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  • [Tribune] Algérie : Bouteflika au lance-flammes

    [Tribune] Algérie : Bouteflika au lance-flammes

    Le secrétaire général de la présidence, Habba Okbi, a prononcé, lors d’une rencontre tenue mercredi 28 novembre entre le gouvernement et les walis (préfets), un discours d’une tonalité et d’un contenu particulièrement violents. Jamais depuis l’arrivée au pouvoir de Bouteflika en 1999, un discours présidentiel n’a contenu une telle charge d’outrance et d’accusations.

    Alors que cinq mois séparent de la présidentielle de 2019, alors que le chef de l’État n’a toujours pas dévoilé ses intentions sur son éventuelle candidature, cette missive étonne et intrigue autant qu’il inquiète. Grand parleur et bon tribun avant son AVC d’avril 2013, Bouteflika avait pour habitude d’étriller adversaires et contempteurs dans ses discours, ses sorties publiques ou ses entretiens dans la presse internationale. Virulent, sarcastique ou caustique, cet orateur hors pair le faisait avec verve, panache et non sans une certaine retenue et de la hauteur.


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    Le discours qui a été prononcé mercredi devant ministres et walis ne lui ressemble pas. C’est un réquisitoire contre les « cercles de prédateurs », les « cellules dormantes », les « aventuristes » qui « dissimulent les faucilles du massacre, qu’ils n’hésiteront pas à utiliser pour faire basculer le pays dans l’inconnu ». Outrancier et va-t-en guerre, les mots et les phrases qu’il contient sont d’une violence si inédite que certains doutent qu’il ait été écrit, inspiré, validé ou cautionné par Bouteflika lui-même.

    Doutes sur la paternité du discours

    Les doutes sur l’authenticité de certaines décisions prises au nom du président ne datent pas d’aujourd’hui. Des responsables de l’opposition, des acteurs de la société civile, voire même des amis de Bouteflika ont eu à remettre en cause la paternité de certains textes, messages ou déclarations qui lui ont été attribués. Certains sont même allés jusqu’à soutenir que le président est otage de parties occultes qui décident à sa place. D’autres évoquent des pouvoirs parallèles qui décident et agissent à son insu.

    Ce discours aurait-il pu ne pas émaner du président de la République ? L’hypothèse n’est pas exclue

    Reclus dans sa résidence de Zéralda, le chef de l’État vit en cercle familial restreint. Hormis ses deux frères et sa sœur, rares sont les responsables qu’il reçoit. Ce discours aurait-il pu ne pas émaner de lui ? L’hypothèse n’est pas exclue. Les doutes et les suspicions autour du fait qu’il ne soit pas l’émanation directe du chef de l’État relancent les questionnements autour de ses capacités réelles à assumer pleinement ses fonctions. Et donc à briguer un cinquième mandat, comme le souhaitent ses partisans.

    Ira, ira pas ?

    C’est de cet énigmatique cinquième mandat dont il est justement question dans cette allocution, prononcée par le SG de la présidence. Le messager ne tranche pas sur la faisabilité. Il la suggère, la sous-entend, la laisse croire. « Nouveaux défis », « étape d’un long processus », « nouvelle aube », « nouvelles priorités », « continuité » : les mots choisis indiquent que la question de la candidature de Bouteflika, 81 ans, à un cinquième mandat, est tranchée. D’où la tonalité belliqueuse, guerrière, menaçante du message à l’endroit de ceux qui doutent de la reconduction du vieux raïs à la tête de l’État, de ceux qui s’y opposent, de ceux qui veulent « freiner » cette démarche, de ceux qui manœuvrent en coulisses pour l’empêcher.


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    Pour discréditer, décourager et stigmatiser ceux qui prônent le changement et la transition, le discours présidentiel joue sur la corde sensible de la stabilité, sur le chantage par la peur et la terreur : « c’est nous ou le chaos ». Ce n’est guère nouveau. C’est sur ce thème de la stabilité, sur la menace d’un basculement dans l’inconnu si Bouteflika quittait le pouvoir, que s’est articulée en 2014 la campagne pour le quatrième mandat. À l’époque, le principal adversaire du candidat sortant, l’ancien Premier ministre Ali Benflis, a été accusé par Bouteflika de « terrorisme » et de « menaces » contre les préfets, les autorités et leurs progénitures. Les soutiens du chef de l’État l’avaient également accusé d’importer des armes de Libye pour entrer en rébellion en cas de défaite.

