleurs entendre que certains juges sont sous la coupe des islamistes depuis 2012.


    >>> À LIRE – Tunisie : le comitĂ© de dĂ©fense BelaĂŻd-Brahmi confirme l’existence d’une « chambre noire » à l’IntĂ©rieur


    Face Ă  ces rĂ©vĂ©lations, le ton monte. Les dirigeants d’Ennahdha s’énervent, dĂ©noncent une manƓuvre politique de BĂ©ji CaĂŻd Essebsi. Ils menacent le prĂ©sident de la RĂ©publique qui, le 28 novembre, a confié au Conseil national de sĂ©curitĂ© (CNS) l’enquĂȘte sur ce « bras secret » prĂ©sumĂ© et l’accusent d’ingĂ©rence. La loi est cependant claire : elle permet bien au CNS de traiter ce type de dossier.

    Parmi les Ă©lĂ©ments Ă  charge auxquels Ennahdha doit faire face : l’existence avĂ©rĂ©e – Ă©tayĂ©e par des tĂ©moignages, dont celui de l’un de ses dirigeants Mohamed Ben Salem – et les Ă©lĂ©ments sur les actions menĂ©es par cette branche sĂ©curitaire occulte, dont sa participation aux attentats d’aoĂ»t 1987. Une vieille histoire, dont les islamistes tunisiens peinent Ă  de dĂ©faire.

    Contradictions

    Ennahdha multiplie les communiquĂ©s et les discours d’intimidation, sur un ton totalement opposĂ© Ă  « l’attachement Ă  la stabilitĂ© et au dialogue » qu’elle prĂŽne. La formation n’en est pas Ă  sa premiĂšre contradiction : aprĂšs avoir assurĂ© qu’elle Ă©tait devenue un parti civil en 2016, elle remet dĂ©sormais le rĂ©fĂ©rent religieux au cƓur de son discours.

    Certains relĂšvent qu’à chaque fois qu’Ennahdha est poussĂ©e dans ses retranchements, les forces sĂ©curitaires dans la rĂ©gion de Kasserine sont la cible d’attaques de terroristes. Cela a notamment Ă©tĂ© le cas le 28 novembre au soir. S’il ne faut pas y voir de raison de cause Ă  effet, cette simultanĂ©itĂ© est pour le moins troublante.

    Ennahdha qui, comme tous les partis, a perdu une large part de son Ă©lectorat, va devoir rendre des comptes de sa gestion des affaires, notamment Ă  l’IntĂ©rieur et la Justice, et assumer une responsabilitĂ© politique dans les assassinats de BelaĂŻd et Brahmi. Un pas qu’elle n’est pas prĂȘte Ă  franchir, tant il pourrait avoir des rĂ©percussions inattendues.

    Les conditions pourraient ne pas ĂȘtre rĂ©unies pour la tenue des Ă©lections gĂ©nĂ©rales dans un an, sans compter que Youssef Chahed, qui a des ambitions politiques, devra Ă©galement rĂ©pondre de ce qui se dĂ©roule au sein du ministĂšre de l’IntĂ©rieur depuis sa prise de fonction en 2016. Une situation aussi confuse que tendue dans laquelle un incident quelconque peut dĂ©gĂ©nĂ©rer en affrontements.

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  • Centrafrique : 1,5 million d’enfants ont besoin d’aide humanitaire en urgence

    Centrafrique : 1,5 million d’enfants ont besoin d’aide humanitaire en urgence

    Deux enfants sur trois en Centrafrique ont besoin d’assistance humanitaire, et des milliers d’entre eux sont piĂ©gĂ©s au sein de groupes armĂ©es ou victimes de violences sexuelles, a alertĂ© vendredi 30 novembre le Fonds des Nations unies pour l’enfance (Unicef).

    Approximativement 1,5 million d’enfants ont besoin d’une aide humanitaire dans ce pays en proie depuis des annĂ©es Ă  des combats entre groupes armĂ©s, soit 300 000 de plus qu’en 2016, selon l’Unicef.

    « Cette crise a lieu dans l’un des pays les plus pauvres et les moins avancĂ©s du monde, et l’un des plus dangereux pour le personnel humanitaire », a dĂ©clarĂ© la reprĂ©sentante de l’Unicef en Centrafrique, Christine Muhigana, dans un communiquĂ©. « La situation des enfants est dĂ©sespĂ©rĂ©e », a-t-elle prĂ©venu.