    Un aveu d’échec ?

    Bref, la formule stabilité contre chaos, qui a fait recette en 2014, refait surface cinq ans plus tard. Sauf que le disque est éculé, raillé. En dressant un tableau obscur du pays, en agitant la menace de la déstabilisation avec des mots durs, en instaurant un climat anxiogène, délétère autour de cette présidentielle, le pouvoir confirme le constat de l’opposition, des médias, des chancelleries occidentales et des partenaires étrangers : la succession de Bouteflika n’est pas apaisée, pas ordonnée, pas tranchée et surtout porteuses de dangers.

    Le président de la République reconnaît sans le reconnaître sa responsabilité dans l’impasse actuelle, juge l’ancien ministre Abdelaziz Rahabi

    C’est le vocabulaire même choisi par ce discours présidentiel qui le dit d’une manière claire et répétitive. Affirmer que la stabilité du pays et la pérennité de l’État peuvent être gravement menacées par des « aventuristes (sic) », par des « éléments dévoyés », sonne comme un aveu d’échec. « Le président de la République, en présentant l’inventaire des tares d’une gestion exclusive sans contrôle populaire ou judiciaire, reconnaît sans le reconnaître sa responsabilité dans l’impasse actuelle, juge l’ancien ministre Abdelaziz Rahabi. Il le fait dans des termes d’une gravité convoquée qui ne rassure ni le peuple ni les dirigeants eux mêmes. »

    La leçon que l’on peut retenir de ce discours est que le régime n’a pas de plan B, pas de candidat pour succéder à Bouteflika. Pire, en dehors de ce dernier, pas de salut. Qu’adviendrait-il à sa disparition ? L’aventure dans l’inconnu, comme le suggère le texte. Le message présidentiel dit que les vingt dernières années n’ont pas servi à préparer une transition apaisée, une succession concertée et ordonnée qui éviterait au pays des lendemains incertains. En fin de règne, le chef de l’État n’a pas mis en place – si tant est qu’il le souhaite – les conditions et les mécanismes d’un processus électoral ouvert, crédible, transparent et surtout rassurant qui puisse prémunir l’Algérie de ces mêmes dangers qu’il énumère dans son discours.

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  • [Analyse] Tunisie : Ennahdha en eaux troubles

    [Analyse] Tunisie : Ennahdha en eaux troubles

    Crispations autour de la visite de Mohamed ben Salman, confirmation de l’existence d’une « chambre noire » au ministère de l’Intérieur et soupçons dans le dossier des meurtres de Chokri Belaïd et Mohamed Brahmi… Ennahdha est sur les dents.

    Ennahdha est sur ses gardes. Le passage à Tunis, le 27 novembre, du prince héritier d’Arabie saoudite, Mohamed Ben Salman, a contribué à crisper la formation. Le parti, qui disait avoir opéré une distinction entre politique et prédication, vit comme une menace le réchauffement des relations entre la Tunisie et la maison Al Saoud, wahhabites farouches ennemis des Frères musulmans.

    Le contexte international n’est plus favorable à la formation depuis l’arrivée de Donald Trump à la Maison Blanche. « L’islam soluble dans la démocratie » n’est plus un argument vendeur auprès des Occidentaux – et de l’Europe en particulier – depuis les attentats de Paris et de Bruxelles en 2015 et 2016.

    Ennahdha prend la mesure de son isolement progressif, d’autant que le Qatar a perdu de son influence et que son appui essentiel est la Turquie. Ce changement d’équilibre porte Ennahdha à la méfiance. Le parti « craint son bannissement de la sphère politique tunisienne auquel contribueraient des pressions étrangères », glisse un proche du mouvement conduit par Rached Ghannouchi.


    >>> À LIRE – Ennahdha – Nidaa Tounes : divorce à la tunisienne


    Depuis l’alliance concoctée avec Nidaa Tounes, parti vainqueur des élections de 2014, une sorte d’omerta avait prévalu sur la période de la troïka, lors de laquelle Ennahda avait conduit le pays en 2012 et 2013, notamment sur les affaires portant sur les assassinats des leaders de gauche nationaliste, Chokri Belaïd et Mohamed Brahmi.

    Le soutien apporté par Ennahdha au chef du gouvernement Youssef Chahed a conduit, en septembre 2018, à une rupture avec Nidaa Tounes. En particulier entre le président de la République Béji Caïd Essebsi et Rached Ghannouchi.

    De vieux dossiers refont surface

    Et dans cette atmosphère délétère et de grandes tensions politiques, les dossiers qu’Ennahdha croyait oubliés reviennent à la surface. Le comité de défense de Chokri Belaïd et Mohamed Brahmi a produit des preuves de l’existence d’un organe sécuritaire secret d’Ennahdha et de son implication dans des affaires troubles. Des éléments qui dévoilent aussi l’existence d’une « chambre noire » au sein du ministère de l’Intérieur. Un espace inaccessible où étaient déposés des dossiers sensibles. Le comité laisse par ailleurs entendre que certains juges sont sous la coupe des islamistes depuis 2012.


    >>> À LIRE – Tunisie : le comité de défense Belaïd-Brahmi confirme l’existence d’une « chambre noire » à l’Intérieur


    Face à ces révélations, le ton monte. Les dirigeants d’Ennahdha s’énervent, dénoncent une manœuvre politique de Béji Caïd Essebsi. Ils menacent le président de la République qui, le 28 novembre, a confié au Conseil national de sécurité (CNS) l’enquête sur ce « bras secret » présumé et l’accusent d’ingérence. La loi est cependant claire : elle permet bien au CNS de traiter ce type de dossier.

    Parmi les éléments à charge auxquels Ennahdha doit faire face : l’existence avérée – étayée par des témoignages, dont celui de l’un de ses dirigeants Mohamed Ben Salem – et les éléments sur les actions menées par cette branche sécuritaire occulte, dont sa participation aux attentats d’août 1987. Une vieille histoire, dont les islamistes tunisiens peinent à de défaire.

    Contradictions

    Ennahdha multiplie les communiqués et les discours d’intimidation, sur un ton totalement opposé à « l’attachement à la stabilité et au dialogue » qu’elle prône. La formation n’en est pas à sa première contradiction : après avoir assuré qu’elle était devenue un parti civil en 2016, elle remet désormais le référent religieux au cœur de son discours.

    Certains relèvent qu’à chaque fois qu’Ennahdha est poussée dans ses retranchements, les forces sécuritaires dans la région de Kasserine sont la cible d’attaques de terroristes. Cela a notamment été le cas le 28 novembre au soir. S’il ne faut pas y voir de raison de cause à effet, cette simultanéité est pour le moins troublante.

    Ennahdha qui, comme tous les partis, a perdu une large part de son électorat, va devoir rendre des comptes de sa gestion des affaires, notamment à l’Intérieur et la Justice, et assumer une responsabilité politique dans les assassinats de Belaïd et Brahmi. Un pas qu’elle n’est pas prête à franchir, tant il pourrait avoir des répercussions inattendues.

    Les conditions pourraient ne pas être réunies pour la tenue des élections générales dans un an, sans compter que Youssef Chahed, qui a des ambitions politiques, devra également répondre de ce qui se déroule au sein du ministère de l’Intérieur depuis sa prise de fonction en 2016. Une situation aussi confuse que tendue dans laquelle un incident quelconque peut dégénérer en affrontements.

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  • Centrafrique : 1,5 million d’enfants ont besoin d’aide humanitaire en urgence

    Centrafrique : 1,5 million d’enfants ont besoin d’aide humanitaire en urgence

    Deux enfants sur trois en Centrafrique ont besoin d’assistance humanitaire, et des milliers d’entre eux sont piégés au sein de groupes armées ou victimes de violences sexuelles, a alerté vendredi 30 novembre le Fonds des Nations unies pour l’enfance (Unicef).

    Approximativement 1,5 million d’enfants ont besoin d’une aide humanitaire dans ce pays en proie depuis des années à des combats entre groupes armés, soit 300 000 de plus qu’en 2016, selon l’Unicef.

    « Cette crise a lieu dans l’un des pays les plus pauvres et les moins avancés du monde, et l’un des plus dangereux pour le personnel humanitaire », a déclaré la représentante de l’Unicef en Centrafrique, Christine Muhigana, dans un communiqué. « La situation des enfants est désespérée », a-t-elle prévenu.