    >>> À LIRE – Centrafrique : la banque russe VTB assure avoir prĂȘtĂ© au pays 10,5 milliards d’euros par « erreur »


    La Centrafrique, pays de 4,5 millions d’habitants, est classĂ© parmi les plus pauvres au monde. Elle a basculĂ© dans la violence et le chaos en 2013 aprĂšs le renversement du prĂ©sident François BozizĂ© par la rĂ©bellion SĂ©lĂ©ka, majoritairement composĂ©e de musulmans du nord du pays. En rĂ©ponse, des milices antibalaka (antimachettes), composĂ©es de Centrafricains en majoritĂ© chrĂ©tiens et animistes, avaient menĂ© une contre-offensive.

    ONG en danger et risque de famine

    Aujourd’hui, Bangui vit dans un calme relatif, mais la quasi-totalitĂ© du territoire reste sous la coupe de groupes armĂ©s, qui combattent pour le contrĂŽle des ressources et pour renforcer leur influence locale.

    En dĂ©pit de l’aggravation de la crise, le financement et l’attention de la communautĂ© internationale sont extrĂȘmement faibles

    Un enfant sur quatre est soit dĂ©placĂ©, soit rĂ©fugiĂ©, et en dĂ©pit de l’aggravation de la crise, le financement et l’attention de la communautĂ© internationale sont extrĂȘmement faibles, dĂ©plore l’Unicef, qui travaille sur place dans des conditions de plus en plus dangereuses.

    Le nombre d’attaques contre les travailleurs humanitaires a plus que quadruplĂ©, passant de 67 incidents en 2017 Ă  294 au cours des seuls huit premiers mois et demi de 2018. Selon l’ONU, plusieurs rĂ©gions de Centrafrique, notamment dans l’Est et dans le centre, se trouvent dĂ©jĂ  en phase 4, appelĂ©e phase d’urgence, sur une Ă©chelle de 5, le dernier niveau Ă©tant celui de la famine.

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  • Afrique du Sud : le procĂšs de Jacob Zuma pour corruption prĂ©sumĂ©e reportĂ© au 20 mai 2019

    Afrique du Sud : le procÚs de Jacob Zuma pour corruption présumée reporté au 20 mai 2019

    Le procĂšs de l’ancien prĂ©sident Jacob Zuma, poursuivi pour corruption dans une affaire de ventes d’armes vieille de prĂšs de vingt ans, a Ă©tĂ© renvoyĂ© au 20 mai 2019, a annoncĂ© la justice sud-africaine.

    « Les poursuites judiciaires (
) sont reportĂ©es au 20 mai [2019, ndlr]. L’accusĂ© numĂ©ro 1 [Jacob Zuma] devra se prĂ©senter au tribunal Ă  09h30 ce jour-là », a dĂ©clarĂ© le 30 novembre le juge du tribunal de Pietermaritzburg, en Afrique du Sud, oĂč Jacob Zuma comparaissait libre pour une brĂšve audience, plongĂ©e momentanĂ©ment dans le noir en raison d’une coupure de courant.

    AprĂšs une demi-heure d’audience, le juge Mjabulinesi Madondo a dĂ©cidĂ© de reporter l’audience au 20 mai prochain, notamment Ă  la demande de l’avocat de Jacob Zuma. À l’extĂ©rieur du tribunal, des centaines de ses partisans avaient une nouvelle fois fait le dĂ©placement pour apporter leur soutien à l’ancien prĂ©sident sud-africain, poursuivi pour corruption dans une affaire de ventes d’armes vieille de prĂšs de vingt ans.

    Pots-de-vin

    Le juge Mjabulinesi Madondo a prĂ©vu d’entendre du 20 au 23 mai les arguments des avocats reprĂ©sentant les deux coaccusĂ©s, Jacob Zuma et le groupe français de dĂ©fense Thales, qui devraient demander Ă  cette occasion la suspension permanente des poursuites.

    Dans cette affaire, Jacob Zuma, alors « ministre » provincial puis vice-prĂ©sident du pays, est accusĂ© d’avoir touchĂ© pour 4 072 499,85 rands – 260 000 euros au cours actuel – de pots-de-vin de Thales lors d’un contrat d’armement de prĂšs de 4 milliards d’euros attribuĂ© en 1999. L’entreprise d’électronique et de dĂ©fense est Ă©galement poursuivie. Zuma, ĂągĂ© de 76 ans, a toujours niĂ© les allĂ©gations qui pĂšsent sur lui dans ce dossier.

    EngluĂ© dans plusieurs scandales, il a Ă©tĂ© poussĂ© Ă  la dĂ©mission mi-fĂ©vrier aprĂšs un bras de fer avec son propre parti, le CongrĂšs national africain (ANC, au pouvoir), et son vice-prĂ©sident, Cyril Ramaphosa, qui lui a succĂ©dĂ© Ă  la tĂȘte de l’État et s’est engagĂ© Ă  lutter contre la corruption.

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