    >>> À LIRE – Centrafrique : la banque russe VTB assure avoir prêté au pays 10,5 milliards d’euros par « erreur »


    La Centrafrique, pays de 4,5 millions d’habitants, est classé parmi les plus pauvres au monde. Elle a basculé dans la violence et le chaos en 2013 après le renversement du président François Bozizé par la rébellion Séléka, majoritairement composée de musulmans du nord du pays. En réponse, des milices antibalaka (antimachettes), composées de Centrafricains en majorité chrétiens et animistes, avaient mené une contre-offensive.

    ONG en danger et risque de famine

    Aujourd’hui, Bangui vit dans un calme relatif, mais la quasi-totalité du territoire reste sous la coupe de groupes armés, qui combattent pour le contrôle des ressources et pour renforcer leur influence locale.

    En dépit de l’aggravation de la crise, le financement et l’attention de la communauté internationale sont extrêmement faibles

    Un enfant sur quatre est soit déplacé, soit réfugié, et en dépit de l’aggravation de la crise, le financement et l’attention de la communauté internationale sont extrêmement faibles, déplore l’Unicef, qui travaille sur place dans des conditions de plus en plus dangereuses.

    Le nombre d’attaques contre les travailleurs humanitaires a plus que quadruplé, passant de 67 incidents en 2017 à 294 au cours des seuls huit premiers mois et demi de 2018. Selon l’ONU, plusieurs régions de Centrafrique, notamment dans l’Est et dans le centre, se trouvent déjà en phase 4, appelée phase d’urgence, sur une échelle de 5, le dernier niveau étant celui de la famine.

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  • Afrique du Sud : le procès de Jacob Zuma pour corruption présumée reporté au 20 mai 2019

    Afrique du Sud : le procès de Jacob Zuma pour corruption présumée reporté au 20 mai 2019

    Le procès de l’ancien président Jacob Zuma, poursuivi pour corruption dans une affaire de ventes d’armes vieille de près de vingt ans, a été renvoyé au 20 mai 2019, a annoncé la justice sud-africaine.

    « Les poursuites judiciaires (…) sont reportées au 20 mai [2019, ndlr]. L’accusé numéro 1 [Jacob Zuma] devra se présenter au tribunal à 09h30 ce jour-là », a déclaré le 30 novembre le juge du tribunal de Pietermaritzburg, en Afrique du Sud, où Jacob Zuma comparaissait libre pour une brève audience, plongée momentanément dans le noir en raison d’une coupure de courant.

    Après une demi-heure d’audience, le juge Mjabulinesi Madondo a décidé de reporter l’audience au 20 mai prochain, notamment à la demande de l’avocat de Jacob Zuma. À l’extérieur du tribunal, des centaines de ses partisans avaient une nouvelle fois fait le déplacement pour apporter leur soutien à l’ancien président sud-africain, poursuivi pour corruption dans une affaire de ventes d’armes vieille de près de vingt ans.

    Pots-de-vin

    Le juge Mjabulinesi Madondo a prévu d’entendre du 20 au 23 mai les arguments des avocats représentant les deux coaccusés, Jacob Zuma et le groupe français de défense Thales, qui devraient demander à cette occasion la suspension permanente des poursuites.

    Dans cette affaire, Jacob Zuma, alors « ministre » provincial puis vice-président du pays, est accusé d’avoir touché pour 4 072 499,85 rands – 260 000 euros au cours actuel – de pots-de-vin de Thales lors d’un contrat d’armement de près de 4 milliards d’euros attribué en 1999. L’entreprise d’électronique et de défense est également poursuivie. Zuma, âgé de 76 ans, a toujours nié les allégations qui pèsent sur lui dans ce dossier.

    Englué dans plusieurs scandales, il a été poussé à la démission mi-février après un bras de fer avec son propre parti, le Congrès national africain (ANC, au pouvoir), et son vice-président, Cyril Ramaphosa, qui lui a succédé à la tête de l’État et s’est engagé à lutter contre la corruption.

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  • Centrafrique : accusé d’avoir soutenu la Séléka, Crépin Mboli-Goumba a porté plainte pour diffamation

    Centrafrique : accusé d’avoir soutenu la Séléka, Crépin Mboli-Goumba a porté plainte pour diffamation

    Accusé par le journaliste Maurice Wilfried Sebiro d’avoir financé et soutenu la Séléka, Crépin Mboli-Goumba, l’ancien ministre d’État aux Travaux publics de Michel Djotodia, a porté plainte pour diffamation et incitation à la haine.

    Crépin Mboli-Goumba, l’ancien ministre d’État aux Travaux publics de Michel Djotodia, a porté plainte contre le journaliste Maurice Wilfried Sebiro pour diffamation et incitation à la haine.

    Représenté par l’avocate française Anne Carroger, Mboli-Goumba, aujourd’hui opposant au président centrafricain, réclame 450 000 euros de dommages et intérêts au directeur de publication du site centrafriquelibre.info, qui, dans une série d’articles, l’a accusé d’avoir financé et soutenu la Séléka, et d’avoir ainsi contribué aux massacres imputés à cette milice.

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  • Crise aux Comores – Azali Assoumani : ” Je crois que la nouvelle Constitution peut être la solution “

    Crise aux Comores – Azali Assoumani : ” Je crois que la nouvelle Constitution peut être la solution “

    En visite à Paris, le chef de l’État comorien affirme que seul le régime fort instauré à l’issue du référendum de juillet permettra de sortir l’archipel des crises à répétition.

    Jeune Afrique : Le climat politique aux Comores s’est tendu depuis le référendum constitutionnel du 30 juillet. En quoi cette réforme, qui permet notamment au chef de l’État d’effectuer deux mandats successifs, était-elle nécessaire ?

    Azali Assoumani : Pour développer son pays, un président a besoin de plus qu’un mandat de cinq ans non renouvelable. Il peut maintenant se faire réélire, et ce par tout l’archipel alors que, jusqu’ici, le premier tour avait lieu uniquement sur l’île destinée à exercer la présidence tournante. Nous sommes revenus à un système classique, avec deux tours organisés sur tout le territoire, pour que le chef d’État comorien soit élu par l’ensemble du peuple.

    Nous avons opté pour un régime présidentiel fort, dans lequel j’assumerai en effet les deux fonctions de chef de l’État et du gouvernement

    Redoutiez-vous une « insularisation » de la politique comorienne ?

    Tout à fait. La présidence tournante mise en place en 2001 a su mettre fin aux tentations de séparatisme, et c’était la solution la moins mauvaise à l’époque. Mais elle a fait de mes compatriotes des insulaires avant d’être des Comoriens. Il s’agit donc, avec cette nouvelle Constitution, de renforcer le sentiment d’appartenance à l’Union des Comores et de consacrer son indivisibilité.


    >>> À LIRE – Azali Assoumani, président de toutes les Comores


    Le rôle du président s’en trouve renforcé puisqu’il devient aussi chef du gouvernement et qu’il n’y a plus de vice-présidents. Ne craignez-vous pas d’être un peu seul à la tête du pays ?

    La présence de trois vice-présidents ne permettait pas de répondre aux besoins du pays. Je suis favorable au système anglo-saxon, avec un Premier ministre issu du Parlement, mais cela n’est pas applicable aux Comores. Nous n’avons plus de temps à perdre pour développer notre pays. Nous avons opté pour un régime présidentiel fort, dans lequel j’assumerai en effet les deux fonctions de chef de l’État et du gouvernement, avec l’appui d’un secrétaire général qui fera le lien avec l’équipe ministérielle.

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  • Crise aux Comores – Azali Assoumani : ” Je crois que la nouvelle Constitution peut être la solution “

    Crise aux Comores – Azali Assoumani : ” Je crois que la nouvelle Constitution peut être la solution “

    En visite à Paris, le chef de l’État comorien affirme que seul le régime fort instauré à l’issue du référendum de juillet permettra de sortir l’archipel des crises à répétition.

    Jeune Afrique : Le climat politique aux Comores s’est tendu depuis le référendum constitutionnel du 30 juillet. En quoi cette réforme, qui permet notamment au chef de l’État d’effectuer deux mandats successifs, était-elle nécessaire ?

    Azali Assoumani : Pour développer son pays, un président a besoin de plus qu’un mandat de cinq ans non renouvelable. Il peut maintenant se faire réélire, et ce par tout l’archipel alors que, jusqu’ici, le premier tour avait lieu uniquement sur l’île destinée à exercer la présidence tournante. Nous sommes revenus à un système classique, avec deux tours organisés sur tout le territoire, pour que le chef d’État comorien soit élu par l’ensemble du peuple.

    Nous avons opté pour un régime présidentiel fort, dans lequel j’assumerai en effet les deux fonctions de chef de l’État et du gouvernement

    Redoutiez-vous une « insularisation » de la politique comorienne ?

    Tout à fait. La présidence tournante mise en place en 2001 a su mettre fin aux tentations de séparatisme, et c’était la solution la moins mauvaise à l’époque. Mais elle a fait de mes compatriotes des insulaires avant d’être des Comoriens. Il s’agit donc, avec cette nouvelle Constitution, de renforcer le sentiment d’appartenance à l’Union des Comores et de consacrer son indivisibilité.


    >>> À LIRE – Azali Assoumani, président de toutes les Comores


    Le rôle du président s’en trouve renforcé puisqu’il devient aussi chef du gouvernement et qu’il n’y a plus de vice-présidents. Ne craignez-vous pas d’être un peu seul à la tête du pays ?

    La présence de trois vice-présidents ne permettait pas de répondre aux besoins du pays. Je suis favorable au système anglo-saxon, avec un Premier ministre issu du Parlement, mais cela n’est pas applicable aux Comores. Nous n’avons plus de temps à perdre pour développer notre pays. Nous avons opté pour un régime présidentiel fort, dans lequel j’assumerai en effet les deux fonctions de chef de l’État et du gouvernement, avec l’appui d’un secrétaire général qui fera le lien avec l’équipe ministérielle.

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  • Tunisie : le savoir-faire des potières de Sejnane inscrit au patrimoine mondial de l’Unesco

    Tunisie : le savoir-faire des potières de Sejnane inscrit au patrimoine mondial de l’Unesco

    La Tunisie revendiquait déjà huit sites inscrits au patrimoine mondial de l’Unesco, mais le savoir-faire des potières de Sejnane (nord) est le premier bien immatériel à recevoir ce label.

    Le geste qu’elles perpétuent de mère en fille depuis des millénaires est désormais patrimoine de l’humanité. Une distinction dont les potières de Sejnane n’évaluent pas encore l’impact, mais qui va leur permettre de valoriser leur savoir-faire.


    >>> À LIRE – Tunisie : récit d’une colère ordinaire à Sejnane, la ville des cigognes


    Sejnane, enclave de la chaîne des Mogods qui a conservé des traditions berbères, porte à elle seule tous les symptômes et symboles de la Tunisie. Sans avoir bénéficié d’un quelconque développement sur les dernières décennies, la région se maintient avec l’exploitation des ressources des forêts et un peu de produits de la pêche. Un contexte difficile, pour cette ville qui a failli devenir en 2012 un califat islamique. Depuis cette alerte, le bourg, occupé aux travaux d’une terre rude, est retombé dans son silence.

    Une région menée par ses femmes

    Analphabètes pour beaucoup, les femmes portent à bout de bras la région. « On pousse les enfants à aller à l’école, on travaille aux champs, on distille les huiles essentielles en été et on fait des poteries en hiver. Nous comptons sur nos hommes pour porter nos produits à la ville, mais souvent ils y restent », raconte Sabiha, l’une des potières les plus connues, qui a surtout un rôle de chef de famille.

    Les décorations naïves des pièces uniques portent une empreinte primitive ; celle d’une céramique dont les origines remontent au Néolithique

    Son bien le plus précieux : le travail de la glaise transmis par sa mère. Aujourd’hui, Sabiha perpétue les gestes ancestraux depuis la préparation de la pâte, les formes des récipients qu’elle enfourne dans un four à pain. Les décorations naïves des pièces uniques qu’elle produit portent une empreinte primitive ; celle d’une céramique dont les origines remontent au Néolithique. Les premiers tessons découverts à Gafsa (Sud) ont permis aux archéologues d’identifier un faciès propre au Maghreb, la civilisation du Capsien, temps charnière de l’évolution humaine.

    Un succès qui s’exporte

    « L’inscription de cet élément permettrait de souligner le lien étroit existant entre le développement durable et l’identité culturelle », souligne Ghazi Ghraïri, ambassadeur de Tunisie auprès de l’Unesco, qui défend depuis plus d’un un an « une tradition vivante profondément ancrée dans la vie de la communauté et perçue comme un élément de l’identité locale ».

    Les potières de Sejnane n’ont pas attendu cette distinction pour être connues ; elles ont même créé une tendance « de l’objet utile, beau et écologiquement vertueux », auquel ont été sensibles des marchés en Europe du Nord. Mais comme pour toute exportation, celle des poteries de Sejnane a surtout profité aux intermédiaires. Reste aux potières à mesurer les retombées de ce label et à se fédérer pour valoriser leurs produits et briser l’enclave géographique et commerciale dans laquelle elles sont cantonnées.


    Les huit sites tunisiens inscrits au patrimoine mondial de l’UNESCO

    • Médina de Tunis
    • Site archéologique de Carthage
    • Cité punique de Kerkouane et sa nécropole
    • Amphithéâtre d’El Jem
    • Médina de Sousse
    • Kairouan
    • Site de Dougga
    • Parc national d’Ichkeul

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  • Football : le Cameroun n’est pas prêt à accueillir la CAN 2019, selon la commission d’organisation de la CAF

    Football : le Cameroun n’est pas prêt à accueillir la CAN 2019, selon la commission d’organisation de la CAF

    Réunie à Accra, la commission d’organisation de la CAN 2019 a étudié les rapports des missions d’inspection effectuées au Cameroun. Et les conclusions ne lui sont pas favorables, alors que le comité exécutif de la CAF doit définitivement décider le 30 novembre si le Cameroun accueillera la compétition.

    La CAN 2019 (15 juin-13 juillet) se tiendra-t-elle au Cameroun ? Selon nos informations, les conclusions de la commission d’organisation du tournoi, après avoir étudié les rapports des dernières missions d’inspection effectuées dans le pays (avancées des travaux, sécurité, etc) ne lui sont pas favorables. Une source interne a confirmé cette tendance à Jeune Afrique. « Les conclusions de cette commission montrent que le Cameroun ne peut pas être prêt pour organiser la CAN 2019. La décision finale sera prise le vendredi 30 novembre par le comité exécutif de la Confédération africaine de football [CAF] », a ajouté cette source, qui a exigé l’anonymat.


    >>> À LIRE – CAN 2019 : le Cameroun dans l’attente de la décision de la CAF


    Décision finale de la CAF

    Le comité exécutif, qui a commencé à se réunir ce vendredi à Accra à partir de 9h (10h à Paris), doit décider si le Cameroun organisera ou non l’année prochaine (du 15 juin au 13 juillet) la première CAN à 24 de l’histoire. Le comité devrait normalement suivre l’avis de la commission d’organisation. Il s’agira du dernier point de l’ordre du jour à être abordé.

    Au cas où la CAF décide de retirer l’organisation de la CAN au Cameroun, un appel à candidatures sera lancé très rapidement

    Au cas où la CAF décide de retirer l’organisation de la CAN au Cameroun, un appel à candidatures serait lancé très rapidement. Des pays comme le Maroc, présenté depuis longtemps comme le principal recours en cas d’impossibilité du Cameroun d’accueillir le tournoi, mais aussi l’Afrique du Sud ou l’Égypte, pourraient être candidats. Pour rappel, le Maroc avait remplacé le Kenya pour l’organisation du Championnat d’Afrique des nations (CHAN) 2018, le pays d’Afrique de l’Est accusant trop de retard au niveau des différents chantiers pour organiser l’épreuve.

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  • CAN 2019 : le Cameroun dans l’attente de la décision de la CAF

    CAN 2019 : le Cameroun dans l’attente de la décision de la CAF

    Le Comité exécutif de la Confédération africaine de football (CAF), qui se réunit le vendredi 30 novembre, prendra une décision importante : il décidera si le Cameroun organisera ou non la première CAN à 24 de l’histoire, l’année prochaine (15 juin-13 juillet).

    Les membres du Comité exécutif de la Confédération africaine de football (CAF) sont arrivés jeudi 29 novembre en ordre dispersé à Accra, la capitale du Ghana, et pas seulement pour assister à la fin de la Coupe d’Afrique des nations féminine, dont la finale, entre le Nigeria et l’Afrique du Sud, est prévue dimanche 2 décembre. Car le 30 novembre, toute l’Afrique en général et le Cameroun en particulier devraient être suspendus à la décision de l’instance, pour un sujet devenu hautement sensible : celui de la CAN 2019.

    Depuis plusieurs mois, et même un peu plus, une des occupations essentielles de tous ceux qui s’intéressent de près ou de loin aux affaires du football africain consiste à spéculer sur un éventuel retrait de la compétition au Cameroun, et de la voir confiée à un autre pays, le Maroc par exemple.

    Le 30 novembre, la CAF devrait prendre une décision définitive, mais pourrait ne pas la communiquer dans la foulée. Soit la CAN aura bien lieu au Cameroun, et le débat sera clôt. Soit elle lui retirera l’organisation, avant de lancer un appel à candidatures auquel répondront les pays volontaires. Et parmi eux, on mettrait bien une pièce sur le Maroc…


    >>> À LIRE – Cameroun : « La CAF n’a pas de plan B » pour la CAN 2019, assure Ahmad Ahmad


    L’UNAF met la pression, le Maroc tout en retenue

    Du côté de Rabat, la mesure est de mise. Même si certains marocains rêvent plus ou moins ouvertement de récupérer l’événement le plus couru du sport africain, personne, et surtout pas en haut lieu, n’a eu le mauvais goût d’y faire officiellement allusion. Pas plus tard que le 26 novembre, lors d’une conférence de presse, Fouzi Lekjâa, le président de la Fédération royale marocaine de football (FRMF) et Hervé Renard, le sélectionneur français des Lions de l’Atlas déjà qualifiés pour la phase finale, ont assuré le Cameroun de tout leur soutien, tout en confirmant que gagner la CAN serait l’objectif du Maroc.

    Une déclaration pleine d’empathie, intervenue juste après la divulgation d’un courrier adressé à la CAF par l’Union nord-africaine de football (UNAF) – et dont le Maroc fait partie – à l’issue de son Assemblée générale organisée à Rabat, et où cette organisation régionale réclamait le strict « respect du cahier des charges pour l’organisation de la CAN 2019. » Un courrier qui a fortement déplu au Cameroun, alors qu’un dirigeant d’une fédération africaine s’est gondolé en lisant les propos du duo Lekjâa-Renard : « Le Maroc, diplomatiquement, ne peut rien faire d’autre que soutenir le Cameroun. La lettre de l’UNAF est forcément un moyen de faire pression sur la CAF. En Afrique, où des gens s’interrogent sur la capacité du Cameroun à respecter les délais, tout le monde sait que le Maroc a tout ce qu’il faut pour accueillir la CAN. Tout est prêt au cas où ! »

    Quatre missions d’inspection

    La CAF, depuis qu’elle a validé la réforme de sa compétition en juillet 2017, a modifié le cahier des charges, exigeant notamment que six stades (Douala, Garoua, Limbé, Bafoussam et deux à Yaoundé), soient retenus, contre quatre pour une édition à 16. Et Ahmad Ahmad, le président malgache de la CAF, a plusieurs fois rappelé le Cameroun à ses obligations, évoquant des retards pris sur certains chantiers, regrettant même, en août 2017, « l’inertie du Cameroun. »

    Quatre missions ont été effectuées sur place pour faire le point sur l’avancée des travaux (stades, terrains d’entraînement, voies d’accès, hôtellerie, communication…) dont la dernière a été réalisée du 10 au 15 novembre dernier. Au mois d’octobre, une délégation conduite par le Djibrilla Hima Hamidou, colonel de l’armée nigérienne et président de la Fédération de football de son pays, avait pour thème principal la situation sécuritaire. Car le Cameroun traverse une période agitée politiquement, avec la crise anglophone et les fréquentes attaques terroristes des islamistes de Boko Haram dans le Nord.

    Ahmad joue l’apaisement

    Lors de sa rencontre avec Paul Biya à Yaoundé le 2 octobre dernier, juste avant l’élection présidentielle camerounaise qui a conduit à la réélection du chef de l’État, Ahmad Ahmad avait tenu des propos un peu plus rassurants, affirmant que « la CAF n’a pas de plan B, et n’avait pas réfléchi à un retrait de la CAN au Cameroun. » Le Malgache avait plusieurs fois répété avant son voyage en Afrique centrale que la CAF ne prendrait aucune décision avant la présidentielle camerounaise, afin de ne pas perturber la campagne électorale. Et Paul Biya avait assuré à son invité que tout serait prêt pour organiser la grande fête du football africain.

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